Les Volcans d’Auvergne - Philippe Glangeaud - E-Book

Les Volcans d’Auvergne E-Book

Philippe Glangeaud

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  • Herausgeber: EHS
  • Kategorie: Lebensstil
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2022
Beschreibung

"L’Auvergne est la terre où « tous ses volcans éteints semblent des chaudières fermées où chauffent encore, dans le ventre du sol, les eaux minérales de toute nature. De ces grandes marmites cachées partent des sources chaudes qui contiennent tous les médicaments propres à toutes les maladies. Voici Vichy où l’on soigne les affections du foie, de la vessie, de l’estomac, des reins, de la gorge, de la rate, etc. ; voici Royat, où l’on guérit les maladies de la rate, de la gorge, des reins, de l’estomac, de la vessie, du foie..." (Guy de Maupassant)  

Les agents de destruction : l’érosion et les glaciers ont altéré parfois profondément le relief primitif des volcans les plus anciens, en usant et décapitant leurs hauts sommets. Les vieux Vésuve et Etna auvergnats ont été ainsi réduits de moitié et entaillés de profondes vallées, pratiquées au milieu de leurs laves et de leurs projections. C’est grâce à ces entailles que les géologues ont pu reconstituer leur histoire, celle des mondes animés qui vivaient dans leur voisinage, et suivre pas à pas les différentes phases de leur évolution.

Si l’étude d’un volcan en activité est intéressante, celle d’un vieux volcan l’est peut-être encore davantage, car il porte dans ses flancs les traces d’une longue suite de siècles. Si la lumière du présent éclaire le passé, celle du passé illumine singulièrement le présent.

Je souhaite que la puissance de séduction que dégage ces antiques régions volcaniques de l’Auvergne, régions si bouleversées, soumises à de si nombreuses vicissitudes tour à tour montagnes de feu, puis montagnes couvertes de glace, et aujourd’hui si belles dans leur tranquille sérénité, laisse aux milliers de savants et de touristes, qui les visitent chaque année, un souvenir durable et plein de charme. 

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Les Volcans d’Auvergne.

Les Volcans d’Auvergne

leurs Caractères, leur Genèse et leur Évolution

L’Auvergne est la terre des malades. Tous ses volcans éteints semblent des chaudières fermées où chauffent encore, dans le ventre du sol, les eaux minérales de toute nature. De ces grandes marmites cachées partent des sources chaudes qui contiennent tous les médicaments propres à toutes les maladies. Voici Vichy où l’on soigne les affections du foie, de la vessie, de l’estomac, des reins, de la gorge, de la rate, etc. ; voici Royat, où l’on guérit les maladies de la rate, de la gorge, des reins, de l’estomac, de la vessie, du foie, etc. Voici le Mont-Dore, La Bourboule, Saint-Nectaire, Châtel-Guyon, et tant d’autres lieux à filets de liquide minéralisé qui se vend en bains, en bouteilles et en douches ascendantes ou descendantes, selon les besoins de la clientèle. La grande pharmacie souterraine d’Auvergne répond à toutes les exigences...

(Guy de Maupassant)

Les agents de destruction : l’érosion et les glaciers ont altéré parfois profondément le relief primitif des volcans les plus anciens, en usant et décapitant leurs hauts sommets. Les vieux Vésuve et Etna auvergnats ont été ainsi réduits de moitié et entaillés de profondes vallées, pratiquées au milieu de leurs laves et de leurs projections. C’est grâce à ces entailles que les géologues ont pu reconstituer leur histoire, celle des mondes animés qui vivaient dans leur voisinage, et suivre pas à pas les différentes phases de leur évolution.

Si l’étude d’un volcan en activité est intéressante, celle d’un vieux volcan l’est peut-être encore davantage, car il porte dans ses flancs les traces d’une longue suite de siècles. Si la lumière du présent éclaire le passé, celle du passé illumine singulièrement le présent.

Historique.

  Il n’y a guère plus d’un siècle et demi (c’est en 1751), que l’on sait qu’il y a eu des volcans anciens, en dehors des volcans en activité. Et c’est précisément en Auvergne qu’eut lieu cette découverte mémorable qui devait avoir une répercussion profonde sur les études du vulcanisme.

Avant cette époque, les beaux cratères de la Chaîne des Puys étaient considérés comme des hauts fourneaux gigantesques, où les Romains et les Gaulois avaient, sans doute, exécuté des travaux cyclopéens et les scories volcaniques étaient le mâchefer de ces fourneaux.

C’est Guettard, précepteur de Lavoisier, savant et observateur habile, qui reconnut le premier la nature volcanique des collines de la Chaîne des Puys. Il avait été préparé, il est vrai, à cette découverte par de nombreux voyages effectués en Europe, notamment en Italie. J’ai eu la bonne fortune de posséder ses carnets de voyages. Ils dénotent un esprit vif, précis, très scientifique, enthousiaste des études de la nature, et toujours à la recherche du pourquoi des choses. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait entraîné Lavoisier, durant un certain temps, sur le chemin de la Géologie, où le jeune savant se complaisait si bien, qu’il écrivit plus tard « avoir regretté de ne pas continuer des études qui élèvent tant l’esprit et sont si philosophiques ».

La Faculté de Clermont possède, grâce à la générosité de la famille de Chazelles, la collection de géologie de Lavoisier, collection fort curieuse, sur laquelle je me propose d’attirer sous peu l’attention.

