Les Playboys de San Francisco - Tome 1 - Constance Ely - E-Book

Les Playboys de San Francisco - Tome 1 E-Book

Constance Ely

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Beschreibung

Quel secret si lourd à porter cache Lucile ?

Grant, patron d'une chaîne de restaurants célèbre, retrouve par hasard Lucile, son amie d'enfance, lors d'une visite incognito pour évaluer un de ses nouveaux restaurants. Bien qu'ils luttent tous les deux, ils ne peuvent pas résister à la passion qui les enflamme dès qu'ils se voient. Mais Grant refuse de s'afficher en public avec elle. Tous deux savent que leur aventure n'est que passagère... Grant enchaine les coups d'un soir, et Lucile sait que s'il découvre son secret, il ne voudra plus d'elle. Tous les deux préfèrent alors se voiler la face et profiter des moments qu'ils passent ensemble. Le fait de savoir que ça ne durera pas ne rend-il pas ces moments plus intenses ?

Pour sa première romance, Constance Ely nous offre un récit fort, mêlant passions et trahisons. Lequel des deux baissera les armes en premier ?

À PROPOS DE L'AUTEURE

Constance Ely, grande romantique dans l'âme, a écrit plusieurs romances, son genre de prédilection.  Les Playboys de San Francisco est sa première saga publiée chez So Romance.

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I

Gant Cooper était assis à la terrasse d’un de ses restaurants. Il était accompagné de ses deux fidèles amis : Julian, le silencieux, et Adam, le joyeux luron de leur bande. Ils se connaissaient depuis l’école primaire et ne s’étaient jamais perdus de vue, vivant tous les trois à San Francisco.

Ils se trouvaient dans l’un des établissements qui faisaient partie de sa chaîne des « Steak House Farmer ». Il avait invité ses amis pour tester ce restaurant incognito, il portait un chapeau de cow-boy et des lunettes de soleil, ce qui dissimulait son visage en grande partie. Il était connu dans les médias, mais il avait surtout peur qu’un de ses employés ne le reconnaisse avant qu’il ne puisse constater ce que son restaurant valait vraiment.

Sa chaîne de restaurants était connue dans tout le pays, il avait plusieurs établissements partout aux États-Unis, et il rêvait de se développer dans le monde. Mais ses actionnaires ne le suivaient pas encore, trop frileux.

Comme il était actionnaire majoritaire, il aurait pu faire ce qu’il voulait, mais il ne leur imposerait pas une décision aussi cruciale. Il devait leur apporter un capital pour les convaincre, ce qu’il obtiendrait bientôt.

Il venait souvent dans ses restaurants de façon anonyme pour voir si tout se passait comme prévu.

Pour celui-ci, les dernières enquêtes auprès des clients étaient parfaites : le service, la nourriture, l’accueil. C’était le restaurant qui rapportait le plus et celui que préféraient les clients.

Il n’était jamais venu depuis son ouverture, il y a deux ans. Il l’avait manquée pour un entretien important avec un chef à l’autre bout du pays, et avec tout le travail qu’il avait, il n’avait pas eu le temps d’y passer.

Ce restaurant se situait à Sausalito, de l’autre côté du Golden Gate, près de San Francisco. Il ne donnait pas directement sur le front de mer, mais les clients sentaient la brise marine arriver jusqu’à eux et entendaient le cri des mouettes qui passaient au-dessus de leur tête.

Sausalito était une ville qui attirait les habitants de San Francisco et les touristes venant à vélo. Ce lieu était connu pour ses Houseboats, petites maisons flottantes sur l’eau, dignes des derniers catalogues d’architecture.

Le restaurant était plein de vacanciers, mais aussi d’habitués qu’il reconnaissait tout de suite à leur look et à leur façon de regarder les promeneurs.

— Hum, ce restaurant est superbe ! dit Adam en soupirant d’aise.

— Oui, je suis d’accord, répondit-il.

— Alors pourquoi fronces-tu les sourcils ? demanda soudain Julian.

Il n’avait jamais rien pu cacher à ses amis, ils le connaissaient trop bien.

— Je ne suis pas sûr, mais je ne reconnais pas le plat que la table voisine est en train de déguster.

