Perfect Gentleman Online - Rébecca Langer - E-Book

Perfect Gentleman Online E-Book

Rébecca Langer

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Beschreibung

Préférera-t-elle l'illusion à la réalité ? Hélène est une jeune femme carriériste qui ne croit plus en l'amour. Mais suite à un challenge lancé par sa sœur, elle s'inscrit sur un site de rencontre. Raphaël, son nouveau collègue, passe alors un deal avec elle : elle le forme pour qu'il devienne le meilleur commercial de l'entreprise, et il la coache pour gérer ses rendez-vous amoureux. Très vite, les sentiments s'en mêlent, et entre Raphaël et Matys, le beau docteur rencontré online, le cœur d'Hélène balance. C'est sans compter le mystérieux inconnu qui l'a ramenée chez elle après une soirée trop arrosée, et dont il ne lui reste qu'un mouchoir brodé à ses initiales...  Avec Perfect Gentleman Online, Rébecca Langer entraîne ses lectrices dans une histoire d'amour pleine de rebondissements où les surprises et les coups bas s'enchaînent à un rythme effréné.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Cadette d’une famille de huit enfants, j’ai grandi dans la maison de ma grand-mère entourée de ma famille, qui m’a toujours encouragée à ne pas me mettre des barrières et oser écrire mes propres histoires, à l'instar de mon autrice modèle, Jane Austen.

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Chapitre I Un défi inattendu

Adossée à son fauteuil, Hélène vérifiait pour la seconde fois le chiffre d’affaires qu’elle venait de réaliser pour cette année. Elle n’en revenait toujours pas : elle avait largement atteint son objectif. Gorgio allait enfin lui proposer le poste qu’elle avait amplement mérité. Cela faisait deux ans qu’elle se tuait au travail pour lui prouver qu’elle avait les épaules assez solides pour devenir la nouvelle directrice générale France. Elle avait débuté comme simple opératrice de commande puis avait rapidement gravi les échelons, et ce soir, elle serait enfin récompensée. Elle consulta sa montre et entreprit d’appeler sa sœur :

— Allô Becky, je ne sais pas à quelle heure je serai de retour mais ne m’attends pas !

— Ne t’inquiète pas pour nous, Hélène, et savoure cet instant ! Je suis sûre que tu es tout excitée !

— Ô oui ! Mais là je dois y aller. À plus tard !

Hélène raccrocha et se leva de son siège.

Elle inspecta une dernière fois sa tenue puis remit une touche de rouge sur ses lèvres. Elle sortit de son bureau et fila rejoindre ses collègues. Pour l’occasion, elle avait revêtu une longue robe noire fuselée avec des escarpins vertigineux. Sa petite taille lui permettait d’oser les talons assez hauts. Elle avait lâché ses longs cheveux de jais qui se balançaient dans son dos et venaient souligner la cambrure de son dos.

Soudain, elle aperçut Gorgio — elle ne l’avait pas vu arriver — en train de discuter avec ses collègues. Elle se fraya un chemin jusqu’au petit groupe et le salua. Un malaise étrange s’installa, Hélène avait l’impression qu’elle avait interrompu une conversation à laquelle on ne souhaitait pas qu’elle prenne part. Gorgio brisa le silence en discutant de tout et de rien, il proposa même à Hélène de lui apporter des petits-fours puis s’empressa de s’éloigner du groupe. Natalia, la femme de Gorgio, prit le micro pour remercier tous les invités présents puis le lui tendit. Gorgio toussota pour éclaircir sa voix.

— Mes chers amis, je suis heureux et fier de vous annoncer ce soir que mon neveu Massimo a accepté de reprendre la direction de l’agence parisienne au côté d’Hélène Adraste.

À ces mots, Hélène faillit s’étouffer avec son petit-four. Ses yeux commençaient à lui piquer et des larmes de rage menaçaient de couler. Gorgio venait de briser tous ses espoirs ! Elle n’attendit pas le discours qu’allait prononcer ce Massimo : elle se dirigea dans son bureau, récupéra ses affaires et se sauva.

— Tante Hélène ? T’es réveillée ? interrogea May, en ouvrant les volets de la chambre.

Hélène essaya de soulever sa tête de l’oreiller mais elle avait la nausée et la douleur intense qu’elle ressentit au niveau de la tempe l’en dissuada. Après l’annonce de la veille, elle avait décidé de noyer sa peine en buvant tous les cocktails de son bar de prédilection.

— Bonjour May, peux-tu refermer les volets ? J’ai un de ces mal de crâne ! rouspéta-t-elle.

— Bonjour tante Hélène, ton ami m’a donné ça pour toi. Il m’a dit que tu en aurais besoin à ton réveil.

May lui tendit du paracétamol et du bicarbonate de soude.

— Qui ? s’étonna Hélène en acceptant les deux boîtes.

Hélène les déposa sur sa table de chevet et vit un bol avec du bouillon.

— Il a également recommandé que tu n’avales que du bouillon pour pouvoir te remettre rapidement, alors je t’en ai préparé ce matin. J’ai bien fait ? s’inquiéta May.

— C’est gentil, ma chérie, mais tu n’as pas répondu à ma question !

— Ah oui ! Quel ami ? Eh bien je ne l’ai jamais vu, mais j’ai supposé que tu le connaissais puisqu’il était avec toi. Bon, repose-toi bien ! Je vais rejoindre maman à l’association.

May quitta précipitamment la chambre.

Je sens que cette petite me cache quelque chose, songea Hélène.

