Noor et Naïm - Hayate HAÏFI - E-Book

Noor et Naïm E-Book

Hayate Haïfi

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Beschreibung

La reine est gravement malade, un seul et unique remède peut la soigner. Malheureusement, il se trouve dans l'Empire d'Abbadiya, un pays lointain où la neige est souveraine et les risques innombrables. Qui a bien pu l'empoisonner et pourquoi? Hamza fait appel à Noor et Naïm pour cette nouvelle aventure. Comme lors de leur premier voyage, les jumeaux s'embarqueront dans une épopée fantastique. Ils rencontreront des créatures mystérieuses et pleines de fantaisie qui seront prêtes à risquer leur vie. Mais ils devront aussi affronter des dangers et dépasser leurs limites une fois de plus. L'ombre menaçante de Rajeb planera sur eux plus que jamais. Arriveront-ils à trouver le remède caché que nul ne connait? Réussiront-ils à survivre dans l'Empire d'Abbadiya? Arriveront-ils à temps pour sauver la reine?

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Seitenzahl: 213

Veröffentlichungsjahr: 2022

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A mes parents, joyaux de ma couronne,

à Assya, notre nouvelle perle…

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

1

Welcome

Il faisait très froid. Noor et Naïm commençaient à prendre l’habitude des matins gelés et des épais brouillards européens. Noor vivait depuis plus d’un an à Londres. Elle avait pu - grâce à un concours de circonstances - quitter sa Palestine natale, et intégrer la prestigieuse University College of London qui avait pour objectif d’accueillir et de former des étudiants en médecine aux nouvelles technologies. L’une de ses professeures, Mme Ouissale, avait présenté sa candidature scolaire, dans le plus grand secret, espérant que Noor soit retenue. En effet, il existait un parrainage qui permettait à un étudiant de l’université de Gaza d’être sélectionné pour pouvoir étudier en Angleterre. C’était une fabuleuse opportunité qui ne se présentait que tous les 5 ans. Mme Ouissale avait été frappée par son intelligence et ses facultés d’apprentissage. Bien que la sélection fût très stricte, Noor avait été surprise, mais ravie d’avoir été sélectionnée. Elle logeait sur le campus dans une petite chambre d’étudiant qu’elle payait grâce à une bourse interna-tionale qui était attribuée aux étudiants étrangers. Noor s’était parfaitement adaptée. Elle s’était faite de nombreux amis et aimait sa nouvelle vie londonienne.

Naïm, son frère jumeau, avait achevé l’écriture de son pre-mier roman « Un destin pour des vies », et vivait depuis quelques mois à Paris. Il ne se serait jamais douté qu’en le publiant sur une plateforme de lecture sur Internet, il aurait été choisi pour participer à un concours, et aurait remporté le Prix littéraire international des jeunes talents dont la récompense serait de profiter d’un cursus de 3 ans dans la célèbre université de la capitale. Lui aussi avait dû laisser une partie de sa vie en acceptant d’étudier en Europe, mais savait, tout comme sa sœur, que ce n’était que partie remise. Installé confortablement dans un fauteuil du café prêt à manger, situé à deux pas de l’Abbaye de Westminster, Naïm regardait au dehors la foule des passants, en attendant patiemment son chocolat chaud. Il n’arrêtait pas de se remémorer cette scène étrange qui l’avait fortement perturbée.

- Je te remercie, dit-il, en prenant sa tasse de la main de sa sœur.

- Je t’ai pris un cookie géant au chocolat blanc, lui dit-elle joyeusement en le lui tendant, mais tu… tu n’as pas l’air de t’en soucier. A quoi penses-tu ?

- Tu le sais bien !

- Je l’ai reconnu, lança Noor, j’ai reconnu Hamza…

- Moi aussi, mais c’est tout de même étrange ! Il n’a pas pu venir dans notre monde, nous faire un petit « coucou » et disparaître derrière un mur de brique rouge !

- Aussi étrange que lorsque nous l’avions rencontré il y a plus de 2 ans après être sortis d’une grotte ou plutôt en-trés dans un tunnel, renchérit Noor. Et il ne nous a pas fait « coucou » !

