Lui et moi - Alex F. Russo - E-Book

Lui et moi E-Book

Alex F. Russo

0,0

Beschreibung

La plupart des histoires commencent par un "Il était une fois", mais ce n'est pas le cas des nôtres. Pendant de nombreuses années, Adriana à subit les affres de l'amour. À l'âge de vingt-trois ans, cette ambitieuse femme d'affaires décide que les hommes l'ont trahie pour la dernière fois et se jette à corps perdu dans le travail, quand un message vient tout chambouler. Après quinze longues années, il reprend contact avec Adriana qui va être bouleversée par sa gentillesse. Même si la magie opère entre ces deux être passionnées, son passé sulfureux à Lui et son tempérament vont mettre leur couple à rude épreuve. Ébranlée, entre ses peurs et ses envies, Adriana va se jeter dans ses bras, mais Lui sera vite rattrapée par sa colère. Parviendront-ils à se retrouver ou la noirceur tapie dans l'ombre finira-t-elle par s'emparer de son "prédateur"? Cette romance érotique, inspirée de fait réel, mêlant voyages et sentiments, vous plongera dans les méandres de la passion.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 495

Veröffentlichungsjahr: 2023

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


« À cœur vaillant rien d'impossible. » Jacques Cœur

Sommaire

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

Chapitre IV

Chapitre V

Chapitre VI

Chapitre VII

Chapitre VIII

Chapitre IX

Chapitre X

Chapitre XI

Chapitre XII

Chapitre XIII

Chapitre XIV

Chapitre XV

I

Lui était un garçon turbulent qui à force de mauvais choix, avait fini par être envoyé en foyer d’accueil puis en prison, mais avait toujours gardé son cœur d’or. Quant à moi, j’avais été abandonnée par mes parents à l’âge de onze ans et avais atterri chez ma grand-mère qui avait toujours eu à cœur de m’ouvrir au monde. De par le théâtre, la musique ou les activités sportives telle que l’équitation, elle avait essayé de faire de moi une femme accomplie.

Lui et moi, nous étions connues dans notre enfance, je n’avais que dix ans, mais n’oublierais jamais le chaste premier baisé que nous avions échangé derrière un arbre.

La vie nous avait séparées pendant quinze longues années, pleines de péripéties et de déceptions jusqu’à ce que les nouvelles technologies, sous la forme des réseaux sociaux nous rassemblent. La chose dont il n’avait jamais dû se douter, c’était que pendant toutes ces années, son souvenir avait été ma bouée de sauvetage.

J’avais eu la main heureuse aux jeux depuis mon plus jeune âge, mais c’est lorsque j’eus dix-huit ans que ma vie prit un tournant inattendu. Lorsque je me suis vu attribuer une somme de plusieurs dizaines de millions grâce à la loterie, j’investis une grande partie et de là, je commençais à établir les fondations de mon petit empire.

Je suis tombée amoureuse, quelques fois, mais les trahisons, tromperies et désillusions avaient fini par marquer mon cœur si profondément que les choses de l’amour ne semblaient plus être à m’a porté.

À l’aube de mon vingt-troisième anniversaire, je découvris que l’homme qui partageait ma vie préférait la compagnie de sa voisine, avec qui il entretenait une liaison, plutôt que la mienne et décidait de me consacrer principalement au travail.

Les deux années qui s’ensuivirent passèrent à une vitesse folle.

Mon travail consistait principalement à acheter des entreprises, en créer certaine ou investir dans d’autres et bâtir pour tenter, à mon humble niveau, de créer un monde meilleur. Mes principes étaient simples, je voulais faire en sorte que le monde devienne un peu plus propre, mais pour ce faire, je devais y consacrer l’intégralité de mon temps.

Je m’octroyais un ou deux mois de vacances par an pendant lesquels je me déconnectais totalement du monde et partais sur une île avec des amies pour recharger mes batteries.

En ce début du mois de mars, je m’affairai à choisir un candidat qui serait capable de me remplacer pendant mon congé.

Après avoir passé en revue les curriculums les plus étoffés et les plus chargés les uns après les autres, je ne trouvais pas la perle rare qui serait capable d’endosser une telle charge de travail. J’avais pris rendez-vous avec mes trois assistants afin de booster un peu leurs motivations respectives, je mis un point final à ma dernière acquisition et les appelais dans mon bureau.

– Bonjour à tous, commençais-je. J’espère que votre week-end était reposant parce que vous allez être débordés. Je ne veux plus recevoir vos candidats insipides et bardés de diplômes qui me font perdre mon temps.

– Pourtant…, commença Leslie bredouillante avant que je ne la coupe.

– Si tu veux me parler d’Adélaïde ta candidate, elle est clairement incapable de communiquer avec les chefs de chantier. Je vais vous laisser une dernière chance. Je reprenais, le ton adouci par la mine déconfite de Leslie. Je vous laisse deux semaines pour me trouver la personne qui saura aussi bien traiter les contrats que communiquer avec les chefs de mains d’œuvres et les pontes en col blanc.

– Tu as éconduit les candidats les plus brillants que les meilleurs des agences nous ont proposés, répliqua mon plus ancien assistant Julien.

J’avais promu mon dernier remplaçant huit mois auparavant afin qu’il s’occupe désormais à plein temps de mes affaires aux États-Unis. Fatigué de devoir être sans cesse entre deux avions, il fallait vraiment que je trouve une personne apte à me seconder et ce dans les plus brefs délais.

– Je ne veux pas d’un premier de la classe, mais d’une personne assez polyvalente pour traiter les dossiers pendant au moins un mois. Oliver gère l’Amérique à plein temps et ne sera pas disponible alors j’ai pensée vous proposez quelque chose afin de vous inciter à faire preuve de plus d’implication dans vos recherche. Puisque vous manquez clairement de motivation, celui qui trouvera le candidat idéal se verra attribuer une récompense inestimable.

Julien, Leslie et Vanessa étaient tous les trois pendus à mes lèvres. Julien, un grand jeune homme svelte aux yeux clairs, avait été mon premier assistant. En poste depuis près de quatre ans, il était indispensable pour m’aider dans les affaires. Vanessa, une petite brune excentrique, était toujours là pour me trouver tout ce dont j’avais besoin et cela n’importe où, ou à n’importe quelles heures du jour ou de la nuit. Nous étions très proches elle et moi, et je savais que je pouvais lui parler de tout. Leslie quant à elle, était une grande blonde tatouée un peu coincée, mais particulièrement douée et hargneuse en affaires. Les trois formaient le cerbère parfait, ma dream team personnelle.

– Celle ou celui qui me dégotera la perle rare, je fis une pause dramatique avant de reprendre, aura la chance non seulement de choisir ses vacances en premier, mais bénéficiera aussi de deux semaines de vacances supplémentaires. Et pour être sûr que vous vous donnez à cent pour cent, le grand gagnant pourra participer au projet de son choix en tant qu’adjoint et aura donc la prime qui en découle. Vous avez deux semaines alors au travail tout le monde, leur dis-je en prenant congé. Vaness, reste un instant, s’il te plaît.

Encore survoltés pa7r mon petit laïus, Julien et Leslie sortirent à vive allure, déjà pendus à leurs téléphones.

– Est-ce que tu as les informations que je t’ai demandées ? demandais-je.

J’avais été prise au dépourvu, au début du week-end, en recevant le message d’un très ancien ami qui souhaitait avoir de mes nouvelles.

Ces dernières années, j’avais reçu des messages similaires et à chaque fois cela se finissait de la même façon. Dans quatrevingt-dix pour cent des cas, les gens finissaient par me demander un chèque ou bien d’investir dans l’idée du siècle. Les dix pour cent restants étaient le plus souvent ceux qui souhaitaient me voir finir dans leurs lits afin de m’ajouter à leur palmarès. Je ne savais pas encore dans quelle catégorie Lui entrait. Vanessa se pinça les lèvres légèrement et me tendit un large dossier.

