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Apres des recherches fouillées, une évidence s'est imposée a moi. Le dressage d'un etre humain est possible comme pour n'importe quel animal domestique! Certains vous conseilleront de commencer tôt. Je suis l'un de ceux-la. Plus tôt vous commencez a vous occuper activement de votre humain, le mieux ça sera. Je vous propose une méthode bien simple : offrez-lui une petite récompense a chaque fois qu'il vous donnera satisfaction... Voici donc la suite des aventures d'Aristote, le chat, qui vous emmene dans son quartier pour vous raconter la vie, la vraie.... < Une série de nouvelles charmantes: une par le chat, une par un humain ... on n'a pas les memes priorités! Tres poétique, drôle (attention a la chute, toujours inattendue !) et une tres belle écriture ... > Milou sur Amazon.fr
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Seitenzahl: 91
Veröffentlichungsjahr: 2018
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À Marc-André, mon frère
« J'avoue j'en ai bavé pas vous mon amour avant d'avoir eu vent de vous mon amour ne vous déplaise en dansant la Javanaise nous nous aimions le temps d'une chanson »
Serge Gainsbourg, La Javanaise
Ari a dit
Après des recherches fouillées, une évidence s'est imposée à moi. Le dressage d’un être humain est possible comme pour n’importe quel animal domestique. Certains vous conseilleront de commencer tôt. Je suis l’un de ceux-là. Plus tôt vous commencez à vous occuper activement de votre humain, le mieux ce sera.
Certaines personnes peuvent tout à fait être civilisées dès le départ, mais malheureusement elles font l’exception. Pour la plupart, il faut leur apprendre les gestes rudimentaires d’une vie féline. Et pour y parvenir, il suffit de répéter un exercice autant de fois qu’il le faut jusqu’à ce que votre humain ait saisi non seulement le sens, mais aussi à quel instant il lui faut appliquer l’acquis. Pour ce faire, voici une méthode bien simple : offrez-lui une petite récompense à chaque fois qu’il vous donnera satisfaction.
Vous verrez, les humains sont dotés d’une intelligence remarquable et il vous sera aisé, chers amis félins, de constater la rapidité avec laquelle ils apprennent.
Pour la récompense, ne vous cassez pas la tête. Donnez-lui le droit de vous caresser, de vous acheter des jouets ou des petites friandises. La plupart du temps ils seront heureux de pouvoir vous surprendre.
Quant à l’éducation en général, c’est comme faire sa toilette. Il faut tout d’abord se fixer un objectif (que doit-il ou elle apprendre ?). Ensuite on effectue un examen approfondi de la réalité tout en explorant les possibles (sera-t-il capable d’appliquer les leçons ? En comprendra-t-il le sens ?) Puis vient le moment d’étudier les options et les moyens à disposition (encadrement psychologique par exemple) et pour finir, établissez un plan d’action sans oublier d’évaluer le pourcentage de chances pour que chacune des tâches soit effectivement accomplie dans le délai souhaité.
Sur ce, mes amis, bien du plaisir. Et n’oubliez pas :
Il n’y a pas de méthode unique pour étudier les choses !
Patte bleue
Guélia
Une histoire d’amour
La nuit est un mouvement
Les négligeables
Un arbre heureux
Les cartes postales
Vouloir prouver les choses qui sont claires d’elles-mêmes, c’est éclairer le jour avec une lampe. L’histoire que je vais vous conter à présent commença un jour d’avril. Les bourrasques de l’hiver avaient depuis longtemps laissé la place à un vent plus doux qui amenait du renouveau un peu partout. Les premiers catalogues par correspondance remplissaient les boîtes aux lettres, vantant le changement de décor intérieur pour un mieux-être coloré. Pâques allait arriver et certains osaient à nouveau porter des couleurs. Mon charmant maître, bénie soit sa gamelle, a eu un sursaut d’imagination.
