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Nous proposons ici deux petits ouvrages d'Augustin Chaho publiés à Paris en 1834 et à Madrid en 1835 au milieu des conflits de succession au trône d'Espagne entre don Carlos et Christine. Dans Paroles d'un Voyant, à travers un récit mystique qui rappellera les fables hermétiques et symboliques de Goethe ou d'Eliphas Lévi, Chaho nous révèle les particularités idiomatiques et raciales des Basques et leur poids presque magique dans l'histoire Européenne, et qu'avant intégration dans l'Eglise de Romaine, ils furent les occupants et les protecteurs de la péninsule ibérique, garants d'une tradition qui se perd dans la nuit des temps, contre vents et marées. On se place ici dans le temps très long et dans la sphère spirituelle. Dans Paroles d'un Biscayen, Chaho s'adonne à un exercice similaire mais dans un temps plus court, celui de la politique et de l'organisation sociale. Dans cette sorte de mise en garde adressée à la reine Christine et aux libéraux, on y redécouvre le fonctionnement d'une société espagnole largement organisée par le conseil des sages Basques qui se réunissaient aussi souvent que nécessaire sous le chêne (Aritz alde) pour délibérer et dont le souverain bien s'appelle Liberté. Ces deux récits au caractère éminemment politique nous feront sérieusement nous questionner : l'Euskadi serait-ce finalement le point d'équilibre universel entre Orient et Occident?
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Veröffentlichungsjahr: 2025
Il n’avait oublié qu’un point : Ce fut d’allumer sa lanterne.
Florian,
Fable du Singe qui montre la lanterne
magique.
Préface de l’éditeur
PAROLES D’UN VOYANT.
I. Chapitre
II. Chapitre
III. Chapitre
IV. Chapitre
V. Chapitre
VI. Chapitre
VII. Chapitre
VIII. Chapitre
IX. Chapitre
X. Chapitre
XI. Chapitre
XII. Chapitre
XIII. Chapitre
XIV. Chapitre
XV. Chapitre
XVI. Chapitre
XVII. Chapitre
XVIII. Chapitre
XIX. Chapitre
XX. Chapitre
XXL. Chapitre
XXII. Chapitre
XXIII. Chapitre
XXIV. Chapitre
XXV. Chapitre
XXVI. Chapitre
XXVII. Chapitre
XXVIII. Chapitre
XXIX. Chapitre
XXX. Chapitre
XXXI. Chapitre
XXXII. Chapitre
Paroles d’un Biskaïen aux Libéraux de la Reine Christine
I. Chapitre
II. Chapitre
III. Chapitre
IV. Chapitre
V. Chapitre
VI. Chapitre
VII. Chapitre
VIII. Chapitre
IX. Chapitre
C’est avec une joie nostalgique que je présente ce petit ouvrage d’Augustin Chaho. En effet le fait de citer son nom évoque chez moi, comme pourrait le faire une odeur de crème solaire, des souvenirs d’une qu’enfance aussi joyeuse et insouciante qu’insaisissable, passée dans la rue Augustin Chaho à Saint Jean de Luz, entre les halles, l’école du centre et le fameux restaurant Chez Pablo.
Son nom était là, cité dans toutes mes formalités administratives, sans que je ne daigne le voir jusqu’à ce que je ne m’intéresse sérieusement aux auteurs et théoriciens de la langue Basque et à la littérature hermétique et mythologique. Augustin Chaho, né en Soule à Tardets, dont est d’ailleurs issue une large partie de ma famille, fréquenta assidument les bancs d’église bien qu’il assuma plus tard une certaine « hostilité » au christianisme organisé, du fait probablement de sa compréhension supérieure des loi naturelles et de son « don de voyance », et jusqu’il y a environs 30 ans, il tomba un peu aux oubliettes. Et pourtant, ce n’est pas un maigre héritage que laisse ce Basque francisant puisqu’il est l’inventeur du nationalisme social basque, de la formule Zazpiak-bat (7 font 1 en référence aux sept provinces de l’Euskadi) et qu’il eut un impact majeur sur l’unification grammaticale et syntaxique de l’Euskara, et sur la transmission de savoirs ancestraux comme nous le verrons ici.
