LE SECRET DU GRIMOIRE MAUDIT - Michel Haton - E-Book

LE SECRET DU GRIMOIRE MAUDIT E-Book

Michel Haton

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Beschreibung

C'est l'histoire de Mervin Collins, qui doit mener une quête pour sauver son village d'un sort de stérilité jeté par la sorcière noire qui veut accomplir sa vengeance. Il devra affronter de nombreux dangers venant de sorcières et d'autres personnages peu recommandables. Il va devoir retrouver le spinelle rouge dans la queue du serpent maléfique, qui seul pourra sauver le village du sort et retrouver la paix. S'il réussit sa mission, il pourra retourner à Naletacum pour épouser Mélisande Murray.

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Nous sommes en l’an 582, vers la fin du VIe siècle de notre ère, après la chute de l’Empire romain. Ce récit se déroule dans une période paisible, après la terrible année 536, qui fut la plus catastrophique de tous les temps. En effet, cette annéelà vit apparaître de nombreux nuages opa ­ques qui obstruèrent les rayons du soleil pendant dixhuit mois, déclenchant une peur que le soleil ne réapparaisse jamais. Ces nuages provenaient d’une énorme éruption vol canique beaucoup plus puissante que celles connues jusqu’alors. Recouvrant toute la planète, ils provoquèrent un refroidissement général qui empêcha l’agriculture de prospérer et furent la cause d’une famine mondiale. Les carences alimentaires avaient déjà fait disparaître plusieurs civilisations, provoqué des migrations humaines et des guerres pour la recherche de nourriture.

L’oppidum de Naletacum

Sommaire

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I

Cette histoire débute par une journée calme et ensoleillée du printemps commençant. Le petit village de Naletacum, un oppidum tranquille, était situé au nord de l’immense empire celte et se trouvait au bord de la mer du Nord, lové entre mer et montagnes. Il était constitué de maisons construites le plus souvent en bois, en terre (torchis) avec des toits de chaume (paille ou roseaux). Les habitations n’avaient le plus souvent qu’une seule pièce sans fenêtres où vivait toute une famille, voire plusieurs dans les maisons plus grandes. Dordmair, la sorcière rousse, veillait à la sérénité des lieux, depuis son tertre situé non loin des fortifications de troncs d’arbres disposés en palissade tout autour de la petite agglomération. Comme toutes les sorcières, elle avait une démarche voûtée caractéristique, une difformité de naissance comme signe de reconnaissance. Son antre était un capharnaüm où s’entassaient grimoires de vélin en équi libre instable et quelques éprouvettes colorées et bouillonnantes pour ses expériences d’enchantements magiques et autres philtres d’amour. Des ustensiles étranges et fatigués dont elle seule connaissait l’usage, des bouteilles et des fioles dont on ne savait exactement ce qu’elles avaient contenu mais dont la couleur inspirait peu confiance remplissaient son unique étagère poussiéreuse. Plusieurs sorbiers étaient plantés devant le tertre, car leurs baies étaient très utilisées pour les incantations magiques. Quelques pommiers aussi, arbres sacrés où vivent les dieux, couverts de fruits toute l’année. Maintes fois, elle avait chassé les mauvais esprits des menaces incessantes d’attaques visant à détruire la bourgade. À chaque fois, la puissance de sa magie avait fait merveille en anéantissant les velléités d’invasion de nombreux ennemis.

Elle avait aussi réussi à empêcher une importante invasion viking. Un guetteur posté sur la plage avait signalé l’arrivée de drakkars en soufflant dans sa corne. Reconnaissables à la figure de proue à tête de dragon, plusieurs se dirigeaient droit sur le village.

Ces bateaux fins, à faible tirant d’eau, pouvaient embarquer chacun une cinquantaine d’hommes. Quand les guerrières et guerriers vikings arrivaient sur une terre nouvelle, c’était pour la conquérir. Ils pillaient, tuaient, violaient et mettaient le village à sac avant de le détruire par le feu. Ils capturaient quelques habitants en bonne santé pendant leurs pillages pour les vendre ou les ramener chez eux et les garder comme esclaves. Après leur passage, il ne restait bien souvent qu’un spectacle de désolation, des cadavres entiers ou démembrés gisant à même le sol, baignant dans le sang et les cendres.

