Les âmes jumelles - Tome 3 - Cathy Antier - E-Book

Les âmes jumelles - Tome 3 E-Book

Cathy Antier

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Beschreibung

Sorti de la ferme d’élevage par ce qu’il semble être son géniteur, Calvin veut croire en l’histoire merveilleuse que ce dernier lui a vendu. Il veut lui aussi avoir la chance d’être associé à l’homme parfait pour lui et qui l’aimerait inconditionnellement. Alors lorsque sa route croise celle de Raphaël, il n’hésite pas une seconde à le rejoindre et ainsi commencer sa nouvelle vie. Malheureusement, son accouplement n’est pas aussi heureux que celui de son géniteur. Et pour cause, son Âme Jumelle reste perdue dans son amour impossible pour Basile. Dépité, malheureux, se sentant inutile, il passe outre les ordres de son Âme Jumelle, et sort prendre l’air, faisant LA rencontre qui changera toute sa vie, et lui permettra de découvrir son importance au sein de cette meute. Mais cette rencontre ne sera-t-elle pas aussi celle qui l’amènera à sa fin ?


À PROPOS DE L'AUTEURE

Cathy Antier, née en 1980 en Normandie, seule avec ses 3 enfants, Cathy s'évade grâce à l'écriture.

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Les Âmes-Jumelles

 

 

Tome 3

 

La force du destin

Cathy Antier

 

 

 

 

Les Âmes-Jumelles

 

Tome 3

 

La force du destin

 

 

 

 

 

 

 

 

© Jenn Ink Éditions

Tous droits réservés.

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Aucun extrait de ce livre ne peut être reproduit, scanné ou distribué sous forme imprimée ou sous forme électronique sans la permission expresse de l’auteur, sauf pour être cité dans un compte-rendu de presse.

 

 

 

Avertissement

 

 

 

Ce texte est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou mortes, des lieux ou des évènements réels n’est que pure coïncidence pour laquelle l’auteur(e) décline toute responsabilité.

Ce livre contient un langage familier ainsi que des scènes à caractère sexuel entre hommes, pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes. Cet ouvrage relate des grossesses masculines.

 

Il est destiné à un public averti.

Prologue

 

 

Mon regard erre sur l’ensemble de mes camarades réunis autour de moi, et mon ventre se contracte durement de peur. Nous avons été emmenés dans cette partie du camp, sans vraiment savoir à quoi nous attendre. La seule chose de sûre, c’est que normalement, d’ici quelques semaines, je deviendrai le réservoir de sang d’un vampire.

Une porte sur ma droite s’ouvre brusquement, et un silence de mort envahit la pièce. Tous les regards se tournent vers la source du bruit, le mien y compris, et j’avale bruyamment ma salive en voyant les vampires entrer en masse dans la pièce.

Il y a des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des beaux, des moches. Je dirais qu’il y en a pour tous les goûts. Malgré tout, je me demande ce qu’ils font là. Il me semblait que seuls les gardiens étaient autorisés à entrer dans la ferme.

Un vampire plus grand et plus impressionnant que les autres s’avance au-devant de ses camarades, et se racle la gorge pour attirer notre attention. Je ne pense pas qu’une telle chose soit nécessaire, avec la prestance qu’il dégage, sa simple présence écrase totalement celle des autres vampires. Et puis nous sommes tous tellement terrifiés, que nous ne voyions que lui.

— Si vous êtes ici, c’est que vous avez été choisi pour être la crème des humains. Seuls ceux qui ont un quelconque intérêt pour notre chef finissent ici.

Son regard parcourt lentement l’assemblée, s’arrêtant sur certaines têtes, passant rapidement sur d’autres, avant que son regard ne se fixe dans le mien. Un long frisson dégringole le long de ma colonne vertébrale, et sans même en prendre conscience, je m’humidifie les lèvres.

Un léger sourire étire la bouche du vampire, et je vois sa langue passer sur ses crocs impressionnants. Je prends une courte inspiration, et avale la boule qui s’est formée dans ma gorge, incapable de détourner le regard.

— Vous l’ignorez certainement, mais vous allez passer quelques mois avec un tuteur qui vous apprendra comment vous comporter au mieux avec votre futur maître. Nous ferons en sorte de vous montrer toute l’étendue de vos prochaines fonctions. De ne rien oublier.

Le vampire commence doucement à s’avancer dans les allées, gardant toujours son regard braqué dans le mien. C’est un peu gênant, surtout que je peux voir dans les yeux de mes camarades qu’ils se demandent ce qu’il se passe entre nous.

Il finit par s’arrêter à mes côtés, sa main se posant sur ma joue, sous pouce caressant doucement ma pommette. Un frisson étrange, mais très agréable me parcourt lentement le corps, alors que je me plonge dans son regard noir. Mes yeux se focalisent soudain sur le bout de sa langue qui vient se poser sur sa lèvre inférieure pour l’humidifier légèrement.

Je suis obligé de retenir le halètement que je sens monter dans ma gorge, et serre violemment les mâchoires pour m’empêcher de gémir, alors que mes entrailles se contractent durement.

C’est la première fois que je réagis de cette façon face à une personne. Dans le camp nursery, il m’est arrivé plus d’une fois de me retrouver seul avec des filles à moitié nues. Et pas une seule n’a entraîné un tel déferlement de désir dans mon corps.

Car j’ai beau être jeune et ne pas y connaître grand-chose, j’ai parfaitement bien compris que mon corps réagissait à celui du vampire. Ce que j’ai du mal à comprendre étant donné que c’est un homme, et que moi aussi.

Depuis toutes ces années, on m’a appris que les hommes devaient monter les femmes afin de les engrosser. Pourquoi mon bas-ventre s’éveillerait-il face à un autre homme ? C’est totalement incongru !

Le vampire finit par faire retomber sa main le long de son corps, et se retourne pour faire face au reste de l’assemblée présente. Il se racle la gorge, comme s’il avait besoin de reprendre contenance, et continue son petit discours.

— Durant ces prochains jours, il vous sera attribué un espace qui vous sera personnel. Seuls vous et votre tuteur aurez le droit d’y pénétrer. Et vous devrez obéir aveuglément à ce que votre professeur vous demandera. Si j’entends parler d’un seul refus à quelque demande que ce soit, vous vous retrouverez en camp de travail. Me suis-je bien fait comprendre ?

Nous hochons tous la tête de concert, totalement conscients des enjeux qui sont en train de se jouer en ce moment. Le chef des vampires nous a choisis pour être les prochains esclaves de sang, mais il ne tient qu’à nous de rester à cette place. Et de ce que j’en sais, être un esclave de sang est une place privilégiée.

Un autre vampire pénètre dans la pièce, tenant à bout de bras une liste épaisse de plusieurs pages, et tousse une fois avant de se mettre à égrener des noms. Je vois alors mes camarades de camp s’avancer dans la pièce les uns après les autres, pour être entraînés dans des pièces à l’extérieur de la grande salle. Nous ne sommes bientôt plus que trois, et il ne reste que deux personnes en plus du vampire qui nous a fait le discours. Ce dernier s’avance vers moi, un sourire charmeur aux lèvres, et je ne peux m’empêcher de me retrouver à nouveau piégé par ses grands yeux noirs.

— Comment t’appelles-tu ?