Hélène massa doucement ses tempes. Elle se demandait qui avait bien pu la raccompagner. Elle ferma les yeux et se repassa tous les évènements de la soirée. Elle se souvenait avoir fui vers le bar où elle aimait se détendre avec Becky, elle avait discuté avec le beau barman, puis avait enchaîné les cocktails sans compter. Elle s’était levée pour aller aux toilettes et avait bousculé sur son passage un type qui tenait un verre de rhum. Le contenu avait atterri sur sa robe, alors il lui avait gentiment proposé son mouchoir en tissu pour l’aider à s’essuyer. Au début, elle l’avait pris pour un gentleman mais, ensuite, il lui avait réclamé le remboursement de son verre renversé, puis plus rien. La suite lui échappait : elle ne se remémorait pas son visage, d’ailleurs. Elle ne se rappelait que de ses mains et de son mouchoir. Étrange ! Elle avait déjà entendu parler de ce fameux trou noir qu’on pouvait avoir suite à une soirée bien arrosée, mais elle n’aurait jamais pensé qu’elle puisse un jour en être victime. Elle balaya d’un geste ses pensées et fit la seule chose qu’elle pouvait faire pour l’instant : soulager sa nausée et son mal de tête. Elle ingurgita le paracétamol, le bicarbonate de soude et avala tout le bouillon.

Au bout d’une heure, elle dut bien admettre que ce type avait raison. Grâce à ses recommandations, elle se sentait déjà mieux et pouvait enfin quitter son lit, sans avoir l’impression que sa chambre s’était transformée en bateau affrontant une tempête. En se levant, elle sentit quelque chose glisser le long de sa cuisse et tomber sur le sol.

— Mais qu’est-ce que fait ce mouchoir dans ma chambre ?

Elle se baissa pour l’attraper, le retourna dans tous les sens et vit les initiales « M.A. ». Une bribe de souvenir fit surface. Elle revoyait l’homme du bar lui tendre son mouchoir. Dessus, il y avait exactement les mêmes initiales !

— Non d’un chien ! Il faut absolument que j’ai une petite discussion avec ma chère nièce.

Hélène était bien décidée à connaître le fin mot de l’histoire. Quelque chose clochait ! Elle se souvenait très bien s’être essuyée avec le mouchoir de l’inconnu mais elle savait aussi qu’elle le lui avait rendu. Alors, pourquoi l’avait-elle dans son lit et qui avait bien pu retirer ses vêtements ? Elle n’était vêtue que de ses sous-vêtements et d’un t-shirt de sport qui n’était pas le sien ! Elle fila dans la salle de bain, prit une douche, s’habilla puis quitta l’appartement.

Hélène déboula comme une furie dans le local de l’association, elle chercha des yeux sa sœur et sa nièce parmi les personnes installées devant les postes informatiques. Elle aperçut enfin sa sœur.

— Où est ma petite nièce chérie ? J’ai deux mots à lui dire ! jeta-t-elle d’emblée.

Becky fit signe à sa sœur qu’elle était déjà occupée.

— Bonjour ! Tu connais ? Et ne me regarde pas comme ça ! Tu sais comment sont les jeunes, ils ont la bougeotte !

— Bonjour, Becky ! May a des explications à me donner concernant ce mouchoir, expliqua-t-elle en agitant le morceau de tissu sous son nez.

— Excusez-moi, Julie, je crois que vous allez devoir patienter cinq petites minutes pour pouvoir vous connecter à Finding Mister Charming, souffla Becky en fusillant Hélène du regard.

— C’est quoi ces bêtises ? rit Hélène.

— C’est un site de rencontre qui garantit 100 % de satisfaction, l’informa Julie.

— Ah, encore de la publicité mensongère ! s’indigna Hélène.

— Et si tu essayais au lieu de critiquer ? D’ailleurs, ça fait combien de temps que je ne t’ai pas vue en galante compagnie ? souleva Becky, d’un air circonspect.

— Es-tu sûre de vouloir m’énerver alors que je dois interroger ma nièce juste après ?

— Peux-tu laisser ma fille tranquille ? Tu auras tout le loisir de lui parler ce soir. Dis-moi plutôt si je t’inscris ou si ça te fait peur de parler à des hommes ?

— Est-ce un défi que tu me lances, Becky ? Tu sais très bien que je gagne toujours.

— C’est ce qu’on verra ! Alors, chiche ? insista Becky.

— Chiche !

Chapitre II Drôles de révélations

Cela faisait vingt minutes qu’Hélène surfait sur la page du site de rencontre Finding Mister Charming, sans vraiment savoir ce qu’elle devait faire. Elle se demandait ce qu’il lui avait pris d’accepter ce défi insensé. Elle entendit un coup frappé à la porte de son bureau et changea aussitôt de page.

— Oui ?

Mylène, la responsable ressources humaines de l’agence, entra dans le bureau.

— Aurais-tu deux minutes à m’accorder avant de partir déjeuner ? Je souhaiterais te présenter notre nouvelle recrue.

— Oui, bien sûr ! Je te rejoins dans deux minutes, répondit Hélène.

La petite rousse hocha la tête et quitta la pièce. Hélène prit le temps de fermer toutes les pages qu’elle avait consultées, puis attrapa son manteau et se dirigea vers le bureau de Mylène. La porte était déjà ouverte, elle entra et la referma derrière elle.

— Hélène, voici Raphaël, notre nouvel opérateur de saisie, il sera en charge des commandes auprès des prescripteurs et sera rattaché à l’équipe des commerciaux terrain.

Hélène l’observa attentivement pendant qu’il lui serrait la main. Elle fut si hypnotisée par son beau regard vert qu’elle ne comprit pas tout de suite ce que Mylène venait de lui annoncer, il lui fallut un instant pour se ressaisir, elle reformula ses paroles.

