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Une société prépare un voyage dans un lointain passé, afin d'éviter un drame survenu dans l'histoire de la vie sur Terre. Ce n'est pas sans susciter une opposition violente, pour qui il est impossible de modifier ce qui a été. Au-delà de ce souhait, voyager dans le passé permet de résoudre des énigmes en côtoyant ceux qui ont vécu les événements ou qui en ont été les témoins. Nos voyageurs temporels deviennent de vrais détectives. Ils prennent également conscience des dégradations causées par l'activité humaine et s'impliquent pour que des changements s'opèrent afin de retrouver une Terre plus vivable. Tout au long de cette aventure, des êtres très étranges, mais essentiels, surveillent et protègent ces voyageurs d'un nouveau temps. Voici un roman d'aventure, avec du suspens, de l'action, de l'humour et une pincée d'érotisme.
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Seitenzahl: 256
Veröffentlichungsjahr: 2022
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A mes fils, Antoine et Julien
L’auteur du roman
Amis lecteurs,
Vous avez entre vos mains mon premier roman, qui n’est pas mon premier écrit chez le même éditeur, ayant déjà publié un recueil de poésies intitulé « Et un jour, j’ai écrit ». Souhaitant explorer un autre univers, j’ai rédigé deux courtes nouvelles, pour un concours.
Concernant l’une d’elles (« Fausse bonne nouvelle »), des commentaires regrettaient que l’on ne connaisse pas plus les héros, leur caractère, leurs hobbies. Alors je me suis dit, pourquoi ne pas en faire un roman ? J’ai commencé à décliner un plan, juste pour voir. Puis me prenant au jeu, j’ai inventé l’histoire que vous avez entre les mains, prenant des libertés avec le texte d’origine, que vous retrouverez à la fin de ce livre.
C’est une histoire d’anticipation, utilisant des éléments issus du réel. C’est également un roman d’aventure, avec ses moments de suspens, d’action mais aussi de sensualité. Sans être un texte de réflexion, il aborde certains points qui peuvent être le début d’une pensée de votre part.
Je remercie vivement mes relectrices pour l’attention portée à ce texte, pour les corrections et commentaires sur l’histoire. Merci à Patricia, Sylvie, Sandy et Marianne. Merci également à Audroné pour avoir consacré de son temps afin de réaliser les illustrations intérieures.
Amis lecteurs, n’hésitez à me laisser vos commentaires à l’adresse mail [email protected] après je l’espère avoir pris autant de plaisir à lire cette histoire que moi à l’écrire.
Entrez dans cette passionnante histoire qui va vous entrainer loin dans le passé, découvrir et affronter des animaux extraordinaires, côtoyer des personnes d’un autre temps.
Tout ne se fait pas sans opposition, parfois violente, envers ces projets.
Mais des êtres bien étranges surveillent et protègent nos héros, soucieux de maintenir l’humanité sur cette planète dans un environnement viable.
Vivez des moments d’aventure, d’action, de suspens, d’humour et d’un peu d’érotisme.
Le premier acte commence dès la page suivante.
PARTIE 1 : LES ANNEAUX DE LUMIERE
1 . Prologue
2 . Rendez-vous mystère
3 . Vous avez dit guilde ?
4 . Chasse et pêche
5 . Voyage agité
6 . Les eaux silencieuse
7 . L’assemblée
8 . Altercation
9 . Les test
10 . Faux départ
11 . Chasse à l’homme en ville
12 . En route vers les anneaux
13 . Vrai départ
PARTIE 2 : MISSION ACCOMPLIE ?
14 . Voyage temporel
15 . L’arrivée
16 . La Guilde attend (partie 1)
17 . L’évasion
18 . La Guilde attend (partie 2)
19 . La seconde capsule
20 . Esprits (partie 1)
21 . La capsule de trop
22 . Esprits (partie 2)
23 . La Guilde s’inquiète
24 . Confrontation
25 . Préparation
26 . Esprits (partie 3)
27 . La Guilde ne comprend plus
28 . Les dangers de l’amour
PARTIE 3 : LES ENSEIGNEMENTS DU PASSE
29. Qui êtes-vous ?
30 . Le plus vieux du monde
31 . Esprits (partie 4)
32 . Voyage retour
33 . Esprits (partie 5)
34 . Explications
35 . Frère et sœur
36 . Une nouvelle idée
37 . Derrière le masque
38 . Le vaisseau fantôme
39 . Vous avez dit WOW
40 . Un nouveau combat
41. Esprits (partie 6)
42 . Élections
43 . Esprits (partie 7)
44 . Le temps des actions
45 . Tels parents, tel fils
46 . De nouveaux esprits
47 . Renouveau
48 . Fronde
49 . Les grandes révoltes
50 . L’art de convaincre
51 . Vers de belles années ?