– Je ne sais pas vraiment quoi te dire à son sujet, commença-t-elle. En tout cas sur le papier, ce n’est pas très engageant.

– Génial, je soufflais ironique, un de plus à bannir.

– J’ai dit que ce n’était pas très engageant, mais en creusant un peu plus, il a plutôt l’air d’un bon gars, ajouta-t-elle hésitante. Il a eu une histoire très compliquée, même plusieurs à vrai dire, mais depuis quelques années, il travaille dur et on dirait qu’il n’est pas à la recherche du jackpot.

– Merci, c’est tout ce que je voulais savoir.

Je lui tendis le dossier, sans prendre connaissance de son contenu et lui demandais de le classer.

– Est-ce que tu souhaites que je continue quand même mes investigations ? me demanda-t-elle.

– J’ai ce qu’il me faut pour le moment merci beaucoup, tu peux y aller.

Sur ce, elle prit congé et dégaina son téléphone comme les deux autres.

Je passais le reste de la semaine comme toutes les autres à travailler, mais un fragment de mon esprit ne cessait de repenser au message qu’il m’avait envoyé.

« Salut, j’ai croisé ta sœur en ville et elle m’a dit comment prendre contact avec toi alors je tente ma chance. Je me disais que nous pourrions aller boire un café un de ces jours. Ça me ferait plaisir d’avoir de tes nouvelles. Bise.»

La semaine suivante, je quittais Lyon et prenais le train pour Paris où je passais le plus clair de mon temps dans des bureaux à me faire mal à la main à force de signer des papiers. Je rentrais tard de ma dernière réunion et me fis monter un plateau directement dans ma chambre d’hôtel. Il était près d’une heure du matin quand allonger sur mon lit en peignoir avec un verre de rosé, je pris mon téléphone. Je bus une longue gorgée et me lançais.

Moi samedi 01h08 : Salut, contente que tu m’aies contactée. Partante pour un café, quand je serais de retour à Lyon. Je te fais signe bientôt. Bise Adriana.

J’appuyais rapidement sur la touche d’envoi de mon téléphone avant de me raviser et m’apprêtais à éteindre mon téléphone quand trois petits points apparurent sur l’écran. Il était réveillé et me répondit.

Lui 01h10 : Bonsoir, ça faisait longtemps.

Moi 01h11 : Oui, environ quinze ans. Désolé, j’ai mis du temps à te répondre, mais mon travail me prend beaucoup de temps.

Lui 01h14 : Je comprends, je suis moi-même pas mal occupé, mais je me rendrais disponible quand même pour un café.

Moi 01h15 : Je rentre dans une semaine, si tu veux, on peut se voir vendredi prochain.

Lui 01h16 : J’ai déjà quelque chose de prévu pour vendredi, mais la semaine d’après je pourrais.

Moi 01h18 : La semaine d’après alors d’accord. Je t’enverrais un message pour te dire quand je suis libre. Je vais me coucher. Bonne nuit.

Lui 01h19 : La semaine d’après, c’est OK pour moi. Bonne nuit Adriana.

J’éteignis mon téléphone et me couchais, impatiente que les jours passent.

Je passais mon samedi à me promener dans les musées et à flâner seule dans Paris. Le dimanche, je m’arrêtais dans un café quand je reçus un appel de Julien. Il souhaitait que je rencontre une personne qui était assurément le remplaçant idéal et qui se trouvait près de mon hôtel. J’acceptais le rendez-vous impromptu et regagnais l’hôtel pour mettre une tenue plus adaptée à un entretien.

Je le retrouvais plus tard, attablé à l’énorme bureau de la salle de conférences. L’homme était grand et présentait bien. Il me détailla son CV et m’expliqua pourquoi il était qualifié pour ce poste à responsabilité. Deux heures plus tard, je le saluais et lui promis que je reviendrais lui donner une réponse dans les plus brefs délais.

Même si je mettais un point d’honneur à ne pas laisser d’affaire importante en suspens pendant mes vacances, mon remplaçant devrait tout de même être capable de prendre des décisions importantes en cas de besoins. Sa candidature était, pour le moment, la plus prometteuse, mais Leslie m’avait aussi prévu un rendez-vous le jour suivant alors je ne prendrais pas de décision tout de suite.

La semaine passa si vite que je n’eus pas une minute pour moi. Heureusement, l’hôtel était doté d’un spa où je me rendis avant mon départ pour me détendre un peu. Après un massage, suivi d’un soin capillaire, j’allais me coucher quand j’ouvris l’application de messagerie sur mon téléphone. Un petit un rouge m’indiquait que j’avais un nouveau message.

Lui jeudi 22h03 : Coucou, toujours à travailler ?

C’était Lui.

Moi 22h05 : Salut, oui beaucoup de travail, toujours. Toi aussi non ? Tu travailles dans quel domaine d’ailleurs ?

Il était encore connecté et me répondit instantanément.

Lui 22h06 : Je travaille dans le bâtiment alors oui toujours beaucoup de boulot. Et toi, tu fais quoi ?

Aïe, question épineuse.

Moi 22h07 : Je travaille dans le monde des affaires. J’essaye de rendre des entreprises plus écologiques, la plupart du temps.

Lui 22h09 : C’est très impressionnant, je comprends pourquoi tu travailles autant.

Moi 22h10 : J’allais me coucher, j’ai un train tôt demain matin pour rentrer.

Lui 22h12 : Tu es libre demain en fin de journée ? me demanda-t-il.

Moi 22h13 : Non désolé, j’ai un emploi du temps plutôt surchargé en ce moment. Je suis dispos mardi si tu veux, pour un verre ?

Lui 22h14 : En fin de journée mardi pas de problème.

Moi 22h15 : Alors le rendez-vous est pris. J’ai une bonne adresse, je te l’enverrai. Je vais me coucher. À mardi alors. Bon week-end.

Lui 22h16 : J’ai hâte d’y être. Bon week-end à toi aussi. Bonne nuit. Bise

Moi 22h17 : Bonne nuit. Bise.

À peine je posais la tête sur l’oreiller que mon corps basculait déjà dans l’obscurité, mais en ayant toutefois une pensée pour Lui.

Le lendemain, une fois rentré, je demandais à Vanessa de faire en sorte que mes affaires soient nettoyées et rangées pendant que Julien faisait le point avec moi sur les tâches du week-end à gérer. Assise à mon bureau, je l’écoutais tout en faisant le tour de mes mails.

Je m’étais lancé dans tellement de projets au cours des derniers mois écoulés que je n’en voyais pas le bout, mais c’était important. Je transformais des entreprises pour qu’elles soient moins polluantes et en bâtissaient d’autres pour qu’elles recyclent des déchets et les transforment en matériaux de construction ou en objet divers. Les matériaux de construction servaient le plus souvent, à construire des immeubles écoresponsables où je logeais des personnes en difficulté ou aux revenus modestes. L’argent généré d’un côté servait à investir dans d’autres projets qui servaient à aider ceux qui en avaient besoin.

J’aimais profondément investir pour l’avenir plutôt que de mettre mon argent dans des biens extravagants. J’avais tout ce qu’il fallait pour subvenir à mes propres besoins alors chaque nouveau bénéfice partait aussitôt dans des projets tels que le domaine que je mettais un point d’honneur à bâtir à l’extérieur de la ville.

