Nos souffles erratiques - Séléna Urquizar - E-Book

Nos souffles erratiques E-Book

Séléna Urquizar

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Beschreibung

Pour échapper à sa famille étouffante et exigeante, à son passé qui lui colle à la peau, Anton, un amoureux de l'Amour, crée le blog Love en cachant sa véritable identité. En ligne il fera la connaissance de Liam, un homme d'affaires qui ne croit pas en l'amour. Des vacances pour l'un, du travail pour l'autre et voilà que la vie leur fait prendre la même direction. Entre mensonges, secrets et peurs, ils découvriront que l'amour est plein de surprises et peut aussi bien détruire que reconstruire. Anton réussira-t-il a vaincre ses peurs pour vivre sa première histoire d'amour ? Dès 16 ans.

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Seitenzahl: 285

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Pour l’amour avec un grand A,

Celui qui me fait sentir vivante

Table des matières

P

ROLOGUE

1 ♡ L

IAM

2 ♡ A

NTON

3 ♡ L

IAM

4 ♡ A

NTON

5 ♡ A

NTON

6 ♡ L

IAM

7 ♡ A

NTON

8 ♡ L

IAM

9 ♡ A

NTON

10 ♡ L

IAM

11 ♡ A

NTON

12 ♡ L

IAM

13 ♡ A

NTON

14 ♡ L

IAM

15 ♡ A

NTON

16 ♡ L

IAM

17 ♡ A

NTON

18 ♡ A

NTON

19 ♡ L

IAM

20 ♡ A

NTON

21 ♡ L

IAM

22 ♡ A

NTON

23 ♡ L

IAM

24 ♡ A

NTON

25 ♡ L

IAM

26 ♡ A

NTON

27 ♡ A

NDREA

28 ♡ A

NDREA

29 ♡ L

IAM

30 ♡ A

NTON

31 ♡ L

IAM

32 ♡ A

NTON

33 ♡ L

IAM

34 ♡ A

NTON

35 ♡ A

NTON

É

PILOGUE

R

EMERCIEMENTS

L

’AUTEURE

B

IBLIOGRAPHIE

R

ETROUVEZ-MOI

Prologue

Il se regarde dans le reflet de son PC tout en passant une main fébrile dans ses cheveux lisses et relâchés, qui lui tombent sur les épaules. Son stress, sa peur et son hésitation se ressentent dans ses gestes et se voient dans ses yeux. Il ne sait pas si c’est vraiment une bonne idée de faire ce qu’il s’apprête à faire. Alors que des questions tournent dans sa tête, il se demande ce qui le retient.

L’homme qui doit avoir à peine plus de la vingtaine se dit que, finalement, il n’a qu’à laisser aucun indice sur sa véritable identité et ça le fera. Personne ne pourra découvrir qui se cache derrière son pseudonyme.

Il rentre le mot de passe de son ordinateur, ouvre une nouvelle fenêtre Google et se dirige sur Gmail. Il se crée une nouvelle adresse e-mail totalement anonyme et configure un blog qu’il appelle Love. Basique, simple mais efficace. Il a envie de parler de ce sentiment si fort, de ce sentiment qui fait rêver les gens et qui fait battre des cœurs à l’unisson. Il ne se souvient pas l’avoir déjà ressenti, mais il l’a déjà fantasmé. Oh oui, plus d’une fois même. Il a envie de savoir ce que ça fait d’aimer un être autant, voire plus, que soi-même. Il veut que son pouls s’emballe à la seule pensée de l’être aimé. Il veut tellement de choses qu’il n’a pas.

C’est pourquoi, aujourd’hui, il a fait le pas d’ouvrir ce blog. Il a envie de partager sa vision de l’amour, sa vision de ce sentiment, de cette émotion… Il veut avoir le point de vue des autres aussi, ça l’intrigue. Tout ce qui se raccroche à ces quatre lettres le rend curieux.

En tant que développeur de sites internet et ancien hacker professionnel, il peut faire un blog très joli et ergonomique en cryptant les données pour que personne ne remonte jusqu’à lui. Il y a une raison pour laquelle il prend autant de précautions : il ne veut pas que des personnes fassent le lien entre le jeune hacker qu’il a été et l’homme qu’il est désormais. Beaucoup le connaissent, les informations ont montré en boucle son visage il y a quelques années. Il souhaite être anonyme, juste un être humain qui rêve d’amour parmi tant d’autres.