- Tu sais très bien ce que je veux dire, dit Naïm en riant.

- C’est totalement fou !

- Mais le fait est que je l’aie vu et que tu l’aies vu toi aussi…

A cet instant Noor poussa un profond soupir et s’affala un peu plus sur son siège. Elle se rappela avec nostalgie leur rencontre avec Nana Roumayssa et le Hadj Ahmed, le professeur Salmane et M. Benhaddou, Sajad, et bien sûr… Hamza, prince héritier du royaume d’Omrane. Elle n’avait pas oublié cette folle aventure qu’elle avait vécue avec Naïm, les peurs et les dangers qu’ils avaient affrontés mais aussi la joie et le bonheur d’avoir aidé une famille à se retrouver. Comment avaient-ils pu arriver dans ce monde ? Elle ne le savait pas. Ce dont elle était sûre, c’était qu’elle avait bel et bien quitté le vrai monde pour un autre extraordinaire. Noor et Naïm en avaient la preuve. Tous deux avaient gardé les cadeaux de remerciement offerts par le roi Omrane et sa femme Faïza. Elle avait gardé précieusement la broche que lui avait offert la reine et la sortait parfois de son écrin de velours pour l’admirer et garder en mémoire le souvenir de cette fabuleuse épopée.

- Mais comment ? Comment a-t-il pu venir jusqu’ici et disparaître en une fraction de seconde ? demanda Noor complètement perdue.

- Je ne sais pas mais… nous devrions peut-être retourner dans cette ruelle ?

- J’y ai pensé. Et si nous n’y trouvons rien ?

- Alors…alors nous retournerons à notre vie et tu me paieras un super repas pakistanais après avoir vu Pic-cadilly Circus, ça te va ? suggéra Naïm.

- Marché conclu ! confirma Noor, on y va !

- Maintenant ?

- Oui maintenant !

- Et mes affaires ! s’écria Naïm.

- Tu parles d’affaires ! ironisa Noor. Un sac à dos et une valisette, ce n’est même pas ce que j’aurais emporté pour une demi-journée !

- Les filles… je ne les comprendrai jamais, soupira Naïm en se levant pour suivre sa sœur qui poussait déjà la porte du café.

Assis à l’étage d’un bus à impériale, Noor et Naïm avaient repris le chemin inverse jusqu’à la gare de King’s Cross. La nuit commençait à tomber, et il était difficile de reconnaître toutes ces rues qui se ressemblaient plus qu’ils ne pouvaient le penser.

- Je ne sais pas où nous sommes, mais c’est tout à fait normal, vu que c’est seulement la deuxième fois que je prends ce chemin, et qui plus est en sens inverse ! affirma Naïm.

- Chut ! Tu me déconcentres !

Noor scrutait la voie, la tête collée à la vitre, essayant tant bien que mal de se souvenir de l’endroit exact.

- C’EST ICI ! hurla-t-elle en appuyant sur le bouton « stop » du bus. Dépêche-toi ! On doit descendre !

Naïm dévala les escaliers aussi rapidement que sa sœur et sauta du bus juste avant que ce dernier ne reparte en trombe. Il n’avait pas eu le temps de reprendre sa respiration qu’il dût continuer sa course de plus belle. Noor était déjà loin devant. Elle examinait chaque ruelle avec précision et rapidité. Elle continua son inspection sur plus de 100 mètres, puis s’arrêta brusquement. Naïm s’approcha et lui demanda tout essouffler :

- C’est…bien… la… rue ?

- Oui ! C’est bien là, murmura-t-elle en allumant l’application torche de ton téléphone.

Noor avançait à tâtons. Elle alla jusqu’au bout de la ruelle et s’approcha timidement du mur caressant du bout des doigts les briques froides.

- Alors…

- Alors… rien ! Je ne vois rien ! Pas la moindre trace, pas le moindre indice, lança Noor.

Naïm passa à son tour la main sur le mur mais il ne trouva rien non plus.

- Je pensais qu’il y aurait quelque chose, dit-elle avec déception.

- Moi aussi ! Mais on s’est peut-être emballés. Ce n’était pas ce que l’on pensait.

