Pensées sans ordre concernant l'amour de Dieu - Simone Weil - E-Book

Pensées sans ordre concernant l'amour de Dieu E-Book

Simone Weil

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Beschreibung

Nouvelle edition 2024
L’engage de plusieurs intellectuelle, surtout, Albert Camus, était de sensibiliser et de diffuser la plupart des écrits de Simone Weil, faisant d'elle un “ami-amant à titre posthume”, beaucoup à chérir une image de Simone sur son bureau. Et pourtant, quand Camus a reçu le Prix Nobel en 1957, entre les auteurs vivants les plus importants pour lui, il a citè Simone Weil "parfois les morts sont plus proches de nous des vivants", croyant la pensée de Simon comme un antidote au nihilisme contemporain. Une femme que dans le radical pureté a connu l'enthousiasme et de la dépression, de l'ecstasy et de désespoir, offrant simplement le discernement des esprits dans le dialogue avec ses interlocuteurs. Pas quelques-uns parmi ses innombrables lecteurs ont connu la force de son espoir et reconnu une dette spirituelle à elle. Même dans ces «pensées en désordre" nous trouvons la force de sa pensée, sa tension vers l'infini, la recherche d'un amour qui englobe tout de Dieu pour tous.

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Simone Weil

L’educazione interiore

KKIEN Publ. Int. est une marque de KKIEN Enterprise srl

[email protected]

www.kkienpublishing.it

Première édition digitale: 2015

Couverture: image de Simone Weil jeune

ISBN 978-88-99214-418

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Indice

LA PORTE

PENSÉES SANS ORDRE CONCERNANT L'AMOUR DE DIEU

LE CHRISTIANISME ET LA VIE DES CHAMPS

RÉFLEXIONS SANS ORDRE SUR L'AMOUR DE DIEU

ISRAËL ET LES GENTILS

LETTRE À DÉODAT ROCHÉ

QUESTIONNAIRE

LETTRE À JOË BOUSQUET

L'AMOUR DE DIEU ET LE MALHEUR

PAGES RETROUVÉES FAISANT SUITE À L'AMOUR DE DIEU ET LE MALHEUR

FRAGMENT D'UNE LETTRE À MAURICE SCHUMANN

THÉORIE DES SACREMENTS

DERNIER TEXTE

Les textes intitulés Pensées sans ordre concernant l'amour de Dieu, Le Christianisme et la vie des champs, Réflexions sans ordre sur l'amour de Dieu et Israël et les Gentils ont été retrouvés dans les papiers de Simone Weil, qui les a probablement écrits à Marseille entre octobre 1940 et mai 1942. Le second de ces textes, Le Christianisme et la vie des champs, a été publié dans La Vie intellectuelle en juillet 1953. Le quatrième, Israël et les Gentils, était sans doute destiné à faire partie d'un travail plus long, car Simone Weil avait inscrit au début le chiffre I.

(Il en était peut-être de même des Pensées sans ordre et des Réflexions sans ordre, deux titres entre lesquels Simone Weil semble avoir hésité pour désigner un recueil qui aurait pu contenir non seulement les pensées mises sous ces titres mais beaucoup d'autres.)

La lettre à Déodat Roché, que Simone Weil a datée par erreur du 23 janvier 1940, a été écrite en réalité le 23 janvier 1941, comme le montre le début. C'est à Marseille en effet que Simone Weil est entrée en relations avec Jean Ballard, le directeur des Cahiers du Sud. Cette lettre a été publiée dans les Cahiers d'études cathares, nº 2, 1949, et de nouveau dans le no 19 de ces mêmes cahiers en 1954.

Le Questionnaire a été remis par Simone Weil à Dom Clément, bénédictin, quand elle le consulta sur des problèmesreligieux à l'abbaye d'En-Calcat, au début d'avril 1942, pendant la Semaine sainte.