NOTES DE L’AUTEUR
FAUSSE BONNE NOUVELLE
Les anneaux de lumière - Dessin d’Audroné Miezelyté-Lopez
Un bruit sourd fait fortement trembler le sol. Est-ce un séisme ? Un astéroïde qui a percuté la Terre ?
Un grognement puissant et déchirant accompagne cette secousse. C’est celui d'un animal, tombé à terre de tout son poids, vaincu par son agresseur, soulevant autour de lui un important nuage de poussière.
La victime est pourtant un animal de plus de huit mètres de long, pesant plusieurs tonnes, au bec long et plat. Ses puissants membres postérieurs, utiles pour la course, avec sa longue queue servant de balancier, ne lui ont pour autant pas permis d’échapper à son prédateur.
L’agresseur - un carnivore de près de huit mètres de long également, haut de quatre mètres, aux puissantes pattes arrière, lui permettant de grandes accélérations à la course - a maitrisé sa proie en enfonçant dans son corps des dents ressemblant à de petits poignards, arrachant d’importants morceaux de chair à chaque fois qu’il a planté ses mâchoires dans le corps devenu inerte.
C’est un combat féroce entre deux géants, aux premières lueurs du Soleil, les couleurs rougeoyantes et orangées embellissant l’horizon.
- Je crois que nous sommes arrivés.
- Oui, pas de doute.
- Waouh, quel paysage !
- Oui, on se croirait au Paradis…
- Sauf quand tu vois ces animaux !
- Oui, gigantesques et un peu effrayants !
- Et on est là pour eux… Au travail !
- Tu as vu cette étoile ? Elle brille alors que le jour se lève.
- Tu sais bien ce que c’est.
- Ah oui ! C'est vrai !
Clara ouvre les yeux la première. Ce n'est pas une grande dormeuse, réveillée au moindre bruit. Elle voit la lumière du Soleil pointer à travers les volets, projetant de grandes raies blanches derrière elle, au-dessus du lit.
« C'est le printemps. Il doit faire beau ! » se dit-elle. Elle entend les livreurs qui déchargent leur marchandise dans les cafés et restaurants du bas de l’immeuble.
En 2119, Paris est devenue une ville de trois millions d’habitants, l’Ile de France en compte vingt millions. Ils vivent dans un quartier verdoyant, aux allures de village d'antan. C'est le luxe de ceux qui ont une situation aisée. Les moins bien nantis habitent des cités de dizaines de milliers de personnes, dans des tours gigantesques et impersonnelles.
« C'est la saison des amours » pense-t-elle en entendant les chants joyeux des oiseaux. A propos d’amour, elle se tourne et regarde l’homme allongé à ses côtés. C’est son tendre compagnon, Tony, profondément endormi.
Elle sourit. Une idée malicieuse, comme elle en a le secret, lui vient à l’esprit. Elle se tourne lentement, s'allonge doucement sur le corps de Tony. Elle pose délicatement ses lèvres sur celles de son chéri et l'embrasse amoureusement.
Tony ouvre peu à peu les yeux et répond à ce doux baiser. Ses mains commencent à glisser sur le corps de Clara. C'est une femme d’un mètre soixante-dix, avec de longues jambes, un dos cambré, des formes bien dessinées. Elle le laisse caresser sa peau douce, puis, se redressant soudainement, dit d’une voix ferme :
- Allez ! Debout ! Un rendez-vous important nous attend ! Important et mystérieux !
Clara saute vivement du lit. Tony la regarde se diriger vers la cuisine dans sa courte nuisette qui la met si bien en valeur et l’affole. Il reste pantois, avec une belle émotion naissante.
Clara s’esclaffe quand elle le voit arriver dans la cuisine. Tony, moqué, lui dit d'une voix un peu forte :
- C'est malin ! Puis va mettre quelque chose de plus long sur toi. Ça ne va pas s'arranger, autrement !
