Lovely Planète - Mirelle HDB - E-Book

Lovely Planète E-Book

Mirelle HDB

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Beschreibung

Qu'est-ce qui unit une ado enragée, un clochard Sans Désir Fixe, un entrepreneur névrosé ou encore une mère de famille prisonnière de son quotidien ? Tous ont eu entre les mains la sagesse venue de l'Inde : le livre de Wakanda-Adhita. Il se passe comme un témoin au-delà des frontières. Il est le déclencheur d'une vie meilleure. Des personnages flamboyants se croisent dans un univers multicolore où tout est permis.

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Seitenzahl: 167

Veröffentlichungsjahr: 2019

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© Mirelle HDB 2016

« Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. »

À Martin pour m’avoir aidée à trouver la clé.

Table

Prologue

Aphyllanthe

Thérèse Perséphone McKinley de Valmore

Calliste de Garamord

Lux

Pétrus

Fulgence d’Amour

Angéline

Virgil-Sanjay

Prologue

L’année érotique s’achève à peine. Malgré le vide que j’éprouve depuis la mort de mon mari, je me suis réveillée ce matin avec une envie d’aventure, de voyage et surtout de ne rien planifier.

Une explosion de couleurs rouge, jaune, vert, rose, bleu, orange, violet, tombe du ciel sur les danseurs qui virevoltent avec grâce sur une musique exaltante. Le vent gonfle les longs cheveux des femmes. Il soulève leurs saris. Des pétales de rose et de jasmin caressent les danseurs et parfument l’atmosphère. Ce spectacle m’hypnotise. Je me sens transportée. C’est joyeux, survolté, à des kilomètres de cette vie que je viens de quitter. Je suis dans un autre monde. Je suis une autre.

Le temps passe au ralenti comme dans un film bollywoodien. Des images de ma vie antérieure défilent devant mes yeux. Ma petite vie d’Européenne bourgeoise, si tranquille, bien organisée. Un mari aimant mais casanier, qui s’occupait de tout, planifiait, ne laissait rien au hasard. Un homme qui n’aimait pas voyager. Et moi qui avais soif d’aventure, de contrées lointaines, de découverte, je n’ai jamais eu le courage de partir seule. C’est un peu triste à dire mais c’est sa mort qui m’a libérée. S’il était aujourd’hui ici à mes côtés, je pense qu’il aurait une crise cardiaque. Il y a trop de tout dans ce pays. Aux premières images et effluves qui m’ont assaillie, je n’ai pas été déçue. J’ai été bouleversée, émue, révoltée, estomaquée, choquée, mais déçue, jamais !

J’ai quitté Paris il y a à peine un mois, avec deux amis de ma fille. Cette dernière s’inquiétait trop pour me laisser partir seule. Nous avons fait plus ample connaissance en conduisant à tour de rôle. Nous avons dormi chez l’habitant et parfois, lorsque le temps le permettait, dehors dans des sacs de couchage à la belle étoile. J’ai retrouvé l’insouciance de mes vingt ans sur les routes à travers l’Europe et l’Asie centrale. Nous avons traversé de nombreux villages, vu des paysages aux couleurs éclatantes et laissé des enfants nous escorter dans des cris de joie. Nous n’avons crevé qu’une seule fois. Par chance, un autostoppeur plein d’ingéniosité nous a prêté main forte. Il a fait un bout de chemin avec nous, nous a appris à préparer un véritable et délicieux thé à la menthe. Puis nous l’avons déposé aux abords de la mer Caspienne. Notre aventure s’est poursuivie plusieurs semaines. Nous sommes arrivés en Inde, fatigués, mais enrichis d’expériences. Nous sommes tombés en adoration devant le Temple d’Or d’Amritsar. Nous sommes restés toute une nuit à admirer cette merveille qui se reflète comme un joyau dans le bassin qui l’entoure. C’est la mort dans l’âme que, quelques jours plus tard, nous avons quitté notre état de contemplation pour reprendre nos pérégrinations.

