L'Alliance - Michel Haton - E-Book

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Michel Haton

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Beschreibung

Après un revers de fortune, quatre joueurs de poker reviennent des Bahamas afin de se refaire. Leurs plans ne se déroule pas comme prévu. Ils sont retrouvés morts les uns après les autres. Le commandant Sam Karo et le lieutenant Léa Dauteuil mènent l'enquête qui sera plus difficile que prévue. Sam Karo et Léa Dauteuil vont-ils réussir à retrouver le coupable de cette série de meurtres ? Léa Dauteuil, ancienne des stups, se voit confier une enquête parallèle sur un réseau de narcotrafiquants.

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Note d’intention

Je n’ai volontairement pas situé géographiquement l’action dans cette histoire. En lisant ce livre, le(la) lecteur(trice) pourra spontanément se projeter dans sa propre ville, ou dans un lieu de son choix du simple fait de son imagination. Il va automatiquement retrouver des endroits qu’il connaît, auxquels il va identifier les lieux où se déroulent cette histoire. Ce qui fera vivre aux personnes qui lirons ce livre, une expérience nouvelle et unique.

Sommaire

CHAPITRE I

CHAPITRE II

CHAPITRE III

CHAPITRE IV

CHAPITRE V

CHAPITRE VI

CHAPITRE VII

CHAPITRE VIII

CHAPITRE IX

CHAPITRE X

CHAPITRE XI

CHAPITRE XII

CHAPITRE XIII

CHAPITRE XIV

CHAPITRE XV

CHAPITRE XVI

CHAPITRE XVII

CHAPITRE XVIII

CHAPITRE XIX

CHAPITRE XX

CHAPITRE XXI

CHAPITRE XXII

CHAPITRE XXIII

CHAPITRE XXIV

CHAPITRE XXV

CHAPITRE XXVI

CHAPITRE XXVII

CHAPITRE XXVIII

CHAPITRE XXIX

CHAPITRE XXX

CHAPITRE XXXI

CHAPITRE XXXII

CHAPITRE XXXIII

CHAPITRE XXXIV

CHAPITRE XXXV

CHAPITRE XXXVI

CHAPITRE XXXVII

CHAPITRE XXXVIII

CHAPITRE XXXIX

CHAPITRE I

Un avion de ligne en phase d’approche s’alignait sur la piste d’atterrissage brulante, chauffée par plusieurs jours de canicule. Les roues, dès leur contact au sol, donnaient l’impression d’avoir pris feu en dégageant un formidable nuage de fumée. L’énorme Airbus, en provenance des Bahamas, freinait en actionnant les aérofreins en vol pour atterrir, et opérait une inversion de poussée au sol, avant de rouler sur le tarmac. Avant même que l’avion ne soit garé, on sentait déjà l’excitation des passagers pour sortir de la carlingue sans attendre l’arrêt définitif des réacteurs de l’appareil. Certains remettaient leurs chaussures enlevées comme souvent dans les vols de nuit. Le concert des cliquetis libérateurs des ceintures, donnait le signe d’une certaine effervescence et de l’envie de pouvoir bouger un peu en récupérant les bagages à main dans le brouhaha annonciateur d’une libération prochaine. La plupart des passagers étaient déjà debout alors que la chenille avançait dans la travée, doucement d’abord, pour accélérer en suite. Salutations de l’équipage et des hôtesses avant de débarquer, en différentes langues, et engagement dans la passerelle libératrice en accélérant le pas. À peine dans l’aérogare, les passagers se dirigeaient d’un pas alerte vers le tapis roulant où ils attendaient de retrouver leurs valises, avec toujours la même petite pointe d’appréhension. Un groupe de quatre hommes se détachait pourtant du reste des voyageurs. Leurs bagages récupérés, ils se rendaient à la cafétéria de l’aéroport pour prendre place autour d’une table.

Celui qui semblait être le chef de la bande s’adressa aux trois autres après avoir commandé des consommations.

— Bon. Il va falloir se refaire, les gars.

— Oui, mais comment ? répondit Charles.

— En trouvant déjà un boulot peinard comme couverture, dit David.

— Il va falloir être discrets ! Et surtout éviter les cercles de jeux pendant un certain temps, ce qui va être difficile pour nous mais nécessaire, ajouta Alexandre, dit Alex.

