Passion d'été - Tome 1 - Noëline - E-Book

Passion d'été - Tome 1 E-Book

Noëline

0,0

Beschreibung

Laurène s’apprête à vivre un été qu’elle n’oubliera pas de sitôt...

Plus que deux mois avant de commencer ses études d’infirmière ! Laurène est plus motivée que jamais pour profiter de son été tout en gagnant de l’argent afin de s’acheter une voiture. Une occasion inespérée se présente à elle : la foire près de chez elle recrute ! Dès son premier jour, elle y fera la rencontre de Mathias, jeune forain aux yeux verts perçants, qui semble bizarrement la prendre en grippe... Pourtant, elle se sent irrémédiablement attirée par lui. Mais les traditions des forains sont différentes des siennes, Laurène s’en rendra vite compte. Entre son boulot et ses premiers amours, son été s’avèrera plus mouvementé que jamais !

C’est l’été et cela se sent dans la romance young adult de Noëline. Plage de sable fin, soirées ambiancées, nouvelles passions et déboires amoureux... Un premier tome qui vous fera vibrer !

EXTRAIT

Je me réveille en sursaut. Je suis dans mon lit et je ne me souviens pas y être allée ! Je cherche à tâtons mon sac à main pour y récupérer mon téléphone. Quatorze heures, m’indique le cadran de mon téléphone. J’ai la tête embuée mais, peu à peu, les images de la veille me reviennent. La terrasse de la boîte. Le baiser de Mathias, puis la plage et le baiser de Jules. Vu comme ça, je passe pour une fille facile au cœur d’artichaut !

À PROPOS DE L'AUTEURE

Noëline est une jeune trentenaire qui vient de Perpignan. Elle est mariée et a deux enfants. Tout comme la plupart de ses personnages, elle travaille dans le milieu médical. Elle a remporté le concours de Noël de So Romance avec Le Souhait de Gwen et revient cet été avec Passion d’été.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 719

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



1 À la recherche d’un job !

La sonnerie du réveil me tire de mon rêve, il est sept heures trente et c’est le premier jour de mes vacances d’été. Le monde appartient aux gens qui se lèvent tôt et aujourd’hui j’ai plein de choses à faire. Tout d’abord, prendre un bon petit-déjeuner. Je n’arrive à rien sans mon bol de chocolat chaud. Ensuite, prendre le bus pour aller à Pôle Emploi voir les petites annonces pour des jobs d’été. Je sais que j’aurais dû m’y prendre plus tôt, mais avec le bac qui m’a accaparée et mon concours d’admission à l’école d’infirmière, j’ai un peu zappé ce détail et si je veux pouvoir me payer ma voiture une fois le permis en poche, j’aurais plutôt intérêt à trouver du boulot. Et enfin, une fois que j’aurai fait le plein de petites annonces, j’irai déposer des curriculum vitae un peu partout.

Je m’étire et je sors de mon lit. Je prends le temps de savourer mon petit-déjeuner sur la terrasse. J’écoute le chant des oiseaux, tout en sirotant mon chocolat ; il fait encore frais, mais ça ne va pas durer. La journée s’annonce aussi chaude que les jours précédents.

Après avoir débarrassé ma table, je file sous la douche. L’eau tiède réveille tout doucement mon corps encore engourdi par ma nuit puis, après m’être sommairement séchée, j’enfile sur mon corps encore humide un short en jean et un débardeur violet, ma couleur préférée. Je brosse mes longs cheveux bruns et les remonte en un chignon un peu décoiffé pour ne pas faire trop strict, j’applique un peu de maquillage sur mes yeux, juste pour souligner mon regard et me voilà partie !

J’arrive en même temps que le bus. Ouf ! Sinon il aurait fallu que j’attende une demi-heure le prochain. C’est ça d’habiter un village en bord de mer, on n’est pas toujours bien desservi. Dans le bus, je vérifie mon sac, j’ai bien tous mes papiers, plus mes curriculum vitæ. Ce soir, je ne rentre pas sans un job en poche.

Arrivée à Pôle Emploi, je regarde les annonces internet. Je sais que j’aurais pu le faire de chez moi, mais ici il y a parfois des annonces papier et puis là, au moins, je peux faire mes recherches tranquillement. À la maison, maman aurait été par-dessus mon épaule pour me conseiller et Paul ne m’aurait pas lâchée. C’est ça d’être le bébé de la famille. Tout le monde s’occupe de moi en permanence, ça a ses avantages et ses inconvénients. Bon rien d’extraordinaire, mis à part un supermarché qui cherche quelqu’un pour faire la mise en rayon. Il se trouve du côté de Saint-Laurent-de-la-Salanque, pas trop loin de chez moi, je décide donc de me rendre là-bas tout de suite. Je reprends le bus dans cette direction. Il me dépose devant le magasin, je souffle un grand coup pour me donner du courage et chasser ma timidité puis j’entre. Je me rends à l’accueil et demande à la vendeuse :

— Bonjour Madame. J’ai vu l’annonce à Pôle Emploi pour le poste de mise en rayon. Je souhaiterais poser ma candidature. À qui dois-je m’adresser s’il vous plaît ?

— Je vais appeler le responsable, mais je crois bien que tu arrives un peu tard. Il me semble qu’ils ont trouvé quelqu’un hier.

Elle se tourne et fait un appel au micro. Un homme d’une quarantaine d’années, à l’air plutôt jovial, arrive rapidement.

— C’est pour quoi, Magalie ?

— La jeune a vu votre annonce, elle souhaite postuler.

Il se tourne vers moi, me dévisage, puis me dit :

— Bonjour mademoiselle. Je suis désolé, le poste a été pourvu hier.

— Mince, et il n’y a rien d’autre chez vous que je puisse faire ?

— Non, je suis désolé. Tu sais, si je peux me permettre, pour un job d’été, il faut s’y prendre un peu plus tôt…

— Oui je sais bien, mais j’ai préféré me concentrer à fond sur mes révisions pour le bac et mon concours d’entrée à l’école d’infirmière. Vu que le bac est passé, je garde espoir de trouver un truc de dernière minute.

Il a l’air embêté pour moi.

— Écoute, ils ont installé la foire au Barcarès, il n’y a pas longtemps, tu auras peut-être la chance de trouver un poste là-bas.

— C’est vrai ? Je n’y aurais pas pensé, merci beaucoup. J’y vais de ce pas. Encore désolée pour le dérangement. Bonne journée !

Je sors du magasin, pleine d’espoir. Je n’y aurais jamais pensé, mais l’idée n’est pas bête et si je trouve un poste là-bas, ça me permettra de profiter malgré tout un peu de l’été. Et puis la foire, c’est magique comme endroit. Ça m’a toujours fait rêver. Je reprends les transports en commun pour aller plus vite. Trois arrêts plus loin, me voilà devant la foire. Je regarde la grande enseigne et je commence à marcher entre les attractions. Il est midi, tous les stands sont fermés mais je garde espoir de croiser quelqu’un malgré tout. Un peu plus loin, j’entends une porte claquer sur ma droite, je tourne la tête pour voir d’où provient le bruit. Je change de direction et passe entre deux stands, un homme est en train de décharger sa voiture.

— Bonjour, Monsieur !

Il sursaute et s’essuie le front d’une main.

— Tu m’as fait peur petite, me dit-il avec un sourire. T’es perdue ? Qu’est-ce que tu veux ?

— Vous travaillez ici ? lui demandé-je, pleine d’espoirs.

— Ouais ma fille, pourquoi ?

Cool c’est mon jour de chance. Je prends une grande inspiration avant de lui demander :

— On vient de me dire que, parfois, vous cherchiez du personnel et j’ai vraiment besoin d’un job pour cet été. Je sais que je m’y prends un peu tard, mais je suis très motivée et j’apprends vite ! Je suis courageuse et le travail ne me fait pas peur !

