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Extrait : "MERLUCHE, sur le bord de la mer : Ohé !... les autres, vous en venez-vous-t'y ? TRINETTE : Tiens, c'est vrai, que v'là la marée qui monte !... Viens-tu-t'en, Riquiqui ? RIQUIQUI, au milieu de l'eau : Je le voudrais, mais j'ai un gros crabe qui e mord le mollet et qui ne veut point me lâcher. MERLUCHE : Gigote, il s'ensauvera. RIQUIQUI, remuant la jambe : Veux-tu me lâcher, vilaie bête, veux-tu me lâcher… Vlan ! ah ! enfin!"
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :
• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Seitenzahl: 110
Veröffentlichungsjahr: 2016
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Prologue.
UN MONSIEUR : M. Ch. POTIER.
LE CHEF D’ORCHESTRE : M. RAYNARD.
UN TITI : M. COLBRUN.
Premier Tableau.
M. OUF : M. LECLÈRE.
PREMIER COURRIER : M. THIERRY.
DEUXIÈME COURRIER : M. BAZIN.
TROISIÈME COURRIER : M. CHÉNIER.
QUATRIÈME COURRIER : M. CANDEILH.
UN MONSIEUR : M. AL. MICHEL.
RIQUIQUI : Mlle ALPHONSINE.
FRISETTE : Mlle GENNETIER.
MERLUCHE : Mlle FÉLICIE.
TRINETTE : Mlle MADELEINE.
LES BAINS DE HOMBOURG : Mlle SUZANNE.
LES BAINS DE SPA : Mlle DAHMEN.
LES BAINS DE TROUVILLE : Mlle DE GÉRAUDON.
LES BAINS D’ÉTRETAT : Mlle ROSE DESCHAMPS.
QUATRE GARÇONS
SIX PÊCHEUSES DE MOULES
Deuxième et troisième Tableaux.
M. OUF : M. LECLÈRE.
UN MARCHAND DE PARAPLUIES : M. BLONDELET.
UN MARCHAND DE COCO : M. DELIÈRE.
UN LIMONADIER : M. AL. MICHEL.
LE GAZON : M. F. HEUZEY.
LE PÈRE LATREILLE : M. AMBROISE.
RIQUIQUI : Mlle ALPHONSINE.
LA CHALEUR : Mlle J. FEREYRA.
SIX DIRECTEURS DE THÉÂTRES
CINQ GARÇONS DE CAFÉ
VENDANGEURS ET VENDANGEUSES.
Dans la salle.
Au milieu de l’ouverture, un monsieur se lève au balcon de gauche et interpelle le chef d’orchestre.
Pardon, M. Nargeot ! M. Nargeot !
Qui m’appelle ?
Mille pardons, Monsieur, si j’interromps votre ouverture… Serait-ce l’ouverture de la revue que vous jouez là ?
Oui, Monsieur.
Comment est-il possible, M. Nargeot, qu’un homme raisonnable et de votre mérite se décide à jouer tous les ans la même ouverture de la même revue, des mêmes auteurs, sur le même théâtre et devant le même public.
Permettez, ce que vous me demandez là…
C’est pitoyable, Monsieur !
Mais, Monsieur, ce n’est pas mon affaire, je suis chef d’orchestre.
Comprend-on qu’on fasse encore des revues en 1858 ! un genre usé, vieux, rebattu !
Eh ! Monsieur, pourquoi, après tout, venez-vous voir une revue si vous n’aimez pas ça ?
Parbleu ! Monsieur, vous savez bien qu’il faut voir ces machines-là quand même : j’ai une portière qui ne m’ouvrirait pas passé minuit, si je ne lui racontais la revue des Variétés ; j’ai un sergent-major qui me ferait monter des gardes hors de tour, si je ne lui chantais pas les couplets de M. Ambroise. Et mon chef de bureau me sourit quand je lui redis les calembours de M. Lassagne ; enfin, Monsieur, j’ai une femme qui est folle des revues, et naturellement je viens les voir avant elle, pour savoir si je puis l’y conduire ; car, Dieu merci, à votre dernière revue, j’ai eu assez de désagréments ! ma femme a rêvé, pendant un mois, de M. Leclère en amour !
Vous m’en direz tant !
Est-ce assez désagréable cela ! hein ? Encore si vous trouviez quelque chose de neuf, quelque forme nouvelle… ah ! bien oui !… on sait toujours par cœur, à l’avance, ce que l’on va voir ! Tenez, voulez-vous que je vous raconte la revue que vous allez jouer ?