Nous sommes arrivés à New Delhi tard dans la nuit. Nous avons trouvé un endroit pour allonger nos corps exténués après un si long voyage. Les trois étoiles de notre hôtel n’avaient rien à voir avec le confort très sommaire, mais plutôt avec celles que nous pouvions admirer dans le ciel, par la fenêtre de notre chambre. L’intense bruit du ventilateur ne m’empêcha pas de sombrer dans un sommeil dense, dénué de rêves.

Le jour se lève à peine. Une magnifique lumière pointe à l’horizon. La chaleur sort déjà de sa tanière. L’agitation qui s’était quelque peu atténuée avec l’obscurité reprend de plus belle. La faim me chasse hors du lit. Mes compagnons de voyage dorment encore à poings fermés, privilège de la jeunesse. Mes trois fois vingt ans me poussent à profiter au maximum de cette nouveauté qui s’offre à moi. Il est encore tôt. Les vendeurs ambulants ou à la sauvette déballent des habits, des épices, des bijoux et aussi des beignets frits dans un liquide si noir que l’on dirait de l’huile de vidange. La faim fait taire mes craintes. Je goûte. C’est chaud, épicé, bon. Un thé très sucré au lait et à la cardamome m’est proposé par un gamin au sourire pétillant. Une fois la boisson terminée, il suffit de jeter la tasse en terre cuite par terre. À la fin de la journée, un amoncellement de tasses usagées se forme. La pluie vient éliminer les restes.

Dans la rue, on m’offre le monde, tous mes désirs sur un plateau d’argent. Je refuse poliment et continue ma déambulation. Je contourne une vache couchée en travers de la route. Le gros animal empêche les rickshaws et les taxis de passer. Mais comme elle est sacrée, on la laisse ruminer tranquillement, tandis que la circulation continue autour d’elle, comme si de rien n’était.

— Iska kya daam hai ?

Je demande en hindi le prix d’un salwar kameez. Je veux m’habiller comme les autochtones, mais je ne me sens pas de mettre un sari. Je marchande un peu, comme le veut la coutume et je repars avec un magnifique vêtement qui ne m’aura coûté que quelques francs. Je croise beaucoup d’Américains et d’Européens qui viennent refaire le monde dans des paradis artificiels ou chercher un ashram pour apaiser leur âme.

Après une semaine à jouer les touristes, je laisse ma voiture à mes amis qui partent, eux, à Bénarès. Ils se sentent coupables de me laisser seule, mais je leur certifie, avec humour, être majeure et vaccinée. J’ai besoin d’un peu de solitude. Nous nous quittons sur un dernier fou rire et de grandes embrassades.

Prendre un train pour Agra n’est pas une mince affaire. Je tente d’acheter un billet dans cette immense gare qui grouille de monde comme une fourmilière. Certains voyageurs restent là à attendre, dorment à même le sol. Le temps, ainsi que les horaires des trains, ne sont pas une science exacte dans ce pays. Je ne suis pas habituée à voir dans la rue des personnes avec des difformités physiques. En France, on en a honte, on les cache. Ce qui est difficile à voir, c’est la résignation dans les yeux de très jeunes enfants affamés, abandonnés, errants, recherchant désespérément quelque chose à manger. J’ai entendu des gens me dire qu’il ne fallait rien leur donner car « c’est leur karma ». Ils passent dans leurs beaux habits avec des regards indifférents.

