Martin - Michel Gachie - E-Book

Martin E-Book

Michel Gachie

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Beschreibung

À l'heure de l'industrialisation, le héros de l'histoire, Martin, vous parlera de simplicité et d'authenticité !

La perception des animaux est différente d'une personne à l'autre. Martin est né avec une passion pour eux. Entouré d'une famille aimante, il a fallu un accident dans l'enfance pour faire émerger un chemin de vie tourné vers la nature sous toutes ses formes. À une heure où l'industrialisation est la règle, Martin cultive l'art de la simplicité et de l'authentique.

Ce livre est le récit de ma vie, reprenant le plus fidèlement possible les événements qui m'ont marqué. J'ai pris la liberté d'utiliser des prénoms d'emprunt afin de donner plus de légèreté au texte. - Michel Gachie

Un récit autobiographique saisissant proposant au lecteur un retour à la nature !

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Michel GACHIE

MARTIN, DERNIER BERGER À CASTELNER

L’auteur remercie Patricia Chenot Vais, amie et rédactrice pour l’aide précieuse apportée à la réalisation de cet ouvrage

L’accident

Martin est né en 1950 dans une famille landaise de paysans pauvres, par une froide journée d’hiver. Le village où il vit encore, Castelner, qui signifie «château noir», est le village habité le plus haut des Landes, avec deux cent trois mètres d’altitude, niché sur des coteaux à la limite des Pyrénées-Atlantiques, entre Béarn et Chalosse.

L’arrivée de ce petit garçon tant désiré combla de bonheur Valentin et Justine, ses parents, d’autant qu’il avait l’air robuste et vigoureux. Il faut dire qu’à cette époque-là, les garçons étaient les bienvenus, car ils étaient garants de la pérennité des fermes, qui manquaient de main d’œuvre pour les travaux des champs.

C’était après la Deuxième Guerre mondiale et les gens qui avaient souffert de la famine durant plusieurs années comptaient sur les produits de la terre pour apaiser leur faim. Tout reposait sur cette terre nourricière tant malmenée aujourd’hui. Cela, le petit Martin semblait déjà l’avoir compris même s’il mit beaucoup de temps à en prendre la mesure.

Entouré de sa famille, bienveillante à l’égard de ses deux enfants Martin et Marius, le petit Martin eut une entrée dans l’enfance, heureuse jusqu’à l’âge de quatre ans. Vivaient sous le même toit, son père Valentin, sa mère Justine, son frère Marius, son grand-père Léon et son arrière-grand-mère. Tout ce petit monde se partageait la vieille maison, sans eau courante ni autres commodités devenues indispensables aujourd’hui. La cohabitation se passait bien malgré le manque de confort. Ils vivaient heureux ensemble, du moins autant qu’il s’en souvienne.

Durant sa quatrième année, il se passa une chose qui allait marquer le reste de l’existence de Martin. Un jour en effet, jouant autour de l’âtre, il chuta dans le chaudron d’eau bouillante accroché à la crémaillère de la cheminée. Ce fut un drame pour ses parents plus que pour lui, qui ne se rendit pas compte de la gravité et des implications de l’accident.

Hospitalisé plusieurs semaines, car brûlé au troisième degré, il dut subir plusieurs greffes de peau. Son «pronostic vital était engagé», apprendra-t-il plus tard. À l’époque, les médecins n’avaient pas les mêmes moyens qu’aujourd’hui pour soigner les brûlures, ni les mêmes antalgiques pour soulager les douleurs intenses de ce type d’affection.

Comme il était robuste et sans doute têtu, il survécut à cet épisode tragique.

Seulement, à la suite de cet accident et sans qu’il en eut conscience durant sa jeunesse, Martin vit sa vie bouleversée.

Lui qui n’était jamais sorti de son cocon familial fut un peu effrayé par la clinique et par toutes ces personnes souvent inconnues, qui venaient les réconforter, ses parents et lui. Même le personnel soignant était attentif à ce mignon petit garçon qui avait survécu à ses brûlures et il recevait des cadeaux de toutes parts.

Cependant, Martin n’appréciait guère cette agitation autour de lui bien qu’elle fût bienveillante. Il ne demandait qu’une chose : qu’on le laissât tranquille pour qu’il retrouve enfin la «maison de chez nous» comme il l’appelait. Tout cela changea profondément son caractère et sa façon de se comporter dans ses rapports aux hommes et plus tard, à l’humanité tout entière.

Il lui semble que c’est à partir de cet évènement que Martin se découvrit une passion pour les animaux, passion qu’il ne cessa de cultiver par la suite. Quand il revint dans la maison familiale, il n’était plus le même. Son corps meurtri le faisait encore beaucoup souffrir, mais il ne se plaignait pas, tant il était heureux de retrouver son frère, son arrière-grand-mère, son grand-père Léon qu’il aimait tant. Sans oublier les deux chiens qui faisaient partie intégrante de la famille. Cet accident lui avait fait perdre insouciance et naïveté et mit fin à son enfance jusqu’alors très heureuse. Une sorte de gravité s’installait petit à petit en lui et c’est avec un calme plus mature qu’il appréhendait les jours. Une petite question revenait sans cesse à son esprit : «pourquoi moi?».

Après son retour de la clinique, le petit Martin qui venait de subir une épreuve physique et morale pénible en paya le prix : désormais il avait une peur panique de l’obscurité. Donc, pour le tranquilliser, on décida qu’il dormirait avec son grand-père Léon. Rien n’empêcha pourtant les cauchemars et son sommeil restait perturbé. Dans ces moments d’insomnie, dans le noir absolu, il écoutait le silence et finissait invariablement par entendre des bruits qui le terrorisaient.

