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Lux Racine a presque 18 ans, une volonté et une rage d'aller à contre courant, de suivre son propre chemin et ses idées. Elle est graffeuse, vit dans un squat et tient un journal intime. Elle rejette la société de consommation, est en colère contre le monde entier et déteste ses parents bourgeois.C'est la raison pour laquelle elle a demandé son émancipation à 16 ans. Elle n'aime pas les réseaux sociaux, elle ne se reconnaît pas dans les jeunes de son âge, qu'elle trouve "nazes". Alors qu'elle va jeter les cendres de son grand-père dans le lac Majeur, elle rencontre Hesper lors du Festival International du Film de Locarno. C'est le coup de foudre ou presque. Ils vont essayer de s'aimer à travers leurs différences et au gré de leurs nombreux voyages. Mais Lux va se rendre compte qu'il n'est pas facile d'être en couple lorsque l'on a besoin de solitude et que l'on est très indépendante.
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Seitenzahl: 158
Veröffentlichungsjahr: 2019
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Pour sa force, son courage, sa générosité, sa confiance en moi, pour avoir laissé ma créativité s’exprimer librement et m’avoir fait découvrir le monde extraordinaire de la culture sous toutes ses formes.
« So what is the answer to the question of U ?
What do I look for?
What shall I do?
Which way do I turn when I’m feeling lost?
If I sell my soul, now what will it cost?
Must I become naked, no image at all?
Shall I remain upright or get down and crawl?
All of the questions in my life will be answered
When I decide which road to choose
What is the answer to the question of U? »
NELSON, PRINCE ROGER
L’année des 13 lunes !
C’est encore demain
Un écrin pour mon journal
Zurich, Tag’s Fest 2013
Mittwoch
Des murs sont tombés et ...
On n’arrête pas le marketing
Trop de la bombe à taguer !
À travers l’Europe
Francfort
À Berlin, j’ai les boules !
En route pour Dresde
Prague
Ce que je n’avouerai jamais à personne
Vienne
Pas un coup de foudre, mais…
Bratisla va
Budapest
Ljubljana
Zagreb
La tête sous l’art contemporain
Rab
Du Rab
Fraises Tagaga
Des bières et une mise en bière !
Toujours se méfier des lubies d’Albator
Soyez sympa rembobinez !
C’est Noël avant l’heure !
Éclipse solaire qu’on ne voit pas, le 3 novembre
10 novembre 2013 — Projet Inside Out à la TGB
Heslux
17 novembre 2013
Putain je suis vieille !!!!!!!!
22 novembre
Pétrus
En mode rêves bizarres !
La manif de ceux qui ont peur
L’odeur de la première neige
La famille que j’ai choisie
Bientôt, on remplacera le 3 par un 4
2014
« Liberté de pensée »
Le culot des gens dans le métro parfois !
What if God was one of us?
Où vais-je, dans quelle étagère ?
Dimanche, jour d’herbe
Un autre rêve
Des excuses bidon pour pleurer
Les rues de Chicago
The Windy City
Les crocs du carnivore
Tu veux ou tu veux pas...
Les 25 ans de la Chute du Mur
#JeSuisCharlie
Fuck la Saint -Valentin
Riga bien qui rira le dernier ! (Je sais, c’est nul)
Rêve
U-Bahn
Le hasard n’existe pas
Un dernier mot de Virgil’S
I’ m back
#53mars
Remerciements
LOVELY PLANETE (roman voyageur et initiatique)
Une émotion palpable envahit la Piazza Grande de Locarno. La foule se lève et applaudit comme un seul homme. Un film touchant, sans une once de sarcasme ni de cynisme, une rareté qui donne envie de tomber en amour sur-le-champ. L’équipe du film « Gabrielle » vient nous saluer, des larmes de bonheur ruissellent sur les joues du public conquis.
Je n’ai jamais vu ça !
