Les Âmes noires - Tome 1 - Raoul Coudène - E-Book

Les Âmes noires - Tome 1 E-Book

Raoul Coudène

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Beschreibung

Une entité maléfique hante les eaux du canton de Burzas, un village perdu en pays cévenol. Autour d’une mare, certains initiés pratiquent toujours les rituels destinés à obtenir les faveurs de l’Ondine.
Albin, le jeune fils d’un exploitant agricole de Burzas, tombe éperdument amoureux de Madeleine, une vacancière de son âge.
Une série de meurtres secoue cette région de forêts et de montagnes, attirant la gendarmerie. Le criminel frappe apparemment au hasard et demeure insaisissable.
Les années s’écoulent ; l’hécatombe ne cesse pas.
Quel sera le rôle d’Albin dans tout cela ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Raoul COUDENE est né à Avignon en 1944.
Études au Collège des Jésuites, militaire, arts graphiques, artisan potier, sculpteur-modeleur, restaurateur-doreur en bois dorés. Plusieurs de ses nouvelles ont été éditées dans divers fanzines, puis une aux éditions Denoël dans une anthologie de SF. Il a écrit des sketches de SF pour un spectacle monté et joué à Avignon. Une de ses pièces de SF a été lue au « Gueuloir » pendant le Festival. Un de ses textes a été retenu par un réalisateur pour un long-métrage télévisé.

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PRÉAMBULE

La Légende du Lac des Hautes Failles.

Recueillie et dite par Madeleine Thirat, conteuse

  « Il était une fois un villageperduquelque partdanslesCévennes…

Noussommes ennovembre,versle débutdusiècle précèdent.

IlyalaBurle,cevent quivousarracheunchapeau mêmesi vousl’enfoncezjusqu’auxoreilles. Cefroidquis’insinuepartout,quivousallongeleplusrobustedesbûcherons.Ilyaaussiunlac entrelespentes d’unancien volcanetuntorrentquis’yjette.

Lecielfile au-dessusdestêtesetles châtaigniersabandonnentleursfruitsplustôtqued’habitude.La neigen’estpasencorevenue,maison l’attend.

AuNord,se dresseunchênequi, dansletemps,servait depotenceauxmalfaiteursducanton.Unpenduornesa plusgrosse branche.Leventluiimprimeunbalancement régulier.Selonlesrafales,lecadavretournoiecommes’ilvoulaitmontreràtoussa facedecauchemar.

Cen’estniunvoleurniunassassin. Non, c’est lecuré. Lejeunecuréduvillage.

Sonhistoire ? Je pourraisvousla narrer,mais,pourla suite,ilsuffitque jevousdiseque ce pauvre hommes’estdonnélamort. LaMaryse,uneorpheline,porteson enfant etonlesasurprisentrainde faire l’amourdanslasacristie.

Imaginezlescandaledanscette communautépétriedereligion. Certainslaconspuent,d’autresla malmènentavant dela chasserduvillageà coupsdebâton. Ellevaseréfugierchez laDelphine,une vieilletantequihabiteprèsdutorrent. Onla ditunpeufolle,unpeuguérisseuse,unpeusorcière, maisellerecueillela malheureuseavectoutela miséricorded’unebonne chrétienne.

Sanselle,la Maryse,désespérée,seserait tuéeendépitdelaprésencedece petitêtredansson ventre.

Auhuitièmemois,elleluiannonce qu’ellerejoindrasonamantdèsquesonenfantverralejour. Delphinetentedela dissuader,maisseheurteàson mutismeetau videdeson regard.

Lebébénaît à terme auseptièmecoupdeminuit. UnefillebienfaitequelaDelphinebaptise MarionenpriantDieuettous lesAutresdeluiaccordersanté,beautéetintelligence.Lamaman émerveilléeparlefruitdesonamourdécidedeprendresoind’elle jusqu'aux prochaines moissons.