Pris par ses grandes prunelles noires, j’avale ma salive, le menton levé pour ne pas le quitter des yeux, et murmure d’une voix faible :

— Calvin, Monsieur.

Son sourire se fait plus grand et il hoche lentement la tête. Je sens ensuite une main chaude s’enrouler autour de mes hanches pour me plaquer contre son corps. Malgré un sentiment de plénitude à être tenu de cette façon, il existe également au fond de moi comme une peur ancrée par les âges.

On m’a tellement rabâché qu’un homme devait se montrer fort et être fiable pour sa femelle, que cela me paraît étrange d’être plus petit que le vampire. Et d’être tenu de cette manière également. On pourrait presque croire que je suis une femme déguisée en homme.

Le bras du vampire se resserre violemment et je me retrouve plaqué contre lui. Un souffle saccadé s’échappe de mes lèvres en sentant une forme dure et cylindrique frapper le haut de ma cuisse. Bien que je ne lui poserais très certainement pas la question, je pense savoir de quoi il s’agit. Et mon bas-ventre répond en conséquence.

Je sens mon membre grossir dans mon pantalon, me mettant mal à l’aise de ressentir une telle chose pour la toute première fois face à un homme.

Je ferme soudain les yeux en sentant le souffle du vampire s’échouer le long de mon oreille, et ma main s’accroche durement à sa chemise pour me maintenir debout. Mes genoux flageolent durement et je suis certain que je ne vais pas tarder à m’évanouir s’il continue de la sorte.

— Je m’appelle Artémus. Mais à partir d’aujourd’hui, tu devras m’appeler Maître. Me suis-je bien fait comprendre ?

Il se recule légèrement, plantant ses yeux dans les miens, et mon cœur tambourine à toute allure dans ma poitrine alors que mon souffle sort de façon erratique de ma gorge. Après ce qu’il me semble des heures, mais qui n’a pas dû durer plus de quelques secondes, je finis par hocher la tête en signe d’assentiment, entraînant un sourire ironique chez le vampire.

Il resserre sa poigne sur moi, puis adresse un mouvement du menton au vampire qui tient sa liste, avant de m’entraîner à sa suite le long d’un couloir assez lumineux. De chaque côté, des portes fermées laissent passer quelques mots de conversation, mais le plus souvent, il ne s’agit que de sons un peu étranges. Le genre de sons que je n’ai encore jamais entendus.

Artémus finit par me faire entrer dans ce qui ressemble à une chambre. Dans le coin près de la fenêtre trône un lit double, fait avec ce qu’il semble être des draps de qualité. Il est un peu en hauteur et paraît extrêmement moelleux. Tout à fait le genre de lit que je n’aurais jamais espéré avoir un jour.

À côté, une table de chevet avec une petite lampe posée dessus, et pas très loin, une commode où est posé un miroir. De l’autre côté, une table avec deux chaises, et pas très loin une porte qui doit mener aux sanitaires. C’est spartiate, mais bien plus que tout ce que je pouvais avoir dans le camp nursery. Au moins, j’ai une chambre pour moi tout seul.

Le vampire se détache de moi, me plaçant au milieu de la pièce, et se cale contre la commode, les bras croisés sur le torse. Je remarque tout de suite la grosse clé dans sa main droite, et je frissonne de peur. Je crois que mon entraînement pour devenir un esclave de sang est en route.

— Ceci est ta chambre, Calvin. Tu n’en sors que si on te le demande, et je suis le seul à pouvoir entrer ici, sauf si je donne mon autorisation expresse. Me suis-je bien fait comprendre ?

Je hoche la tête en signe d’assentiment, avant de retenir un cri lorsque la main du vampire s’enroule brutalement autour de ma gorge à une vitesse folle. Je ne l’ai même pas vu bouger.

— Face à moi, tu parles ! Est-ce que c’est clair ?

À nouveau, je hoche la tête, terrifié qu’il puisse me faire du mal, avant de me souvenir de ce qu’il vient de me dire.

— Oui, Monsieur.

Je vois ses prunelles noires se mettre à flamber, avant qu’il ne se calme et me sourie de manière mécanique. Je ne vois aucun sentiment dans ses yeux, et j’ai peur. Je crois que je réalise alors seulement à cet instant que les vampires sont bien nos prédateurs naturels.

— Je vais laisser passer pour cette fois, car tu débutes à peine. Mais souviens-toi bien que tu dois m’appeler Maître.

J’avale l’excédent de salive que j’ai dans la bouche, et réussis à sortir les mots de mes lèvres sèches. Artémus sourit plus tendrement, et me surprend totalement lorsque sa bouche vient s’écraser sur la mienne. Jamais personne ne m’a embrassé. Et c’est une sensation étrange.

Pourtant, je ne peux m’empêcher de gémir lorsqu’il passe la barrière de mes lèvres, et que sa langue s’insinue dans ma bouche pour venir caresser la mienne. Une décharge électrique se propage dans tout mon corps, et je me cambre contre lui pour venir frotter mon membre dur contre le sien.

Car à présent, je n’ai plus aucun doute quant à ce que j’ai senti tout à l’heure. Le vampire me désire bel et bien. Je sens son sexe dur venir se nicher contre mon aine, frottant délicieusement contre le mien.

Artémus se recule soudain, sa main posée dans ma nuque pour me maintenir, et plonge son regard dans le mien. Ses doigts forts me maintiennent en place, et je me mordille les lèvres pour ne pas gémir. Je viens de découvrir que j’adorais qu’on se montre autoritaire sur moi.

— Sais-tu quel est le rôle d’un esclave de sang, Calvin ?

— Non, Maître.

Le petit sourire qu’il arbore alors que je l’appelle de cette façon enflamme mes veines, et je me cambre contre lui pour en avoir plus.

— Comme l’indique le nom, tu dois fournir le sang nécessaire à notre survie. Mais un vampire ne se nourrit que dans des circonstances bien particulières.

Je halète durement alors qu’il se penche sur moi pour finir sa phrase tout contre mon oreille. Son souffle me chatouille le lobe et je gémis doucement lorsque sa langue vient se poser sur ma peau surchauffée.

Artémus se redresse, me tenant toujours fermement, avant de me plaquer contre la commode derrière lui, son torse se collant à mon dos, son bassin se frottant contre mes fesses. J’ouvre de grands yeux surpris, et un peu apeurés en le sentant faire, pourtant, une grande excitation monte en moi. Comme si mon corps connaissait déjà le plaisir qu’il allait me faire ressentir.

Les boutons de mon pantalon sautent l’un après l’autre, et mon souffle se fait court dans ma poitrine, jusqu’à ce que je perde presque totalement la tête lorsque l’air frais vient frapper mon gland engorgé de désir. Les lèvres du vampire se déplacent allègrement sur la peau de ma nuque, me léchant, me mordillant, et je laisse ma voix porter mon excitation en dehors de cette pièce.

— Dès que je t’ai vu, j’ai su que tu étais fait pour ce genre de plaisirs, Calvin. Ton futur maître sera un chanceux.

Sa main gauche s’enroule autour de mon membre, et je rue dans ses doigts, cherchant encore plus de contact et de friction, jusqu’à ce qu’un râle sourd m’échappe en sentant un doigt inquisiteur se présenter à mon entrée intime.