Il se met tout de suite au travail. Une fois satisfait de son résultat, qui est pur et simple, il prend une grande inspiration et clique sur le bouton « écrire un nouvel article ».

Le grand saut est fait. Désormais, il espère qu’aucun de ses proches ne tombera sur ce blog.

Trop privé, trop intime, trop tout.

1 ♡ Liam

Alors que je me balade sur les réseaux sociaux, pendant mon déjeuner, je tombe sur plusieurs stories parlant d’un nouveau blog américain appelé Love. Je l’ouvre sur mon ordinateur et découvre qu’il n’y a qu’un seul article de publié et qu’il fait déjà le buzz. Je remarque qu’il a eu plus de deux cent mille clics au cours des dernières quarante-huit heures et presque la moitié de partages. C’est énorme ! Ma curiosité est piquée, mais au fond de moi, j’imagine que c’est encore une de ces personnes qui aime se plaindre et raconter sa vie. Ennuyant, pour résumer. Malgré mes pensées contradictoires, je me lance dans la lecture de cet article.

« Bonsoir à vous tous, derrière vos petits écrans.

L’amour est un grand mot très vaste qui désigne beaucoup de choses. Il qualifie l’affection des proches entre eux, la dévotion d’une personne pour un être divin, un goût très prononcé pour un objet, une aventure sentimentale et, c’est un mot qui représente les désirs de l’être humain. Pour moi, l’amour est un sentiment fort et puissant. C’est quelque chose qui prend aux tripes, qui nous fait vibrer, qui nous rend encore plus vivants qu’on ne l’est déjà et qui se partage.

Alors voilà, pour moi, l’amour est essentiel dans une vie. Comme si, sans lui, elle était fade et sans saveur. Je ne parle pas forcément du grand amour, mais de celui que l’on peut retrouver dans les petits moments du quotidien. Enfin bref, l’amour, c’est vaste.

Et pour vous, c’est quoi l’amour ?

À la prochaine.

Flynn »

Alors que je suis sur le point d’aimer son post, je me fais interrompre par ma mère.

— Il serait tant que tu te décolles de ton ordinateur ! me rabroue-t-elle.

Je lève les yeux et souris.

— J’ai bientôt trente ans maman, je peux très bien me gérer.

— Alors que fais-tu là ? N’as-tu pas un copain à aller voir ?

Je souffle d’amusement, décidément elle restera toujours la même.

— Non, je suis venu pour vous voir, toi et papa, pas pour aller draguer dans des boîtes.

— Alors viens, on va se promener, ce n’est pas tous les jours que j’ai la chance d’avoir mon garçon à la maison, déclare-t-elle joyeuse.

Elle a entièrement raison, mes visites se sont espacées durant ces dernières années. Pas que je n’aime pas venir, au contraire. Seulement, entre la France et Manhattan, il y a un sacré bout de chemin. De plus, je suis patron d’une chaîne d’hôtels, je ne peux pas me permettre d’être trop souvent à l’autre bout du monde.

Je ferme le clapet de mon ordinateur, glisse mon téléphone portable dans ma poche et la rejoins sur le perron.

♡ ♡ ♡

Durant notre promenade, elle me parle de tout ce que j’ai manqué depuis que je ne suis pas rentré. C’est-à-dire il y a six mois, pour les vacances d’hiver et le Nouvel An. Elle me parle de son mari qui devient grognon et qui s’est mis en tête de réaménager tout le sous-sol, afin d’en faire une chambre pour mon frère, ma mère trouve cette idée totalement ridicule. Cependant, mon père n’est pas en reste d’arguments. Il lui a déclaré que si leur fils voulait plus d’intimité, il fallait lui dédier une grande pièce où il pourrait se sentir libre d’inviter des amis sans se sentir étriqué. Je ne comprends pas le rapport entre l’intimité et se sentir à l’étroit dans une chambre, mais pourquoi pas. Après tout, quand j’avais son âge, je râlais beaucoup sur la taille de ma chambre et je suis sûr que j’aurais été heureux de me retrouver en bas. De ce fait, Francis s’est dit qu’il pouvait bien céder pour son second fils, mais maman n’est pas tellement de cet avis. Elle aime l’ordre, que tout reste parfait et que rien ne change trop. Elle aime les habitudes et j’ai hérité de ça.

