Les aventures de Koura - Gabriel Debailly - E-Book

Les aventures de Koura E-Book

Gabriel Debailly

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Beschreibung

Koura, une corneille, mène une existence paisible dans la cour d’un collège aux côtés de sa compagne Rupi. Cependant, leur tranquillité est perturbée lorsqu’ils découvrent la mystérieuse disparition de leur ami Kraaï, ainsi qu’un énigmatique reflet bleu qui agite le quartier. Malgré les avertissements, Koura décide de se lancer dans une aventure audacieuse à la recherche de Kraaï. Ce périple mettra à l’épreuve son caractère intrépide et ses compétences de voltigeur, promettant une histoire captivante et pleine de rebondissements.


À PROPOS DE L’AUTEUR


La plus grande passion de Gabriel Debailly est de raconter des histoires à travers différents genres. Après avoir écrit plusieurs scénarios, nouvelles et critiques de cinéma, il fait ses débuts dans la littérature jeunesse avec son roman intitulé Les aventures de Koura le mystère du reflet bleu. Il offre ainsi une plongée insolite dans le quotidien des oiseaux de la capitale.

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Gabriel Debailly

Les aventures de Koura

le mystère du reflet bleu

Roman

© Lys Bleu Éditions – Gabriel Debailly

ISBN : 979-10-422-0302-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

La sonnerie du collège Lojup retentit entre les immeubles voisins et le silence de la cour est brusquement interrompu par un flot d’adolescents ravis de pouvoir se défouler. Pendant quinze minutes, leur énergie grésillante s’invite dans les appartements aux fenêtres ouvertes puis une autre sonnerie met fin à la récréation et le silence revient, pour être troublé à nouveau quelques heures plus tard. Ce manège se répète jusqu’à dix-huit heures, ultime sonnerie qui redonne à la cour et à ses quelques arbres ses airs de havre de verdure.

C’est là, dans le feuillage d’un platane, au rythme des sonneries, des cris et des ballons qui viennent heurter les branches, qu’un couple de corneilles s’est installé. Ils ont repris le nid laissé libre par ses anciens occupants qui eux-mêmes l’avaient trouvé libre en s’installant dans la cour. Voilà un peu plus d’un an que Koura le mâle et Rupi la femelle y coulent des jours paisibles et heureux.

C’était un bon choix pour un premier nid. En tant que jeune couple, ils voulaient un endroit calme, à l’abri de la rue, facile à surveiller et proche de zones de ravitaillements. Pour ça, ils sont bien situés, les collégiens sont une source quotidienne de nourriture. Entre les snacks, le pain de la cantine et les goûters, ils ont l’embarras du choix. Et si jamais ce qu’ils trouvent dans la cour n’est pas suffisant, ils peuvent compter sur les ressources d’un parc à quelques encablures de leur nid. La rue où la nourriture abonde pour tous les oiseaux n’est pas le terrain de chasse préféré des corneilles, contrairement aux pigeons qui ont su se familiariser avec ses dangers et qui osent emprunter le trottoir à l’égal des humains. Si vu du ciel ils paraissent petits, lents et inoffensifs, c’est une autre histoire une fois au sol où il faut constamment surveiller ses arrières, éviter un coup de pied ou un projectile.

Certaines corneilles plus audacieuses que d’autres osent se poser sur le trottoir mais ce n’est pas le cas de Koura qui, pour éviter les tracasseries du quotidien, préfère patienter. Depuis un point haut, il scrute les environs, à l’affût de la moindre nourriture à chaparder, et, quand l’occasion se présente, là seulement, il ose se rapprocher du monde des humains. Le temps de coincer correctement sa prise dans son bec ou dans ses serres et le voilà déjà reparti. Le butin est ensuite caché dans l’une de ses nombreuses cachettes et est gardé pour plus tard, soit il est aussitôt partagé avec Rupi dans le confort du nid.

Ils aiment prendre tous leurs repas ensemble, même les plus insignifiants, parce que c’est une occasion supplémentaire de passer un bon moment et d’échanger sur les nombreux ragots du quartier. Les corneilles ne sont pas des oiseaux bavards par nature mais Rupi a un faible pour les petites histoires et Koura aime l’écouter tirer des conclusions de tel ou tel événement ou de ce que untel a dit à untel.

Leurs journées passent ainsi, faites de petits gueuletons, de petites discussions, d’allées et venues entre le nid et leurs diverses cachettes à nourriture et, le plus important, de soins apportés à leur plumage. Les corneilles sont coquettes.

