Le soupir des âmes - Céline Thibaut - E-Book

Le soupir des âmes E-Book

Céline Thibaut

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Beschreibung

Novela 1

La mort nous laisserait-elle une seconde chance... ?

Plus d’une année a passée quand Selen, une jeune femme de 26 ans émerge d’un coma profond. Malgré l’aide de Julie et Alyne, ses amies les plus proches, son retour à la vie ne s’effectue pas sans heurt. Après une courte période d’amnésie, la jeune femme ne parvient pas à reprendre pied dans l’existence qui était la sienne. C’est alors qu’un monde mystérieux s’ouvre à elle. Régulièrement, un homme étrange et ténébreux lui apparaît depuis son réveil. D’où viennent ces blessures quand elle sort de son sommeil au petit matin ? D’autant plus que des meurtres atroces sont commis dans la ville ces nuits-là...

... L’histoire s’enchaîne, haletante et nous prend dans ses filets, oui, nous sommes apirés par le flot des mots savamment distillés et nous voulons savoir, tout savoir...

... Céline Thibaut sait où elle va et nous la suivons aveuglément...

Céline Guillaume

Novela 2

Depuis la perte de Franck, son compagnon, Morgane se débat dans les méandres de son désespoir. Malgré le soutien de ses amis Adela et Isaac, elle n’arrive pas à se raccrocher à la vie et tente à plusieurs reprises de se donner la mort, seule solution pour elle de rejoindre l’amour de sa vie.

Moult tentatives avortées car elle se réveille le lendemain matin fatalement dans son lit.

Deviendrait-elle folle ? La mort lui tournerait-elle délibérément le dos ?

Un homme étrange et ténébreux fera apparition dans sa vie et lui apportera toutes les réponses dont elle a besoin.

Sa vie basculera par un choix important : persister à vouloir en finir avec la vie ou se battre pour sauver celle de ses amis...

...Imaginer en tentant de se mettre à la place des personnages s’avère être le rôle premier d’un écrivain...

...Dans cet exercice, Céline Thibaut s’en sort à merveille...

Adeline Neetesonne


À PROPOS DE L'AUTRICE

Céline Thibaut - Née en 1983, l'auteur a grandi dans la région Rhône-Alpes. A 25 ans, rêve et écriture lui trottent dans l'esprit malgré que rien n'aurait présagé cette possibilité : manque d'études et de diplômes, enchaînements de petits boulots. Mais sa passion pour la lecture de romans contemporains ainsi que de romans de type fantasy vont lui donner l'envie d'écrire son premier roman "Les racines de la perle", projet de type fantasy écrit en collaboration avec Sylvain Portelance domicilié au Québec. Une rencontre anodine sur un site de réseau social se transforme en profonde amitié avec un grand point commun, l'amour pour la lecture.

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LE

SOUPIR

DES

AMES

 

 

 

 

 

Céline THIBAUT

 

Recueil de nouvelles

Illustration graphique : Graph’L

Image: Adobe Stock et IA

Éditions Art en Mots

 

 

 

 

 

 

LIVRE I

 

 

 

***

 

Les portes de l’oubli – Le destin de Selen

 

***

 

 

… Dieu ne pardonna pas aux anges leurs péchés, mais les précipita en enfer, où, livrés aux abîmés des ténèbres, ils furent gardés pour le jugement…

 

 

Seconde épître de Pierre, 2 ; 4

 

PRÉFACE

de Céline Guillaume

 

La vie est faite de découverte, de surprise et chaque journée, nous transmet un nouveau savoir, nous apprend davantage et nous fait connaître d’autres horizons.

Il en est de même pour moi et grâce à ces quelques lignes, je vous offre, à vous lecteurs, l’agréable opportunité de découvrir une jeune auteur.

 

De prime abord, cette dernière vous charmera par son authenticité, sa joie de vivre et sa foi en l’écriture, ensuite, lorsque vous ouvrirez l’un de ses ouvrages, elle vous mènera dans son univers, un univers bien à elle, personnifié sous sa plume fluide, emplie de mystères, de vérité poignante et de psychologie déroutante.

 

« Les Portes de l’Oubli » possèdent cette richesse de thème abordé et pour notre plus grand plaisir.

L’histoire s’enchaîne, haletante, et nous prend dans ses filets, oui, nous sommes aspirés par le flot des mots savamment distillés et nous voulons savoir, tout savoir. Peut-être est-ce tout simplement l’héroïne, mystérieusement envoûtante, qui nous guide aux portes de l’irréel ?