— Et où est le problème ? Tu as peut-être oublié ?

— Je connais mes cartes par cœur, je passe des heures avec mes chefs pour les produire. Chaque restaurant a l’obligation de suivre le menu que nous leur envoyons tous les trois mois.

Grant était très strict sur ce point, quand il avait lancé sa chaîne ; ses deux premiers restaurants étaient entrés en compétition en élaborant chacun des menus différents, ce qui avait été un fiasco. Cela avait entraîné la fermeture d’un des établissements, et il l’avait vécu comme un échec. Depuis, il obligeait chaque restaurant à suivre sa carte, c’était stipulé dans les contrats des managers, et cela pouvait même mener à un licenciement.

Quand il releva la tête, il ne vit soudain plus qu’elle.

La jeune femme avançait de table en table, saluant certains clients, prenant même des commandes. Elle était grande, sa silhouette élancée était magnifique. Ses cheveux roux, coupés au carré, flottaient dans la brise. Mais surtout, son visage rayonnait, ses yeux verts pétillaient à chaque fois qu’elle parlait à quelqu’un.

Qui était-elle ?

Elle portait l’uniforme de l’établissement, un peu arrangé à sa sauce, remarqua-t-il en grimaçant. Pourquoi avait-il l’impression de l’avoir déjà rencontrée ?

Malgré ses lunettes de soleil, elle avait dû sentir ses yeux posés sur elle, car il la vit lui jeter plusieurs fois des regards en biais. Avait-elle même rougi, quand un sourire s’était dessiné sur ses lèvres ?

— Eh bien, eh bien ! On dirait que nous avons perdu notre ami dans la contemplation de cette jeune femme, dit Adam avec humour.

Julian se retourna pour voir de qui il parlait, et Grant essaya de détourner son regard d’elle, mais son instinct de chasseur s’était déjà mis en marche.

Julian reporta son attention sur lui et explosa de rire. Cela ne lui ressemblait tellement pas que Grant et Adam en restèrent bouche bée.

— Vous ne la reconnaissez pas ? Elle a beaucoup changé, elle est devenue une femme, je vous l’accorde, mais quand même, ajouta Julian en la détaillant avec insistance.

Grant se crispa, comment son ami osait-il la regarder ainsi ? Mais n’était-ce pas exactement ce qu’il était en train de faire ? Et de qui parlait-il ?

Il enleva ses lunettes de soleil pour mieux la voir quand elle arriva vers eux, tenant des menus dans ses bras comme un bouclier. Oh, elle pouvait bien essayer de se protéger, il avait très envie de savoir qui elle était, et une soudaine envie de s’approprier cette jeune femme l’envahit.

*

Lucile Ridgewood avançait vers la table où se trouvaient les trois hommes. Celui avec le chapeau n’avait cessé de l’observer, elle avait senti son regard la suivre partout, mais pour la première fois, elle se sentait flattée et non ennuyée. Il se dégageait quelque chose de puissant et d’attirant chez cet homme, qui la submergeait totalement. Pourtant elle ne voyait pas vraiment son visage, caché derrière ses lunettes de soleil et ce chapeau de cow-boy.

Au moment où il retira ses lunettes, son souffle se bloqua dans sa poitrine. Bien sûr qu’elle ne l’avait pas reconnu, mais son cœur, lui, savait très bien qui il était. Elle était surprise mais heureuse de le revoir. Pourtant, elle voyait qu’il cherchait encore qui elle était, elle ne s’en offusqua pas, ils ne s’étaient pas vus depuis onze ans. Elle était encore une jeune fille de quinze ans la dernière fois que leur chemin s’était séparé.

Arrivée à leur table, elle reconnut également les hommes qui l’accompagnaient, Julian et Adam, déjà ses amis à l’époque.

— Salut, les garçons, réussit-elle à dire malgré son anxiété.

— Bonjour, Lucile, dit Julian de sa voix chaude et tranquille.

— Lucile Ridgewood ? demanda Adam en se levant.

— Eh oui, c’est moi ! dit-elle en observant Grant du coin de l’œil.

Il avait l’air sonné. À quoi s’attendait-il ? Bien sûr qu’elle avait changé en onze ans ! Lui aussi d’ailleurs, il était encore plus beau que quand elle avait dû partir.