La lettre à Joë Bousquet est la troisième des lettres que Simone Weil lui écrivit en avril et mai 1942, et que Jean Ballard a publiées dans les Cahiers du Sud (no 304, 1950). Sur sa rencontre avec Joë Bousquet, Ballard donne les renseignements suivants dans la notice qui précède ces lettres: «Rappelons que la rencontre Simone Weil-Joë Bousquet eut lieu sur le désir de la première, qui se rendait à l'abbaye d'En-Calcat, à Dourgnes, pour assister aux offices de la Semaine sainte, et que Simone Weil nous avait demandé de l'accompagner jusqu'au chevet de notre ami. Il était bien deux heures du matin quand le train nous déposa à Carcassonne; le reste de la nuit s'écoula en entretiens passionnés. Au petit jour, Simone Weil consentit à s'étendre sur une natte, dans une petite chambre voisine, refusant tout confort comme à l'ordinaire. Quelques heures après, elle devait repartir pour se rendre à l'abbaye. Nous croyons bien que les deux correspondants ne se revirent jamais».

Les pages sur L’Amour de Dieu et le malheur, retrouvées il y a peu d'années parmi les papiers de Simone Weil, font suite à un texte publié par le Père Perrin dans Attente de Dieu (1950, pp. 124-141). Le début en est identique, sauf quelques variantes, aux dernières pages de ce texte; le reste en est inédit. Nous avons pu reproduire ici, grâce à l'obligeance des éditeurs de La Colombe, le texte publié par le Père Perrin, de sorte que les pages retrouvées pourront être lues en rapport avec ce qui les précède. Comme le texte publié par le Père Perrin lui avait été remis par Simone Weil quelques jours avant son départ de Marseille (cf. Attente de Dieu, p. 124), les pages qui font suite à ce texte ont dû être écrites soit vers la fin du séjour de Simone à Marseille, soit à Casablanca ou sur le bateau qui la transportait en Amérique, soit même à New York.

La Théorie des sacrements, écrite à Londres en 1943, fut envoyée par Simone Weil à Maurice Schumann, avec unelettre dont on trouvera un extrait au début de ce texte. Cette Théorie des sacrements a été publiée, avec une introduction de Maurice Schumann, dans Réalités, en mai 1958.

Le Dernier Texte enfin a été retrouvé grâce aux Pères Florent et Le Baut, dominicains. Le premier l'avait reçu, à la fin de  1944 ou au début de 1945, d'une jeune fille dont il a oublié le nom. Celle-ci le lui avait confié en lui disant qu'il était d'une de ses amies (qu'elle n'avait pas nommée) et en lui demandant ce qu'il en pensait. Le Père Florent le jugea d'un très grand intérêt, et, comme la jeune fille n'était pas revenue le chercher, il le conserva soigneusement. Plus tard, parlant avec le Père Le Baut à Alger, au sujet de Simone Weil, et voyant des facsimilés de son écriture, il fut frappé de la similitude de pensée, de style, d'écriture avec le document qu'il avait gardé. Persuadé, non sans raison, qu'il était de Simone Weil, il en fit don à la Bibliothèque Nationale par l'intermédiaire du Père Le Baut. Il semble que Simone Weil l'ait écrit dans les tout derniers temps de sa vie.

On a placé en tête de ce recueil La Porte, poème de Simone Weil.

LA PORTE

Ce monde est la porte fermée. C'est une barrière, et en même temps c'est le passage.

Simone WEIL, Cahiers, t. III, p. 121.

Ouvrez-nous donc la porte et nous verrons les vergers,

Nous boirons leur eau froide où la lune a mis sa trace.

La longue route brûle ennemie aux étrangers.

Nous errons sans savoir et ne trouvons nulle place.

Nous voulons voir des fleurs. Ici la soif est sur nous.

Attendant et souffrant, nous voici devant la porte.

S'il le faut nous romprons cette porte avec nos coups.

Nous pressons et poussons, mais la barrière est trop forte.

Il faut languir, attendre et regarder vainement.

Nous regardons la porte; elle est close, inébranlable.

 Nous y fixons nos yeux; nous pleurons sous le tourment;

Nous la voyons toujours; le poids du temps nous accable.

La porte est devant nous; que nous sert-il de vouloir?

Il vaut mieux s'en aller abandonnant l'espérance.

Nous n'entrerons jamais. Nous sommes las de la voir...

