Pépé cabot, politic' no correct ! - Alain Rességuier - E-Book

Pépé cabot, politic' no correct ! E-Book

Alain Rességuier

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Beschreibung

Un chien et son maître.
Regards croisés sur deux vies.
Deux lascars curieux auxquels rien n’échappe !
Un maître cogite sur la fin de vie de son chien !
Pourquoi la mort, sujet tabou, devrait-elle être triste ?
Une preuve du contraire avec cet hymne à la liberté !
Surtout quand un labrador conduit avec dérision, l’histoire d’un chien devenu malgré lui « chien du maire ».
Une chronique du siècle passé, grapillées au bord du Léman, de Genève à Versoix, village devenu petite ville à la campagne.
Avec ses habitués des bistrots, distillant profusion d’anecdotes
réalistes ou utopiques, romantiques ou poétiques !
Le chien a tout entendu !


À PROPOS DE L'AUTEUR

Alain Rességuier - L’auteur, né en 1939, a été Conseillé Administratif de la commune de Versoix de 1995 à 2003. Il fût Maire durant 3 années, dont en 2000, pour entrer dans le nouveau millénaire !

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Alain Rességuier

Pépé cabot Politic’no correct!

© 2023, Alain Rességuier.

Reproduction et traduction, même partielles, interdites.Tous droits réservés pour tous les pays.

ISBN 9782940723768

…j’ai réalisé que je parlais à un chien…J’ai dit : Tiens ! Tu n’es qu’une bête,je ne veux pas discuter avec toi !Enfin quoi ! Un chien qui parle !Est-ce que j’aboie moi ?Quoique…Quoique…

Raymond Devos(Extrait de son sketch : Mon chien ‒1971)

Il faut toujours abuser de sa liberté.

Paul Eluard

D’accord, mais à condition d’admettre que la libertéde chacun se limite à celle de son voisin !(Citation populaire que Dab a faite sienne.)

1

Jour de fête

Un dimanche de printemps de la dernière décennie du XXe siècle

On a gagné – Dab est élu !

Dab, c’est mon patron, je l’ai appelé ainsi dès notre première rencontre, il y a près de deux ans. Ce n’est pas le nom figurant sur les panneaux électoraux. Ne demandez pas à un chien, même intelligent, de comprendre les subtilités des bipèdes. Dab, ça sonne clair, doux et juste. J’avais senti tout de suite qu’on s’entendrait bien. Nous venions tous deux d’un milieu modeste, ni l’un, ni l’autre n’avait connu une enfance dans la literie en soie. Auparavant j’avais bourlingué près d’une année dans un monde bigarré bruyant et chahuté, peuplé d’une tribu originale, où chacun ne vivait que pour soi, dans un fracas tapageur et fumeux.

Dab me parle régulièrement, souvent sans attendre de réponse, il m’a dit que ce n’était pas important, ses paroles sont aussi destinées aux personnes qui nous écoutent. Même que parfois il ajoute plein de détails, prétextant que l’imprécision crée des malentendus, qui poussent les hommes à faire la guerre, dit-il. C’est vrai qu’il connaît beaucoup de choses importantes, mais il m’a aussi avoué que mes propos contiennent une sagesse qu’il ne trouve pas toujours chez ses semblables. Je ne saisis pas toutes les finesses du langage humain, mais Dab a compris que si je ne hoche pas la tête, il peut poursuivre son discours.

J’ai été accueilli dans sa maison, sa famille, et surtout son grand village : Versoix1 avec son lac, sa rivière et ses forêts et d’emblée, il m’a expliqué que j’entrais dans la Cité de la Tolérance, comme l’avait nommée Voltaire, un vieux monsieur mort depuis longtemps, qui souhaitait construire une cité plus grande que Genève. Il m’avait dit entre nous, qu’il serait peut-être le premier maire de cette nouvelle ville, car il ne manquait que quelques centaines d’habitants pour transformer le village en ville ! Il ajouta en me caressant entre les deux oreilles : la tolérance c’est accepter les différences, mais cela ne veut pas dire que tout est permis !