Clara se dirige vers la chambre en pouffant de rire, puis revient vêtue d’une longue robe de chambre fermée.
- C'est mieux mon chéri ?
- Oui, merci grommelle-t-il.
Ils prennent leur petit déjeuner, double café pour Tony avec brioche et confiture, thé et fruits pour Clara. Elle lui dit toujours que c’est avec ce type de petit déjeuner qu’il entretient ses rondeurs. Tony ne répond pas et déguste tranquillement ce moment matinal, si important pour son humeur.
Tony n'est pas étonné de ce qui s'est passé. Clara est toujours joueuse avec lui. Ça le fait souvent ronchonner mais il aime bien qu'elle bouscule sa vie. Cette belle brune aux cheveux longs, avec son sourire à damner un saint, l’a fait craquer à la première seconde de leur rencontre.
C'était le 10 décembre 2109, la première réunion de la Guilde des voyageurs temporels. De nombreux scientifiques, de différentes spécialités, étaient invités, Clara en tant que biologiste, spécialiste des rythmes temporels et des comportements en situation extrême, Tony comme astrophysicien. C'était une réunion d'information sur des projets qu’imaginait le Grand Conseil de cette Guilde.
Tony écoutait d'une oreille distraite car il était surtout attiré par Clara. Celle-ci l'avait bien compris et comme Tony lui plaisait également, elle avait tendu ses filets.
Au moment de demander des volontaires pour s’inscrire, Clara dit que le beau jeune homme à côté d'elle et elle-même voulaient bien en faire partie. Tony était resté bouche bée, mais l'idée de passer du temps avec cette jeune scientifique lui avait ôté toute volonté de contester.
Le Président du Grand Conseil avait souri à cette proposition, doublement en voyant la tête étonnée de Tony, comprenant que quelque chose de plus fort qu'une simple collaboration était en train de naître.
Ainsi s'est déroulée leur première rencontre. Et Clara n'avait pas fini de l'emmener malgré lui dans des aventures périlleuses.
Tout en prenant leur petit déjeuner, ils regardent les informations sur leur holophone qui présente celles-ci sous forme d’hologrammes. Celui-ci est toujours actif, se rechargeant en utilisant les ondes qui transmettent les données, mais aussi de l’énergie.
Clara est assez intriguée par le rendez-vous qui les attend. Elle reçoit un hologramme lui disant : « Un chauffeur va venir vous chercher dans deux heures. Préparez une valise, déplacement longue durée et longue distance ».
Ce message énigmatique a le niveau « secret et certifié ». Clara sait que cela vient d'une autorité scientifique. Mais pourquoi tant de mystère ?
Elle tend son holophone à Tony et l’interpelle :
- Ça te dit quelque chose ?
- Non, pas grand-chose. A moins que…
- Que quoi ?
- Que cela vienne de la Guilde.
- La Guilde des voyageurs temporels ?
- Oui.
- Ça fait dix ans que l'on est membre et il n’y a jamais eu de mission.
- Peut-être que c'est au point.
Un second hologramme apparait. « Préservez vos vies, secret absolu ». Clara le montre à Tony :
- Eh bien c’est cool ! On pourrait se faire tuer !
- La Guilde voulait le plus grand secret autour de ses études. Ça confirme mon idée.
- Bon ! Douche, habillage et valise. Allez hop !
- Ok, je te suis, s'exclame Tony très enjoué.
- Eh ! Douche en solo ! Je commence, lui rétorque Clara.
Décidément Tony n'a pas de chance ce matin. Les douches prises et habillés, ils portent leur attention sur le contenu des valises.
- On va dans un pays chaud ? Froid ? Pas facile pour choisir ses vêtements, dit Clara, perplexe.
- Prends des deux. Et c'est pour un long moment apparemment, répond Tony.
- Pourquoi tant de mystères, cela m’énerve, dit Clara excédée.
Un autre hologramme s’affiche : « n'oubliez pas vos passeports. Le mot de passe à donner au chauffeur est P9X3. Il vous répondra Z3D6 ». Tout cela devient encore plus brumeux.
- Si cela se passe à des milliers de kilomètres de Paris on va surement prendre l’avion, en déduit Clara.
- Cool ! Je n'aime pas trop l’avion, s'inquiète Tony.
- Ça ira mon chéri, je t’occuperai, ironise Clara.