Elle avait toujours été amoureuse de lui. Elles étaient arrivées, sa mère et elle, quand elle avait tout juste cinq ans. Sa mère était la gouvernante du manoir des Cooper.

Elle avait grandi dans cet endroit paradisiaque, suivant Grant partout, lui qui n’avait que deux ans de plus qu’elle. Il la considérait comme sa petite sœur, ce qui ne l’avait pas dérangée jusqu’à l’adolescence, où ses sentiments à elle s’étaient transformés. Mais il ne l’avait jamais vue autrement, peut-être juste le jour de son départ, quand elle était arrivée en larmes dans sa chambre pour lui dire au revoir…

Elle revint à la réalité quand elle le vit soudain se lever en enlevant son chapeau. Il était tellement plus grand que dans ses souvenirs. Ses épaules carrées, moulées dans son tee-shirt noir, son torse musclé qu’elle devinait sous le vêtement, ses cuisses puissantes serrées dans son jean. Mais c’est surtout son visage qui attira son attention, ses yeux bleus n’avaient pas changé, toujours aussi malicieux.

Ce lent sourire qui étirait ses lèvres lui donna des frissons qui parcoururent tout son corps. Son cœur se mit à battre plus vite, elle essaya tout de même de calmer ses battements effrénés.

— Lucile ? Mais que fais-tu là ? Depuis combien de temps nous ne nous sommes pas vus ?

Il la prit dans ses bras, maladroitement, mais cette brève étreinte ruina ses efforts pour calmer son pauvre cœur qui semblait être parti au galop à nouveau.

— Si tu étudiais tes dossiers, tu saurais que je suis manager de ce restaurant depuis son ouverture. Et la dernière fois que nous nous sommes vus, c’était il y a onze ans.

— Mais pourquoi ne m’as-tu jamais appelé pour me le dire ? demanda-t-il en se rasseyant.

— Je n’ai pas vraiment eu le temps, et… voici vos menus. Je dois continuer, il y a beaucoup de monde ce midi, on se voit plus tard.

À vrai dire, elle ne l’avait pas appelé parce qu’elle n’était pas sûre qu’il serait très content de la voir. Mais après cette rencontre, elle était sûre qu’il ne savait rien.

Elle repartit dans les cuisines en sentant son regard la suivre. Elle allait devoir réajuster le service, pas question de se retrouver face à lui à nouveau. Elle n’était pas idiote, elle savait qu’elle le reverrait, mais cette fois-ci, elle serait préparée à cette rencontre.

« Oh mon Dieu, les menus ! » songea-t-elle soudain. Elle entra rapidement dans les cuisines et trouva son chef et amie, Tess.

— Tu peux te libérer deux minutes, nous avons un problème !

Son amie la regarda en souriant.

— En plein rush ?

— Oh oui !

Elles partirent toutes les deux dans son bureau.

— Quoi ? Un client n’est pas satisfait ? Ce serait une première !

— Grant Cooper est là. Sur la terrasse, avec notre menu entre les mains.

— Le grand patron en personne ? Il est comment ?

Lucile rougit en pensant à cet homme qui lui faisait toujours autant d’effet. En fait, le seul homme à lui faire cet effet-là.

— À ce point-là ? demanda son amie. Qu’est-ce qui te fait dire que nous avons un problème ?

— Nous avons changé quelques plats sur la carte pour nous adapter, et c’est formellement interdit par le règlement de la chaîne.

— Oui, mais comme tu le dis si bien, c’est pour nous adapter à notre clientèle. Personne ne s’est jamais plaint, à ce que je sache. Calme-toi, prends une pause, tu as l’air toute retournée. Ce sont les menus ou notre délicieux patron qui te mettent dans cet état-là ?

Comme Lucile ne répondit pas, Tess ajouta en se rasseyant :

— Ah, c’est bien plus grave que je ne le pensais ! Je ne t’ai jamais vue comme cela. Que se passe-t-il, Lucile ?