Bravo pour Dab, mais avouez que j’ai le droit d’être fier, me voilà devenu chien du maire ! Ma photo était sur son programme. Il l’avait bricolé lui-même avec son ordi, l’équipe de communication n’était pas encore à la mode et de toute façon, ses finances ne lui auraient pas permis de l’engager. Sa bonne idée fût de m’associer à sa campagne électorale. J’avais illico été enthousiaste. Il voulait créer des espaces réservés aux chiens et souhaitait mon avis. J’avais compris son jeu et comme jouer est une de mes principales qualités, je n’ai pas pu refuser, surtout lorsqu’il vantait mes mérites. Il disait qu’en tant que meilleur ami de l’homme, un chien ne peut pas avoir d’antécédent politique, nationaliste ou religieux. Pour moi, ces mots sentaient fortement épicés, ou au contraire trop doucereux. Surtout ils ne me donnaient aucune envie de les manger, malgré mon éternelle faim. Je le voyais heureux de ne pas me voir fréquenter ce genre d’énergumène, cela suffisait pour que je le suive dans cette aventure. Il avait surtout calculé que cela éliminerait bon nombre de coups de crayon sur son nom dans les bulletins de vote. En plus, si tous les citoyens possédant un chien soutenaient son initiative, il ferait le plein de voix. Il pensait avoir trouvé un sujet fort, promettant plus de liberté pour les humains, sans oublier leurs compagnons à quatre pattes, les chiens ! Voltaire avait plaidé pour la liberté de conscience, Dab serait concret et m’avait dit à l’oreille :

– J’autoriserai les chiens à gambader heureux sans être obligé d’être tenu en laisse, car si cela continue, il n’y aura bientôt que les renards, les sangliers et les cerfs qui se promèneront tranquillement dans les bois ! m’avait-il dit en bougonnant, renforçant cette affirmation par : un jour, les loups et les ours viendront se balader librement en ville, protégés par un parti recréant le paradis. J’ai foncé dans sa combine ! Il attaquait tous les problèmes en fonçant, et moi évidemment, je le suivais n’importe où, à son rythme.

Que la personne qui n’a jamais cru les promesses d’un futur politicien, me lance un os !

2

Atterrissage d’urgence

Onze ans plus tard, le XXIe siècle est déjà bien entamé !

Une vieille histoire, la page est tournée, Dab n’en parle presque plus. Une fois, il m’avait confié que sa vocation politique était née avec Coluche, mais qu’il n’aurait pas osé faire le clown, par égard aux traditions du pays qui l’avait naturalisé. Ses parents français appréciaient l’humour des chansonniers et lui, malgré sa naissance dans l’austère Genève, se régalait de ce comique visitant les politiciens. Il m’avait alors demandé de tenir le rôle à sa place. J’avais aussitôt été très bon pour divertir le public, rapidement j’étais devenu une vraie vedette. Je l’aidais à entrer en discussion avec ses administrés.

De la première législature de quatre ans, je ne retiendrai que l’histoire liée à Pamina, une copine teckel qui m’avait prise en amitié. On se voyait souvent car nos maîtres partageaient le goût de l’Art et se rencontraient régulièrement. Jean2 était artiste peintre et avait créé une tapisserie pour la salle du conseil. Il l’avait intitulée « Prises de bec », en voyant les mouettes au bord du lac. Mon maître l’avait inaugurée et le soir, il en parlait encore. Il m’avait raconté qu’il espérait que ce titre n’entraînerait pas les conseillers dans des débats stériles. Il craignait d’être tenu pour responsable d’agitations querelleuses en ce lieu ! Il m’avait alors sorti son joker en rappelant qu’il avait été, il y a près de vingt ans, l’architecte du bâtiment et qu’il avait placé du côté public, la chouette de Pitch3 un autre copain sculpteur, afin qu’elle donne le bon exemple aux municipaux. N’était-elle pas l’oiseau de la sagesse, reconnue pour percevoir et entendre les tromperies et même les arrière-pensées. Une sacrée garantie pour une sereine conduite des affaires publiques ? Dab me lit parfois des fables de la Fontaine, affirmant que c’est le seul livre qu’un chien devrait connaître, car il décrit toutes les règles de conduite, touchant les extrémités du bien et du mal dans les relations avec nos semblables. Appliquée aux animaux ou aux humains, la conclusion est toujours claire et précise.