En quelques semaines, Martin s’était transformé en adulte presque accompli. Son monde si beau, si heureux d’avant, s’était enfui. Il était passé d’un état insouciant de pur bonheur enfantin à la prise de conscience de la réalité quotidienne de la vie des hommes.

Sans doute que sans cet épisode de sa vie, Martin se fut comporté différemment, car une chose était en train de s’insinuer sournoisement en lui : le sentiment d’injustice.

Il en devint rebelle.

L’école communale

À cinq ans il commença sa scolarité à l’école communale, qui accueillait une quinzaine d’élèves répartis en cinq classes de cours - du cours préparatoire à la fin d’études soit quatorze ans à l’époque. L’adaptation ne fut pas facile, car il s’était renfermé sur lui-même et il se méfiait désormais de tout et de tous dès qu’il sortait du cocon familial.

Heureusement, son caractère solitaire s’arrangea avec le temps et avec l’aide de ses camarades de classe. Il finit même par aimer aller à l’école, car il trouvait l’instituteur, Monsieur Couffignal, intéressant et proche de la Nature.

Monsieur Couffignal amenait ses élèves, par beau temps, dans les champs alentour, à la recherche d’insectes, papillons, grillons, cigales et fourmis, et ce durant des après-midi entières. Cela donnait un sentiment d’école buissonnière à tous les enfants.

Mais chaque chose a une fin et ce fut le dernier printemps buissonnier, car à la rentrée suivante, une nouvelle institutrice arriva à l’école de Castelner. Tout changea pour les élèves.

Alors que jusque-là, l’école était la récréation permanente et le bazar complet avec le maître, les cours organisés par Madame Cartaux devinrent d’une discipline rigoureuse.

Même si ce ne fut pas facile au début, force est de reconnaître que ce fut un bienfait pour l’instruction et la vie future de tous et toutes…

Cette «Madame», comme on l’appelait, exigeait beaucoup d’élèves qui avaient pris l’habitude de la facilité, voire de la paresse. Elle exigeait autant des enfants que d’elle-même. Aller à l’école n’était subitement plus un plaisir, mais une contrainte pour certains, qui à l’effort d’apprentissage préféraient l’oisiveté. Les élèves la voyaient âgée alors qu’elle n’avait qu’une petite cinquantaine. Madame était capable de garder un élève en dehors des heures de classe pour réexpliquer une notion non comprise.

Comme Martin était plutôt sage et bon élève, il eut droit à un privilège : un petit bureau à part, à côté du poêle à bois, qu’il devait faire fonctionner l’hiver en arrivant une demi-heure avant l’heure de début des cours.

Il avait également le droit d’aider les plus petits à la lecture et au calcul. Une anecdote est restée indélébile dans la mémoire de Martin. Madame avait un peu de poids en trop et un jour qu’elle marchait en dictant un texte aux élèves, un de ses talons s’enfonça dans le parquet vermoulu de la vieille école et cassa net. Cela déclencha une crise d’hilarité que Madame ne punit pas ce jour-là. Une autre fois, alors qu’elle administrait un coup de pied dans la partie charnue d’un élève, elle fit craquer sa jupe moulante. Ce jour-là, aucun éclat de rire. Madame était à bout de nerfs.

Le temps apaisa la contrainte de l’école et la nouvelle enseignante rallia la confiance des parents puis celle des petits écoliers. Sa méthode sévère donnait des résultats, car elle incarnait la volonté de donner le savoir à tout prix, et pour ce faire, les gifles et les punitions pleuvaient tous les jours. C’était compliqué pour les enfants de comprendre les raisons d’une pareille rigueur. Pourtant aujourd’hui, Martin lui rend hommage. Elle a permis à beaucoup d’avoir une formation correcte pour affronter la vie future avec les meilleures armes.

Dans le courant des années 1960, il fallait avoir son certificat d’études primaires pour avoir réussi sa scolarité. Il ne semble pas qu’un seul des élèves de Madame ait connu l’échec.

Après avoir eu son certificat d’études avec mention Bien à quatorze ans, Martin et son frère Marius s’inscrivirent à l’école d’agriculture où ils obtinrent leur Brevet d’Apprentissage Agricole. Ils avaient des goûts identiques pour l’agriculture.

De la Maison Familiale d’Amou où ils furent pensionnaires ensuite, ils gardent un bon souvenir. Martin était ami avec Lucien, un élève de son âge que l’on appelait «l’homme qui ne rit jamais». À quinze ans ce garçon «pince sans rire» racontait des histoires drôles à en mourir étouffé, dès que le surveillant avait déclaré l’extinction des feux dans les dortoirs. Son père avant lui jouissait déjà d’une pareille réputation. Lucien a quitté l’agriculture pour devenir forgeron, puis plombier, et a terminé sa carrière comme responsable commercial d’une grande entreprise industrielle de Bretagne. Marius, lui, partit faire des études à Montardon, près de Pau, et passa avec succès son BTS agricole. D’ailleurs, quelques années plus tard, son fils Jules ferait ses études de Parcs et Jardins au même endroit et y obtiendrait son BTS.

À chaque retour de pensionnat à la ferme, Martin développa un peu plus sa passion pour les animaux.

Son père Valentin lui offrit deux brebis et ce fut une révélation. Sa passion et sa complicité avec les ovins furent telles qu’il projeta de devenir berger. Comme à la ferme familiale l’activité essentielle tournait autour des bovins, Martin ne constitua que plus tard un troupeau.

Enfant de chœur