Dordmair se rendit sur la plage pour évaluer la situation : il s’agissait bien d’une attaque viking. Avant que les nombreuses embarcations n’atteignent la plage, elle envoya un souffle puissant dans les voiles rectangulaires des drakkars, à l’aide d’une amulette wicca gravée d’un pentacle, brisant même les mâts de certains bateaux. Les nageurs (rameurs) vikings avaient beau combattre pour essayer d’avancer, ils ne faisaient qu’entrechoquer les rames qui se brisaient dans des bruits effroyables accompagnés de cris furieux. La tempête de Dordmair était trop puissante et ils ne pouvaient la combattre malgré leur grande détermination. Les embarcations filaient rapidement vers le large sans pouvoir intervenir. Elles se retournaient et se heurtaient, certaines coulaient. Après cette débâcle, on ne les revit plus jamais.

Ce matin encore, elle était en train de tirer les runes afin de réaliser des prédictions pour se préparer à trouver des parades contre d’éventuelles nouvelles attaques. Elle s’était installée dans le nemeton, la clairière sacrée pour les divinations et les cérémonies rituelles, ce sanctuaire celtique réservé aux druides et aux sorcières. Dordmair avait apporté tout le matériel nécessaire pour ce rituel destiné à sa puissance magique. Elle s’installa près du grand saule, après lui en avoir demandé la permission, et sortit ses pierres de runes d’un petit sac en cuir qu’elle jeta sur un tissu de laine. Elle écarta les pierres tombées à l’envers et après quelques incantations et formules magiques, se mit à étudier la signification des runes lisibles. Tout en interprétant les signes, elle les lut à haute voix :

« Je vois une grosse tempête s’abattre sur Naletacum. Sans doute une nouvelle tentative d’invasion et de destruction qui s’annonce, mais dont je ne connais encore pas la nature exacte. Un cataclysme, une épidémie ou une guerre ; dans tous les cas, je suis prête à contrer cette menace, quelle que soit sa nature et d’où qu’elle vienne. Pour les catastrophes naturelles, ma puissante magie avait fait des merveilles lors du dernier tremblement de terre où j’ai réussi à calmer la fureur du volcan et à épargner le village en déviant les nuées ardentes et les coulées de lave qui avaient anéanti toute la région. En cas d’épidémie, je suis aussi en mesure de l’enrayer, comme l’immense vague de peste bubonique…

Cette épidémie (de 541 à 767), dite de Justinien a touché une grande partie du monde celte. Elle fut causée par une maladie des rongeurs, véhiculée par les rats voyageant dans les cales des bateaux de commerce, puis transmise à l’homme par les puces de rats infectés, puis transmise d’homme à homme. Elle provoque l’apparition de pustules sur tout le corps, de fièvre et de délires. Elle a causé la mort de 100 millions de personnes… en épargnant les habitants de Naletacum.

S’il est question d’une guerre, nos vaillants combattants enduits de guède, une peinture végétale bleue pour paraître plus grands et ainsi effrayer l’adversaire, ont su repousser les attaques ennemies sans que j’aie mê - me eu à intervenir. Ils vaincront toujours si un conflit se présente aux portes du village. J’ai également com battu avec succès Knucker, le dragon aquatique blanc aux yeux globuleux, venu nous attaquer par la mer. Il eut tout de même le temps de mettre le feu à plusieurs maisons avant que je lui envoie un sort maléfique à base de glace qui l’empêcha de cracher du feu ; il repartit en s’enfonçant dans les flots et en grognant pour ne jamais revenir. Quelle que soit la menace, les habitants trouveront la force de la combattre et de sortir vainqueurs de l’épreuve… avec ou sans mon intervention. »

Dordmair n’était tout de même pas très rassurée par cette nouvelle menace dont elle ne connaissait pas la nature, ni l’origine, ni le moment où elle allait survenir. Elle se tenait sur ses gardes. L’âge avançant, elle se demandait si elle aurait encore la force de déjouer tous les pièges et dangers qui menaçaient l’oppidum. Après réflexion, un sourire optimiste sur son visage lui fit penser qu’elle en était toujours capable et que tout était possible. Elle rangea ses pierres de runes dans le sac en cuir et le tout dans son tissu, puis se dirigea vers son tertre dans lequel elle s’engouffra.