Guettard fit part de sa découverte à l’Académie des Sciences où elle fut reçue plutôt froidement ; on la considérait comme un produit de son imagination. Il fallut longtemps pour convaincre les savants et le public qu’il y avait eu jadis des volcans en Auvergne.

Depuis cette époque, on en a trouvé dans tous les pays et à toutes les époques géologiques.

En Auvergne, de nombreux savants les ont étudiés après Guettard c’est Desmarets, Dolomieu, les Allemands von Buch et von Lasaulx, les Anglais Lyell, Poulett Scrope, Sir Archibald Geikie, etc.

Ce sont aussi de nombreux compatriotes Montlosier, Ramond, Bouillet, Lecoq, Julien, Michel Lévy, Lacroix, Gonnard, et, dans le Cantal, plus spécialement : Rames, Fouqué et Boule.

Les découvertes continuent activement ; j’ai pu récemment reconnaître et étudier, dans le Puy-de-Dôme, cinq nouvelles régions volcaniques, montrer, il y a quelques mois, qu’il n’y avait pas eu moins de sept périodes d’activité volcanique dans la Limagne, et expliquer la genèse des volcans du Massif Central en les rattachant aux mouvements du sol qui avaient donné naissance au Forez, à la Margeride et aux Cévennes.

Enfin il y a peu de temps, un de mes élèves, M. Lauby, publiait une contribution importante sur le Massif de l’Aubrac. C’est dire que l’étude des volcans de l’Auvergne est loin d’être achevée.

Aperçu géographique.

Les volcans d’Auvergne, jeunes et vieux, forment une suite de régions naturelles, dont l’ensemble constitue une grande écharpe montagneuse s’étendant depuis les environs d’Aurillac, Saint-Flour, Brioude, Issoire, Clermont, Riom et Pontaumur. Ils surplombent la vallée de l’Allier à l’E., celles de la Dordogne, de la Sioule à l’O. et celle de la Truyère au S. (fig. 1).

L’Auvergne possède douze régions volcaniques superposées à des reliefs cristallins ou tertiaires huit sont plus spécialement connues ; ce sont : la Limagne, la Chaîne des Puys, la Petite Chaîne des Puys, la Chaîne de la Sioule, le Massif du Mont-Dore, le Cézallier, le Massif du Cantal et une partie de l’Aubrac.

Fig. 1. Carte géologique des Volcans d’Auvergne et de leurs abords, d’après Glangeaud.Les parties en blanc représentent les formations tertiaires et quaternaires.

Du sommet du Pic du Sancy (1.886 m.) d’où l’on domine tout cet ensemble, on peut saisir une partie de leurs caractères. Lorsqu’on les examine des hauteurs du Livradois ou du Forez, on les voit barrer l’horizon, d’une façon continue, sur plus de 120 kilomètre, et l’on suit, l’on détaille, chacune des régions qui les constituent. C’est d’abord au N. le feston incomparable des volcans de la chaîne des Dômes, puis les crêtes déchiquetées du Mont-Dore, puis le dôme du Cézallier, puis enfin les pics du Massif Central, tandis qu’au premier plan, dans la Limagne, ce grand fossé creusé au pied du Forez, s’alignent les tables et les pitons de basalte qui sont les restes des plus vieux volcans de l’Auvergne.

Lorsque les sommets de ces volcans sont recouverts de neige, ou que le soleil couchant vient les envelopper d’une lumière dorée, ce panorama apparaît comme un des plus saisissants que je connaisse en Europe, et cependant un des moins connus dans son ensemble.

Je vais essayer d’esquisser brièvement les caractères les plus saillants des six principales régions volcaniques de l’Auvergne la Limagne, la Chaîne des Puys, la Chaîne de la Sioule, le Mont-Dore, le Cézallier et le Cantal.

Fig. 2. — Le Fjord oligocène (partie ombrée) (Sannoisien). Première esquisse de la Limagne, communiquant avec la Méditerranée sur l’emplacement des Cévennes (d’après de Lapparent).

Situation, Faciès,  Laves.

Disons d’abord que l’activité volcanique, qui a donné naissance aux volcans d’Auvergne, s’est répartie en de nombreux points, comme dans la Limagne, où les édifices volcaniques se présentent isolément, séparés les uns des autres, ou le long de fractures suivant lesquelles ils s’alignent sous forme de chaînes montagneuses, comme la chaîne des Puys et la chaîne de la Sioule, ou bien s’est concentrée aux mêmes points ou en des points très rapprochés, où elle a accumulé des épaisseurs énormes de produits variés qui ont constitué des massifs imposants de plus de 2.500 mètres de haut. De là, trois aspects, trois faciès généraux différents des régions volcaniques auvergnates.

Un autre caractère important est leur âge relatif. Les plus anciens et, par suite, les plus usés, sont ceux de la Limagne et de la chaîne de la Sioule (généralement miocènes), puis ceux du Mont-Dore et du Cantal (en grande partie pliocènes). La chaîne des Puys forme la région la plus jeune et, par suite, la mieux conservée (quaternaire).

Les volcans ont émis des laves de compositions minéralogique et chimique différentes, qui permettent de les distinguer les unes des autres et de constater les variations des magmas profonds.

Fig. 3. — Essai de reconstitution de l’Extension des dépressions (lacs) oligocènes dans une partie du Massif Central, d’après Glangeaud.