Pour la seconde législature, il avait attaqué la campagne électorale sans exiger que je remette le nez rouge. Cela se passa moins bien, il ne termina que deuxième. Il était cependant conscient que ce n’était pas ma faute, il avait été dépassé par une candidate portée par une vague féministe, la première à gagner ce poste. Il l’avait bien accueillie, car son enfance s’était passée dans une famille composée uniquement de femmes, qui lui avait appris à confronter ses idées avec la gent féminine.

Cependant, pour le troisième mandat, il déclara qu’il atteignait l’âge de la retraite et voulait laisser la place à de plus jeunes forces. Un bruit courait que l’échec du relogement des forains et des gens du voyage l’avait découragé, alors qu’il en avait simplement retiré quelques sages réflexions, sur la limite de la démocratie face à la nature humaine. Je n’ai pas visité ce camp avec Dab qui me disait qu’il y avait déjà trop de chiens. Sans moi, il s’était cependant fait de nombreux amis à quatre pattes autour des roulottes. Mes confrères avaient dû sentir que le courant passait avec leur maître ! Ce n’était pas le cas de certains fonctionnaires qui géraient le terrain et qui, n’osant plus pénétrer dans le lieu, lui demandaient de les accompagner. En politique, il faut prendre le temps d’expliquer pour modifier les préjugés des citoyens amateurs de rumeurs. Du reste des prédécesseurs s’étaient déjà cassé les dents sur ce délicat dossier. Il avait triplé d’épaisseur lorsqu’il le déposa sur le bureau de sa collègue qui accepta de reprendre l’affaire. Avec délicatesse et discrétion, elle réussit ce lourd défi, sans lui rappeler son échec. Elle ne l’invita pas à l’inauguration, inutile de raviver cet amer souvenir. Il apprécia ce silence !

Ce retour aux activités privées devenait une nécessité pour regarnir le porte-monnaie de l’architecte. Il avait passé plus de temps à la mairie que dans son atelier pour gérer les difficultés de la petite ville qu’elle était effectivement devenue. Malgré cette promotion, son salaire était resté au niveau villageois. Un ancien l’avait prévenu qu’à part les bons souvenirs, la seule récompense d’un maire est uniquement l’honneur d’avoir porté l’écharpe rouge et jaune. Les employés, une équipe restreinte devaient se démultiplier pour remédier au personnel manquant à plusieurs postes. Il a été le premier à créer un organigramme pour expliquer que deux chefs de service se répartissaient toutes les tâches, avec un secrétaire général aux limites permanentes de la rupture.

J’ai partagé ses soucis pécuniaires, car il craignait de ne plus pouvoir remplir ma gamelle, vu qu’il n’existait pas de caisse de retraite pour les maires. Elle arriva seulement après son départ, il était heureux de l’avoir préparée pour ses successeurs.

Je connais toutes ces histoires, car je suis le seul à l’écouter dans ses rêveries à voix haute, c’est souvent en voiture, en voyant un lieu ou une maison qu’un souvenir lui revient en mémoire. Il aime décrire l’historique de sa ville et la vie de ses habitants. En forêts ou en longeant les champs agricoles, il est moins bavard, certainement qu’il a compris que pour ces espaces verts, j’en sais plus que lui, je les ai tous visités dans les moindres recoins.