- NON NAÏM ! Je sais très bien ce que j’ai vu, et toi aussi d’ailleurs !

- Je pense que nous avons passé une longue journée et qu’il serait préférable de rentrer se reposer, tu ne crois pas ?

- Tu as raison, excuse-moi ! Tu as fait un long voyage et je t’entraîne dans mes idées folles sans te ménager, avoua Noor.

- Ce n’est rien petite sœur, tu sais que je t’accompagnerai au bout du monde, ou plutôt des mondes ! Tu as compris le jeu de mot ?

- Pfff ! C’était nul ! Mignon, mais nul pour un gagnant de prix littéraire.

- Peut-être, mais tu me dois un super repas pakistanais…

- Tu n’as pas oublié ! Et puis ça tombe bien, je meurs de faim et je n’ai rien cuisiné, direction Piccadilly Circus !

- Euh…et mes affaires ?

- Oh ! Pardon ! J’avais oublié toutes tes affaires, on rentre d’abord chez moi ?

- Oui, ça vaudrait mieux pour moi ! conclut Naïm en riant.

Et tous deux, repartirent bras dessus, bras dessous en direction de l’arrêt de bus le plus proche.

2

Nouvelles rencontres

Le campus était bondé. Malgré le froid et la nuit qui était tombée depuis quelques heures, les étudiants vaquaient à leurs occupations. Noor n’aurait jamais imaginé, même dans ses rêves les plus fous, qu’elle aurait pu vivre une vie d’étudiante aussi épanouie. Son départ de sa Palestine natale ne fut pas sans embûches. Lorsqu’elle quitta Gaza, elle disposait de toutes les autorisations nécessaires ainsi que d’un visa pour l’Angleterre. Néanmoins, elle fut arrêtée à chaque check point1 avec Mme Ouissale qui avait souhaité l’accompagner jusqu'à l’aéroport, parfois même pendant plusieurs heures. Arrivée à Tel Aviv, Noor fut surprise par l’ambiance qui y régnait. Elle n’avait jamais vu des cafés si bien entretenus, ni de boutiques de luxe, ou encore des fontaines d’où l’eau jaillissait à profusion. Elle qui avait connu toute sa vie les coupures d’électricité et le rationnement de l’eau, semblait déconcertée par de telles différences, par ces révoltantes inégalités.

Noor conduisit son frère dans sa petite chambre et lui propo-sa de lui présenter ses voisins de couloir qui s’étaient réunis dans la cuisine commune pour un tea time d’après les cours.

- Bonsoir à tous, lança Noor en poussant la porte.

- Salut Noor ! firent les jeunes gens tous en chœur.

- Je vous présente mon frère, Naïm venu tout droit de Gaza lui aussi, mais qui a posé ses valises pour quelques temps à Paris.

- Nice to meet you 2! lui dit une petite blonde. Je souiis Emmy, je vion de Scotland.

- Ravi de te connaitre, répondit Naïm.

- Moi c’est Aminata, dit une grande jeune femme enturbannée, et je suis originaire de Somalie.

- I’m Ulrich, je…suis…allemand, dit un homme brun avoisinant les deux mètres.

- Je suis très heureux de faire votre connaissance.

- Et moi, je suis très heureuse que tu sois parmi nous grand frère.

- Je croyais que vous étiez jumeaux ? questionna Amina-ta.

- Il est né quelques minutes avant moi, et d’après lui ça lui donne le titre de grand frère !

- Titre de grand frère et le respect des ainés ! ajouta Naïm tout sourire.

- Vous êtes funny, leur dit Emmy, c’est so cute3 !

- Vous avez peut-être faim ? demanda Aminata.

- Oui et on s’apprêtait à sortir manger pakistanais, ça vous tente ? proposa Noor.

- Ok, acquiesça Ulrich, j’aime nourriture Pakistan.

- Ça vous dit les filles ? proposa Noor.

- Moi je suis partante, et toi Emmy ?

- Ok ! Let’s go4 !

