Les enquêtes incomplètes du commissaire Georges - Tome 2 - Jacques Sacré - E-Book

Les enquêtes incomplètes du commissaire Georges - Tome 2 E-Book

Jacques Sacré

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Beschreibung

Paul Georges revient avec sa sympathique équipe. De nouvelles enquêtes les conduisent dans des endroits charmants où la fine gastronomie s’allie toujours à un brin de mystère. Avec une détermination sans faille, il mène ses investigations à un rythme effréné. Le commissaire Georges parviendra-t-il à résoudre l’affaire et à dévoiler les vérités qui souvent lui échappent ?


À PROPOS DE L'AUTEUR

Jacques Sacré a rapidement été saisi par le virus de l’écriture. Il compte à son actif des articles d’information grand public publiés dans ses Carnets vétérinaires, une BD, Léonardo et Gambrinus, ainsi qu’un abécédaire français-créole à l’usage de Haïti. Il offre ici au lecteur le second volet des aventures du commissaire Georges.

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Seitenzahl: 126

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Jacques Sacré

Les enquêtes incomplètes

du commissaire Georges

Tome II

Roman

© Lys Bleu Éditions – Jacques Sacré

ISBN : 979-10-422-0246-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Biographie d’un commissaire

Paul Georges naquit le 24 avril 1937 sur le premier plateau du Jura, dans la charmante petite ville de Poligny, réputée pour ses vignobles fameux.

Son père, Louis Georges, tenait l’hôtel de Genève place Nationale. C’est lui qui inculqua au petit Paul le goût du bien manger et du bien boire. C’est de lui aussi, Jurassien de pure souche, que Paul hérita d’un caractère têtu, entier, mais bon enfant. Ses vagabondages dans l’hôtel familial avaient déclenché en lui la passion d’observer les gens, tentant par-là de percer l’anonymat de leurs existences, passion qu’il continuera à cultiver dans le petit restaurant de son oncle à Paris. Sa mère, Julie Perraud, descendante d’un sculpteur jurassien renommé, était enseignante à l’École Nationale Professionnelle Ménagère de Jeunes Filles, plus brièvement l’École H. Friant, installée dans un ancien couvent. D’elle, il tenait une grande compréhension de l’âme humaine, le goût du travail bien fait et une certaine sensibilité.

Après des études au collège Jules Grévy de Poligny, situé dans l’ancien couvent des jacobins (ce qui valut au jeune Paul une brève crise de mysticisme), il réussit son bac et retourna place Nationale seconder son père à l’hôtel.

C’est son oncle, Jean-Baptiste Perraud, qui allait provoquer un changement radical d’orientation dans sa vie. L’oncle Jean-Baptiste tenait un « bouchon » dans le quartier des Halles à Paris. Un de ses habitués, inspecteur à la PJ, lui avait appris que la « Maison » recrutait, et ce à des conditions intéressantes pour les jeunes. L’oncle avait proposé à son neveu gîte et couvert s’il descendait dans la capitale.

Paul s’était retrouvé à l’École de Police de Paris, puis avait bien vite trouvé une place à la PJ où il avait gravi les échelons posément, en bon Jurassien qu’il était.

À l’époque où il commença à faire parler de lui, c’était un homme bâti en force, la cinquantaine vigoureuse. Un nez busqué et une petite moustache conquérante soulignaient un visage coloré aux traits fermes.

Toujours habillé de gris et chapeauté de même, il cultivait cependant la fantaisie de cravates originales et chatoyantes. Il tenait à ses pipes, d’authentiques pipes de Saint-Claude, héritées de son grand-père. Pour rien au monde, il ne s’en serait séparé et il en suçotait toujours une qu’il allumait rarement. Ce qui accentuait sa ressemblance avec un célèbre confrère qu’il admirait beaucoup.

Il s’était marié sur le tard avec une petite du pays qui fréquentait le bouchon de son oncle. Ils avaient eu un enfant qui n’avait pas vécu bien longtemps. Sa femme n’avait pu enfanter par la suite et avait reporté toute son affection sur son cher mari. À la PJ, passé commissaire, il s’était constitué une solide équipe de collaborateurs. Son préféré était sans conteste le jeune Bruno Mayence dont l’impétuosité le faisait souvent sourire. Arthur Avril était rentré un peu après lui dans le service, mais sans ambition, il était demeuré simple inspecteur ; une grande complicité unissait les deux hommes.