— Ça se passe comment, avec Lorenzo ? lui demandé-je une fois qu’elle a fini de se plaindre de son mari qui, comme d’habitude, la met en rogne.

Officiellement, Francis, le mari de ma mère, n’est pas mon père puisque nous n’avons aucun lien de sang. Mais il a pratiquement toujours fait partie de ma vie, alors, à mes yeux, je n’ai pas d’autre père que lui.

— Ton frère est insupportable en ce moment ! se plaint-elle à nouveau.

Elle m’explique que mon petit frère est encore plus difficile à gérer que je ne l’ai été à son âge. Il a la moitié de mon âge, il est né quand j’avais quatorze ans. Ma mère m’a eu très jeune, elle a voulu prendre son temps avant d’avoir son second enfant et finalement, je crois qu’elle regrette d’avoir autant attendu. Malgré tout ce qu’elle peut dire, elle aime son fils.

— Non mais il s’est mis en tête de se créer un groupe de musique ! Imagine à quoi va ressembler la maison sous peu, s’écrie-t-elle. Et l’idée de Francis de lui aménager sa chambre au sous-sol. Imagine deux secondes les bruits des batteries et de tout le reste !

— Tu n’as qu’à lui demander d’insonoriser la pièce. Ou alors, tu proposes à Lorenzo de garder sa chambre et à son père de lui…

— Non, me coupe-t-elle. Il veut diviser le sous-sol en deux, puisque c’est très grand et en faire d’un côté une salle de musique et de l’autre une chambre. Ce n’est pas une bonne idée, s’entête-t-elle. C’est un ado rebelle, je suis sûre qu’il sera capable de se lever la nuit pour faire de la musique. Ils m’énervent, ces hommes, finit-elle par déclarer.

— Maman, ça va aller, je vais lui parler si tu veux, lui proposé-je avec un sourire qui se veut attendrissant.

— Oh, t’es un ange ! Dis-lui que c’est la pire idée qu’il n’ait jamais eue.

— Alors non, la contredis-je en riant. La pire, c’était de vouloir peindre ma chambre d’ados avec de la peinture en bombe, une catastrophe. Ou alors, il y a aussi la fois où il a tagué la maison pour Halloween, mais il n’avait pas pris les bonnes peintures et que c’est resté pendant des mois, ça c’étaient des idées pourries.

— Qui m’a donné un gosse comme mari, se lamente-telle.

— Toi, lui dis-je avec un petit sourire moqueur.

Nous continuons de parler et de rire alors que nous nous promenons dans les rues de la ville. J’ai toujours aimé Manhattan, malgré sa pollution visuelle. Je ne peux pas affirmer que voir des buildings à longueur de temps soit agréable, mais étant donné que je ne vis plus là, j’aime retrouver cette atmosphère.

Nous finissons par marcher silencieusement avant de rentrer à la maison. Je retrouve mon frère et mon père qui nous attendent pour dîner. Malgré la discussion animée, le fait qu’on me demande mon avis sur l’idée de chambre pour Lorenzo et si j’ai quelqu’un dans ma vie, mon esprit ne peut pas s’arrêter de tergiverser.

Tout me ramène à ce fameux blog.

2 ♡ Anton

Cela fait désormais deux jours que j’ai posté mon article sur l’amour, et mon blog est déjà viral. Je n’arrive pas vraiment à comprendre ce qui a attiré tant de personnes. On ne peut pas dire que mon article soit très bien structuré ou bien écrit. J’ai juste jeté des mots sur un document texte. C’est tout. Rien de fou. Je suis très content que mon nom n’apparaisse nulle part. Dire que je pensais que ça ferait un flop. Il faut croire que je me suis sous-estimé. En effet, créer et développer des sites internet est mon travail, je sais parfaitement les référencer. C’est peut-être pour ça qu’il a été suggéré à des milliers de personnes.

Mais, ce dont je suis sûr, c’est que l’article a plu et que certains commentaires en demandent d’autres. J’ai aussi fait un tour sur les réseaux sociaux où des stories évoquent mon article et renvoient directement dessus. Je le retrouve presque de partout. Il y a cinq heures, j’étais à deux-cents milles vues, désormais il y en a presque un million. C’est hallucinant. Qu’est-ce que les gens peuvent trouver d’inté-ressant dans la définition du mot amour ?

