Le silence de Nélio - Christine Palluy - E-Book

Le silence de Nélio E-Book

Christine Palluy

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Beschreibung

Le piège du racket se referme autour de Nélio qui raconte…Ce qui arrive à Nélio, douze ans, n’est malheureusement pas exceptionnel. Les menaces, les représailles, la violence, la honte… Le jeune garçon est pris au piège du racket par des voyous et son silence aggrave la situation. La peur de passer pour un minable qui ne sait pas se défendre, la peur de mêler sa famille et ses amis à ce drame qui le ronge… Spirale infernale, après quelques euros, ce sont des objets de valeur, des sommes de plus en plus importantes. Nélio s’enferre dans ses mensonges. Et ne sait plus comment faire marche arrière… Avec beaucoup de finesse, Christine Palluy nous raconte le drame de Nélio, victime de racket, hélas très banal dans notre société, surtout chez les enfants. Elle leur livre la clé pour se sortir de l’engrenage : parler, partager, accepter qu’on ne peut pas tout résoudre seul. Ce court roman a l’originalité d’être raconté par Nélio mais aussi par les autres protagonistes de l’histoire : ses parents, sa petite sœur, ses amis, tous inquiets et perplexes devant l’attitude inexpliquable de Nélio. Mais aussi le directeur du collège et même l’agresseur. Un fait divers relaté avec émotion et efficacité, une histoire d’aujourd’hui vécue par un enfant d’aujourd’hui.EXTRAIT« Je m’approche et, d’un coup, je plonge la main à l’intérieur de son sac. Je pêche vingt euros. La somme que je dois leur donner. Ça y est, l’argent est dans la poche de mon jean. À partir d’aujourd’hui, je ne pourrai plus jamais regarder personne en face. Je suis devenu un voleur, une saleté de voleur. Mon cœur bondit dans ma poitrine, il veut sortir, me lâcher, s’enfuir. Normal. Qui aurait envie de rester avec quelqu’un comme moi ? »CE QU’EN PENSE LA PRESSE - « Un roman très juste quant à la manière d’aborder cette question, qui peut aider les jeunes victimes à ne pas se murer dans le silence, à réagir, à en parler très vite aux adultes qui les entourent. » – Ricochet- « Ce roman court est touchant, le personnage de Nélio attachant. L'auteur utilise la narration multiple en laissant chacun des personnages de l'histoire prendre la parole, ce qui donne une vision d'ensemble avec les différents points de vue. » – Bleu indigo- « Le roman évoque avec efficacité l'angoisse que suscite ce genre de situation et invite les jeunes qui en sont victimes à dénoncer leurs bourreaux. » – Réseau des bibliothèques publiques de MontréalA PROPOS DE L’AUTEURChristine Palluy vit à Nîmes. Elle écrit avec gourmandise des livres pour les petits et les presque grands. Ses textes mêlent le plus souvent rythme, humour et émotions. Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est faire jaillir de sa mémoire les pépites de malice qui illuminent l’enfance. Elle travaille régulièrement pour la presse (Toboggan, J’apprends à Lire, J’aime Lire) mais aussi pour l’édition (Milan, Bayard, Lito, P’tit Glénat).  Le roman Le silence de Nélio a été publié pour la première fois en novembre 2003 chez Milan Presse dans la revue Tout à Lire, sous le titre « Racket ». Voici aujourd’hui une version enrichie pour Alice Jeunesse.

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1

SALE JOURNÉE

Une sonnerie stridente me fait sursauter. Les yeux fermés, je tâtonne, je trouve le réveil et je lui envoie une claque. Il ne va pas m’embêter longtemps, celui-là…

Je me roule en boule dans mon lit en refermant les yeux de toutes mes forces. Vite, il faut que je retrouve mon rêve. Cette nuit, moi, Nélio, je n’avais plus douze ans, j’en avais seize. J’étais carré, je faisais un mètre quatrevingts et je leur rigolais au nez, à ces voyous. Après, je leur décochais une grande claque. Une claque comme celle que je viens de donner au réveil…

Dormir, si seulement je pouvais dormir un peu plus…

Impossible. Dans la cuisine, la radio hurle les infos : temps froid sur toute la France, verglas dans le Nord, pluie dans le Sud-Ouest, grève de trains, grève de courrier… Pourquoi est-ce que les profs ne font pas grève, eux aussi ?