 

Apparaissent également des créatures mystiques ainsi que toute une mythologie disséquée avec brio.

Céline Thibaut sait où elle va et nous la suivons aveuglément.

 

Une phrase de ce récit a attiré mon attention et je la citerai comme préambule à ce qui animera votre lecture ;

« Haine, amour, devoir, victoire, tout se mélange dans ma tête ».

 

J’avoue et le clame, Céline, tu as parfaitement réussi ton exercice de conteuse, celui de nous faire rêver et de nous charmer.

Que tes lecteurs soient nombreux et grands de tes réussites…

 

 

Céline Guillaume

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

– CHAPITRE 1 -

 

 

Cette nuit est sombre et brumeuse. Nous sommes un soir de semaine, je suis en voiture et je me rends à mon cours de danse latine. Après une journée de travail, j’aime aller danser pour me détendre, oublier mes soucis quotidiens, faire le vide dans ma tête, me défouler. Ces heures passées au bureau n’ont pourtant rien d’éreintant, bien au contraire, le travail manquant à cette période de l’année, avec mes collègues nous avions décidé de jouer au jeu du post-it. Vous connaissez, ce jeu où une personne se voit porter un papier autocollant sur le front et doit, par des questions, trouver ce qui est inscrit sur son crâne ? Nous avons bien rigolé aujourd’hui, mais j’ai tout de même le besoin de m’évader, de m’aérer.

 

Un fort brouillard a envahi les routes ce soir, je n’y vois pas à un mètre devant moi. Toute cette brume accumulée donne un air lugubre aux petites routes que j’emprunte, comme dans les films angoissants, et pour couronner le tout, je ne croise aucune voiture, j’ai l’impression d’être dans une autre dimension où il n’y a plus âmes qui vivent. Mais c’est l’hiver après tout…

Je commence à me dire que j’aurais mieux fait de rester au chaud, chez moi, regardant tranquillement un film, certainement une comédie romantique avec mon compagnon, sous une couette à plume, lovés dans les bras l’un de l’autre.

Je me repris, il faut bien que j’entretienne mon corps en allant à mon activité sportive de la semaine.

J’augmente le chauffage dans ma voiture et mets de la musique latine, pour me motiver un peu plus et me mettre dans l’ambiance.

Au fur et à mesure que j’avance, le brouillard est de plus en plus épais et je suis bientôt obligée de coller mon nez contre le pare-brise afin de voir le mieux possible où je roule.

Mon téléphone retentit au fond de mon sac. Conduisant d’une main, j’essaie désespérément de l’attraper de l’autre étant obligé de vider son contenu pour enfin trouver le mobile vibrant et chantant.

Qu’est-ce que nous les femmes pouvons avoir comme bazar dans notre sace à main !

Enfin je réussis à le sortir avant que la sonnerie se soit interrompue.

— Oui ?

— Salut Selen, c’est Julie. Je pense que je vais arriver en retard au cours de danse…

Mais je jette le téléphone sur le siège, ma voiture vient de faire une embardée sur le bas-côté et, de toutes mes forces, je m’agrippe au volant, redressant de justesse le véhicule. Ouf, j’ai eu chaud, une goutte de sueur dégouline déjà le long de ma joue. Je reprends mon téléphone.

— Non, mais tu m’écoutes… Tu es là Selen ?

— Excuse-moi Julie, j’ai failli me mettre au tas, on n’y voit rien avec ce brouillard.

— C’est exactement ce que je te disais, je pense arriver en retard au cours de danse, ça roule très mal, on est tous…

Mon téléphone m’échappe des mains. Je me penche pour tenter de le récupérer sous mon siège. Je parviens à le saisir, mais lorsque mon regard se pose de nouveau sur la route, un frisson envahit la totalité de mon corps et un hurlement sort de ma bouche.

Une forme sombre se trouve au milieu de la chaussée, certainement un animal. Instinctivement, je donne un violent coup de volant pour éviter la bête avec la sérieuse impression d’avoir commis une grave erreur.

La voiture part sur le bas-côté partant latéralement en glissades prenant de plus en plus de vitesse, et, une fois le fossé percuté, elle entreprend plusieurs tonneaux.