Une fois, en passant devant les églises, assez proches l’une de l’autre, il était revenu sur sa première impression en arrivant dans ce village, il y a près de cinquante ans. Il se plaît à dire que l’esprit de Voltaire a longtemps flotté dans les discussions. Des résidus des guerres de religion, pourtant finies au xixe siècle, brûlaient encore dans bien des domaines. Dans le village, cela ne concernait pas uniquement les églises, les deux écoles de confessions chrétiennes venaient de fermer, mais les partis politiques, les sociétés de loisirs ou certains négociants affichaient discrètement leur conviction en favorisant les clients qui en connaissaient les rouages. Certains citoyens fréquentaient un trottoir selon la religion du commerçant, boulangerie ou boucherie. L’arrivée des grandes surfaces a fini par détourner le problème, mais les sociétés de musique ou de gymnastique existèrent longtemps à double. C’est dans ce climat que Dab avait débuté ses relations avec des indigènes prudents à l’égard du nouvel arrivant qu’il était alors. Des bribes de cet état d’esprit flottèrent longtemps, j’ai vécu un épisode au début de son mandat, lorsqu’un soir, il rentra à la maison, renfrogné presque fâché, il avait dû défendre une petite suédoise qui venait d’arriver à Versoix, en portant le chiffre dix mille dans le registre des naissances. Grâce à elle, Versoix obtenait enfin le statut de ville, mais quelques vieilles familles du village auraient préféré un enfant de leur lignée. Il m’avait pris à partie :

– Selon moi, c’est parfaitement normal qu’une étrangère représente le futur d’une ville abritant près de cent vingt nationalités différentes.

Par chance, les chiens ne connaissaient pas ces sentiments. Ils vivaient en toute liberté, l’eau du lac ou de la rivière était la même pour tout le monde, et leurs longues baignades ou leurs folles courses en forêt, n’avaient pas de réglementation, donc aucune limite. Lorsqu’un boucher leur lançait un os, ils le défendaient sans ressentir une différence de goût due à son appartenance politique ou religieuse. Que ce soient les fortes chaleurs de l’été ou que l’hiver transforme les quais du bord du lac en sculptures de glace, les chiens se retrouvaient, indifféremment de leur pedigree pour vivre leurs aventures sans adrénaline. J’ai eu l’occasion de rencontrer quelques vieux quadrupèdes qui avaient survécu à une vie débauchée dans le Bourg et qui m’ont raconté cette époque. Pour ma part, c’est plutôt mon optimisme naturel qui m’a permis de traverser la vie, plus facilement que la route principale me permettait d’atteindre le lac.

Dab avait pris officiellement sa retraite, mais ses occupations étaient encore chargées. Il avait fermé son atelier d’architectes au passage du millénaire et poursuivit une activité de conseiller devant son ordi, dans un coin de son grenier, juste à côté de son atelier de peintre. Pour moi, ce changement fut formidable, vivre tranquillement à son côté, lui a permis de me parler régulièrement. Je suis devenu son confident attentif, car nos ouïes vieillissantes ne filtrent qu’une petite musique chargée de sons qui nous permettent de vivre sur la même longueur d’onde.

Gentiment, la vieillesse nous a rattrapés de la même manière. La mienne, sept fois plus vite que lui, pour preuve, nous arborons tous deux, une identique barbe blanche. Il traîne la patte depuis son enfance, m’a-t-il dit parce qu’un vilain virus, qui ne s’attaquait qu’aux humains l’avait choisi un jour de malchance. Cela me rassure, quoique parfois j’aie l’impression d’être dans le même état que lui. Depuis quelque temps je visite le vétérinaire, plus souvent que lui va trouver son médecin.