— Qu’as-tu dit ? Je dois le former car tu seras en congé pendant trois semaines ?

— Oui, c’est bien ça ! D’ailleurs, nous allons installer un poste informatique pour lui dans ton bureau.

Hélène dévisagea Mylène puis Raphaël, elle ne comprenait toujours pas sa demande farfelue.

— Depuis quand suis-je en charge de la formation des nouveaux ? se plaignit-elle.

— Raphaël, pouvez-vous m’attendre dans l’open space ? lui demanda Mylène.

Il acquiesça puis quitta le bureau.

— Hélène, cette demande ne vient pas de moi mais de ton nouveau collaborateur, Massimo !

— Ah bon ? Pourquoi ne vient-il pas me l’annoncer lui-même ? Et quand aurai-je le plaisir de le rencontrer ?

Hélène prononça cette phrase avec une pointe d’agacement.

— C’est une bonne question, reconnut Mylène. En plus, personne ne sait à quoi il ressemble !

— Qu’est-ce que tu me racontes ? Je me suis éclipsée du gala au moment où un homme qui rejoignait Gorgio allait prendre la parole.

— Ce n’était pas Massimo, c’était l’un de ses assistants. Il nous a annoncé que Massimo était encore retenu à l’étranger en voyage d’affaires. Et si tu étais restée, tu aurais su qu’il nous avait demandé d’organiser dès lundi des sessions de recrutement pour renforcer l’équipe des commerciaux terrain.

— Et pourquoi m’a-t-il nommée en charge du babysitting du nouveau ? Aurait-il oublié que je suis la directrice de l’agence et non la cheffe d’équipe des opérateurs ? s’emporta-t-elle.

— Calme-toi, Hélène, vois-ça plutôt comme un test de compétences ! Je pense qu’il a besoin de savoir ce que vaut sa collaboratrice.

— Génial ! Et après, ça sera quoi ? Va-t-il me demander de caqueter comme une poule ou d’embrasser le sol qu’il foulera ? dit-elle d’un ton dérisoire.

— Arrête de dire des bêtises ! Allons manger, c’est moi qui t’invite !

Mylène tira Hélène jusqu’à la sortie.

Hélène avait passé une mauvaise journée, la seule chose dont elle avait besoin c’était d’une soirée cinéma entre filles. Elle décida de récupérer May devant son collège et de rejoindre Becky à l’association. Elle avait dû supporter Raphaël toute l’après-midi. Au début, elle avait eu du mal, il la suivait comme son ombre et notait la moindre de ses paroles. Finalement, elle avait cherché un moyen de tourner cette situation à son avantage car, au fond, elle savait qu’il n’y était pour rien. Alors, elle se promit de former le meilleur des opérateurs que l’agence ait jamais eu, juste pour avoir le plaisir de prouver à Massimo qu’il n’avait aucune raison de la tester.

— Maman, tu as bientôt fini ? Tante Hélène est venue me chercher au collège pour qu’on puisse se faire une soirée entre filles. Restaurant indien et cinéma au programme, ça te dit ?

Becky regarda sa fille et sa sœur d’un air contrit.

— Désolée, les filles, j’ai rencard ce soir !

— Quoi ? s’exclamèrent-elles en chœur.

— Depuis quand vois-tu quelqu’un ? Raconte, petite cachotière ! la menaça Hélène du regard.

— Je ne te cache absolument rien, Patrick vient juste de m’inviter, alors j’ai accepté.

— Patrick ? L’un des formateurs de l’association ! s’exclama May.

— Alors, tu vois, sœurette, j’ai rempli ma part du marché, et toi ? Où en es-tu avec le site de rencontre ? Ne me dis rien, je vois à ta tête que tu n’as encore rien fait. Je crois que cette fois-ci, c’est moi qui gagnerai !

— Justement, j’ai rendez-vous ce soir en ligne avec l’un de mes matchs, mentit Hélène.

— Ah bon ? Alors pourquoi nous as-tu proposé une sortie entre filles ? la questionna May.

Hélène fut prise de court.

— Je voulais avoir vos conseils avant de me connecter, mais puisque ta chère mère a une longueur d’avance, il n’est plus question de sortir. Allez, May rentrons !

— May, à table !

L’adolescente sortit de sa chambre sans quitter son portable des yeux.

— Marlène, tu te rends compte ? Tom a encore fait n’importe quoi avec Elisa, je croyais pourtant que cette fois-ci, il serait sérieux.

— May ! Ce n’est pas le moment d’envoyer des vocaux à ta copine. Dépose-moi ce portable et viens dîner ! J’ai encore un millier de chose à faire pour pouvoir me connecter.

— Oh My God, tu as menti à maman ! En fait, tu ne t’es toujours pas inscrite sur le site. Marlène, on se voit demain en cours, là, j’ai une urgence, bisou bisou !

— Je te préviens, tu n’as pas intérêt à dire quoi que ce soit à ta mère.

— Ok ! Que me donnes-tu en échange ?

May affichait un regard de malice.

— Que dirais-tu de ne pas raconter à ta mère que tu as fait le mur vendredi soir ?

Le visage de la jeune fille devint blême.

— Comment l’as-tu su ?

— Disons que le chauffeur de taxi qui m’a raccompagnée ce soir-là m’a gentiment rapporté mes chaussures que j’avais laissées à l’arrière de sa voiture. Pour le remercier, je l’ai invité à boire une tasse de café. Et figure-toi qu’il m’a raconté en détail ce qu’il s’était réellement passé, petite maligne ! Je ne pensais pas que ma chère nièce serait capable d’une telle fourberie. Alors qu’as-tu à dire pour ta défense ?