Récemment, Georges s’était vu attribuer une jeune inspectrice, profileuse de formation. Jolie et très intelligente, Anahita Pohjola avait le don de l’agacer et de l’émerveiller à la fois : sans être misogyne, il digérait parfois mal les petites victoires professionnelles de sa coéquipière. Thierry Cuypers, un Belge, était le scientifique de la bande. Féru d’ordinateurs, il était souvent en formation, ce qui faisait dire au commissaire qu’il avait un équipier aussi virtuel que ses programmes.

Tout aussi fugaces, les inspecteurs Mahieux et Martens étaient venus grossir l’équipe le temps d’un stage.

Au labo, il pouvait compter sur le fidèle Constantin Peyrolles qu’il avait si souvent réveillé au beau milieu de la nuit, et dont le savoureux accent avait toute la saveur du Midi. Sans compter sur le jeune docteur Pierre-Yves Sorgue, ami d’enfance de Mayence, qui avait la mainmise sur la morgue et y exerçait en tant que médecin légiste.

Un trait commun soudait cette équipe : la gourmandise. Georges, épicurien dans l’âme (c’était son côté bourguignon), féru de bons plats et de bons vins, particulièrement ceux du Jura, les avait bien souvent entraînés dans de fins restaurants qu’il repérait à chacune de ses enquêtes.

Souvent chargé de missions délicates en dehors de Paris, il s’était particulièrement fait remarquer une première fois dans l’affaire dite « de la lune rousse ». Ce fut à cette occasion que son biographe se rendit compte qu’une enquête était rarement close, qu’elle pouvait toujours cacher d’autres vérités, bien loin des conclusions officielles. Peu d’enquêtes sont complètes. Mais cela, il ne devait jamais le faire remarquer au commissaire Georges.

Le baiser du fugu

— Encore une !

C’était la deuxième jeune japonaise dont on retrouvait le cadavre au Bois de Boulogne, et ce en moins de vingt-quatre heures.

— Vous verrez qu’on nous a encore refilé une enquête pourrie sur les bras, grogna le commissaire Georges.

Il faut dire que depuis la découverte du premier cadavre, Paul Georges, commissaire à la PJ parisienne, n’avait pas avancé d’un pas. La jeune femme devait avoir dans les vingt-cinq ans, était probablement Japonaise au vu de son physique et de l’origine nipponne de ses vêtements. Elle ne portait aucun papier, et le commissaire ne savait même pas de quoi elle était morte. Le jeune docteur Pierre-Yves Sorgue, qui régnait en maître sur la morgue, n’avait pu que constater un arrêt cardiaque, et l’expert du labo, Constantin Peyrolles, s’en arrachait les cheveux.

— Pourtant, le Bois de Boulogne n’est pas un endroit où l’on aime se retirer pour mourir, reprit Bruno Mayence, le jeune adjoint du commissaire.

— D’autant plus qu’elle n’était guère habillée pour une balade au Bois : pas de manteau, pas de sac, de légères chaussures de ville, peu indiquées en ce mois de novembre pluvieux. De plus, je mettrais ma main à couper que ce n’est pas une prostituée, fit remarquer l’inspectrice Anahita Pohjola, jeune profileuse détachée depuis quelques mois au service de l’équipe.

Arthur Avril, un inspecteur qui avait fait ses armes en début de carrière avec le commissaire, entra dans la pièce, y apportant son éternelle odeur de célibataire.

— Celle-ci, patron, on nous l’a étranglée. Le labo aura peut-être quelque chose d’autre à se mettre sous la dent.
— Nous allons enfin sortir du brouillard, dit Georges en raccrochant le téléphone. Le Pays du Soleil Levant vient à notre rescousse en nous envoyant un inspecteur nippon qui, paraît-il, a des choses à nous apprendre. C’est ce que m’a fait sous-entendre le préfet en nous demandant de collaborer pleinement avec cet envoyé. Il était temps d’ailleurs : je ne parle pas un mot de japonais et je n’ai jamais compris la mentalité de ces gens-là.