Ce matin, alors que la sonnerie du collège n’a pas retenti, laissant au couple le plaisir de dormir plus longtemps, Koura s’est réveillé tôt. Perché au bord du nid, il prend plaisir à regarder les premiers oiseaux voler. Le ciel est sans limites pour eux, les obstacles comme ceux que rencontrent les humains n’existent pas ici, chacun est libre d’aller où il veut, de prendre la direction qu’il désire sans que rien ni personne ne vienne contrarier son chemin.

Le soleil passe enfin au-dessus des immeubles, ses rayons se reflètent dans les fenêtres et le petit coin de paradis brille de mille feux. Koura ouvre alors ses ailes et accueille la douce chaleur du matin jusqu’au plus profond de son plumage, toujours absorbé par l’espace de liberté qui s’étend infini au-dessus de lui.

Un bruit métallique résonne entre les immeubles et interrompt sa rêverie. Koura tend l’oreille, le bruit se répète, c’est un signal. Signal qui provient d’un petit immeuble qui jouxte le collège, il est le résultat du choc entre une noix et une rambarde en fer. Koura s’élance hors du nid et rejoint en deux battements d’ailes une petite cheminée en terre cuite sur laquelle il se pose. De là, il peut observer l’appartement d’où provient le signal. Derrière les fenêtres se cache un humain qui, depuis qu’il a emménagé là, dépose tous les jours des noix.

Koura a appris à se méfier des humains, ses parents lui ont inculqué la méfiance à leur égard, et un nombre incalculable d’histoires circulent à propos d’eux dans le monde des oiseaux, mais celui-ci est inoffensif. Les premières semaines ont pourtant été hasardeuses, l’humain se tenait trop près de la fenêtre après avoir déposé les noix et Koura n’osait pas s’approcher de peur d’être attaqué ou pire, d’être capturé. Il préférait laisser les noix et revenir plus tard, au risque qu’un autre oiseau plus téméraire s’en empare. Tout au long de la journée, Koura effectuait des vols de reconnaissance devant les fenêtres de l’appartement et si l’humain était sorti, alors il se posait sur la rambarde et empochait le précieux butin. Le cache-cache a duré un mois puis Koura a fini par comprendre que ce bipède ne lui voulait aucun mal, qu’il déposait de la nourriture pour quiconque voulait la prendre. Aujourd’hui, ils communiquent et se comprennent, l’humain tape sur la rambarde et Koura rapplique aussitôt. Et quand parfois le bipède n’est pas à l’heure ou s’il a oublié de déposer une noix, Koura ne se prive pas de le lui signaler en croassant devant sa fenêtre.

Ce matin donc, posté sur sa cheminée, Koura regarde l’intérieur de l’appartement. Il peut y voir l’humain en train de vaquer à ses occupations, c’est le bon moment pour récupérer la noix. Koura atteint la rambarde avec aisance, il assure sa prise dans son bec, jette un coup d’œil vers l’humain pour découvrir que celui-ci le regarde avec plaisir, et le voilà reparti en direction du collège.

Koura fait des cercles au-dessus de l’arbre pour attirer l’attention de Rupi et l’inviter à partager la noix mais elle ne le rejoint pas, peut-être dort-elle encore. Koura pique à travers le feuillage du platane et se pose au bord du nid. À l’intérieur, il découvre Rupi en train de réconforter Uwak qui pleure sans pouvoir s’arrêter.

— Que se passe-t-il, interroge Koura tout étonné en déposant sa noix sur le sol duveteux.

Uwak est une corneille aussi, elle habite un arbre voisin avec son compagnon Kraaï. Ils se sont installés dans le quartier un peu avant Koura et Rupi. Très rapidement, ils sont devenus amis et depuis, il ne se passe pas un jour sans que l’un ou l’autre n’aille partager quelques minutes, ou quelques heures, dans le nid du voisin.

Que Uwak soit chez eux à discuter avec Rupi n’a rien d’étonnant, ce qui l’est plus, c’est son attitude. En pleurs, elle ne fait qu’agiter ses ailes noires et tourner sur elle-même en tenant des propos incohérents. Koura jette un œil à sa compagne pour comprendre la situation mais Rupi lui fait savoir qu’elle est aussi perdue que lui.

