La cuisine de légende de la Côte d’Opale - Jacques Sacré - E-Book

La cuisine de légende de la Côte d’Opale E-Book

Jacques Sacré

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Beschreibung

Découvrez douze lieux mystérieux de la Côte d’Opale, douze légendes inédites qui leur sont liées, et douze recettes du terroir inspirées par ces légendes. Ce livre, narré par les habitants de la région, est une invitation à une exploration authentique du Nord, mêlant tourisme, folklore et gastronomie.


À PROPOS DE L'AUTEUR

Jacques Sacré a publié une variété d’articles d’information grand public et des ouvrages dans les domaines de la cuisine, des contes, des légendes, du polar et bien d'autres. À la suite de ceux-ci, il nous entraîne à la découverte des saveurs culinaires de la Côte d’Opale.

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Jacques Sacré

La cuisine de légende

de la Côte d’Opale

Roman

© Lys Bleu Éditions – Jacques Sacré

ISBN : 979-10-422-1760-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Introduction

Sacha, la fille, et Benoît, le garçon, sont deux petits habitants de la Côte d’Opale. Ils sont fiers de leur petit paradis, symbiose parfaite de la mer et de la campagne.

Ils n’auront de cesse, tout au long de ces pages, de vous le faire connaître en découvrant quelques-unes de ses recettes originales, mais pas n’importe lesquelles, celles auxquelles s’attache une légende.

Nous découvrirons donc ici douze lieux, douze recettes et douze légendes inédites, de quoi vous régaler en rêvant.

Et rien ne vous empêche, par après, de rendre visite à ces lieux magiques lors d’une promenade ; une autre façon de gérer ses vacances.

Le dragon de Wissant

Les deux enfants avaient à peine débouché sur la place de Wissant que Sacha, prenant la main de son copain Benoît, l’entraîna vers l’église du village. À peine entrée dans le temple, elle se dirigea sans hésiter vers la nef gauche et se planta hardiment devant une statue.

— Benoît, je te présente Sainte-Barbe Wilgeforte, notre curiosité locale.

— Sainte-Barbe quoi… ?

— Sainte-Barbe Wilgeforte, notre sainte du onzième siècle.

Benoît, ébahi, aperçu alors, clouée sur une croix, une femme barbue qui le regardait fixement.

— C’est une blague ou quoi ? bégaya-t-il.

— Pas du tout. Elle a même guéri un de mes ancêtres, un petit garçon rachitique qui engendra pourtant, après sa guérison, une nombreuse descendance ; du moins, c’est ce que l’on raconte dans la famille.

— Eh bien, raconte-la-moi aussi, cette fameuse histoire !

Sacha entraîna alors son copain sur un banc de la place et lui conta cette histoire fantastique.

***

Il y a bien longtemps, dans le vieux village de Wissant, l’ancien, celui que les sables ont recouvert depuis, vivaient un jeune garçon et sa mère, une pauvre veuve de marin.

Depuis la mort du père, leur ménage n’avait connu que vicissitudes. François, car tel était le prénom du petit garçon, n’était guère bien portant, un rachitique comme on dirait de nos jours.

Mais sa santé délicate ne l’empêchait pas d’avoir bon cœur. Ce jour-là, il s’était mis en tête d’aller ramasser du bois sec dans la forêt proche, car la récolte de bois flotté glanée sur la plage avait été maigre. Cet effort hélas l’avait épuisé et il avait dû garder le lit le jour suivant.

La vieille Catherine, une voisine que tous appelaient Trine, était venue à son chevet.

— Ah, Trine, si tu savais comme je suis malheureux ! Non pas d’être malade, j’y suis habitué, mais d’être incapable d’aider ma pauvre maman sans tomber tout de suite d’épuisement.

— Tu devrais aller prier notre Sainte Wilgeforte ; elle pourra t’aider à coup sûr.

— Sainte qui ?

— Sainte-Barbe Wilgeforte, la sainte barbue que l’on voit sur une croix dans notre petite église.

— Sur une croix ! Mais que lui est-il arrivé ?

— Ah, ça, c’est une bien terrible histoire.

Sainte Wilgeforte vivait un peu après l’an mil. C’était une jeune noble, pleine de beauté, de bonté et d’intelligence. Hélas, on ne pouvait pas en dire autant de son père. Celui-ci s’était mis en tête de lui faire épouser un baron bien plus âgé qu’elle, cruel, batailleur et pas très beau, mais suffisamment riche et puissant que pour avoir envie d’allier les deux familles.

La jeune fille, horrifiée, refusa net le mariage. Son père, furieux, l’enferma dans sa chambre en lui annonçant qu’il ne la libérerait que lorsqu’elle consentirait à ce mariage. Et si elle traînait trop, elle finirait au pain sec et à l’eau dans un sombre cachot.