Je suis sûr que les oiseaux y étaient pour quelque chose, car il les observait durant des après-midi entiers, assis derrière son bureau, une feuille blanche devant lui, le stylo à la main et le regard qui se baignait dans la nouvelle luminosité du dehors. Puis, après quelques heures à ne rien faire, il secoua énergiquement la tête, lança le stylo sur la table et se leva d’un bond. Il a d’ailleurs failli me faire peur ce jour-là ! Je le vis se précipiter dans l’entrée où je l’entendis mettre une veste, puis prendre les clés dans la petite soucoupe. La porte claqua et le silence revint s’installer tout près de moi. Je remis ma tête entre mes pattes, m’enroulant dans mon calme retrouvé.
Une heure plus tard, il était de retour. Avec moult sacs en plastique. Il s’affaira derrière son bureau. Il avait acheté un encrier qu’il remplit d’un précieux liquide bleu. Puis il sortit une immense plume blanche qu’il y trempa. Ensuite il étala des livres de poésie un peu partout dans la pièce, sortit un immense bloc en papier à dessin et le mit à la place des feuillets habituels. Le voilà prêt à bâtir la plus grande œuvre de tous les temps. D’un œil aguerri il examina son espace de travail et je vis une forme de bonheur colorer ses joues. Par pure curiosité je me suis déplacé pour voir ce qu’il trafiquait.
Le voilà qui me vit arriver et qui s’exclama :
- Que de choses dans un encrier ! Quelle sera la première œuvre à en sortir ?
Moi, voyez-vous, la poésie, j’en fais tous les jours. Alors un encrier, cela ne m’émouvait pas plus que cela. Mais son air content me rassura. Mon humain s’est découvert sa nouvelle flamme dans une soirée art et poésie. Il fut d’abord question d’une rencontre avec deux jeunes femmes, l’une rousse, l’autre blonde, l’une étudiante en art et l’autre étudiante en mots. Elles lui ont trouvé un air de poète, un nez qui n’était pas sans rappeler celui de Cyrano, le regard clair d’un matin d’automne et l’esprit d’un Apollinaire. Le voilà qui était subjugué par tant de sollicitude à son égard. Un poète était né pendant cette nuit.
Mais au fond qu’est-ce qu’un poète ? Techniquement, c’est une personne qui écrit de la poésie. Dans une autre version, c’est quelqu’un qui a perdu quelque peu le sens des réalités. Mon humain commença à travailler de nuit. Assis sous la lumière d’une lampe, dès la nuit tombée, il écrivait des phrases pêle-mêle. À l’aide d’un dictionnaire de rimes il retravaillait ses vers, comptait les pieds, biffait des mots par-ci et par-là. Avec l’aide du dictionnaire des synonymes il rafistolait le texte en suant. Puis il recopiait les ratures sur une nouvelle page et ainsi de suite. Des idées, il en avait, des sentiments à faire partager aussi. Pendant une semaine il vit ainsi poindre le jour. Le huitième matin il décida d’aller dans une librairie chercher une sorte d’inspiration.
Il en revint avec plusieurs livres dans lesquels il se plongea immédiatement. Il y en avait sur l’inspiration et comment faire pour la débloquer. Il y en avait sur la poésie en général, comment elle se composait, comment l’interpréter. Au bout d’une autre semaine de souffrances, des cernes s’étaient installés autour de ses yeux fatigués. Je l’ai trouvé dans son bureau, endormi sur son tas de feuilles et je lui ai léché l’oreille. L’heure de mon repas avait sonné et je n’aime pas être en retard aux rendez-vous importants.
D’un œil éreinté il me confia, tout en préparant mon bol matinal, qu’il avait de la peine avec la poésie. Il n’arrivait pas à écrire comme il le fallait. Pourtant, il était poète. Il sentait qu’il avait eu, à travers cette rencontre inouïe, la révélation de sa destinée. Je l’ai écouté attentivement jusqu’au moment où il posa ma gamelle devant moi. Et puis je me suis inspiré d’une autre forme de poésie, celle pour les gourmands.