Je fais mon plus joli sourire en finissant ma phrase. Il faut qu’il me prenne en pitié ! Il rigole en m’observant puis il se gratte la tête. Il semble réfléchir, c’est bon signe !

— Effectivement, on embauche souvent des gens pour nous aider. Il me manque une personne pour mon stand à la pâtisserie. On peut dire que c’est ton jour de chance !

— C’est vrai ? Vous êtes sérieux ? dis-je en lui sautant dans les bras avant de me reprendre. Pardon c’est l’émotion ! Je suis trop contente ! Vous voulez mon CV ou je ne sais pas....

Il rigole avant de reprendre :

— Non, c’est bon. Donne-moi juste ton nom, puis ce soir tu te présentes ici à dix-huit heures trente et on t’expliquera ce qu’on attend de toi.

— Je m’appelle Laurène Molines, je viens d’avoir dix-huit ans !

— Très bien, Laurène Molines ! Moi c’est Antonio Suares. On t’attend ce soir à dix-huit heures trente ; si je ne suis pas là, c’est ma fille Lola qui s’occupera de toi. À ce soir.

— Merci, Monsieur Suares, je serai là sans faute, vous ne le regretterez pas !

Je m’en vais en sautillant. Je l’entends rire dans mon dos. Je sais, ce n’est pas très professionnel comme attitude mais bon j’ai trop de chance et il m’a l’air adorable. Je retourne à l’arrêt de bus pour rentrer chez moi direction Torreilles Village. Une fois dans le véhicule, j’appelle mon amie Chloé.

— Allo ? me répond une voix semi-comateuse.

— C’est moi, tu ne devineras jamais ce qui m’arrive !

— Non, mais je sens que tu ne vas pas tarder à me le dire, Laurène, et y a intérêt que ça soit important pour que tu me déranges en pleine séance de bronzage au bord de la piscine.

Je rigole avant de reprendre.

— Oh que oui ! J’ai trouvé un job de rêve pour l’été !

— Génial ! Moi j’ai rien trouvé !

— Pour cela, il aurait fallu que tu cherches ! lui dis-je en rigolant. Bon mais passons, alors voilà, je vais bosser à la foire au Barcarès !

— Nickel ! Je savais pas qu’ils embauchaient.

— Moi non plus. Mais on m’a indiqué ce matin d’y aller et bingo ! Je vais pouvoir profiter de mes journées et le soir hop au travail, je pourrai même sortir après le boulot ! Je crois que ça doit fermer vers 2 heures.

— Le top ! Tu me diras s’ils cherchent encore, je pourrais peut-être venir postuler… Qu’est-ce que tu fais tout de suite, tu passes à la maison ? Au fait, ils te payent combien ?

— Oups, j’ai oublié de poser la question ! j’explose de rire avant de reprendre : je poserai toutes ces questions ce soir ! En attendant, je passe prendre mon maillot et je te rejoins chez toi ! Bise !

Je raccroche, le sourire toujours aux lèvres ! L’été promet d’être magnifique.

***

Il est 18 heures, je suis dans le bus en direction de mon premier job, je suis impatiente et excitée. On a parlé de ça avec Chloé presque tout l’après-midi. Elle me fait rire, elle espère trouver un travail là-bas mais elle ne compte pas se déplacer. Ses parents sont tous les deux chirurgiens et elle se repose sur son argent de poche. Pour l’instant, le travail elle n’y pense pas trop. Mon père est chirurgien, comme ses parents, mais il tient à ce que j’apprenne la valeur de l’argent, du coup j’avais l’obligation de trouver un boulot pour l’été, mais cela ne me dérange pas, bien au contraire.

Le bus s’arrête devant la foire, je descends, j’inspire un grand coup et me voilà partie affronter cette première soirée de travail.

2 Première soirée

Arrivée devant le stand, je regarde le nom inscrit sur l’enseigne lumineuse : « À la bonne pomme ». Je souris et contourne le stand pour atteindre l’entrée de derrière. Deux femmes s’activent, l’une d’un certain âge et l’autre d’environ dix-huit ans.

— Bonjour ! Je suis Laurène, j’ai rencontré Monsieur Suares ce matin. Il m’a dit de venir ici pour dix-huit heures trente.

— Ouais il m’a dit ! Bonjour, moi c’est Lola. Je suis sa fille et voici ma mère Sylvia.

— Bonjour ! Viens, n’aie pas peur, on va tout te montrer tranquillement, me dit la mère de Lola.

— Merci beaucoup, c’est gentil, leur dis-je.

— Pose tes affaires ici. On va te montrer comment faire les glaces à l’italienne et les barbes à papa, me dit Lola.

J’entre dans le stand, je dois dire que je suis impressionnée ! Ça fait bizarre de se retrouver de l’autre côté. Lola attrape un cornet de glace et me montre le fonctionnement de la machine. Elle en réalise une puis me tend un cornet pour que j’en fasse une à mon tour. J’attrape la manette et essaie de reproduire son geste. Je ne me débrouille pas si mal pour une première. Elle a l’air satisfaite de mon premier essai.

— Tu te débrouilles bien pour les glaces. Je te montrerai plus tard comment on recharge la machine mais, au début, c’est nous qui ferons les remplacements ; passons à la barbe à papa.

Elle se tourne et démarre la machine après avoir mis le sucre au centre. Elle me montre les flacons contenant les différents parfums. Une fois sa barbe à papa finie, elle me tend un bâton. Je l’attrape avec un grand sourire, j’ai toujours eu envie de faire ce geste, je me souviens que petite, je m’amusais à les fabriquer avec des toiles d’araignées. Je verse le sucre dans le trou, j’allume la machine et dès que la barbe sort, je commence à enrouler le sucre autour du bâton. Mais le geste s’avère plus compliqué qu’il n’y paraît, le sucre commence à s’enrouler autour de mon bras et je n’arrive plus à m’en dépatouiller. Je regarde Lola sans trop savoir quoi faire. Elle explose de rire !

— Ça m’aurait étonnée que tu y arrives la première fois ! Y a un coup à prendre.

— Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?

Cette voix me fait sursauter. Je ne sais plus où me mettre avec mon bras entouré de barbe à papa !

— Mathias, je te présente Laurène. Papa l’a embauchée ce matin pour remplacer Megane, lui dit Lola.

— Super ! Elle a l’air douée… dit-il en tournant les talons.

Je suis morte de honte, je me débarrasse tant bien que mal du sucre qui commence à fondre sur mon bras, puis je pars me laver les mains.

— T’inquiète pas, Laurène. Il se donne un genre, mais il est loin d’être méchant ! tente de me rassurer Lola.

— Non mais je ne veux pas créer d’ennui, je vais m’améliorer, dis-je d’une voix tremblante.

Je ne comprends pas ma réaction. Il n’y a rien de dramatique à ne pas réussir du premier coup, mais Mathias m’a troublée. J’ai horreur qu’on me rabaisse et c’est ce qu’il a fait. Il ne m’a même pas laissé une chance.

— Allez viens Laurène, détends-toi, ce soir tu ne t’en occuperas pas. Tu feras les glaces et puis tu vendras les sucreries, OK ?

Je me reprends et lui souris.

— Oui. Pas de souci et, si tu le permets, je réessaierai, j’ai horreur de l’échec !

— Pas de problème. Allez, tu t’attaches les cheveux et tu mets cette casquette, les premiers clients commencent à arriver.