Je débarque à Agra. Je suis impatiente de voir le Taj Mahal. Malheureusement, j’arrive à l’heure de la fermeture. Quelle déception ! Je prends une chambre dans un hôtel de standing, j’ai besoin d’un bon lit. Je dors jusqu’au lendemain. Mes rêves sont remplis des images de tous ces enfants. Je me réveille en pleurant. Je suis plus bouleversée que je n’ose me l’avouer. J’apprécie comme jamais mon petit déjeuner. J’avale tout comme un ogre en me disant que j’ai de la chance, à mon âge, d’être en si bonne forme. Habillée de mon salwar kameez, je me retrouve dans l’enceinte du Palais avec une boule au ventre. La peur d’être déçue peut-être ? La longue promenade qui me rapproche du Taj Mahal me permet de me rendre compte de la magnificence de l’édifice. À côté de moi, marchent des familles avec des enfants qui courent partout. Ils égaient l’atmosphère de leurs rires. Leurs mamans sont habillées de saris de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Un flamboyant rappel à la vie. Une fois à l’intérieur du mausolée, je suis envahie par une énergie incroyable. C’est un peu comme si la beauté devenait palpable. Mes yeux se mettent à couler, je ne sais pas si je pleure mon mari, ma soudaine solitude ou simplement la joie d’être en vie et d’avoir la chance de visiter un endroit aussi fabuleux. Soudain, je sens à côté de moi une présence réconfortante. Quelqu’un me tend un mouchoir. Je rencontre le regard radieux et bienveillant d’une femme en sari blanc. Elle me tend la main : « Wakanda-Adhita », me dit-elle, « I believe it’s tea time. » Je dois avoir l’air interdit car elle me sourit entourant mes épaules de son bras protecteur. Elle semble avoir à peine trente-cinq ans mais elle a une telle aura maternelle que je la suivrais au bout du monde. Pendant que nous sortons du Palais, elle me raconte l’histoire de l’empereur Shah Jahan qui fit construire ce mausolée par amour, à la mémoire de sa seconde épouse Mumtaz Mahal, morte en couche. Devant une tasse de thé et une assiette garnie de gâteaux délicieusement sucrés et colorés, Wakanda-Adhita me dit que nous nous sommes déjà rencontrées dans une vie antérieure. Ce concept de réincarnation est très à la mode dans le mouvement hippie qui a fait son apparition il y a quelques années. Moi, je n’y ai jamais vraiment réfléchi. C’est vrai que nous nous parlons comme si nous nous connaissions depuis toujours.

Le lendemain, nous quittons Agra dans sa belle voiture « Ambassador ». Cette femme a deux prénoms étonnants : Wakanda signifie « pouvoir magique intérieur » dans la tribu Dakota du peuple sioux et Adhita « celle qui est éduquée » en Inde. Personne n’a aussi bien porté ses prénoms qu’elle. Pour la première fois de ma vie, je suis tombée en amitié, instinctivement, au premier regard. Une grande sérénité se dégage d’elle. Venant d’un milieu aisé et multiculturel, elle a eu la chance de beaucoup voyager. Toute sa sagesse et ses secrets lui viennent de ses riches héritages. Elle a une façon bien à elle d’envelopper les gens de sa douceur.

Wakanda-Adhita me propose de faire quelques visites avant de rejoindre son ashram. Nous avons vu le palais des Vents et découvert le travail minutieux des artisans bijoutiers à Jaipur. Nous sommes arrivées pour le festival Holi à Pushkar. Nous avons passé deux jours immergées sous des tonnes de pigments et de joie. À Jodhpur, nous avons contemplé la ville bleue depuis le fort Mehrangarh. J’ai mangé mon premier dosai. Tout mon être était ébloui et mon estomac comblé. Nous sommes allées jusqu’à Jaisalmer pour faire l’expérience du désert. La promenade à dos de dromadaire m’a donné le mal de mer. La nuit, nous avons contemplé les étoiles, imprégnées du silence. Je n’ai pas réussi à dormir. Le désert est plein de petites bestioles qui viennent bourdonner près des oreilles ou tenter de vous sucer le sang.

Wakanda-Adhita ne dort pas non plus, elle écrit près du feu. Je m’approche d’elle, sans faire de bruit et je l’observe. Elle a l’air ailleurs, presque en transe. Elle écrit sans s’arrêter. Ce n’est pas la première fois que je l’observe. Elle a cette façon innée de regarder quelqu’un droit dans les yeux, de l’écouter, de le conseiller. Elle m’a dit un jour qu’elle avait la capacité de voir l’aura des gens, qu’elle arrivait de cette façon à les aider. Je ne sais pas ce qu’elle écrit, cela m’intrigue beaucoup. Elle sait que je suis là à l’observer car elle me sourit en coin : « Retourne te coucher petite curieuse ! » Ma compagne de voyage a eu raison de me dire d’aller dormir car elle ne m’épargne rien. Grâce à son énergie hors du commun, je rajeunis de jour en jour. En chemin, je lui apprends des rudiments de français. En retour, elle m’enseigne l’hindi. À Udaipur, elle m’annonce que notre périple touche à sa fin. Je suis partagée entre l’envie de continuer les visites de ce pays si surprenant et le besoin de faire une pause. J’ai vu tellement de belles choses que mon compteur d’émerveillement arrive presque à saturation.

