Paris ventre à terre - Théodore Barrière - E-Book

Paris ventre à terre E-Book

Théodore Barrière

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Beschreibung

Extrait : "MUSTENFLUTE, en grande toilette, entrant de droite, à une domestique. Voilà une lettre de mademoiselle Hermosa, qui m'autorise à visiter les appartements avant le jour de la vente… M. Vanier est-il ici ? BAPTISTE. Le voici justement, madame. MUSTENFLUTE. Ah ! Enfin ! VANIER, entrant de gauche, un catalogue à la main. Ah ! c'est vous, chère amie ! MUSTENFLUTE. Je venais pour…"

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Seitenzahl: 80

Veröffentlichungsjahr: 2016

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Oui, le temps a doublé son cours

L’humanité se précipite,

Tous les chemins deviennent courts,

L’Océan n’a plus de limite.

La vie était longue autrefois

Sur la pente elle est entraînée :

Nous vivons plus dans un seul mois

Que nos aïeux dans une année.

NADAUD.

Personnages

LE CHEVALIER DE PONT-CASSÉ, oncle et tuteur D’ADHÉMAR, 50 ans : M. GEOFFROY.

LE COMTE ADHÉMAR DE VÉRASOY, 25 ans : M. PRISTON.

POLYCARPE DE FOLLEBRAISE, son ami, 30 ans : M. GIL-PÉRÈS.

Μ. BEAUCORNET, 55 ans : M. LHÉRITIER.

ARTHUR DE COFFREFORT, petit crevé, 25 ans : M. LASSOUCHE.

MITCHELS, associé de BEAUCORNET, 45 ans : M. PELLERIN.

VANIER, Commissaire-priseur : M. GASTON.

DUCHEMIN, notaire : M. DERVAL.

KERCKOFF, tailleur : M. FERDINAND.

ALEXANDRE, coiffeur : M. FIZELIER.

CHOSOFF, bottier : M. VOLLET.

BAPTISTE, valet de chambre : M. LAROCHE.

JOSEPH, domestique : M. MAILLARD.

UN TAPISSIER : M. ALBERT.

Mme BEAUCORNET, femme de BEAUCORNET, 40 ans : Mme ALPHONSINE.

CLÉOPÂTRE BEAUCORNET, leur fille : Mme WORMS.

MUSTENFLÛTE, femme du demi-monde : Mme L. VÉRON.

JUSTINE, femme de chambre : Mme HELMONT.

PAULINE, femme de chambre : Mme D’ESTRÉES.

À Paris, de nos jours.

NOTA.– Les indications sont prises de la gauche du spectateur.

S’adresser pour la mise en scène détaillée à M. Lefebvre, régisseur général, et pour la musique à M. Robillard, chef d’orchestre du théâtre.

Acte premier

Salon très élégant. – Meubles rangés pour une vente. – Objets d’art, bijoux ; etc. – À gauche, console. – Portes latérales, et au fond, mobilier très élégant. – Guéridon au premier plan gauche, avec des livres et ce qu’il faut pour écrire. – Chaises, canapé au premier plan droite, cheminée au fond

Scène première

Mustenflûte, Baptiste, puis Vanier.

MUSTENFLÛTE, en grande toilette, entrant de droite, à un domestique.

Voilà une lettre de mademoiselle Hermosa, qui m’autorise à visiter les appartements avant le jour de la vente… M. Vanier est-il ici ?

BAPTISTE

Le voici justement, madame.

MUSTENFLÛTE

Ah ! enfin !

VANIER, entrant de gauche, un catalogue à la main.

Ah ! c’est vous, chère amie !

MUSTENFLÛTE

Je venais pour…

VANIER

Permettez ! Salon, un écran, n° 82… Bois sculpté et doré, style Louis XV.

MUSTENFLÛTE

Ah ! voyons !…

VANIER, allant et venant, examinant les divers objets qu’il indique.

N° 84, boîte à gants, c’est cela… parfait ! À Mustenflûte. Je suis tout à vous.

MUSTENFLÛTE

Je venais pour le Watteau.

VANIER, remontant la porte du fond, gauche.

Ah ! le petit Watteau… Fort bien ! là, dans le boudoir ; j’attendrai vos ordres ici.

MUSTENFLÛTE

J’y vais.

Elle sort à gauche

Scène II

Baptiste, Vanier, puis Madame Beaucornet.