— Le mieux est de se séparer. On aura plus de chances de trouver du boulot. Et c’est moi qui vous recontacterai, décida Jules. Il ne faut absolument pas essayer de se joindre avant que je vous appelle, sauf urgence absolue bien sûr. Équipez-vous de téléphones prépayés, on n’est jamais assez prudent.

Les trois hommes approuvaient en opinant du chef. Ils trinquaient en rêvant de leur retour dans des iles paradisiaques, et en se remémorant quelques bons souvenirs.

La conversation continua, ponctuée de rires.

— Quand même, quand j’y pense, quel coup ! reprit Charles.

— Quel super coup, tu veux dire ; un coup qui n’arrive qu’une seule fois dans la vie d’un joueur de poker ! ajouta Jules. Une quinte flush royale de toute beauté ! Je n’en croyais pas mes yeux… et les autres non plus, d’ailleurs ! Personne n’a rien vu venir ! Enfin le jackpot ! Les quatre hommes riaient de concert.

— Oui, et on en a bien profité ! dit David.

— Nos femmes n’ont pas dû comprendre ce qui leur est arrivé quand on est partis précipitamment et qu’elles se sont retrouvées seules ! rajouta Alex.

— Tu crois qu’elles nous attendent ?

— Tu penses, en dix ans, elles nous ont oubliés et ont refait leur vie !

— Nous aussi, on a refait notre vie… loin d’ici !

— C’est vrai qu’on en a profité à fond ! dit Jules, toujours en riant.

David s’adressait à Charles.

— Tu te souviens de la blonde qui te suivait partout en disant My love, my love ?

— Houlà oui ! Quels souvenirs ! Toutes ces femmes plus belles les unes que les autres. Rien que d’y penser, je soulève la table… sans les mains !

Les quatre hommes riaient de plus belle.

— Et celle se prenait pour Marilyn ? Elle n’avait de Marilyn que le nom, pour le reste, on en était très loin ! Surtout ses dents, tu avais peur qu’elle t’arrache la langue à chaque fois que tu l’embrassais !

— Qu’est-ce qu’on s’est bien éclatés quand même !

— Ah oui, c’était le paradis !

— Tu l’as dit, ouais !

— Tu crois que le paradis est aussi luxueux qu’aux Bahamas ? demanda David.

— J’espère bien ! répondit Alex.

Charles reprit la parole.

— C’est vrai qu’on en a bien profité, mais maintenant, on est complètement fauchés. On a eu beaucoup de chance, mais malheureusement elle tourne parfois.

Même si on a de quoi tenir quelque temps, cela ne va pas suffire… C’est qu’on est habitués à un certain standing maintenant !

— Mais ne t’inquiète pas, on va se refaire ! rétorqua Jules.

— Bien sûr, dit Charles, mais restons prudents. Il vaut mieux ne pas se faire remarquer. Maintenant qu’on est grillés aux Bahamas, il va falloir se faire oublier un peu…

— T’en fais pas, dit Alex, on sait se tenir et rester discrets. Surtout si c’est pour refaire un gros coup et pouvoir repartir les poches pleines… Et le plus loin possible !

Jules exposa son idée.

— Voilà mon plan : chacun part de son côté pour trouver un boulot et je vous rappelle dans quelques mois pour établir les bases d’un nouveau coup, dont j’ai déjà une petite idée.

— Allez, dis-nous en plus !

— Non, pas tout de suite. Il faut que je prenne quelques contacts et que je mette les choses au point pour être sûr de donner le maximum de chance à notre affaire.

— Ok, dit Charles.

Jules se pencha sur son bagage, l’ouvrit pour en sortir un jeu de cartes.

— De toute façon, j’ai ramené le jeu de cartes avec lequel nous avons gagné ! Notre jeu « spécial », vous me comprenez ! Nos cartes fétiches !

— Avec ce jeu-là, on est sûr de repartir riches ! dit Charles.

Tous les quatre approuvaient en se levant. Ils s’embrassaient et se saluaient en se séparant.

— À bientôt !

— Salut ! répondit David.

Et Jules les salua à sa façon.

— Ciao !

Alex saluait de la main en s’en allant.

Chacun espérait trouver un travail rapidement, retourner à une vie de rêve et fréquenter des hôtels de luxe avec piscine, soleil, cocktails et femmes magnifiques.

