Le Tartuffe ou l´Imposteur - Molière - E-Book

Le Tartuffe ou l´Imposteur E-Book

Moliere

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Beschreibung

Der "Tartuffe" ist Moliéres brisantestes Stück: Das Spiel um den religiösen Heuchler löste bei seiner Aufführung einen heftigen Theaterskandal aus, wurde sogleich verboten, der Autor von kirchlichen Instanzen verfolgt. Erst nach langen Auseinandersetzungen durfte die Komödie (in einer umgearbeiteten Fassung) erneut auf die Bühne, wo sie zum meistgespielten Stück der französischen Klassik avancierte. Ungekürzte und unbearbeitete Textausgabe in der Originalsprache, mit Übersetzungen schwieriger Wörter, Nachwort und Literaturhinweisen. E-Book mit Seitenzählung der gedruckten Ausgabe: Buch und E-Book können parallel benutzt werden.

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Seitenzahl: 131

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Molière

Le Tartuffe ou l’Imposteur

Comédie en cinq actes

Herausgegeben von Helga Zimmermann

Reclam

2001 Philipp Reclam jun. GmbH & Co. KG, Stuttgart

Gesamtherstellung: Reclam, Ditzingen

Made in Germany 2017

RECLAM ist eine eingetragene Marke der Philipp Reclam jun. GmbH & Co. KG, Stuttgart

ISBN 978-3-15-960570-8

ISBN der Buchausgabe 978-3-15-009087-9

www.reclam.de

Inhalt

Le Tartuffe

Editorische Notiz

Literaturhinweise

Zeittafel

Werke (Auswahl)

Nachwort

Hinweise zur E-Book-Ausgabe

Le Tartuffe ou l’Imposteur

un, e imposteur, se: Betrüger(in), Heuchler(in).

Acteurs

MADAMEPERNELLE, mère d’ORGON.

ORGON, mari d’Elmire.

ELMIRE, femme d’ORGON.

DAMIS, fils d’ORGON.

MARIANE, fille d’ORGON et amante de Valère.

VALÈRE, amant de Mariane.

CLÉANTE, beau-frère d’ORGON.

TARTUFFE, faux dévot.

DORINE, suivante de Mariane.

MONSIEURLOYAL, sergent.

UNEXEMPT.

FLIPOTE, servante de Madame Pernelle.

La scène est à Paris.

un, e amant, e: Geliebte(r).le faux dévot: Heuchler, Frömmler, Scheinheiliger. Die Bezeichnung bezieht sich mit großer Wahrscheinlichkeit auf die Partei der Dévots, die Compagnie du Saint-Sacrement, eine religiöse Erneuerungsbewegung des 17. Jh.s, deren Anhänger sich als die echten und wahren Gläubigen (les vrais dévots) verstanden.la suivante: Zofe.le sergent: hier: Gerichtsvollzieher.un exempt (vx.): Polizist.le, la servant, e: Diener(in).

Acte premier

Scène première

Madame Pernelle et Flipote, sa servante. Elmire. Mariane. Dorine. Damis. Cléante.

MADAMEPERNELLE. Allons, Flipote, allons, que d’eux je me délivre.

ELMIRE. Vous marchez d’un tel pas qu’on a peine à vous suivre.

MADAMEPERNELLE. Laissez, ma bru, laissez, ne venez pas plus loin:

Ce sont toutes façons dont je n’ai pas besoin.

ELMIRE. De ce que l’on vous doit envers vous on s’acquitte.        5

Mais, ma mère, d’où vient que vous sortez si vite?

MADAMEPERNELLE. C’est que je ne puis voir tout ce ménage-ci,

Et que de me complaire on ne prend nul souci.

Oui, je sors de chez vous fort mal édifiée:

Dans toutes mes leçons j’y suis contrariée,        10

On n’y respecte rien, chacun y parle haut,

Et c’est tout justement la cour du roi Pétaut.