BAPTISTE, à Vanier, entrant de droite.

Une carte pour monsieur.

VANIER

Madame Beaucornet… faites entrer.

MADAME BEAUCORNET, entrant de droite.

J’ai profité de votre permission, mon cher commissaire-priseur. Vous voyez que j’ai du courage… Suis-je en retard ?… Je viens du sermon, un sermon superbe, sur la modestie… je crois ; puis-je voir le meuble de boudoir dont vous m’avez parlé ?

VANIER

Oui, madame, mais…

MADAME BEAUCORNET, le lorgnon à la main.

C’est donc ici qu’elle habitait, cette… demoiselle ?

VANIER

Vous êtes dans son salon.

MADAME BEAUCORNET

C’est… singulier, cela me fait un drôle d’effet, ce que vous me dites là, mais nous autres, femmes du monde, mères de famille, nous ne pénétrons pas sans une certaine… comment dirais-je ?…

VANIER

Curiosité…

MADAME BEAUCORNET, se récriant.

Oh ! répugnance, chez ces… égarées… Combien estimez-vous ce meuble de boudoir ?

Elle s’assied sur le canapé de droite.

VANIER

À huit mille francs, sans les tentures.

MADAME BEAUCORNET

Huit mille francs… c’est scandaleux !…

VANIER, s’accoudant sur le canapé.

Le meuble en question a été acheté, il y a trois mois à peine, il est presque neuf… ordinairement, mademoiselle Hermosa se tenait dans son salon.

MADAME BEAUCORNET

Ah ! et dans son boudoir, elle ne se tenait… pas ?…

VANIER

Elle s’y tenait… peu ; d’ailleurs, ce meuble sera très disputé, car c’est sur le canapé qu’a été trouvé le paquet de cartes bizautées du baron Morgam.

MADAME BEAUCORNET, avec emphase.

Comment ! cet illustre grec ?…

VANIER

Oui, madame, et comme son procès a fait beaucoup de bruit, ce meuble est déjà célèbre.

MADAME BEAUCORNET, se levant.

C’est juste

VANIER

Au second paquet, il deviendra historique.

MADAME BEAUCORNET

Montrez-le-moi, mais je n’ai qu’une minute. Mon bal de ce soir.

Elle passe à gauche.

VANIER

Ah ! oui…

MADAME BEAUCORNET

À l’occasion de la nomination de M. Beaucornet à l’Académie…

VANIER

Il est nommé ?

MADAME BEAUCORNET

Pas encore, mais il le sera… Depuis quinze jours, tous les immortels ont dîné chez nous.

VANIER

Oh ! alors !…

MADAME BEAUCORNET

On vote aujourd’hui.

VANIER

Mes compliments…

MADAME BEAUCORNET

Oui, oui… plus tard… voyons ce meuble…

VANIER, ouvrant la porte du fond, à gauche.

Volontiers, je vais vous conduire… L’invitant à sortir en s’inclinant. Madame… S’arrêtant. Ah !… mais je dois vous prévenir.

BAPTISTE, entrant de droite.

Une bonne est là, qui demande madame Beaucornet…

MADAME BEAUCORNET

C’est moi, faites entrer…

Elle passe

Scène III

Vanier, Madame Beaucornet, Pauline .

PAULINE

Madame, mademoiselle Cléopâtre est arrivée.

MADAME BEAUCORNET

Qui cela, mademoiselle Cléopâtre ?… Avec un cri. Ah ! ma fille… À Vanier. Au fait, je me souviens ! cette chère petite… Elle sort du couvent aujourd’hui… c’était même la distribution des prix ; mais je n’ai pas eu le temps d’y aller… Ah ! ce Paris, un vrai minotaure… Où est ma fille ?

Vanier qui, tout en parlant, a continué la vérification du catalogue, remonte au fond à gauche. – Un domestique paraît au fond et remet une lettre à Vanier qui la lit. – Le domestique disparaît :

PAULINE

Son professeur de piano l’a ramenée, elle est dans un fiacre avec lui, à quelques pas d’ici.

MADAME BEAUCORNET

Comment, ce n’est pas M. de Valdinde ?…

PAULINE

Non, madame.

MADAME BEAUCORNET

Envoyez-la-moi !… Ah ! Pauline ?

PAULINE

Madame…

MADAME BEAUCORNET

Le domestique que j’attendais ?…

PAULINE

Est arrivé, ainsi que la femme de chambre pour mademoiselle…

MADAME BEAUCORNET

Bien… bien… allez… allez !