Je fais défiler les commentaires que je n’ai toujours pas regardés alors que je suis affalé dans mon canapé, un bol de chips à l’ancienne à portée de main. Les meilleures, je ne veux rien savoir. Après les avoir tous lus et avoir répondu à certains d’entre eux, je ferme mon ordinateur portable et allume la télé. Je me dirige sur Netflix et lance la série Toy Boy en version originale. Grâce à mes parents d’origines différentes, je suis bilingue et presque trilingue, une grande chance pour moi.

Alors que je suis à fond dans l’épisode sept de la saison une et que des révélations commencent à se faire, mon téléphone sonne. Je le récupère, pressé de voir qui me dérange à cette heure-là, sachant que la nuit est tombée depuis quelques heures déjà. Je découvre que j’ai reçu un mail sur ma fausse boîte de réception au nom de Flynn. Je mets l’épisode sur pause et l’ouvre. Il s’agit d’un homme m’annonçant qu’il a aimé mon article et, n’étant pas fan des commentaires, il a préféré me contacter de cette manière.

Je regarde la photo de profil associée à son adresse mail. C’est une personne que je suppose avoir la trentaine et qui doit travailler dans une grosse boîte, au vu de son haut de costume. J’ai même droit à son nom : Liam Devis. Nom de famille courant, mais prénom original et joli. Je lui réponds par un simple « merci ». Je ne sais pas quoi lui dire d’autre. D’habitude, je mets juste un like sur les commentaires pour montrer que je l’ai vu et lu. Je ne suis pas très sociable, même à travers un écran. Malheureusement, c’est un frein pour beaucoup de choses.

♡ ♡ ♡

Le lendemain, aux alentours de dix heures du matin, je reçois un coup de téléphone de ma sœur.

— Oui, dis-je en décrochant.

— Coucou frangin. J’espère que tu vas bien. Ce weekend, j’organise un repas à la maison, tu viendras ? me demande-t-elle à toute vitesse.

— Pourquoi parles-tu si vite ? la questionné-je sans répondre à sa question.

— Rien, rien, nie-t-elle tout aussi rapidement.

À peine suspect.

— Pas à moi, Andrea.

— J’ai peut-être une grande nouvelle à annoncer, rien de plus. Alors, tu seras là ? revient-elle à la charge.

— Oui, j’y serai. Compte sur moi. Tu veux que je t’apporte quelque chose ?

— Non c’est tout bon, merci, Anton. À dans deux jours. Samedi midi, m’informe-t-elle.

— D’accord, bisous frangine.

— Bisous.

Elle raccroche et je pose mon téléphone pour me remettre à travailler. Je dois finir la création d’un site web pour une petite entreprise qui commence à se développer et qui souhaite se faire une place sur le marché des ventes en ligne. Étant donné que je suis plutôt réputé, ils ont décidé de me faire confiance et je n’ai plus qu’un jour pour que tout soit prêt.

Dans mon métier, j’ai de la chance. Je peux travailler d’où je veux, avoir les horaires qui me conviennent et ne pas obéir à un supérieur vu que je suis le seul à travailler au sein de mon entreprise. Aujourd’hui, je suis dans un petit café pas loin de mon domicile. C’est le plus réputé de ma ville. Beaucoup de personnes s’y rendent. Il est très mignon et très chaleureux. Quoi de mieux comme ambiance pour travailler ? Tous les meubles sont roses et bleus avec des touches de violet tels que les fauteuils. Des néons sont là pour éclairer et quelques plantes sont posées sur les étagères vacantes. Ça casse avec le côté girly et mignon, c’est plaisant.

J’y passe toute ma matinée.

Une fois que le résultat du design du site semble répondre aux exigences de mon client, j’écris un nouvel article pour mon blog Love. Cette fois, je parle un peu plus de moi, bien que ce soit très léger.

« Bonsoir à vous tous, derrière vos petits écrans.

On se retrouve encore pour parler d’amour. Mon précédent post vous ayant plu. Comme je le disais, pour moi, l’amour est un sentiment très vaste. Nous pouvons l’interpréter de différentes façons. Quand nous parlons d’amour dans le sens vie amoureuse, il y a plusieurs points de vue.