C’est la vie de rêve dans le plaisir et l’oisiveté, que l’on peut se permettre quand on est riche. Nos quatre joueurs ayant pris l’habitude d’un certain luxe, ils voulaient absolument reprendre leur train de vie. Et ils étaient prêts à tout pour cela. Mais avant de pouvoir se l’offrir, il fallait qu’ils se rendent plus ou moins discrets, voire invisibles, afin que personne n’apprenne leur retour. Ils devaient organiser une nouvelle partie de poker, quitte à tricher un peu, qui leur permettrait de repartir définitivement au soleil.

CHAPITRE II

Charles Bavière, mécanicien de trente-cinq ans, un grand blond avec une calvitie naissante et roi de la débrouille, décida de trouver un travail rapidement, car il était prudent et savait anticiper… surtout qu’il ne lui restait plus grand-chose en poche. Pendant son enfance, élevé par une mère seule, il a appris très tôt à se débrouiller. Il se dirigea donc vers un garage à la porte bleue grande ouverte qu’il avait déjà repérée, parce qu’il se trouvait dans la rue du Barrage, où il avait déniché un petit appartement. Il y voyait surtout le côté pratique d’un travail à proximité de chez lui, qui lui éviterait des heures de transport au quotidien. Il y entra d’un pas alerte, bien décidé à travailler dans le garage Dumont.

Il s’adressa à un mécano qui avait le nez dans le moteur d’une voiture américaine.

— Bonjour, j’aimerais voir le patron.

Le mécano, Marcel Gaillard, une petite trentaine, cheveux blonds et yeux bleus est toujours en mouvement.

Il avait les deux mains dans un moteur. De la tête, il lui indiqua quelqu’un assis dans un bureau enfumé.

Charles remercia en se dirigeant vers le bureau. Il frappa à la porte et entra.

— Bonjour monsieur Dumont !

— Bonjour, que puis-je faire pour toi, mon gars ?

— Je cherche du boulot !

Le patron du garage, un peu surpris, l’observa par-dessus ses petites lunettes, d’un air dubitatif. Michel Dumont, la quarantaine dégarnie, un reste de cheveux plus ou moins noirs et les yeux noirs, toujours la clope au bec, se déplaçait avec une légère claudication due à un pied bot de naissance. Ce qui ne l’empêchait pas d’opérer un jeu de séduction auprès des belles clientes, non pas pour avoir une relation avec elles, car il était bien conscient que ses chances étaient minces, mais pour les embrouiller suffisamment, et qu’elles ne fassent pas trop attention aux détails de la facture en effectuant le règlement.

— Qu’est-ce que tu sais faire ?

— Je peux réparer tout ce qui roule ! répondit Charles, sûr de lui et sans aucun trémolo dans la voix.

— Tout ?

— Tout.

Le patron resta un peu perplexe.

— Vraiment tout ?

Charles lui répondit en faisant un geste large avec les bras qui englobait tous les véhicules du garage.

— Tout, tout. Tout ce qui a des roues !

Le patron lui désigna une trottinette posée dans un coin.

— C’est celle de mon petit-fils. Les deux roues sont bloquées. Je n’ai pas encore eu le temps de m’en occuper.

Charles regarda la trottinette en souriant.

— D’accord, je m’en occupe tout de suite, dit-il en sortant du bureau la trottinette à la main.

Il se retrouva dans l’atelier où il y avait accès à tous les outils pour travailler. Charles posa sa veste et s’occupa de la trottinette. Il se démenait pour démonter et remonter l’objet à l’aide d’une grande quantité de dégrippant. Il s’essuyait le front en jurant. Marcel s’approcha et versa du Coca sur les pièces vraiment très grippées.

— Qu’est-ce que tu fais, j’ai déjà mis du dégrippant !

— Le Coca est le meilleur dégrippant qui existe, crois-moi !

Il laissa agir le liquide quelques minutes, avant d’essayer à nouveau.

— Elle est vraiment bien bloquée !

— Elle est complètement grippée ! ajouta Marcel qui le regardait se battre avec l’engin récalcitrant. Elle est restée trop longtemps sous la pluie.

Charles ne voulant pas rester sur un échec, insista pour trouver une solution.

— Je t’aurai, je t’aurai ! dit-il en s’excitant et en s’adressant à la patinette qui résistait.

Après de longues minutes de lutte acharnée et quelques gouttes d’huile, le soda ayant fait son effet, les roues tournaient enfin. Il essaya l’engin en se mettant debout sur la trottinette, se dirigea vers le bureau du patron en savourant sa victoire. Michel Dumont l’observait, debout derrière une fenêtre.