C’est en rencontrant Leslie près de deux ans plus tôt que j’avais eu envie de faire quelque chose de plus pour aider les personnes isolées. En apprenant son homosexualité, ses parents l’avaient chassé de chez eux. Je venais de vider les poubelles du bar que j’avais acheté lorsque je l’avais trouvé endormi dans l’allée. Elle était à la rue depuis trois ans et avait appris à se débrouiller, mais n’arrivait pas à s’en sortir. Je lui avais proposé d’entrée pour boire un verre et quand elle me raconta son histoire, je ne fus pas triste, mais outré par le comportement qu’avaient eu ces géniteurs à son égard.

Lorsque mes parents nous avaient abandonné ma sœur et moi, nous avions eu la chance d’être recueilli et je voulais faire pour Leslie ce que ma grand-mère avait fait pour nous. Je lui avais proposé de l’embaucher à la condition qu’elle reprenne ses études pour découvrir par elle-même ce qu’elle voulait faire de sa vie.

Quand je lui avais annoncé mon envie de créer une résidence gratuite et autonome pour les jeunes dans la même situation qui avait été la sienne et des personnes âgées isolées, elle s’était jetée à corps perdu dans le travail si bien que ce projet était devenu son œuvre. Après des recherches intensives pour trouver le terrain adéquat et des mois de travail, il ne restait que les finitions et notre projet allait voir le jour incessamment sous peu.

Elle entra soudainement dans mon bureau un grand sourire aux lèvres.

– Tu es censé être en repos aujourd’hui, je te rappelle, lui dis-je d’entrée de jeu.

– Bonjour à tous, répliqua-t-elle acerbe. Je sais que j’ai la chance d’avoir mon week-end, mais je l’ai trouvé, annonça-telle, triomphante. Ta perle rare est dans le hall et il est prêt à attendre pour que tu le reçoives aujourd’hui.

– Tu es sérieuse ? demandais-je contrariée. J’ai encore tellement de choses prévues ce week-end que je n’ai prévu de dormir que lundi en fin de journée…

– Je le sais très bien et c’est pour ça que je l’ai fait venir. Il est prêt pour un essai. Tu peux prendre le temps de l’auditionner ou lui laisser les commandes sous ta supervision. Je lui ai déjà fait signer un accord de confidentialité dans l’éventualité où tu accepterais, il est briefé et prêt à l’action, dit-elle sans reprendre sa respiration.

Son aplomb et son courage eurent raison de mon agacement.

– Très bien, tu peux faire monter ton poulain.

Je demandais à Julien de me faire une synthèse des points importants du week-end pendant que Leslie revenait accompagnée d’un jeune homme souriant. Il me salua d’emblée, me tendit une main assurée et se décrivit rapidement. Il m’expliqua que malgré son jeune âge, il avait travaillé très tôt dans la gestion de crise pour de grandes entreprises. Il connaissait ma vision de l’entreprise et était prêt à faire ses preuves. Après sa présentation, je lui demandais de patienter quelques minutes dans l’espace détente des employés pendant que je m’entretenais avec mon équipe.

– Bon alors pour commencer, toi, tu repars en week-end, dis-je à Leslie en la montrant du doigt, et envoie-moi Vanessa en partant.

– Tu verras, tu ne seras pas déçu, me dit-elle enthousiaste avant de franchir la porte.

– Tu comptes sérieusement laisser un inconnu aux commandes ? me demanda Julien perplexe.

– Vérifie qu’il a bien signé toute la paperasse s’il te plaît et trouve-lui un bureau où s’installer.

Vanessa entra dans la pièce à son tour les sourcils froncés.

– Tu as demandé à me voir ?

– Oui, je lui répondis toujours la tête dans les papiers. Est-ce que tu peux me faire des recherches expresses mais approfondies à propos de ce Damien s’il te plaît ? Je fais confiance au jugement de Leslie, mais tu es experte pour trouver les vices les plus enfouis.

– Je m’y mets tout de suite, me dit-elle, autres choses ?

– Non, c’est bon merci. Si je peux déléguer et que j’ai moins de boulot, je vais peut-être pouvoir retrouver une vie sociale, je te fais signe après.

Une fois Damien installé, je le briefais sur les taches du week-end et demandais à Julien de l’assister avec assiduité.

Je pris ensuite mon téléphone et appelais des amies pour leur proposer une soirée le lendemain.

Quand la journée se termina, Vanessa m’apporta un dossier comportant toute la vie de Damien. Rassurée, je rentrais chez moi éreinter.

Je m’installais sur mon canapé pour regarder un film, un verre de vin et du pop-corn à portée de main. Après quarantecinq minutes de course-poursuite devant un blockbuster, le bip de mon téléphone retentit.

Lui vendredi 23h31 : Coucou, tu es bien rentré ?

Moi 23h32 : Salut, oui merci. Ta semaine s’est bien passée ?

Lui 23h33 : Oui dans l’ensemble. Et toi ?

Moi 23h34 : Super, j’ai même réussi à me prévoir un peu de temps pour moi demain, donc j’suis contente.

Lui 23h35 : C’est bien comme ça, tu pourras passer du temps pour voir ton mari et tes amies.

La technique n’était pas très subtile et cela me fit beaucoup rire.

Moi 23h37 : Je ne suis pas mariée, je vais surtout profiter de ce temps pour voir mes amies et allé me défouler en boîte. Et toi alors, qu’est-ce que tu as de prévu ce week-end ?

Lui 23h38 : Je vais sortir aussi avec l’un de mes frères, Serge. Je ne sais pas si tu te souviens de lui. Il est marié aujourd’hui et sa femme attend leurs deuxièmes enfants alors on va fêter ça.

Je n’en croyais pas mes yeux et relu sa dernière phrase. Son frère était pratiquement un bébé la dernière fois que je l’avais vu et aujourd’hui il était père de famille.

Moi 23h40 : Bien sûr que je me souviens de lui, une vraie terreur. Félicite-le bien de ma part. Vous allez fêter ça comment ?

Lui 23h41 : Je pense que nous irons en boîte nous détendre et boire un verre tranquillement. Il voulait faire un tour dans un club.

Moi 23h43 : Une soirée entre hommes ça va être sympa, je répondais hésitante. Je me tâtais une minute puis osai rajouter un petit quelque chose à mon tour. Vos femmes pourront avoir une soirée tranquille de leur côté.

Lui 23h44 : Sa femme a prévu un truc de son côté, mais moi, je n’ai personne dans ma vie.

Il me parla ensuite de son frère qui lui manquait depuis son déménagement, de son travail qui avait beaucoup évolué depuis sa récente promotion et de ces envies de vacances. Il me posa des questions sur mon travail que j’éludais habilement la plupart du temps. Je lui demandais ce qui l’avait poussé à travailler dans le bâtiment, mais il hésita un moment avant de répondre et me demanda s’il pouvait m’appeler. Je me servis un grand verre de vin et lui dis qu’il pouvait. Soudain anxieuse, je décrochais après la deuxième sonnerie.

– Allô, dit-il simplement. Sa voix était si grave, masculine et assurée que je fus prise au dépourvu. Ça va ?

– Waouh, heu oui ça va. Pardon, excuse-moi, c’est un peu perturbant, je me doutais bien que tu avais grandi en quinze ans, mais je ne m’attendais pas au timbre grave de ta voix.

Il rit franchement avant de me dire qu’en effet, il avait bien grandi. Je ne savais pas trop quoi pensé de cette dernière phrase et lui demandais de me raconter ce qui l’avait mené à devenir chef de chantier en bâtiment. Il inspira à fond et commença à me raconter son histoire.