— Je suis désolée, tante Hélène, il fallait absolument que je tente ma chance avec Karl. Mais tu sais, je n’ai pas entièrement menti. Il y avait bien un monsieur qui t’a raccompagnée. Il t’a aidée à sortir du taxi, tu ne voulais pas le lâcher et tu as commencé à lui faire un strip-tease ! Heureusement, on a réussi à t’empêcher d’enlever tes sous-vêtements. Karl t’a prêté son t-shirt car tu refusais de remettre ta robe. Le pauvre monsieur a dû prendre la fuite dans le taxi car tu commençais à le déshabiller lui aussi.

— Oh, Seigneur ! Alors, le chauffeur disait vrai ? Mais qu’est-ce qu’il m’a pris ?

— Tante Hélène, tu ne diras rien à maman ?

— À une seule condition ! Aide-moi à créer mon profil sur ce site à la noix ! Il n’est pas question que je perde contre ta mère.

— Ok, apporte ton ordinateur ! Nous allons nous installer sur la table basse avec des plateaux repas, ça sera plus simple. Et je te préviens, va falloir prendre d’autres photos que celles de ton travail. Ne me regarde pas comme ça ! Tu recherches un homme ou un patron ?

— Ok, c’est bon ! Allez, créons ce profil !

Chapitre III Un coach d’enfer

Hélène faisait les cent pas dans son salon, ce soir elle était seule à l’appartement. Becky et May étaient invitées à dîner chez Marlène. Depuis que sa nièce avait créé son profil sur le site, elle n’avait pas arrêté de recevoir des demandes de prise de premier contact. Elle avait porté son choix sur Matys, il était exactement le type d’homme qu’elle recherchait. Ils avaient convenu de se connecter à 20 heures et il était 19 h 56. Elle était stressée à l’idée de discuter avec lui. Alors qu’elle se préparait une deuxième tasse de café, la sonnerie de la porte retentit. Qui pouvait bien venir chez elle un vendredi soir ?

— Raphaël ? Mais que fais-tu ici à cette heure ? Et comment connais-tu mon adresse ?

— Mylène me l’a transmise avant de m’envoyer te chercher. J’ai l’impression que tu n’étais pas au courant pour le séminaire de l’équipe des commerciaux terrain.

— Bien sûr que si ! Peux-tu me dire en quoi cela me concerne ?

— Eh bien, étant donné que je fais partie de cette équipe et que tu es celle qui est en charge de ma formation, il semblerait que tu sois obligée de nous accompagner.

— Désolée, mais je dois refuser, j’ai prévu autre chose pour ce week-end.

— Petite précision, c’est Massimo qui a demandé à ce que tu sois présente.

En entendant ce nom, Hélène sentit l’énervement monter en elle. Mais pour qui se prenait-il, celui-là ? Comptait-il lui dicter sa loi ?

— Ah bon ? Et ça sera quoi, la prochaine fois ? A-t-il aussi prévu que je danse le French cancan ou la danse du ventre au moindre de ses caprices ?

— Souviens-toi que je ne suis que le messager, se défendit Raphaël.

Agacée par les injonctions que Massimo donnait à tout va sans prendre la peine d’obtenir son consentement, Hélène déposa violement sa tasse de café sur la table basse et le contenu se renversa sur le clavier de son ordinateur. Elle se dépêcha de l’essuyer mais c’était trop tard, l’écran devint noir.

— J’y crois pas, quelle poisse ! Y a vraiment qu’à moi que ça arrive ce genre de chose !

Hélène se sentit impuissante, elle avait le sentiment qu’elle était le personnage principal d’un mauvais film. Tous ses espoirs de discuter avec Matys venaient de s’envoler à cause de Massimo.

— Qui est Matys ? l’interrompit Raphaël dans ses réflexions.

— Comment as-tu… ? Oh non ! Ne me dis pas que j’ai parlé à voix haute !

La voix d’Hélène tremblota. Raphaël ne sut pas comment réagir face à une Hélène en pleurs. Il se baissa et débrancha le fil de son ordinateur. Il termina de l’essuyer avec du sopalin et essaya de détendre un peu l’atmosphère :

— Et voilà ! J’ai pratiqué les gestes de premiers secours, à présent il ne te reste plus qu’à l’emmener en consultation chez un réparateur de matériel informatique.

Un silence pesant s’installa.

— C’était mon rencard virtuel de ce soir, reprit Hélène d’un air penaud, après un moment, qui parut une éternité à Raphaël.

Raphaël mit quelques instants avant de comprendre qu’Hélène répondait à la question qu’il lui avait posée plus tôt au sujet de Matys.

— Je ne pensais pas que tu étais le genre de filles à utiliser les sites de rencontre.

— Non, pas vraiment, c’est juste que ma sœur m’a mise au défi de m’y inscrire et de jouer le jeu, alors je l’ai suivie, c’est tout.

— Et vu que tu es une battante et que tu aimes gagner, tu n’as pas pu t’en empêcher. Mais n’as-tu pas peur d’être prise à ton propre jeu ?

Les mots de Raphaël ébranlèrent Hélène plus qu’elle ne l’aurait voulu, mais elle ne laissa rien paraître.

— Ne t’inquiète pas pour moi, ça n’arrivera pas. Comment peut-on tomber amoureuse d’un homme juste après une discussion virtuelle ?

Hélène avait l’impression que ses paroles sonnaient faux.

— Et si cela arrive avec ce Matys ?

— De toute façon, c’est loupé ! Le temps que je fasse réparer mon ordinateur, il aura déjà jeté son dévolu sur une autre. Il me faudra tout recommencer, c’est malin ! Moi qui n’y connais vraiment rien à tous ces codes et ce jargon sur les rencontres dans la sphère des réseaux sociaux.