D’un coup de bec expert, Koura ouvre la noix en deux et en fait glisser une moitié devant Uwak. L’odeur de la noix fraîche attire son attention et dans la seconde qui suit les cerneaux disparaissent dans son gosier.

— Merci, répond Uwak, la voix encore secouée par l’émotion. Je dois vous paraître folle à débarquer comme ça et à m’agiter dans tous les sens mais je… elle s’interrompt, submergée par l’émotion.

Rupi s’approche et l’entoure d’une aile réconfortante.

— Ne dis pas de bêtise, tu es toujours la bienvenue. Maintenant, prends une grande inspiration pour te calmer et dis-moi ce qui se passe.

Uwak avale une grande bouffée d’air qui fait gonfler son plumage et elle reste ainsi, le temps de réunir ce qu’elle a à dire pour former une histoire cohérente et claire, le temps aussi de réprimer ses larmes face à ses pensées douloureuses.

— Kraaï a disparu depuis deux jours. Comme tous les matins, il est parti en direction de la pizzeria. Vous savez comme il raffole de ces petits morceaux de pâte cuite. Ce jour-là n’a pas fait exception et il est parti pour ne jamais revenir.

Uwak s’arrête, la voix étranglée par un sanglot, avec dans la tête la dernière image de Kraaï s’envolant hors du nid.

À cette révélation, Rupi est parcourue d’un frisson et des larmes de compassion lui montent aux yeux. Il faut dire qu’il n’est pas courant dans le monde des corneilles qu’un couple soit séparé. Le choix du partenaire se fait avec le plus grand soin, aucune espèce ne sait comment se forment leurs couples ni comment se déroule la parade amoureuse, et personne ne connaît le secret de leur longévité, l’union entre deux corneilles dure jusqu’à ce que la mort les sépare. Voilà ce qui est passé par l’esprit de Rupi et la raison de son émotion.

— Il s’est passé quelque chose ? Vous vous êtes disputés, demande Koura.

— Non, absolument pas, au contraire, nous sommes parfaitement heureux. Nous attendons nos premiers œufs, répond Uwak tout en posant une aile protectrice sur son ventre.

— C’est merveilleux, s’écrie Rupi qui se calme aussitôt en voyant les gros yeux de Koura, ce n’est peut-être pas le moment de se réjouir.

— Comment a-t-il pris la nouvelle, demande Koura.

— Il a sauté de joie. Il était aussi heureux que moi. Il n’est pas parti à cause de ça Koura. Il lui est arrivé quelque chose.

— Pourquoi tu n’as rien dit, à nous ou au Patriarche, l’interroge Rupi.

— Kraaï est quelqu’un de fier, il ne demanderait de l’aide à personne. J’ai voulu faire comme lui et attendre son retour mais je regrette. J’ai peur pour lui. J’ai peur pour mes œufs. Je t’en prie Koura, aide-moi à le retrouver.

La tristesse de Uwak touche Koura en plein cœur, lui qui n’a jamais dit à Rupi combien il tenait à elle, ni ce qu’il serait prêt à faire pour elle, ni l’état dans lequel il serait si leur union venait à être brisée. Submergé par un flot d’émotions, il se rapproche subrepticement de Rupi, de sorte que quelques-unes de leurs plumes se touchent.

— Je te le promets Uwak, je vais faire tout mon possible pour le retrouver, dit Koura.

À ces mots, Uwak saute au cou de Koura, toute soulagée à l’idée qu’il lui reste un espoir de revoir Kraaï.

Soucieuse de l’état de santé de son amie, Rupi décide de la raccompagner jusqu’à son nid. Koura les regarde s’éloigner tout en pensant au récit qui vient de lui être fait. Il est vrai que l’arrivée des œufs, surtout lorsqu’il s’agit de ses premiers, peut être un moment angoissant pour le mâle corneille qui doit redoubler d’efforts afin de nourrir sa compagne qui ne chasse plus jusqu’à l’éclosion des œufs, et qui doit ensuite subvenir aux besoins des petits qui viennent de naître. La période de gestation est une période épuisante pour tous les mâles, mais leur dévotion est telle qu’aucun ne rechigne à la tâche ! Si Kraaï n’est pas rentré, c’est qu’il lui est arrivé quelque chose, mais quoi ? Koura ne sait pas encore, il n’a qu’un indice, un bien maigre indice, mais un indice tout de même, la pizzeria. Sans attendre le retour de Rupi, il s’approche du bord du nid et s’élance dans le vide.