- Comme ce matin, répond Tony ronchon.
- Rancunier que tu es, s’esclaffe Clara.
Tony regarde par la fenêtre les passants marcher en ces premières heures de la journée. Certains, rapidement, vont au travail. D’autres, plus tranquillement, sont ici pour visiter la belle ville de Paris. La Tour Eiffel est encore là depuis plus de deux siècles.
- Bon dieu. Où veut-on nous emmener ? s’agace Tony.
- Tu n’aimes pas l'inconnu chéri.
- Où et quoi faire ?
- C'est une grande réunion, c'est tout ce que l'on sait. Une grande assemblée.
Tony fait les cent pas. Il vérifie les valises plusieurs fois. Il regarde si tout est éteint dans l’appartement, plusieurs fois. « Il a un vrai toc » pense Clara.
Clara reçoit un hologramme : « Votre chauffeur est arrivé ».
Elle regarde dans la rue et voit une Porsche Panamera aux vitres foncées se garer en bas de l’immeuble. C'est un ancien modèle qui a perduré car très rapide et très confortable à la fois. « Quelle voiture » se dit-elle, « Ça doit rouler vite ».
Un homme en sort, mais elle le distingue mal. Il sonne à l’interphone. Clara décroche et dit P9X3, après une hésitation. Une voix grave répond par Z3D6. Clara ouvre la porte d'entrée du hall. Quelques instants plus tard le chauffeur sonne. Elle ouvre et voyant l’homme, de peur, fait un bond en arrière, et s’écrie « oh mon dieu ». Tony accourt.
Une guilde ? Qu’est-ce-ce-que cela ? Une organisation d’illuminés qui évoque des projets délirants ? Un salon où les notables viennent, autour de ripaille et débauche, présenter des idées farfelues ? Une secte ? Une organisation religieuse ?
Une organisation d’illuminés, c’est en quelque sorte la bonne définition. Illuminés car ils sont porteurs d’idées que l’on peut trouver folles. Mais elles sont basées sur des travaux sérieux.
Il en est ainsi de la Guilde des Voyageurs Temporels. Visiter, voire changer le passé, découvrir l’avenir et se rendre compte de ce qui nous attend, a toujours été une envie des humains.
Quelques personnes, fortunées, intéressées par ces questions de voyage temporel, à la recherche des travaux qui ont traité de ce thème, ont émis l’idée de constituer une entité qui va se pencher sur la faisabilité de tels projets.
Quelques réunions suffisent à déterminer le but de cette guilde. Sur la base des travaux, reconnus, de Ronald Mallet, physicien du XXème siècle, la guilde souhaite organiser des voyages dans le passé, dans le but d’éviter les événements dramatiques qui ont ponctué l’évolution de la Terre.
Scientifiques, mais aussi historiens, géologues, géographes, philosophes, sont intéressés par cette Guilde. Comme ses fondateurs sont avant tout des financiers, avides de profits et de luxe, il est demandé une cotisation, importante, afin de bénéficier des résultats des travaux, et encore plus pour proposer une mission spécifique.
La conférence de lancement a lieu le 1er janvier 2108, à New York. Une fastueuse cérémonie, à laquelle participe tous les domaines intéressés, est organisée pour les éblouir, les encourager à soutenir et à proposer des projets, mais surtout récupérer leur contribution financière.
Cette guilde, déjà par ses objectifs baptisés d’élucubrations, ne fait pas l’unanimité et des groupes d’opposition la critique. Au-delà de la faisabilité qualifiée de douteuse, ce sont les sommes qui y sont englouties qui font vivement réagir. Elles pourraient servir à contenir la pauvreté croissante dans les villes ou être investies dans les projets de dépollution.
Outre l’aspect financier, c’est le fait de modifier le passé ou de connaître à l’avance l’avenir qui suscite des questions, plutôt philosophiques, mais en même temps très concrètes dans le déroulement de l’histoire de la planète.
Il s’en suit une période de flottement, sans action précise, et il faut attendre le 1er décembre 2109 pour que son premier président, Sir John Fisher, annonce comme volonté de la guilde d’organiser des voyages dans le passé.
Une réunion est constituée le 10 décembre 2109, invitant toutes les personnes intéressées, à titre particulier ou au nom d’une organisation, à découvrir les objectifs visés et à proposer des idées de voyage.