Après avoir été en foyer pendant plusieurs années, il avait fini par rentrée chez lui pour retrouver sa mère fiancée avec un homme violent qui la battait. Je l’écoutais interdite, touchée d’apprendre ce que sa famille avait vécu. Un jour où il rentrait chez lui, l’homme était en train de frapper sa mère et Lui ne le supporta pas. Il se jeta sur l’homme puis ils se bâtèrent, mais l’autre était bien plus âgé et plus fort et Lui était un jeune homme frêle à peine majeur. Il vola les clés de la voiture de l’homme et prit dans un tourbillon de colère, il tenta de l’écraser. Il atterrit en prison, seul, sans sa famille qui l’avait rejeté à cause de ses actes et l’autre homme finit grièvement blessé à l’hôpital.

Quand il eut terminé son récit, je lui demandais simplement comment il avait réussi à pardonner à sa famille qui l’avait abandonné, mais il avait compris leurs raisons et avait décidé de pardonner. Je n’aurais sans doute pas réussi à faire preuve d’une telle mansuétude et ne pus m’empêcher de me mettre à pleurer malgré moi.

Comment le jeune garçon si doux que j’avais connu avait pu survivre à de telles épreuves ? Quand il m’entendit renifler involontairement, je m’excusais et lui avouais à quel point j’étais attristée de ce qu’il avait dû vivre, mais Lui ne l’était pas. Ces épreuves l’avaient forgé durement, mais aujourd’hui il était fier de l’homme qu’il était devenu.

Quand il continua son histoire pour en venir aux femmes qui l’avaient trahi, j’eus un pincement au cœur en pensant au mal que lui avaient fait tant de personnes. Lorsqu’il me demanda de lui raconter mon histoire, je fus franche cette fois-ci et lui dis tout. De l’abandon de mes droguées de parents, à ma chance quand j’avais gagné un jackpot à dix-huit ans à peine. Mon premier achat immobilier, qui était depuis lors, mon bar préféré et ce que je tentais de bâtir. De mes déboires amoureux qui étaient bien trop nombreux jusqu’à mes années de lycée, je lui racontais tout sans rien omettre.

Entre les hommes qui m’avaient trompé ou trahi et ceux qui avaient tout fait pour profiter de moi, je finis par lui avouer que j’avais fermé mon cœur en renonçant à l’amour, mais que je ne m’en portais pas plus mal. Au contraire aujourd’hui je plongeais à corps perdu dans le travail et avançais si bien que j’avais de l’avance sur mon programme annuel.

Les heures défilèrent et plus la nuit avançait et plus nous nous confiions l’un à l’autre de façon naturelle. Il n’était pas gêné quand il me confia la détresse qu’il avait ressentie quand des brutes s’en étaient prises à lui en prison et je ne l’étais pas non plus quand je lui racontais que le dernier homme que j’avais cru aimer avait juste voulu me dépouiller. Je lui avouais enfin que lorsqu’il avait pris contact avec moi, j’avais demandé une enquête sur son compte. Il fut surpris, mais ne m’en tint pas rigueur.

– Et alors, est-ce que tes espions ont trouvé quelque chose d’intéressant ? me demanda-t-il.

– Je vais continuer de jouer franc jeu avec toi et t’avouer que je n’ai pas osé ouvrir le dossier. Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais je ne voulais pas apprendre des choses sur toi en feuilletant des données personnelles sur ta vie.

– Et qu’est-ce que tu penses de ce que tu as appris jusque-là ?

– Je ne sais pas encore, répondis-je du tac au tac. On a parlé toute la nuit, je me rends compte qu’il est presque six heures du matin et que ma première réunion, que je vais devoir reporter était prévue à neuf heures, alors je te répondrai dans neuf heures environ.

Il rit et après quelques échanges, il me souhaita une bonne nuit puis raccrocha.

J’envoyais un message à Julien et Vanessa afin qu’ils s’occupent de reporter mes rendez-vous et qu’ils aident Damien pour le reste de la journée, car je ne serais pas disponible. Je m’endormais comme une souche presque immédiatement après, un petit sourire aux lèvres.

Ma meilleure amie Lily, me réveilla à treize heures en tambourinant violemment contre la porte d’entrée.

– Allez, ouvre bordel, je sais que t’es là, fulmina-t-elle.

– C’est bon, j’arrive, marmonnais-je en me levant. Pourquoi t’es là si tôt, on avait dit en début d’après-midi ?

– Alors toi, tu as vraiment une sale tête, déclara-t-elle en entrant dans mon appartement comme une tornade. Il est déjà quatorze heures, ne me dis pas que tu as encore passé toute ta nuit à bosser ?

– Non, pas vraiment.

Lily était une vraie force de la nature. Nous étions inséparables depuis le lycée et ne passions pas plus de trois jours sans nous appeler, nous voir ou nous envoyer des messages. Chacune était l’opposé de l’autre tout en étant complémentaire. Avec sa longue chevelure de jais et son tempérament de feu, elle trouvait toujours les mots pour me consoler après chaque rupture et avait la faculté de rendre risibles les moments les plus tristes.

Je grommelais qu’il me fallait un café et lui répondit que j’avais passé ma nuit en charmante compagnie. Complètement sous le choc, elle se mit à chuchoter et me demanda si l’heureux élu était toujours là ? Je répondis non de la tête et lui expliquais que je n’avais pas passé la nuit avec lui physiquement, mais au téléphone. Je lançais la machine à expresso et lui racontais en détail ce qui s’était réellement passé. Elle m’écouta attentivement, les yeux ronds comme des soucoupes et la bouche ouverte.

– Mais c’est qui ce mec ? commença-t-elle. Tu as demandé une enquête j’espère ? Parce que je trouve ça étrange, ce mec sorti de nulle part, qui te sort les violons pendant des heures.

– C’est bon, ne commence pas. Je l’ai connu il y a très longtemps, c’est un ami d’enfance ce n’est pas un inconnu et oui j’ai demandé une enquête, mais je ne l’ai pas lu, car il n’y avait rien de vraiment intéressant. J’ai préféré en apprendre le contenu directement de sa bouche et c’était vraiment bien, lui dis-je rêveuse.

Avant qu’elle ne reprenne, je changeais de sujet pour lui demander son avis sur la tenue que je voulais porter le soir même. Pendant qu’elle pensait à autre chose et se jetait à l’assaut de ma garde-robe, j’appelais Vanessa discrètement.

– Coucou Vaness, alors comment ça se passe au bureau ? commençais-je l’air de rien.

– Tout va bien, je suis dégoûtée de devoir l’admettre, mais il semble être qualifié pour le poste.

– Super, s’il y a quoi que ce soit tu sais que je suis toujours disponible.

La voix traînante, je tentais de lui demander nonchalamment si elle pouvait me faire un compte rendu rapide du dossier que je n’avais pas ouvert.

– Pourquoi, il y a eu du nouveau de ce côté-là ? me demanda-t-elle.

– Non, ou plutôt oui. Je ne sais pas, alors laisse tomber. Fait comme si je n’avais rien dit et surtout appel moi en cas de pépin. Oh et avant que j’oublie, est-ce que tu pourrais joindre un club pour moi et leur demander de faire parvenir une bouteille de champagne et une bouteille de whisky à deux de mes amis s’il te plaît.

Je lui laissais le nom du club et celui des deux hommes avant de raccrocher pour commencer à me préparer. Après une bonne douche, j’avais déjà les idées plus à la fête. Lily avait mis tout en œuvre pour que l’on passe une super soirée. Malgré un caractère de cochon, il n’y avait pas mieux que ma meilleure amie pour faire la fête.

Après être allées manger un morceau, nous fîmes un arrêt pour récupérer des amies et partîmes tous ensemble pour la boîte. Je n’avais pas dansé depuis si longtemps que je passais tout mon temps sur la piste à me trémousser.