Après quelques minutes de bus, ils arrivèrent à Piccadilly Circus. Noor leur proposa de s’y arrêter afin de faire découvrir à son frère le centre-ville comme il le souhaitait. Les panneaux et écrans géants illuminés, le va et vient des passants, la folle danse des bus rouges, les plus belles enseignes commerciales, les jongleurs et autres artistes sculpteurs de bulles de savon géantes faisaient de cette avenue l’une des plus belles du monde. Naïm était émerveillé. Aussi heureux qu’un enfant dans un magasin de bonbons. Ils arpentèrent les rues à la re-cherche d’un bon restaurant accessible à un budget d’étudiant. Oxford Street était l’une des rues les plus animées, connue pour son shopping, mais aussi pour ses restaurants. Le choix ne fut pas très compliqué. Aminata avait une amie qui travaillait dans un snack libanais dans la même allée. Cette dernière leur indiqua une bonne adresse compatible avec leur porte-monnaie.

- Je vais passer commande la première, dit Noor à ses amis. J’ai besoin d’aller aux toilettes.

- Ok, dit Emmy, take places5!

- Deux poulets biryanis avec nan au fromage et deux bouteilles d’eau, commanda Noor. Je te laisse l’argent Emmy, je dois y aller.

- No soucy6.

Noor s’engouffra dans la salle, slalomant entre les clients. Leurs commandes passées, les quatre jeunes gens s’attablèrent au premier étage attendant le retour de Noor. De longues mi-nutes passèrent, et la jeune femme n’était toujours pas reve-nue.

- Elle en met du temps, lança Aminata.

- Fille, dit Ulrich, tout normal !

- Pas si normal que ça, répliqua Naïm, je vais aller voir ce qu’elle fabrique. Vous pouvez commencer à manger.

- No ! Ici c’est England !

- L’Angleterre, le pays des bonnes manières, coupa Aminata, on est au courant Emmy !

- Je me dépêche, lança Naïm amusé.

En prenant les escaliers, Naïm remarqua l’écriteau « toilets » suivi d’une flèche. Il en conclut qu’il lui faudrait descendre un peu plus. Arrivé devant les toilettes, Naïm frappa trois petits coups avant de pousser la porte, et de constater que personne ne s’y trouvait. Il regarda autour de lui, espérant trouver une autre entrée. Il aperçut ensuite une seconde porte quelques marches plus bas. Il descendit et remarqua le bonnet de Noor posé à même le sol. Il essaya de pousser la longue poignée métallique mais sans succès. Soudainement il entendit une petite voix. Surpris, il demanda :

- Noor, c’est toi ? Je ne t’entends pas ! Recule, je vais défoncer la porte, enfin, je vais essayer, elle m’a l’air vachement épaisse…

Naïm prit son élan, appuya sur la rambarde et donna un vio-lent coup d’épaule, réussissant à l’ouvrir.

BOOM !

- Noor ! Mais qu’est-ce que tu fais là ?

- Je me suis laissée piéger par …LA PORTE ! NON !

- Quoi, la porte ?

CLAP !

- Tu viens de nous enfermer...

- Mais non, voyons ! On peut sortir, dit Naïm en tirant sur la poignée. En fait si…nous sommes enfermés…

- Comment t’as pu laisser la porte se fermer ! protesta Noor.

- Comment j’aurais pu le savoir ! contesta son frère. Et puis, c’est toi qui es restée coincée à faire…A faire quoi d’ailleurs ?

- A manger des cornichons, tiens tu en veux ? fit-elle en lui tendant un bocal.

- Merci ! J’ai une faim de loup !

- Vous n’avez pas commencé à manger ?

- Bien sûr que non ! Je voulais t’attendre et Emmy n’a pas laissé les autres manger non plus parce qu’on est en…

- En Angleterre, le pays des bonnes manières ! le coupa Noor en riant. Sacrée Emmy !

- Ils sont drôlement marrants. Je suis heureux de les avoir rencontrés et que tu te sois fait une belle bro-chette d’amis.

- Pas plus que moi ! Ils vont remarquer notre absence et venir nous chercher, et ne parles pas de brochettes, j’ai encore faim…

- Je pense qu’il y a de quoi faire ici ? dit Naïm en regardant la pièce de gauche à droite. C’est une réserve, c’est ça ?