Une diffusion mondiale, en direct, et une campagne de promotion entraine l’engouement des populations et fait taire les oppositions, enfin pas toutes…
Sur l’écran, parmi les invités, on peut reconnaître une jeune et belle biologiste, très intéressée, entrainant avec elle un jeune et charmant astrophysicien, plus réticent. Mais vous savez déjà cela…
Quelques animaux étranges planent dans le ciel. Ils paraissent énormes. Comment font-ils pour s’envoler ? Ils ont l’air de peser si lourd. La réponse va venir du haut d’une falaise. Car ces animaux étranges peuvent également marcher. Ils s’élancent de la falaise, tournoyant, planant, pour finalement atterrir sur le sol.
En voilà un tout près, qui doit avoir une envergure d’au moins dix mètres en plein vol. Et quand il est debout sur ses pattes arrière, il mesure plus de trois mètres de haut. Saisissant.
Cet animal possède un long bec pointu et tranchant et semble se délecter d’une carcasse près de laquelle il s’est posé. Des falaises, il peut repérer la nourriture, profiter des courants pour se laisser planer et atterrir au point souhaité.
Les carcasses ne sont pas sa seule nourriture. Un de ses congénères a saisi dans son long bec une petite proie vivante. Petite pour lui, mais qui doit faire quand même quarante à cinquante centimètres. Celle-ci gigote pour se libérer mais le long bec puissant fait son œuvre.
Un autre représentant de l'espèce, au bord de l’étang, plonge son long bec pour y emprisonner un poisson.
- Tu as vu la dimension de cet animal ?
- Oui, son envergure en vol est impressionnante et au sol sa hauteur donne le vertige.
- Il peut aussi décoller du sol et voler dans les cieux. Quelle puissance faut-il pour soulever une telle masse !
- Et cet astre qui brille encore plus.
- Ça ne va pas s’arranger.
- Jusqu’à ce que nous agissions.
Clara et Tony restent immobiles en voyant le chauffeur. Il faut dire qu'il y a de quoi. Il mesure au moins deux mètres et a une carrure impressionnante, « une armoire à glace » comme on disait il y a cent ans. Il a un visage massif, très carré. Le plus inquiétant est sa longue balafre sur la joue gauche. Ses yeux sont cachés derrière d’épaisses lunettes noires. Il porte un costume également noir et son chapeau de la même couleur cache un crâne complètement rasé.
- Bonjour ! hasarde d'une petite voix Clara.
- Prenez vos valises, répond le chauffeur d'une voix plutôt glaciale.
- Vous nous emmenez où ? demande Tony.
- Je ne dois pas vous le dire.
- Et si nous ne voulons pas vous suivre ? lance Clara.
- Ne m’obligez pas à utiliser la force, menace le chauffeur.
- Qui nous dit que vous êtes vraiment le chauffeur qui doit nous prendre en charge ?
- J'ai donné le mot de passe. Et puis maintenant vous n’avez plus guère le choix !
Le chauffeur écarte le pan de sa veste pour montrer l’étui en cuir dans lequel se trouve un pistolet.
- Mon prénom est Karl et je vous prie d’accélérer, nous allons être en retard.
Bon gré mal gré, Clara et Tony chargent leurs valises dans la Porsche. Ils prennent place dans de somptueux sièges en cuir de couleur crème. Karl démarre et le voyage commence dans le plus profond silence. Soudain Karl regarde dans le rétroviseur intérieur et remarque une voiture qui les suit depuis un petit moment. S’adressant aux deux passagers, il dit d’une voix calme :
- Calez-vous bien dans votre siège, je vais accélérer.
- Il y a un souci ? demande Clara.
- Une voiture nous suit depuis dix minutes.
- Vous savez qui ?
- Non, mais je n'aime pas ça.
Karl appuie sur l’accélérateur, libérant les quatre cent quarante chevaux du monstre, atteignant les cent kilomètres heure en cinq secondes. Comme il connaît Paris parfaitement, il déboule de rue en rue, prenant parfois des sens interdits.
La voiture suiveuse résiste quelque temps, mais la puissance de la Porsche et la dextérité du chauffeur ont raison d’elle.
- Voilà, on est tranquille, dit sèchement Karl.
- Vous avez pris des risques, s’exclame Tony.