Pendant toute la soirée, mon ami Thomas, me fit tourner et volée dans tous les sens jusqu’à épuisement. Nous étions assez proches tous les deux, surtout depuis quelques mois et j’appréciais sa compagnie. Au début, il avait cherché à se rapprocher de moi de façon plus intime, mais je tenais à le garder comme ami et rien de plus.

Sur les coups de trois heures du matin, je proposais à mes amies de finir la nuit chez moi et les invitais à rester. Je riais avec Lily quand Thomas m’attrapa par les hanches pour me serrer d’un peu trop près. C’était loin d’être la première fois de la soirée et une fois de plus, je dus le repousser gentiment, mais il revint à la charge.

Toujours dans l’ambiance, je continuais de plaisanter avec lui, mais il devenait de plus en plus pressant. Je lui fis signe de me suivre jusqu’à mon atelier et lui demandais d’arrêter ce genre de geste trop familier. Nous étions amies depuis plus de deux ans maintenant et je lui expliquais que je tenais à ce que notre relation reste platonique.

Il y a un mois pendant un déjeuner, je lui avais confié que tous nos amis m’avaient fait faux bond pour le mois de juin et que je devrais sûrement partir seule en vacances. Lorsqu’il avait proposé de se joindre à moi, j’avais insisté sur le fait que nous partions seulement en tant qu’amis et je pensais que la situation était claire.

Je pris une grande inspiration et lui demandais d’arrêter d’être aussi tactile avec moi.

– Ça va, on s’amuse et on fait la fête, me répondit-il passablement émécher.

– Je suis d’accord pour que l’on fasse la fête, mais j’aimerais assez que tes mains restent à leur place.

Il se rapprocha et me prit par les hanches pour me serrer contre lui une nouvelle fois.

– Ça va, répéta-t-il, quand on sera à Hawaï, nous ne serons que tous les deux et on pourra enfin se lâcher tranquillement.

Je reculais en insistant encore sur le fait qu’il n’y avait aucune chance pour qu’il se passe quoi que ce soit et que s’il avait accepté dans cette optique, nous ferions aussi bien d’annuler nos projets.

– Pas la peine de faire semblant. Si tu es gêné à cause de ce que les autres pourraient dire…

Je le coupais, plus qu’agacé par son comportement.

– Thomas non. Tu es un ami et c’est très bien comme ça. Il n’a jamais été question que notre relation évolue.

– Non mais tu te fiches moi là. Je joue les petits toutous bien dociles depuis des semaines pour que tu me jettes à la moindre occasion.

Il s’énerva d’un coup et hurla comme un fou que de toute façon, il n’avait pas envie de partir un mois avec une salope frigide.

Il m’attrapa fermement par le bras quand Lily entra subitement dans la pièce. Elle le fusilla du regard un instant et il relâcha sa prise. Sur ce, il sortit de la pièce et quitta mon appartement en rage. Lily me regarda médusée.

Comme à son habitude, elle finit dans l’hilarité la plus totale et le traita de tous les noms. Petit à petit, l’ambiance retomba et tout le monde finit par s’endormir. Je restais quelque peu abasourdie face à la réaction de Thomas, mais ce n’était pas vers lui qu’allaient mes pensées.

Une fois enfin dans mon lit, je branchais mon téléphone et l’allumais quand j’aperçus le chiffre deux rouges apparaître à l’écran. Les deux messages étaient de Lui.

Lui dimanche 00h23 : Coucou, merci pour les bouteilles, mais ce n’était pas nécessaire. Mon frère te remercie aussi et te salue.

Lui 03h47 : Les neuf heures sont écoulées alors finalement, tu penses quoi de notre dernière conversation ?

Trop fatiguée pour répondre, je reposais mon téléphone mollement sur la table de nuit et m’endormis.

Je fus réveillé par des ronflements et par une main emmêlée dans mes cheveux. Je me tournais vers Lily, attrapais mon téléphone et sortis de mon lit discrètement. En allant en direction de la cuisine, je pus contempler l’étendue des dégâts et ils étaient nombreux.

Entre les cadavres de bouteilles un peu partout, les cartes éparpillées sur la table avec des jetons de poker et des cendriers pleins, le ménage qui m’attendait me donnait envie d’aller me recoucher. Je n’avais pas vu mes amies depuis près d’un mois et nous avions largement rattrapé le temps perdu.

Je me fis couler un café, m’installais sur le comptoir de la cuisine et allumais mon téléphone. Pas de nouvelle du bureau, ce qui était déjà une bonne chose. J’ouvris l’application de messagerie et répondis aux messages de la veille.

Moi dimanche 11h14 : Bonjour toi, de rien pour les bouteilles, un enfant ça se fête.

Moi 11h17 : Et pour notre discussion d’hier, je suis contente que tu aies été franc avec moi. On a tous un passé.

Après une douche et un autre café, je m’affairais au rangement de l’appartement jusqu’à ce que tout le monde finisse par émerger et par partir.

Je finis par m’écrouler dans mon canapé avec un bouquin, mais piquais du nez avant d’avoir fini la première page. Réveillée par une sonnerie lointaine, je décrochais machinalement.

– Oui, qu’est-ce qu’il y a Julien?

J’avais répondu par habitude, sans réfléchir et le regrettai aussitôt.

– Heu non désolé, je te dérange peut-être ? me demanda-t-il.

– Non, excuse-moi, mais en général, c’est mon assistant qui me réveille et je réponds par automatisme.

Sa voix grave et rocailleuse était rassurante. Je me lovais dans mon plaid et m’étirais.

– Pas de soucis, je ne voulais pas te réveiller. Je peux te rappeler plus tard si tu veux.

– Non, c’est bon, comment s’est passée ta soirée ? je demandais encore somnolente.

– C’était super, j’avais besoin de passer du temps avec mon frère et en plus une charmante jeune femme nous a offerts à boire. Et toi, c’était bien ?

– La soirée a bien commencé, mais n’a pas super bien fini.

– Tu veux me raconter ?

– Ce n’est pas grand-chose, juste un petit mal entendu. Un pote est devenu un peu trop collant alors j’ai tenté de le recadrer gentiment, mais il l’a très mal pris. Nous devions partir en vacances ensemble et passions beaucoup de temps tous les deux, mais je pensais qu’il avait compris que nous n’étions qu’amis, seulement ce n’était pas le cas. Quand je lui ai dit qu’il ne se passerait rien entre lui et moi, il m’a insultée de salope frigide avant de partir très en colère.

– Pardon ? Il s’est permis de t’insulter parce que tu l’as repoussé ?

Je le sentis indigner, presque énervé.

– Oui, je lui répondis timidement. La plupart de mes amies partent en couple en vacances et je voulais partir avec un ami pour m’aérer l’esprit, sans prise de tête. Bref, dans son esprit, cela incluait du sexe, mais je ne voulais pas avoir ce genre de rapport avec lui. Depuis quelques années, je n’ai plus vraiment le cœur aux relations amoureuses alors mêler amour et amitié, ça ne m’avait même pas traversé l’esprit.

Il m’expliqua qu’il comprenait et me raconta comment s’était terminée sa dernière relation sérieuse. Il avait décidé de déménager dans une autre ville pour elle et lui offrait tout ce dont elle avait besoin, mais elle avait fini par le tromper.

Pendant plusieurs années, il avait veillé à ce qu’elle ne manque rien, payant ses études ainsi que le coiffeur et la manucure régulièrement, mais elle avait fini par le trahir. Il lui avait laissé ces meubles et n’avait récupéré que quelques vêtements avant de rentrer à Lyon pour refaire sa vie, encore une fois.

Il avait eu son lot de déceptions et ne croyait plus en l’amour lui non plus. Il me posa ensuite des questions sur mes amies et mes vacances avant de me raconter les siennes qu’il avait passées à Cancún. Encore une fois nous parlions tellement naturellement que le temps défila sans que je ne m’en rende compte. Après deux heures au téléphone, nous raccrochions, heureux de s’être parlé et de pouvoir échangé à cœur ouvert.