3

Salle d’attente

C’est justement le programme de ce jour. Franchement, je ne tiens pas la forme quand je pénètre dans le cabinet du véto. Je vacille sur mes pattes et un tremblement secoue toute ma carcasse. Difficile de croire que je suis un brave chien toujours de bonne humeur. C’est ce que Dab raconte à sa voisine, tenant la cage de son chat silencieux sur ses genoux. Attendre son tour dans une ambiance résignée, semble être la norme pour mes compagnons, quant aux maîtres, ils ne peuvent cacher leurs soucieuses interrogations. Le mien semble aussi anxieux et pour ne pas le laisser paraître, il me parle doucement :

– C’est étrange, je suis assis au même endroit qu’il y a trente ans ! L’immeuble moderne en béton venait de remplacer le vieux bâtiment communal qui abritait l’école et la mairie. Cette dernière emménageât quelques années dans ce local, où je me suis marié par une fin d’après-midi d’octobre profitant d’un agréable été indien. Avec nos deux témoins, nous attendions le maire qui ne devait tarder. La grande table pour les mariages était constamment encombrée par d’autres activités. Le secrétaire4, un homme charmant et bavard, la rangeait en poussant les plans d’une future école à Montfleury. Il eut le temps de nous en conter moult détails, elle était devenue nécessaire, car le cap des cinq mille habitants venait d’être franchi avec l’arrivée des forains, nous dit-il en préparant le grand livre des mariages.

Le maire débuta par y lire une longue liste d’obligations familiales. Dab m’avoua ne pas avoir entendu un seul mot concernant les chiens ou les chats. Il ne parla que des enfants à éduquer, alors que de nos jours, les animaux prennent autant de place ! Bref, une demi-heure plus tard, les jeunes mariés et leurs deux témoins buvaient un verre au bistrot de la rampe de la Gare.

Cette anecdote n’a pas détourné mon inquiétude, alors je colle ma tête contre son genou. Ce contact est ma manière de lui transmettre mes sentiments, auxquels il répond en posant sa main sur ma tête. Réconforté, je tente de faire le pitre pour égayer la galerie, mais l’humour que je pratique n’est pas reconnu à sa juste valeur par la majorité des humains. Dab doit être le seul à rire de mes gags. Lui n’en fait pas beaucoup en me racontant sa vie. Plutôt de l’autodérision sur ses actions ratées ou partiellement réussies. Sinon, il observe la nature et devient intarissable sur l’évolution du monde, surtout celui qui nous entoure. C’est dire, l’étroite connivence qui nous lie. À l’époque, il m’avait entraîné dans d’étranges fréquentations, je n’entendais que des gens se plaindre en permanence, certains ne sont jamais contents ! J’avais réalisé que les hommes sont compliqués. Lui ne s’en formalisait pas. Il disait que les citoyens l’avaient élu pour qu’il les écoute raconter leurs soucis ou leurs désirs. Sinon, il m’expose les petits riens du quotidien. Parfois les troubles ou les désordres confus de ce nouveau siècle. Il ne désespère pas de trouver le meilleur chemin pour survivre dans un avenir incertain. Il n’est pas du genre à hurler des ordres, à la manière des propriétaires de chiens qui veulent faire preuve d’autorité. Notre relation est basée sur une confiance réciproque. Au point que j’arrive à deviner ses pensées grâce à mon flair. Humer son humeur, remplace agréablement mon ouïe. Entre vieux, elle commence à nous jouer de sales tours. Quoique parfois, elle me permettait de fuguer en laissant croire que je n’entendais pas les ordres. Dab m’a aussi dit un jour qu’il était allé chez son toubib des oreilles, pour lui expliquer qu’il entendait mal son épouse. Sa réponse l’avait fâché, il lui avait refusé un sonotone, prétextant qu’il n’entendait que ce qu’il voulait !

– Dab, tu sais, la dame en blanc m’a fait un gros câlin. J’ai bien vu qu’elle t’a refilé un petit cornet de bonbons. C’était pour moi, hein ? Je n’ai pas pigé tout ce qu’elle t’a glissé à l’oreille. Je suis devenu dur de la feuille. Il ne s’y glisse que deux ou trois mots de temps en temps, comme un courant d’air, une ambiance, – faut essayer…– ne risque rien… – chien courageux !