Intellectuel, politique et franc-maçon (ou devrai-je plutôt dire hermétiste ?) nationaliste, presque un « racialiste » Basque mais toutefois orientaliste, car il tenta de rapprocher le basque du Sanskrit dans une unification des mythes religieux, Chaho s’inscrit dans le sillon d’un abbé Constant devenu Eliphas Levi, celui de l’homme libre porté d’une mission divine, celle de révéler à chacun le Christ intérieur, et ce conte hermétique constitue une riposte nécessaire aux « Paroles d’un Croyant », puisque les coutumes du peuple basque sont bien antérieures au Christ « nazaréen ».
Le peuple Basque est craint et respecté en ce qu’il préserve une tradition orale qui se fond dans la nuit des temps et un langage unique en son genre. Reagan et Kadhafi, aussi éloignés qu’ils soient l’un de l’autre n’avaient-ils pas fait l’acquisition d’un Makhila, ce bâton de marche unique en bois de néflier ? Le conte de Chaho postule clairement des attributs particuliers des basques, comme un don de magie reçue d’on ne sait où, et on viendrait à se demander si, comme Fulcanelli le laissait entendre dans son analyse de la croix d’Hendaye, le Pays-Basque ne serait pas le point d’équilibre de l’univers tant recherché par la troupe d’’alchimistes d’Umberto Eco dans le Pendule de Foucault, et s’il ne constituerait pas une grande arche ancrée dans l’Océan Atlantique, adossée aux montagnes Pyrénéennes, terres d’Hercules.
Je ne voudrais pas polluer l’œuvre de Chaho en parlant trop de moi, mais ça me permettra d’introduire les Paroles d’un Biscaïen, deuxième ouvrage présenté ici, et je ne vois pas meilleur endroit pour exposer quelques théories à propos d’une providence trop bien ordonnée. Si vous avez lu mes ouvrages (L’Apocalypse de Logan, Le Retour des Templiers), vous connaissez probablement mon ascendance maternelle, le clan écossais Logan, descendants du premier roi d’Ecosse Robert de Bruce. Qui s’intéresse à la mythologie Basque aura entendu parler de l’histoire de la Princesse de Mundaka, cette princesse écossaise ayant fui un roi anglais pour se réfugier au Pays-Basque, et qui a donné naissance au premier seigneur de Biscaye, Juan Zuria dont Chaho fera mention ici. Cette histoire possède des similarités extrêmement étranges avec l’histoire de ma mère... Plus bizarre encore est la rumeur qui circule du côté paternel : le nom Harixcalde, dérivé de Haritçalde, serait issu de d’Eneko Aritza, ou encore Inigo Arista, suivant la prononciation basque ou espagnole, qui fut le premier roi de Pampelune. Tout cela commence à faire beaucoup de coïncidences… si en plus de ça mon grand-père maître sauveteur-nageur à Biarritz n’avait pas sauvé le prince de Galles de la noyade en 1933, ce qui lui a valu une médaille de Carnegie pour actes héroïques mais pas d’article dans la presse…
Suite à cette petite mise au point je dois être assez légitime pour introduire les Paroles d’un Biscaïen, plaidoirie politique pour l’indépendance du Pays-Basque qui prend à partie la reine Christine (centralisation, progressisme, féminin) sur fond de première guerre Carliste (décentralisation, conservatisme, masculin) dans une critique du pouvoir centralisé madrilène, critique qu’on pouvait tout autant adresser à l’arnaque subie par les Basques aux Etats-Généraux à la Révolution française... Car on peut se demander si ce texte, écrit en Français et publié à Paris ne s’adressait pas tout autant à une France révolutionnaire.
