Les chemins d’Alana - Mido - E-Book

Les chemins d’Alana E-Book

Mido

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Beschreibung

Une jeune fille souhaite retrouver la trace de son père, disparu en mer.

Alana n’est qu’un bébé lorsque son papa disparaît en mer. Sa grand-mère pourrait lui parler de ce père qu’elle n’a pas connu, mais elle s’enferme dans un mur de silence. Mamie Rose est méchante, à l’image de ce Bugul-Noz, créature des légendes bretonnes, dont l’ombre s’étend sur les pas d’Alana. Ne pas se retourner et prendre le bon chemin. Est-ce bien celui-ci qu’Alana s’est choisi ? Une belle intrigue qui nous emporte, à la tombée de la nuit, là où résonne le chant lugubre de l’engoulevent.

Alana choisira-t-elle le bon chemin ? Plongez-vous sans tarder dans ce roman jeunesse empli de découvertes, d'aventures et de légendes !

EXTRAIT

La jeune femme se lève et commence à s’affairer à l’évier. Elle se retourne sentant de nouveau la présence de sa fille derrière elle :
— Alana… Lobo connaît déjà la maison. Ton père le prenait de temps en temps quand il était tout chiot.
Toutes deux se font face à présent :
— Ha bon ? Tu ne m’en n’as jamais parlé ! Il a quel âge alors ?
— Une douzaine d’années… Ton papa l’a offert à ta grand-mère, quelque temps après le décès de ton grand-père.
— Je ne savais pas… pourtant, Mamie Rose n’a pas l’air de l’aimer autant que ça, ce chien !
La mère a l’air triste tout à coup :
— Ce n’est pas si facile, Alana, de recommencer à vivre quand on se retrouve seul. Moi, je t’avais, et tu as été ma force.
— Mais tu le crois, toi, que Papa est vivant ?
— Qui te fait croire ça ?
— Bé, c’est Mamie.
Le silence s’installe, douloureux.
La jeune femme s’approche d’Alana et lui saisit les deux mains d’un geste de tendresse :
— J’ai espéré tant de fois entendre ses pas dans l’escalier, j’ai fini par accepter son absence… pour toi ma puce, pour nous deux. Il serait vivant, il ne serait pas quelque part… il serait ici, avec nous.
— Mais Mamie, elle l’attend toujours. Il faut que je lui ramène Lobo, non ?
— Elle viendra le chercher.
— J’n’aurais peut-être pas dû le prendre.

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Mido

Les chemins d’Alana

Roman Jeunesse

ISBN : 978-2-37873-741-2

Collection Saute-mouton

ISSN : 2610-4024

Dépôt légal : juillet 2019

©Couverture Annabel Peyrard pour Ex Æquo

© 2019 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays

Toute modification interdite

Éditions Ex Æquo

Chapitre 1

Il était une fois, dans les landes de bruyère du pays vannetais, une créature si effrayante, qu’il valait mieux passer son chemin plutôt que d’avoir à croiser son ombre. Elle naissait à la tombée de la nuit et venait, en rampant sur les chemins creux, surprendre l’enfant qui tardait à rentrer chez lui. Cet esprit de la nuit pouvait prendre, selon les dires de chacun, différentes formes, tantôt berger, crieur ou loup-garou… On l’appelait le Bugul-Noz, ou l’enfant de la nuit.

***

— Tiens, ma puce, et surtout, ne traîne pas dans la lande de Kercadio.

La jeune femme brune vérifie, une nouvelle fois, le contenu du sac en tissu. Confiture, brioche, tout est là.  Elle le tend à sa fille et ajoute sur un ton enjoué :

— Et attention au méchant Bugul-Noz !

Alana, assise sur la première marche de l’escalier, lève la tête, pensive.  Puis elle se concentre de nouveau sur le laçage de ses baskets. Elle se met brusquement debout et affiche un grand sourire. 

— Haha ! Je ne risque rien, tu as vu comme je suis grande ! Plus moyen de rentrer dans son grand chapeau rond… rond et petit patapon ! …

Elle se tait. Une ombre passe dans ses yeux clairs. Et dans un souffle, à peine audible, elle murmure… presque pour elle-même :

— De toute façon, je ne reste jamais longtemps chez Mamie Rose !

Alana, dont la douceur du visage rappelle celui de sa mère, s’en va vérifier son image dans la petite glace de l’entrée. D’un geste rapide, elle soulève sa frange brune, s’observe en fronçant les sourcils puis elle lance en tournant la tête :

— Tu m’emmèneras chez le coiffeur ?