— Disons que pour faire court, je l’ai connu quand j’étais petite et que je suis un peu retournée par cette rencontre. Mais allez, au travail ! De toute façon, il est trop tard pour faire quoi que ce soit, c’est moi-même qui lui ai mis les menus dans les mains. Il n’y a plus qu’à attendre.

— Tout va bien se passer, mais dès ce soir, je veux que tu me racontes tout sur vos jeunes années ensemble.

Tess repartit, Lucile se leva face à son miroir et essaya de dompter ses cheveux rebelles. Elle avait un travail à faire et peut-être étaient-ce ses derniers moments dans ce restaurant. Elle ne pouvait l’imaginer, tant elle aimait son travail et cet endroit. Elle l’avait mis en place avec Tess, l’avait fait prospérer ; c’était leur bébé.

*

Grant prenait son café tranquillement au soleil, en attendant que le service se termine. Le restaurant marchait toute la journée, mais le repas du midi étant passé, il devrait y avoir moins de monde.

Ses amis étaient repartis, riant encore de la tête de Grant quand il avait reconnu Lucile.

Lucile. Il n’avait pas pensé à elle depuis très longtemps. Il avait vu arriver cette petite fille dans son monde de petit garçon solitaire avec stupeur au départ. Elle avait deux ans de moins que lui, mais à sept ans, il avait décidé de prendre soin d’elle, elle semblait si fragile. Ils avaient grandi ensemble, Lucile le suivant toujours partout dans ses aventures.

Ses parents avaient fait en sorte qu’elle puisse accéder à l’école hyper huppée dans laquelle il était. Il avait toujours pu garder un œil sur elle, ses amis la connaissaient, pour tout le monde elle était sa petite sœur. Il n’en avait jamais été autrement jusqu’au jour de son départ. Personne n’avait compris pourquoi elles partaient, sa mère et elle. Mais quand Lucile était arrivée dans sa chambre en larmes, il avait d’abord voulu la réconforter comme il le faisait quand ils étaient jeunes, comme l’aurait fait un grand frère. Sauf qu’ils n’étaient plus tout à fait des enfants et qu’ils n’étaient pas non plus frère et sœur.

Il l’avait prise dans ses bras pour la consoler et avait soudain ressenti des émotions qu’il ne connaissait pas à l’époque. Du désir. Quand elle avait levé son visage plein de larmes vers lui, il n’avait pu résister à l’envie pressante de goûter ses lèvres.

Il frissonna encore en se rappelant les sensations qui étaient nées de ce baiser. Cette chaleur qui avait envahi tout son corps, mais surtout l’impossibilité d’arrêter ce baiser.

Au bout d’un moment, il avait réussi à reprendre le dessus et l’avait repoussé gentiment. Il se souvenait encore de son sourire, si tendre.

Il avait été si malheureux après son départ, et l’ambiance à la maison s’était également détériorée. Ses parents n’avaient jamais été d’un naturel très bavard, mais après le départ de Lucile et sa mère, un gouffre s’était créé dans la famille.

Revenu au moment présent, il se souvint du problème actuel. Lucile avait fait des changements sur sa carte, et ce n’était pas autorisé. Il fallait qu’ils en discutent en tête à tête dans son bureau.

Justement, elle venait vers lui. Il put encore une fois admirer le balancement de ses hanches, ses cheveux qui volaient par moments dans le vent et son sourire. Elle avait vraiment changé, elle était devenue une jeune femme séduisante, bien trop dangereuse pour sa tranquillité d’esprit.

— Tu veux que je te présente l’équipe ? demanda-t-elle de sa voix douce, en ramassant la tasse de son café.

Il se leva et remarqua qu’elle était un peu plus petite que lui, c’est-à-dire qu’elle était bien plus grande que les femmes avec qui il avait l’habitude de sortir. Son parfum chatouilla ses sens, un parfum doux, chaud et sensuel. Il fallait qu’il arrive à se calmer, il était maintenant son patron, et plus ce jeune homme découvrant la passion.

— Je te suis.

Malheureusement, il découvrit trop tard qu’il aurait dû passer devant elle ; la jupe d’uniforme qu’il avait lui-même choisie dévoilait ses longues jambes bronzées. Elle avait ajouté un grand châle de couleur vive autour de sa taille comme ceinture et ouvert quelques boutons de son chemisier. Il n’y avait rien de choquant dans sa tenue, mais il essayait de se raccrocher à son règlement pour ne pas l’admirer plus encore.

