Le Temps retrouvé - Marcel Proust - E-Book

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Marcel Proust

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Beschreibung

Le Temps retrouvé est le septième et dernier tome d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust publié en 1927 à titre posthume. L'oeuvre s'ouvre sur le séjour du Narrateur chez Gilberte de Saint-Loup à Tansonville. Une lecture d'un passage inédit du journal des Goncourt entraîne le Narrateur dans des réflexions sur l'art et la littérature, d'où il conclut que en se demandant si tous les gens que nous regrettons de ne pas avoir connus parce que Balzac les peignait dans ses livres [...] ne m'eussent pas paru d'insignifiantes personnes, soit par une infirmité de ma nature, soit qu'elles ne dussent leur prestige qu'à une magie illusoire de la littérature. L'action se poursuit ensuite à Paris, en 1916.  

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Le Temps retrouvé

Marcel Proust

Publication: 1927Catégorie(s): Fiction, Roman
A Propos Proust:

Proust was born in Auteuil (the southern sector of Paris's then-rustic 16th arrondissement) at the home of his great-uncle, two months after the Treaty of Frankfurt formally ended the Franco-Prussian War. His birth took place during the violence that surrounded the suppression of the Paris Commune, and his childhood corresponds with the consolidation of the French Third Republic. Much of Remembrance of Things Past concerns the vast changes, most particularly the decline of the aristocracy and the rise of the middle classes, that occurred in France during the Third Republic and the fin de siècle. Proust's father, Achille Adrien Proust, was a famous doctor and epidemiologist, responsible for studying and attempting to remedy the causes and movements of cholera through Europe and Asia; he was the author of many articles and books on medicine and hygiene. Proust's mother, Jeanne Clémence Weil, was the daughter of a rich and cultured Jewish family. Her father was a banker. She was highly literate and well-read. Her letters demonstrate a well-developed sense of humour, and her command of English was sufficient for her to provide the necessary impetus to her son's later attempts to translate John Ruskin. By the age of nine, Proust had had his first serious asthma attack, and thereafter he was considered by himself, his family and his friends as a sickly child. Proust spent long holidays in the village of Illiers. This village, combined with aspects of the time he spent at his great-uncle's house in Auteuil became the model for the fictional town of Combray, where some of the most important scenes of Remembrance of Things Past take place. (Illiers was renamed Illiers-Combray on the occasion of the Proust centenary celebrations). Despite his poor health, Proust served a year (1889–90) as an enlisted man in the French army, stationed at Coligny Caserne in Orléans, an experience that provided a lengthy episode in The Guermantes Way, volume three of his novel. As a young man Proust was a dilettante and a successful social climber, whose aspirations as a writer were hampered by his lack of application to work. His reputation from this period, as a snob and an aesthete, contributed to his later troubles with getting Swann's Way, the first volume of his huge novel, published in 1913. Proust was quite close to his mother, despite her wishes that he apply himself to some sort of useful work. In order to appease his father, who insisted that he pursue a career, Proust obtained a volunteer position at the Bibliothèque Mazarine in the summer of 1896. After exerting considerable effort, he obtained a sick leave which was to extend for several years until he was considered to have resigned. He never worked at his job, and he did not move from his parents' apartment until after both were dead (Tadié). Proust, who was homosexual, was one of the first European writers to treat homosexuality at length. His life and family circle changed considerably between 1900 and 1905. In February 1903, Proust's brother Robert married and left the family apartment. His father died in September of the same year. Finally, and most crushingly, Proust's beloved mother died in September 1905. In addition to the grief that attended his mother's death, Proust's life changed due to a very large inheritance he received (in today's terms, a principal of about $6 million, with a monthly income of about $15,000). Despite this windfall, his health throughout this period continued to deteriorate. Proust spent the last three years of his life largely confined to his cork-lined bedroom, sleeping during the day and working at night to complete his novel. He died in 1922 and is buried in the Père Lachaise Cemetery in Paris.