Désespérée, elle s’adressa alors au ciel :

— Seigneur, veuillez empêcher cet horrible mariage. Faites-moi pousser une énorme barbe afin de dissuader cet homme de m’épouser en l’épouvantant.

Lorsque son père vint prendre de ses nouvelles le lendemain matin pour savoir si elle avait changé d’avis, il tomba sur une jeune femme qu’il reconnaissait à peine derrière sa forte barbe noire.

Son premier cri d’effroi fut suivi d’un deuxième de rage. Hors de lui, il ordonna à ses hommes épouvantés eux aussi de la crucifier, la faisant passer pour sorcière.

Depuis, nous l’invoquons pour les agonisants et les enfants rachitiques. Va donc la trouver et la prier, je suis sûre qu’elle aidera un gentil garçon comme toi.

***

À peine remis, François se rendit donc à l’humble église et, face à la sainte, l’implora de lui rendre la santé. Il avait à peine terminé sa requête qu’il lui sembla voir bouger la statue.

Celle-ci avait grandi et, tandis que les lèvres de la sainte remuaient, il entendit dans sa tête Sainte Wilgeforte lui dire :

— Si tu es tout le temps malade, mon petit François, c’est parce qu’un dragon de mer a élu domicile il y a longtemps sous ta maison et sous la digue. Un jour de grande tempête, la mer a creusé une grotte de sable sous celle-ci. Le dragon s’y est réfugié, mais dans son sommeil il s’est laissé réemmurer par le sable apporté lors d’une autre tempête. C’est ce dragon qui a porté malheur à toute ta famille. Il faut le faire partir de là et tu retrouveras la santé.

— Mais comment faire, demanda François à la sainte d’une voix qui résonnait étrangement dans l’église déserte ?

— Rien de plus simple. Je provoquerai une forte tempête qui désensablera la grotte, mais il faudra après l’attirer au-dehors. Il suffira alors de lui présenter un plat de carottes à la crème dont il est très friand. Va donc voir à Tilques, il paraît qu’ils ont d’excellentes carottes dans cette région.

À peine rentré chez lui après avoir remercié la sainte avec effusion, il appela la vieille Trine, cordon bleu réputé au village et experte en gâteries.

— C’est vrai, François. Pars me chercher un cageot de carottes à Tilques ; Jean le mareyeur y va justement cet après-midi. Moi, je m’occupe du reste.

Le soir même, une épouvantable tempête balaya la côte.

— La sainte a tenu parole, se dit François, à moi de faire de même.

Au petit matin, François, aidé de Jean le mareyeur, alla déposer un succulent plat de carottes de Tilques dans une barque amarrée au large par une ancre flottante.

À peine furent-ils revenus sur la plage, que le dragon, l’odorat finement titillé par les effluves du plat délicieux, fonça sur celui-ci en pulvérisant la digue. Il enfourna dans son énorme gueule et le plat de carottes et la barque, puis s’éloigna au large.

On vit alors sur l’estran, au bord de l’eau, la gigantesque silhouette lumineuse de Sainte Wilgeforte jeter d’énormes blocs de rochers sur la digue détruite.

— Ainsi il n’y reviendra plus, lança la sainte à François, et ces rochers te protégeront des futures tempêtes.

Ces rochers, on peut les voir encore aujourd’hui, et le jour de cet événement miraculeux, advenu un vingt juillet, devint le jour de la fête patronale de Sainte Barbe Wilgeforte.

Les carottes de Tilques

Ingrédients :

– 1 kg de carottes ;

– Sucre, sel, poivre ;

– 50 gr de beurre ;

– 2 œufs ;

– 250 gr de crème fraîche ;

– Un petit bouquet de persil.

Préparation :

– Pelez finement les carottes ou grattez-les ;

– Faites-les blanchir 5 min dans de l’eau bouillante salée ;

– Rincez-les à l’eau froide et coupez-les en grosses rondelles ;

– Dans une casserole, mettez 5 càs d’eau, 2 càs de sucre, 50 gr de beurre, du sel et du poivre à votre goût (n’oubliez pas que les carottes ont déjà été salées à la cuisson !) ;

– Rissolez les carottes à feux doux 20 min en remuant souvent ;

– Dans un plat, mélangez la crème fraîche aux jaunes d’œufs et plongez les carottes dans ce mélange ;

– Disposez le reste de la crème fraîche au centre du plat, entourée de petits bouquets de persil.

Vous accompagnerez ce plat d’une viande grillée et d’un vin rouge fruité du midi.

Les naufrageurs du Cran aux œufs

Sur la falaise du Cap Gris Nez, le petit hameau de Waringzelle se niche dans la verdure de ses champs, de ses landes et de quelques bosquets remplis de lapins. Une grande ferme carrée, de minuscules maisons de pêcheurs, on pourrait presque croire à un coin perdu de paradis.