DORINE. Si …

MADAMEPERNELLE. Vous êtes, mamie, une fille suivante

Un peu trop forte en gueule, et fort impertinente:

Vous vous mêlez sur tout de dire votre avis.        15

DAMIS. Mais …

MADAMEPERNELLE. Vous êtes un sot en trois lettres, mon fils;

C’est moi qui vous le dis, qui suis votre grand-mère;

Et j’ai prédit cent fois à mon fils, votre père,

Que vous preniez tout l’air d’un méchant garnement,

Et ne lui donneriez jamais que du tourment.        20

MARIANE. Je crois …

MADAMEPERNELLE. Mon Dieu, sa sœur, vous faites la discrète,

Et vous n’y touchez pas, tant vous semblez doucette;

Mais il n’est, comme on dit, pire eau que l’eau qui dort,

Et vous menez sous chape un train que je hais fort.

ELMIRE. Mais, ma mère …

MADAMEPERNELLE.        Ma bru, qu’il ne vous en déplaise,        25

Votre conduite en tout est tout à fait mauvaise;

Vous devriez leur mettre un bon exemple aux yeux,

Et leur défunte mère en usait beaucoup mieux.

Vous êtes dépensière; et cet état me blesse,

Que vous alliez vêtue ainsi qu’une princesse.        30

Quiconque à son mari veut plaire seulement,

Ma bru, n’a pas besoin de tant d’ajustement.

CLÉANTE. Mais, Madame, après tout …

MADAMEPERNELLE.        Pour vous, Monsieur son frère,

Je vous estime fort, vous aime, et vous révère;

Mais enfin, si j’étais de mon fils, son époux,        35

Je vous prierais bien fort de n’entrer point chez nous.

Sans cesse vous prêchez des maximes de vivre

Qui par d’honnêtes gens ne se doivent point suivre.

Je vous parle un peu franc; mais c’est là mon humeur,

Et je ne mâche point ce que j’ai sur le cœur.        40

DAMIS. Votre Monsieur Tartuffe est bienheureux sans doute …

MADAMEPERNELLE. C’est un homme de bien, qu’il faut que l’on écoute;

Et je ne puis souffrir sans me mettre en courroux

De le voir querellé par un fou comme vous.

DAMIS. Quoi? je souffrirai, moi, qu’un cagot de critique        45

Vienne usurpercéans un pouvoir tyrannique,

Et que nous ne puissions à rien nous divertir,

Si ce beau monsieur-là n’y daigne consentir?

DORINE. S’il le faut écouter et croire à ses maximes,

On ne peut faire rien qu’on ne fasse des crimes;        50

Car il contrôle tout, ce critique zélé.

MADAMEPERNELLE.

Et tout ce qu’il contrôle est fort bien contrôlé.

C’est au chemin du Ciel qu’il prétend vous conduire,

Et mon fils à l’aimer vous devrait tous induire.

DAMIS. Non, voyez-vous, ma mère, il n’est père ni rien        55

Qui me puisse obliger à lui vouloir du bien:

Je trahirais mon cœur de parler d’autre sorte;

Sur ses façons de faire à tous coups je m’emporte;

J’en prévois une suite, et qu’avec ce pied plat

Il faudra que j’en vienne à quelque grand éclat.        60

DORINE. Certes, c’est une chose aussi qui scandalise,

De voir qu’un inconnu céans s’impatronise,

Qu’un gueux qui, quand il vint, n’avait pas de souliers

Et dont l’habit entier valait bien six deniers,

En vienne jusque-là que de se méconnaître,        65

De contrarier tout, et de faire le maître.

MADAMEPERNELLE. Hé! merci de ma vie? il en irait bien mieux,

Si tout se gouvernait par ses ordres pieux.

DORINE. Il passe pour un saint dans votre fantaisie:

Tout son fait, croyez-moi, n’est rien qu’hypocrisie.        70

MADAMEPERNELLE. Voyez la langue!

DORINE.        À lui, non plus qu’à son Laurent,

Je ne me fierais, moi, que sur un bon garant.