La porte en s'ouvrant laissa passer tant de silence

Que ni les vergers ne sont parus ni nulle fleur;

Seul l'espace immense où sont le vide et la lumière

Fut soudain présent de part en part, combla le coeur,

PENSÉES SANS ORDRE CONCERNANT L'AMOUR DE DIEU

Il ne dépend pas de nous de croire en Dieu, mais seulement de ne pas accorder notre amour à de faux dieux. Premièrement, ne pas croire que l'avenir soit le lieu du bien capable de combler. L'avenir est fait de la même substance que le présent. On sait bien que ce qu'on a en fait de bien, richesse, pouvoir, considération, connaissances, amour de ceux qu’on aime, prospérité de ceux qu'on aime, et ainsi de suite, ne suffit pas à satisfaire. Mais on croit que le jour où on en aura un peu plus on sera satisfait. On le croit parce qu'on se ment à soi-même. Car si on y pense vraiment quelques instants on sait que c'est faux. Ou encore si on souffre du fait de la maladie, de la misère ou du malheur, on croit que le jour où cette souffrance cessera on sera satisfait. La encore, on sait que c'est faux; que dès qu'on s'est habitué à la cessation de la souffrance on veut autre chose. Deuxièmement, ne pas confondre le besoin avec le bien. Il y a quantité de choses dont on croit avoir besoin pour vivre. Souvent c'est faux, car on survivrait à leur perte. Mais même si c'est vrai, si leur perte peut faire mourir ou du moins détruire l'énergie vitale, elles ne sont pas pour cela des biens. Car personne n'est satisfait longtemps de vivre purement et simplement. On veut toujours autre chose. On veut vivre pour quelque chose. Il suffit de ne pas se mentir pour savoir qu'il n'y a rien ici-bas pour quoi on puisse vivre. Il suffit de se représenter tous ses désirs satisfaits. Au bout de quelque temps, on serait insatisfait. On voudrait autre chose, et on serait malheureux de ne pas savoir quoi vouloir.

Il dépend de chacun de garder l'attention fixée sur cette vérité.

Par exemple les révolutionnaires, s'ils ne se mentaient pas, sauraient que l'accomplissement de la révolution les rendrait malheureux, parce qu'ils y perdraient leur raison de vivre. De même pour tous les désirs.

La vie telle qu'elle est faite aux hommes n'est supportable que par le mensonge. Ceux qui refusent le mensonge et préfèrent savoir que la vie est intolérable, sans pourtant se révolter contre le sort, finissent par recevoir du dehors, d'un heu situé hors du temps, quelque chose qui permet d'accepter la vie telle qu'elle est.

Tout le monde sent le mal, en a horreur et voudrait s'en délivrer. Le mal n'est ni la souffrance ni le péché, c'est l'un et l'autre à la fois, quelque chose de commun à l'un et à l'autre; car ils sont liés, le péché fait souffrir et la souffrance rend mauvais, et ce mélange indissoluble de souffrance et de péché est le mal où nous sommes malgré nous et où nous avons horreur de nous trouver.

Le mal qui est en nous, nous en transportons une partie sur les objets de notre attention et de notre désir. Et ils nous le renvoient comme si ce mal venait d'eux. C'est pour cela que nous prenons en haine et en dégoût les lieux dans lesquels nous nous trouvons submergés par le mal. Il nous semble que ces lieux mêmes nous emprisonnent dans le mal. C'est ainsi que les malades prennent en haine leur chambre et leur entourage, même si cet entourage est fait d'êtres aimés, que les ouvriers prennent parfois en haine leur usine, et ainsi de suite.

Mais si par l'attention et le désir nous transportons une partie de notre mal sur une chose parfaitement pure, elle ne peut pas en être souillée; elle reste pure; elle ne nous renvoie pas ce mal; ainsi nous en sommes délivrés.

Nous sommes des êtres finis; le mal qui est en nous est aussi fini; ainsi au cas où la vie humaine durerait assez longtemps, nous serions tout a fait sûrs par ce moyen de finir par être un jour, dans ce monde même, délivrés de tout mal.

Les paroles qui composent le Pater sont parfaitement pures. Si on récite le Pater sans aucune autre intention que de porter sur ces paroles mêmes la plénitude de l'attention dont on est capable, on est tout à fait sûr d'être délivré par ce moyen d'une partie, si petite soit-elle, du mal qu'on porte en soi. De même si on regarde le Saint-Sacrement sans aucune autre pensée, sinon que le Christ est là; et ainsi de suite.

Il n'y a de pur ici-bas que les objets et les textes sacrés, la beauté de la nature si on la regarde pour elle-même et non pas pour y loger ses rêveries, et, à un degré moindre, les êtres humains en qui Dieu habite et les œuvres d'art issues d'une inspiration divine.