Celui qui déclare qu’au cours de notre vie, nous pouvons aimer plusieurs personnes avec la même force voire plusieurs personnes en même temps. Celui qui dit que nous ne pouvons aimer qu’une seule personne de cette façon à la fois. Celui qui affirme que l’amour n’est qu’une illusion, une affection un peu trop prononcée, rien de plus. Celui qui laisse penser qu’aimer signifie tout sacrifier pour l’autre. Ou encore celui qui explique qu’une âme sœur nous attend quelque part et que nous n’avons donc qu’un seul « grand amour ». Que nous n’aimons qu’une seule fois réellement. Il y en a d’autres bien évidemment, je n’ai pas la science infuse.

Pour ma part, je pencherai sur ce dernier point, sinon, pourquoi serais-je encore célibataire avec les plus de 7,7 milliards d’êtres humains vivants sur cette planète bleue ?

Quel est votre point de vue sur l’amour ?

À la prochaine.

Flynn »

En écrivant mon pseudonyme, je souris. Personne ne peut deviner qu’il s’agit de moi et personne ne peut me retrouver. J’ai fait bien attention à crypter toutes mes informations et à les détourner. Même un génie de l’informatique ne pourrait pas remonter jusqu’à moi. Depuis quelques années maintenant, bientôt une dizaine, je fais très attention à ne pas laisser d’informations me concernant directement tourner sur le web, ça pourrait m’être fatal.

J’ai retenu la leçon la première fois. Et même si j’ai compris, je ne peux pas m’empêcher de toucher un ordinateur et de faire du codage. Quelques fois, j’ai l’impression d’être né seulement pour ça : coder.

3 ♡ Liam

Je déteste le vendredi plus que tout au monde, ou presque.

Aujourd’hui, ce jour est moins difficile, puisque je subis la réunion depuis la maison de mes parents en visioconférence. Habituellement, je dois me farcir tous mes collaborateurs dans une grande salle où nous sommes tous assis autour d’une table ovale. Étant le patron de l’entreprise, je suis obligé d’être présent. Bien que j’adore les personnes avec qui je travaille et qu’elles sont compétentes, quelquefois je ne supporte pas de devoir leur parler. J’aime aussi ma vie en dehors du travail, bien que j’y consacre la plupart de mon temps. Même pour le bien de mes affaires, devoir passer chaque vendredi soir en réunion, ça me gonfle. Néanmoins, je leur suis reconnaissant de tout faire pour que ces moments se déroulent au mieux. Après tout, je n’ai pas le droit de me plaindre, c’est moi qui ai mis en place cette habitude, afin que tout soit parfaitement géré et que chacun soit au courant de tout ce qu’il se passe. Je refuse d’avoir de mauvaises surprises

Depuis l’écran de mon ordinateur, je vois mes employés arriver au compte-goutte dans la grande pièce vitrée où trône une table entourée d’une quinzaine de chaises. Le vidéoprojecteur et les feutres pour le tableau sont déjà en place, ce qui est parfait.

Une fois tout le monde présent, je peux enfin commencer. Je fais la présentation, tout se déroule bien, je réponds à quelques questions et je précise des points sur certains dossiers.

— Quelqu’un aurait-il d’autres questions ? demandé-je à mes employés.

Ils secouent tous leur tête de droite à gauche en continu.

— Parfait, ce sera tout pour aujourd’hui. Merci.

Ils sortent les uns après les autres, je referme le clapet de mon PC avec soulagement. J’aime quand tout se déroule à merveille.

Au moment où je me lève du siège de bureau de Francis pour le rejoindre avec ma mère, afin de déjeuner, je reçois un appel de mon assistante et je sens que ça ne va pas me plaire. Si elle m’appelle quand je ne suis pas sur place, c’est rarement pour m’annoncer une bonne nouvelle.

— Bonjour Monsieur, me salue-t-elle une fois que j’ai décroché.

— Bonjour, Mikaëla. Y a-t-il un problème ? la questionné-je.

— Malheureusement, oui.

— Que se passe-t-il ? la pressé-je.

— Un de nos plus gros clients n’est pas ravi de la prestation de l’hôtel.

— Qui est-ce ? lui demandé-je avant toute chose.

— Il s’agit de monsieur Yves Huet, le producteur qui loge les people dans vos hôtels durant leurs séjours.