Les heures passent sans que je les voie défiler. Je m’intéresse à tout et pose beaucoup de questions. Lola y répond patiemment ou alors Étienne, un autre jeune qui, comme moi, a été embauché pour l’été. Il a vingt ans et c’est la deuxième fois qu’il fait la saison. Lola m’explique les horaires que je devrai suivre, à savoir de dix-neuf heures à deux heures du matin avec une pause d’une demi-heure lorsque le stand ne sera pas trop occupé. Pour la paie, elle me dit de voir avec son père le lendemain.

Vers vingt-et-une heures, la maman de Lola rentre chez elle. Du coup, la cadence s’intensifie, mais je prends le rythme et me régale. Les lumières de la foire scintillent devant moi, j’ai des papillons dans le ventre tellement je me sens bien ! Lola m’explique qu’elle a deux frères, Mathias qui a vingt-quatre ans que j’ai rencontré un peu plus tôt et Mickaël qui en a vingt-six.

— Ils ne sont pas avec toi pour gérer le stand ?

— Non. Ils gèrent le leur, me répond-elle.

— Ah ! Il y a d’autres « À la bonne pomme » sur la foire ?

— Non, rigole-t-elle. On a aussi le « Tournicotis », c’est la chenille que tu vois là-bas et les pinces avec la pêche aux canards juste en face sur la droite !

Je regarde dans la direction qu’elle m’indique et je vois Mathias accroupi en train de tendre un lot à une petite fille. Je me sens tout d’un coup toute bizarre. Il se relève et me regarde brusquement. Je me sens rougir et détourne la tête. Je me remets tout de suite au travail, histoire de me donner une contenance. Lola reste à côté de moi et continue de m’expliquer.

— On se relaie en fait ! Pour que ce ne soit pas trop monotone, on tourne sur les différents stands. Sauf moi ! Mon père ne veut pas que je gère seule le « Tournicotis », il estime qu’il faut un homme pour que tout le monde respecte bien les règles… Alors j’y vais seulement quand mes parents sont là pour me remplacer et ça me permet de rester un peu avec mes frères !

— Attends, tu veux dire que je risque de travailler avec Mathias ?

— Oui, pourquoi, ça te dérange ?

— Non ! C’est pas ça, mais je crois qu’il ne m’aime pas et j’ai peur qu’il me fasse perdre tous mes moyens…

— Allez laisse tomber, il avait les nerfs car la fille avant toi n’a fait que des conneries, mais ce soir tu te débrouilles comme une chef, je pense que tu feras l’affaire.

Le monde commence à affluer, il est vingt-trois heures et la fête bat son plein ! J’encaisse, je rends la monnaie, je donne les confiseries, je me régale. Soudain, j’entends une voix que je connais bien, je lève la tête et je vois Chloé tout sourire qui débarque avec Virginie, Tom, Marc et Steven !

— Ça va, la marchande ? me demande-t-elle.

— Qu’est-ce que vous faites là ? dis-je surprise.

— Ben on vient faire un tour et puis après si ça te dit on sort ?

— Tes amis comptent acheter un truc ? Sinon, tu leur dis de partir ! Tu bosses, là !

C’est Mathias qui me dit ça. Je ne l’ai pas entendu arriver. Je suis morte de honte. Il y a effectivement du monde derrière eux, je regarde Chloé en la suppliant du regard. Mais celle-ci riposte :

— Oh, là ! On se calme ! Alors oui on va consommer, on voudrait deux barbes à papa !

— Et bien, sers-les ! Qu’est-ce que tu attends ? me demande-t-il avec un sourire narquois.

Horreur ! Je perds tous mes moyens, je me tourne vers Lola mais elle sert d’autres clients.

Quant à Étienne, il est à l’autre bout !

— Excuse-moi mais tu as vu tout à l’heure, je n’ai pas réussi à le faire, bredouillé-je.

— Écoute, ce n’est pas compliqué, putain ! Regarde !

Il attrape un bâtonnet et verse le sucre puis s’exécute avec une perfection et une dextérité impressionnante. Il tend la barbe à papa à Chloé qui nous observe sans rien dire. Puis il me dit :

— À ton tour maintenant !

Je respire à pleins poumons, attrape un bâton et recommence l’expérience. Ma main tremble, je sens que tout le monde me regarde. J’inspire et expire doucement et là je suis stupéfaite ! Il y a un peu de sucre sur mes doigts mais elle est superbe ! Je la tends à Marc qui me félicite avec un grand sourire et je me retourne victorieuse vers Mathias.

— Merci de m’avoir remontré, lui dis-je tout sourire.

Dans mon dos, j’entends Chloé demander :

— Vous cherchez encore du monde pour l’été ?

— Certainement pas ! On a déjà assez à faire avec notre nouvelle recrue, lui répond-il sèchement.

Je suis une nouvelle fois morte de honte. Il s’éloigne de moi en précisant que mes amis sont priés de bien vouloir attendre la fermeture plus loin. J’encaisse Chloé qui m’encourage et me signale qu’ils vont faire un tour dans la foire. Je les salue et passe au client suivant. Lors d’un moment de répit, je demande discrètement à Lola pourquoi Mathias est là. Elle m’explique que la pêche aux canards finissant plus tôt, il vient aider pour la fermeture. Il y a d’ailleurs de moins en moins de monde, on commence donc à tout nettoyer pour la fermeture.

Deux heures du matin. On ferme le stand. Je regarde mon téléphone en récupérant mon sac. Chloé m’a envoyé un SMS :

Chloé 1 h 15 : On a fini par partir, ça faisait trop long à attendre. On va au « Para », appelle Paul pour t’y emmener. Je lui ai déjà envoyé un message pour le prévenir ! Sinon à demain !

Mince, avec tout ça, je n’ai pas prévu mon retour ! J’appelle mon frère Paul, en marchant entre les stands qui ferment pour lui demander de venir me chercher. Un coup de chance qu’il ne soit pas de garde à l’hôpital ce soir. Il est interne, si tout va bien il lui reste quatre ans à faire avant d’être docteur. Il bougonne et me dit de l’attendre, il sera là dans cinq minutes. Je marche tranquillement vers l’entrée de la fête foraine en compagnie d’Étienne, il est venu en scooter mais n’a qu’un casque. Il m’a bien proposé de me raccompagner mais j’ai décliné son offre. Il s’attarde à discuter avec moi mais je vois bien qu’il regarde sa montre et je lui dis de partir pour ne pas se mettre en retard.

— Vas-y, merci d’avoir attendu avec moi. On habite pas loin et mon frère ne va pas tarder !

— Tu es sûre ?

— Mais oui, vas-y, à demain.

Il part. J’attends quelques minutes dans la pénombre. Je regrette de ne pas avoir prévu mon retour plus tôt. Vivement que j’aie mon permis, au moins, je ne dépendrai plus de personne ! Je commence à trouver le temps long toute seule sur le bord de la route. J’ai comme l’impression que je suis observée. Sans doute mon imagination débordante… Enfin, je vois les phares de la voiture de mon frère arriver. Je monte dans le véhicule, il bougonne pour la forme en me serrant dans ses bras.

— Alors, ma petite sœur est foraine ? me dit-il en rigolant. Tu vas rejoindre tes potes au « Para » ou je te ramène à la maison ?

— Oh lâche-moi et roule, lui dis-je en rigolant, et non, je ne veux pas y aller, j’ai sommeil. Ramène-moi s’il te plaît.

Je me retourne pour attraper la ceinture et je vois Mathias à la barrière, en train de nous regarder. Un frisson me parcourt le corps alors que je le vois se détourner pour prendre la direction des caravanes derrière les stands.

