Les Remèdes à l'amour - Ovide - E-Book

Les Remèdes à l'amour E-Book

Ovide

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Beschreibung

Les Remèdes à l'amour (Remedia amoris) est un ouvrage écrit par Ovide en l'an 2 après Jésus-Christ. Dans ce poème de 814 vers, l'auteur explique comment guérir de la passion amoureuse d'abord lorsque l'on est en couple puis lorsqu'on a rompu. Selon Ovide, l'exécution de ces conseils permettra d'éviter le suicide par dépit amoureux.

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Les Remèdes à l'amour

Ovide

Publication: 17Catégorie(s): Fiction, Poésie, Antiquité

L'Amour venait de lire le titre de cet ouvrage : "C'est la guerre, je le vois, c'est la guerre, dit-il, qu'on me déclare," O Cupidon ! ne calomnie pas le poète qui tant de fois a porté l’étendard que tu lui avais confié. Je ne suis pas ce Diomède dont la lance blessa ta mère, quand les chevaux de Mars la ramenèrent, toute sanglante, aux demeures éternelles ! Souvent l’Amour se refroidit dans plus d'un coeur ; moi, j'ai toujours aimé ; et si tu me demandes ce que je fais en ce moment, j'aime encore. Bien plus, j'ai enseigné l'art d'obtenir tes faveurs, et de régler sur la raison les impétueux élans de la passion. Non, je ne vais pas, aimable enfant, trahir mon art ; et ma Muse, oublieuse du passé, ne recommencera pas son ouvrage. Que l'amant d'une beauté qui le paie de retour jouisse de son bonheur, et livre sa voile aux vents propices ! Mais, s'il est un infortuné qui supporte mal le joug d'une indigne maîtresse, qu'il accepte, pour se sauver, le secours de mon art. Pourquoi souffrir qu'un amant se comprime le cou dans un lacet, et se pende au sommet d'une poutre élevée ? qu'un autre plonge dans ses entrailles un fer homicide ? Ami de la paix, ô Amour ! tu as le meurtre en horreur. Cet amant, s'il n'éteint sa flamme, en doit être la victime ; qu'il cesse donc d'aimer, et tu n'auras causé la mort de personne.

Tu es un enfant : les jeux sont ton unique apanage ; joue donc ; le doux empire des Jeux convient à ton âge. Tu pourrais, je le sais, descendre dans l'arène, armé de flèches acérées ; mais ces flèches ne sont jamais teintes de sang. Laisse Mars, ton beau-père, brandir le glaive et la lance, et marcher tout sanglant au milieu du carnage : toi, ne livre d'autres combats que ceux dont Vénus te donna des leçons ; combats innocents, et qui jamais n'ont ravi un fils à sa mère. Fais que, dans une querelle nocturne, une porte soit brisée, ou qu'elle soit ornée de nombreuses couronnes. Jette une ombre amie sur les secrets rendez-vous des amants et de leurs timides maîtresses ; aide à tromper un mari soupçonneux ; provoque un amant à adresser tour à tour des prières suppliantes et des imprécations à la porte inflexible de sa belle, et, s'il est repoussé, à chanter sa mésaventure sur un ton plaintif : contente-toi de faire verser des larmes, sans avoir à te reprocher la mort de personne. Ton flambeau n'est pas fait pour allumer des bûchers dévorants. Ainsi, disais-je ; et l'Amour, agitant ses ailes diaprées de pourpre et d'or : "Achève, me dit-il, ton nouvel ouvrage." Venez donc à mes leçons, amants trompés, et vous qui avez toujours échoué dans vos prétentions amoureuses, venez à moi. Déjà je vous appris l'art d'aimer ; apprenez de moi maintenant l'art de n'aimer plus. La main qui vous blessa saura vous guérir. Souvent le même sol produit des herbes salutaires et des herbes nuisibles ; près de la rose croît l'ortie, et la lance d'Achille cicatrisa la blessure qu'elle-même avait faite au fils d'Hercule. Jeunes beautés, mes préceptes, je vous en avertis, sont aussi bien pour vous que pour vos amants ; je donne des armes aux deux partis. Si, parmi ces préceptes, il en est dont l'usage ne vous soit pas nécessaire, l'exemple qu'ils vous offriront pourra néanmoins vous instruire ; éteindre une flamme cruelle, affranchir les coeurs d'une servitude honteuse, voilà le but utile que je me propose. Phyllis eût vécu, si j'eusse été son maître ; et si elle se rendit neuf fois sur le bord de la mer, elle y fût revenue plus souvent encore. Didon mourante n'eût pas vu, du haut de son palais, la flotte des Troyens mettre à la voile, et le désespoir n'eût point armé contre ses enfants une mère dénaturée, qui versait ainsi son propre sang pour se venger d'un époux parjure[1]. Bien qu'épris de Philomèle, Térée, grâce à moi, n'eût point mérité, par un crime, d'être changé en oiseau. Donnez-moi Pasiphaë pour élève, elle cessera d'aimer un taureau ; donnez-moi Phèdre, sa flamme incestueuse va s'éteindre ; confiez-moi Pâris, et Ménélas gardera son Hélène, et Troie ne tombera pas sous la main des Grecs. Si l’impie Scylla eût lu mes vers, ta tête, ô Nisus ! eût conservé son fatal cheveu de pourpre. Mortels, étouffez de funestes amours ; suivez mes conseils, et votre barque et ses passagers vogueront en sécurité vers le port. Lorsque vous apprîtes à aimer, vous avez dû lire Ovide ; c'est encore Ovide qu'il vous faut lire aujourd'hui, Dans chaque amant malheureux, je vois un client à affranchir de ses fers[2] ; secondez donc les efforts de celui qui veut être votre vengeur.