Ma tête me fait atrocement mal, et comble de l’angoisse, je ne sens plus mes jambes. Je parcours mon visage de mes mains afin d’effectuer un bref contrôle et lorsque je les ramène à porter de vue, je suis sous le choc.

Du sang, énormément de sang mêlé à des éclats de verre s’étend sur toute la surface des paumes de mes mains.

Mon cœur se met à battre à tout rompre, des fourmis envahissent mes doigts inondés de ce sang, le souffle commence à me manquer.

Reste calme ! J’essaie de me convaincre tout en prenant de profondes inspirations.

Reste calme et prends ton téléphone.

Doucement, je tâtonne dans tous les recoins de mon véhicule. Je tombe de temps à autre sur les objets que j’avais retirés de mon sac pour prendre mon mobile quand mon amie m’avait appelée.

Je ne peux toujours pas bouger mes jambes, ce qui me complique fortement la tâche.

Au bout d’un long moment qui me semble interminable, je réussis enfin à mettre la main sur mon portable.

D’une main tremblante, je le porte jusqu’à mon oreille, il suffit d’un simple contact pour que l’appareil soit lui aussi couvert de sang.

Ma vue commence à se brouiller. Cela débute par de simples points blancs qui apparaissent sur mon écran puis un voile blanc prend possession de mes yeux.

 

Un frisson ou plutôt un immense fourmillement commence à envahir mon corps, réveillant mes jambes que je ne sentais plus à mon dos pour ensuite basculer sur mon buste et enfin atterrir sur mon visage. C’est une sensation très étrange de plénitude, je me sens bien.

S’en suit une impression de légèreté et je me sens transporté vers le plafond.

Au fur et à mesure que je quitte mon corps, resté inerte sur le siège conducteur, je peux déambuler hors du véhicule et apercevoir l’état dans lequel il se trouve.

 

Une lumière au loin attire mon attention, je ne veux pas aller vers elle, mais c’est comme si mon âme décidait pour moi.

Plus je m’approche d’elle, plus ma sensation de plénitude se décuple, mais une certaine angoisse m’envahit, était-ce cette fameuse lumière ? Celle qui appelle les morts pour les emmener là où personne ne le sait, loin de tout ce monde, loin de nos amours, de nos amitiés…

 

– CHAPITRE 2 -

 

 

Mes yeux sont douloureux, cette lumière m’éblouit et pourtant je lutte pour les ouvrir. Je veux voir ce qu’elle peut me cacher.

Au début, tout ce que je vois est flou. Je distingue quelques formes, certaines sombres et d’autres que j’ai du mal à entrevoir, elles ont l’air aussi blanches que ce qui les entoure.

Je cligne des paupières afin d’habituer ma vue à cette clarté. Je réitère ces clignements pendant un long moment. Petit à petit, je différencie de mieux en mieux les formes ainsi que le milieu qui les encadrent.

Je regarde de gauche à droite malgré une forte douleur au niveau des cervicales et constate que je suis dans une chambre d’un blanc limpide.

C’est ça la mort ? On se retrouve dans une chambre pour le restant de nos jours ?

 

Mon regard se pose enfin sur toutes ces silhouettes me dévisageant curieusement. Mon corps frémit. Qui sont tous ces gens ?

Pourtant deux des formes me paraissant sombres sont postées juste à mes côtés, à me scruter d’un œil étrange. Un homme et une femme. L’être de type masculin, avec un air sérieux, est un homme d’une trentaine d’années. Un visage carré avec de grands yeux bleus encadrés par des cheveux blonds tirés vers l’arrière. Très grand digne d’une carrure d’athlète. La femme à ses côtés est quant à elle bien plus petite. De longs cheveux noirs plongeant en dégradés sur son fin visage pâle. Un épais trait d’eye-liner noir faisant ressortir ses yeux déjà sombres de natures.

Une impression d’inquiétude se dégage de leurs visages.

Mes yeux se dirigent ensuite vers les deux formes blanches. Deux femmes.

L’une d’entre elles, d’un âge avancé avec ses cheveux gris et une coupe à la garçonne dégageant entièrement son visage sévère. Elle a de tout petits yeux qui paraissent presque être enfoncés dans ses orbites.

La personne à ses côtés, quant à elle, est beaucoup plus jeune avec un visage angélique, digne d’une fée. De magnifiques longs cheveux mi-blonds, mi-roux atteignant la cambrure de ses reins. Les traits de son visage sont fins, sa peau est claire, sans imperfection, presque un visage de poupée en porcelaine faisant ressortir ses grands yeux verts émeraude.