MADAMEPERNELLE. J’ignore ce qu’au fond le serviteur peut être;

Mais pour homme de bien, je garantis le maître.

Vous ne lui voulez mal et ne le rebutez        75

Qu’à cause qu’il vous dit à tous vos vérités.

C’est contre le péché que son cœur se courrouce,

Et l’intérêt du Ciel est tout ce qui le pousse.

DORINE. Oui; mais pourquoi, surtout depuis un certain temps,

Ne saurait-il souffrir qu’aucun hante céans?        80

En quoi blesse le Ciel une visite honnête,

Pour en faire un vacarme à nous rompre la tête?

Veut-on que là-dessus je m’explique entre nous?

Je crois que de Madame il est, ma foi, jaloux.

MADAMEPERNELLE. Taisez-vous, et songez aux choses que vous dites.        85

Ce n’est pas lui tout seul qui blâme ces visites.

Tout ce tracas qui suit les gens que vous hantez,

Ces carrosses sans cesse à la porte plantés,

Et de tant de laquais le bruyant assemblage

Font un éclat fâcheux dans tout le voisinage.        90

Je veux croire qu’au fond il ne se passe rien;

Mais enfin on en parle, et cela n’est pas bien.

CLÉANTE. Hé! voulez-vous, Madame, empêcher qu’on ne cause?

Ce serait dans la vie une fâcheuse chose,

Si pour les sots discours où l’on peut être mis,        95

Il fallait renoncer à ses meilleurs amis.

Et quand même on pourrait se résoudre à le faire,

Croiriez-vous obliger tout le monde à se taire?

Contre la médisance il n’est point de rempart.

À tous les sots caquets n’ayons donc nul égard;        100

Efforçons-nous de vivre avec toute innocence,

Et laissons aux causeurs une pleine licence.

DORINE. Daphné, notre voisine, et son petit époux

Ne seraient-ils point ceux qui parlent mal de nous?

Ceux de qui la conduite offre le plus à rire        105

Sont toujours sur autrui les premiers à médire;

Ils ne manquent jamais de saisir promptement

L’apparente lueur du moindre attachement,

D’en semer la nouvelle avec beaucoup de joie,

Et d’y donner le tour qu’ils veulent qu’on y croie:        110

Des actions d’autrui, teintes de leurs couleurs,

Ils pensent dans le monde autoriser les leurs,

Et sous le faux espoir de quelque ressemblance,

Aux intrigues qu’ils ont donner de l’innocence,

Ou faire ailleurs tomberquelques traits partagés        115

De ce blâme public dont ils sont trop chargés.

MADAMEPERNELLE. Tous ces raisonnements ne font rien à l’affaire.

On sait qu’Orante mène une vie exemplaire:

Tous ses soins vont au Ciel; et j’ai su par des gens

Qu’elle condamne fort le train qui vient céans.        120

DORINE. L’exemple est admirable, et cette dame est bonne!

Il est vrai qu’elle vit en austère personne;

Mais l’âge dans son âme a mis ce zèle ardent,

Et l’on sait qu’elle est prudeà son corps défendant.

Tant qu’elle a pu des cœurs attirer les hommages,        125

Elle a fort bien joui de tous ses avantages;

Mais, voyant de ses yeux tous les brillants baisser,

Au monde, qui la quitte, elle veut renoncer,

Et du voile pompeux d’une haute sagesse

De ses attraits usés déguiser la faiblesse.        130

Ce sont là les retours des coquettes du temps.

Il leur est dur de voir déserter les galants.

Dans un tel abandon, leur sombre inquiétude

Ne voit d’autre recours que le métier de prude;

Et la sévérité de ces femmes de bien        135

Censure toute chose, et ne pardonne à rien;

Hautement d’un chacun elles blâment la vie,

Non point par charité, mais par un trait d’envie,

Qui ne saurait souffrir qu’une autre ait les plaisirs

Dont le penchant de l’âge a sevré leurs désirs.        140

MADAMEPERNELLE. Voilà les contes bleus qu’il vous faut pour vous plaire.

