Les ombres de Bloomsbury - Serge Van Den Broucke - E-Book

Les ombres de Bloomsbury E-Book

Serge Van Den Broucke

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Beschreibung

Dans un quartier de Londres riche en souvenirs littéraires, les destinées se croisent, les passions se nouent et se déchirent, les époques s'entrecroisent, les amours s'enflamment, les corps brûlent de désirs cachés, les voyages lointains ramènent toujours au même ancrage, les personnages sont emportés dans un double jeu risqué, et parfois la mort rôde, insidieuse, implacable, prête à frapper dans les replis de la nuit, comme une vengeance méritée. À Bloomsbury, les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent être.

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Seitenzahl: 32

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Écrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours.

Virginia Woolf

Sommaire

LES OMBRES DE BLOOMSBURY

LE CENTAURE

L'ENFANT JUSTICIER

VENISE DES DOULEURS

LE BANQUET DE CAMBRIDGE

LES OMBRES DE BLOOMSBURY

Dans la lumière violente, nue, crue, agressive, des projecteurs, les top models évoluaient avec l’élégance de leur métier. Des défilés de haute couture, Antony en avait déjà vu beaucoup. Trop, même, se disait-il parfois. À l’enthousiasme des premières collections avait succédé une sorte de routine qui l’agaçait un peu. Depuis qu’il était devenu l’amant de Marika, il avait eu tout le temps de se familiariser avec le monde de la mode, ses paillettes, tout le glamour qui entourait cette profession, et aussi toutes les mesquineries, les compromissions et les tractations financières qui se déroulaient dans les coulisses. Sans doute était-il question de bien belles robes. Il était en fait surtout question d’argent, et de beaucoup d’argent. La jeune femme avait présenté Antony partout, et pas seulement ici à Londres, mais également à Milan et à New York, et avait grandement facilité sa carrière. À présent, Antony n’était peut-être pas le plus grand photographe du milieu, mais il avait tout de même su faire sa place au soleil de Vogue.

Ce soir, pourtant, Antony était anxieux.

Inexplicablement anxieux.

Sur la scène, Marika devait paraître d’un instant à l’autre, vêtue d’une robe du soir à la fois élégante et farfelue, mélange osé de lin brodé et d’accessoires métalliques assez curieux. Le couturier était porté aux nues par les critiques et toute la bonne société, et avait même été remarqué, murmurait-on, par plusieurs membres de la famille royale. Ce dernier détail était assez pour faire grimper sa cote de popularité, et donc sa valeur sur le marché.

Antony avait le doigt crispé sur le déclencheur de son appareil, prêt à l’action. Mais Marika n’apparaissait toujours pas. A chaque modèle, les applaudissements crépitaient, couvrant presque la musique syncopée qui faisait virevolter les soies et les velours.

Luigi, son confrère italien placé juste à côté de lui, le poussa du coude.

— Et Marika ? Tu sais ce qui se passe ?

— Je ne sais pas. Je ne comprends pas. Il y a sans doute eu un changement de dernière minute.

Antony, en prononçant ces mots, revoyait le visage de Marika, ses longs cheveux noirs et son corps parfait. Tandis qu’il photographiait presque machinalement les mannequins qui défilaient devant lui, il rêvait à leurs nuits partagées, des nuits de tendresse et de fureur. Leurs corps s’affrontaient alors dans un combat où Marika avait souvent le dessus. Les reins cambrés, échevelée, tantôt câline et tantôt panthère, elle murmurait des phrases presque incohérentes d’une voix rauque qui s’éteignait dans un souffle ou, au contraire, dans un cri de plaisir furieux, animal. Dans ces moments, Antony la désirait et la haïssait tout à la fois. Être l’amant de Marika était plus souvent un enfer qu’un paradis, contrairement à ce que pouvaient penser tous ceux qui le jalousaient. En privé, quand les lampions de la fête s’étaient éteints, quand le champagne était éventé et qu’ils se retrouvaient tous deux seuls face à face, dans sa grande maison non loin de Notting Hill, qui était il y a cinquante ans un vrai coupe-gorge mais qui était devenu depuis un quartier à la mode hors de prix, elle pouvait se révéler dure, blessante, tellement certaine de sa séduction et du pouvoir que lui conférait sa position sociale qu’elle en devenait méprisante, cruelle, odieuse.

Comme ce jour où, folle de rage, elle avait exigé qu’il rompe définitivement avec Thomas, d’un ton qui ne tolérait pas la contradiction, avec brusquerie et hargne, ne supportant plus de ne pas être l’unique objet de ses passions charnelles.