— Et voilà le travail ! Ça marche ! Ça roule ! Je vous l’avais bien dit, rien ne me résiste ! Même pas les deux roues !

Charles faisait des acrobaties dans le garage, juché sur la trottinette, comme un gamin. Ce qui fit sortir Michel Dumont de son local enfumé avec sa cigarette entre les doigts.

— C’est bon, t’es embauché ! Je te prépare le contrat pour demain matin. Va voir Marcel, il te mettra au courant.

— Merci ! Vous ne le regretterez pas !

— J’espère, répondit le patron en repartant vers son bureau la cigarette sur les lèvres, de son rythme indolent.

Il se retourna avant de rentrer dans son bureau, toujours en s’adressant à Charles.

— Tu n’as pas de casier, au moins ?

— J’ai fait quelques bêtises dans ma jeunesse, mais il y a prescription. Quelques petits vols sans gravité. Mais j’ai payé ma dette à la société et je me tiens à carreau depuis.

— Tout le monde a droit à une deuxième chance… mais il n’y en aura pas de troisième ! lui lança Michel Dumont.

— J’ai bien compris le message. Merci pour cette nouvelle chance que vous me donnez. Je saurai m’en montrer digne, je vous le promets.

Michel Dumont prit sa cigarette des lèvres, la tint entre ses doigts et fit un petit rictus de satisfaction. Charles se dirigea vers le fond du garage où Marcel se battait avec un écrou récalcitrant.

— Tu n’as plus de Coca ?

— Non, la canette est vide.

Charles lui prit la clé et desserra l’écrou sans dégrippant, avec une facilité qui le déconcerta. Les deux hommes se regardèrent. Marcel lui tend la main.

— Marcel Gaillard !

— Charles Bavière. Mais appelle-moi Charlie !

— Tu peux m’appeler Marcel, c’est bien suffisant !

Il se dirigea avec son nouveau collègue vers une voiture américaine assez ancienne.

— Il y a une révision à faire sur cette petite merveille !

Une magnifique Ford Mustang de 1968. Moteur 6 cylindres, 200 CV ! Il y en a sous le capot, là !

— Je vais m’occuper de ce petit bijou avec grand plaisir !

Je vais la bichonner, dit Charlie en soulevant le capot de cette magnifique voiture de collection, pour se mettre immédiatement au travail.

CHAPITRE III

Jules Sorel, l’architecte de cinquante-deux ans, grand sec à l’allure sportive, cheveux poivre et sel avait des yeux d’un bleu très clair. Il venait d’un milieu aisé qui lui avait permis de faire ses études d’architecture. Il se dirigeait vers l’immeuble d’un cabinet cossu. Il avait pris un rendez-vous avec un architecte très célèbre dans la profession : Gilles Galland. Jules Sorel entra dans le hall et se présenta à l’accueil avec un large sourire. Il voulait mettre toutes les chances de son côté en paraissant sympathique et motivé pour travailler avec ce bureau réputé. Il salua la réceptionniste avec un grand sourire enjôleur, en fixant bien ses yeux dans les siens pour que le charme opère.

— Bonjour madame !

— Bonjour monsieur ! Que puis-je faire pour vous ?

— J’ai rendez-vous avec M. Galland à 10 heures.

— Oui, qui dois-je annoncer ?

— Jules Sorel.

La secrétaire prit le téléphone, et appuya sur une touche de son standard.

— Bonjour Nelly. Il y a un M. Sorel qui a rendez-vous avec M. Galland à 10 heures.

Elle attendit la réponse un court moment.

— Ok, je te l’envoie !

Elle raccrocha et fixa Jules avec un regard langoureux.

— Monsieur Galland vous attend, Monsieur Sorel.

Deuxième étage, porte 12. L’ascenseur se trouve derrière vous.

— Je vous remercie beaucoup.

Il se dirigea vers l’ascenseur pour monter au deuxième étage et toqua à la porte 12, où une petite voix se fit entendre.

— Oui ! Entrez !

Jules ouvrit la porte et entra dans le bureau où il tomba sur Nelly Malot, la secrétaire de Serge Galland, la petite quarantaine, vive et enjouée. Arborant une chevelure rousse avec des yeux verts, elle semblait très dévouée à son patron.