II

Le lendemain, une nouvelle semaine commençait et j’avais hâte de voir comment s’en était sorti mon remplaçant. Arrivée au bureau ma secrétaire me donna l’ensemble de mes messages pendant que Julien commençait le récapitulatif du week-end. À part deux petits points à reprendre, Damien avait vraiment fait un excellent travail.

Je finissais mon déjeuner d’affaires et remplissais ma paperasse habituelle, mais mon esprit vagabondait sans cesse jusqu’à Lui. Nous avions passé des heures à nous raconter nos vies sans jugement et je me demandais si nous aurions la même alchimie une fois face à face.

J’attrapais mon téléphone et lui envoyais l’adresse du bar pour notre rendez-vous du lendemain et sentis mon pouls s’accélérer légèrement en appuyant sur la touche d’envoi.

Plus tard dans la journée, je demandais à mes assistants de me rejoindre dans mon bureau pour un petit débriefing.

– Voilà, commençais-je solennelle. Après avoir mûrement réfléchi, je fis exprès de faire durer le plaisir avec une pause faussement dramatique, et même si vos candidats sont tous prometteurs… Je suis au regret de vous annoncer, nouvelle pause, que je vais engager… Damien.

Leslie exulta pendant que Vanessa et Julien pestaient. Les voir aussi enthousiastes à l’idée de ce petit challenge avait été stimulant pour toute l’équipe, mais je devais mettre un terme à ma petite plaisanterie.

– Félicitations à toi, mais tu n’es pas vraiment la seule gagnante, tous trois se retournèrent vers moi perplexe. Je compte engager vos trois candidats.

– Je ne comprends pas, commença Julien, si tu embauches les trois qui à gagné ?

– Damien est parfait pour la gestion et la coordination, mais ton candidat Éric à plus d’expérience en ce qui concerne la négociation. Quant à Emma, ta candidate, dis-je en m’adressant à Vanessa, sa lecture des chiffres et des contrats sont impressionnants et ferme le triangle parfait. Donc, je continuais avant qu’ils n’essaient d’en placer une, vous aurez deux semaines supplémentaires de vacances chacun avec la gestion d’un projet si vous le désirez. Par contre, en ce qui concerne le planning des vacances vous devrez vous mettre d’accord tous ensemble en respectant la règle du : « toujours deux au bureau minimum ». Si vous ne pouvez pas vous mettre d’accord bien sûr, je vous aiderai à trancher.

Tout le monde était satisfait et réfléchissait déjà au projet à choisir ou aux vacances à venir.

Vanessa interrompit les conversations et demanda à me parler en tête-à-tête. Lorsque les deux autres sortirent, elle me demanda si j’avais jeté un œil au dossier classé.

J’étais assez proche d’elle pour lui avouer la vérité et lui racontais les messages échangés et les coups de fil qui s’éternisaient. Je lui expliquais qu’il m’avait mis au courant pour la prison et qu’il n’avait pas essayé de me cacher quoi que ce soit de sa vie et de son passé.

– Est-ce qu’il y a quoi que ce soit d’autre que je devrais savoir selon toi ? je lui demandais sans détour.

– Non, je ne pense pas, mais reste tout de même sur tes gardes, me dit-elle avec bienveillance.

– J’aurai besoin que tu me choisisses deux tenues décontractées pour demain, lui demandais-je hésitante, ou peut-être trois.

– Je rêve où tu es nerveuse ? demanda-t-elle un peu espiègle.

– Non pas nerveuse, je mentais, j’appréhende peut-être un peu, c’est tout.

Plus qu’une assistante, Vanessa était avant tout une amie sur qui je pouvais compter. Elle avait ouvert une boutique de vêtement il y a plusieurs années, mais son ex-copain Didier, une crapule à la petite semaine, l’avait escroqué avant de disparaître dans la nature.

Alors que j’agrandissais mes installations, Julien était débordé et m’avait demandé d’embaucher une personne pour les tâches personnelles pendant que lui s’occupait des tâches administratives. Elle s’était présentée en m’expliquant qu’elle serait plus qu’un atout à mon service, mais la seule personne à se donner autant dans son travail parce qu’à l’époque, elle n’avait plus que ça.

Après lui avoir demandé de remercier les autres postulants, je l’avais invité dans mon bar et nous avions passé toute la soirée et la nuit à nous raconter nos vies. Deux semaines plus tard, j’avais fait en sorte que le scélérat soit retrouvé et qu’il rembourse l’intégralité de la somme qu’il lui avait dérobée avec les intérêts.

Bien entendu, le charisme et la persévérance de Vanessa, avaient attiré David dans ces filets. C’était un sportif sexy avec un sens de l’humour digne des plus grands maître de l’humour. Les deux formaient le couple idéal et depuis un an, des parents formidables. Elle continuait de me consacrer beaucoup de temps, mais je savais bien que d’ici peu, elle finirait par quitter l’équipe pour travailler à son compte.

Même si elle allait finir par voler de ses propres ailes, elle resterait à jamais mon amie et ma styliste préférée.

Après trente minutes de conversation avec elle, ma confiance en moi était au beau fixe.

La fin de journée fut un vrai calvaire administratif, j’étais tellement débordé que même en mangeant sur place, je ne finis pas avant vingt et une heures. En rentrant chez moi, j’étais si exténué que je tombais de sommeil tout habillé dans mon lit.

Je fus réveillé le lendemain matin par un doux fumet de café qui m’enveloppait. Je trouvais une tasse à côté de mon lit et aperçu Vanessa qui furetait dans mon dressing.

– Salut patronne, tu as bien dormi ?

– Hmmm, heureusement que tu as pensé au café.

– Une préférence pour la couleur ? demanda-t-elle.

– Je te fais confiance, grommelais-je en essayant de m’asseoir. Quelque chose de basique surtout rien d’extravagant ou de trop chic.

La brume dans mon esprit finit par se dissiper et je me levais pour aller à sa rencontre. Une fois mon café ingurgité, je fonçais sous la douche et en sortant, je trouvais un chemisier blanc ainsi qu’une jupe portefeuille en cuir noir d’un côté et un top très échancré avec un jean de l’autre. Elle sourit triomphante et me présenta les deux tenues. La première pour le bureau et la deuxième pour aller boire un verre était parfaite et de très bon goût comme toujours.

– Je sais très bien que tu vas t’en plaindre, mais avant que tu ne dises quoi que ce soit, commença-t-elle, je t’ai pris un rendez-vous chez l’esthéticienne à dix heures et un chez ta coiffeuse à dix-sept heures. De rien.

– Ce ne sera pas nécessaire, on va juste boire un verre, insistais-je, mais merci quand même. Est-ce que tu peux vérifier le planning du boulot et me dire si Emma et Éric ont confirmé leurs rendez-vous de ce matin ?

– Oui, ils seront là à neuf heures pour les signatures et prêt à commencer. En revanche, Emma m’a demandé de te préciser qu’elle était mère célibataire alors il pourrait lui arriver d’avoir des contretemps même si ça reste exceptionnel.

– C’est très prévenant à elle, appelle-la tout de suite pour lui demander si elle peut me rejoindre dans mon bureau quinze minutes avant s’il te plaît.

Pendant que Vanessa passait son appel, je finissais de me préparer.

Une fois arrivé à mon bureau, je commençais ma journée quand Muriel ma secrétaire me prévint de l’arrivée d’Emma.

Après avoir eu la confirmation que tous les documents avaient été dûment signés, je lui expliquais chaque détail de son poste avant de lui demander plus de détails sur sa situation personnelle.