Ma bru, l’on est chez vous contrainte de se faire,

Car Madame à jasertient le dé tout le jour.

Mais enfin je prétends discourir à mon tour:

Je vous dis que mon fils n’a rien fait de plus sage        145

Qu’en recueillant chez soi ce dévot personnage;

Que le Ciel au besoin l’a céans envoyé

Pour redresser à tous votre esprit fourvoyé;

Que pour votre salut vous le devez entendre,

Et qu’il ne reprend rien qui ne soit à reprendre.        150

Ces visites, ces bals, ces conversations

Sont du malin esprit toutes inventions.

Là jamais on n’entend de pieuses paroles:

Ce sont propos oisifs, chansons et fariboles;

Bien souvent le prochain en a sa bonne part,        155

Et l’on y sait médire et du tiers et du quart.

Enfin les gens sensés ont leurs têtes troublées

De la confusion de telles assemblées:

Mille caquets divers s’y font en moins de rien;

Et comme l’autre jour un docteur dit fort bien,        160

C’est véritablement la tour de Babylone,

Car chacun y babille, et tout du long de l’aune;

Et pour conter l’histoire où ce point l’engagea …

Voilà-t-il pas Monsieur qui ricane déjà!

Allez chercher vos fous qui vous donnent à rire,        165

Et sans … Adieu, ma bru: je ne veux plus rien dire.

Sachez que pour céans j’en rabats de moitié,

Et qu’il fera beau temps quand j’y mettrai le pied.

(Donnant un soufflet à Flipote.)

Allons, vous, vous rêvez, et bayez aux corneilles.

Jour de Dieu! je saurai vous frotter les oreilles.        170

Marchons, gaupe, marchons.

Scène II

Cléante. Dorine.

CLÉANTE.        Je n’y veux point aller,

De peur qu’elle ne vînt encor me quereller,

Que cette bonne femme …

DORINE.        Ah! certes, c’est dommage

Qu’elle ne vous ouît tenir un tel langage:

Elle vous dirait bien qu’elle vous trouve bon,        175

Et qu’elle n’est point d’âge à lui donner ce nom.

CLÉANTE. Comme elle s’est pour rien contre nous échauffée!

Et que de son Tartuffe elle paraît coiffée!

DORINE. Oh! vraiment tout cela n’est rien au prix du fils,

Et si vous l’aviez vu, vous diriez: «C’est bien pis!»        180

Nos troubles l’avaient mis sur le pied d’homme sage,

Et pour servir son prince il montra du courage;

Mais il est devenu comme un homme hébété,

Depuis que de Tartuffe on le voit entêté;

Il l’appelle son frère, et l’aime dans son âme        185

Cent fois plus qu’il ne fait mère, fils, fille, et femme.

C’est de tous ses secrets l’unique confident,

Et de ses actions le directeur prudent;

Il le choie, il l’embrasse, et pour une maîtresse

On ne saurait, je pense, avoir plus de tendresse;        190

À table, au plus haut bout il veut qu’il soit assis;

Avec joie il l’y voit manger autant que six;

Les bons morceaux de tout, il fait qu’on les lui cède;

Et s’il vient à roter, il lui dit: «Dieu vous aide!»

(C’est une servante qui parle.)

Enfin il en est fou; c’est son tout, son héros;        195

Il l’admire à tous coups, le cite à tout propos;

Ses moindres actions lui semblent des miracles,

Et tous les mots qu’il dit sont pour lui des oracles.

Lui, qui connaît sa dupe et qui veut en jouir,

Par cent dehorsfardés a l’art de l’éblouir;        200

Son cagotisme en tire à toute heure des sommes,

Et prend droit de gloser sur tous tant que nous sommes.

Il n’est pas jusqu’au fat qui lui sert de garçon

Qui ne se mêle aussi de nous faire leçon;

Il vient nous sermonner avec des yeux farouches,        205

Et jeter nos rubans, notre rouge et nos mouches.