Gardez-vous en bien, Monsieur ! si vous connaissez l’ouvrage, pas d’indiscrétion, je vous en prie !
Mais non, je ne le connais pas, je ne savais même pas hier que vous dussiez jouer une revue, ce qui n’empêche pas que je puis vous faire le plan de votre machine…
Notre machine ! notre machine !
Tenez ! au premier acte, nous verrons un Monsieur qui s’appellera Gobe-Tout, ou Pomme de Terre 1er, ou Cascamèche, ou Pied de Cheval, ou encore l’Amour comme M. Leclère : ce Monsieur, pour se désennuyer ou pour toute autre raison, voudra connaître les nouveautés parisiennes ; tout aussitôt, nous verrons sortir d’une trappe un petit génie qui s’appellera la Réclame, ou le Progrès, ou le Soleil, ou la Lune, peu importe ! Ce petit génie dira au compère : Tu veux connaître les nouveautés du jour, eh bien ! suis-moi à Paris, et, v’lan ! le compère le suivra… Vous, monsieur Nargeot, vous jouerez un petit air nouveau de votre composition. Il fredonne.
Et le rideau baissera là-dessus. Fin du premier acte.
Pourtant, Monsieur…
Au second acte, le compère passera en revue les nouveautés, les industries. Il fera des calembours qui ont déjà servi. On chantera des couplets sur le caoutchouc, sur le chocolat espagnol, les paletots, l’hôtel du Louvre, la tour Saint-Jacques, et après une heure de bêtises plus ou moins spirituelles, le rideau retombera sur un autre petit air de votre composition. Fredonnant sur l’air : Ah ! c’cadet là.
Fin du second acte.
Monsieur, il est temps de vous faire observer que ce bavardage…
Passons au troisième acte ! Le compère épluche les théâtres ; c’est toujours au dernier acte que vous vous occupez des théâtres ; les auteurs de la revue choisissent volontiers ce moment pour éreinter leurs confrères qui le méritent peut-être, mais pas plus qu’eux. On imite M. Boccage, M. Lafférière, on dit gnouf ! gnouf ! comme M. Grassot, et le tout se termine par un grand vaudeville final comme celui-ci. Chantant.
Cet air-là ou tout autre ; chaque acteur chante son quatrain, on prend ses chapeaux pendant ce temps-là, et la farce est jouée ! Voilà, mon pauvre monsieur Nargeot, l’histoire de la revue que nous voyons depuis vingt-cinq ans, que nous allons voir ce soir et que nous verrons encore l’année prochaine très vraisemblablement.
Mais, Monsieur, ce que vous venez de dire là rend la revue impossible. Nous allons être obligés de rendre l’argent.
Oh ! que vous ne ferez pas cette folie-là, ce serait du nouveau.
Enfin, où voulez-vous en venir ?
À ceci, Monsieur, que moi qui vous parle… j’avais fait une revue tout à fait nouvelle.
Ah ! bon !… ah ! bien !…
Pourquoi dites-vous : Ah ! bon ! ah ! bien ? Oui, Monsieur, tout à fait nouvelle… et que votre administration m’a refusée ! une revue pourtant qui ne ressemblait à rien…
Si votre pièce ne ressemblait à rien !…
À rien de ce qu’on a joué jusqu’à ce jour.
Vous êtes donc auteur ?…
Oui, Monsieur, j’écris dans le Monte-Cristo, journal de M. Alexandre Dumas, tout seul.
Comment, M. Alexandre Dumas écrit un journal pour lui tout seul ?
Non, à lui tout seul : c’est le Robinson du journalisme, et j’en suis le Vendredi ; j’écris tous les samedis la bande du journal qui paraît le dimanche.
Ah ! vous m’en direz tant.
Voici ma revue, je vais vous en faire juge ainsi que ces Messieurs et ces dames… j’ai pris pour titre…
Non, Monsieur, mon titre est plus distingué que ça, ma revue est intitulée le Vase d’Or, loterie en plusieurs tirages ; elle commence en 1854 et se termine en… elle ne se termine pas… le dénouement sera remis tous les ans à l’année prochaine.
As-tu fini tes manières ?
Qu’est-ce que c’est ?…
En v’là un vieux pana.