Je me crispe contre l’intrusion, avant de totalement oublier sa présence, lorsque la main sur ma verge tendue se fait plus insistante, et que les lèvres quémandeuses descendent sur mon épaule et ma clavicule.

Le doigt s’enfonce lentement dans mon corps, et mon anus se resserre encore et encore sur cette intrusion, jusqu’à ce qu’Artémus trouve un endroit en moi qui me fait voir toutes les étoiles de la Galaxie.

Je me cambre brutalement tandis que son doigt touche encore et encore cette partie en moi. Sa main gauche sur mon membre pompe de plus en plus vite, et ses lèvres s’activent atrocement sur la peau de mon cou. Mon corps est bombardé de sensations de toute part, et j’ai peur de perdre pied.

Je crie violemment lorsque les crocs du vampire finissent par transpercer ma peau malmenée. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, je n’ai pas eu mal un seul instant. Bien au contraire. Je viens d’avoir le plus bel orgasme de toute ma vie.

Si ce tout petit instant est un indicateur de ce que sera ma vie future, je suis heureux que le chef ait fait de moi un esclave de sang. Vivre ce genre d’orgasme régulièrement va être absolument fantastique.

Chapitre 1

 

 

Je me mordille l’ongle du pouce alors que mon regard se pose sur le battant qui vient de se refermer derrière Basile. Tout ce qu’il vient de me dire me paraît encore incroyable. D’après ses mots, les loups s’uniraient pour la vie avec une personne choisie par une puissance supérieure.

Et si jamais la personne qui était choisie pour moi ne me plaisait pas ? Ou pire, si moi je ne lui plaisais pas ? Nous serions dans un beau bordel.

Des voix montent du couloir, et je ferme les yeux pour tenter de me concentrer dessus, et comprendre ce qu’elles se disent. Je tente de me souvenir à quoi ressemble le compagnon de Basile. Il m’a dit que mon Âme Jumelle, comme il l’appelle, est le frère de son compagnon, et qu’ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau tous les deux.

Je revois un homme grand, avec des cheveux assez longs pour passer les doigts dedans, mais courts pour garder cette masculinité propre aux loups dominants. Leur couleur claire m’amène un sourire aux lèvres, alors que je les revois dans la brume du jour naissant, auréolés des premiers rayons du soleil levant. Je pense que je vais adorer caresser ses cheveux. Au fond de moi s’éveille comme un besoin que j’ignorais posséder. C’est la première fois que je ressens une telle chose, et un sourire vient éclore sur mes lèvres.

Quant au reste de son corps, je n’y ai pas vraiment fait attention sur le moment. J’étais plus concentré sur ce que l’on attendait réellement de moi en me fourrant dans ce bus. Ces hommes avaient beau nous dire que nous étions à présent des hommes libres, j’ai eu un mal fou à y croire. Jusqu’à ce qu’ils nous débarquent du bus en plein milieu de nulle part, et que la moitié d’entre nous se mette à se transformer en loup.

Pendant plusieurs minutes, j’ai regardé, éberlué, mes camarades se muter en un animal absolument magnifique. Puis, un des hommes a posé sa grosse main sur mon épaule et m’a poussé à m’avancer vers mes amis.

À peine les avais-je rejoints, qu’une énorme vague s’est abattue sur moi, transformant mon corps en un réceptacle d’énergie. J’ai presque eu l’impression de me mettre à vibrer d’électricité, avant que mes membres ne se transforment d’un coup, et que je ne tombe en avant, me retrouvant à quatre pattes. Tout comme mes camarades, je suis moi aussi devenu un loup. Un animal au pelage d’un roux flamboyant, comme mes cheveux.

Ensuite, lorsque nous avons tous repris notre forme humaine, ils nous ont fait remonter dans le bus, et j’ai à peine vu le reste du trajet. Un bourdonnement résonnait dans ma tête m’empêchant de me concentrer. Puis, j’ai compris qu’il s’agissait de l’animal qui cohabitait avec moi désormais. Il venait de s’éveiller et tentait de communiquer avec moi. Ça ne va pas être facile de m’habituer à avoir une autre conscience dans mon corps.

Nous sommes alors enfin arrivés dans ce que je qualifierais de village. Tout avait l’air tellement plus simple ici. Pourtant, le bus s’est arrêté devant une grande maison, et les hommes nous ont fait entrer pour nous confier à des femmes qui nous ont accueillis le sourire aux lèvres, nous confirmant que nous étions libres.

Et c’est vrai que depuis que nous sommes arrivés, toutes les portes restent ouvertes. Aucune serrure n’a cliqueté après nous lorsque nous sommes entrés. Et tout le monde a été affreusement gentil avec nous. Comme si nous appartenions à leur étrange communauté.

Basile nous a rapidement expliqué comment fonctionnait une meute de loups. L’importance de la hiérarchie. Il nous a parlé d’Alpha, de Bêta et des Gamma, nous indiquant les missions qui leur sont dévolues à chacun, et le respect qu’on leur devait. Tout est encore flou dans ma tête, mais je ne désespère pas de tout comprendre un jour.

Je me laisse tomber contre le dossier de mon fauteuil, alors que cette fameuse nuit se déroule à nouveau dans ma tête. Tout a changé dans ma vie en l’espace de quelques secondes à peine. À l’instant où Jesse est entré dans ma chambre, j’ai su qu’il y aurait des problèmes.

Artémus se reposait tout contre moi après s’être nourri, et j’étais bien. Je me disais que je serais heureux si le vampire se décidait à m’acheter. Après tout, nous passions le plus clair de notre temps ensemble. Et pas uniquement à baiser. Nous parlions énormément tous les deux.

Durant ces quelques mois passés en compagnie du vampire, j’ai découvert ce qu’était réellement un esclave de sang. Nous devions bien sûr leur fournir leur nourriture pour exister, et assouvir leurs bas instincts, mais nous étions aussi leurs confidents, leurs amis, et peut-être plus pour certains.

Alors, bien évidemment, le sexe était toujours phénoménal avec lui. Dès l’instant où il m’a fait découvrir ces nouveaux délices, j’ai été incapable de me rassasier. Pour son plus grand bonheur. Et je dois avouer que j’ai eu du mal à changer de tuteur durant quelques jours.

Car ce que j’ignorais, c’est que durant ces quelques mois où je parachevais mon initiation, Artémus ne serait pas mon seul tuteur. Les propriétaires de la ferme ignoraient totalement qui pourrait être intéressé pour m’acheter. Je devais donc être au point pour n’importe quelle personne. Je devais donc également savoir ce qui peut faire plaisir à une femme dans un lit.

Ça a été les semaines les plus longues de toute ma vie. Incroyable comme sentir le poids et la douceur d’une verge glissant dans ma bouche m’excite au plus haut point, alors que me retrouver nez à nez avec un sexe féminin luisant et dégoulinant me soulève l’estomac. Je tremble de partout en sentant une verge dure s’enfoncer dans les chairs fermes et serrées de mon fessier, tandis que je manque de perdre contenance en m’enfonçant dans un vagin humide.

Quoi qu’il en soit, Artémus venait à peine de me revenir, et j’étais tellement heureux de le retrouver que je n’ai pas hésité une seule seconde. Je me suis jeté à son cou pour l’enlacer, ma bouche dévorant ardemment la sienne, ma main se glissant vivement dans son pantalon.