Je t'invoque, divin Phébus, toi l'inventeur de la poésie et de la médecine ; sois-moi propice ; poète et médecin à la fois, je réclame ton secours ; n'es-tu pas le dieu tutélaire de ces deux arts ? Quand vos chaînes ne sont pas encore bien pesantes, si vous vous repentez d'aimer, arrêtez-vous dès les premiers pas ; étouffez dans son germe ce mal naissant, et que, dès l'entrée de la carrière, votre coursier rétif refuse d'aller plus avant. Tout s'accroît par le temps ; le temps mûrit les raisins ; il change l’herbe tendre en fertiles épis. Cet arbre, dont les rameaux répandent sur les promeneurs un vaste ombrage, ne fut, lorsqu'on le planta, qu'un chétif rejeton. Alors on pouvait facilement l'arracher ; maintenant qu'il est dans toute sa force, il repose, inébranlable, sur ses puissantes racines. Hâtez-vous d'interroger votre coeur ; demandez-vous quel est l'objet de votre amour, et secouez le joug qui doit un jour vous blesser. Combattez le mal dès son principe ; le remède vient, trop tard lorsque ce mal s'est fortifié par de longs délais. Hâtez-vous donc, et ne différez pas d'heure en heure votre guérison. Si vous n'êtes pas prêts aujourd'hui, demain vous le serez moins encore. L'Amour est fertile en prétextes ; il trouve un aliment dans le retard. Le jour le plus proche est donc le plus convenable pour procéder à sa destruction. Vous voyez peu de fleuves larges dès leur source ; la plupart se grossissent par le tribut des ruisseaux qui viennent s'y perdre. Si tu avais réfléchi plus tôt au crime monstrueux que tu allais commettre, ton visage, ô Myrrha ! ne cacherait point sous l'écorce la honte qui le couvre[3]. J'ai vu des plaies, d'abord faciles à guérir, devenir incurables, par suite d'une négligence obstinée. Mais on aime à cueillir les fleurs que Vénus a semées pour nous, et l'on se dit chaque jour : "Il sera temps demain." Cependant une flamme sourde circule dans vos veines, et l'arbre nuisible jette de profondes racines. Si cependant le moment d'appliquer le remède est passé, si l'amour a vieilli dans le coeur dont il s'est emparé, d'immenses difficultés viennent entraver la guérison. Mais, parce qu'on m'appelle trop tard auprès du malade, ce n'est pas un motif pour que je l'abandonne ? Le héros, fils de Péan, n'aurait pas dû hésiter un instant de couper la partie où il venait d'être blessé[4]. Toutefois, dit-on, il n'en fut pas moins guéri plusieurs années après, et il accéléra la chute de Troie.

Je vous conseillais tout à l'heure d'attaquer le mal à sa naissance ; maintenant je vous offre des secours lents et tardifs ; tâchez, si vous le pouvez, d'éteindre l'incendie dès qu'il se développe, ou dès qu'il s'affaiblit de lui-même par sa propre violence. Quand un homme laisse s'exhaler sa fureur, cédez à son emportement : il serait difficile d'en arrêter la fougue impétueuse.