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PJ Stahl s'est inspiré d'un conte médiéval : comme une paysanne stérile se lamentait : "Un enfant ferait mon bonheur, disait-elle, même s'il n'était pas plus grand que mon pouce", une fée lui permit d'en avoir un de cette taille. Evidemment être si petit expose à bien des dangers, mais cela présente aussi des avantages ! Sa taille minuscule permet à Tom Pouce des aventures extraordinaires qui font chacune l'objet d'un chapitre.
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Seitenzahl: 49
Veröffentlichungsjahr: 2019
Chers enfants,
Je vous ai dédié, à Paris, les trois premières éditions de ce petit livre, écrit pour vous dans des temps meilleurs. Je vous dirai, plus tard, pourquoi je vous adresse celle-ci, la quatrième, de Bruxelles et non plus de Paris.
Agréez-en l’hommage, mes chers petits, comme la marque de mon souvenir fidèle et opiniâtre. La vue de ce petit volume vous fera bien comprendre, un jour, que si votre père, chers enfants bien-aimés, a été longtemps et cruellement séparé de vous, cette séparation n’a pas été volontaire.
P.J.Stahl.
Bruxelles, 25 mars 1852.
Jules faisait un bruit d’enfer. Il voulait absolument faire d’Octave son cheval ; Octave s’y refusait : « J’aime mieux jouer à la diligence, s’écriait-il, et que tu sois le cheval. »
Grande bataille.
La petite Marie, assise dans un fauteuil, lisait, à rebours, un volume des contes des fées, et bavardait avec le petit Chaperon rouge. Marguerite, son amie, offrait un bonbon à sa poupée. Valentine jouait toute seule, mais tout haut, à la madame. Anna sautait et chantait. Le petit Jean-Paul soufflait dans une trompette…
« Taisez-vous, taisez-vous ! s’écria leur grand-maman, poussée à bout, ou je sonne votre bonne, et dans un quart d’heure vous serez tous au lit… »
Grand silence.
Jules s’essuie le front. Octave respire. Marie se contente de parler par signes. La poupée ayant refusé le bonbon, Marguerite le mange. Valentine réfléchit. Anna se couche sur le tapis. Le petit Jean-Paul s’arrête tout court. Et Octave, s’approchant alors de sa grand-maman : « Grand-maman, dit-il, si tu veux nous raconter une belle histoire, je suis sûr que nous serons tous bien sages. »
– Oui, oui, s’écria toute la bande, bien sages !
– Je le veux bien, » dit la bonne mère avec résignation. Et voici ce qu’elle leur raconta, non sans l’avoir fait précéder toutefois de l’indispensable préambule qu’on met en tête de tous les contes :
« Mes enfants, c’est encore, à l’heure qu’il est, une grande, question de savoir s’il y avait véritablement autrefois des fées, des enchanteurs et des génies. Il paraît à peu près certain qu’il n’y en avait pas, et que toutes les belles choses qu’on en a dites ont été inventées pour amuser des enfants comme vous. Mais ce qui ne fait pas de doute, malheureusement, c’est qu’aujourd’hui il n’y en a plus. Aussi la mode des fées a-t-elle un peu passé, et au lieu de ces jolis contes qu’on vous contait si bien, ne vous fait-on plus guère que de vilaines histoires qu’on vous conte assez mal et qui vous ennuient très fort.
« Pour moi, qui suis presque aussi vieille et aussi passée que les fées, j’aime les fées et leurs histoires merveilleuses. Je les trouve parfaites pour les petits enfants comme vous et plus faciles à comprendre, et plus utiles à entendre, n’en déplaise à quelques jeunes dames (pour lesquelles Perrault, mesdames d’Aulnoy, Leprince de Beaumont et autres ont eu tort d’exister probablement), que toutes les dangereuses vérités qu’on vous débite. Vous êtes si petits, que je n’entreprendrai point de vous parler comme si vous étiez grands. Mon lot est de vous amuser en exerçant votre imagination au profit de votre cœur. Il sera toujours bien assez temps de s’adresser à votre raison quand vous serez en âge d’en avoir.
« Il ne faut pas demander des fruits à un jeune arbre, mais bien des fleurs seulement. Je suis trop vieille pour tomber dans une erreur comme celle-là. Aussi est-ce tout bonnement un conte des fées, – les nouvelles et seules véritables aventures de Tom Pouce, – que je vais vous raconter.
« L’histoire de ce héros nous est venue jadis d’Angleterre, mais tellement défigurée et si injurieuse pour lui, et d’un si fâcheux exemple, que j’ai cru devoir la refaire à peu près tout entière pour votre usage, mes chers enfants, et sur les documents les plus authentiques.
« Vous n’apprendrez pas dans ce petit livre, j’en ai bien peur, tout ce que vous aurez à savoir un jour ; mais vous y rencontrerez, à l’occasion, quelques-unes de ces leçons dont, entre nous soit dit, vous avez bien besoin quelquefois, mes chers petits. »