Un sourire lascif a étiré mes lèvres en le sentant déjà prêt pour moi, alors que j’activais ma main de haut en bas sur son membre dur.

— Putain ! Cal ! Personne ne fait ça comme toi !

Un autre sourire a pris place sur mes lèvres, et j’ai plongé dans sa bouche pour aller chercher sa langue. Je sais que je suis doué dans ce que je fais. Il me l’a dit plus d’une fois, et même cette vampire avec qui j’ai été obligé d’aller, m’a affirmé que ma bouche était une invitation au péché.

J’ai alors lâché un cri étonné lorsqu’Artémus m’a violemment plaqué contre le mur, a déchiré mes vêtements et m’a pénétré sans autre forme de procès. Cela m’a fortement brûlé, et il s’est tout de suite excusé, malgré tout, j’ai eu du mal à me remettre dans l’ambiance.

Il m’a fallu pas mal de va-et-vient pour retrouver mon excitation, et encore plus pour que je laisse mon plaisir s’entendre. Artémus s’est alors déhanché en moi, accélérant encore et encore ses va-et-vient dans mon antre, avant de me remplir brutalement de sa semence chaude. Ses crocs se sont plantés dans ma clavicule, perçant ce qu’il restait de ma chemise, déclenchant mon orgasme.

Le vampire m’a ensuite conduit dans mon lit, et je me suis blotti tout contre son corps, posant ma tête dans le creux de son épaule comme je le faisais toujours. J’ai passé un an à ses côtés, et je dois avouer que je me suis attaché à lui. Dans le fond de mon cœur, j’espérais secrètement qu’il allait tomber amoureux de moi et m’acheter. J’aurais dû me douter qu’une telle chose n’arriverait jamais.

Artémus s’est alors relevé pour passer une main douce dans mes cheveux, me caressant ensuite tendrement la pommette.

— Tu vas me manquer, Cal !

J’ai froncé les sourcils, ne comprenant pas vraiment pourquoi il me disait une telle chose. Il m’a embrassé tendrement, puis s’est relevé pour remettre ses vêtements en place.

— Tu as été acheté hier. Je pense que tu seras bien dans ta nouvelle demeure. C’est un homme bien. Enfin, de ce que j’en sais.

La tristesse a déferlé sur mon corps en une vague furieuse tandis que je comprenais qu’il me faisait ses adieux. Mon cœur s’est brisé en mille morceaux. Tout ce que nous avions vécu tous les deux ne représentait strictement rien pour lui. Je n’étais qu’un corps accueillant où fourrer sa queue de temps en temps.

Le sentiment de peine et d’abandon a soudain disparu pour être remplacé par une vague de rage et de colère qui a tout submergé sur son passage. Alors lorsque Jesse a poussé la porte de ma chambre, et s’est jeté sur Artémus, je n’ai pas vraiment réfléchi.

Je me suis décalé sur le côté pour lui laisser la place de passer, et je l’ai regardé tuer mon amant. Avec les yeux secs, j’ai regardé le morceau de bois s’enfoncer dans le torse d’Artémus pour se planter dans son cœur. Sans rien ressentir, j’ai assisté à la déchéance de mon amant, le regardant se désagréger dans l’air du soir.

Je crois qu’à ce moment-là, j’étais totalement anesthésié par la douleur, ne réfléchissant plus vraiment à ce qu’il se passait autour de moi.

J’essuie rageusement les larmes qui coulent en abondance sur mes joues à ces souvenirs, et me lève d’un bond, me rapprochant de la porte toujours close. Je colle mon oreille contre le battant, frissonnant de partout en entendant la voix grave et rauque qui répond à Basile. Elle est tellement sensuelle qu’elle me fait frétiller de partout.

J’ignore pourquoi je repense à Artémus maintenant. Il est mort. Je ne peux plus rien pour lui. Et même ce soir-là, je ne pouvais rien pour lui. Jesse était déterminé à faire le plus de morts possibles. Je suis au courant des pertes parmi les humains. Ceux qui ont voulu sauver leurs maîtres et qui se sont sacrifiés pour eux. J’en aurais certainement fait partie si Artémus ne m’avait pas informé juste avant l’entrée de Jesse que j’avais été vendu.

Je me secoue à nouveau me focalisant sur ce que j’entends de l’autre côté de la porte. Visiblement, Basile est en train de discuter avec mon Âme Jumelle pour qu’il me laisse plus de liberté. Je soupire doucement, me passant une main dans les cheveux, ne sachant pas trop ce que je dois faire.

Je meurs d’envie d’aller voir l’homme qui est censé devenir le centre de mon univers. De ce que m’en a dit Basile, lui seul serait capable de me remonter le moral. Normalement, il est celui qui est fait pour moi, et qui me comprend mieux que personne.

Mais d’un autre côté, je suis terrifié à l’idée de ne pas lui plaire. Et s’il ne ressentait strictement rien pour moi ? Et s’il me détestait au premier regard ?

Je repense alors au vampire qui s’est occupé de ma formation. Je pensais sincèrement que je lui plaisais, et qu’il allait vouloir me garder à ses côtés pour toujours. Et en quelques minutes à peine, il a fait s’écrouler mon rêve le plus important.

Je suis vraiment stupide d’avoir pu croire une telle chose. Comment un vampire pourrait-il sincèrement s’intéresser sur le long terme à un humain ?

La voix grave s’infiltre soudain dans tout mon corps, passant sous ma peau pour venir s’infiltrer en moi, et je ne réfléchis même plus. Ma main appuie d’elle-même sur la poignée et je me retrouve debout dans le couloir aux côtés de Basile. Le loup me regarde avec des yeux éberlués, mais je ne fais pas vraiment attention à lui. Pour le moment, je suis entièrement focalisé sur l’homme qui vient de se figer à l’autre bout du couloir.

Il est encore plus beau que ce que j’ai pu imaginer. Je savais déjà pour ses cheveux blonds magnifiques, et ses yeux d’un chocolat au lait caramélisé, mais je ne m’imaginais pas que son corps allait être aussi musclé et délicieux à regarder.

Je me mordille la lèvre inférieure alors que mes yeux se gavent de la beauté de l’homme qui me fait face. Je crois que ce que Basile appelle le Destin a bien travaillé sur ce coup. Cet homme est absolument magnifique et est tout à fait à mon goût.

Je sursaute soudain lorsqu’il se cambre en arrière, et que des poils commencent à lui pousser sur le visage. Ce n’est qu’à cet instant que je réalise également que ses ongles sont devenus des griffes, et que ses vêtements ne sont plus qu’un lointain souvenir. J’assiste émerveillé à l’émergence du loup. Et même sous cette forme, il est superbe.

Un pelage d’un blond doux, une gueule allongée qui semble sourire, et des oreilles toutes droites sur sa tête. Ce loup a vraiment une bonne tête.

L’animal s’approche de moi, et se met à me renifler sous toutes les coutures, calant sa grosse tête sous ma main. Je rigole légèrement avant de le caresser doucement, gardant mon regard sur lui.

— Pourquoi être sorti, Calvin ? J’avais réussi à le convaincre de te laisser du temps.

Je relève les yeux sur Basile et esquisse un petit sourire. C’est vrai que je n’étais pas très heureux lorsqu’il m’a appris que j’étais destiné à un homme dont j’ignorais tout. Mais après ces quelques minutes, seul, j’ai réalisé que c’était nettement mieux que ce que j’étais destiné à faire au départ. Jusqu’à ce qu’il vienne me chercher, on m’apprenait à rendre un vampire heureux. J’allais devenir la chose d’un vampire. Le prostitué d’un suceur de sang.