Deux jours plus tard, il revint le soir, tout motivé et prêt à s’investir corps et âme pour son karma. Il s’était inscrit à une réunion de poésie. Tous les premiers mercredis du mois, une bande de poètes se retrouvaient dans un restaurant du quartier pour y discuter. L’un d’eux l’avait non seulement invité, mais encouragé à présenter quelques-uns des poèmes de son cru. Mon cher maître avait donc quelques jours pour préparer son intervention. Forcément il devait y avoir quelque chose si un poète l’invitait. Ce n’était pas une jeune étudiante rousse qui ne connaissait la poésie que par les livres, mais quelqu’un qui la vivait tous les jours ! Il reçut comme une sorte de promotion littéraire ce jour-là. Il reprit son écriture de plus belle, remplit des pages et des pages. Écrivit beaucoup, en jeta beaucoup aussi. Au final, il choisit quatre de ses poèmes qu’il remit au propre une énième fois avant de les rouler, comme on le faisait à une certaine époque avec les manuscrits. Un ruban rouge de Noël dernier enserrait l’ensemble.
À son air enivré, lorsqu’il rentra de sa première soirée poétique, je conclus qu’il avait touché quelques étoiles d’espoir. Je l’entendis me raconter avec une haleine alcoolisée sa folle soirée, combien ils avaient aimé les poèmes. L’un d’entre eux lui avait même refilé une vieille carte de visite, qu’il agita devant mes yeux comme un trophée. Il était temps de penser à une publication et donc à un agent. Celui-ci ne s’occupait pas uniquement de littérature, mais d’art en général, et saurait, tout comme les autres, reconnaître le talent qu’il avait assurément. Mon grand humain voulut l’inviter un soir, pour savourer sa réaction lorsque celui-ci découvrirait son œuvre. Chose décidée, chose faite !
Les nuits suivantes, il les passa à écrire et à parfaire sa première publication. Puis d’un air grave et résolu, il prit le combiné de téléphone et appela le destin à son chevet d’artiste. Étonnamment l’agent en question fut très vite disponible. Je n’ai rien dit, mais il me semblait qu’un agent en vogue n’a pas beaucoup de disponibilités. Mais bon. Mon humain rêvait de devenir célèbre et moi j’aimais le voir dans une telle euphorie. Lorsque le matin pointa son nez aux fenêtres de l’appartement, mon ami érigea les feuilles en une pile qu’il plaça au milieu de son bureau, mit l’encrier en haut à droite et la plume dans l’encrier. Puis, tout en sifflotant, il mit son manteau, se fit un clin d’œil dans le miroir et partit pour sa journée. C’était le jour J. On allait pouvoir enfin le découvrir. En passant devant la grande librairie il guigna les ouvrages exposés, vit les bandes rouges sur lesquelles on pouvait lire « découverte de l’année » ou encore « coup de cœur des libraires » ou mieux encore « Prix des lecteurs 2010 ». Alors, il imagina sa photo sur l’une d’elle, son nom sur la couverture.
Plus que quelques heures à attendre la gloire !
La journée était radieuse. Du soleil en veux-tu en voilà. Très vite j’ai décidé d’aller faire ma sieste sur son bureau. J’ai toujours prétendu qu’il avait eu une excellente idée en installant sa place de travail devant la grande fenêtre. J’avais tout le loisir de m’étaler. Et la pile de papier rendait la surface un peu plus douce, raison pour laquelle je me suis très vite endormi. C’était peut-être aussi la raison pour laquelle j’ai rêvé poétiquement d’une jolie petite créature féline aux grands yeux en amende, couleur d’automne.
Je me suis réveillé. Je me suis étiré. Et puis j’ai décidé d’aller manger un petit quelque chose. Malgré tout, j’ai fait un arrêt au coin de la table, car une patte me grattait. Alors, je l’ai léchée un petit moment, puis de fil en aiguille, dans un accès de propreté, je me suis attaqué au reste du pelage encore tout chaud. Que je peux être doux quelquefois ! Sauf que voilà, je ne sais pas si vous connaissez le problème de la queue chez un chat.