Ils entrèrent dans les cuisines, où le staff au complet l’attendait.

— Bonjour à tous ! Je suis Grant Cooper, votre patron. Je suis désolé d’être venu incognito, mais je voulais vous tester. Les retours clients de votre restaurant sont les meilleurs de la chaîne pour tous les postes. Et d’après ce que j’ai pu observer à midi, c’est justifié. Bravo !

Lucile sourit fièrement et lui présenta les serveurs, les aides aux cuisines et la chef, Tess. Il s’aperçut du regard complice qu’elles échangeaient, il était évident qu’elles étaient amies.

— Tess, tu nous accompagnes dans mon bureau, s’il te plaît ? lui demanda Lucile.

Ils montèrent quelques marches et arrivèrent dans le bureau de Lucile, très éclairé par la grande fenêtre qui donnait sur l’océan. Lucile s’installa sur son siège pendant que Tess s’appuyait contre le bureau en croisant les bras. Il se sentait soudain en position de faiblesse sur sa petite chaise. Comme si c’était lui qui allait se faire gronder.

— Tess, je tiens à vous féliciter, le plat de homard que j’ai mangé était succulent.

— Merci beaucoup, Monsieur.

Il attendit un instant avant d’ajouter.

— Seulement, je ne me souviens pas qu’il soit au menu de notre chaîne.

Elles échangèrent un regard nerveux.

— Oui, c’est moi qui l’ai ajouté, répondit cette dernière.

— Non, Tess, dit soudain Lucile. Je ne te laisserai pas faire ça ! C’est moi la seule et unique responsable. Les clients me demandaient souvent du homard, du crabe, du poisson. Nous sommes certes un « Steak House », mais nous devons également plaire à toute notre clientèle, et pour un restaurant en bord de mer, cela manquait. Nous avons conservé tous les plats imposés par la chaîne, mais j’en ai ajouté quelques-uns, effectivement.

Elle l’affronta du regard un moment. Elle avait de l’aplomb, il ne pouvait pas lui enlever cela. Normalement, les gens ne le contredisaient jamais. Il avait en face de lui une adversaire à sa taille, et cela l’excitait un peu plus.

— Qui a fait les recettes ? Est-ce vous Tess ?

— Non, c’est moi, répondit Lucile sans le quitter du regard.

Il sourit lentement et la vit rougir. Il lui faisait de l’effet, il en était sûr. Il savait reconnaître quand il avait gagné avec les femmes.

— Tess, pourriez-vous nous laisser seuls, s’il vous plaît ? demanda-t-il en dévisageant toujours Lucile.

— Mais…

— Tu peux y aller, Tess, je vais gérer tout ça.

Une fois que la Chef fut partie, il se leva de sa petite chaise et marcha jusqu’à la fenêtre. Il admira un instant l’océan et son environnement. Il se retourna lentement et s’appuya sur le mur les mains dans les poches.

— Et que vas-tu gérer, s’il te plaît ? demanda-t-il de sa voix profonde.

Il la vit frissonner. Oh oui ! Elle n’était pas indifférente à son charme. Peut-être qu’une brève aventure avec elle pourrait la ramener dans le droit chemin ? Il fut soudain très exalté à cette idée.

— Grant, je t’arrête tout de suite, pas la peine de me faire ton numéro de charme, je te rappelle que nous avons grandi ensemble, et même si cela fait très longtemps que l’on s’est vu, je m’en souviens encore.

Il se rapprocha d’elle et s’appuya sur le bureau tout à côté d’elle. Elle devait lever la tête pour le regarder, exactement ce qu’il souhaitait, être en position de force.

— Tu serais donc immunisée à mon numéro de charme ? dit-il en touchant sa joue de son doigt qu’il laissa descendre lentement le long de sa gorge.

Ses joues s’empourprèrent, et elle se leva pour s’éloigner de lui.

« Oh non ! Mademoiselle Ridgewood, vous n’êtes pas immunisée contre moi », pensa-t-il.