Je comprends tout de suite l’importance de cette information. Je ne peux pas perdre ce client, c’est tout bonnement impossible. Il me rapporte beaucoup trop et forge un peu plus la réputation de mon enseigne à chaque fois qu’il revient. Même si je dois annuler mon séjour chez mes parents, je retournerai en France sans rechigner. J’ai passé trop d’années à travailler pour en arriver là où j’en suis, pour qu’un homme fiche en l’air mes efforts. Yves Huet est l’une des rares personnes dont je me méfie : il a du pouvoir.

— Offrez-lui son séjour ainsi qu’une réduction sur le prochain Mikaëla, lui dis-je en espérant tout de même que cela suffise sans réellement y croire.

Je sens qu’elle hésite à me dire quelque chose à l’autre bout du fil. Je la presse, n’ayant pas que ça à faire. Elle finit par me parler :

— Monsieur, il ne veut rien entendre, il veut que vous veniez à sa rencontre. Je lui ai bien sûr précisé que cela était impossible, mais il insiste et…

Je la coupe :

— Achetez-moi un billet d’avion qui décolle le plus rapidement possible.

— Monsieur, vous êtes en vacances, proteste-t-elle.

— Je sais Mikaëla, mais c’est important, lui dis-je sur un ton qui ne tolérerait aucune réplique, puisque je n’ai aucune envie que l’on me contredise. Trouvez-moi un vol le plus tôt possible et préparez mon bureau avec les documents déjà édités et prêts. Le client ne doit en aucun cas s’impatienter. C’est compris ?

— Oui, c’est noté. Je m’en charge tout de suite.

— Parfait, prévenez-le que je m’occupe personnellement de lui, exigé-je avant de raccrocher.

Je ne rejoins pas ma mère et Francis, préférant faire ma valise. Dire que j’ai atterri dans ma ville natale il y a quelques jours à peine.

4 ♡ Anton

Àmidi pile, je sonne à la porte d’entrée de ma sœur. Elle habite dans une grande maison en architecture moderne. Elle est vaste et lumineuse tellement il y a de baies vitrées. Ce qui est pratique pour les cambrioleurs, j’imagine. De mon côté, j’habite au troisième étage d’un immeuble, alors je n'ai pas ce problème.

Elle m’ouvre la porte avec un sourire rempli de joie. Elle semble si heureuse, ça me fait plaisir de la voir comme ça. J’essaie de lui rendre son regard chaleureux mais n’y arrive pas, ou seulement à moitié, vu la mine peu convaincue qu’elle m’offre.

Je déteste devoir me rendre à des repas de famille.

— Coucou, frangin, me salue-t-elle.

— Salut. Je t’ai apporté des fleurs, lui dis-je en lui tendant un bouquet de tulipes.

— Super, merci beaucoup, s’enthousiasme-t-elle. Entre.

Elle se décale de l’ouverture afin de me laisser passer et referme derrière nous. Alors que j’avance jusqu’au salon, je découvre que toute ma famille, mis à part mes grands-parents, est déjà là. Je n’y crois pas : même en arrivant pile à l’heure, ils arrivent à me faire passer pour une personne constamment en retard.

— Pas trop tôt, déclare ma mère une fois arrivée à ma hauteur.

Je réprime une grimace face à son air de reproche et prends sur moi.

— Bonjour à toi aussi.

Je m’avance encore et fais le tour des personnes présentes, ce qui signifie : mes trois tantes, mes quatre oncles, mes sept cousins et cousines, ainsi que mon père et Hernando, le copain de ma sœur. Beaucoup trop de monde à mon goût.

Après les salutations d’usage et l’apéro terminé, nous nous installons à table. Ma sœur et son copain apportent le repas et nous commençons à manger dans la bonne humeur. Mes cousins, qui sont pour la plupart tous plus jeunes que moi, parlent de leurs études et les adultes de leur travail. Comme d’habitude, je ne m’incruste dans aucune des deux conversations. Je n’en ai pas spécialement envie, mais je montre un air intéressé. À un moment donné, une de mes cousines me demande ce que je fais dans la vie.

— Je suis développeur de logiciels informatiques, mais surtout de sites internet, lui dis-je avec un petit brin de fierté.

Ce n’est pas ce que je fais qui me rend réellement fier, mais le parcours que j’ai emprunté pour y arriver.

— Ce n’est pas un vrai métier, réplique-t-elle.

— Qui t’a dit ça ?

— Maman.