Alors, pourquoi ne pas devenir le compagnon d’un loup ? Après tout, ça ne pourra jamais être pire que ce que je devais devenir. Au moins, de ce que m’a dit Basile, je vais pouvoir choisir ma vie en dehors de ce couple.

Je ne sais absolument pas ce que je veux faire de ma vie. On ne m’a appris qu’à satisfaire un homme ou une femme sexuellement. J’ignore donc pour quoi, en dehors du sexe, je peux être doué. Je ne pense pas que mon Âme Jumelle accepterait que j’offre mes faveurs aux autres loups du village. Il va donc falloir que je trouve ce que je veux faire.

Un vrombissement se fait sentir sur ma jambe, et je baisse les yeux pour voir le loup blond le poil hérissé, les crocs à découvert faire face à Basile. Je glisse une main dans la fourrure dense, et laisse un petit gémissement de bien-être m’échapper en sentant les poils doux sous mes doigts. C’est un véritable paradis sur terre cette sensation.

Je me laisse tomber à genoux, et enroule mes bras autour du cou de l’animal, plongeant mon visage dans le pelage blond si doux. J’inspire une pleine bouffée de son parfum, et je me gave de son odeur si tentatrice. Un mélange de guimauve et de violette. J’ai envie de le bouffer.

Basile ouvre de grands yeux étonnés en entendant le loup lui grogner dessus, avant qu’un petit sourire ne se dessine sur ses lèvres. Il me fait un mouvement du menton, avant de saluer le loup et de sortir de la maison. Je le regarde faire, un peu surpris qu’il me laisse seul avec le loup. Après tout, nous ne nous connaissons absolument pas. Que dois-je faire maintenant ? Est-ce que j'ai même quelque chose à faire ? J’ignore tout de la manière de fonctionner des loups en dehors de ce que nous a rapidement expliqué Basile. Et si je faisais une bêtise plus grosse que moi ?

L’animal me lèche tendrement la joue, ramenant mon attention sur lui, et je me décrispe brutalement. Je ne pense pas que je puisse faire la moindre bêtise. Je dois juste écouter mon instinct. Cela devrait suffire.

Je me relève et me dirige vers la salle que je viens de quitter, gardant mes doigts plongés dans la fourrure soyeuse et me laisse tomber sur le fauteuil que j’occupais précédemment. L’animal se dresse sur ses pattes arrière pour venir poser celles de devant sur mes genoux, et me lécher sauvagement le visage. J’explose de rire, et m’essuie la joue du revers de ma manche, repoussant l’animal.

— Ce n’est pas très propre !

Le loup laisse un jappement lui échapper, avant de se diriger vers la porte que j’ai refermée derrière moi. Je fronce les sourcils tandis qu’il s’appuie sur la poignée.

Nous venons à peine de nous rencontrer, et il veut déjà s’éloigner de moi ? C’est un peu vexant tout de même. Mais je finis par faire ce qu’il me demande et ouvre la porte. Le loup sort en trombe, avant de s’arrêter dans le couloir, et de se tourner vers moi. Il pousse un petit cri, qui me fait sursauter, avant de revenir vers moi pour prendre le bas de mon pantalon dans sa gueule, et me tirer avec lui.

Je ressens alors un intense sentiment de soulagement en comprenant qu’en réalité, il veut juste que je le suive. Je passe donc ma main entre ses oreilles pour le caresser lentement et le suis le long du couloir.

L’animal m’emmène rapidement hors de la maison, et une fois de plus, je suis surpris que personne ne nous course pour me ramener à l’intérieur sous les verrous. Je me permets alors d’observer les bâtiments tout autour de moi avec un énorme soulagement. Depuis que nous sommes arrivés avec le groupe, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de sortir et voir le ciel me fait un bien fou. Malgré tout, je ne cesse de jeter des coups d’œil compulsifs derrière moi pour vérifier que personne ne nous suit. Je pense qu’une partie de moi est restée coincée dans cette ferme. J’ai encore du mal à me dire que j’ai le droit de sortir comme j’en ai envie. Que je ne suis plus un esclave.

Nous passons en plein milieu du village, où se tient un marché assez bien achalandé. Des différentes allées que je peux voir, il y a vraiment du choix pour tout le monde. On trouve de tout. Ça part des aliments de base, aux bijoux magnifiques, en passant par des vêtements de toutes sortes. Je pense que je reviendrais y faire un tour un jour.

Et rien que cette idée m’amène un sourire sur le visage ! L’idée de ma liberté commence enfin à me rentrer dans le crâne.

Nous passons ensuite devant un restaurant, et je m’arrête net devant la porte en voyant mon ami de toujours à l’intérieur du bâtiment en train de nettoyer les tables.

Je repense à notre petite discussion de tout à l’heure et me demande si Kit sera toujours mon ami dans les prochains jours. La découverte de ma sexualité différente de la sienne l’a secoué plus que je ne l’aurais imaginé.

Pourtant, cela n’a rien d’étonnant dans ce village. De ce que j’ai compris, il y a beaucoup d’hommes gay. L’arrivée du nouveau chef de meute ouvertement homosexuel a visiblement attiré pas mal de monde, et a également permis de faire sortir le loup du bois. Sans mauvais jeu de mot bien sûr.

Cependant, je ne fais pas vraiment tache dans le paysage. Bien au contraire, je me fonds bien parmi la meute.

En revanche, la vie de mon ami ne va pas être facile tous les jours. Si ce que m’a révélé Basile est exact, Kit est jumelé avec un homme. Pourtant, mon ami a de toute évidence une aversion évidente pour l’union entre deux hommes. J’espère sincèrement qu’il arrivera à changer d’idée assez rapidement, parce que se retrouver soumis aux désirs d’un homme peut être un véritable chambardement des sens.

Durant plusieurs mois avant que je ne sois choisi pour être un esclave de sang, je me suis posé des questions sur moi-même. Je sentais bien qu’il y avait quelque chose de différent chez moi par rapport aux autres garçons du camp. Tous les autres mecs ne cessaient de parler des expériences qu’ils avaient pu faire avec les filles. Mais pas une seule fois, il ne m’est arrivé d’en avoir envie.

En revanche, lorsque je regardais mes petits camarades se baigner nus, mon bas-ventre frétillait de désir. Et lorsqu’une fois, je suis tombé sur un reproducteur en plein travail, ce n’est pas la femme que j’ai honteusement matée, mais bien ses fesses musclées et éminemment masculines qui se creusaient furieusement à chaque poussée. À l’époque, je n’y avais pas forcément fait attention.

Pour une raison étrange, je me l’étais toujours plus ou moins caché, jusqu’à ce qu’Artémus me serre dans ses bras, et me montre le plaisir qu’on peut avoir en ayant le membre dur d’un autre homme en soi. J’ai alors lâché la bride à mes désirs enfouis et me suis épanoui dans le sexe avec un autre homme.

Le museau du loup me pousse brutalement, et je me rends compte que cela fait plusieurs minutes que je me suis arrêté devant la devanture du restaurant. Je glisse donc à nouveau mes doigts dans la fourrure douce de l’animal, et continue de le suivre le long des allées du village.