 

Tous me fixent sans dire un mot, je commence à avoir peur. C’est lorsque ma respiration entreprend de se faire de plus en plus rapide et bruyante que la vieille femme en blanc s’approche de moi.

— Bonjour, mademoiselle Herniol, je suis le docteur Jolivit.

Elle continue de me fixer avec insistance comme si elle attendait quelque chose de ma part. Elle sort une petite lampe de sa blouse qui me ferait plutôt penser à un simple stylo.

— Pouvez-vous suivre cette lumière avec vos yeux ?

Elle trace un trait de sa lumière de droite à gauche, je suis son geste du regard. C’est à ce moment-là que je m’aperçois que je suis branchée à des machines.

J’aurais dû entendre le bruit avant.

— Bien, c’est très bien. Pouvez-vous maintenant parler, mademoiselle ?

La jeune fille blonde a l’air nerveuse, elle n’arrête pas de se ronger les ongles jusqu’à la chaire.

Aussitôt, comme si mon cerveau venait seulement de recevoir l’information, je me surprends à crier.

— Je ne suis pas morte !

Un sourire alors s’affiche sur tous les visages présents dans la pièce. Le médecin s’apprête à me répondre, mais l’homme la devance et me prend la main.

— Selen, mon amour, si tu savais comme je suis heureux.

Il embrasse ma main à pleine bouche et se frotte ensuite le visage contre mes doigts tout ankylosés. Je le fixe un petit moment avant de lui demander :

— Qui...Qui est Selen ?

 

– CHAPITRE 3 -

 

 

Je ne pensais pas qu’une simple question puisse déclencher une telle panique dans la salle. La jeune fille blonde fond littéralement en larmes, l’homme se prend la tête entre les mains et la femme brune à l’air complètement ailleurs.

Je ne comprends pas. Mais que se passe-t-il ?

Le médecin s’approche de l’homme visiblement perturbé et le prend par les épaules.

— Nous en avons longuement discuté, Cédric. Elle a passé énormément de temps dans le coma, je vous avais prévenu qu’il y aurait des séquelles neurologiques. C’est déjà un miracle qu’elle se soit réveillée après tout ce temps…

Mais il ne la laisse pas finir.

— Est-ce définitif ?

— Non, nous allons faire notre maximum pour qu’elle recouvre la mémoire, mais il va falloir être patient Cédric.

Plus personne ne me prête la moindre attention. La jeune fille blonde s’approche du fameux Cédric et lui prend la main.

— Je l’aiderai Cédric, elle retrouvera la mémoire, je te le promets.

— Laissons mademoiselle Herniol se reposer à présent, intervint le docteur.

L’homme acquiesce d’un signe de la tête, me prend la main et l’embrasse. La jeune fille blonde s’approche ensuite de moi et me caresse le visage tandis que la femme brune sort de la chambre sans même m’adresser un regard.

Quelques minutes plus tard, je suis seule dans cette chambre d’hôpital et je ne comprends toujours ce qu’il m’arrive.

Une femme d’une cinquantaine d’années en blouse blanche entre dans ma chambre me sortant de mes réflexions. Elle me tend des pilules ainsi qu’un verre d’eau.

— C’est pour vous aider à dormir, le médecin a dit que vous deviez vous reposer.

Je viens à peine de me réveiller et ils veulent déjà me renvoyer dans le sommeil…

Devant mon hésitation, l’infirmière essaye de me rassurer.

— Ne vous inquiétez pas mademoiselle, vous vous sentirez beaucoup mieux après un bon repos, tout ira très bien maintenant.

Je décide d’avaler ces comprimés, de toute façon je n’ai pas vraiment le choix. Une fois le verre d’eau complètement vidé, l’infirmière me sourit.

— Reposez-vous, tout ira bien je vous dis.

Puis elle sort de ma chambre.

Les comprimés ne mettent pas longtemps à faire leurs effets, mes yeux sont de plus en plus lourds et malgré que j’essaie de résister, mes paupières semblent déterminées à se clore. Je ne me souviens même plus avoir sombré dans le sommeil quelques secondes après.

 

Je me réveille plus tard avec une étrange sensation d’être observée.

L’infirmière avait raison, je me sens mieux, moins courbaturée, ce repos fut bénéfique.