Elle me raconta qu’elle était veuve, sans famille et qu’elle devait s’occuper seule de sa fille Sarah depuis quatre ans. Je lui expliquais ensuite les dispositifs mis en place pour l’aider à conjuguer son travail et son rôle de parent. Il y avait une garderie disponible six jours sur sept ainsi qu’un service de voiturier mis à sa disposition vingt-quatre heures sur vingt-quatre dont elle pouvait utiliser les services à sa convenance même lors de ces jours de congé. Je la remerciais de se rendre disponible si rapidement et de m’avoir parlé de sa situation familiale avant de lui indiquer son espace de travail.

Mes trois nouvelles recrues allaient commencer par prendre connaissance des projets en cours puis je pourrais leur déléguer différentes tâches au fur et à mesure.

Après un rendez-vous interminable, je reçus un message de Vanessa pour me rappeler mon rendez-vous chez l’esthéticienne. J’hésitais encore, mais décidais de m’y rendre, par acquit de conscience.

Une fois ma journée terminée, je reçus un appel de Lui en sortant de chez le coiffeur.

– Salut, je ne te dérange pas ? me demanda-t-il.

– Non pas du tout, j’allais justement te rejoindre au bar, je lui répondis guillerette. Ne me dis pas que tu es déjà arrivé ?

– Eh bien non, le ton de sa voix était étrange. Je suis vraiment désolé de te faire un coup pareil, mais j’ai un problème familial urgent et je ne pourrais pas venir.

– Oh, j’en suis désolé, lui répondis-je sincèrement. J’espère que ce n’est pas grave. Fais ce que tu as à faire et nous pourrons reprogrammer ce verre une autre fois.

– J’en serais vraiment ravi, me dit-il presque soulager. J’avais hâte de te voir, tu peux me croire. Je dois te laisser, mais on s’appelle plus tard.

– Bien sûr, fais-moi signe quand tu auras le temps.

Une fois le téléphone raccroché, j’appelais Lily pour lui proposer de boire un verre, mais elle avait une soirée de prévue de son côté avec son copain. Je tentais d’appeler une autre amie, mais personne n’était disponible ce soir, alors je décidais de rentrer chez moi.

Je profitais de ce temps de libre pour établir les plannings de mes remplaçants pour les semaines à venir. Même si le comportement de Thomas m’avait fait faire volte-face quant à nos projets de vacances communes, il n’était pas question que je me laisse abattre et que j’abandonne mes vacances.

Je passais le jour suivant de mauvaise humeur, à croire que rien ne se goupille bien des fois. Heureusement pour moi, le trio était d’une grande aide. Damien m’aidait à la gestion, Emma avait une faculté d’analyse particulièrement efficace et Éric avait négocié l’avancée des travaux sur deux chantiers ce qui rendait l’avancement d’autres projets possibles. L’équipe des E.D.E., comme les avait surnommés Leslie, faisait de vrai miracle.

Après une journée bien remplie, je devais retrouver des amies au restaurant avant de nous rendre à une petite soirée. Tout avait bien commencé jusqu’à ce que je voie Lily et notre amie Faustine échanger des regards plus que suspects. Hélas, je ne me rendis compte du guet-apens qu’une fois qu’elles me présentèrent à un grand jeune homme blond avec de beaux yeux bleus.

La soirée était comme toujours très légère, même si les gloussements de Faustine m’agaçaient prodigieusement.

Duncan, le fameux ami Américain, était charmant et sa conversation très intéressante, mais je n’avais pas vraiment à cœur de le connaître.

Une fois notre dîner terminé, je me chargeais de régler l’addition puis nous partîmes en direction de la maison de Faustine à l’extérieur de la ville où la fête battait son plein. Tout le monde s’amusait, dansait et riait de bon cœur.

Duncan, qui était un piètre danseur, me prit par la main et m’emmena à l’extérieur. Il commença à me parler de son pays et de l’Arizona d’où il était originaire. Le jeune homme était charmant mais plus il parlait et plus je souhaitais qu’il se taise. Je me rendis vite compte que son sujet de conversation préféré n’était autre que lui-même.

Après l’attrait du beau jeune homme aux yeux en amande, je ne voyais que ça, son narcissisme.

Nous étions tous deux assis loin de la cohue, sur une petite banquette avec une bouteille de vodka quand je décidais de jouer avec l’égo de ce présomptueux. Chaque fois qu’il commençait sa phrase par : « Tu sais, j’ai même… », je buvais une gorgée. Arrivée à la moitié de la bouteille, je décidais de prendre congé et de retourner voir mes amies.

– Franchement, c’est du grand n’importe quoi.

– Ça va, je voulais juste te sortir ton taulard de la tête, ricana Faustine.

– Arrête avec ça. En plus, je n’ai pas besoin de me le sortir de la tête. Dans tous les cas, la prochaine fois, abstenez-vous

Je grondais violemment contre Lily et Faustine, mais l’alcool commençait à me monter à la tête et je décidais d’appeler un taxi pour rentrer.

Une fois monter dans le véhicule mon téléphone se mit à vibrer, mais je n’avais pas la force de le sortir de ma poche.

Mes sens étaient complètement engourdis, mais je réussis tant bien que mal à rentrer jusqu’à mon appartement. Une fois affaler dans mon canapé mon téléphone vibra encore une fois.

J’ouvris l’application et pus lire un petit chiffre quatre rouges sur l’écran.

Lui jeudi 21h47 : Coucou toi, désolé pour l’autre jour, mais maintenant ça va mieux. Tu dois avoir quelque chose de prévu pour ce soir, mais si tu veux tu peux m’envoyer un message plus tard.

Lui vendredi 00h18 : Au fait, j’ai dix jours de vacances alors si tu veux toujours boire ce verre, je suis libre.

Lui 01h27 : Je vais être franc, je voulais entendre ta voix ce soir. Bonne nuit Adriana.

Moi 01h29 : Coucou toi, désolé de ne pas avoir répondu plus tôt, mais je suis tombé dans une embuscade. Je repars demain soir, mais on peut se voir avant si tu veux.

Lui 01h30 : Tu veux m’expliquer l’embuscade ?

Moi 01h32 : Ce n’est rien, juste des copines qui ont cru malin de m’improviser un rencard arrangé sans mon consentement. Mais bon, je me suis bien amusé.

Lui 01h33 : C’est bien si tu as passé une bonne soirée.

Moi 01h34 : En réalité, le gars était une catastrophe, mais j’ai trouvé comment changer ça.

J’effaçais le message et décidais de l’appeler.

– Salut, pardon, je me rends compte qu’il est très tard, j’espère que je ne te dérange pas ?

– Non pas du tout, au contraire, avoua-t-il.

– En fait ma soirée était top, mais le gars une vraie catastrophe, lui dis-je. Il parlait tellement de lui que j’ai fini par en faire un jeu à boire.

– Je ne te crois pas, dit-il moqueur. Ça ne pouvait pas être à ce point.

– Oh, c’était même pire que ce que tu penses. Chaque fois qu’il commençait sa phrase par « J’ai même… », je buvais une gorgée. Alors j’ai fini par rentrer avant d’être complètement ivre et de lui vomir dessus.

– Désolé, pour ton rencard, me dit-il faussement attrister.

Je ne voulais pas tourner autour du pot et finis par me jeter à l’eau pour lui demander s’il voulait me parler du contretemps qui l’avait empêché de venir à notre rendez-vous.

J’étais sincèrement désolé quand il m’expliqua que sa sœur avait eu un accident alors qu’elle était en voiture avec la plus âgée de ces filles. Heureusement, il n’y avait rien de grave, mais sa sœur ayant un bras en écharpe, il avait décidé de lui venir en aide en la conduisant là où elle et ces enfants avaient besoin d’aller. Il avait pris deux semaines de vacances pour pouvoir l’aider dans les tâches domestiques, mais je pouvais lui faire une autre proposition.