3 Plage et copains

Je m’étire tranquillement. Je ne sais pas quelle heure il est, mais j’ai bien dormi. Après une bonne douche pour retirer l’odeur du travail, je me suis glissée dans mon lit et j’ai dormi d’un sommeil paisible et réparateur. Je me retourne pour attraper mon téléphone sur ma table de nuit. Dix heures ! Je me lève et descends à la cuisine. Mes parents sont là tous les deux. Avec tout ça, j’ai presque oublié que l’on est samedi.

— Alors cette première soirée, comment ça s’est passé ? me demande ma mère.

— Oh c’était super ! J’ai appris plein de trucs et les gens étaient super gentils mis à part l’un des fils de mon patron, un vrai tyran, il m’a mal parlé juste parce que j’ai loupé ma première barbe à papa ! Sinon, un vrai rêve !

— Écoutez-là parler, notre petite foraine, dit mon frère en entrant dans la cuisine et en m’ébouriffant les cheveux. Une vocation est née !

— Oh ! Arrête Paul, j’ai pas dit ça, mais comme job d’été, y’a pire, lui rétorqué-je.

— Ça suffit tous les deux, dit mon père. Vous n’allez pas commencer ! Je vous rappelle que vous êtes adultes !

— Bref ! repris-je. Je vais y bosser tous les soirs, alors d’ici que j’obtienne mon permis et que j’aie ma voiture, il faudra au moins venir me chercher !

— Ne t’inquiète pas ma chérie, on va s’organiser, me dit ma mère. C’est quand déjà que tu le passes ?

— Maman, j’ai déjà dit que je ne vous dirais rien ! Sur ce, je vous adore mais j’ai une vie sociale moi ! Je vais rejoindre Chloé, on a prévu une journée plage. Je rentrerai pour me préparer vers dix-sept heures trente. Bisous.

Je me lève et repars dans ma chambre. Après m’être préparée pour la plage, j’attrape mon sac et mon téléphone et je prends la direction de chez mon amie.

Après avoir grignoté un bout chez elle, on passe récupérer Virginie et nous voilà parties pour un après-midi papotage, bronzage et farniente à la plage !

— Alors, raconte-nous comment s’est finie ta soirée ? me demande Virginie.

— Pas mal, franchement je suis ravie de ce travail et puis, y’a pire l’été comme job ! lui réponds-je.

— Il t’a lâchée l’autre connard ? me demande Chloé.

— Ouais ! Mathias, il est spécial, mais d’après sa sœur Lola, c’est à cause de la fille avant moi. Elle a fait que des conneries, du coup il a la haine. Mais bon, ça lui passera ! D’après Lola, je fais l’affaire, alors il se calmera sûrement.

— En tout cas, il est plutôt canon ! reprend Chloé.

— Ouais, si tu aimes le style grincheux mal luné ! lui répliqué-je sarcastique.

— Non j’entendais plutôt le style brun ténébreux aux yeux verts ! Ne me dis pas que tu ne l’as pas remarqué ? me demande Chloé.

Je la regarde perplexe. Effectivement, je n’ai pas porté attention à son apparence, j’avais pas mal de choses à penser hier…

— J’y crois pas ! reprend-elle en direction de Virginie. Y’a rien à faire, elle est incurable !

Elles explosent de rire, d’un air entendu.

— Allez, on va se baigner, bande de vilaines, ça vous donnera une meilleure occupation que de vous foutre de moi !

L’eau est super bonne. Juste comme je l’aime. On se baigne un petit moment puis Virginie nous indique que nous avons de la visite. On tourne la tête vers nos serviettes et on voit Marc et Steven s’installer. Ils nous rejoignent dans l’eau et s’ensuivent une bonne bataille d’eau et de « je te coule, tu me coules ». Au bout d’un moment, on sort se sécher. Arrivée à ma serviette, je regarde mon téléphone : seize heures trente. Il ne va pas falloir que je traîne.

— Je me sèche et puis après j’y vais ! leur annoncé-je.

— Ça va ! Tu ne prends qu’à dix-neuf heures, tu m’as dit ! me sermonne Chloé.

— Oui, mais il faut que je passe par chez moi me préparer. Ensuite, je dois prendre le bus. Je vous rappelle que je n’ai pas encore de permis ni de voiture !

— Ça va, j’ai compris, miss Working girl ! me réplique-t-elle en explosant de rire.

Tout le monde l’imite, moi y compris. On s’étend sur nos serviettes. J’adore ce moment où tu fermes les yeux et où tu écoutes le clapotis de l’eau et le bruit au loin des gens qui se baignent. Je m’assoupis cinq minutes, me semble-t-il, mais quand je rouvre les yeux et que je regarde l’heure, horreur, il est déjà dix-sept heures trente !

— Mince ! crié-je en ramassant mes affaires en toute hâte. Je vais être à la bourre !

J’envoie du sable dans la tête de Steven, qui râle en se retournant. Mais je n’ai pas le temps de m’excuser.

— Détends-toi ! Je te ramène chez toi pour que tu te prépares et si tu veux, je te dépose à dix-neuf heures à la foire, me dit Marc.

— C’est vrai ? Tu ferais ça pour moi ? lui demandé-je pleine d’espoir.

— Ben oui, si je te le propose ! Steven, tu fais quoi ? Tu me suis ou tu repars avec les filles ?

— Allez-y. J’ai pas fini ma sieste et je suis momentanément aveuglé grâce à Miss Working girl qui m’a foutu du sable plein la tronche, bougonne ce dernier.

— Ça va ! Râle pas, je m’excuse ! Allez à demain tout le monde ! Marc, c’est pas tout de le proposer, il faut t’exécuter maintenant ! lui dis-je en attrapant sa serviette et en envoyant du sable au reste du groupe sans le faire exprès.

— Oh ! Marc, vas-y, embarque-la ! lui crie Chloé. Et amusez-vous bien ! rajoute-t-elle pleine de sous-entendus, en lui lançant un clin d’œil.

Celle-là ! Elle n’en perd pas une. Elle cherche toujours à me caser ! C’est vrai que Marc est super gentil. Grand brun aux yeux noisette. Il est plutôt pas mal, mais voilà, c’est mon ami d’enfance. Je m’entends super bien avec lui et je pense que c’est pareil de son côté. Mais Chloé, qui cherche toujours à caser tout le monde, a du mal à comprendre qu’on puisse être seulement copains.

On monte dans sa voiture. Une Clio qu’il s’amuse à retaper version tunning. On arrive rapidement chez moi, il est dix-huit heures. Je file rapidement sous la douche et je laisse Marc avec mon frère, le temps de me préparer. Je choisis un jean slim et un débardeur blanc. Je m’attache une chemise bleu clair à carreaux à la taille car hier soir j’ai eu froid en fin de soirée. Un peu de maquillage, juste pour illuminer mon regard et je remonte mes cheveux en une queue de cheval bien serrée. Je retourne rapidement dans le salon. Je regarde la pendule, il est dix-huit heures quarante !

— T’es sûre que tu vas seulement travailler ? me demande mon frère, avachi sur le canapé.

— Oh ! Commence pas, Paul ! J’ai une tenue correcte, il me semble !

— Tu en penses quoi, Marc ? Tu vas laisser ta petite copine aller bosser comme ça ?

— On n’est pas ensemble ! lui dis-je en lui tapant derrière la tête. Tu n’as pas un truc à faire pour t’occuper, comme travailler tes cours par exemple ?

— Non, figure-toi que ce soir y’a une soirée à l’internat, alors compte pas sur moi pour venir te chercher à deux heures du matin !

— Zut ! Papa et maman t’ont dit ce qu’ils faisaient ?

— Non ! Alors, vois avec eux, me dit-il en quittant la pièce.

— Allez viens, me dit Marc. Au pire, je viendrai te chercher. Je doute que je dorme à cette heure-là.