— Nélio, tu n’es pas encore debout ? dit ma mère depuis la cuisine. Dépêche-toi !

— Oui, maman. Oui, je me lève.

Il faut y aller. Je pose mollement mes pieds sur la moquette. En allumant la lumière, j’aperçois mon reflet dans la glace. Ma gorge se serre : je mesure un mètre quarante-deux et je suis en sixième au collège Alexandre-Dumas. Pourquoi est-ce que je suis si petit ? J’ai toujours l’air d’un poussin perdu !

Chewing-Gum vient se coller à moi en frétillant. C’est dingue, ce chien est incapable de me laisser seul plus d’une heure ! Quand on était petits, tous les deux, on jouait à cache-cache. Il pouvait me retrouver partout, même à la campagne, même dans les endroits les plus fous ! Ce matin, il m’agace.

— Va-t’en, Chewing-Gum, laisse-moi tranquille !

Je quitte mon pyjama, j’enfile un pantalon et un gros pull de laine. J’avance lentement jusqu’à la salle de bains. L’odeur du parfum de ma mère me donne la nausée. Je m’assieds sur le rebord froid de la baignoire et je me passe un gant mouillé sur le visage. Dans ma gorge, un boulet m’empêche de respirer, de parler et même de pleurer. Ils vont être là, au café de la Couronne, ils vont m’attendre…

— Nélio, viens déjeuner, tu vas être en retard.

— Oui, maman.

— Ton lait est chaud. Je te fais une tartine, ou deux ?

— Pas faim. Je veux juste un yaourt.

Après le petit déjeuner, je ferai ce qu’ils m’ont demandé. Vite. Et puis, je n’y penserai plus. Jamais. Ce sera fini. Pour toujours. De toute façon, je suis obligé, mardi c’est aujour-d’hui. Si je ne vais pas au café de la Couronne, ils seront devant le collège, ou ils m’attendront quelque part avec leur couteau dans la poche…

Lola, ma petite sœur, fredonne dans sa chambre. J’aime bien Lola. À peine levée, elle chante ! Quelle chance elle a d’avoir dix ans et d’être encore en primaire… Papa termine son café. Son journal lui cache le visage. De temps en temps, il tourne les pages dans un claquement sec de papier froissé. S’il savait ce que j’ai dans la tête, il aurait honte de moi. Je me lève de table. C’est maintenant ou jamais : Lola se croit à la télé, maman se maquille et papa n’a pas terminé sa lecture. J’y vais.

2

NÉLIO MARDI MATIN

Heureusement, comme d’habitude, les affaires de maman sont sur le fauteuil de l’entrée.

Je m’approche et, d’un coup, je plonge la main à l’intérieur de son sac. Je pêche vingt euros. La somme que je dois leur donner. Ça y est, l’argent est dans la poche de mon jean. À partir d’aujourd’hui, je ne pourrai plus jamais regarder personne en face. Je suis devenu un voleur, une saleté de voleur. Mon cœur bondit dans ma poitrine, il veut sortir, me lâcher, s’enfuir. Normal. Qui aurait envie de rester avec quelqu’un comme moi ?

Je vais dans ma chambre. À nouveau, le film défile dans ma tête sans que je puisse l’arrêter ni le rembobiner. Je me vois vendredi un peu après dix-sept heures. Je sors le dernier du collège. Je suis en retard parce que je viens de parler à la prof de dessin. Pour la semaine prochaine, je prépare un exposé sur la bande dessinée avec Maxime et Sarah.

Je sors. Il fait froid, presque nuit. C’est le désert autour du collège. Tout à coup, je ne vois rien d’autre que deux blousons noirs devant mon nez. Je lève les yeux. Deux types du lycée d’à côté me fixent en mâchant bruyamment du chewing-gum. Je les ai déjà vus traîner par là. L’un d’eux, le plus petit, mais le plus costaud, sort son couteau pour se faire les ongles. La lame scintille à la lumière du réverbère.

— Tu vois, microbe, mon couteau, il n’a qu’une envie : c’est de faire une belle entaille dans ta jolie petite gueule !

— Ouais, ajoute l’autre, un grand blond avec une lueur glacée dans le regard, mais nous, on veut pas le laisser faire. Ce serait dommage… Alors, on se dit que si tu nous donnais vingt euros, peut-être qu’il changerait d’idée, le canif.