— Cela m’étonnerait, s’il voyait ce que je vois en ce moment, il n’aurait certainement pas envie d’en choisir une autre, voulut la rassurer Raphaël.

Le rouge monta aux joues d’Hélène, elle ne savait pas comment réagir, son regard semblait la caresser. Soudain, elle prit conscience que sa combi-short ne couvrait pas grand-chose de son corps. Elle serra un peu plus sa fine robe de chambre en soie et changea de sujet.

— Aurais-tu l’adresse d’un bon réparateur ?

Le regard de Raphaël changea d’expression.

— Je te propose un deal. Je serai ton coach pour tes rencards virtuels et tu m’aides à devenir le meilleur commercial de l’équipe terrain !

Hélène réfléchit un instant à sa proposition puis décida d’accepter, après tout, le deal était honnête et chacun y trouverait satisfaction.

— Ok ! Je vais préparer mes affaires et on y va !

Hélène s’empressa de rejoindre sa chambre. Elle fit sa valise et enfila des habits plus confortables pour le voyage.

— Pour répondre à ta question, j’ai une adresse où tu pourras emmener ton ordinateur en réparation, j’ai la carte de visite dans ma voiture, lui proposa Raphaël.

— Merci, Raphaël ! Alors, où devons-nous retrouver l’équipe ?

— Nous avons tous rendez-vous à l’agence, Mylène a tout organisé avec son assistante avant de partir en congé. Nous voyagerons de nuit, en bus, jusqu’à Hendaye.

— Quelle vue magnifique ! s’exclama Hélène, en regardant le panorama qu’elle apercevait depuis la terrasse de sa chambre.

— Crois-tu que c’est le moment d’admirer la vue ? N’as-tu pas remarqué l’ordinateur portable sur le bureau ? Nous pourrions nous y mettre maintenant si tu veux être opérationnelle pour reconquérir Matys ce soir.

— Pourquoi m’as-tu suivie jusque dans ma chambre ?

— En réalité, je suis obligé de traverser la tienne pour aller dans la mienne.

Hélène le regarda d’un air interdit.

— C’est une blague ou quoi ?

— J’ai bien peur que non. Mais ne t’inquiète pas, nous n’aurons pas besoin de prendre notre douche ensemble, les chambres sont toutes équipées de sanitaires individuels.

— Explique-moi plutôt comment tu vas t’y prendre pour me coacher pour mes rencards virtuels au lieu de dire n’importe quoi !

— C’est simple, tu t’entraîneras avec moi. D’ailleurs, pendant que tu dormais dans le bus, j’en ai profité pour réfléchir au pseudo qui conviendrait le plus à ce que j’ai trouvé.

— Ah, c’est pour ça que tu voulais ma permission pour inspecter mes affaires avant de monter dans le bus ? Et qu’as-tu trouvé de si intéressant ?

— Inutile que je te le dise, tu le découvriras toi-même en te connectant ce soir, je te laisse te reposer.

Il disparut derrière la porte de sa chambre.

Raphaël avait raison, elle était fatiguée et un peu de repos ne lui ferait pas de mal. Ils avaient passé plus de douze heures sur la route alors que le voyage aurait pu n’en durer que huit si l’un des commerciaux n’avait pas eu le mal de transport : ils s’étaient arrêtés pratiquement toutes les heures.

Hélène se connecta mais fut déçue car Matys ne l’était pas. Alors elle rechercha le profil de Raphaël. Ses mains se crispèrent en apercevant une moitié de visage recouvert d’un mouchoir en tissu portant les initiales « M.A. » en guise de photo de profil. C’était lui ? Mais pourquoi avait-il pris ce mouchoir dans son sac ?

Elle allait se lever pour toquer à sa porte et lui demander des explications, lorsqu’elle reçut une notification de sa part. Elle resta cinq bonnes minutes à se demander si elle devait la consulter ou pas, puis elle cliqua dessus.

La phrase qu’elle lut la toucha bien plus qu’elle ne voulut l’admettre, et cela lui fit peur. Elle referma aussitôt le clapet et prit la fuite.

Chapitre IV Fuis-moi, je te suis

Mylène, qui adorait organiser les séminaires pour renforcer la cohésion de groupe s’était surpassée. Au programme, elle avait prévu une randonnée sur la plage avec des jeux aquatiques, suivis d’un feu de camp avec, au menu, grillades de saucisses, marshmallows fondants et chocolat chaud. Le seul hic était que chaque participant devait tirer au sort la personne avec qui il aurait la joie de jouer aux questions/réponses. Hélène priait mentalement pour ne pas se retrouver avec Raphaël. Elle fut soulagée lorsqu’il prononça le prénom de Linda. Pour une fois, elle pensa que la chance était avec elle. Elle fit équipe avec Victor. Ce dernier était assez calme et posé, exactement ce qu’il lui fallait pour essayer d’effacer de sa mémoire les évènements qui s’étaient produits la veille. Elle ne cessait de penser à la discussion virtuelle qu’elle avait eue avec Raphaël, pourtant elle savait qu’elle ne devait pas y prêter attention puisque, de toute façon, ce n’était que du coaching.

— Hélène ? Alors, quelle est ta réponse ?

Ahurie, elle réalisa que Victor lui parlait. Ils s’étaient assis sur le sable à bonne distance des autres groupes. De là où elle était, elle apercevait un autre groupe, celui de Raphaël était derrière elle.

— Désolée, Victor ! J’étais pensive. Peux-tu répéter ta question ?