Il se passe quelque chose d’électrique ce soir. Le générique de fin se déroule sous un magnifique ciel étoilé avec en guest-star : la Voie lactée. Je reste assise un long moment après les applaudissements. Les minutes s’écoulent, les chaises se plient une à une, beaucoup s’en vont main dans la main, en souriant. Les spectateurs sont presque tous partis. Je n’ai pas pleuré comme ça depuis... Je n’ai jamais pleuré comme ça !
Il aurait pu me donner un mouchoir, même un morceau de sopalin, non ! Il enlève son tee-shirt pour que je me mouche dedans ! Il est donc torse nu, la main tendue avec un sourire si lumineux que j’ai l’impression de me retrouver, pour quelques secondes, en plein jour. Je suis envahie d’un trouble si vaste que pour la première fois de ma vie, je ne sais pas quoi dire ! Venant de quelqu’un qui a une opinion sur tout et n’importe quoi et n’a jamais peur de le proclamer haut et fort, c’est un comble !
Et si je n’étais pas tombée « par hasard » sur « 50 shades of Grey », planqué sous le lit de ma mère et que je ne l’avais pas lu, par pure curiosité, j’aurais mordu le coin de ma lèvre avec mes dents et il aurait été tout de suite fou de moi ! Mais comme je l’ai lu, je vais éviter un cliché supplémentaire dans cette histoire qui commence avec un beau mec à moitié nu et une jeune femme émue aux larmes par un film d’amour qui sort des sentiers battus, comme le dirait Aphy.
Je ne me mouche pas dans son tee-shirt, je ravale mes pleurs le plus dignement possible et je l’invite à se rhabiller avant de prendre froid.
— Hesper, me dit-il en me tendant la main.
— Heu... que j’espère quoi au juste ?
— Non, Hesper c’est mon prénom, dit-il en riant.
— Eh bien ! Voilà autre chose.
— Tu t’appelles bien Lux.
— Comment tu sais ça, toi ?
— Tu ne te souviens pas ?
— Heu … ?! ?!
HELP ME !
Donc ce mec qui se déshabille spontanément pour que j’essuie mes larmes connaît mon prénom ! Il continue à me regarder avec ce sourire espiègle qui commence sérieusement à me troubler. Ce type ne me veut apparemment rien de mal. Il a l’air plutôt cool et engageant (engageant, vraiment. Non, mais attends, là, t’as 40 balais ou quoi ?) Mais pourquoi me met-il dans un tel EENI ? (Etat Emotionnel Non Identifié – je l’invente pour l’occasion). J’ai chaud tout à coup, il faut vraiment que je dise quelque chose, ça ne me ressemble pas, ce mode silencieux !
— Non... heu...je... non...je ne vois pas, non. C’est tout ce que j’arrive à bafouiller.
— Tu viens boire un verre ?
— Maintenant ?
— Ben oui. Pourquoi, tu n’as pas la permission de minuit ?
— Ah ! Et en plus il est drôle !
— Alors ?
— OK !
Il remet ENFIN son tee-shirt, me prend la main, comme ça, comme si c’était un truc super naturel, sauf que non ! Chez moi, c’est tout sauf naturel ! Je suis d’un naturel plutôt farouche. Et là, si j’entends une musique de romcom, je jure que je vomis. Mais non, pas de bande-son sirupeuse et dégoulinante, juste lui, moi et la nuit (oh ! Putain ma fille, t’es foutue !)
C’est déjà demain !
C’était déjà demain lorsqu’il m’a pris la main et que nous sommes sortis de la Piazza Grande en slalomant entre les chaises. Nous avons couru à travers la ville, dans les ruelles. On courait, je ne sais pour quelle raison, et ça nous a fait rire. Plus nous riions, plus nous perdions haleine. On a dû s’arrêter à cause de points de côté.
— Je meurs de soif, dis-je le souffle court et pas seulement à cause de notre course endiablée.
— Viens, ce n’est plus très loin.