— Non, attends, ça me gêne quand même ! Bon sang, il est temps d’avoir mon permis, vivement…

Ouf ! Je m’interromps à temps ! Un peu plus et je lui disais que je passe mon permis lundi matin. On monte en voiture et nous arrivons rapidement à la foire. Il s’engage sur le parking arrière, côté caravanes des forains afin de pouvoir faire son demi-tour. Je regarde l’heure : on est même cinq minutes en avance.

— Merci de m’avoir accompagnée, Marc.

— De rien. Et je te dis, si tu as un problème ce soir, tu m’appelles. Je viendrai te récupérer, je ne dormirai pas, c’est sûr, on a prévu une partie de PlayStation avec les mecs !

— OK merci. Je te dis ça dès que j’arrive à joindre mes parents.

Je le serre dans mes bras, avant de sortir de la voiture. Je ferme la portière quand j’entends crier derrière moi.

— Hé, Laurène, tu vas bien ? me demande Lola qui est accompagnée de deux garçons. L’un n’est autre que Mathias, qui continue sa route vers la foire et l’autre est son frère aîné, me précise-t-elle.

— Ça va bien merci. J’ai bien failli être en retard ! C’est chiant quand on n’a pas le permis.

Ils rigolent tous les deux et on part en direction du stand.

— Bon. Ce soir, je vais avec Mickael, m’annonce Lola. Nos parents vont faire la soirée complète, donc j’en profite pour changer d’air !

— OK, ben à plus tard alors. Je les salue en entrant dans le stand, quand je percute de plein fouet Mathias.

— Putain, mais tu peux pas faire attention ? me gueule-t-il dessus.

— Je suis vraiment désolée. Je disais au revoir à ton frère et ta sœur.

— Allez, va bosser, on perd du temps là ! La soirée va être longue, je le sens.

— Mathias, calme-toi et va aux glaces, y’a du monde, lui dit son père. Quant à toi Laurène, va vers la caisse, s’il te plaît.

Je m’exécute en me giflant intérieurement. Déjà qu’il ne m’appréciait pas beaucoup, ça ne va pas aider ! Et comme par hasard, il est au stand où je travaille ce soir.

4 Travail, plage et puis permis…

La soirée se passe tranquillement. Je suis tendue bien sûr. J’ai peur de faire des bêtises. Mais je suis à la caisse et ça, je gère bien. De temps en temps, je relève la tête en direction de Mathias et, à chaque fois, je croise son regard. Ses yeux verts me glacent le sang, on dirait qu’ils lancent des éclairs. Je détourne à chaque fois immédiatement les yeux.

— Excusez-moi, mademoiselle ! me dit un client, en me ramenant à la réalité. Vous ne m’avez pas rendu la monnaie.

Instantanément, je sens le regard de Mathias sur moi. Je n’ai même pas besoin de me tourner pour confirmer mon ressenti.

— Je suis désolée ! Tenez, la voilà ! dis-je au client en lui faisant mon plus beau sourire.

— C’est pas grave, mademoiselle, merci et bonne soirée, me répond le client en partant avec sa gaufre.

— Ça va ? me demande mon patron.

— Oui Monsieur Suares, je suis désolée j’étais un peu ailleurs, mais ça n’arrivera plus !

Je me confonds en excuses, ce qui le fait rire.

— C’est rien ma belle. Va faire ta pause et détends-toi un peu, tu fais parfaitement l’affaire. Tu as faim ? Tu veux boire un petit quelque chose ? Prends ! C’est cadeau, ça fait partie des avantages de bosser pour moi. Je te donne dix minutes de pause, à tout à l’heure.

Je prends une canette de Coca-Cola dans le frigo en la montrant à mon patron. Il me fait signe que c’est bon et retourne à son client. Je sors par l’arrière et je vais me poser dans un coin entre la confiserie et le tir à la ficelle. Je m’appuie sur notre stand, le regard un peu dans le vide. Cette pause me fait du bien. Je sens la tension redescendre, et ce qui m’étonne, c’est que je ne suis pas tendue à cause du travail, mais bien du fait de me trouver avec Mathias. Au fur et à mesure que je décompresse, je prends conscience du bruit qui m’entoure. La musique, la voix au micro de la foraine du tir à la corde, les lumières et les rires des touristes, qui marchent tranquillement dans l’allée. Tout ça me fait du bien. J’adore cette période de l’année où la population augmente et se diversifie.

— Salut ça va ?

Une voix me tire de ma rêverie. Un mec d’une vingtaine d’années est là, planté devant moi.

— Oui merci, dis-je en me demandant ce qu’il me veut.

— Regarde discrètement derrière moi, m’ordonne-t-il gentiment. Tu vois le groupe de mecs. Ils m’ont donné comme gage de venir te parler. Ils ont parié que je ne serais pas cap de venir vers toi et de te demander ton numéro de téléphone, me dit-il gêné, en passant sa main dans ses cheveux.

Je regarde derrière lui, en me penchant légèrement. Effectivement, un groupe de quatre garçons regarde dans notre direction. Cela me met mal à l’aise et me fait sourire à la fois. Je regarde à nouveau celui qui est devant moi.

— Et bien voilà, ton gage est réussi ! lui réponds-je en souriant.

— Pas complètement ! Tu ne m’as pas donné ton numéro !

— Dans ton gage, tu parles de venir me voir et de demander mon numéro. Mais à aucun moment il n’est mentionné que je te le donne. Tu es venu, tu as demandé et j’ai dit non ! Je ne suis pas du genre à donner mon numéro à un inconnu.

— On n’est plus vraiment des inconnus, insista-t-il.

Ce qui aurait pu être rigolo commence à devenir un peu lourd. Je me dégage et commence à reculer.

— Bon, allez. Je retourne bosser. Ravie de t’avoir rencontré. Bonne soirée, dis-je en continuant de reculer. Le mec continue d’avancer vers moi. Je ne vais pas réussir à m’en débarrasser. Mais heureusement la porte de la confiserie est juste là, sur ma droite. J’attrape la poignée et rentre en trombe dans le stand.

— Et doucement ! hurle Mathias.

— Pardon. Désolée. Y’a un mec qui m’a pris la tête et j’ai eu peur…

— Ah bon ? dit-il vivement. Il ouvre la porte que je viens juste de refermer après être entrée. Y’a plus personne ! dit-il en revenant.

— C’est rien merci, dis-je en réinstallant ma casquette. Je suis revenue, Monsieur Suares.

— Ah c’est bien. Tiens, passe aux glaces maintenant, on va tourner un peu, ça te fera du bien.

Je me dirige vers les glaces qui sont juste à côté des barbes à papa et des gaufres, pile là où se trouve Mathias. Je m’excuse en passant derrière lui. Nos corps se frôlent légèrement et cela produit comme une décharge électrique dans mon corps. Je me sens rougir et me dépêche de prendre ma place.

— Une glace au chocolat s’il vous plaît.

— Tout de suite, dis-je à mon client en prenant un cône et en y faisant glisser la glace à l’italienne à l’intérieur. Voilà, ça fera 2 euros à régler en caisse s’il vous plaît.

Le client s’en va, laissant la place au suivant.

— C’est encore moi ! me dit le mec de tout à l’heure.

Instantanément, je me tends. Il ne va pas me lâcher ce con ! Je suis gênée et je sens mes joues rougir.

— J’ai déjà répondu et j’ai dit non, il me semble.

Il insiste en s’avançant sur le côté. Là, le camion est un peu plus bas et je suis donc plus facilement à sa portée.

— Donne-moi au moins ton prénom alors ?

— Non ! dis-je en haussant le ton.

Mathias se retourne vivement vers nous. Il voit le mec sur le côté et doit comprendre qu’il me cherche des ennuis.