*

En fait d’inspecteur, c’était une délicieuse inspectrice qui pénétra une demi-heure plus tard dans le bureau de Georges. Celui-ci, l’œil rond et la bouche ouverte, ne put que bafouiller :

— Euh ! C’est vous l’inspecteur que la police japonaise nous envoie ? Vous êtes bien jeune ! Vous êtes sûre que vous êtes inspectrice ?
— Vous voulez voir ma carte, Commissaire, lui lança-t-elle dans un français presque dépourvu d’accent ?
— Hm ! Non, merci, je vous crois. Veuillez excuser mon manque de convenances, je me présente : commissaire Paul Georges.
— Sosei Inokuma, à votre service, Commissaire.
— Hm ! Merci. Soyez la bienvenue. Vous avez des choses à nous apprendre, paraît-il ?
— Plutôt, oui. Les deux filles que vous avez retrouvées mortes sont les filles d’un très riche industriel de Nagasaki. On ne sait toujours pas ce qu’elles étaient venues faire ici. Leur père ne peut être questionné comme le premier venu : il est riche, puissant et issu d’une très vieille famille japonaise.

Mais que diriez-vous de parler de tout cela devant une bonne table japonaise ? Je crois que c’est la coutume pour un nouveau venu d’offrir un pot.

— Pourquoi pas, répondit Georges en blêmissant légèrement. Il avait en souvenir des récits de collègues ayant tâté de la cuisine nipponne. L’un d’entre eux en était même revenu avec une urticaire géante due, prétendait-il, à une consommation excessive de poisson cru.
— Ça n’a pas l’air de vous emballer, Commissaire.
— Mais si, mais si, ma chère… Permettez-moi de vous appeler Soso, ce sera plus facile pour moi.
— Et moi, permettez-moi de vous appeler patron comme les autres ; j’aurai ainsi l’impression de faire partie intégrante de l’équipe.

*

Le commissaire Georges était quelque peu rassuré. Non seulement on ne lui avait pas fait enlever ses chaussures (il avait horreur du négligé en chaussettes), mais on l’avait fait asseoir à une table normale. Il avait craint tout un temps se retrouver assis en tailleur à une table basse, les reins perclus de douleur.

Par contre, il était encore sous le coup de l’étonnement. L’intégration de Soso s’était faite le mieux du monde. Trop bien, peut-être. Elle et Anahita s’étaient trouvées de nombreux points communs et avaient tout de suite sympathisé. À son grand effarement, il avait vu Anahita discuter avec Sosei en japonais et en anglais. Décidément, sa profileuse l’étonnerait toujours.

Mais le cours de ses réflexions avait bien vite été distrait par le spectacle qui se présentait devant lui.

Le Ginsen était un restaurant japonais mis quelque peu aux normes occidentales. Il croyait revoir le film « L’aile ou la cuisse ». Mais cette fois, c’était lui qui était en face du teppan, une vaste plaque en acier inoxydable derrière laquelle officiait un chef élégamment coiffé d’une toque à l’occidentale.

— Vous voyez, patron, c’est ça le « sappari » : une cuisine claire, ordonnée, légère, étincelante de franchise. Le plaisir de la table se double du plaisir visuel, lança Sosei Inokuma. Savez-vous que pour mes compatriotes, aller souvent au restaurant est signe d’un grand savoir-vivre ? Et aucune épouse ne s’offusquera de voir son mari tourner ainsi le dos à sa cuisine.

Comme dans le film, les morceaux de viande virevoltaient au milieu d’une multitude de légumes taillés en cubes.

— Les diverses couleurs des légumes doivent se marier avec la viande. Voyez là, des poivrons, des maïs, de la salade et nos fameux champignons, les shiitake.

— Vous êtes sûre qu’ils ne sont pas toxiques, au moins ?

— N’ayez crainte, patron, mon peuple en mange depuis de siècles. Et la viande que vous voyez là provient d’un bœuf de trois ans en provenance de Matsuzaka, nourri à la bière.
— Ainsi, ce n’est pas une blague ce que l’on raconte à ce sujet ?
— Pas du tout. Mais ils ne boivent de la bière que les derniers mois de leur vie, et ils sont même massés avec du shochu, un gin japonais, pour rendre leur viande plus persillée et plus tendre.