Detétéeentétée,leprintempspassepuisl’été etuneannéeentière.Lagamineestunangeetlui ressemblecommedeuxjonquillesd’unmêmechamp. Elleahéritédeses yeuxbleus,desa chevelure couleur desoleil etdeson sourire.

Sixansfilent. La jeunemères’étiole,perdpeuàpeusa vitalité.Elledemeureinconsolableetsombre deplusenplussouventdansdescrisesdemélancoliequil’amènentauseuil dela folie.

Puisvientunedecesnuits degrandeLunequiilluminechaquechoseetchaqueêtred’unetelleclarté que, surlesol,sedessinentdesombresplusnoiresque lebitume etque levisagedesvivantsprendla couleurdesmoribonds…

LaBurlerugitdanslavallée,maisc’estcettenuitd’hiverquechoisitlaMarysepourrejoindreson curéavecsa fille. Ellequittelamaisonet,àpeinevêtue,échevelée,courtverslelac.Lorsqu’elles arriventsurla berge,levent s’interrompttoutàcoupcommesi cecoupled’humainsbravantses courantsd’airl’interloquait.

⸺ Viensavecmoi ! jette-t-elleenla tirantparla main.

⸺ Mais,maman,ilfaitbientropfroid !

⸺ Allons !  s'écrie-t-ellesoudaind’unevoixsuraiguë.

L’enfantscruteles yeuxsecs desa mèrequiadéjàdel’eaujusqu’auxcuissesetquil’entraîneàsa suite.

LorsqueMarionsentlelac lui mordreles chevilles, ellegémit.

Àcetendroit,ladéclivitédufond estbrutale.LesépaulesdelaMarysedisparaissent.

⸺ Maman !

⸺ Viens ! hurle-t-elleenserrantunpeuplussa main.

Sesphalangesneluiobéissentplusetlafilletten’a qu’àrésisterpourvoirleurbrasseséparer.Lamèreaunsursautpourl’attraper. Sesdoigts recroquevillésn’agrippentqueduvide.Alors,déjàau seuildela mort,ellearticuleun« adieu » inaudibleetdésespéréetselaisseavalerparles profondeursglacées.

LaBurlereprendbrutalementetfaitsifflerlesroseaux.Marionattendsurla grève, restelààfixerles vaguelettesbrillantes.Samèrenerevientpas.

Ellel’appelle,lasupplie.Lefroids’insinueenelle.Deslarmesinondentsesjouesqui, peuàpeu,se couvrentd’unepelliculedeglace.

Combiendetempsdemeure-t-ellesurcette rive ?On l'ignore. Maisses lamentations etsessanglots emportésparleventréveillentuncertainNicolas.

Nicolasest lepasseur dulac.Ilvitseul dansunecabanederoseauxbâtiesurunponton.Il n’apasplus deconversationqu’unebrème,maislesgensnes’enplaignentpas.Unetailleimposante,unechevelure noireendésordre, desmainsaussilargesque desrames,desyeuxrondsquivousfixentavecdouceurquoiquevousexigiezdelui.Ilpêche aussi dupoissonqu’ilvendledimanchesurlemarché.

Notrehommecourtversl’originedecespleurs.Illatrouvelespieds aurazdesflots.

⸺ Hé ! petite, lance-t-ilassezfortpourcouvrirlacolère du vent.

Marionsursautepuissemetàcrier.

⸺ N’aiespaspeur. C’estleNicolas.

Unebourrasquerabatsa tignasseetoffresa faceàlalumièredelaLune. Vacillantsursesjambes, épouvantée,lagamine fait minedes’enfuir. Ilajusteletempsdelaretenir.Elles’évanouit lorsqu’il fermeson manteausurelle.

Avecsessimples, laDelphinela maintientenvietroisjoursdurant.Maisl’hiverla tuedanslesbras deNicolasquil’agardéecontresa peausansparveniràlaréchauffer.Illuifaituncercueild’ajoncs et detigesdenoisetiersetval’immergerauplus profonddulac.