**

En dehors de la ville, sur une petite colline qui surplombe le lac Pichola et son palace, se trouve la communauté créée par Wakanda-Adhita il y a cinq ans. Ici, des femmes et des hommes de tous les pays viennent méditer, faire du yoga ou travailler comme bénévoles dans l’école qui recueille des jeunes filles. Ces dernières ont été abandonnées par leurs parents car ils n’ont pas d’argent pour les doter. Elles apprennent à lire, à écrire, un métier pour être un jour indépendantes. Je suis surprise et heureuse d’avoir rencontré cette femme si moderne, moi qui ai étudié les mouvements féministes à travers les siècles. Notre amitié grandit chaque jour un peu plus. Nous apprenons beaucoup l’une de l’autre. Elle me lit enfin des passages de son recueil de pensées et de réflexions. Elle écrit des phrases simples, pleines de bon sens qui font réfléchir et prendre de la distance. Elle essaye de montrer aux gens que les solutions se trouvent souvent devant leurs yeux. Ils ne les voient pas car ils sont trop obnubilés par le passé ou le futur. Ils n’arrivent donc pas à vivre le présent. Ses mots me touchent comme s’ils m’étaient destinés. Je sens qu’ils auront le même effet sur tous ceux qui les liront.

J’ai découvert dans ce lieu que dirige Wakanda-Adhita une paix intérieure que je ne soupçonnais pas. J’apprends à vivre en harmonie avec moi-même et avec les autres, sans jugement. J’ai un peu perdu la notion du temps dans cet endroit à la fois magique et reposant. Les jours passent au rythme de la méditation, de travaux pour la communauté, de yoga ou d’écriture. Avec mon amie, nous restons de longs après-midi à parler de nos vies, de nos cultures respectives, de la sagesse que nous voulons apporter à notre monde qui part dans tous les sens.

Je suis en Inde depuis presque un an et la Terre n’a pas arrêté de tourner en mon absence, bien au contraire. Je reçois tardivement des nouvelles de ma fille. Elle m’annonce son futur mariage. Je réalise qu’il est temps pour moi de rentrer. Je promets à Wakanda-Adhita de traduire son magnifique recueil de pensées, d’en faire un livre et de le publier en France. Je la laisse dans son pays. Elle n’est pas seule. Son mari est venu la rejoindre. Lui qui voyage de par le monde pour son travail a envie de se poser pour fonder une famille. Il est difficile de quitter un tel paradis, surtout cette femme si magnifique, mais je sais que nous ne nous perdrons pas de vue. Nous sommes à jamais deux sœurs, deux amies, sa présence coule en moi comme le sang dans mes veines.

APHYLLANTHE

Aphyllanthe pose son sac de voyage par terre. Elle va chercher un verre d’eau dans la cuisine et l’avale d’une traite.

— Ça fait du bien, dit-elle.

Elle ouvre les fenêtres et les volets de son appartement.

— À peine deux semaines et ça sent déjà le renfermé.

Elle se fait couler un bain, retourne dans la cuisine et débouche une bouteille de merlot de Francis Ford Coppola, cadeau d’un ami cinéphile. Bien installée dans son bain, elle boit quelques gorgées. Elle peut enfin laisser couler ses larmes.

Sa grand-mère, sa très chère grand-mère vient de mourir. Celle qui l’avait consolée lorsque ses parents étaient morts dans un accident d’avion, peu de temps après son neuvième anniversaire. Celle qui lui avait tout appris, qui lui avait montré le monde avec un regard toujours nouveau et un esprit ouvert, sans jugement. Celle qui s’était occupée d’elle jusqu’à maintenant. Vingt années de rires, de chants, de conseils, de voyages et de découvertes culinaires, mais surtout d’amour inconditionnel.