Georges la regarda en coin, se demandant si elle ne se moquait pas de lui, mais Sosei ne pensait déjà plus au commissaire et regardait avec gourmandise les délicieux morceaux atterrir dans son assiette. Là aussi, Georges avait été rassuré quand il avait vu, à côté de sa paire de baguettes, de bons vieux couverts européens.

Mais le spectacle continuait. Devant le commissaire, une jolie serveuse en kimono avait apporté un étrange dôme perforé, posé sur un petit réchaud.

— Ça karibayaki, viande pas perdre jus et rester tendre, zozota-t-elle au commissaire devant son regard interrogatif.

Le commissaire Georges, gourmand et gourmet, se laissait peu à peu séduire par cette cuisine si peu habituelle pour lui, et avalait goulûment les morceaux de légumes et de viande qu’il trempait avec componction dans sa sauce ponzu dont le nom, faut-il le dire, l’avait tout d’abord inquiété.

*

— Alors, mon petit Mayence, délicieux ce pot offert par notre jeune consœur !
— Délicieux, peut-être, mais j’ai vraiment eu l’impression d’être la cinquième roue de la charrette. Les deux filles n’ont pas cessé de parler dans toutes les langues de choses auxquelles je ne comprenais quasi rien. Un peu trop fortes pour moi, patron. D’autant plus qu’Avril n’a pas arrêté de manger et de boire, sans s’occuper du reste du monde.
— Bon, passons ! Quoi de neuf au niveau des expertises ?
— Justement, patron, j’allais vous en parler. Pierre-Yves refuse le permis d’inhumer : il a des doutes.
— Des doutes sur quoi ?
— Sur l’origine de la mort. Il est persuadé qu’elles ont été empoisonnées ; la mort a été foudroyante.
— Avec quoi ?
— Justement, il n’en a pas la moindre idée. Mais ce qui est sûr, c’est que la seconde femme a été étranglée post mortem.
— Ah bon ! C’est certain ?
— Certain, patron. Et on est sur une piste. Les images données par les caméras du Bois montrent un homme sortant du buisson où on a découvert la Japonaise étranglée. Il semble tenir une corde à la main. On en saura plus quand on aura fini de traiter les images.
— De mon côté, reprit le commissaire, Soso m’a éclairé sur les raisons de sa présence ici. Le gros industriel japonais se serait fait voler des brevets et ses deux filles, flanquées d’un garde du corps dont nous n’avons d’ailleurs aucune trace, étaient venues enquêter chez nous.
— Enquêter, s’exclama Mayence stupéfait ?
— Eh oui, mon petit, l’honneur de la famille était en jeu, paraît-il. Ils sont fort chatouilleux sur ce point-là.
— Les voilà bien avancées, maintenant. À vouloir jouer aux détectives…
— Et elles n’ont laissé aucun indice, l’interrompit Anahita en entrant en coup de vent dans le bureau, accompagnée de Sosei. Pas une note, pas un papier, pas un objet, rien, nada !
— Et dans leur entourage ? reprit Georges.
— Elles n’avaient pas d’entourage. Tout au plus avaient-elles été vues dans des restaurants japonais et dans certains commerces tenus par des compatriotes.
— Bref, si nous ne retrouvons pas notre suspect du Bois, je nous vois mal, conclut Georges.

*

Le seigneur Nakamura était inquiet. En vingt ans de malversations, de crimes et de trafics de tout poil, jamais il n’avait été serré d’aussi près. Certes, ses yakuzas avaient bien travaillé, proprement, mais on n’était à l’abri d’aucun grain de sable. Visiblement, la police ne croyait guère à la thèse d’une mort naturelle. Ce refus d’inhumer l’inquiétait.

Il fallait suivre ces policiers de près, l’affaire était trop importante. Et il faudrait agir si nécessaire.

*

On avait fini par mettre la main sur le suspect du Bois de Boulogne. L’inspecteur Avril avait débarqué avec son bonhomme menotté dans le bureau du commissaire. C’était un déséquilibré connu des services de police. Un xénophobe exalté qui jusqu’alors n’avait fait preuve d’aucune violence.