Pauline sort.

Scène IV

Vanier, Madame Beaucornet, puis Polycarpe de Follebraise.

MADAME BEAUCORNET, à Vanier qui redescend de gauche.

C’est pour la chambre de ma fille que je voudrais le meuble du boudoir. Dépêchons-nous, il faut que je sois à une heure chez Gagelin pour essayer ma robe de bal… une invention de la petite Valès, une fée !…

VANIER

Mon Dieu, madame, c’est que j’apprends à l’instant que la vente n’aura pas lieu.

POLYCARPE, entrant du fond à droite.

En effet, tenez, mon cher Vanier. Apercevant madame Beaucornet. Ah ! La saluant. Madame !… À Vanier. Voici la dépêche de mon ami le comte Adhémar de Verasoy… Il me laisse carte blanche. Pour commencer, j’achète pour lui tout ce que contient l’hôtel…

MADAME BEAUCORNET

Vraiment ! je me sauve, alors. À ce soir, cher monsieur de Follebraise… car vous venez à mon bal ?

POLYCARPE

Certainement, chère madame ; je vous demanderai même deux invitations : l’une pour le comte Adhémar, l’autre pour son ex-tuteur, le chevalier de Pont-Cassé.

MADAME BEAUCORNET

Où faudra-t-il les envoyer ?

POLYCARPE

Mais ici…

MADAME BEAUCORNET

C’est convenu… à ce soir… Je cours chez Gagelin…

Elle remonte à gauche.

POLYCARPE

À ce soir !

MADAME BEAUCORNET, sur le seuil de la porte, s’arrêtant.

C’est drôle ! il me semble que j’oublie quelque chose… Oh ! je m’en souviendrai en route.

Elle sort.

Scène V

Vanier, Polycarpe.

POLYCARPE

Ainsi, c’est dit… cent cinquante mille francs pour tout ce que contient l’hôtel !

VANIER

Parfaitement, affaire conclue.

POLYCARPE

Faites déchirer les affiches.

VANIER

Je vais donner des ordres, nous allons rédiger un petit acte.

POLYCARPE

Volontiers, où peut-on écrire ?

VANIER

Là, dans le fumoir.

Ils entrent à droite.

Scène VI

Cléopâtre, puis Beaucornet, puis Baptiste.

CLÉOPÂTRE, uniforme de pensionnaire, tenant des livres et des couronnes à la main, entre de gauche.

Au premier étage, m’a dit Pauline, ce doit être ici. Je suis en retard. Monsieur Gamilowitz, mon maître de piano, ne voulait pas me laisser aller ; mais où est donc maman ?… Je ne vois pas maman du tout… m’aurait-il fait perdre maman ? Apercevant les bijoux. Oh ! que c’est beau tout ça, des diamants, des émeraudes, des saphirs, je suis donc chez un bijoutier.

Elle dépose ses livres et ses couronnes sur la table de gauche et examine les bijoux. Beaucornet entre de droite très préoccupé, un manuscrit à la main.

BEAUCORNET sur le devant de la scène, déclamant sans voir Cléopâtre.

Messieurs, c’est avec une gigantesque émotion que je prends cet immortel fauteuil où vos suffrages immérités ont bien voulu m’asseoir… mon peu de valeur, l’insuffisance de mes labeurs géants.

CLÉOPÂTRE, qui après avoir examiné les bijoux a feuilleté les volumes placés sur la table à côté de ses prix, apercevant Beaucornet qui fait de grands bras. – À part.

Tiens, un aiguilleur !

Elle remonte et gagne la droite.

BEAUCORNET, mettant vivement son manuscrit dans sa poche.

Quelqu’un ! S’inclinant profondément. C’est à monsieur de Saint-Dizier que j’ai l’immortel honneur de parler ?

CLÉOPÂTRE, avec un cri.

Tiens ! papa !

BEAUCORNET, surpris.

Cléopâtre ! ma fille ! pourquoi n’es-tu pas à l’acadé… se reprenant. Au couvent… c’est-à-dire ?

CLÉOPÂTRE

J’en suis sortie aujourd’hui.

BEAUCORNET, s’asseyant à la table de gauche.

Ta présence me l’apprend. À part, entre ses dents. Messieurs, c’est avec une gigantesque émotion…

CLÉOPÂTRE, sans l’écouter.