Markheim - Robert Louis Stevenson - E-Book

Markheim E-Book

Robert Louis Stevenson

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Beschreibung

Robert Louis Stevenson, né le 13 novembre 1850 à Édimbourg et mort le 3 décembre 1894 à Vailima (Samoa), est un écrivain écossais et un grand voyageur, célèbre pour son roman "L'Île au trésor" (1883), pour sa nouvelle "L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde" (1886) et pour son récit "Voyage avec un âne dans les Cévennes" (1879). Stevenson est parfois considéré comme un auteur de romans d'aventure ou de récits fantastiques pour adolescents, mais son œuvre a une toute autre dimension : il a d'ailleurs été salué avec enthousiasme par les plus grands de ses contemporains et de ses successeurs. Ses nouvelles et romans manifestent en effet une profonde intelligence de la narration, de ses moyens et de ses effets. Il exploite tous les ressorts du récit comme la multiplication des narrateurs et des points de vue, et pratique en même temps une écriture très visuelle, propice aux scènes particulièrement frappantes.

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Seitenzahl: 31

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Markheim

— Oui, dit le marchand, nos bonnes aubaines sont de différentes sortes. Tels clients sont ignorants : et alors je touche un dividende, du fait de ma science supérieure. Tels autres sont malhonnêtes… (et il leva la chandelle afin que la lumière tombât d’aplomb sur le visiteur)… et, dans ce cas, ma vertu fait mon bénéfice.

Markheim venait directement de la rue éclairée par la lumière du jour et son œil n’était pas encore familier au mélange de clarté et d’ombre de la boutique. À ces mots directs et devant la flamme si proche, il cligna péniblement de l’œil et regarda de côté.

Le marchand ricana.

— Vous venez chez moi le jour de Noël, résuma-t-il, quand vous savez que je suis seul dans ma maison, que j’ai accroché les volets et que je me fais un devoir de refuser les affaires. Bon, vous paierez pour cela, vous paierez pour ma perte de temps (je devrais être en train de faire la balance de mes livres), vous paierez, de plus, pour une manière de faire que je remarque fortement en vous aujourd’hui. Je suis la discrétion même et ne fais pas de questions gênantes, mais quand un client ne peut me regarder en face, il a à payer pour cela.

Le marchand ricana de nouveau, puis, reprenant sa voix commerciale, où perçait encore une pointe d’ironie :

— Vous pouvez faire comme d’habitude un récit net de la manière dont vous êtes devenu possesseur de l’objet, continua-t-il. Toujours la collection de votre oncle ? Un remarquable collectionneur, monsieur.

Et le petit marchand pâle, aux épaules voûtées, se haussait sur la pointe des pieds, regardant par-dessus ses lunettes d’or, et branlant la tête avec toutes les marques de l’incrédulité. Markheim lui rendit son regard avec une pitié infinie et un sentiment de répulsion.

— Cette fois, dit-il, vous faites erreur. Je ne viens pas pour vendre, mais pour acheter. Nulle « curiosité » dont je puisse disposer : le cabinet de mon oncle est nu jusqu’aux lambris ; et fût-il intact encore, comme j’ai fait de bonnes affaires à la Bourse, je serais plutôt disposé à y ajouter ; mais mon but aujourd’hui est la simplicité même… Je suis en quête d’un cadeau de Noël que je destine à une dame, continua-t-il, devenant plus prolixe en retrouvant le discours qu’il avait préparé ; et je vous dois certainement toutes sortes d’excuses pour vous déranger à propos d’une si mince affaire. Mais j’ai été négligent hier ; il faut que je fasse mon petit compliment à dîner ; et comme vous savez, un riche mariage vaut qu’on s’en préoccupe.

Une pause suivit : le marchand semblait peser ce récit avec incrédulité. Le tic-tac de plusieurs pendules, parmi le curieux fouillis de la boutique, et le bruit étouffé des voitures roulant dans les rues voisines remplirent le silence.

— Très bien, monsieur, admettons, dit le marchand. Vous êtes une vieille pratique, après tout, et si, comme vous le dites, vous avez chance de conclure un beau mariage, je suis loin de vouloir y mettre obstacle… Voici quelque chose de gentil pour une dame, continua-t-il : cette glace à main, quinzième siècle garanti, vient aussi d’une bonne collection, mais dont je tais le nom, dans l’intérêt de mon client, qui est comme vous-même, cher monsieur, le neveu et l’unique héritier d’un collectionneur insigne.

Tandis que le marchand, tout en parlant de sa voix sèche et mordante, se baissait pour prendre l’objet, un choc ébranla Markheim, bond soudain de mainte tumultueuse passion à son visage. Impression qui disparut aussi vite que venue, sans laisser de trace, qu’un tremblement de la main qui maintenant prenait le miroir.

— Un miroir ? dit-il à voix rauque… Il s’arrêta et répéta plus clairement : Un miroir ? pour Noël ? Certes non.

— Et pourquoi pas ? demanda le marchand. Pourquoi pas un miroir ?

Markheim le regardait avec une expression ambiguë.

— Vous me demandez pourquoi ? dit-il. Pourquoi ? Regardez ici… regardez dedans… regardez-vous ! Aimez-vous voir ça ? Non ? Moi non plus… ni personne.

Le petit homme avait sauté en arrière au moment où Markheim l’avait si brusquement mis en face du miroir… Voyant que rien de pire ne menaçait, il ricana.