Et c’est reparti pour une course à la Jack Bauer. Première fois de ma vie que je laisse quelqu’un décider à ma place. Ça fait bizarre de ne pas tout contrôler. C’est reposant en fait. On s’arrête dans une buvette au bord du lac et on déguste les meilleurs mojitos du monde. Pas que j’en ai bu des tonnes, mais avec l’émotion qui nous envahit, c’est forcément les meilleurs du monde !
Et puis plus rien. Moi, toujours incapable de parler, et lui qui me regarde intensément, trop intensément ! Je sais déjà au fond de moi que son sourire annonce quelque chose de fort.
— Tu ne te rappelles vraiment pas ? me demande doucement Hesper.
— Non, désolée.
— C’était à Québec il y a deux ans, lors d’une fête chez un type au nom improbable, Bob l’âne quelque chose.
— Tu connais Bob-dit-l’âne ? lui dis-je surprise.
— Je l’ai vu lors de la soirée « un pot1 entre amis. »
— Je me souviens vaguement que c’était la première fois que je fumais de l’herbe, j’ai été tellement malade que je me suis dit : plus jamais !
— Oui, c’est clair, tu m’as vomi dessus.
— Tu déconnes ? Mais c’est trop la honte !
Je sens la chaleur me monter aux joues. Oh ! Que je déteste rougir ! C’est vieux, ça fait plus de deux ans !
— Personne ne m’a si joliment vomi dessus, dit Hesper en souriant tendrement.
— Hum ! Il faut que tu arrêtes avec cette histoire de vomi. Je ne voudrais pas faire un remake de la scène ce soir !
— C’était peut-être aussi un peu de ma faute, tu avais tellement faim que je t’avais préparé une omelette aux champignons sans savoir qu’ils étaient hallucinogènes.
— Je ne devais vraiment pas être dans mon état normal, car je suis vegan !
— Le lendemain matin, tu avais disparu. On m’a dit que tu étais retournée à Paris. Mais personne n’avait ton adresse. Je t’ai cherchée partout, sur Facebook, Twitter, à croire que tu n’existes pas sur #lesréseauxsociaux.
— Et ce n’est pas encore aujourd’hui que tu m’y trouveras. Prism & Co, très peu pour moi !
— Maintenant, tu es là et c’est tout ce qui compte, me dit-il en s’approchant dangereusement de moi.
1 « Pot » signifie herbe en argot anglais
Nous nous sommes endormis dans le Parco della Pace, sans que personne vienne nous déranger. Il fait encore chaud, les étoiles qui nous ont bercés toute la nuit ont disparu. Une douce sensation de béatitude m’envahit alors qu’Hesper dort encore, la bouche légèrement ouverte.
Je repense à notre premier baiser. Tellement mieux que le tout premier que j’ai échangé avec Gaylord. On n’avait pas neuf ans et l’on était aussi empoté l’un que l’autre. J’étais perplexe quant au mouvement de nos langues. Sens des aiguilles d’une montre ? L’inverse ? C’est quoi ce bordel, il y a trop de salive là, c’est normal ? Je peux enfin l’observer sans qu’il me dévore de ses grands yeux noirs qui m’intimident et m’impressionnent beaucoup plus que je ne veux bien l’admettre. Il a des yeux noirs comme la nuit. Dit comme ça, un truc aussi cliché, ça ne passerait même pas dans une série B et pourtant c’est vrai.
Bon alors, presque aussi noir que du Vantablack2. Noir quoi !
J’ai comme une impression bizarre de déjà vu. Je lis plein de trucs en ce moment sur la réincarnation.
Hier soir, on s’est parlé d’une façon simple et évidente, comme si l’on se connaissait depuis toujours. Je regarde délicatement l’heure sur sa montre. Je ne veux pas le réveiller. Je prends le train pour Zurich dans l’après-midi et je déteste les adieux. Il va m’en vouloir, mais je sens que nous allons nous revoir bientôt.
Je suis d’abord venue à Locarno pour faire un pèlerinage. Je me souviens que mon grand-père m’emmenait sur son île préférée, l’Isola Bella. C’est là que j’ai déversé ses cendres. Évidemment contre l’avis du paternel qui voulait un enterrement « traditionnel ». J’ai eu gain de cause, car mon grand-père a fait de moi son exécutrice testamentaire.