– Écoute, je sais que je me mêle de ce qui ne me regarde pas, mais j’ai créé un organisme spécifiquement pour ce genre de situation. Je vais passer un coup de fil et dès demain, elle pourra bénéficier de toute l’aide dont elle aura besoin.

– Non, c’est très gentil de ta part, mais ce ne sera pas nécessaire, je t’assure. Je peux très bien continuer…, insista-t-il mais je le coupais tout de suite.

– Attends une seconde. Je me permets d’insister, mais je pense qu’un cuisinier professionnel qui serait disponible vingtquatre heures sur vingt-quatre pour tous les repas, un chauffeur, une aide ménagère, une baby-sitter et une aide aux devoirs seront plus utiles à ta sœur et à ses trois enfants. Entends bien que je ne remets pas en doute tes capacités, mais ça ne lui coûterait rien et ils seraient à sa disposition le temps nécessaire.

– Je ne sais pas si…

– Je lance la procédure et j’envoie un message tout de suite, j’allumais mon ordinateur immédiatement malgré l’alcool qui émoussait encore mes sens. Je pense que ta sœur doit dormir alors envoie lui un message ou préviens là demain matin et si elle le désire j’annulerai tout. Ce qui est bien, c’est que le service est joignable à toute heure du jour comme de la nuit alors je vais recevoir une confirmation dans les minutes qui viennent et je te ferai parvenir les informations pour que tu les transmettes à ta sœur, ça te va ?

– C’est vraiment super, merci, bredouilla-t-il. Je ne sais pas comment te remercier.

– Arrête s’il te plaît, lui demandais-je. C’est normal de s’entraider entre amies, lançais-je sans réfléchir.

– Entre amies oui, c’est sûr, répondit-il un peu lointain.

Le service d’aide que j’avais mis en place était en réalité prévu pour mes employées, mais j’envoyais un message rapide au responsable pour lui demander de mettre tout en place.

– Et pour ce verre, alors tu as du temps de libre maintenant, on pourrait se faire ça demain dans l’après-midi, qu’est-ce que tu en penses ?

– J’en serais vraiment ravi. Toute à l’heure, tu m’as écrit que tu allais partir demain soir, c’est pour le travail ?

– Oui, je dois me rendre à New York pour régler des petites choses, mais je vais y rester une semaine pour faire un break.

– New York waouh, c’est top.

– Oui, j’adore y aller. J’ai acheté une petite maison de ville là-bas il y a deux ans et chaque fois que je dois aller aux États-Unis, je fais en sorte d’y passer au moins une semaine. Ça y est, je viens de recevoir la confirmation pour l’aide de ta sœur.

Il me donna les coordonnées de sa sœur afin que je lui transmette toutes les informations et me parla de ces nièces et de son meilleur ami qui avait pris trois jours de congé pour l’aider.

Je lui parlais de Lily ainsi que de son besoin maladif de me voir casé et le préviens aussi qu’elle avait décidé de nous épier si nous arrivions un jour à nous voir. Quand il m’entendit étouffer un bâillement, il s’excusa d’avoir monopolisé mon temps nocturne et me proposa de reprendre notre conversation le lendemain de visu.

Comme j’avais prévu de prendre un vol de nuit le lendemain, nous avions décidé de nous voir en début d’aprèsmidi dans mon bar.

– Je suis contente que l’on se soit parlé ce soir et que nous ayons pu reporter notre rendez-vous, lui dis-je.

– Moi aussi, j’étais carrément surmené toute la semaine, mais j’ai quand même pensé à toi.

– Il est tard et nous avons eu une semaine compliquée, alors je vais raccrocher et te souhaiter une bonne nuit.

– D’accord, tu as raison, dit-il la voix plus grave, et puis nous allons nous voir dans quelques heures alors passe une bonne nuit. Bisou.

– Passe une bonne nuit toi aussi, à demain.

Comment ne pas penser à lui après ça. Il était gentil, prévenant et tellement doux. Tellement bienveillant et courtois dans sa façon de parler que je me sentais fondre. Je me couchais lourdement dans mon lit en pensant à la longue journée qui m’attendait demain.

J’avais mis mon réveil à dix heures du matin et dès la première sonnerie, je bondis hors de mon lit et filais sous la douche. La météo n’étant pas au beau fixe, j’optais pour un pull blanc à col V échancré et un jean confortable.

Je finissais de boucler mes bagages quand je vis Leslie et Lily hilares entrer. Après un dernier point sur mes bagages, je demandais à Leslie de faire en sorte que les S.A.P. (Services d’Aides aux Personnes) déploie toute l’aide nécessaire pour la sœur de mon ami et que les frais supplémentaires n’apparaissent nulle part et me soient entièrement imputés.

Quand tout fut terminé Lily, qui me faisait de gros yeux, semblait quelque peu perdue alors je lui expliquais tout en détail. Je lui avais déjà envoyé un message avant de dormir pour lui raconter l’échange de messages et le rendez-vous d’aujourd’hui, mais j’avais omis la partie où sa sœur avait été victime d’un accident.

– Écoute ma poule, tu sais que je t’adore, commença-t-elle, mais tu ne devrais peut-être pas en faire autant.

– J’entends et je comprends ce que tu me dis, mais je les ai connues toute jeune et je tiens à les aider. En plus, il ne m’a rien demandé, au contraire il ne voulait pas de mon aide. J’ai dû insister et lancer la procédure pour qu’il accepte.

– Oui et bien dans tous les cas, je serais présente pendant ton rencard et ce n’est pas négociable.

– Premièrement, ce n’est pas un rencard et deuxièmement, j’ai confiance en lui alors arrête un peu ta parano.

Même si j’avais confiance en Lui, j’étais un peu anxieuse à l’idée de le voir et j’étais tout de même contente que Lily soit présente pour m’épauler.

J’étais en pleine partie de billard dans l’arrière-salle tandis que Lily était attablée non loin de là. Penché au-dessus de la table, je venais de rentrer une bille quand l’un des barmans m’interpella. Je me retournai quand mes yeux se fixèrent sur les siens, qui malgré les années étaient restés inchangés.

Il devait mesurer presque un mètre quatre-vingt et portait un t-shirt noir épais à manche longue avec et un jean gris. Il me gratifia d’un large sourire, s’avança doucement vers moi et se pencha pour me faire une bise sur chaque joue.

Ce fut un réflexe, mais je ne pus m’empêcher de lever la main et de la poser sur sa joue.

– Ils n’ont pas changé, dis-je en le fixant.

Je les avais gardés en mémoire si longtemps que je pensais les avoir sublimés dans mon esprit, mais non, ils étaient réels. La même profondeur dans leurs couleurs vert olive et la même douceur, mais la flamme que je voyais avant semblait n’être plus qu’une étincelle.

Comme envoûté, il me fallut quelques secondes pour enfin sortir du brouillard et lui proposer de s’asseoir à table avec moi.

– Toi non plus tu n’as pas changé. Alors bien dormi ? Tu n’as pas trop la gueule de bois ?

– Non, ça va merci, répondis-je en riant. J’ai bu de l’eau en quantité industrielle et j’ai dormi comme une souche.

– Avant que je n’oublie, dit-il en déposant un chaste baiser sur ma joue. Celui-là, c’est de la part de ma sœur pour ce que tu fais pour elle. Elle est vraiment très reconnaissante de ce que tu as fait pour elle. Et celui-ci, dit-il en déposant un baiser plus longuement sur mon autre joue, c’est de ma part pour la même raison.

Lui.