Lesgenssegaussentunmomentdecetenterrementpaïenpuisl’oublientcommelecurépendu,comme laMarysedonton n’a jamais retrouvélecorps.

Trenteannéess’écoulent.

LaDelphineestmortedepuislongtemps.Notrepasseurs’estunpeuvoûtéetses cheveuxont blanchi.

Lapremièreaube duprintempsincendielelac ;Nicolasselèvetôtpourprofiterduspectacle et s’avancenusurleponton.Unejeunefemmeestappuyéecontrela bite d’amarrageetleregardeen souriant.Ilretourneprécipitammentàl’intérieur.

Iln’apasletemps desevêtir.L’inconnuechantonnesonnomtandisqu’ellefranchitleseuil de lacabane. Sarobemouilléeépousetouteslescourbesdesoncorpsetd’épaischeveux noirscouvrentsa poitrine.Despommetteshautessoulignentses yeuxvertslégèrementbridés.

⸺ Jeteconnais, Nicolas, luidit-elled’unevoixcristalline

⸺ Mais…est lepremiermotqu’ilprononcedepuislongtemps.

⸺ Jem’appelleNithya. Je suis là pourtoi, murmure-t-elleeneffleurantsa jouedeses longs doigts humides.

Ellel’attireàl’extérieur,secolleàluietplonge sonregarddanslesien sans avoiràleverla tête.Le passeurperçoitdedrôlesdesensationsl’envahir,unesortedebouleversementmystérieuxqui enflammesoncœur etredressesonéchine.

⸺ Jene… parvient-ilàarticuler.Pourmoi ?Euh ! Madame,jenesaispassi…

Leriredel’ondines’élèvesoudaincommelechantd’unecascade.Ilseprendàsourireetselaisse submerger parunsentiment semblable aubonheur. Uninstantplustard, ellepose sajouecontresa poitrineetluila serredansses bras…

Leur couple naîtdansla magiedecette aurore,sans apparatnicérémonie.

Àprésent, elle l’aidedanssontravail.Quecesoitàla manœuvredubac ouaumarché.Serendau village,salue lesgens,bavardeavecdesménagères,échange quelquesproposavecles commerçants.

Bref,vousl’avezcompris :elles’efforce des’intégreràla populationsanspourautantnepas remarquercequisetrameautourd’elle.

Eneffetleurunionsuscite beaucoupdecommentaires acerbes,denombreusesinterrogationsetdes conséquencespourlemoinssurprenantes.

Toutcequiporteunpantalonrêved’elle. Descouplessedéchirent,sedéfont.Desdisputeséclatent dansles foyers.Ledimanche,aumarché,quelestl’étalleplusfréquenté ? Leleur,bienentendu. Des hommes detouslesâgesachètent dupoissonenquantité pouravoirleplaisirdecaresserdesyeuxsesformesparfaites,espérer unsourire ou unregard.

Nithyademeureindifférenteetaimable,servantles clients commeunecommerçante expérimentée.

Depuissavenue,lesdrapsdeslits conjugauxnesontpasplusfroissésque deslinceuls etleslieuxde rendez-vousdésertés.Lanuit,certainsprononcentsonnomendormant,d’autresdeviennent insomniaqueset,danslajournée,n’assumentplusleurtravail.

Unevéritableguerresouterraines’installepeuàpeucontrelajeunefemme.Onnerépondplus àses saluts. Onsedétourned’elle. Réflexionsdésobligeantes,ragots,regardsfielleuxsesuccèdent.

Lesfemmesréussissentàreconquérirleurmariouleuramantlorsqueceux-ciserendentenfin compte qu’aucund’entreeuxneparviendrajamais à laposséder.Leur désirrefoulésemueencolère, en haine.Ilsveulentluifairepayertoutesleursfrustrations…Lasituationsedégrade.

Unjour,elledoitgiflerleboucherquipalpeses fesses.Unautre,lechiend’unchasseurdéchiresa robe.