Nous passons devant différentes maisons, de styles et de tailles différentes, avant qu’il ne s’arrête devant une demeure de bonne taille. Il me pousse à avancer, et me force à ouvrir la porte avant de se faufiler à l’intérieur, et de monter à l’étage.

Je le regarde grimper les marches me sentant un peu mal à l’aise d’être laissé seul dans une maison que je ne connais pas du tout. Voyant le temps passer sans que le loup redescende, je me dirige vers ma gauche. J’atterris dans un salon accueillant avec son canapé en cuir moelleux placé devant une télé à écran plat géante. C’est la première fois de ma vie que je vois de telles choses. Mes yeux parcourent rapidement la pièce, surpris d’y trouver des étagères remplies de livres en tout genre. Je m’approche, mais grogne doucement alors que les mots écrits ne me disent strictement rien.

S’il y a bien une chose au moins que je veux faire maintenant que je suis là, c’est apprendre à lire et à écrire. Une fois, Artémus m’a avoué que les vampires laissaient délibérément les humains sans savoir, afin de les garder sous contrôle. D’après lui, un humain qui ne savait ni lire ni écrire n’était pas dangereux. Je ne veux plus jamais n’être qu’une chose.

Un bruit derrière moi me fait me retourner, et je me retrouve bouche bée devant l’homme qui me fait face. Il est encore plus beau que ce que je croyais. Ses épaules sont larges et tellement musclées que je risque d’avoir du mal à faire le tour. Elles surplombent un torse rempli d’abdominaux et de pectoraux alléchants, avant qu’un « V » magnifique ne me mène à l’endroit de tous mes délices.

Je me lèche les lèvres, rêvant de pouvoir goûter à cet homme parfait, avant de me reprendre en rougissant comme une adolescente.

Artémus m’a plus d’une fois avoué que j’avais tendance à rougir facilement. Mais que cela faisait presque tout mon charme. Ma langue habile sur son membre faisait le reste.

— Je m’appelle Raphaël.

Je sors de ma transe et tends ma main pour serrer celle qu’il me tend. Presque immédiatement, une décharge électrique se propage dans tout mon corps, et je tressaille durement, avant qu’un sourire d’excuse ne se dessine sur mes lèvres.

L’homme en face de moi fronce les sourcils, et retire prestement sa main, allant même jusqu’à l’essuyer sur son pantalon.

Il n’y a pas à dire, le loup semblait nettement plus affectueux que cet homme. Pourtant, je vais tout de même devoir faire affaire avec lui de temps en temps. Je ne peux décemment pas passer ma vie sous ma forme de loup.

— Tu n’as pas de nom ?

Le ton tranchant me hérisse le poil, et j’accroche un sourire factice sur mes lèvres avant de lui donner mon nom. L’homme hoche lentement la tête, m’examinant de la tête aux pieds, avant de soupirer doucement.

Je me demande à quoi est dû ce soupir. J’espère juste qu’il n’est pas déçu par moi. Je sais que les roux n’ont pas vraiment la préférence. J’ai même été extrêmement surpris lorsque le grand chef m’avait choisi pour être un esclave de sang à l’époque. J’étais persuadé de n’être jamais acheté. Et j’espérais donc pouvoir rester à vie avec Artémus.

Pourtant, d’après mon Maître, je venais d’être vendu lorsque Jesse a lancé l’assaut. Cela veut donc dire que les roux sont tout de même appréciés. Et en voyant Basile, on peut se dire qu’ils sont même très aimés.

— Bien, comme le lien s’est enclenché au moins de mon côté, le mieux, c’est que tu t’installes ici. Il y a une chambre là-haut qui ne sert plus depuis le départ de Gabe. Tu peux la prendre. C’est la première à droite.

Je hausse les sourcils, un peu étonné par ses mots. Il me donne presque l’impression d’accueillir un invité de passage, qui en plus lui est indésirable. Comme si je n’étais absolument pas important pour lui. Comme si nos vies n’étaient pas intimement liées.

Et c’est encore plus surpris que je le regarde me faire un mouvement sec du menton, avant qu’il ne tourne les talons pour sortir de la maison.

C’est tout ? Il va me laisser là tout seul, et partir faire ce qu’il a à faire ?

Je n’ai pas le temps de le rappeler pour lui demander ce que je peux, et ce que j’ai le droit de faire, qu’il a déjà passé le pas de la porte pour se fondre dans la masse de la meute. Je reste plusieurs minutes, les yeux exorbités par la surprise sur la porte qui s’est fermée devant moi, avant de réaliser qu’il m’a laissé seul chez lui.

Je grogne doucement, avant de taper du pied pour évacuer ma colère et ma frustration. Je souffle ensuite pour me calmer. Après tout, c’est notre toute première rencontre. Peut-être que tout comme moi, il ignorait totalement comment réagir. En plus, étant donné que je n’ai pas encore atteint ma maturité sexuelle, je ne suis pas encore réellement touché par le lien d’Âme Jumelle.

Il va nous falloir un peu de temps pour nous habituer l’un à l’autre. Je pense que pour le moment, il a juste besoin de se retrouver un peu tout seul afin de réfléchir à tout ça.

Un peu rassuré par mes paroles, je me mets à visiter mon nouveau foyer. D’après ce que j’ai compris, Raphaël veut que je vive avec lui. Je ne sais pas si c’est parce qu’il a besoin que je sois là, ou s’il le désire, en tout cas, je vais devoir vivre dans cette maison.

Heureusement que je n’ai pas eu le temps de m’habituer à l’autre demeure. Autant de changement en si peu de temps, ça aurait pu m’être fatal.

Chapitre 2

 

 

Après avoir passé plusieurs minutes bloqué dans l’entrée, je finis par monter à l’étage et trouver la chambre qu’il m’a indiquée. Effectivement, elle fait vide. Seuls un lit, une table de chevet et une commode sont présents. Et le matelas nu confirme que ce lit n’a pas servi depuis des lustres. Très certainement depuis le jour où Gabriel a rencontré Basile et Andrew.

Je me mets donc en quête de draps propres. À défaut d’être doué pour autre chose, je sais au moins faire mon lit. Lorsque j’étais en apprentissage pour être esclave de sang, nous étions en charge du ménage de notre chambre étant donné que seuls notre maître ou nous-mêmes avions le droit d’entrer dans nos chambres. Il a donc bien fallu que j’apprenne vite à mettre des draps propres. Surtout lorsqu’on voit à quelle vitesse Artémus pouvait les salir.

Et puis, ça permettra de m’occuper pendant quelques heures cette histoire. Tant mieux, parce que je sens que ma vie a pris un tournant assez étrange et que je vais m’emmerder durant les prochains mois. Il va donc falloir que je trouve assez rapidement ce que je vais pouvoir faire de ma vie maintenant que je suis libre.

J’ouvre l’armoire posée contre un mur, pour la trouver presque vide. Seuls une couverture et deux oreillers sont posés sur une étagère. Je les sors pour les poser sur le lit, avant de me tourner vers la commode. J’ouvre tous les tiroirs, mais à l’encontre de l’armoire, ils se révèlent tous vides. Je souffle de découragement.