— Sache qu’elle dit pas mal de choses fausses, lui confié-je à voix basse. Les métiers sont tous vrais, même s’ils ne sont pas tous reconnus comme tels.

Elle hausse les épaules, comme pour dire qu’elle n’en a rien à cirer de mes explications.

— Tu veux faire quoi plus tard ? lui demandé-je à mon tour.

— Comptable. Maman dit que c’est un travail très respectable.

Sous-entendu : contrairement au mien. J’étouffe mon envie de rire quand elle reprend :

— Et puis tu vis encore dans un studio à vingt-cinq ans, c’est pathétique.

Elle ne relève même pas le bon âge, mais je n’y fais pas attention. À quoi bon ?

— Mais je m’y plais, et c’est le principal, tenté-je de me défendre devant cette gamine.

Encore un haussement d’épaules de sa part. Seulement dix-huit ans et déjà condescendante. Qui l’a éduquée, sérieusement ? Je me désintéresse de toute personne présente autour de cette table jusqu’à ce que le dessert arrive.

— Tu voulais nous annoncer quelque chose, ma chérie ? demande ma mère d’une voix douce et joviale à ma sœur qui vient de poser un gâteau sur la table.

— Oui.

Elle prend la main de son petit-ami dans la sienne, lui lance un regard langoureux et plein d’amour, et je me sens tout à coup de trop en face d’eux, pire que ma sensation de solitude durant tout le repas.

— Restez bien assis, affirme-t-elle pour faire monter le suspens avant de s’exclamer : nous allons nous marier !

Des « félicitations » se font entendre de toute part. Je me lève de ma chaise et contourne la table. Tout le monde me regarde mal, sauf ma sœur. Elle sait ce que je m’apprête à faire. Elle se redresse à son tour. Je m’approche d’elle et la serre fortement dans mes bras.

— Je suis tellement heureux pour toi. Tu le mérites. J’espère que ça durera toute ta vie, lui murmuré-je au creux de l’oreille pour qu’aucune autre personne présente ne puisse entendre. Mais prends soin de ton petit cœur, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer, et je ne serai peut-être pas à tes côtés ce jour-là.

Elle hoche la tête, chuchote un « merci » du bout des lèvres et me promet de faire attention.

— De toute façon, c’est à moi de prendre soin de toi, je suis ta grande sœur.

Je souris contre son cou. Qu’est-ce que je l’aime, cette personne. Elle est l’humaine que je préfère sur Terre et de loin.

— Que lui racontes-tu encore, comme bêtise ? s’exaspère ma mère. Arrête de toujours vouloir être le centre de l’attention. Elle nous annonce une merveilleuse nouvelle et tout ce que tu trouves à faire c’est te mettre en avant ! Je ne t’ai pas élevé comme ça !

Nous la regardons tous interloqués, je n’ai donc même plus le droit d’être heureux pour ma sœur ? Ridicule.

— Il me félicite maman, intervient Andrea. Rien de dramatique. Arrête de faire tout un plat de ses moindres faits et gestes. Je n’ai pas envie que l’ambiance de cette annonce soit ternie par tes remontrances.

Bien que ma mère ait envie de répliquer, elle n’en fait rien, elle aime trop ma sœur pour lui gâcher son repas.

Je me réinstalle à ma place tandis que Hernando coupe des parts de gâteau. Il nous sert chacun une assiette.

— Nous avons déjà fixé une date, nous annonce ma sœur.

— Quand ? demande mon père.

— Le vingt-huit décembre, lui répond mon futur beau-frère, un sourire illuminant son visage.

— C’est super ! s’extasie une de mes tantes. J’ai hâte de vous voir dans vos belles tenues.

— Moi aussi, renchérit son conjoint.

Ils partagent tous leur joie, chacun leur tour et ça me fait sourire. J’adore l’ambiance chaleureuse qui se répand petit à petit dans l’atmosphère. Mes nerfs un peu en pelotes se détendent et je respire enfin normalement. J’apprécie les moments où toutes nos tensions familiales s’estompent pour laisser place à de la simple joie. Je savoure chacun de ces instants et je les chéris.

5 ♡ Anton

Alors que nous prenons le café, l’attention se reporte sur moi.

— Quand nous présenteras-tu ta copine ? me demande le plus vieux de mes oncles.