D’autresincidentssurviennent.Bannesrenversées,invectives,contestationsàlapesée,protestations contreleurs prix.Finalement,onleurinterditdevendreleurpoissonàlasuitede« nombreuses plaintesausujetdeson manquedefraîcheur ».

⸺ Comment allons-nousvivre ?  s’inquièteNicolas.

⸺ Conduis-moisurl’eau,s’il teplaît.

Ilsarriventaumilieudulac versles midi.Lajeunefemmesetourneverslui etposeles mainssursa poitrine.Nicolasluisaisit la taille etsepenchepourl’embrasser.Ellelerepoussedoucement.

⸺ Jevoulaisunenfantdetoi, murmure-t-elle.

⸺ Un…s’écrie-t-ilinterloqué.

⸺ Oui,unenfantdeceluiquiarecueilliMarionetquil’abercéecontreluipendanttroisjours.

⸺ Commentsais-tutoutcela ?

⸺ D’habitude, nousn’intervenonspaschez leshumains,maissonhistoirem’a émue.

Lepasseur demeuresans voixpuislance :

⸺ LaDelphineetmoi,nousn’avonsrienpufaire.

Ils’assoitsurunbancdenageetajouteendésignant levillage :

⸺ Ilsles ont tuées.

⸺ J’aitransgresséla Loietmesuis mêléeàeux. Iln’yariendebonentrecesmursdepierre.

Elleserapprocheensilence.Ilentoureses hanchesdeses braset plongeson visagedanslesplisdesa robepour sentirtous les parfumsdeson corps.Ellepresseson frontcontresonventre.

⸺ Jenepeuxplusrester,Nicolas. Lesmiensmeréclament.Maisavantdepartir,jeleschâtierai.

Ilveutprotester,laretenir,maisNithyapose unindexsurses lèvresce quiapoureffetdefaire fléchir sesgenouxetdel’assoupir.

Nicolasresteendormidurantunesemaine denuagesnoirsetdenuitssans étoiles. Unesemaine.

Lelundi :lebétailchargelesbergersetentredansles maisons.Leshabitantsdoiventsebattrepour leursurvie.

Lemardi :desnuéesdefrelonsetdeguêpesassaillentles passantstandisquelepeupledes caves, deségoutsetdesfossess’attaqueauxmaladesetauxvieillards.

Lemercredi :desbubons naissentsous lesaissellesetaux plisdel’ainedeshommes.Lemêmejour,lesfemmesvoientleursseins etleursexesecouvrird’abcès.

Lejeudi :lesmouchespullulentetfondentsurlesplaiespoury pondre leursœufs.

Levendredi :letocsinsonnesanscessecomme pourannoncerl’horreurabsolue…Les carcassesdubouchersedécrochentets’assemblentpourformerdescréatureshideusesanimées de soubresautsépouvantables. Ellesfontirruptiondanslesruesetpourchassentenrampanttous ceux quipassentàleurportée.

Samedi :descohortesdecorbeauxetdepiesserassasientdesmortset achèvent lesagonisants.

Dimanche : lesvillageoisencorevalidesépouvantés fuient cettedésolation. Lestuiles etleslauzesdestoits semettentalorsàglisserlesunessurlesautresetpleuvent sureux.

Lasemainesuivantedébute.Lesphénomènesdisparaissentsoudainement.Lessurvivantssont persuadésque leursprières ont éloignéles démonsquiont ravagéleurvillageettué leursproches.

Ilssetrompent.

Nithya, satisfaite,parcourtlesruesetécoute les lamentations etlessanglots,observelecuré qui,lebras enécharpe,bénitlesmourants,suit duregardles charretteschargées decadavres.

Avantderetrouverson mondeliquide,elledéposeunlongbaisersurleslèvresduseul hommequ’elle neconnaîtrajamais.

Nicolasenseréveillantentend lebruitd’unplongeon.Ilseprécipite,lasuppliederevenir.Envain.