- Vous aussi, en acceptant cette invitation, ironise Karl.
Arrivés à l’aéroport, Karl demande si l’avion est prêt à décoller. Une minute plus tard on lui indique qu'il l’attend sur la piste 5.
La voiture garée, ils se dirigent tous les trois vers l'accueil où une voiturette électrique les attend. Ils s’approchent d’un supersonique qui vole à Mach 3, soit plus de trois mille kilomètres heure. Il est effilé, avec un long nez pointu. A l’arrière il a deux réacteurs, quatre ailes aussi, deux à l’horizontale, deux inclinées à quarante-cinq degrés. « Un très bel avion » pense Tony.
Karl monte le premier, rejoint le poste de pilotage et revient cinq minutes plus tard. Il fait signe à Clara et Tony de monter. Ils prennent place dans un espace luxueux où ils sont les seuls passagers avec Karl, enfin presque…
Karl remarque un homme assez âgé, dissimulé derrière des lunettes noires, un chapeau et une barbe épaisse. Il demande au pilote qui est ce personnage. Ce dernier lui répond que c’est un scientifique qui n’avait pas de moyen de locomotion pour se rendre à l’assemblée.
Tony est intrigué par cette personne et pense même avoir déjà vu ce visage.
L'avion commence à rouler sur la piste et tout le monde oublie peu à peu cet individu. Tony est plutôt angoissé. Il y a sa phobie de l’avion, ce chauffeur pas très engageant, et en plus ces personnes qui en auraient après eux.
L’avion accélère, les réacteurs vrombissent et Tony voit le sol s'éloigner peu à peu. Il s'accroche à son siège. Clara le regarde et sourit.
- Ça va aller chéri, dit-elle un peu moqueuse.
- Je l’espère, dit Tony angoissé.
- De toute façon c'est trop tard pour faire demi-tour, ironise Clara.
- Très drôle, grommelle Tony.
Une hôtesse, pleine de charme, vient proposer du champagne et des petits fours. Tony ne la quitte pas des yeux pendant son service. C'est une jeune blonde élancée dans son costume avec de jolis yeux bleus et un sourire qui irradie son visage.
- Je vois que tu as trouvé le moyen de te détendre chéri, dit Clara.
- Pfft ça suffit, grogne Tony.
- Bon. Dévore-la des yeux. Au moins pendant ce temps tu angoisseras moins, mais je préférerais que ce soit moi que tu dévores… chéri… et pas que des yeux, commente Clara, câline.
Tony reste insensible à cette invitation et se demande où ils se dirigent. Tout ce mystère le préoccupe.
- Le voyage va durer deux heures trente, dit Karl. Une fois arrivés nous aurons encore de la route à faire pour rejoindre le lieu de l’assemblée.
- Quelle assemblée ? questionne Clara.
- Vous le saurez en temps et en heure.
- Mais sûrement loin, tente Clara.
- De l'autre côté de l’Atlantique, c'est tout ce que je peux dire, confirme Karl.
- Pour quelle raison nous inviter ? demande Tony.
- Vous posez trop de questions, répond froidement Karl.
Tony voudrait bien connaître la destination. Il va tenter de prêcher le faux pour savoir le vrai.
- Ah ! les États-Unis, j’aime beaucoup. Les grandes villes, les grands espaces, déclame Tony.
- Ce n'est pas là que nous allons. D'ailleurs nous approchons, répond Karl.
La voix douce de l'hôtesse annonce l'atterrissage imminent sur l'aéroport de Mérida.
Mérida ? Tony consulte aussitôt son holophone. Nous arrivons au Mexique, état du Yucatan, célèbre pour ses plages dans le golfe du Mexique mais aussi pour ses sites Mayas.
Que vient-on faire au Mexique ? Pourquoi le Yucatan ? Y-a-t-on fait des découvertes étonnantes ? Qui ferait venir une biologiste et un astrophysicien ?
Préoccupé par ces questions, Tony ne se rend pas compte que l'avion entame son atterrissage. Il n’entend même pas l'hôtesse leur dire qu’ils peuvent descendre. Clara le tire de ses pensées.
Ils sortent de l’aéroport. Un 4x4 les attend. Clara et Tony montent. Karl prend le volant. Le mystérieux passager s’engouffre dans un taxi et les suit.
- Encore un long voyage ? Interroge Tony.