Une chose est sûre, les Basques ne lâchent pas l’affaire, « segi borrokan », et on ne sera pas étonné qu’un siècle plus tard l’Allemagne nazie, prétextant d’une erreur, vienne bombarder la ville sacrée de Guernika et son chêne, tentant de détruire nos racines par la branche… mais c’est que le Basque se situe dans une temporalité toute différente des autres peuples, réglés sur le grand cycle cosmique, nous le sentirons bien ici. Et dans cette répétition inéluctable de l’histoire à laquelle nous assistons où se refondent les régionalismes politiques peut-être devrions-nous nous inspirer des fors Biscaïens sages et des conseils « Chahotiques » face à des états centraux qui ont perdu la tête.
Et je laisserai ici le lecteur en la bonne compagnie d’Augustin.
Irakurketa atsegina izan ! Bonne lecture !
Coup d’œil
De Dieu, le IAO sublime des voyants, émane l’Esprit, comme du soleil la lumière. Le soleil physique n’était aux yeux des voyants que l’image, l’ombre du soleil des intelligences ; et ils exprimaient par le même mot inspiré la vérité et le soleil. Ils appliquaient la même épithète descriptive au blanc soleil et aux blancs agneaux qui naissent vers le solstice. C’est ainsi que l’agneau solaire, appelé, suivant le dialecte, Ormusd, Osiris, Chourien et Christ, était parmi les voyants l’expression du voir, du savoir, de la science, de la lumière intellectuelle que les enfants de la nuit appellent civilisation. Les voyants antiques sont désignés dans l’histoire des barbares sous le nom de race du soleil et de peuple de Dieu. Ils vécurent libres pendant trois mille ans d’une douce et profonde paix, depuis le déluge de la rénovation terrestre.
Le Christ vivant, l’agneau solaire, éclaira durant l’âge primitif la gloire de leurs républiques, fédérées dans le jardin du midi. L’invasion des géants du nord, Celtes, Scythes et Atlantes, à la fin de l’ère primitive, changea la face de l’univers : elle précipita la société dans la barbarie, chute profonde dont l’homme ne s’est point encore relevé. A la liberté succéda la servitude ; à la lumière une profonde nuit ; au verbe méridional, expression vivante d’une civilisation sublime, les dialectes confus de Babel. L’inégalité civile, l’établissement des castes et le renversement de tout ordre naturel et social, suites ordinaires d’une conquête d’invasion, fermèrent toutes les voies à la diffusion d’une lumière nouvelle, et firent de l’éducation elle-même un privilège de position aristocratique, de richesse et de loisir. La vérité prit le voile du sphinx et s’enferma dans le temple d’Eleusis. L’étude de la langue sacrée devint indispensable pour s’initier aux mystères de la science et de la philosophie. Le sacerdoce eut pour berceau l’académie des vieillards, enfants de la nuit. Là fut savamment forgé, en quelques siècles, l’infâme joug que des prêtres ambitieux ne tardèrent point d’imposer à l’ignorance superstitieuse et à la crédulité des Barbares.
Les mots mythe et matérialisation sont synonymes dans les dialectes des enfants de la nuit. La perte du verbe méridional, primitif, inspiré, divin, créa la nécessité du mythe comme expression sensible de la vérité. Le barbarisme du langage avait en- imagé l’esprit humain à travers ce voile fantastique se multiplièrent devant lui dans les régions intellectuelles des illusions d'optique que rien ne pouvait rectifier. De l’impossibilité de parler à l’oreille et à l’esprit du barbare naquit le besoin de parler à ses yeux, de revêtir chaque vérité de pensée de sa forme extérieure, physique, immuable. Or, le vocabulaire inspiré des voyants, si riche, si varié dans ses dialectes naturels, était vivant et pur : il exprimait dans sa vérité divine les rapports essentiels des êtres.