— Bonjour, j’ai rendez-vous avec M. Galland.

— Oui, vous avez été annoncé, Monsieur Sorel. Monsieur Galland vous attend. Je vous en prie, lui dit-elle en se levant, et en désignant une porte.

Nelly Malot toqua à la porte.

— Entrez ! répondit Gilles Galland.

Nelly ouvrit la porte pour annoncer Jules Sorel.

— Monsieur Sorel, votre rendez-vous de 10 heures.

— Oui, merci Nelly.

— Bonjour monsieur Galland, dit Jules hésitant.

— Bonjour Sorel, asseyez-vous, je vous en prie !

Jules Sorel remercia et prit place dans le siège en face du célèbre architecte qui l’impressionnait un peu tout de même à cause de sa réputation mondiale. La soixantaine chauve, lunettes et d’un calme olympien, il accusait une légère surcharge pondérale. Jules posa sa mallette au sol en prenant place sur son siège.

— Qu’est-ce qui me vaut le plaisir de votre visite ?

— Eh bien voilà. Je cherche du travail en France. Après avoir beaucoup voyagé de par le monde, je souhaitais me poser et trouver un travail fixe.

— Je connais votre réputation, Sorel, vous ne devriez pas avoir de problèmes pour trouver du travail. Mais… vous étiez absent longtemps, je crois ?

— En effet, oui. Une dizaine d’années !

— Ah oui, quand même ! Et qu’avez-vous fait pendant tout ce temps ?

— J’avais un gros chantier de complexe hôtelier aux Bahamas.

— Ah, les Bahamas ! Ça ne se refuse pas, en effet ! C’est une chance énorme de travailler là-bas, tous les architectes en rêve. Mais avec votre talent, vous trouverez toujours du travail, là-bas ou ailleurs !

— Oui, mais je connais également votre réputation, et c’est avec vous que j’aimerai travailler aujourd’hui.

Serge Galland sembla dubitatif. Il s’affala sur le dossier de son fauteuil en fixant son interlocuteur qui semblait déterminé. Et il finit par sourire.

— Eh bien soit ! En plus, il se trouve que vous tombez bien ! Et pourquoi pas une collaboration ? Après tout, nous pouvons tout à fait nous compléter. Je vous explique : je suis sur un gros projet d’immeubles de bureaux et vous pourrez m’aider à résoudre pas mal de problèmes techniques sur les chantiers, vu ma difficulté à me déplacer maintenant.

Il sortit de derrière son bureau en poussant sur les roues de son fauteuil roulant. Jules, le regarda, surpris.

— Eh oui, il a suffi d’une compression de la moelle épinière par une vilaine hernie discale, et me voilà paraplégique. Cela m’est arrivé il y a quelques mois, mais j’ai toujours du mal à l’accepter, même si je sais que je ne pourrai plus jamais remarcher. Mais je pense qu’il va falloir que je m’y fasse, je n’ai pas vraiment le choix… Ce sont des choses qui arrivent, malheureusement.

Jules Sorel se lève et les deux hommes se serrent la main.

— Disons… demain 9 heures ! Nelly aura préparé le contrat d’ici là. Nous discuterons bien sûr de ses modalités, pour voir s’il vous convient, et je vous mettrai au courant du projet dans les détails.

— D’accord… Merci… Je vous fais confiance. À demain ! répondit Jules encore sous l’effet de la surprise.

Il ne s’attendait vraiment pas à ça. Il comprit mieux le sens de la complémentarité dont Gilles Galland parlait quelques minutes avant. Jules Sorel sortit du bureau et passa par celui de la secrétaire, en faisant un grand sourire à Nelly qui lui rendit. Il prit la direction de la sortie de l’immeuble en traversent le hall où il sourit à nouveau à la réceptionniste en la saluant, et se retrouva dans la rue.

— Je suis content d’avoir réussi, mais je vais tout de même avoir besoin d’un verre. Pour célébrer le succès de ma démarche d’une part, et pour me remettre d’une journée pleine de surprises et d’émotions, se dit Jules.

Il rentra dans son appartement et après le choc de ce bouleversement, il s’installa dans son fauteuil, se servit un verre de son vin blanc de Savoie préféré, un Chignin, vin blanc structuré avec des senteurs de fruits. Jules se dit que la première phase de son plan avait réussi. Il allait travailler avec Gilles Galland, et en plus, il se trouvait seul sur place pour inspecter les immeubles de bureaux du projet. Il allait bien sûr en profiter pour mettre en place la deuxième phase du plan à savoir trouver un endroit discret pour organiser une nouvelle partie de poker qui allait leur permettre de se retrouver dans un nouveau paradis, les poches bien pleines.