II

Naletacum semblait calme et paisible. Les gens vaquaient à leurs occupations en toute sérénité autour de l’étang de la grande place du village où grouillaient canards colverts, poulets, oies cendrées et autres cochons se vautrant dans la boue. De jeunes enfants couraient der rière les volatiles, lesquels perdaient quelques plumes qui retombaient sur l’eau en flottant à la surface comme de petites voiles légères. Brioc O’Donnell, le chef du village, portait un nom de saint celte, un nom puissant qui faisait de lui un homme respecté et apprécié de tous. Il avait gagné l’estime des habitants pour sa participation à nombre de batailles, dont il était toujours revenu vainqueur malgré des blessures qui lui avaient laissé de profondes cicatrices dont il était très fier. Parmi les habitants, il y avait Glenn Brennan le forgeron, un grand gaillard aux sombres sourcils bien fournis et au visage tanné par la fournaise de la forge, qui faisait tinter une lame d’épée rougie par le feu avec son énor - me marteau. Deux maisons plus loin, c’était Barthor Gallagher le rémouleur, qui affûtait sur une énorme meule toutes les lames battues par Glenn, provoquant de magnifiques gerbes d’étincelles. Le forgeron façonnait également des objets plus délicats en travaillant diverses techniques d’orfèvrerie comme la ciselure, la gravure ou encore le repoussé. Il exécutait délicatement, malgré ses grosses paluches aux doigts boudinés, de magnifiques bijoux comme des torques, des pendentifs ou des bagues décorées d’un triskèle, parfois d’un cheval, d’un oiseau, d’un serpent ou d’un cerf, voire d’un

Une urne décorée

KENAZ

sanglier. Il sculptait dans le bronze de magnifiques entrelacs complexes sur des fibules italiques ou serpentiformes. Pour les gens plus modestes, il reproduisait ces dessins dans du laiton, pour que la couleur imite un peu celle du bronze. Il signait toutes ses œuvres de la rune

ÜRUZ

Üruz, symbole du métal en fusion, avec un petit poinçon avec lequel il appliquait sa marque de fabrique à l’aide d’un petit coup de marteau. À côté, se trouvait l’atelier de Thibaud O’Connor, le charron, un grand barbu aux yeux bleus, qui fabriquait quelques chars mais surtout des moyeux de roues en bois pour les charrettes et les recouvrait de métal avant de les cercler. Remplaçant l’araire, la charrue à roues dotée d’un soc métallique était apparue pour ouvrir à l’agriculture les zones de forêts et de marais. Il signait son travail de la rune Eihwaz, symbole du bâton de vie et de mort, dans le fer ou brûlé dans le bois. Adeline Campbell et sa fille Margaux créaient de magnifiques céramiques ordinaires et utilitaires pour les besoins quotidiens, des urnes et des jattes ainsi que des vases funéraires plus fragiles du fait de leur cuisson incomplète. C’est Margaux qui les décorait avec toutes sortes de motifs : grilles, hachures, damiers, losanges, chevrons et les mettait en couleurs, puis signait leur travail par la rune Kenaz, qui symbolise l’artiste et la créativité ; en incrustation avant cuisson pour les céramiques et au pinceau pour les décorations.

Un interdit religieux frappait l’usage de l’écriture, exclusivement réservée aux druides qui détenaient des papy­rus, des parchemins en peau de mouton ou de chèvre, des céramiques ou des tablettes de bois et certains écrits sur feuilles de plomb. L’onciale est une graphie particulière très adaptée à la plume d’oie, qui permet de faire des pleins et des déliés. L’art pictural celte résidait dans des lettrines tracées sur les vélins de la chrétienté. Les gens avaient peur de l’écriture et se contentaient d’exécuter des dessins.

Les femmes celtes étaient en ce temps-là les égales des hommes, et Adeline avait pris la décision de divorcer d’un mari violent et de continuer à faire prospérer l’affaire familiale avec sa fille. Un inévitable barde bien sûr, pour animer les événements importants comme la fin d’une réunion politique, les fêtes religieuses, les mariages, les funérailles ou les naissances. Il chantait les victoires militaires ou les légendes locales en s’accompagnant de sa harpe autour d’un immense feu sacré qui réchauffait tous les convives. Beaucoup d’agriculteurs, bien sûr, qui assuraient à cette agglomération fortifiée de pouvoir vivre en autarcie complète grâce notamment à une terre fertile qui tenait ses promesses en donnant de belles et copieuses récoltes. De nombreux champs d’épeau tre et de légumes variés étaient cultivés autour de Naletacum. La terre était légère et facile à cultiver. Tout poussait abondamment dans les champs et les vergers. Les habitants avaient largement de quoi se sustenter avec une grande variété de fruits provenant de leurs im menses vergers, des poissons quand les pêcheurs pouvaient sortir en mer et du gibier qui était abondant dans les forêts environnantes.