Le traître, l’autre jour, nous rompit de ses mains

Un mouchoir qu’il trouva dans une Fleur des Saints,

Disant que nous mêlions, par un crime effroyable,

Avec la sainteté les parures du diable.        210

Scène III

Elmire. Mariane. Damis. Cléante. Dorine.

ELMIRE. Vous êtes bien heureux de n’être point venu

Au discours qu’à la porte elle nous a tenu.

Mais j’ai vu mon mari! comme il ne m’a point vue,

Je veux aller là-haut attendre sa venue.

CLÉANTE. Moi, je l’attends ici pour moins d’amusement,        215

Et je vais lui donner le bonjour seulement.

DAMIS. De l’hymen de ma sœur touchez-lui quelque chose.

J’ai soupçon que Tartuffe à son effet s’oppose,

Qu’il oblige mon père à des détours si grands;

Et vous n’ignorez pas quel intérêt j’y prends.

Si même ardeur enflamme et ma sœur et Valère,        220

La sœur de cet ami, vous le savez, m’est chère;

Et s’il fallait …

DORINE.        Il entre.

Scène IV

Orgon. Cléante. Dorine.

ORGON.        Ah! mon frère, bonjour.

CLÉANTE. Je sortais, et j’ai joie à vous voir de retour.

La campagne à présent n’est pas beaucoup fleurie.        225

ORGON. Dorine … Mon beau-frère, attendez, je vous prie:

Vous voulez bien souffrir, pour m’ôter de souci,

Que je m’informe un peu des nouvelles d’ici.

Tout s’est-il, ces deux jours, passé de bonne sorte?

Qu’est-ce qu’on fait céans? comme est-ce qu’on s’y porte?        230

DORINE. Madame eut avant-hier la fièvre jusqu’au soir,

Avec un mal de tête étrange à concevoir.

ORGON. Et Tartuffe?

DORINE.        Tartuffe? Il se porte à merveille.

Gros et gras, le teint frais, et la bouche vermeille.

ORGON. Le pauvre homme!        235

DORINE.        Le soir, elle eut un grand dégoût,

Et ne put au souper toucher à rien du tout,

Tant sa douleur de tête était encor cruelle!

ORGON. Et Tartuffe?

DORINE.        Il soupa, lui tout seul, devant elle,

Et fort dévotement il mangea deux perdrix,

Avec une moitié de gigot en hachis.        240

ORGON. Le pauvre homme!

DORINE.        La nuit se passa tout entière

Sans qu’elle pût fermer un moment la paupière;

Des chaleurs l’empêchaient de pouvoir sommeiller,

Et jusqu’au jour près d’elle il nous fallut veiller.

ORGON. Et Tartuffe?        245

DORINE.        Pressé d’un sommeil agréable,

Il passa dans sa chambre au sortir de la table,

Et dans son lit bien chaud il se mit tout soudain,

Où sans trouble il dormit jusques au lendemain.

ORGON. Le pauvre homme!

DORINE.        À la fin, par nos raisons gagnée,

Elle se résolut à souffrir la saignée,        250

Et le soulagement suivit tout aussitôt.

ORGON. Et Tartuffe?

DORINE.        Il reprit courage comme il faut,

Et contre tous les maux fortifiant son âme,

Pour réparer le sang qu’avait perdu Madame,

But à son déjeuner quatre grands coups de vin.        255

ORGON. Le pauvre homme!

DORINE.        Tous deux se portent bien enfin;

Et je vais à Madame annoncer par avance

La part que vous prenez à sa convalescence.

Scène V

Orgon. Cléante.

CLÉANTE. À votre nez, mon frère, elle se rit de vous;

Et sans avoir dessein de vous mettre en courroux,        260

Je vous dirai tout franc que c’est avec justice.

A-t-on jamais parlé d’un semblable caprice?

Et se peut-il qu’un homme ait un charme aujourd’hui

À vous faire oublier toutes choses pour lui,