CHAPITRE IV

Après avoir essayé de se faire embaucher dans plusieurs cliniques privées sans succès, David Pallas, l’ambulancier de vingt-huit ans, petit trapu et musclé, très nerveux avec des yeux bleus et les cheveux noirs, commençait à désespérer. Toute sa famille étant dans le médical, il avait une voie toute tracée. Il décida de tenter sa chance dans le plus grand hôpital public de la ville, en espérant réussir à y trouver un emploi, même si le salaire y était moins élevé. La chance était avec lui ce jour-là, car il y avait dans le hall d’entrée, un panneau CHERCHE D’URGENCE UN AMBULANCIER H/F. Quelques personnes faisaient déjà le pied de grue dans le hall de l’hôpital. Au bout d’un moment d’attente, une porte marquée Direction des Ressources Humaines s’ouvrit et laissa apparaitre une femme blonde en blouse blanche.

— Pour le poste d’ambulancier ? dit-elle en parlant énergiquement.

Plusieurs personnes répondirent oui en chœur. Un homme se leva.

— Je vous en prie, entrez.

Un homme entra dans le bureau. Les autres qui attendaient se regardaient sans rien dire, tout en espérant obtenir le poste. Dans leurs discussions, chacun essayait de connaitre l’expérience des autres, pour évaluer leurs chances de décrocher le poste. La porte s’ouvrit à nouveau et le concurrent précédent sortit sans un sourire.

David pensa alors avoir une chance.

— Personne suivante ?

Une autre personne entra dans le bureau et y resta un peu plus longtemps que le précédent, ce qui inquiéta David. Il se dit qu’il fallait absolument qu’il réussisse à avoir ce poste, sinon, cela allait devenir problématique, vu que son magot fondait comme neige au soleil. D’autant plus que de nouveaux candidats prenaient place dans le hall en vue d’obtenir ce même poste. La porte s’ouvrit à nouveau, pour laisser sortir le candidat.

— Personne suivante ?

Après le défilement de plusieurs personnes qui ne restèrent pas très longtemps, David se leva à son tour, pénétra à l’intérieur et s’installa au bureau. La personne chargée du recrutement demanda à David son curriculum vitæ qu’il s’empressa de lui donner. Elle le lut avec attention, avant de réagir.

— De tous ceux qui se sont présentés, vous êtes celui qui me semble avoir le plus de compétences pour ce poste. Vous avez également une formation pour les premiers soins, ce qui est un plus. J’ai vu des gens qui n’avaient aucune expérience en milieu hospitalier, des boulangers, des ouvriers du bâtiment, des comptables, même un boucher, et qui ont tout de même tenté leur chance. Beaucoup d’entre eux sont sans emploi ou en fin de droits, ils tentent leur chance dans n’importe quel travail leur permettant de vivre ou de survivre. Mais nous avons besoin d’un professionnel, car nous n’avons pas le temps de former quelqu’un. Vous, par contre, avez une longue expérience dans des établissements de soins qui demandent beaucoup à leur personnel. Vu l’urgence de la situation, je pense que vous pouvez convenir. Quand seriez-vous disponible, monsieur Pallas ?

— Tout de suite, si vous voulez, répondit David avec un grand sourire.

— Je vous propose de commencer demain à 8 heures, pour une période d’essai d’un mois. Cela vous convient-il ?

— Évidemment, répondit David tout excité. Vous verrez, vous ne serez pas déçue.

— J’y compte bien. Vous connaissez la grave situation de l’hôpital public, donc…

Elle prit le téléphone pour appeler une personne qui ne tarda pas à entrer dans le bureau.

— Vous pouvez suivre Clovis, qui va vous mettre au courant. Ce sera votre binôme.

Les deux hommes se saluent en se serrant la main. Clovis grand baraqué en blouse blanche, dépassait David d’une bonne tête, mais on pouvait lire la gentillesse sur son visage souriant.

— David.

— Moi, c’est Clovis. On y va ?

— Je te suis.

Avant de sortir de la pièce, David se retourna vers la femme blonde, pour la remercier à nouveau.

— Merci beaucoup, madame !