Les académiciens-prêtres, en créant le système des mythes religieux, prirent invariablement pour guide le verbe des voyants méridionaux. Les voyants avaient étudié d’un œil investigateur les lois des êtres dans l’ordre de leur individualité, et l’enchaînement de leurs rapports avec l’harmonie du grand tout. Ils s’étaient élevés ainsi jusqu’à la loi universelle, la cause permanente, première, qui est Dieu, le Iao. Le barbare, frappé de cette admirable variété de phénomènes naturels dont il ignorait les lois intimes et le jeu mystérieux, déifia tout bonnement les causes secondes : il en fit autant de dews ou de génies, depuis le dews qui gouverne le tonnerre jusqu’au dews qui fait éternuer le Persan et qu’il invoque dans ses prières.
Tout dews idéal ramené à la corporéité du mythe décèle un emprunt fait par les prêtres des barbares au verbe méridional primitif. La preuve de cette assertion sera quelque jour de la part du voyant l’explication comparée de tous les mythes connus dans la religion universelle. Les voyants ont écrit que la volonté de l’Esprit a créé par la parole, dès le commencement, la lumière des mondes. Le mythe que les prêtres égyptiens consacrèrent aux créations de l’intelligence est fort ingénieux. Ils représentèrent l’esprit créateur par le dieu Kneph, dont le nom en dialecte-nord signifie plume ; et pour figurer l’opération du verbe inspiré ils posèrent l’œuf-monde sur ses lèvres. Kneph tenait à la main un sceptre, emblème de l’empire qu’il exerce par la volonté ; sa tête était surmontée d’un bonnet royal, de plumes légères, pour marquer la fugacité de sa nature aérienne. La couleur de son vêtement olympique était celle de presque toutes les déités indiennes, le bleu de ciel ou Narayana, et rappelait son origine céleste.
Le Kneph égyptien, cette forme savante d’une vérité idéale, représente ainsi l’esprit dont l’homme s’éclaire, et dont le soleil pur des voyants, le Iao sublime, est l’océan divin. L’ignorance crédule, la grossière équivoque, les vaines terreurs excitées avec art et fomentées avec persévérance par les oppresseurs de l’humanité qui s’en firent un instrument tout puissant de domination sur des peuples dégradés, avilis, tels sont les anneaux qui rattachent aux anciens mythes la filiation bizarre des superstitions du barbare et la longue chaîne de ses erreurs. Les voyants du midi adoraient en esprit le Iao suprême, source vive, océan divin d’intelligence infinie, soleil pur d’éternelle vérité : les barbares adorèrent le feu solaire.
Les voyants exprimaient par le même mot inspiré le feu et le serpent ; le serpent fut en conséquence choisi par les académiciens-prêtres comme mythe du principe igné, spiritueux. Et les barbares, après avoir adoré le dragon solaire dans le dieu Bel ou Bal, adorèrent bientôt après le serpent reptile. L’idolâtrie et le fétichisme naquirent presqu’en même temps parmi les enfants de la nuit. Voilà pourquoi Seth ou Satan, le substitué, le serpent fut choisi par les Chaldéens-prêtres comme emblème caractéristique de la superstition et de la barbarie. Les Brames lui donnèrent le nom de Chub, les Égyptiens l’appelèrent Typhon ; et de aer serpent, et de man homme, les mages firent Ahriman, qui est le nom du mauvais génie, rival d’Ormusd. Et du jour où l’idolâtrie des mythes eut remplacé le théisme pur des voyants, il fut littéralement vrai de dire que le peuple de Dieu avait disparu de la terre, détruit par le peuple féroce et corrompu de Satan, d'Ahriman, Typhon et Chub.
Les prêtres christicoles disent fort bien que les barbares anciens adorèrent les dews, les diables dans leurs idoles ; mais ils n’ont pas eu l’esprit de se douter que tous ces mauvais génies sont les vains fantômes de l’erreur. De l’ère ancienne à l’ère moderne rien n’est changé : l’Orient est toujours idolâtre et l’Occident christicole depuis la seconde invasion ; au nord les dews règnent en souverains dans les ténèbres, le Midi est ignoré. Les anciens voyants avaient le polythéisme en horreur, et lui donnèrent dans leurs allégories le surnom de Bête. Le Bête moderne est le christicolisme ; les voyants l’appellent Infâme, et l’Infâme mourra de leurs mains.