— Y’a un problème ? me demande-t-il.

Je baisse la tête en répondant par la négative. Mais il ne me croit pas.

— Monsieur, repassez de l’autre côté du stand, s’il vous plaît. Qu’est-ce que je peux vous servir ? demande-t-il en me poussant derrière lui gentiment. Ce deuxième contact me fait le même effet que le premier. Mais je n’ai pas le temps d’y penser plus, je le regarde se débarrasser du gros lourdaud qui m’embête depuis tout à l’heure.

— Alors vous voulez une glace ?

— Non. Je veux juste le numéro de ta collègue ! dit l’autre sans se démonter.

— On ne fournit pas ce genre de service ici. Je vous demanderai de bien vouloir laisser la place au vrai client et d’arrêter d’importuner ma collègue !

L’autre ne bouge pas d’un pouce. Mathias passe la moitié de son corps par-dessus le comptoir et chope le mec par le col.

— Tu dégages de là où ça ira mal pour toi ! C’est plus clair là ? lui dit Mathias sur un ton agressif.

— Ça va mec, calme-toi ! dit l’autre en levant les bras. J’ai compris, pas la peine de s’énerver ! Je me casse. Si on peut même plus rigoler…

Le gros lourd retrouve son groupe et part sans plus d’histoire.

— Merci, Mathias ! dis-je timidement.

— De rien, répond-il sur un ton brusque en reprenant sa place.

Son père, qui a assisté à la scène, nous regarde sans rien dire. Mais alors que je reprends le service des glaces, j’entends Mathias dire à son père.

— Tu vois, on prendrait que des mecs, on n’en serait pas là !

Super ! pensé-je. Con et sexiste ! Ce n’est pas de ma faute si ce gros lourd m’a abordée. Je secoue la tête et reprends mon service. Le reste de la soirée se déroule sans encombre, heureusement. En fin de soirée, alors que l’on est en train de fermer le stand, mon patron m’appelle.

— Oui ? Je suis désolée pour tout à l’heure… lui dis-je.

— Laisse faire ce n’est pas ta faute. Tu es jeune et belle, y en aura d’autres… Non si je t’appelle c’est pour te parler de ton salaire. Ça te fera 1 500 euros le mois.

— 1 500 ! répété-je sur un ton qui le fait rire.

— Ben oui ! Pourquoi ça te va pas ?

— Oh si ! dis-je rapidement, c’est génial. C’est juste que je ne m’attendais pas à autant !

— C’est pas tant que ça. Bon, après tu auras un jour de repos en semaine. Le mardi ça te va ?

— Oui, oui parfait Monsieur Suares !

— Allez. Rentre chez toi ma belle, tu as fait une bonne soirée ! Et arrête de me servir des Monsieur, appelle-moi Antonio !

— Oui d’accord ! Merci Monsieur ! Heu, Antonio ! dis-je en quittant le stand. Il rigole en me faisant un signe de la main.

Je n’ai pas réussi à joindre mes parents durant la soirée. Et comme Mathias était là, je n’ai pas trop osé sortir mon téléphone. Entre deux clients, j’ai rapidement envoyé un message à Marc qui a accepté de venir me chercher sans problème. Heureusement que j’ai des amis sur qui compter ! Je m’approche de la barrière marquant l’entrée de la fête foraine. Il n’y a pas encore la voiture de mon ami. Il m’a demandé de l’attendre là. Je m’adosse à la barrière et j’en profite pour passer ma chemise. Il commence à faire un peu froid. La musique autour de moi s’est arrêtée et je trouve presque surréaliste cet endroit qui, quelques minutes plus tôt, était bourré de monde et de bruit et qui à présent se retrouve presque sans vie.

— À demain ! me lance Étienne. Je suppose qu’on vient te récupérer ?

— Oui merci, ne t’inquiète pas.

Il me fait un signe de la main, avant de partir avec son scooter. Je reporte à nouveau mon attention sur mon téléphone quand je suis à nouveau interrompue.

— Ça va Laurène ? me demanda Lola.

— Oui merci ! lui réponds-je.

— T’es toute seule ?

— J’attends un copain à moi qui va venir me récupérer… Et toi ?

— J’attends mes frères, on va sortir ce soir ! Et quand je t’ai vue au loin, je leur ai dit que je venais vers toi en attendant qu’ils aient fini…

Les phares d’une voiture nous éblouissent et le bruit de la musique qui en sort nous empêche presque de nous entendre. La portière s’ouvre et Steven sort de la voiture.

— Allez, princesse Laurène, on te ramène.

Prenant conscience que je n’étais pas seule, il salua Lola.

— Pardon ! Bonsoir, moi c’est Steven.

— Et moi Lola ! Je tenais compagnie à Laurène en vous attendant.

— Ouais on est en retard, mais on était en plein match de FIFA sur Play ! répond-il.

— Merci pour ta compagnie Lola ! À demain, dis-je en m’engouffrant dans la voiture.

Steven va pour lui dire au revoir lorsque la voix de Mathias retentit dans la pénombre.

— Lola, ça va ?

— Oui t’inquiète, je parle avec des amis à Laurène, dit-elle alors qu’il s’approche d’elle.

— Bonsoir, lance gentiment Steven.

— Ouais, c’est ça bonsoir, dit Mathias en attrapant sa sœur par le bras.

Steven reprend sa place dans la voiture et Marc fait demi-tour. En passant à côté de Mathias et Lola, il crie par la fenêtre ouverte.

— À bientôt, Lola.

Cette dernière fait un signe de la main mais son frère regarde la voiture en lançant des éclairs de ses yeux verts. Nos regards se croisent l’espace d’un instant et je crois déceler de la colère. Comment peut-il être si en colère après moi ? Je suis si exténuée que les garçons me déposent rapidement chez moi, avant de retourner à leur FIFA. Heureusement, Marc habite à même pas cinq minutes en voiture de ma maison.

La fin du week-end se déroule tranquillement. C’est mon père qui vient me récupérer le dimanche soir après mon service. En rentrant, je me douche et me couche dans un état de nervosité extrême. Heureusement Lola a repris sa place au stand et j’ai passé une meilleure soirée que la veille. Mais dans quelques heures, je vais passer mon permis et il faut à tout prix que je le réussisse. Je branche mon réveil à huit heures. Mon examen a lieu à onze heures et je dois me présenter à l’auto-école pour neuf heures.

***

J’ai eu du mal à déjeuner ce matin mais je me suis forcée. Heureusement, il n’y a personne à la maison ce matin. Maman fait sa tournée d’infirmière libérale. Papa doit avoir une intervention assez tôt, pour ne plus être à la maison à 8 heures. Quant à Paul, il a repris sa semaine dans le service de gynécologie de l’hôpital. Je n’arrive toujours pas à me dire que mon frère veut faire ce métier. Docteur oui, mais gynécologue…

— Laurène Molines ! m’appelle l’examinateur.

Mon sang ne fait qu’un tour. Ça y est ! Le moment fatidique est arrivé. Je prends une grande inspiration avant de suivre l’examinateur dans le véhicule. Il me donne les consignes puis je démarre la voiture.

***

— Vous aurez la réponse dans quelques jours ! me dit l’examinateur lorsque je descends du véhicule.

— Merci, lui répondis-je en croisant les doigts intérieurement.

L’attente va être longue ! L’après-midi, je rejoins mes amis à la plage. Il fait encore une journée magnifique. Le soleil est brûlant et dès mon arrivée, je vais me rafraîchir dans l’eau.

— Tu sembles bizarre ! me dit mon amie Virginie en me rejoignant.

— Non, je relâche juste la pression. Maintenant que c’est fait, je peux le dire. J’ai passé mon permis ce matin.