Il est chauve et vêtu d’une polaire infâme de couleur bouse de vache. Je me demande ce que ma tante lui trouve. Il fait sale, sent mauvais et a des rides tellement creusées sur le visage qu’on dirait qu’il se les est taillées au couteau. Son air sévère est repoussant, en plus de tout le reste. L’amour est un grand mystère.

— Il faudrait déjà qu’il en ait une, réplique sèchement un de mes cousins qui n’a que deux ans de moins que moi.

— Je te conseille de te mêler de tes affaires Giles, lui dis-je d’une voix calme que j’aurais aimée tranchante.

Mais bon, je suis le petit gentil de la famille et je ne peux pas m’empêcher de parler avec patience et douceur, même quand on me tape sur le système. Ce qui ne va pas tarder à être le cas s’ils continuent de donner leur opinion sur ma vie sentimentale.

— Ce n’est pas grave qu’il n’ait personne, ajoute Hernando. La vie ne se résume pas à être en couple.

Je lui souris pour le remercier tandis que ma sœur lui donne une tape sur le bras, accompagnée d’un air renfrogné.

— Je t’aime ma chérie, je rassure juste ton frère.

— C’est gentil de ta part, lui assure ma mère. Mais c’est un grand garçon, il est temps qu’il reprenne sa vie en main.

— Je suis là ! dis-je pour attirer leur attention. Je n’ai pas besoin d’une femme dans ma vie. Je vais bien et je suis très heureux.

Ce qui, pour être honnête, est vrai. Je nage peut-être pas dans le bonheur, mais contrairement à il y a quelques années, je me sens bien, en accord avec moi-même. Heureux.

— C’est faux, s’entête ma mère.

— Tu n’es pas moi, je rétorque. Arrête de croire que tes idéaux sont les miens. Je ne veux ni épouse ni enfants. C’est comme ça.

— Si tu tombais sur la bonne personne… continue mon père.

C’est la réplique de trop. Je n’en peux plus d’avoir le même refrain chaque week-end. Eh oui, repas de famille hebdomadaire. Mon cerveau s’échauffe, mes nerfs se tendent, mes sourcils se froncent et ma voix devient très grave au moment où je prends la parole :

— Stop, ça suffit !

Tous les commentaires cessent, le silence se fait autour de la table. Je n’ai jamais dit un mot plus haut que l’autre et pourtant, aujourd’hui, c’est trop.

— Concentrez-vous sur le bonheur d’Andrea. Elle va se marier et souhaite fonder une famille. Alors, laissez-moi un peu, je vous en serai reconnaissant.

— Il a raison, acquiesce ma sœur. Je rêve de ça depuis que je suis petite.

♡ ♡ ♡

Une fois rentré chez moi, je me pose dans mon petit canapé, récupère mon ordinateur et souffle un bon coup. Il faut que je prenne du recul avec ma famille. Les repas tous les samedis midi j’en ai jusque-là, il faut que je prenne des vacances. Depuis que j’ai commencé à travailler, je ne me suis jamais vraiment posé. J’ai eu des petits jours par-ci par-là, c’est l’avantage d’être à mon compte. Je gère tout seul la manière dont je dispose de mon temps. Cependant, je ne suis pas sorti du quartier de Brooklyn depuis au moins dix ans. C’est triste, je trouve.

Sur un coup de tête, je réserve un billet d’avion aller simple pour la France. Peut-être que ça me fera du bien de changer complètement d’horizon. Étant donné que je parle couramment anglais, espagnol et légèrement français, je devrais m’en sortir dans l’hexagone. Lundi prochain, le monde s’ouvrira à moi. J’ai hâte d’y être.

Je referme mon PC, le pose sur mon petit bureau situé dans un coin de la pièce, près de ma fenêtre donnant sur le balcon. J’aime bien cette vue en hauteur de la ville, malgré le peu de visibilité. Je récupère la télécommande de la télé, l’allume, remets la série que je suis en train de regarder et attrape mon téléphone. Je remarque que j’ai de nouveaux mails qui sont arrivés sur ma seconde adresse, celle que j’ai créée exprès pour le blog. Les trois viennent de Liam Devis et il me parle de mes trois derniers posts. J’en ai publié certains durant le week-end. J’ai compris - même si ça fait peu de jours que j’ai ce blog - que simplement liker les commentaires était suffisant, je n’ai pas à m’investir davantage. Je ne sais pas quoi dire aux milliers de personnes qui suivent mes opinions sur l’amour.