Ce qui est parfaitement pur ne peut pas être autre chose que Dieu présent ici-bas. Si c'était autre chose que Dieu, cela ne serait pas pur. Si Dieu n'était pas présent, nous ne pourrions jamais être sauvés. Dans l'âme où s'est produit un tel contact avec la pureté, toute l'horreur du mal qu'elle porte en soi se change en amour pour la pureté divine. C'est ainsi que Marie-Madeleine et le bon larron ont été des privilégiés de l'amour.

Le seul obstacle à cette transmutation de l'horreur en amour, c'est l'amour-propre qui rend pénible l'opération par laquelle on porte sa souillure au contact de la pureté. On ne peut en triompher que si on a une espèce d'indifférence à l'égard de sa propre souillure, si on est capable d'être heureux, sans retour sur soi-même, à la pensée qu'il existe quelque chose de pur.

Le contact avec la pureté produit une transformation dans le mal. Le mélange indissoluble de la souffrance et du péché ne peut être dissocié que par lui. Par ce contact, peu à peu la souffrance cesse d'être mélangée de péché; d'autre part le péché se transforme en simple souffrance. Cette opération surnaturelle est ce qu'on nomme le repentir. Le mal qu'on porte en soi est alors comme éclairé par de la joie.

Il a suffi qu'un être parfaitement pur se trouve présent sur terre pour qu'il ait été l'agneau divin qui enlève le péché du monde, et pour que la plus grande partie possible du mal diffus autour de lui se soit concentrée sur lui sous forme de souffrance.

Il a laissé comme souvenir de lui des choses parfaitement pures, c'est-à-dire où il se trouve présent; car autrement leur pureté s'épuiserait à force d'être au contact du mal.

Mais on n'est pas continuellement dans les églises, et il est particulièrement désirable que cette opération surnaturelle du transport du mal hors de soi puisse s'accomplir dans les lieux de la vie quotidienne et particulièrement sur les lieux du travail.

Cela n'est possible que par un symbolisme permettant de lire les vérités divines dans les circonstances de la vie quotidienne et du travail comme on lit dans les lettres des phrases écrites qui les expriment. Il faut pour cela que les symboles ne soient pas arbitraires, mais qu'ils se trouvent écrits, par l'effet d'une disposition providentielle, dans la nature même des choses. Les paraboles de l'Évangile donnent l'exemple de ce symbolisme.

En fait il y a analogie entre les rapports mécaniques qui constituent l'ordre du monde sensible et les vérités divines. La pesanteur qui gouverne entièrement sur terre les mouvements de la matière est l'image de l'attachement charnel qui gouverne les tendances de notre âme. La seule puissance capable de vaincre la pesanteur est l'énergie solaire. C'est cette énergie descendue sur terre dans les plantes et reçue par elles qui leur permet de pousser verticalement de bas en haut. Par l'acte de manger elle pénètre dans les animaux et en nous; elle seule nous permet de nous tenir debout et de soulever des fardeaux. Toutes les sources d'énergie mécanique, cours d'eau, houille, et très probablement pétrole, viennent d'elle également; c'est le soleil qui fait tourner nos moteurs, qui soulève nos avions, comme c'est lui aussi qui soulève les oiseaux. Cette énergie solaire, nous ne pouvons pas aller la chercher, nous pouvons seulement la recevoir. C'est elle qui descend. Elle entre dans les plantes, elle est avec la graine ensevelie sous terre, dans les ténèbres, et c'est là qu'elle a la plénitude de la fécondité et suscite le mouvement de bas en haut qui fait jaillir le blé ou l'arbre. Même dans un arbre mort, dans une poutre, c'est elle encore qui maintient la ligne verticale; avec elle nous bâtissons nos demeures. Elle est l'image de la grâce, qui descend s'ensevelir dans les ténèbres de nos âmes mauvaises et y constitue la seule source d'énergie qui fasse contrepoids à la pesanteur morale, la tendance au mal.

Le travail du cultivateur ne consiste pas à aller chercher l'énergie solaire ni même à la capter, mais à tout aménager de manière que les plantes capables de la capter et de nous la transmettre la reçoivent dans les meilleures conditions possibles. L'effort qu'il fournit dans ce travail ne vient pas de lui, mais de l'énergie qu'a mise en lui la nourriture, c'est-à-dire cette même énergie solaire enfermée dans les plantes et la chair des animaux nourris de plantes. De [...]