Je m’apprête à m’étirer lorsque je m’aperçois que je ne suis pas seule dans la pièce. Un homme est là, debout près de la fenêtre, il me tourne le dos. Il a l’air perdu dans ses pensées semblant contempler la vue que je peux apercevoir depuis mon lit.

Apparemment, ce n’est pas un médecin, car il est habillé en civil.

Dois-je tousser pour qu’il s’aperçoive que je suis réveillée ou au contraire, ne pas bouger. Mon corps décide pour moi, car je suis tétanisée, le moindre mouvement m’est difficile. Je respire profondément et prenant mon courage à deux mains, j’essaie d’atteindre le bouton situé au-dessus de mon lit qui appelle directement le bureau des infirmières. Je me contorsionne dans tous les sens pour toucher ce foutu bouton, et mon lit émet un craquement métallique.

Pétrifiée, je me fige tout en fixant l’homme qui se retourne.

Nos regards restent accrochés pendant d’interminables secondes puis il s’avance vers moi.

Soutenant son regard, je déglutis.

Mais pourquoi n’ai-je pas tout simplement fait semblant de dormir, il aurait bien fini par se lasser et partir !

D’apparence, il n’a pas l’air menaçant. Au contraire de ses yeux émane une grande bonté, une gentillesse, et l’expression de son visage démontre une sorte de soulagement. C’est un très bel homme, je lui donne une trentaine d’années tout au plus. D’allure assez banale, son sex-appeal émane essentiellement de ses beaux yeux sombres sur un visage fin et le tout, entourés par des cheveux mi-longs d’un noir intense.

Il s’approche encore plus près de moi avec un regard qui n’est que douceur. Il me caresse tendrement la joue en chuchotant.

— Oh, Selen, si tu savais comme tu m’as manqué, j’ai cru devenir fou.

Je ne comprends pas, une immense vague de tristesse me submerge. Je pleure. Son étreinte se fait plus clémente.

— Chut. Les médecins m’ont prévenu. Tu ne sais absolument pas qui je suis, c’est bien ça ?

Je hoche la tête, continuant de pleurer. Il essuie mes larmes d’un revers de la main.

— Tu retrouveras la mémoire, j’en suis certain !

La porte s’ouvre laissant place à la jeune fille blonde qui accompagnait le médecin. Elle entre et s’adresse directement à mon visiteur.

— Les visites sont terminées Fabrice. Tu ne devrais plus être là.

— Je m’en vais Julie, je voulais juste m’assurer qu’elle allait bien.

— Elle va bien ! Tu peux partir !

Le ton de la jeune femme est sec et son regard froid, mais Fabrice n’a pas l’air de s’en inquiéter. Il se penche tout près de mon visage et me dépose un baiser sur la joue. Puis il quitte la pièce, la jeune fille sur ses talons.

 

Seule de nouveau, les larmes continuent de dévaler la pente de mon visage.

 

***

 

Le lendemain matin, je me réveille en pleine forme. Je ne suis quasiment plus courbaturée, mes membres ont l’air de m’obéir correctement.

Aussi, je décide de me lever en titubant et m’accrochant au lit puis à la porte pour aller dans la salle de bain. Je veux me voir dans le miroir, je souhaite savoir à quoi ressemble Selen. Je mets quelques minutes avant d’oser regarder mon reflet.

J’ai l’impression d’avoir une inconnue en face de moi, je ne me reconnais pas, j’aurais pourtant cru qu’il y aurait un déclic.

Je tâtonne mon visage du bout des doigts. J’ai des traits fins, trop fins, à la limite de la maigreur et ma peau est très pâle. Toujours du bout des doigts, je contourne mes yeux verts bouteille. Je glisse ensuite mes mains dans la masse de cheveux aux nuances chocolat qui semblent être très bien entretenus par cette Selen. Où dois-je dire plutôt par moi ?

La présence de la jeune fille blonde près de la porte me fait sursauter. Elle me sourit.

— Tu as toujours été la plus belle de nous trois ?

— De nous trois.

Elle me tend la main.

— Viens t’asseoir, nous avons à parler…

Je la suis jusqu’à mon lit et nous prenons place face à face, ses grands yeux vert émeraude plongeant dans les miens.

Sa voix est douce, chaque mot prononcé soigneusement, elle m’explique ma vie passée.

J’apprends qu’elle s’appelle Julie, qu’elle et moi étions des amies d’enfance ainsi qu’avec la femme brune présente à mon réveil qui se nomme Alyne.