- Oui ! Mais je n’ai ouvert qu’un pot de cornichons ! Il n’y a que des bocaux, lança Noor en s’asseyant sur une palette. Je ne voulais pas faire trop de dégâts.

- Tu as raison ! On va attendre tes amis patiemment, ils ne devraient pas tarder, affirma Naïm en prenant place aux côtés de sa sœur.

- Je vais m’assoupir un petit moment, ça ne te dérange pas, demanda-t-elle à son frère qui était adossé au mur du fond. Je me sens soudainement très fatiguée.

- Je t’en prie je monte la garde, enfin je vais essayer, bailla Naïm à pleine bouche.

Noor se mit à réfléchir à cette situation qui lui parut soudainement familière. Il y a environ 2 ans, son frère et elle s’étaient retrouvés pris au piège dans un tunnel reliant la ville de Rafah à l’Egypte. Cet accident se révéla être en fait le début d’une merveilleuse histoire. Une histoire qu’elle espérait se-crètement revivre. Elle avait bien reconnu le prince dans la ruelle, et souhaitait de tout son cœur qu’il soit venu les voir pour les ramener au Royaume d’Omrane. Malheureusement, elle n’avait pas trouvé le moindre indice, mais Noor n’avait pas perdu espoir. Elle avait l’intime conviction qu’un jour ou l’autre, son frère et elle y retourneraient.

1 Poste de contrôle

2 Heureuse de te rencontrer

3 C’est trop mignon

4 On y va !

5 Prend des places !

6 Pas de soucis

3

Les cachots

Noor se réveilla brusquement. Elle tâtonnait fébrilement cherchant le pied ou encore la main de son frère. Plongée dans l’obscurité, elle ne savait pas où elle se trouvait, ni ce qui se passait.

- Naïm ! Naïm ! Tu es là ?

- Oui ! Je suis là ! Mais il fait noir ! Qu’est-ce qui se passe ? Où sommes-nous ?

- Je crois… je crois que nous sommes…oh, non ! Nous sommes dans la réserve du restaurant.

- C’est pas vrai ! Personne n’est venu nous sortir de là ! Et tes amis ?

- Je ne sais pas ! C’est tout de même étrange que per-sonne ne soit venu nous aider !

- Et la lumière ? demanda Naïm.

- Elle a dû s’éteindre pendant que l’on dormait…

- Oui tu as sûrem…

- CHUT ! Je crois que quelqu’un arrive !

Noor remarqua une faible lueur en dessous de ce qu’elle supposait être une ouverture. La lumière devenant de plus en plus forte, dessinait les côtés de la porte.

- A L’AIDE ! hurla Noor.

- NOUS SOMMES COINCES ! cria Naïm en tapant sur la porte.

Dans la pénombre de la pièce, les voix et les grognements de chiens qui venaient de derrière la porte semblaient s’amplifier au fur et à mesure.

Un bruit métallique de serrure se fit entendre, et la porte s’ouvrit brusquement. Noor sursauta et s’agrippa au bras de Naïm. La lumière d’une lampe à huile, vint éclairer les lieux.

- Qui va là ? gronda une voix d’homme rauque.

- Nous sommes ici, dit Naïm en se levant.

- Nous sommes restés prisonniers de cette réserve depuis hier soir ! Votre restaurant a fermé, et nous y avons passé la nuit …enfin je présume…

- Des voleurs ! Vous êtes des voleurs ! Vous n’avez rien à faire dans cet endroit ! Gardes ! Emparez-vous de cette vermine, et jetez-moi ça au cachot !

- Au cachot… mais…mais attendez, vous faites erreur ! s’écria Naïm.

Deux hommes de bonne carrure firent irruption et soulevèrent sans grand mal Noor et son frère pour les traîner quelques centaines de mètres plus loin, dans une pièce toute aussi sombre.

- Ne touchez pas à ma sœur !

- Lâchez-moi ! s’indigna Noor. Je demande…

- Tu n’as pas en droit de demander quoique ce soit ma belle ! rit un des gardes en refermant sur eux la lourde grille de leur cellule.

- Je sollicite mon droit au pourparler…lança Noor en le regardant droit dans les yeux.

