Le tapis - Pierre-Louis Déjean - E-Book

Le tapis E-Book

Pierre-Louis Déjean

0,0
7,99 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

"Le tapis" met en exergue deux personnages, ELLE et LUI, qui parlent du couple, de la maladie de Parkinson et, inévitablement, de la mort. La maladie a constitué LUI en tyran, mettant de fait leur relation à rude épreuve. Toutefois, au fil de l’évolution de ladite maladie, les rôles s’inversent insidieusement. Ainsi, ELLE et LUI révèlent ce qu’ils avaient soigneusement dissimulé sous le tapis, parfois avec une touche d’humour, souvent avec une profonde émotion, mais toujours avec une sincérité inébranlable.

À PROPOS DES AUTEURS

Puisant dans son vécu personnel et familial, Pierre-Louis Déjean a décidé de transcender la maladie, en créant une œuvre de fiction, qui entremêle habilement sérieux et humour, pour explorer les épreuves, les incertitudes et les répercussions d’une affection neurodégénérative sur la vie personnelle et professionnelle.

Blandine Déjean-Zamaron accumule vingt ans d’expérience dans les sphères culturelle, artistique et scientifique. Dans "Le tapis", elle fusionne deux de ses centres d’intérêt, l’écriture et le théâtre, pour aborder la maladie et mieux la comprendre en la mettant en scène


Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
MOBI

Seitenzahl: 43

Veröffentlichungsjahr: 2024

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Pierre-Louis Déjean

& Blandine Déjean-Zamaron

Le tapis

Théâtre

© Lys Bleu Éditions – Pierre-Louis Déjean & Blandine Déjean-Zamaron

ISBN : 979-10-422-2010-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Acte I

Scène I

LUI : Le tapis sent, non le tapis pu, j’ai décoché cette phrase sans plus de précautions, sans fioritures, histoire d’aller à l’essentiel : compréhension du pourquoi, gestion du problème.

ELLE : Tu fais chier de me ramener à cette basse réalité d’un tapis mouillé. Déjà que je m’occupe, de tes cinquante ans, à envoyer les invitations par mail parce que monsieur à une phobie numérique dès qu’il quitte le boulot.

LUI : C’est juste un constat.

ELLE : Un constat de quoi ? De ta phobie numérique ou du tapis qui pue ? Tu constates tu agis.

LUI : À bon qui constate agit ?

ELLE : Oui.

LUI : On ne se questionne pas avant d’agir.

ELLE : À la fois où est le questionnement ?

LUI : Pourquoi il pue ?

ELLE : Quel intérêt ?

LUI : Pour éviter la reproduction du schéma.

ELLE : Quel schéma ?

LUI : Il faut stopper le phénomène du tapis puant.

ELLE : Oui, il faut le laver tu vas le prendre et le mettre dans la machine.

LUI : Oui, mais avant je veux comprendre ce qui conduit ce tapis à puer.

ELLE : Tu veux savoir pourquoi le tapis sent, hein ?

LUI : Bah oui, c’est important !

ELLE : Ho que oui ! Le tapis sent parce que tout le monde s’en tape, du tapis ! Il sent parce que vous le foulez avec vos pieds dégueulasses, que vous le trempez avec vos éclaboussures non contrôlées, que vous le laissez ainsi mouillé, trempé, détrempé et retrempé, sans vous en préoccuper. Il pue parce qu’il doit se mettre à puer pour que vous remarquiez qu’il existe !

LUI : Tu veux dire que c’est le tapis qui a décidé de puer, de lui-même, pour se plaindre de sa condition ?

ELLE : Oui. Le tapis a aussi son vague à l’âme. Il est sensible, toute cette eau sur lui déversée lui donne le mal de mer. Il n’en peut plus de naviguer entre vos pieds tordus et vos eaux usées. Il se morfond…

LUI : Mais un tapis ne peut pas se morfondre, il ne vit pas, il n’a pas d’âme, c’est absurde. Il faut avoir le cerveau tapissé de toiles d’araignées pour penser un seul instant que le tapis vit !

ELLE : Tel que tu le vis, le tapis vit. Il se meurt d’ailleurs de cette vie, il sent l’animal en voie de crever. Il est là le cœur du problème, tapis sous le tapis. Le tapis sent, car le tapis sait. Il a conscience de sa condition, il se rebiffe.

LUI : Sa condition n’est pas pire que la mienne. Bientôt tu vas faire plus d’empathie pour ce tapis que pour mon cas !

ELLE : Tu te compares au tapis ? Ta vie serait pire que celle du tapis ? Tu vis ta pire vie ? Tu es au tapis ? À cinquante ans, je comprends à la fois (ironique).

LUI : Je constate juste que, ce tapis, tu l’as compris. Mais qui me comprend, moi, à l’approche de la cinquantaine ? Qui s’occupe de savoir le pourquoi de ce que je fais, ce que je vis ? Où je me tapis ?

ELLE : Tu ne peux plus te tapir maintenant que les invitations sont envoyées ! He ha bah voilà que tu es jaloux du tapis maintenant, on va lui organiser une fête à lui aussi ! Je te rappelle que c’est toi qui ne voulais pas juste le nettoyer, mais connaître les raisons de son odeur. C’est toi l’investigateur du tapis. C’est toi qui voulais savoir le pourquoi du comment. Et maintenant tu t’apitoies sur ton sort.

LUI : Ce n’est pas de la jalousie, c’est une prise de conscience, c’est tout.

ELLE : Et tu as compris quoi ?

LUI : Que finalement il faudrait comprendre un tapis et sa fragile condition sachant qu’il vit et donc peut me survivre lui et rester là alors que je serai dans le grand noir il sera là bien en place propre ou sale avec ses fibres répandues en descente de douche aplati puant peut-être, mais vivant, car la vie d’un tapis peut dépasser celle d’un homme, c’est comme toutes ces choses dont nous sommes les dépositaires passagers, toutes ces choses qui continueront d’être après nous et de participer au quotidien des autres…

ELLE : …

LUI : Je vais prendre une douche.