- Non. Une demi-heure de route, informe Karl.
- Vers quel endroit ? demande Clara.
- Chicxulub Puerto.
Karl remarque le taxi qui les suit mais le 4x4 n’est pas tout jeune et il n’a pas la puissance de la Porsche. Alors il se dirige vers le lieu de rendez-vous, avec le taxi derrière lui.
Diantre ! Pourquoi cet endroit ? Tony interroge à nouveau son holophone. C'est une ville côtière du Mexique, au nord de l'état de Yucatan. Son nom en Maya signifie « la queue du diable ». Elle compte quatre mille habitants. « Rien de bien extraordinaire » pense Tony. Sauf que cette ville est célèbre pour… Oh mon dieu ! Ce serait donc ça ? Mais qu’allons-nous faire dans cette histoire ?
- Nous sommes nombreux à être invités ? demande Tony.
- Environ une centaine de personnes.
- Scientifiques ?
- Oui, mais aussi historiens, philosophes, journalistes.
- Eh bien ! Et pour quoi ?
- Nous arrivons, vous allez le savoir.
Tony regarde autour de lui en sortant du 4x4. « Dire qu'il y a des dizaines de millions d’année ici… » songea Tony.
Dans les eaux chaudes de la mer, des poissons nagent : paisiblement ? Pas forcément. Les prédateurs, autres poissons ou reptiles marins, sont de plus en plus nombreux, mettant leur survie en péril.
Comme celui-ci, aux nageoires rayonnées, pourvu d'une mâchoire, couvert d’écailles, qui aspire ses pauvres victimes en créant une dépression dans sa bouche. Mais Il n'est pas le seul à chasser.
Arrive ce grand poisson, long de ses 8 mètres, aux ailerons verticaux sur le dos, sa mâchoire aux dents acérées qui se nourrit de mollusques ou de petites tortues.
Que dire de cet animal marin long de cinq mètres, au long cou vertébré. Ce qui est le plus étonnant, ce sont ses quatre nageoires antérieures et postérieures, servant pour à le propulser rapidement. Sa puissante mâchoire réussit à percer la coquille de ses proies préférées.
Tous ces animaux se partagent cet habitat avec plus ou moins de convivialité, la vie étant une dure lutte pour la survie.
- Que ça fait du bien ce bain dans ces eaux chaudes !
- Oui. Et toute cette faune marine qui nous entoure.
- C'est vraiment paradisiaque.
- C'est un monde étrange dans lequel nous évoluons.
- C'est une expérience inouïe.
- Notre cible est de plus en plus grosse et lumineuse !
- Elle n'attend que nous.
- Tu as confiance ?
- Bien sûr !
- Replongeons encore !
Soudain se produit un spectacle saisissant.
Plusieurs poissons s'élèvent dans les airs. Ils n’ont pas un corps très grand, en comparaison de leurs nageoires qui sont très développées. Ils se déplacent à plusieurs.
- Regarde ces animaux.
- Oui, ils bondissent dans les airs et replongent.
- Ils doivent nager vite pour pouvoir faire ce bond !
- Regarde, il y en a plusieurs qui se croisent, c'est très beau.
- C'est incroyable !
- Oui, puis ce point brillant dans le ciel.
- Ce n'est plus un point brillant. On voit une surface, tellement il est proche.
- Un dernier plongeon pour oublier notre angoisse.
Et là le spectacle le plus incroyable se réalise. Ils aperçoivent un animal énorme, de plus de quinze mètres de long, pense Tony, sûrement d'un poids considérable, nageant dans les eaux de cette mer. Doté d'un long museau et d'une longue queue il s'attaque à de gros poissons.
- C'est au-dessus de tout ce que l'on pouvait imaginer.
- J'en ai le souffle coupé !
- Et tout ça ….
- Chut. Il faut espérer…
Clara et Tony s’approchent d’un immense bâtiment fait de structures métalliques et de grands pans de verre teinté. Devant, sont garées des dizaines de voitures. « Effectivement nous sommes nombreux » pense Tony.
Des photographes et des journalistes sont là aussi pour rendre compte de l’événement. Certains se dirigent vers Clara et Tony mais Karl leur tendant un badge pour entrer, écarte du bras les paparazzis de façon ferme.
Le passe, accroché à leur vêtement, leur permet de franchir l’entrée constituée de rayons lumineux qui dégagent un courant électrique si on essaye de les franchir sans autorisation.