À cet instant, son téléphone vibra. Elle le sortit de sa poche et vit qu’elle avait reçu deux notifications du site de rencontre : l’une était de Matys et l’autre de Raphaël. Elle fut si surprise qu’elle se tordit presque le cou pour jeter un regard vers Raphaël. Elle ne savait pas si son excitation était due au fait qu’elle avait enfin des nouvelles de Matys ou qu’elle mourrait d’envie de savoir ce que Raphaël avait bien pu lui écrire. Elle leva les yeux devant elle et constata pour la deuxième fois qu’elle n’avait pas écouté le pauvre Victor. Il eut la délicatesse de ne pas faire de réflexion et répéta à nouveau sa question :

— Quels sont tes points forts et tes faiblesses ?

Hélène sut tout de suite ce qu’elle allait répondre.

— Ambitieuse, obstinée, méticuleuse, susceptible et trop confiante, énuméra-t-elle sans hésiter.

— Et maintenant, à toi de me poser l’une des questions inscrites sur la feuille !

— Ok ! Alors, dis-moi, Victor, de quoi as-tu le plus peur ? Et qu’est-ce qui te rassure le plus ?

— J’ai peur des araignées et des serpents. Ce qui me rassure, c’est de passer une bonne soirée romantique avec ma femme ou le câlin de mes enfants après une dure journée de travail car, au moins, je sais pourquoi je travaille dur, conclut-il d’une voix douce.

— Tu as des enfants ? remarqua Hélène.

La question paraissait surprendre Victor. La petite fossette qui s’était creusée dans les plis de son sourire venait de disparaître. Cela faisait cinq ans qu’il travaillait à l’agence et sa patronne ne savait même pas qu’il avait des enfants ? Pourtant, il demandait chaque année de ne pas travailler le 24 décembre pour emmener ses bambins au spectacle de Noël de leur ville pendant que sa femme finalisait les derniers préparatifs. Malgré tout, il ne se démonta pas et lui répondit :

— Oui, j’en ai deux, ma fille de dix ans s’appelle Ly-Anna et mon fils de sept ans s’appelle Ayden.

— Quels jolis prénoms ! Les autres de l’équipe ont aussi des enfants ?

— Oui ! Il n’y a que Linda et Raphaël qui n’en ont pas.

— Ça m’a donné une idée ! J’en toucherai deux mots à Mylène quand elle sera de retour de vacances. Ah ! J’ai l’impression que le jeu est fini, tout le monde se lève, observa-t-elle.

— Oui, les quinze minutes sont écoulées, précisa Victor.

Victor aida Hélène à se relever, elle le remercia puis ils se dirigèrent vers leurs collègues.

— Qui a la suite du programme ? demanda Hélène.

— C’est moi ! se réjouit Raphaël en brandissant fièrement sa feuille.

Il se rapprocha dangereusement d’Hélène, se mit précautionneusement à sa gauche, puis lui sourit.

— Et que devons-nous faire à présent ? minauda furieusement Linda qui semblait satisfaite du tête-à-tête qu’elle avait passé avec Raphaël.

— Les trois personnes qui sont inscrites sur cette feuille devront rentrer jusqu’à l’hôtel avec la personne qui se tient à leur gauche.

Il prononça ces mots avec un soupçon de malice, ce qui ne plut pas du tout à Hélène.

— Quel est le premier nom ? demanda Sébastien.

— Le premier nom est Linda ! annonça Raphaël. La petite blonde fut déçue, elle se résigna à partir avec Sébastien. Les deux autres noms sont Victor et Hélène !

Cette dernière trembla car, à présent, elle savait pourquoi Raphaël s’était positionné à sa gauche, il voulait être sûr de repartir avec elle. Elle observa Victor repartir avec Grégory et attendit qu’ils soient suffisamment éloignés pour prendre la parole.

— Tu as triché Raphaël ! vitupéra-t-elle, dès qu’ils furent seuls.

— Tu ne m’as pas laissé le choix ! Tu me fuis comme la peste depuis ce matin et j’aimerais bien savoir pourquoi. Ai-je fait quelque chose de mal ? se défendit-il.

— Non !

— Alors, que se passe-t-il ? Mes conseils d’hier soir ne t’ont-ils pas aidée à reconquérir ton Matys ?

Hélène était prise au piège, elle ne pouvait rien lui reprocher, pourtant elle était en colère contre lui et le fait de ne pas en comprendre la raison la rendait encore plus furieuse.

— Oui, tu as raison, je suis injuste avec toi, je ne sais pas ce qu’il m’a pris. En plus, Matys m’a même envoyé un message tout à l’heure.

— Et alors ? T’a-t-il dit qu’il voulait discuter avec toi ce soir ?

— Je ne sais pas, je n’ai pas encore consulté mes messages.

— As-tu encore besoin de mes conseils ?

Hélène hésitait, elle ne savait pas quoi répondre. Et plus il continuait de la fixer avec ses grands yeux verts, plus elle était confuse. Elle se mordit les lèvres.

— Je verrai comment je me débrouille ce soir, crut-elle bon de rétorquer. Peux-tu juste rester connecté au cas où j’aurais besoin d’un conseil urgent ?

— Ok, de toute façon, je serai éveillé, car on a prévu avec la team de se boire une bière au bar de l’hôtel ce soir. Pourquoi mords-tu tes si jolies lèvres ?

Hélène stoppa immédiatement cette mauvaise manie qui se manifestait dès qu’elle était anxieuse.

— Parfait ! Qu’as-tu pensé de cette première journée de cohésion ?

Raphaël se demandait pourquoi Hélène changeait de sujet, mais il ne fit aucun commentaire.

— J’ai surtout apprécié les questions/réponses, ça permet vraiment de découvrir une nouvelle facette de la personnalité de l’autre.

— Sauf si l’autre personne ment !