— Si tu veux… mais tu es déjà toute jolie.

Elle fait la moue puis retrouve le sourire en attrapant son blouson.  Trois pas de danse et la voici tout près de sa mère qui l’arrête pour lui arranger l’écharpe qu’elle porte autour du cou :

— Herk ! Tu vas m’étrangler ! 

Alana fait mine de s’étouffer tandis que la jeune femme en profite pour l’embrasser sur la joue.

— À tout à l’heure, Mam ! Je file à la rencontre de l’horrible créature !

***

C’est Rose, la grand-mère paternelle d’Alana, qui, la première, lui a parlé du Bugul-Noz : un être malfaisant tout droit sorti des légendes bretonnes. Il revêt tantôt l’aspect d’un loup, tantôt celui d’un pâtre. On prétend qu’il emporte dans son grand chapeau rond, les enfants qui traînent la nuit dans la campagne bretonne. Pour s’en protéger, une seule façon, se munir d’une branche d’aubépine. Même si tout ceci lui semble complètement farfelu, d’ailleurs avec sa mère elles en rient toutes les deux, Alana s’arrange toujours pour rentrer chez elle bien avant le coucher du soleil. Les histoires de grand-mère ne sont pas à prendre à la légère.

Mais ces dernières années, les bavardages de Mamie Rose se font rares ; celle-ci se retire doucement du monde et ne veut plus voir personne. Excepté sa petite fille.

Petit Chaperon rouge de la lande, Alana lui apporte régulièrement quelques gourmandises. Sauf que Rose n’est pas malade, non. Et dans son histoire, elle aurait plutôt les traits du loup.   Alors, au fil des pas, l’inquiétude de la jeune fille grandit. Ce n’est pas vraiment à cause du pâtre noir qui emporterait les jeunes égarés de la nuit. Non, c’est parce qu’elle sait que Mamie Rose va être terriblement désagréable.

À force d’emprunter le même chemin depuis trois ans, Alana en connaît tous les tournants, les taillis et les murets. Elle pourrait même décrire le moindre caillou, les yeux fermés. La jeune fille accélère le pas sur le sentier qui serpente entre les genêts. Le vent frais rabat quelques mèches de cheveux bruns sur ses joues. Resserrant son écharpe, elle s’arrête un instant et réajuste le sac de tissu sur son épaule. Elle observe les herbes hautes qui ondulent dans un joli camaïeu de verts. Ici, c’est carrément le bout du monde : un endroit empli de douceurs qu’on appelle la Vallée des fées. Tout y est tranquille et paisible, à l’abri des vents tempétueux.  C’est doux comme un rêve et pourtant, Alana a la sensation de se jeter dans la gueule du loup.

Il lui reste encore à longer la langue de terre qui zigzague au-dessus de la rivière. Soudain, elle sursaute, mais c’est juste le cri aigu d’un rapace qu’elle vient de déranger. Enfin, la maison aux volets bleus apparaît devant elle. Elle ferme un instant ses grands yeux clairs azurés. Besoin de se préparer à la rencontre.

Elle va être comment Mamie Rose, aujourd’hui ?

Chapitre 2

Une chose est sûre : le Bugul-Noz naissait dans un souffle de vent, à l’heure où le soleil se couche, à l’heure où les ombres commencent à manger la campagne et le rivage. Les conteuses du village, les soirs d’hiver dans les chaumières, parlaient de lui à voix basse. « Cric, crac, ouvrez grandes vos oreilles ! » et les enfants, comme les aînés, se resserraient les uns contre les autres pour trouver un peu de réconfort.

***

Le battant du portail, qui s’accroche désespérément aux vieux murets de pierres, gémit. Lobo tourne la tête et se redresse sur ses quatre pattes. C’est un vieux chien sans race précise, aux oreilles en pointe, et le pelage beige un peu terni. Ses yeux orangés, taillés en amande, sont teintés de paillettes de mille feux, reflétant une bonté qu’on ne rencontre guère chez les humains. Il reconnaît la jeune fille et tire déjà sur sa longe en réclamant quelques caresses :

—  Mon pauvre Lobo ! Te voilà encore attaché, pff ! 

Alana colle son visage sur son poil rêche, puis grimace. Odeur désagréable de chien mouillé.

— Toi, ça fait longtemps que tu n’as pas été brossé !

Quelques tapes affectueuses sur le poitrail, l’animal pose sa grosse truffe humide sur sa joue. Elle l’adore, ce chien.