— Que vais-je faire sans toi, Nonna ? dit Aphyllanthe en tendant son verre en direction du ciel. À ta santé ma douce, où que tu sois. Je sais que tu profites et que tu es heureuse.

Alors, une montagne de souvenirs jaillit dans son cœur et dans sa tête. Elle se revoit, l’été, dans leur maison de vacances, lorsqu’elles allaient ensemble marauder des cerises chez le voisin. Ce dernier, exaspéré, lançait à leur poursuite son chien « de garde » qui se trouvait être un adorable toutou complètement amoureux d’Aphyllanthe.

Elle se remémore sa grand-mère Adilba, le soir avant de se coucher, lui narrer le déroulement de la journée dans les moindres détails.

— Nonna, raconte-moi la journée, demandait la petite Aphyllanthe impatiente.

— Alors ce matin, quand tu t’es rrréveillée, il était 10 heures passées, marrrmotte, je t’ai prrréparé un sabayon que tu as avalé d’une trrraite et tu avais une belle moustache jaune autourrr de la bouche.

Adilba faisait exprès de rouler les « r » en souvenir de ses origines italiennes.

Aphyllanthe riait dans son lit et sa grand-mère disait :

— Arrrête, sinon tu ne vas pas pouvoirrr t’endormirrr et parrrtir dans le monde merrrveilleux des rrrêves.

Ce qui provoquait chez la petite un rire encore plus grand. Elle se tenait les côtes, se tordait comme une anguille dans son lit.

Aphyllanthe finit son merlot, tire la bonde pour que l’eau s’écoule et sort de la baignoire. Elle s’enroule dans son peignoir qui sent bon la lavande, se regarde dans le miroir, sèche une dernière larme avec le dos de la main et se sourit.

— Ma vieille, interdiction d’être triste. D’ailleurs, Adilba aurait dit « ma belle ». Alors, je reprends : ma belle, interdiction d’être triste pour rendre hommage à ta géniale grand-mère. Dieu que tu vas me manquer !

Elle sort de la salle de bain et se dirige vers la cuisine où se trouve une boîte fermée par un ruban de velours pourpre. Elle défait le nœud, soulève le couvercle et sort, un à un, tous les trésors que lui a laissés sa grand-mère.

Les cartes postales qu’Aphyllanthe lui a envoyées lors de ses nombreux voyages. Une vieille petite boîte de chocolats métallique avec à l’intérieur des dizaines de clés qu’Adilba collectionnait. Quelques émaux bressans. De vieilles lettres d’amour que ses grands-parents s’échangeaient pendant la guerre. Des rubans de velours de toutes les couleurs que sa grand-mère aimait caresser. Une carte du monde avec le trajet du voyage d’Adilba jusqu’en Inde. Une boussole. Un stylo Mont-Blanc. Un couteau suisse. Quelques journaux intimes et des carnets de notes. La bague de fiançailles de sa mère, et puis un livre avec une dédicace à l’intérieur : « Ce livre est comme un passage, une découverte de soi, une clé. Une fois que tu en auras sorti les trésors, ne le garde pas, offre-le à la personne qui en a le plus besoin à tes yeux. Ou laisse-le dans un lieu que tu aimes et le hasard fera le reste. Ta Nonna qui sera toujours dans ton cœur. »

**

Hier, Aphyllanthe a organisé une fête en l’honneur de sa grand-mère. Ses amis la connaissaient bien car elles vivaient toutes les deux dans ce grand appartement. Les musiciens ont improvisé un bœuf. Tout le monde s’est mis à chanter et à danser. Beaucoup avaient emmené à manger, certains ont inventé le cocktail « Adilba » fait de tequila, de jus d’ananas et de clous de girofle, les ingrédients préférés d’Adilba. Ce fut une belle soirée où ils ont célébré sa vie bien remplie, dans la joie et non dans la tristesse.