A cette demande, le garde fut pris de court. Peu de gens con-naissaient cette règle du code d’honneur. La plupart des vo-leurs n’en avaient jamais entendu parler. Il fallait être quelqu’un de cultivé ou de noble pour connaître cette loi très ancienne.

- Et qui souhaitez-vous convoquer saïda 7?

- Je souhaite m’entretenir avec Hamza ibn Omrane ibn Saâd, fils du souverain du Royaume d’Omrane…

- QU… QUOI ? lança Naïm stupéfait par ce qu’il en-tendait.

- Soit ! Mais je ne vous garantis pas qu’il vienne au-jourd’hui ! Il a beaucoup à faire ces temps-ci.

- Donnez-lui seulement ceci, dit Noor en lui tendant un objet luisant.

- Je m’en vais de ce pas, saïda! acquiesça le garde en tournant les talons.

- Noor ! Penses-tu …

- CHUT ! Pas maintenant !

Noor souhaitait rester silencieuse afin d’être sûre que personne ne puisse écouter leur conversation. Puis, ne pouvant plus se contenir, Naïm laissa échapper un flot de mots.

- Vraiment …Noor ! Au Royaume ! Nous…de retour !

- Oui ! Je pense que nous sommes revenus Naïm ! Tout coïncide ! Les gardes, les lieux et surtout ma demande de voir Hamza…

- Mais, comment sommes-nous arrivés jusque-là ?

- C’est un mystère que ni toi ni moi n’avons la capacité de résoudre, tout comme la première fois !

- J’espère que Hamza viendra, dit Noor avec une pointe d’anxiété dans la voix.

- Tu penses qu’il ne viendra pas ?

- Je ne sais pas, nous ne l’avons pas oublié, ni lui ni sa famille, ni tout le reste d’ailleurs, mais…

- Mais tu as peur qu’il ne se souvienne plus ne nous, c’est ça Noor ?

- On ne sait même pas comment nous avons atterri dans ce monde pour la seconde fois, peut-être qu’il existe des effets que nous ne connaissons pas ?

- Comme une amnésie… si nous nous souvenons d’eux, je garde la certitude qu’ils se souviendront de nous, ou du moins de ton appétit légendaire…

- M’en parle pas, j’ai horriblement faim !

- On aurait dû manger plus de cornichons, si tu veux mon avis…

- Le garde a dit que Hamza était très occupé ces derniers temps.

- Et tu trouves ça bizarre ? C’est un prince, tu l’as ou-blié ?

- Oui mais j’ai senti une intonation étrange dans sa voix, avoua Noor. Comme si quelque chose se tramait. J’espère juste qu’ils ne sont pas en danger.

- Je pense que tu t’inquiètes un peu trop !

- Tu as oublié que la première fois que nous sommes ve-nus au Royaume d’Omrane, c’était pour les aider à re-trouver le roi et sa fille !

- Bien sûr que je n’ai pas oublié, mais il ne faut pas se faire trop de souci. Nous serons informés plus tôt que tu ne le crois sœurette ! Pour ma part, je n’arrive tou-jours pas à croire que nous sommes ici !

- Moi non plus ! dit une troisième voix d’homme, familière à leurs oreilles.

7 Mademoiselle

4

Les retrouvailles

Il se tenait droit et fier, comme à son habitude. Toutefois, ses cheveux bruns retombant sur ses larges épaules avaient poussé, ce qui lui donnait un air d’aventurier. Hamza s’empressa d’ouvrit la grille de leur cellule.

- Comme je suis heureux de vous revoir mes amis, dit le prince en empoignant chaleureusement la main de Naïm.

- Moi aussi ! Mais dans mes bras vieux frère !

Hamza posa les yeux sur Noor. Il lui sourit et lança :

- Je suis aussi très heureux de te revoir.

- Je le suis tout autant, répondit-elle avec une pointe de timidité.

Noor sentait son cœur battre comme un tambour. Elle était tellement heureuse de le revoir que cela en devenait troublant. Elle n’avait jamais ressenti une telle émotion.

- Comment êtes-vous parvenus jusqu’à nous et surtout dans les sombres cachots du palais ?

- C’est une histoire assez particulière, expliqua Naïm en riant.