Un pana… quel est le galopin ?…
C’est moi, Guguste, tout près du luste : ça va bien, vot’coqueluche, et madame machin, vot’épouse, est-ce qu’elle écosse toujours des pois ?…
Oh !…
Dites donc, y a déjà pas mal de temps que vous barbotez, mon canard… j’vous prie de rengainer votre ours. J’suis venu ici pour entendre les P’tits Agneaux, la romance du jour, une romance que j’ai mise à la mode.
En vérité, Messieurs, ce qui arrive est sans exemple. Voici un mot que le directeur vient de me faire passer, et dont il me prie de vous donner connaissance.
Un mot du directeur !… Écoutons.
Silence !…
« Mon cher M. Nargeot, ce qui vient d’arriver rendrait la revue impossible, si nos auteurs n’étaient vraiment des hommes prodigieux. Ils viennent à l’instant même de faire disparaître de leur pièce le compère et le génie… Je vous prie d’annoncer au public qu’il n’y aura pas de génie dans la revue, ni de compère.
Comment, pas de compère ? une revue sans compère ?…
Silence !
De plus, la chanson des P’tits Agneaux ayant été chantée dans la salle, les auteurs viennent encore de faire le sacrifice de toutes les scènes de haute comédie, que leur avait inspirées cette chanson philosophique. Veuillez prévenir le public que, dans les P’tits Agneaux, il n’y aura pas de petits agneaux.
Il n’y aura donc plus rien ?…
Silence ! asseyez-vous dessus.
Ce n’est pas à vous que je m’adresse, entendez-vous, méchant gamin…
Est-il vilain !… Il ressemble au dromadaire du Jardin des Plantes…
Polisson !…
Fâchons pas !… pas de gros mots !… ou gare les trognons de pommes !…
Comment, drôle, tu te permettrais ?…
Non, je me gênerais !…
Si tu avais cette audace !…
Eh ben, après ?
Je t’en défie !
En joue, feu !…
Ouf !… Il a reçu la pomme dans la bouche ; il en reste ébahi.
Touché ! dans le four de campagne à Mossieu !
C’est une indignité !… une pomme crue !… un peu plus haut, il m’abîmait le nez !… Un commissaire !… je demande un commissaire !… Attends-moi, vil galopin, attends-moi !… Il sort.
Sous l’orme ! filons !… Il sort enchantant.
La mer au loin ; à gauche, un café ; à droite, une cage à poules ; à gauche, une limousine et un chapeau de paille accrochés à un arbre.
Merluche, Trinette, Riquiqui et six autres pêcheuses. Au lever du rideau elles sont toutes dans la mer, avec une petite hotte sur le dos et pêchent des moules.
Ohé !… les autres, vous en venez-vous-t’y ?
Tiens, c’est vrai, que v’là la marée qui monte !… Viens-tu-t’en, Riquiqui ?
Je le voudrais, mais j’ai un gros crabe qui me mord le mollet et qui ne veut point me lâcher.
Gigote, il s’ensauvera.
Veux-tu me lâcher, vilaine bête, veux-tu me lâcher… Vlan ! ah ! enfin !
Ohé… par ici !… les autres, par ici ! Entrée de toutes les pêcheuses.
Air : Canotier, quel joli métier !
Pêcher des moules… ah ! queu scie de métier ! j’en ai plein le dos.
Laisse-moi donc ! t’es point tant fâchée que ça d’en avoir plein t’on n’hotte.
Mon n’hotte ! mon n’hotte ! Eh ben ! oui, c’est justement mon n’hotte qui m’humilie… na !…
Bon ! encore tes idées de vaniteuse qui te repincent ?…
Eh ben ! pourquoi point ? Quand on n’est pas plus mal tournée qu’une autre, c’est-y pas enrageant de se mettre dans l’eau jusqu’à la ceinture pour ramasser quelques méchantes moules au caillou… Oh ! les moules, je les z-hais ! je les foule aux pieds.
Ah ben, c’est bon ! apportez de la crignoline à mam’zelle Riquiqui, et plus vite que ça.
Ah ! ah ! ah ! ah !
Est-ce que vous croyez que ça ne m’irait point tout aussi bien qu’aux belles dames de Paris ? Mais, sans me vanter, je peux aller de dessans.
Air : Le beau Lycas.
S’ils f’saient comm’les propriétaires, etc.
Le fait est qui y en a joliment qui, avant de se baigner, sont ben dodues, ben rondelettes !…