Il faut dire que je m’entendais tellement mieux avec mon pépé qu’avec mon père. À croire que ce dernier a été abandonné dans un panier devant la maison de mes grands-parents. Mon pépé, qui portait le magnifique prénom de Vénitien, était drôle, joyeux, cultivé. Il pouvait m’écouter pendant des heures. Il sculptait des clés dans n’importe quelle matière, il distillait un tord-boyaux à base de cerises et j’avais même le droit d’humecter mes lèvres avec son alcool qu’il appelait « Ce-risette » et surtout, il me laissait faire toutes les bêtises et expériences que je pouvais inventer ! Pas étonnant qu’il ait toujours eu mon vote !
Encore un moment à contempler cette vue sublime sur les îles Borromées magnifiquement fleuries. Le soleil fait scintiller le lac. Une dernière pensée pour mon cher grand-père et je cours prendre mon train.
2 à base de nanoparticules, absorbant tout, baptisée « le noir le plus noir du monde ». Son innovation est d’un noir si sombre qu’elle réduit les images 3D en surfaces à deux dimensions et est capable d’absorber toute la lumière du soleil sans aucune réflexion.
Je suis tellement partie à l’arrache, que j’en ai déchiré mon journal. Le pauvre, il a déjà pris l’eau, maintenant il est scotché de partout. Il ne lui reste plus que quelques pages que je laisse vides. Quand je commence une nouvelle aventure, j’ai besoin de changer de carnet.
Il y a eu celui de mon émancipation il y a deux ans. Tout le bordel administratif et la paperasse, mes parents à gérer.
Celui de ma rencontre avec Pétrus sous le Pont Neuf. Pétrus, un genre d’homme d’affaires cynique (pléonasme !) qui a viré Sans Désir Fixe après un abominable accident. Il a un cœur en or qu’il cache sous un caractère de cochon. Mais je l’adore. On parle des heures de tout et de rien, on refait le monde à coup de pinard et de vers. C’est mon père de substitution, car lui au moins est présent dans ma vie et s’intéresse à ce que je fais.
J’ai 4 heures de train, cela me laisse le temps de construire une petite niche à mon journal perso. Pétrus me charrie toujours avec ça, car je ne l’appelle pas mon journal intime. Mais j’ai plus huit ans, quoi ! Je fais des trous dans une boîte à cigare que j’ai récupérée sur un trottoir et j’installe un cadenas. Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours peur que quelqu’un tombe dessus et le lise. Ça serait l’horreur absolue ! Un peu comme si l’on me regardait dormir et que l’on devinait à quoi je rêve.
Alors j’écris gros sur plusieurs pages au hasard :
INTERDICTION
FORMELLE
&
IRRÉVOCABLE
D’OUVRIR
&
DE LIRE CE
JOURNAL
ULTRA PRIVÉ
PROPRIÉTÉ
DE
© LUXRACINE
Questionnement N° 1
Le fameux « Love at first sight » des Ricains, est-ce une invention hollywoodienne, une légende urbaine ou la réalité ? Une nuit entière à frôler un presque parfait inconnu et je me pose la question méchamment !
Je suis arrivée hier à Zurich. Invitée « en tant qu’artiste-graffiteuse ». Oui Madame ! Je vais refaire le coup du « Mur de Berlin qui tombe ». Cela me prend du temps, car je construis moi-même le mur sur lequel je graffe, avec tout ce qui me tombe sous la main, dans les déchèteries ou dans la rue. De la brique rouge à un pot de yaourt en verre, en passant par des palettes en bois, des pneus, des vêtements déchirés, des lampes, des boîtes, des téléphones, des perruques, des claviers d’ordinateurs, des feutres qui ont perdu leur couleur, des cadavres de bouteilles et autres objets hétéroclites. Tout ce bric-à-brac tient avec du ciment. Cela me demande beaucoup d’énergie, c’est pour cette raison que je ne le refais pas trop souvent. Et puis de toute façon dans l’art, comme dans la vie, il faut se réinventer. Nous sommes des centaines venus des quatre coins de la planète pour le premier « Tag’s Fest ». Il faut dire que « Ma chute du Mur » a fait du bruit. J’ai carrément un nom dans le milieu maintenant. Mais je m’égare. Alors, la belle ville des banquiers, avec des immeubles cossus ; un luxe présent, mais discret. Surtout pas de bling-bling. Les nouveaux riches sont priés d’aller faire leur show ailleurs. C’est propre. Apparemment pas autant qu’avant. Avant quoi ? Je ne sais pas, il paraît que tout fout le camp !