Partie 1

Chapitre1 Tansonville

Toute la journée, dans cette demeure de Tansonville un peu trop campagne, qui n’avait l’air que d’un lieu de sieste entre deux promenades ou pendant l’averse, une de ces demeures où chaque salon a l’air d’un cabinet de verdure, et où sur la tenture des chambres, les roses du jardin dans l’une, les oiseaux des arbres dans l’autre, vous ont rejoints et vous tiennent compagnie – isolés du moins – car c’étaient de vieilles tentures où chaque rose était assez séparée pour qu’on eût pu, si elle avait été vivante, la cueillir, chaque oiseau le mettre en cage et l’apprivoiser, sans rien de ces grandes décorations des chambres d’aujourd’hui où, sur un fond d’argent, tous les pommiers de Normandie sont venus se profiler en style japonais, pour halluciner les heures que vous passez au lit, toute la journée je la passais dans ma chambre qui donnait sur les belles verdures du parc et les lilas de l’entrée, sur les feuilles vertes des grands arbres au bord de l’eau, étincelants de soleil, et sur la forêt de Méséglise. Je ne regardais, en somme, tout cela avec plaisir que parce que je me disais : c’est joli d’avoir tant de verdure dans la fenêtre de ma chambre, jusqu’au moment où dans le vaste tableau verdoyant je reconnus, peint lui au contraire en bleu sombre, simplement parce qu’il était plus loin, le clocher de l’église de Combray, non pas une figuration de ce clocher, ce clocher lui-même qui, mettant ainsi sous mes yeux la distance des lieues et des années, était venu, au milieu de la lumineuse verdure et d’un tout autre ton, si sombre qu’il paraissait presque seulement dessiné, s’inscrire dans le carreau de ma fenêtre. Et si je sortais un moment de ma chambre, au bout du couloir j’apercevais, parce qu’il était orienté autrement, comme une bande d’écarlate, la tenture d’un petit salon qui n’était qu’une simple mousseline mais rouge, et prête à s’incendier si un rayon de soleil y donnait.

Pendant nos promenades, Gilberte me parlait de Robert comme se détournant d’elle, mais pour aller auprès d’autres femmes. Et il est vrai que beaucoup encombraient sa vie, et, comme certaines camaraderies masculines pour les hommes qui aiment les femmes, avec ce caractère de défense inutilement faite et de place vainement usurpée qu’ont dans la plupart des maisons les objets qui ne peuvent servir à rien.

Une fois, que j’avais quitté Gilberte assez tôt, je m’éveillai au milieu de la nuit dans la chambre de Tansonville, et encore à demi endormi j’appelai : « Albertine ». Ce n’était pas que j’eusse pensé à elle, ni rêvé d’elle, ni que je la prisse pour Gilberte. Ma mémoire avait perdu l’amour d’Albertine, mais il semble qu’il y ait une mémoire involontaire des membres, pâle et stérile imitation de l’autre, qui vive plus longtemps comme certains animaux ou végétaux inintelligents vivent plus longtemps que l’homme. Les jambes, les bras sont pleins de souvenirs engourdis. Une réminiscence éclose en mon bras m’avait fait chercher derrière mon dos la sonnette, comme dans ma chambre de Paris. Et ne la trouvant pas, j’avais appelé : « Albertine », croyant que mon amie défunte était couchée auprès de moi, comme elle faisait souvent le soir, et que nous nous endormions ensemble, comptant, au réveil, sur le temps qu’il faudrait à Françoise avant d’arriver, pour qu’Albertine pût sans imprudence tirer la sonnette que je ne trouvais pas.