Une croyance tenace faisait que les villageois évitaient de se promener ou de chasser la nuit, pour ne pas faire de mauvaises rencontres avec les korrigans, des petits génies tantôt gentils, tantôt méchants. Dans le doute, la population du village préférait les éviter autant que faire se peut en se barricadant chez eux dès que le soleil avait disparu à l’horizon. D’autant plus que les korrigans du bord de mer, qui se cachaient sous une épaisse couche d’ajoncs pour se protéger des sorcières, se nourrissaient de bigorneaux, berniques et crustacés. La plage jonchée de débris de coquillages et de morceaux de carapaces, démontrait qu’ils avaient fait bombance toute la nuit. Parfois même, ils émettaient des hurlements nocturnes pour dépouiller les voyageurs égarés et surpris par la nuit. Les cris étaient si effrayants que les pauvres victimes détalaient à toute vitesse, comme s’ils avaient le diable à leurs trousses en laissant toutes leurs affaires sur le sable. Les korrigans n’avaient alors plus qu’à se baisser pour les ramasser et les ramener à leur cachette souterraine secrète, afin de faire grossir leur trésor gardé par un griffon, qui se trouvait au pied d’un arc-en-ciel. La rumeur le disait si colossal, au point qu’il était impossible de l’estimer, même approximativement. Ils avaient aussi comme spécialité de provoquer des naufrages en mer en se promenant sur les plages avec des lanternes pour faire croire à des phares ou à des sémaphores. Les navires, pensant être près d’un port, se dirigeaient vers ces lumières et étaient drossés sur les rochers. Les korrigans en profitaient alors pour piller les richesses des victimes et parfois se délecter des morceaux les plus tendres des marins noyés.

Les hommes et les femmes du village devaient aussi aller chaumer : ils liaient la paille en bottes avec les tiges des céréales restant après la moisson ou utilisaient parfois des roseaux, pour recouvrir ou réparer les toits de chaume. Plusieurs bergers se partageaient la garde des bœufs, des moutons et des chèvres de tous les propriétaires du village dans les pâturages environnants. Après la tonte des moutons, les fileuses tordaient la laine pour la confection de vêtements confiée aux mains habiles des tisserands qui réalisaient des habits chauds pour affronter les rudes hivers de la région. La laine pouvait aussi être tissée finement, pour être portée quand il faisait plus doux ou pour ne pas subir les chaleurs de la période estivale. Quelques rares habits de lin étaient la préférence de certaines personnes qui plébiscitaient cette toile plus douce que la laine, essentiellement pour confectionner leur trousseau de mariage. Les druides, personnages importants, portaient des vêtements en lin de qualité. Aucune de ces matières n’était teinte. Tous les vêtements gardaient la couleur naturelle de la laine ou du lin, qui étaient maintenus agrafés par des fibules de bronze ou de laiton. Les Celtes cultivaient également la fibre de lin pour tisser les voiles de leurs bateaux.

Un peu à l’écart du village se trouvait le nemeton, la clairière sacrée où les druides pratiquaient les rites et cueillaient du gui (fruit représentant l’immortalité car toujours vert), avec une faucille d’or, qu’ils recueillaient ensuite dans un tissu blanc. Le gui de chêne était particulièrement précieux et fort apprécié des druides qui s’en servaient pour préparer des potions utilisées lors des cérémonies et des sacrifices.

Dans ce calme apparent, rien ne semblait présager de ce qui allait arriver…

III

En levant la tête, quelques habitants virent s’avancer rapidement de gros nuages noirs poussés par un vent très fort, mais ils ne s’en inquiétèrent pas outre mesure. Les nuées étaient parsemées d’une multitude de corbeaux qui croassaient lugubrement. Ils pensaient que la colère du dieu Taranis allait se déverser sur le village sous la forme d’un gros orage. Ils étaient un peu inquiets à cette idée, car souvent les orages étaient être très violents jusqu’à arracher les chaumes des toits et inonder les cultures. Et les toitures de chaume devaient alors être renouvelées après chaque déchaînement de la nature.