Peut-être que je ferais mieux d’attendre que Raphaël rentre pour lui demander où il range les draps. Je me remémore alors le visage sans expression de l’homme qui m’a fait face tout à l’heure, et je me dis que je risque de l’énerver si je lui pose cette question. Et puis, j’ignore totalement où il est parti, et pour combien de temps il peut en avoir.

Je sors donc de la chambre et ouvre doucement la porte en face. Cette fois-ci, la pièce semble un peu plus habitée. Au moins, le lit est fait, et une veste est délicatement drapée sur le dossier d’une chaise. Je pénètre plus en avant dans la pièce, avant de m’arrêter net lorsque le parfum de la guimauve et de la violette me frappe de plein fouet. Je ne sais pas si Raphaël sera d’accord avec le fait que j’ai fouillé dans ses affaires.

Mon regard parcourt avidement l’espace, me demandant si je peux découvrir quelque chose sur mon compagnon, sans avoir besoin de fourrer les mains dans ses affaires. Mais en dehors des photos posées sur les meubles, il n’y a rien d’exceptionnel dans cette chambre.

Malgré tout, les photos m’interpellent. Je m’avance donc, et un sourire tendre étire mes lèvres en voyant sur la première, trois hommes absolument semblables se tenant par les épaules, un énorme sourire aux lèvres. Ils semblent tellement tous heureux. Et excessivement jeunes. Je me demande quel âge ils pouvaient avoir sur cette photo. Il faudra que je pense à lui poser la question.

Je parcours le reste des clichés, mais elles se ressemblent un peu toutes. Le plus souvent, il s’agit d’une photo de famille. Soit les triplés sont tous les trois, soit, il en manque un. Certainement celui qui prend la photo.

Je ressors de la chambre, sans fouiller plus en avant, et descends le couloir pour ouvrir la porte à côté de ma chambre.

Il doit s’agir de la chambre de Vincent, car dans celle-là également, on sent que quelqu’un y a vécu, il n’y a pas si longtemps que ça. Le lit est fait correctement, et aucun vêtement ne traîne, mais une légère sensation de vie rampe dans l’air.

Comme dans la chambre de Raphaël, je n’ose pas fouiller plus en avant et ressors aussi rapidement que je suis entré. Si les draps étaient dans l’une ou l’autre chambre, j’expliquerais à Raphaël que je n’ai pas voulu me montrer indiscret.

Je continue mon exploration, tombant sur une salle de bains géniale. Je crois que je viens de tomber amoureux de cette pièce. Elle est absolument immense. Une cabine de douche capable de contenir au minimum cinq personnes, avec des buses qui sortent des murs un peu partout. Je suis persuadé qu’on peut voir les étoiles briller dans mes yeux alors que je contemple cette merveille. Je ne résiste pas et tends la main pour ouvrir les robinets. Presque aussitôt, l’eau se met à dégouliner de partout, se mêlant à une lumière douce diffusée par les différentes buses. Une légère musique se fait également entendre, et mon sourire ne fait que s’accentuer.

Je ferme l’eau, avant de me tourner de l’autre côté, pour regarder les trois vasques alignées le long du mur, un grand miroir les surplombant. Tout est absolument magnifique. Cette salle de bains a été faite avec beaucoup de goût.

Cela va grandement me changer de ce que j’ai connu jusqu’à présent. Entre la salle de bains du camp nursery qui servait à tout le monde, et la petite pièce impersonnelle accolée à ma chambre, j’ai gagné au change.

Je laisse un soupir de bonheur m’échapper avant de trouver le courage de sortir de cette pièce, pour continuer mon exploration. J’ai toujours des draps à trouver.

Je fais donc demi-tour pour me rendre dans l’autre sens, et redescends les escaliers. Je visite le bas de la maison, m’émerveillant une fois de plus face à la télévision énorme qui est posée au mur, ou les canapés en cuir qui semblent m’appeler de toutes leurs voix. La seule véritable envie que j’ai actuellement, c’est de me vautrer dedans et ne plus en bouger de la journée. Mais j’arrive à m’arracher à ce violent désir, et fais à nouveau demi-tour, pour me rendre dans ce qui ressemble à une salle à manger.

J’avance donc dans la pièce, et ouvre les placards, pensant trouver des assiettes et des plats de service, mais me retrouve face à des draps de toutes les couleurs, et de toutes les tailles. J’ouvre grand les yeux, surpris de les trouver à cet endroit.

Je finis par hausser les épaules. Après tout, Raphaël range sa maison comme il veut. S’il préfère que les draps propres se retrouvent dans les placards de la salle à manger, c’est son droit. Même si c’est hyper bizarre. J’en viens alors à me demander où il peut bien ranger les assiettes et les plats de service.

Je hausse les épaules, et remonte les escaliers avec mes précieux dans les bras pour faire mon lit. Au moins, j’aurais un endroit où dormir cette nuit. J’enfile la couette dans la housse comme un pro, avant de tendre le drap-housse sur le matelas et de me redresser, fier de moi.

Je suis totalement en sueur et à bout de souffle à force de farfouiller dans la housse pour mettre la couette, mais à présent, j’ai un lit impeccable. À un moment donné, j’ai même réussi à rentrer totalement dans le tissu comme si je jouais un papillon émergeant de son cocon. Malgré tout, j’ai tout de même de quoi dormir pour ce soir. Mais je suis crevé.

Je jette un rapide coup d’œil à l’heure, et sursaute en voyant que la journée est bien avancée. Je descends au rez-de-chaussée et me dirige vers la cuisine pour avaler un petit quelque chose. Une fois ma soif apaisée, et ma faim rassasiées avec le peu qu’il y avait dans le frigo, je vais me jeter dans les canapés qui m’ont fait de l’œil toute la journée, et m’allonge de tout mon long dans le cuir doux et moelleux.

Étant donné que je ne me souviens de pas grand-chose, je n’ai pas dû mettre très longtemps à m’endormir. Je me réveille brusquement en entendant la porte d’entrée claquer violemment. Je me redresse pour regarder Raphaël pénétrer dans la maison, son regard froid braqué sur moi. Étrangement, depuis qu’il s’est à nouveau transformé en humain, j’ai le sentiment de le gêner plus qu’autre chose. Comme s’il ne voulait pas de moi dans sa vie.

Il s’arrête sur le seuil du salon, les pieds écartés bien ancrés au sol, les bras croisés sur sa poitrine, son visage impénétrable. Un long frisson de peur descend le long de mon échine, et je me crispe sur le canapé.

— Ce n’est pas prêt à manger ?

Sa question me glace plus qu’autre chose. Ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais venant de lui. Mais visiblement, il s’attendait à ce que je prépare à manger. Il n’a pas peur dans ce cas. Je n’ai jamais fait une telle chose de toute ma vie. Je crois bien que je ne suis même jamais entré dans une cuisine de toute ma vie.

La seule expérience qui pourrait s’en approcher, c’est lorsque je vivais encore dans le camp Nursery et que je donnais un coup de main à ma mère. Mais même là, je m’occupais plus de garder les enfants en bas âge loin d’elle et des fourneaux, plutôt que de l’aider avec les casseroles. C’était plutôt le rôle de mes sœurs.

Concrètement, la seule chose que je sache réellement faire, c’est donner du plaisir à un vampire. On ne m’a appris que ça durant ces derniers mois. Comment veut-il que je sache préparer à manger ? J’ai déjà eu du mal à allumer la télévision, et à comprendre comment elle fonctionnait. Il ne valait mieux pas que j’approche d’une machine pouvant tout brûler autour d’elle.