Alors,ilprendsa barqueetvamurmurerson nomauxquatrecoinsdulac.Niellenelui répondnielle nesemontre. Lorsqu’il revientàla rive,ilattachel’embarcationetabandonnelesramesaux vagues.Soudain uneimmensefatiguel’accableetl’âgeinclinesonfrontverslesol. Puisunenuitde Luneétroiteoùl’airetleseauxsontenpaix,il quittesa couche.

Àl’endroitoùla Maryseavoulu entraînersa fille danslamort,ilsedévêtpuisnageverslemilieudulac etselaissecouler.

Depuis certains affirment entendre des gémissements entrecoupés de sanglots à la fin des grands froids lorsque la glace couvre encore les eaux. On dit alors que c'est La Maryse qui pleure sa fille et cherche en vain à quitter les abîmes. On dit aussi que ce lac et les rivières qui l'alimentent attirent malheur, empoisonnent la tête des gens et de tous ceux qui viennent s'y baigner. Tout ça serait dû à Nithya qui, en partant, aurait laissé derrière elle quelques enchantements pour stigmatiser la vallée jusqu'à l'extinction de la descendance directe des assassins de cet enfant né d'une noyée et d'un pendu.

Qu'en résulterait-il ? Des croyances païennes qui font sourire le citadin.

Ainsi, quelques cuillerées d'eau d'une mare qui communique avec le lac par un étroit goulet, recueillies aux premiers rayons du soleil et versées sur le front d'un nouveau-né sans père le libéreraient du poids du pécher de sa mère.

De même, on ne compterait plus le nombre de filles sans honneur qui viendraient s'y baigner sous une Lune noire en invoquant Nithya-la sanglante. L'effet serait, paraît-il, immédiat et nombre de fœtus seraient enfouis dans la vase.

En outre, selon quelques ouï-dire, au cours du mois de juillet, des mères viendraient y plonger leur bébé. Là, parmi les iris, les jacinthes, les feuilles de nénuphar, les joncs, les tritons et les crapauds, elles s'avanceraient, nues, leur enfant dans les bras et se laisseraient couler jusqu'au fond lorsque l'eau baignerait leurs tétons. Cette cérémonie rendrait la santé à certains nourrissons ou les prémunirait contre toutes sortes de maladies.

Quelques filles, célibataires ou épouses, toutes dans des situations embarrassantes et sachant que leur enfant adultérin aura à supporter les conséquences de leurs erreurs se résoudraient à lui administrer l'ultime sacrement. Transmis oralement de génération en génération, scellant à jamais l'alliance avec cette habitante des abîmes et constituant une protection, une cuirasse pour affronter un avenir incertain.

Cet autre rite beaucoup plus occulte connu de quelques initiées se déroulerait six nuits plus tard et à la même heure. Il montrerait quelques similitudes avec le précèdent, mais, ses particularités rebuteraient certaines en dépit des pressions de leurs proches. Bien que, avec le temps, on ait quelque peu « civilisé » ou adouci le rite pour le rendre moins cruel…

Je ne peux vous en dire plus, mais sachez qu'il y a une raison pour que la végétation de cette mare soit si luxuriante et que son eau soit parfois si noire…

Par ailleurs, les maléfices infestant les ondes de la vallée réveilleraient parfois la noirceur que certaines personnes portent dans les tréfonds de leur âme. Ne pensez pas aux loups-garous qui se métamorphosent à la pleine lune ni à Jekill et Hyde. Ces hommes ou ces femmes, ces filles ou ces garçons, ne montreraient pas de telles altérations physiques, mais demeureraient parfaitement identiques à eux-mêmes. Cette mutation, se produisant de façon aléatoire, transitoire et invisible, engendrerait des êtres singuliers, chargés de ténèbres et de vilénies.

Sûrement, des racontars, des balivernes, des bêtises, des affabulations.

Mais, vous le savez bien, les rumeurs sont les derniers pétales de la grande ciguë que le vent disperse au seuil de l'automne ; elles empoisonnent la vérité.

Cependant…