- Je suis tout ouïe, mais je pense que nous serions plus à notre aise dans mes appartements, montons, vous voulez bien ?

- Avec plaisir ! s’écria Naïm.

- Veuillez me suivre mes amis.

Hamza les conduisit dans un long couloir, qui menait lui-même à d’autres galeries. Les sous-sols du château étaient un véritable labyrinthe. La terre et les petits cailloux laissèrent place à des pavés qui conduisaient à un long escalier de pierre donnant sur l’arrière-cour du palais. Naïm sortit et prit une bouffée d’oxygène. Noor qui était la dernière, prit le temps d’émerger lentement de l’ombre vers les fins rayons du soleil matinal. Elle prit une longue inspiration, comme si elle voulait s’imprégner pleinement de l’air frais mais aussi de toute la nature environnante. Le Royaume d’Omrane lui avait manqué plus qu’elle ne l’avait imaginé. Elle n’avait rien oublié. Elle se souvenait des moindres détails, de chaque rencontre, de toutes les émotions.

- Bienvenue ! dit une voix féminine. Nous vous attendions !

- Sajad ! s’écria Noor en sautant dans les bras de la jeune fille. Comme tu es belle !

- Pas aussi magnifique que toi ! J’aime beaucoup ce que tu as fait à tes cheveux !

- Oh ! C’est juste un simple brushing…

- Un quoi ? demanda la princesse qui n’avait pas tout compris.

- Je t’expliquerai, sourit Noor.

- Entrez donc vous reposer quelques instant, le petit déjeuner va vous être servi, annonça Hamza.

- Le petit déjeuner…trépigna Noor qui lançait des regards insistant à son frère.

Confortablement installés dans des fauteuils de satin doré, Naïm et sa sœur prenaient plaisir à manger les mets qui leur avaient été servis. Les appartements de Hamza étaient aussi grands qu’un stade de foot. L’immense salon dont les sols en marbre blanc étaient recouverts de tapis gris brodés au fil d’or était habillé de banquettes et de coussins de la même couleur. Un imposant lustre en cristal était encore allumé de mille bougies. Les fenêtres étaient si grandes qu’elles semblaient monter jusqu’au ciel. Elles étaient toutes parées de larges rideaux transparents qui laissaient à présent entrer la lumière du jour.

- Je dois vous dire, précisa Hamza à voix basse, que vous tombez vraiment à pic.

- C’est ce que j’ai cru comprendre, expliqua Naïm qui était assis près du prince.

Il posa sa tasse de thé et pressa de son pied celui de Noor qui engloutissait un morceau de brioche qui avait toute son attention.

- Je dois dire que ton aveu me laisse perplexe…N’EST-CE PAS NOOR !

- Moui…, moi auchi ! ajouta Noor qui avait encore la bouche pleine.

- Mange ma chère Noor, insista Sajad, nous sommes ravis de t’avoir avec nous et surtout à notre table ! Vous êtes plus qu’attendus !

- Que veux-tu dire ? balbutia Noor qui se tournait et se retournait vers son frère.

Le prince se leva. On pouvait lire sur son visage la gravité du sujet qu’il allait aborder.

- En effet, dit Hamza d’une voix qui trahissait son inquiétude. Notre mère, la reine Faïza est souffrante. Elle a été empoisonnée et ses jours sont comptés…

- Oh ! Sajad ! dit Noor en prenant les mains de la princesse par compassion.

- Mais comment ? Quand ? demanda Naïm.

- Un soir, quelques semaines après votre départ, mère s’est plainte de fortes douleurs à la tête. Quelques heures plus tard, elle sombrait dans un sommeil pro-fond dont elle n’est toujours pas sortie…

- Pourquoi ne pas l’avoir dit avant ! Et moi qui mangeais sans remarquer votre peine ! Je souhaiterais voir la reine, réclama Noor, je veux être à son chevet !

- Je vous y conduis ton frère et toi si tu le veux bien, proposa le prince en se dirigeant vers la porte. Mais je dois te dire que l’apparence de mère a quelque peu changé.

- Que veux-tu dire ?

- Vous comprendrez en la voyant, ajouta Hamza qui s’engouffrait à présent dans les couloirs du palais.