Je me redresse lentement, ma bouche s’ouvrant et se fermant convulsivement comme une carpe hors de l’eau, cherchant une réponse à lui donner qui ne le mettrait pas plus en rogne que maintenant. Je ne veux pas tout foutre en l’air dès mon arrivée dans cette maison.

— Qu’est-ce que tu as foutu de ta journée ?

La colère m’envahit lentement, et je prends plusieurs inspirations lentes pour la calmer. Ce n’est pas le moment pour m’énerver contre lui. Nous avons tous les deux subi des changements aujourd’hui. Il est normal qu’il ne soit pas à l’aise en ma présence.

Je le regarde pendre son manteau dans l’entrée, avant de se diriger vers ce que je sais être la cuisine. Et encore, je le sais parce que j’ai visité. Tout seul ! Lui m’a abandonné dès qu’il l’a pu. J’ai été obligé de me débrouiller tout seul dans un endroit que je ne connaissais absolument pas.

Et moi qui pensais qu’il serait content d’apprendre que j’avais réussi à trouver les draps et à faire mon lit tout seul. Un rire amer passe dans ma tête, et je vois mon loup pencher la tête sur le côté, visiblement étonné par le son produit par mon regret.

Je serre et desserre les poings sur mes côtés, essayant de retrouver mon calme. Je ne suis pourtant pas du genre nerveux en temps normal, mais ses répliques m’ont mis hors de moi. Je ferme les yeux en entendant les portes de placards claquer dans tous les sens, tandis que je l’entends marmonner dans sa barbe.

Je m’approche donc pour savoir exactement ce qu’il dit, et sens la rage monter encore en moi. Il ne sait strictement rien de moi ni de ma vie. Il ignore ce que j’ai dû faire et subir pour rester en vie. Même si j’ai pris du plaisir dans les bras d’Artémus, cela ne veut pas dire que j’étais totalement consentant. On ne m’a laissé aucun choix.

En naissant dans cet endroit de malheur, ma vie était déjà toute tracée. Je devais obéissance aux vampires. Eux seuls avaient le droit de vie ou de mort sur moi. Et dès l’instant où le proprio m’a désigné pour être un esclave de sang, j’ai su ce qui m’attendait. J’ignorais simplement que j’y prendrais autant de plaisir.

Les quelques mois passés dans les bras d’Artémus ont été les plus beaux de ma vie jusqu’à présent. Et vu comment c’est parti avec Raphaël, j’ai un peu peur qu’ils ne soient les seuls.

Ma patience ayant atteint ses limites, je fais demi-tour, et me précipite sur la porte d’entrée. La rage obscurcit ma vision, et c’est d’un pas rapide que je parcours le chemin fait le matin même. Je n’aurais jamais dû croire Basile lorsqu’il me disait que trouver son Âme Jumelle était un véritable bonheur. Ce n’était que de la publicité mensongère pour que j’accepte son ami. Une simple propagande pour son club.

S’il y a bien une chose que j’ai retenue, c’est que Raphaël est un ami intime de celui qui est mon géniteur. Et que de toute évidence, il ferait tout pour lui. Comme mentir, par exemple.

Parce que l’homme qui me fait face depuis tout à l’heure n’a absolument rien à voir avec celui dont m’a parlé l’Oméga ce matin. Bien au contraire. Ce sont deux personnes totalement différentes.

Je laisse un cri de douleur m’échapper lorsqu’une main à la poigne forte s’enroule autour de mon bras, et me force à me stopper en plein élan. Je me retourne d’un bond pour faire face au Delta. Il a vraiment l’air furieux, et me fait un peu peur.

— Tu comptes aller où comme ça ?

J’avale ma salive et tente de me dégager, mais il ne me lâche pas, me rapprochant même de son corps. Ma température corporelle augmente soudain, et je m’en veux de réagir à sa présence de cette façon. Je comprends que c’est mon côté loup qui a dû reconnaître son compagnon qui interagit avec lui. Et je déteste cette partie de moi.

Je ferme donc les yeux, et vois effectivement mon animal dans ma tête, bondir dans tous les sens en sentant le parfum si envoûtant de son compagnon. Je serre les mâchoires presque à en grincer des dents, avant d’ouvrir brusquement les yeux. Raphaël me secoue comme un prunier, mes dents s’entrechoquant brutalement.

— Tu vas me répondre !

— Je rentrais chez moi !

Un rire sardonique sort de ses lèvres, et ma rage fait son grand retour dans mon corps. Une fois de plus, je tente de le repousser, mais il est nettement plus fort que moi. Lui a passé ses dernières années à s’entraîner pour devenir un loup fort, capable de protéger sa meute. Alors que le seul sport que j’ai fait n’était que du sport en chambre. Pas vraiment de quoi lui tenir tête.

Raphaël me traîne derrière lui comme si je n’étais rien de plus qu’un vulgaire sac, et referme la porte de chez lui d’un coup de pied, avant de m’asseoir de force sur une chaise dans la cuisine. Je grogne doucement de douleur, en frottant mon bras martyrisé, et retiens les larmes qui montent en moi.

Je hais ce type !

— Nous n’avons pas vraiment le choix, Calvin. Il s’avère que tu es mon Âme Jumelle, mon loup t’a reconnu. Tu vas donc rester ici, que tu le veuilles ou non.

Il me tourne soudain le dos, et commence à naviguer dans la cuisine, sortant des aliments du frigo, avant de prendre des casseroles et des poêles dans un placard. La colère qui ne m’a pas quitté depuis qu’il est rentré tout à l’heure n’a fait qu’enfler dans mon ventre. Surtout en comprenant que je suis maintenant prisonnier de cet homme.

Et je m’en veux d’être sorti de cette salle ce matin. Je me suis laissé embobiner par Basile et ses mots de bonheur éternel. Il semble avoir eu de la chance, mais ce n’est visiblement pas mon cas. Mon Âme Jumelle me déteste pour une raison que j’ignore et ne veut pas de moi.

Je me lève pour calmer mes nerfs à vif, et me fais brutalement plaquer au mur, la main du Delta enroulée autour de mon cou. Mon cœur se met à tambouriner à toute allure dans ma poitrine, et j’ai du mal à respirer. Je pose ma main sur la sienne, pour lui indiquer que l’air ne rentre plus dans mes poumons, mais il ne semble pas comprendre ma manœuvre.

— J’ai dit, tu ne pars pas d’ici.

Je hoche la tête pour lui montrer que j’ai compris, espérant qu’il va vite me relâcher. Mais il reste plusieurs secondes comme ça, à me regarder haleter, avant qu’une lueur fugace ne passe dans ses yeux, et que ses doigts ne se desserrent. La pression sur mon cou disparaît brutalement, et je me retrouve à glisser contre le mur comme une loque.

Pour le coup, je n’arrive plus à retenir mes larmes. Je les laisse couler librement sur mes joues, alors que j’enroule mes bras autour de mes genoux levés, et que je pose ma tête dessus. Même Artémus ne m’aurait jamais traité de cette façon. Bien qu’il ne me voie pas autrement que comme une chose bonne à lui donner du plaisir ou du sang, jamais il ne m’aurait fait mal de la sorte. Il existait un certain respect entre nous.