— Je te propose un marché, nous te faisons goûter nos plats demain à ton bureau, et si tu n’aimes pas, je les enlève de la carte. Mais si tu les aimes, tu nous les laisses !

— Et si tu respectais simplement le règlement que j’ai établi ? dit-il en soupirant.

Elle croisa les bras contre sa poitrine et lui accorda un merveilleux sourire.

— Toi, par contre, tu as oublié à qui tu parles ? répondit-elle dans un éclat de rire. Je te rappelle que je ne t’obéissais jamais, quand nous étions plus jeunes.

Une série d’images de tous les endroits où il aurait adoré qu’elle lui obéisse défila dans sa tête. Et elle n’était habillée dans aucun.

Il s’approcha d’elle, assez près pour qu’elle essaie de reculer, mais le mur la bloquait.

— Demain, 15 h ! Et je n’ai rien oublié de notre dernière rencontre dans ma chambre…, murmura-t-il.

Le rouge lui vint aux joues, il avait marqué un point. Mais il devait sortir le plus vite possible avant de se jeter sur cette bouche insolente.

*

— Allez, raconte-moi tout, maintenant, dit Tess en s’installant dans le fauteuil de salon du jardin de Lucile.

Lucile louait une petite maison à Harbor Point, non loin de Sausalito. Le loyer était un peu cher, mais son salaire de manager le lui permettait. Elle adorait cette maison, mais surtout son jardin, dans lequel elle faisait pousser un mini potager en hauteur. On sentait l’air de la mer jusque chez elle, c’était la liberté.

Après être partie du manoir, elle avait vécu dans de minuscules appartements avant de finir en pension, à la mort de sa mère.

Elle apporta la bouteille de chardonnay et les deux verres à vin. Elle servit doucement son amie et lui tendit son verre.

— Il n’y a pas grand-chose à dire, en fait.

— Arrête ! J’ai vu l’effet qu’il te faisait, et quand il est sorti de ton bureau, tu avais un sourire que je t’avais rarement vu. Et cette tension sexuelle entre vous était… ouah ! Avez-vous des petits secrets croustillants ? Eu une aventure torride ?

Lucile éclata de rire, son amie avait une imagination débordante.

— Rien de tout cela ! Nous avons grandi ensemble, ma mère s’occupait du manoir de ses parents. J’allais dans la même école que lui, il était un peu plus âgé que moi et je le suivais partout comme un grand frère.

— Et…

— Et rien du tout ! Il m’a toujours vue comme sa petite sœur.

— Alors que toi, tu étais amoureuse de lui…

— Oui, un peu, un amour de petite fille…

— Ah, ah, ah ! Et aujourd’hui, cette petite fille se réveille à nouveau !

Son amie voyait un peu trop bien en elle. C’est vrai que son cœur avait battu plus vite en le revoyant, mais ce n’était sûrement dû qu’au souvenir de leur enfance.

— Ne le prends pas mal, Lucile ! Mais je ne t’ai jamais vue sortir avec un homme. Tu es toujours sur la défensive dès qu’un mâle essaie de t’approcher.

— Je suis sortie avec ce professeur de sport, il y a…

— Oh non ! Ne me parle pas de ce type. Il était gentil, mais il n’y avait rien qui passait entre vous. Cet homme était juste insipide.

Tess avait raison. John, ce professeur de sport, l’avait invitée à sortir au restaurant. Elle avait accepté parce qu’il était un habitué et qu’il était toujours très gentil avec elle et les serveurs. Mais Tess avait raison, ce rendez-vous avait été un échec total. Il ne s’était rien passé de plus, pas de frissons, pas de rires. Ils avaient mangé dans un silence tranquille, sans plus.

La seule chose positive qui en était sortie, c’est qu’elle savait maintenant qu’elle attendait quelque chose de mieux, ce petit plus qui l’aurait fait rêver, qui l’aurait enflammée, un homme capable de la chambouler totalement.

Ce petit plus qu’elle avait ressenti lors de sa confrontation avec Grant. C’était un séducteur, elle avait lu assez de choses dans les journaux sur ses différentes conquêtes. Comme il faisait partie d’une des plus vieilles familles de San Francisco, et qu’il était riche et beau, les médias l’adoraient.