— Pour ma part, je pense que Linda a été sincère. En général il est bien plus facile de mentir lorsqu’on discute derrière un écran plutôt que de dire la vérité en regardant l’autre dans les yeux.

Raphaël sonda Hélène du regard, il y avait comme de l’électricité dans l’air. Hélène se ressaisit :

— Donc tu ne pensais pas tout ce que tu m’as écrit hier soir ? s’insurgea Hélène.

Raphaël fut surpris par sa question. Pourquoi voulait-elle savoir s’il avait été sincère puisque de toute façon il ne faisait que la coacher pour séduire son Matys ?

— Ne vaut-il pas mieux que tu saches si ton Matys t’écrit avec sincérité ?

Hélène se sentit bête, elle avait oublié que Raphaël avait juste proposé de jouer le jeu pour l’entraîner à décoder les codes de la séduction sur les sites de rencontre. Elle s’était même demandé pourquoi il lui avait proposé son aide alors qu’il n’était pas professionnel en la matière. Elle se souvint qu’il avait rigolé quand elle lui avait posé la question dans le bus les menant à Hendaye. Il avait naturellement répondu qu’à une époque de sa vie, il avait travaillé dans une boîte de consulting axée sur le développement de soi et le coaching en tout genre, mais que pour des raisons personnelles, il avait décidé de tout quitter pour recommencer dans une autre branche.

Cette autre vie que Raphaël avait vécue à Bordeaux intriguait Hélène mais il n’en avait pas dit plus. Elle soupçonnait une histoire de famille là-dessous ou une histoire de cœur. Cette deuxième option l’avait un peu dérangée, la conduisant à se demander quel genre de filles l’intéressait.

— Bon, je vais aller prendre une douche avant de rejoindre les autres au bar. Je suppose que tu vas te jeter sur l’ordinateur pour discuter avec Matys ?

Hélène se rendit compte qu’elle était encore en train de rêvasser, elle toussota pour ne rien laisser paraître.

— Il n’est que 21 h 30, je vais d’abord appeler ma sœur et ma nièce.

— Au fait ! Tu ne m’as toujours pas dit ce que ta nièce t’a raconté au téléphone, dans le bus ?

Zut ! Pourquoi ai-je mentionné ma nièce ?

Hélène n’avait pas vraiment envie d’expliquer à Raphaël que c’était sa nièce qui l’avait aidée à créer son pseudo avec ses codes de connexion et son profil et que, les ayant enregistrés dans l’ordinateur qui ne s’allumait plus, elle ne pouvait tout simplement plus se connecter sur le site Finding Mister Charming. May avait bien rigolé en apprenant ses péripéties de la veille. L’adolescente lui avait expliqué qu’il lui suffisait juste de réinitialiser son mot de passe via le lien qui lui serait envoyé sur son adresse mail, qu’elle lui avait aussi créée. May lui avait renvoyé les codes de connexion de son adresse mail et conseillé de les enregistrer sur son téléphone, puis elle lui avait souhaité de bien s’amuser à son séminaire.

— Elle voulait juste savoir quel jour je rentrerais pour pouvoir organiser une pyjama party dans ma chambre avec ses copines, mentit-elle.

Raphaël n’était pas dupe, il sentait bien qu’elle ne disait pas toute la vérité car elle n’arrivait pas à soutenir son regard. Elle semblait regarder un point derrière lui. Il décida de couper court à la discussion.

— Ok. À plus tard, Hélène !

Raphaël grimpa énergiquement les marches qui menaient à l’entrée de l’hôtel, Hélène resta un moment à l’observer de loin, jusqu’à ce qu’il disparaisse dans l’ascenseur. Elle avait la sensation d’avoir retenu son souffle pendant toute leur discussion. Elle put finalement se détendre et savourer le silence. Enfin, si elle arrivait à faire cesser les battements de son cœur qui n’avaient pas arrêter de s’accélérer depuis qu’ils s’étaient retrouvés seuls sur le chemin menant à l’hôtel.

Assise sur son lit, Hélène consulta le message que Matys lui avait envoyé sur son téléphone.

Matys : Bonsoir Hélène, désolé pour la dernière fois, je n’ai pas pu me connecter car j’ai eu une urgence au bloc opératoire, et ensuite ça a été la course à la clinique jusqu’à ce matin. C’est à croire que tout le monde voulait se faire opérer en même temps ! J’ai été me coucher directement en arrivant et j’ai eu envie de t’envoyer ce message en me réveillant. Et toi, comment s’est passé ton week-end ?

Hélène se sentit rassurée, finalement il n’avait pas eu le temps de discuter avec une autre. Elle trouva très pratique de pouvoir discuter directement sur son téléphone plutôt que de se mettre sur l’ordinateur. Heureusement, sa nièce, qui l’avait rappelée dans la matinée, lui avait expliqué comment télécharger l’application et se familiariser avec toutes les fonctionnalités. May avait eu pitié de sa tante car elle savait qu’elle n’était pas à l’aise avec tout ce qui touche de près aux réseaux sociaux.

— Mince ! Il n’est plus connecté. Je vais lui laisser un message pour au moins lui répondre et montrer qu’il m’intéresse, se motiva-t-elle à voix haute.

Hélène : Bonsoir Matys, je comprends, ça ne doit pas être facile pour toi tous les jours, surtout si tu enchaînes les gardes. Ce week-end, je suis en séminaire avec mon équipe de commerciaux terrain à Hendaye, l’hôtel est vraiment paradisiaque ! J’y serai jusqu’à mardi midi, on pourra discuter pendant mon trajet retour si tu veux ? Bise

Matys :Pourquoi pas maintenant ?