Mais la tempête qui s’annonçait était d’une tout autre nature… La véritable tornade qui allait s’abattre sur le village n’avait rien de naturel. Bannshee, la sorcière maléfique à la langue de vipère, appelée la Noire parce qu’entièrement de sombre vêtue, du chapeau aux chaus sures, était annonciatrice de mort. De ce noir émergeaient uniquement les deux émeraudes de son regard vert injecté de sang. Elle avait décidé d’accomplir sa vengeance ce jour-là en jetant un sort sur la paisible bourgade et en rendant tous les habitants stériles, ce qui annonçait la fin de la prospérité du village.

En d’autres temps, les habitants lui avaient préféré comme sorcière officielle du village, Dordmair la Rousse, petite femme frêle et d’un certain âge, et la Noire avait été chassée de la cité sans ménagements. Elle avait longtemps ruminé sa vengeance avant de passer à l’acte. Bannshee était vraiment décidée à lancer ce sort d’infertilité avec le nidhstöng, le bâton de malédiction. Juchée au sommet d’une colline, elle commandait aux éléments qui semblaient lui obéir. Elle envoya une nouvelle salve de vent puissant accompagné de nuages noirs qui bougeaient rapidement dans tous les sens. Cette fois, les nuages étaient chargés d’un vol d’innombrables chauves-souris géantes qui effrayaient vraiment les villageois en volant en rase-mottes au-dessus de leurs têtes.

« Je vais détruire Naletacum, voilà ma vengeance ! » Cria-t-elle depuis son piton rocheux.

Elle lança des brassées d’éclairs de toutes les couleurs pour enflammer les toits de chaume et un tonnerre assourdissant suivi d’une pluie de calamités : grenouilles, serpents et salamandres qui envahissaient le village. Les habitants avaient déjà mis leurs animaux à l’abri et regardaient ce spectacle apocalyptique sur le pas de leur porte avant de rentrer, complètement désarmés devant un tel déchaînement de fureur. Ils se tenaient assis sur le sol de leur maison, serrés les uns contre les autres, en espérant s’en sortir vivants. La peur se lisait sur leurs visages défaits. Dordmair la sorcière décida de ne pas laisser cette maudite Bannshee jeter son sort sur les habitants. Elle sortit de son tertre et la menaça en lui lançant de nombreux geis, des incantations magi - ques, à l’aide d’une amulette wicca gravée d’un pentacle doté de puissants pouvoirs que seules les sorcières peuvent utiliser, car il peut détruire les non-initiés. Elle lut aussi des formules magiques d’exécration, gravées sur du bois d’if en caractères oghamiques, qu’elle seule savait lire. Les villageois, cachés chez eux, entrebâillaient leur porte de temps en temps pour voir l’étendue des dégâts. Ils étaient les spectateurs impuissants de cette bataille de sorcières qui faisait rage et se déroulait sous leurs yeux ébahis, en espérant que Dordmair allait pouvoir faire face à Bannshee avec sa magie et gagner cette bataille comme elle l’avait fait maintes fois auparavant.

— Ma magie est la plus puissante Dordmair, tu ne pourras pas empêcher ma vengeance. Le moment est venu de vous anéantir, vous tous qui avez osé me chasser de Naletacum.

— Mon pentacle est plus efficace que ta baguette, même magique !

— Ma baguette de coudrier renferme beaucoup d’énergie magique, tu vois bien que je commande aux éléments qui m’obéissent ! Je peux faire tomber toutes les calamités que je veux avec le vent, la pluie, les éclairs et même de la grêle ou de la neige.

— Ma wicca va anéantir les pouvoirs de ta ridicule branche de coudrier !

— Jamais tu ne pourras m’atteindre, je suis la plus forte ! J’ai préparé ma vengeance depuis assez longtemps pour y arriver, et renforcé ma puissance qui va tout détruire !

— Ne crie pas victoire trop tôt, sorcière malfaisante !

Dordmair envoya des fluides qui semblaient ne pas atteindre Bannshee. Elle essaya de diffuser un immense nuage de fumée pour que la sorcière ne puisse plus voir le village et ainsi rater son sort. Mais elle lui répondit en engendrant un vent très fort qui balaya le nuage aussi vite qu’il était apparu. Un nouveau sort de la wiccaprojeta des flammes rougeoyantes vers Bannshee qui déversa en retour une cascade d’eau fraîche qui éteignit les flammes instantanément. Même les tempêtes de sable n’eurent aucun effet sur la sorcière maléfique qui les repoussa d’un coup de nidhstöng