Le violon de la rue Lauriston - Claude Raucy - E-Book

Le violon de la rue Lauriston E-Book

Claude Raucy

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Beschreibung

Age : 9-12 ans Niveau de lecture : CM1-6e

Lorsque Parwais apprend qu’il va être expulsé de Belgique, son monde s’effondre. Pour le jeune Afghan, le refus du droit d’asile signifie le retour au pays des talibans, la mort. Alors il fuit, à la recherche de son ancien professeur de violon, amoureux de Vivaldi, devenu chef d’orchestre à Venise. Sur le chemin de l’Italie, il croisera la route de personnages hauts en couleur et attachants. Autant d’amis d’un jour qui l’aideront à leur manière à conquérir ce qu’il y a de plus précieux?: la paix et la liberté.

Une épopée haletante qui vous fera vibrer au rythme de la musique classique et de périples au cœur de l’Europe !

EXTRAIT 

Aref a été abattu.

Jeune Afghan de 22 ans, Aref était arrivé en Belgique en 2009. Demandeur d’asile. Le motif de sa demande ? Dans son pays, celui qui refuse d’être enrôlé par les talibans risque la peine de mort. Le Commissariat Général aux Apatrides (CGRA ) fit son enquête :

Aref racontait des sottises ! Sa région d’origine devait être considérée comme sûre. Aucune raison d’accepter les demandes répétées du jeune Afghan. Sans le droit de travailler ou de recevoir une aide sociale, comment vivre ? La misère, bien sûr. C’est ce qu’a connu Aref, quelque part près de la gare du Nord, à Bruxelles.

Et puis, en 2013, il a accepté un retour « volontaire ». Avait-il le choix ?

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

- « Avec ce récit plein d’émotion, on comprend mieux ce que ressentent et vivent ceux qui sont obligés de fuir leur pays et qui doivent lutter pour obtenir le droit de vivre en sécurité. » - Le JDE

- « Un jeune afghan apprend qu’il risque d’être renvoyé dans son terrible pays des talibans. Un superbe récit plein de fraîcheur et de poésie, parsemé d’indignation et de rébellion qui servent aussi à faire bouger les choses. A recommander ! » - L’Avenir

- « Un roman qui nous raconte la difficulté de ces personnes qui ont fui la guerre, la misère à trouver leur place dans notre société. Un roman finalement très optimiste qui se termine bien, mais cela ne doit pas nous faire oublier que ce n’est malheureusement pas toujours le cas. » - L’ibby lit

A PROPOS DE L'AUTEUR 

Cela peut-il vraiment intéresser ses lecteurs de savoir qu’il est né le 15 mai 1939 ? Qu’après six années de rêve à l’Ecole communale de son village, il a fait ses humanités gréco-latines à l’Athénée Royal de Virton ? Qu’après avoir tâté de la philologie romane à l’Université de Liège, il a obtenu à Nivelles le diplôme d’agrégé de l’enseignement inférieur? 

Pour en savoir plus sur l'auteur rendez-vous sur son site : https://raucy.wordpress.com/

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Un superbe récit plein de fraîcheur et de poésie, parsemé d’indignation et de rébellion qui servent aussi à faire bouger les choses. À recommander.

– L’Avenir

Un roman qui nous raconte la difficulté de ces personnes qui ont fui la guerre, la misère à trouver leur place dans notre société. Un roman finalement très optimiste qui se termine bien, mais cela ne doit pas nous faire oublier que ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

– Libbylit

pour Marguerite,

Préface

J’ai d’abord connu Monsieur Raucy, le professeur de français.

L’écrivain, je le fréquente, l’apprécie depuis des décennies.

L’homme reste lui-même au-delà du temps et des modes.

Il se nourrit des mots qu’il enseignait et de ceux qu’il écrit au fil de ses romans.

Qui côtoie Claude Raucy sait qu’il a le cœur généreux et la main tendue.

L’histoire du jeune Afghan, Parwais, qui a fui Kaboul en est un bel exemple.

Il serait dommage d’en dévoiler la trame tant celle-ci est nourrie d’aventures imprévues vécues de Liège à Bâle et de Bâle à Venise.

Le cheminement de Parwais, via ses états d’âme, amène le lecteur à jauger et juger les faits et méfaits de vie que l’actualité nous livre, non toujours avec le recul nécessaire.

Ce roman qui émeut, où un violon s’avère avoir plus d’impact qu’une balle de fusil, dénonce, exalte. Sa lecture charme l’esprit, rassure le cœur, à la fois par son réalisme, sa réserve et sa vérité, par son écriture aussi.

Pierre Coran

À la Une du journal ce jeudi-là :

Aref a été abattu

Jeune afghan de 22 ans, Aref était arrivé en Belgique en 2009. Demandeur d’asile. Le motif de sa demande  ? Dans son pays, celui qui refuse d’être enrôlé par les talibans risque la peine de mort. Le Commissariat Général aux Apatrides (CGRA) fit son enquête :

Aref racontait des sottises ! Sa région d’origine devait être considérée comme sûre. Aucune raison d’accepter les demandes répétées du jeune Afghan.

Sans le droit de travailler ou de recevoir une aide sociale, comment vivre  ? La misère, bien sûr. C’est ce qu’a connu Aref, quelque part près de la gare du Nord, à Bruxelles.

Et puis, en 2013, il a accepté un retour « volontaire ». Avait-il le choix  ?

Aref est rentré dans son pays, où il a été abattu.