— Ah c’est génial ! Ça s’est bien passé ? me demande-t-elle.

— On verra bien, dis-je en haussant les épaules.

On reste dans l’eau encore un moment avant de rejoindre le groupe sur la plage.

— Vous avez prévu quoi ce soir ? demandé-je en m’allongeant sur ma serviette.

— Rien de spécial, pourquoi ? demande Marc.

— Je bosse pas demain soir. Ça vous dit de sortir pour fêter le fait que j’ai passé mon permis ce matin ?

Tout le monde relève la tête. Et chacun y va de son commentaire. Mais tout le monde répond oui pour une sortie en boîte !

— On passera te récupérer et hop, direction Canet, me dit Chloé.

***

La soirée défile super vite. Et rapidement, il est l’heure de partir.

— Amuse-toi bien ! me lança Lola.

— Tu veux pas venir ? lui demandais-je.

— Où ? demande une voix derrière moi.

Je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir qu’il s’agit de Mathias.

— Je sors avec mes amis dans une boîte à Canet. J’ai juste proposé à ta sœur de venir avec nous.

— Vous allez où ? demande Mickaël, l’autre frère de Lola.

— À la Colline des Loisirs, c’est la boîte la plus proche de chez nous…

— Si tu veux y aller, je t’accompagne Lola, lui dit Mickaël.

— Super ! dis-je à Lola. Vous nous suivez ?

— On passe récupérer des affaires à la caravane et on vous rejoint, me répond son frère.

— Je t’appelle dès qu’on arrive, me dit Lola.

Super excitée, je rejoins l’entrée de la foire où mes amis m’attendent déjà.

— Direction boîte ! crie Chloé, lorsque je la rejoins dans sa voiture.

5 Soirée en discothèque

— On croise les doigts ! hurle Chloé en trinquant avec moi.

On vient d’arriver depuis cinq minutes dans la boîte de nuit. On est à la table qu’on a réservée et on place cette soirée sous le signe de l’espoir de ma réussite ! Tout le monde lève son verre en criant : « On est déchaînés ! »

— Allez viens ! On danse ! me dit Virginie en me tirant par le bras.

Je me laisse entraîner sur la piste. J’adore danser ! Le DJ lance une musique de Shakira et je me mets à me déhancher plus motivée que jamais. Je ferme les yeux pour mieux sentir la musique m’envahir. Quand soudain, une main m’attrape le bras.

— Coucou, on est là ! me crie Lola.

— Ah génial, c’est cool que Mickaël t’ait amenée ! Regarde, on a une table suivez-moi !

Je prends la direction de notre table pour que Lola s’installe. Je la présente à mes amis qui sont assis puis Mickaël s’avance et je le présente à son tour.

— Et moi, tu ne me présentes pas ? me demande Mathias en passant devant moi.

Je suis rouge de honte.

— Si bien sûr, mais je n’avais pas vu que tu étais là ! Les gars, voilà Mathias.

Il dit bonjour à tout le monde, puis fait demi-tour en allant voir un autre groupe et en s’excusant.

— Salut à vous ! Passez une bonne soirée ! Je viens de voir des collègues à moi plus loin !

Lola pose sa veste sur la banquette puis nous repartons sur la piste.

— J’adore danser ! crie-t-elle alors que le DJ nous balance un nouveau son que je ne connais pas encore.

Lola sympathise rapidement avec mes amis. On rit, on se déhanche, on saute en tapant dans nos mains. Il fait chaud mais je suis bien ! Je sens le stress de mon permis s’évacuer doucement. Chloé nous tourne le dos car elle vient de trouver un beau blond avec qui danser. Avec Virginie, on se sourit. Notre amie est une incorrigible dragueuse. Nous continuons à bouger en rythme, les garçons nous ont rejoints. Ils ont toujours besoin de plus de temps pour venir danser… Marc et Steven se rapprochent de nous, alors que Mickaël danse un peu plus loin avec une jolie rousse. Pour rigoler, les garçons nous prennent dans leurs bras. On rigole avec eux. Marc me fait un bisou sur la joue et je lui crie :

— Tu veux cramer mes chances de trouver le prince charmant ? lui dis-je en rigolant et en l’attrapant par le cou.

— Tu l’as peut-être trouvé ! me dit-il en rigolant.

On part en fou rire tous les deux. Soudain, on est séparés par Mathias qui nous pousse vigoureusement. On le regarde, interloqués. Il me lance un regard mauvais, avant d’attraper sa sœur par la main.

— Tu te fous de moi Lola ? Qu’est-ce que tu fais ?

Il pousse aussi Steven avec tout autant de vigueur qu’il l’a fait avec nous. Il tire sa sœur jusqu’à notre table.

— Ça va pas Mathias ! J’ai rien fait de mal ! crie-t-elle.

— Ça va ! Tu te trémousses avec un inconnu ! lui réplique-t-il. Prends ta veste on y va !

Lola ne discute pas et prend sa veste avant que son frère ne la tire vers la sortie. Je les suis. Au passage, il fait signe à son frère de les rejoindre. Une fois dehors, l’air frais me fait frissonner.

— Attendez ! les appelé-je en descendant les escaliers à toute vitesse. Ne partez pas comme ça ! Steven n’est pas méchant et il ne voulait pas de mal à Lola ! leur dis-je en arrivant devant leur voiture.

— C’est rien Laurène, c’est juste qu’on surveille notre petite sœur de près, me dit Mickaël.

— Oui mais ne lui en voulez pas, on s’amusait simplement. Lola, ça va ?

— T’inquiète ! J’ai l’habitude. Ils sont juste protecteurs, me dit-elle en s’approchant de moi alors que Mickaël monte à l’avant de l’Audi A3 gris métallisé. Mathias est déjà installé derrière le volant.

— OK ! dis-je, choquée. Mais ça ne va pas causer de froid entre nous ?

— Mais non ne t’inquiète pas, me répond Lola en riant. D’habitude, ils m’éloignent juste du garçon, mais en ce moment, Mathias est mal luné… Laisse faire, ça lui passera… On se voit demain ?

— Ben non je bosse pas ! dis-je les bras ballants. Mais on va sûrement aller à la plage, si tu veux venir tu es la bienvenue !

— Je verrai… Car mon père ne me laisse pas sortir seule, il n’a pas confiance… Mais peut-être que Mickaël viendra, il est moins chiant…

— Bon Lola, tu bouges oui ? lui crie Mathias par la fenêtre ouverte.

— Qu’est-ce que je te disais ! me dit Lola en levant les yeux au ciel. Ça va, j’arrive. Je t’envoie un message par SMS, j’ai chopé ton tel sur ton CV que tu as laissé traîner l’autre soir, me dit-elle en montant dans la voiture.

— OK ! dis-je en me déplaçant sur le côté pour laisser passer la voiture.

— Ne reste pas dehors toute seule ! m’ordonne Mathias, en commençant à avancer, mais en s’arrêtant à ma hauteur.

— Quoi ? lui demandé-je surprise.

Il n’a pas le temps de me répondre car Marc arrive en courant.

— Ça va Laurène ? Je te cherche partout depuis tout à l’heure.

Je me détourne quelques secondes pour le voir arriver vers moi, puis je reporte mon regard sur la voiture mais Mathias avance déjà et part sans me répéter ce qu’il vient de me dire.

— Allez viens, c’est un con ce type ! me dit-il en me prenant par le bras. On a pris tes affaires, on rentre.

Arrivée chez moi, je me couche directement. Trop la flemme de me laver. Tant pis, je changerai mes draps demain, pensé-je. Je commence à sentir le sommeil me gagner lorsque mon portable vibre.