A leur passage les rayons lumineux disparaissent. Ils arrivent dans un grand hall clair, avec un plafond à une dizaine de mètres de hauteur, dans une impression de fraîcheur agréable. Il faut dire qu'à l'extérieur il fait près de trente-cinq degrés.
Parmi les nombreux invités en pleines discussions, Tony reconnaît John Wilson, éminent historien spécialiste de la période préhistorique, Emmanuel Desforge grand biologiste spécialiste de l’identification de fossiles, Ernest Dickson psychologue des comportements, Étienne Bergson historien spécialisé dans les plus anciennes périodes de la préhistoire ; tous brillants dans leur spécialité. Il y a d'autres invités qu’il ne connait pas. Tous dégustent des petits fours et un vin issu des dernières recherches viticoles.
Tony est bousculé par un homme qu’il croit reconnaître comme étant le passager mystérieux de l’avion. Il le voit se diriger vers l’amphithéâtre.
- Vous pourriez peut-être vous excuser ! crie Tony.
L’homme, pressé, le regarde froidement, mais s’excuse tout de même.
Tony le dévisage attentivement. Oui c’est bien le passager de leur vol. Pourquoi est-il ici ? C’est lui qui les suivait à Paris ? Comment a-t-il fait pour arriver à temps pour le vol ? Les a-t-il suivis de l’aéroport jusqu’à ce lieu ? Et son visage n’est pas inconnu.
- Tu as l’air préoccupé chéri ?
- L’homme qui était dans l’avion est là !
- Tu le connais ?
- Je pense que oui. Si c’est celui auquel je pense c’est un contestataire virulent.
- Tu crois qu’il vient saborder la réunion ?
- Sa présence n’est pas innocente. Maintenant je ne sais pas pourquoi on est invités.
- Et lui le saurait ?
- Je pense que oui. Sinon pourquoi tant d’obstination ?
Tony repart dans ses pensées, plutôt étonné que ces spécialistes œuvrent autour d’une période passée, lointaine même. Il se dit « c’est sûrement en rapport avec ce que j’ai lu sur le lieu de cette assemblée. Mais que veulent-ils ? ».
Tony et Clara s'approchent de John Wilson. C'est un grand homme, la belle cinquantaine, au moins un mètre quatre-vingt-dix, musclé, au regard bienveillant, et lui demandent :
- Vous savez pourquoi nous sommes invités, professeur ? demande Tony
- Pas du tout. Un vrai mystère, répond Wilson d'une voix posée.
- Enfin, pour faire venir des sommités comme vous cela doit être important.
- Merci dit-il en esquissant un sourire, mais nous sommes tous des personnes importantes chacun dans notre domaine. Vous êtes un astrophysicien reconnu et votre épouse, en plus d'être charmante, est une biologiste réputée, notamment pour ses études concernant les conséquences sur l’organisme de vivre des expériences extrêmes. Il y aussi des historiens, des psychologues, des philosophes.
- Merci pour le compliment. Mais vous-même ne manquez pas de charme, dit Clara, arborant son plus beau sourire.
- Oui, mais tous sont en rapport avec une période reculée de l'histoire ou avec des connaissances sur le comportement humain, continue Tony, notant la remarque de sa compagne et son allure enjôleuse.
Etienne Bergson, petit homme trapu aux lunettes d'un autre temps, se joint à la conversation :
- Il est évident que cela a un rapport avec une période très ancienne de notre histoire, affirme-t-il.
- Oui et le lieu choisi n'est pas dû au hasard, répond Wilson.
- C'est ce que j'ai déjà compris, affirme Tony.
- Et cela doit être un sujet d'importance sur le comportement humain compte tenu de tous les biologistes et psychologues présents, dit Bergson.
Ernest Dickson, grand homme chauve, au regard pénétrant, s’approche à son tour :
- C'est un vrai mystère et je ne sais pas ce que je vais apporter, dit-il.
- Peut-être étudier la personnalité d'éventuels candidats à une mission ? suggère Tony.
- Ma spécialité, comme celle de Madame dit-il en regardant Clara, concerne les situations extrêmes.
- Ça ne rassure pas, répond Tony.
- Ah je crois que nous allons bientôt être renseignés, regardez ! dit Wilson en montrant un groupe de personnes.