Les bords de la Limmat sont toujours aussi agréables. J’y suis allée petite, avec mon père, manger des truffes chez Sprüngli. En fait, moi j’en mangeais en l’attendant. Il était parti avec une grosse mallette qui pesait une tonne. Il avait des trucs à faire à la banque. J’ai compris plus tard qu’il n’y avait pas que du chocolat dans sa mallette. J’ai tellement attendu que j’ai eu le temps de manger un kilo de truffes ! Elles étaient si bonnes et je n’ai même pas été malade.
Je m’égare encore. Je suis arrivée hier à 20 h 26 à Zurich HB. Pas une minute de retard, sur les 4 h 03 que compte le voyage. Le bras droit de l’organisateur de la manifestation m’attendait avec mon prénom « LUX » tagué sur un panneau en bois dont il m’a fait cadeau. Nous sommes logés dans une ancienne usine de chocolat, transformée en hôtel. Pour une fois, je ne suis pas la plus jeune. Un Brésilien de 13 ans qui mesure déjà 1,90 m est arrivé la veille. Son nom de tagueur est « LEEK » 3.
Au loin, je vois « Miss 773H » et « CYS » les parrains de ce premier festival, qui prennent le café ensemble. J’adore leur travail, ils sont drôles et percutants.
Je me lève tôt et, comme à mon habitude, j’erre dans la ville. Je rentre dans de petites rues magnifiques, ça monte et ça descend dans des dédales de ruelles plus belles les unes que les autres. Les automobilistes laissent passer les piétons avec une patience exemplaire ! Pas comme ces abrutis de Parigos. Zurich s’il n’y avait pas la prononciation de leur langue à la gloubi-boulga qui sort de leur bouche, j’y habiterais depuis longtemps.
Malheureusement, je parle l’allemand comme une vache mongole ! Je dis « grusstli — biscuit » au lieu de « grüssi — bonjour ».
Je retourne près de la Limmat, il y a de jolies passerelles au bord de la rivière. Je me prépare mentalement pour mon intervention de ce soir. Je n’ai pas l’habitude de taguer pour un public nombreux et encore moins devant des pros. Je sais qu’une fois face à mon installation, je serai à l’intérieur de moi, quelque part où personne ne peut ni me distraire ni m’intimider, dans un état proche de la transe. Le problème c’est de rentrer dans cet état. J’ai l’impression que plus je vieillis, plus je suis consciente de ce que je fais et j’ai peur !
Peut-être que devenir adulte vous enlève votre insouciance, votre légèreté.
Des graffiti sous un tunnel, genre « Kill the Bankers » me sortent de ma cogitation intérieure. J’arrive sur le Kloter Fahr-Weg. Je m’arrête sur un banc avec l’impression que quelqu’un me suit. Je lève les yeux, c’est Hesper qui me jette son regard noir intense à la figure. Il se plante devant moi et me fixe. Nous sommes là comme deux points d’interrogation, ni l’un ni l’autre ne voulant parler le premier. Pour dire quoi ? Je ne respire presque plus. J’entends juste mon cœur cogner dans ma cage thoracique comme les tambours du Bronx. Il va tout faire imploser à l’intérieur de ma petite personne.
— Hey, dit-il dans un souffle.
— Hey, je réponds à bout de souffle.