Mon téléphone affiche un numéro inconnu. Tout de suite, je déverrouille le téléphone pour lire le SMS qui s’affiche.

Inconnu 4 h 57 : Tu es bien rentrée ? Désolée pour Mathias. Tu sais il s’est senti con après. Il m’a même demandé de vérifier si tu étais bien rentrée chez toi ? Bisous. Lola. Garde mon numéro…

Moi 4 h 58 : Salut Lola. Oui t’inquiète, Chloé m’a ramenée. Je suis désolée que ça se soit terminé comme ça.

Lola 4 h 58 : Mais non c’est rien. Ils sont protecteurs. Ils croient que leur petite sœur est un bébé et qu’elle n’a jamais embrassé de garçon ! Ce qui n’est pas vrai… Mais ça, ils ne sont pas obligés de le savoir !

Moi 4 h 59 : OK je suis rassurée ! Tu me diras pour demain ? J’aimerais bien te voir en dehors du travail !

Lola 5 h :Pas de soucis dors bien et te fais pas de bile pour Mathias en vrai il est adorable ! Par contre si je viens demain ça sera sous surveillance… Mais j’amènerai une amie à moi, je sais pas si tu as déjà vu Andréa. Elle est au manège pour enfant Aladdin.

Moi 5 h 1 :Non j’ai pas trop bougé dans la foire, tu sais. Je connais que ta famille et Étienne. Viens avec ton amie je serai ravie de la rencontrer. À demain j’espère.

***

Le soleil me réveille d’un coup. Je m’assois rapidement. Ce qui me fait tourner la tête. Je prends mon téléphone pour regarder l’heure. Je fais un bon du lit, 14 h !

— Oh mon dieu ! dis-je en me levant.

— Qu’est-ce qu’il t’arrive ? me demande maman en rentrant dans ma chambre avec du linge dans les bras.

— Tu as vu l’heure ?

— Oui il est quatorze heures et ?

— Et bien j’ai pas l’habitude de me lever aussi tard !

— Et bien, ça ne peut pas te faire de mal ! me dit ma mère en riant. Tu es trop sérieuse parfois ma belle ! C’est quand même tes vacances, prends le temps de te détendre.

Elle ouvre mon armoire pour déposer mon linge propre puis me demande :

— Comment s’est passé ton permis hier ?

— Quoi ?

— Ne fais pas l’innocente ! Je suis ta mère, je sais forcément tout de toi ! me dit-elle en riant. Et puis tu parles en dormant !

— N’importe quoi ! bougonné-je.

Mais je râle intérieurement. Je le sais que je parle la nuit mais j’avais espéré que cette manie me soit passée depuis le temps.

— Alors ? Comment c’était ? me demande-t-elle en me prenant dans ses bras.

— Alors, on verra bien ! Je pense que je me suis bien débrouillée… Et puis Paul m’a beaucoup aidée en me faisant conduire sur les parkings le soir… Faudra guetter la boîte aux lettres.

— Et ton programme de la journée ?

À ce moment, mon portable se met à vibrer.

Un SMS de Chloé :

Chloé 14 h 15 : Plage ?

Moi 14 h 15 : OK pas de soucis je te rejoins chez toi. On va où ?

Chloé 14 h 16 : Comme d’hab’ Plage de Torreilles !

Moi 14 h 16 : Pas de soucis je le dis à Lola je l’ai invitée à nous rejoindre.

Chloé 14 h 18 : Pas avec son frère au moins ? Il est lourd le mec.

Moi 14 h 18 : Ben elle viendra obligatoirement accompagnée ils la lâchent jamais…

Chloé 14 h 19 : Bon ben on fera avec. Au pire on se rincera l’œil il est pas dégueu Mathias… Mais je serai occupée j’ai invité mon blond canon d’hier soir à venir nous rejoindre !

Moi 14 h 20 : OK ! Lol. Ça promet.

***

Le soleil me chauffe la peau. Je suis bien, le brouhaha de la plage me berce. Didier est venu rejoindre Chloé, il a l’air sympa mais ils ne font que s’embrasser et ça commence à devenir gênant.

— Hé les filles ! Regardez qui je vous amène, nous interpelle Marc.

Je relève péniblement la tête. Et je vois arriver vers nous Marc, Lola qui est accompagnée par ses frères et son amie Andréa.

Je me relève pour dire bonjour à tout le monde. Marc me serre dans ses bras, en me faisant un gros bisou sur la joue en insistant plus que d’habitude. Puis je dis bonjour à Lola qui m’embrasse et me présente son amie. Je vais pour faire un signe à ses frères et je suis surprise par Mickaël qui me fait la bise. Et soudain, je me retrouve face à Mathias qui s’approche pour me faire également la bise. Je sens tout mon corps s’enflammer. Je recule un peu mal à l’aise, les joues en feux et je les invite à s’installer.

Chloé et Didier font un signe de la main à tout le monde et replongent dans leurs étreintes. Lola s’installe avec son amie à côté de moi. Les mecs prennent place en face et se mettent à discuter entre eux.

— Tu t’es déjà baignée ? me demande Lola.

— Non j’aime pas y aller seule.

— On y va alors, répond Andréa.

Elle se lève et se dirige déjà vers la mer. Je la regarde se déplacer. Elle a une grâce folle. Elle est de taille moyenne, avec de longs cheveux noirs. En même temps qu’elle marche, elle attache ses longs cheveux en un chignon lâche. En me relevant, je vois que tous les garçons la regardent marcher. Je râle intérieurement. J’aimerais bien être aussi jolie et aussi sûre de moi.

Je réajuste mon maillot de bain deux pièces et me dirige vers l’eau en compagnie de Lola.

— Elle est magnifique ton amie.

— Oui si tu le dis ! me répond Lola sur un ton neutre.

— T’as vu comment tous les mecs la regardent ? En même temps, je les comprends.

— Et toi, tu crois qu’ils te regardent comment les garçons ? me répond Lola.

Du coup, je ne réponds pas. Sa question me fait réfléchir. Elle continue.

— Jette un regard discret dans ton dos et tu verras, trois mecs te mater allègrement. Et tu ne peux pas dire que c’est moi qu’ils regardent car il s’agit du mec qui t’a enlacée hier en boîte et de mes deux frères !

Je regarde discrètement et effectivement les trois sont là, relevés sur leurs coudes nous regardant partir vers l’eau.

— Ça ne veut rien dire. Ils surveillent sûrement qu’il n’y ait pas de mec qui va venir t’accoster ou te regarder de trop près ! lui dis-je en rigolant.

— T’es bête !

L’eau est super bonne et c’est vraiment agréable. On se baigne tranquillement toutes les trois.

Andréa est super gentille et drôle. Soudain, Lola perd pied et finit sous l’eau. On a à peine le temps de réagir qu’Andréa et moi nous retrouvons également sous l’eau !

Je sens des mains enserrer mes chevilles, puis les mains remontent le long de mes jambes avant de finir sur mon ventre et m’aident à ressortir de l’eau. Je rejette la tête en arrière pour dégager mon visage tout en toussant. Mes deux amies toussent également puis se mettent à rire.

— Vous êtes fou ? lance Lola. J’ai eu peur !

— C’était trop tentant ! rigole Mathias.

J’en reste estomaquée. Mathias sait rigoler ? Il est là à jouer avec son frère et même avec Marc ! On s’éloigne un peu car leurs jeux nous éclaboussent.

— Sur les épaules ? demande Marc tout d’un coup.

— OK ! dis-je, en m’avançant vers eux.

Marc passe sous l’eau et me prend sur ses épaules. Les frères Suares font de même avec les filles. Mickaël porte sa sœur, du coup Mathias prend Andréa.