Robert vint plusieurs fois à Tansonville pendant que j’y étais. Il était bien différent de ce que je l’avais connu. Sa vie ne l’avait pas épaissi, comme M. de Charlus, tout au contraire, mais, opérant en lui un changement inverse, lui avait donné l’aspect désinvolte d’un officier de cavalerie – et bien qu’il eût donné sa démission au moment de son mariage – à un point qu’il n’avait jamais eu. Au fur et à mesure que M. de Charlus s’était alourdi, Robert (et sans doute il était infiniment plus jeune, mais on sentait qu’il ne ferait que se rapprocher davantage de cet idéal avec l’âge), comme certaines femmes qui sacrifient résolument leur visage à leur taille et à partir d’un certain moment ne quittent plus Marienbad (pensant que, ne pouvant espérer garder à la fois plusieurs jeunesses, c’est encore celle de la tournure qui sera la plus capable de représenter les autres), était devenu plus élancé, plus rapide, effet contraire d’un même vice. Cette vélocité avait d’ailleurs diverses raisons psychologiques, la crainte d’être vu, le désir de ne pas sembler avoir cette crainte, la fébrilité qui naît du mécontentement de soi et de l’ennui. Il avait l’habitude d’aller dans certains mauvais lieux, et, comme il aimait qu’on ne le vît ni y entrer, ni en sortir, il s’engouffrait pour offrir aux regards malveillants des passants hypothétiques le moins de surface possible, comme on monte à l’assaut. Et cette allure de coup de vent lui était restée. Peut-être aussi schématisait-elle l’intrépidité apparente de quelqu’un qui veut montrer qu’il n’a pas peur et ne veut pas se donner le temps de penser.

Pour être complet il faudrait faire entrer en ligne de compte le désir, plus il vieillissait, de paraître jeune, et même l’impatience de ces hommes, toujours ennuyés, toujours blasés, que sont les gens trop intelligents pour la vie relativement oisive qu’ils mènent et où leurs facultés ne se réalisent pas. Sans doute l’oisiveté même de ceux-là peut se traduire par de la nonchalance. Mais, surtout depuis la faveur dont jouissent les exercices physiques, l’oisiveté a pris une forme sportive, même en dehors des heures de sport et qui se traduit par une vivacité fébrile qui croit ne pas laisser à l’ennui le temps ni la place de se développer.

Devenant beaucoup plus sec, il ne faisait presque plus preuve vis-à-vis de ses amis, par exemple vis-à-vis de moi, d’aucune sensibilité. Et en revanche il avait avec Gilberte des affectations de sensibleries poussées jusqu’à la comédie, qui déplaisaient. Ce n’est pas qu’en réalité Gilberte lui fût indifférente. Non, Robert l’aimait. Mais il lui mentait tout le temps, et son esprit de duplicité, sinon le fond même de ses mensonges, était perpétuellement découvert. Et alors il ne croyait pouvoir s’en tirer qu’en exagérant dans des proportions ridicules la tristesse réelle qu’il avait de peiner Gilberte. Il arrivait à Tansonville obligé, disait-il, de repartir le lendemain matin pour une affaire avec un certain Monsieur du pays qui était censé l’attendre à Paris et qui, précisément rencontré dans la soirée près de Combray, dévoilait involontairement le mensonge au courant duquel Robert avait négligé de le mettre, en disant qu’il était venu dans le pays se reposer pour un mois et ne retournerait pas à Paris d’ici là. Robert rougissait, voyait le sourire mélancolique et fin de Gilberte, se dépêtrait – en l’insultant – du gaffeur, rentrait avant sa femme, lui faisait remettre un mot désespéré où il lui disait qu’il avait fait un mensonge pour ne pas lui faire de peine, pour qu’en le voyant repartir pour une raison qu’il ne pouvait pas lui dire elle ne crût pas qu’il ne l’aimait pas (et tout cela, bien qu’il l’écrivît comme un mensonge, était en somme vrai), puis faisait demander s’il pouvait entrer chez elle et là, moitié tristesse réelle, moitié énervement de cette vie, moitié simulation chaque jour plus audacieuse, sanglotait, s’inondait d’eau froide, parlait de sa mort prochaine, quelquefois s’abattait sur le parquet comme s’il se fût trouvé mal. Gilberte ne savait pas dans quelle mesure elle devait le croire, le supposait menteur à chaque cas particulier, et s’inquiétait de ce pressentiment d’une mort prochaine, mais pensait que d’une façon générale elle était aimée, qu’il avait peut-être une maladie qu’elle ne savait pas, et n’osait pas à cause de cela le contrarier et lui demander de renoncer à ses voyages. Je comprenais, du reste, d’autant moins pourquoi il se faisait que Morel fût reçu comme l’enfant de la maison partout où étaient les Saint-Loup, à Paris, à Tansonville.

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