Au moins peut-on espérer qu’il est mort dans une région… sûre.

Vivaldi

LES PAUMES DE PARWAIS sont abîmées. De plus en plus. Il a beau les laver puis les enduire d’huile, elles sont écorchées, rouges, et lui font mal. Parwais se pose toujours la même question : s’habituera-t-il un jour à apprivoiser l’agressivité de l’aggloméré et des briques  ? Ses mains s’habitueront-elles à la pierre et au ciment  ? Le garçon n’y croit pas. Pourtant Michel lui promet que le métier de maçon finira par rentrer. Que les paumes finissent toujours par s’endurcir. Il n’a pas le choix : dans son école, on apprend un métier et il lui en faut un s’il veut rester en Belgique.

— Moi aussi, à ton âge… On s’habitue, Parwais, tu verras. Il faut de la patience. Dans la vie, c’est important, la patience.

Parwais sait désormais qu’il devra s’habituer à tout. À tout ce que la vie voudra lui offrir. Toutes les blessures du cœur et des paumes sont préférables aux armes qui tuent, pense-t-il. A-t-il le droit de se plaindre  ? Au moins, il dort dans un lit et mange à sa faim. Même l’affection des autres ne lui manque pas vraiment. On est gentil avec lui, ici. Dans son quartier, dans la rue, dans cette maison où, peut-être, un jour il se sentira chez lui.

Un jour… Il y a si longtemps qu’il vit avec l’avenir parce que son passé est triste.

Bien sûr, le riz n’est pas préparé comme chez lui. La sauce ne sent pas les herbes de là-bas. On mange plus vite. Mais bon…

— Ça t’a plu  ?

Il sourit à Laure puis l’aide à débarrasser. Elle est gentille. Une maman pour lui. Une maman qui lui sourit toujours, comme si elle avait peur de le voir pleurer.

Comme toutes les mamans, elle est bien la seule à s’inquiéter des paumes écorchées de Parwais. La seule qui lui explique pourquoi il n’a pas le choix des écoles :

— Je sais, Parwais, tu aurais voulu continuer à apprendre comme dans ton pays. Mais tu n’y es plus. Ce que tu as appris ne t’aidera pas ici. Et nous ne pouvons pas envisager pour toi des études plus longues. Notre avocat dit que tu dois pouvoir gagner ton pain très vite. Cela te permettra de travailler avec Michel. Tu pourras gagner ta vie. C’est important, de gagner sa vie.

Parwais sait que c’est important. Il a vu de trop près comme il est facile de la perdre, la vie !

Au journal télévisé, la secrétaire d’État à l’Asile est longuement interrogée par un journaliste. La caméra s’attarde sur des réfugiés qui occupent un bâtiment de Bruxelles. On parle d’une grève de la faim. La dame dit qu’elle ne cédera pas au chantage. Son regard n’exprime aucune compréhension. Laure a des larmes dans les yeux.

Heureusement, le journal est suivi d’une émission qui leur met un peu de baume au cœur. Ils ont tous les trois les yeux rivés sur l’écran. Un reportage sur Venise et les îles de la lagune. Pour Michel et Laure, c’est leur voyage de noces qui refait surface. La cité des doges. Ils y ont connu des heures magiques. Ils reconnaissent tout : le Grand canal, le Rialto, les îles, les masques.

— C’était merveilleux, Michel. Tu te souviens  ?

— Si je me souviens !

Le reportage est bercé par une musique qui les transporte, des violons qui chantent au rythme lent des gondoles. Laure a pris la main de Michel. Des larmes coulent à nouveau de ses yeux. Des larmes de bonheur.

Parwais aussi est fasciné. Depuis des années, la douceur l’aide à échapper à la violence de son pays, au crépitement des balles, aux cris, à la mort. À Venise, tout est beauté rassurante. Et cette musique lui glisse à lui aussi des larmes dans les yeux. Il veut sourire pourtant mais il lui semble que toute paix lui est interdite. Les rames des gondoliers fouillent l’eau comme des ailes de colombe et déchirent un peu ses souvenirs.

Ses souvenirs sont faits de hurlements, de courses dans la rue, de crépitements de mitraillettes. De soirs où la peur empêche de s’endormir. De matins où la peur voudrait qu’on reste encore un peu dans les rêves de la nuit.

Tout à coup, la caméra quitte les canaux et les façades. On pénètre dans le décor baroque d’un palais. On découvre un orchestre. Des violons, quelques violoncelles, une contrebasse, trois altos. Les archets ont remplacé les rames des gondoliers. Soudain, Parwais découvre un visage qu’il reconnaît.

— Mon maître ! C’est mon maître !

— Ton maître  ?

— Le chef d’orchestre, là. Akram Sangari. C’était mon professeur de violon à Kaboul. Je le reconnais.

Les yeux de Parwais sont braqués sur le chef, qui dirige tout en maniant l’archet. Parwais voudrait crier, appeler son ancien professeur. Il se contient. Les larmes ruissellent sur ses joues.

— Mais que fait-il à Venise, Parwais  ?

— Je ne sais pas. Un jour, il a quitté Kaboul, sans nous prévenir. Depuis, je n’ai jamais su ce qu’il était devenu. Enfin si, maintenant, je le sais. Vivaldi…

Parwais songe.

— Il nous parlait toujours de Vivaldi. Le prêtre roux. Je me souviens.

Les applaudissements crépitent dans la salle. Parwais ne peut se retenir de battre des mains.