Hélène n’en crut pas ses yeux, il venait de se connecter ! Enfin, ils pouvaient discuter ensemble !

Hélène :Je suis contente que tu aies vu mon message tout de suite. Tu n’es pas trop décalé ? Mais je suppose que tu as l’habitude. Comment vas-tu occuper le reste de ton week-end ?

Matys :En pensant à toi quand tu ne seras plus connectée.

Hélène commença à paniquer. Elle ne savait pas comment interpréter ce message, y avait-il un sens caché ? Elle switcha sur le profil de Raphaël pour lui demander conseil et tomba sur le message qu’il lui avait envoyé plus tôt :

Raphaël : Confiante, ambitieuse, courageuse, forte et douce à la fois, et… terriblement tentante.

Les mains d’Hélène se crispèrent sur son téléphone, son cœur manqua un battement. Elle ne parvient plus à réfléchir, elle ne savait même plus pourquoi elle voulait lui envoyer un message. Elle enfila ses chaussures et sortit de la chambre. Il fallait qu’ils aient une discussion tout de suite ! Elle longea le couloir jusqu’à l’ascenseur et appuya sur le bouton d’appel. L’attente était trop longue, alors elle prit l’escalier et rejoignit le bar le plus vite possible. Elle croisa Sébastien qui lui indiqua que Raphaël était dans le petit salon avec les autres. Elle le chercha du regard mais ne le trouva pas, alors elle en profita pour aller aux toilettes pour se rafraîchir un peu. Elle était si secouée par son message qu’elle n’avait pas pris le temps de vérifier à quoi elle ressemblait. Elle poussa le battant de la porte et se pétrifia devant la scène qui se jouait devant elle : Linda embrassait goulûment Rapha ! Leurs regards se croisèrent un instant, elle tourna rapidement les talons et se mit à courir, elle ne s’arrêta que lorsqu’elle arriva dans sa chambre.

Elle sursauta en entendant des coups frappés à la porte. Elle était encore appuyée contre le battant, essayant de reprendre son souffle après sa course effrénée.

— Hélène, c’est moi ! Peux-tu m’ouvrir ? supplia Raphaël essoufflé.

Il fallait qu’elle trouve quelque chose à dire ou un endroit pour se cacher, elle n’avait pas la force de le regarder, alors elle inventa un prétexte.

— Je suis nue, ne rentre pas ! Attends deux minutes avant de rentrer, je vais dans la salle de bain.

Elle retira ses vêtements et les jeta sur le lit, puis elle s’enferma dans la salle de bain. Elle entendit Raphaël entrer dans la chambre et vit son ombre passer sous la porte.

— Écoute, ce n’est pas ce que tu crois, je...

Hélène ne le laissa pas finir sa phrase.

— Tu n’as aucune explication à me donner ! le coupa-t-elle. C’est moi qui suis désolée de t’avoir interrompu avec Linda. Je te cherchais car j’avais besoin de tes conseils pour savoir combien de temps je devais attendre avant de rencontrer Matys, mais c’est bon, j’ai ma réponse !

Elle fit couler l’eau chaude sur son corps. Elle tendit l’oreille et entendit la porte de la chambre claquer. Raphaël était ressorti. Alors, sans qu’elle comprenne ce qui lui arrivait, elle sentit des larmes couler sur ses joues.

Elle resta une bonne quinzaine de minutes sous la douche, elle avait besoin de remettre de l’ordre dans ses idées. Elle était intéressée par Matys, mais elle devait bien s’avouer qu’elle était attirée par Raphaël depuis leur discussion virtuelle. Elle visualisa le dernier message qu’il lui avait envoyé la veille.

Raphaël : Je peux tout voir à travers, où que tu sois,

Je peux te sentir, je devine ton sourire, ton toucher, ta voix, je pourrais tout étudier de toi

Tu me donnes une force que je ne connaissais pas,

Tu as touché mon âme

Mais comment a-t-il su ?

Chapitre V Suis-moi, je te fuis !

La nuit était déjà bien avancée, on pouvait même dire que le jour n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez. Hélène n’avait pas arrêté de se retourner dans son lit, elle revoyait en boucle Linda et Raphaël blottis l’un contre l’autre. Elle pesta et regarda pour la millième fois son téléphone. Elle voulait être capable de lire la discussion virtuelle qu’elle avait eue avec Raphaël sans ressentir la moindre émotion. Elle retenta le coup et se reconnecta sur leurs échanges virtuels.

Raphaël :Bonjour Hélène, tu es magnifique, mais je décèle dans ton regard une blessure encore profonde.

Rien à faire ! Cette phrase la bouleversait toujours autant : comment avait-il su ? Elle eut besoin de prendre l’air et quitta la chambre. Après une pause qui lui fit du bien, elle prit son courage à deux mains pour retourner dans la chambre et reprendre la discussion où elle l’avait laissée. Après tout, il fallait qu’elle arrive à dépasser ça, sinon comment ferait-elle pour entamer une relation avec Matys ?

— Allez ! Ce n’est pas sorcier tout de même ! pesta-t-elle avant de replonger dans sa lecture.

Hélène :J’ai traversé une période assez obscure il y a 2 ans, et j’avoue que j’ai perdu foi en l’amour.

Raphaël :Veux-tu m’en parler ? Parfois, il est plus facile de se confier ici.

Cette simple phrase avait eu l’effet escompté. Hélène s’était livrée comme elle ne l’avait jamais fait. Elle avait expliqué à Raphaël la difficulté qu’elle avait eue à faire le deuil de son fiancé. Il s’était tué dans un accident de voiture deux semaines avant leur mariage en allant récupérer son cadeau qu’il voulait lui offrir pendant leur lune de miel.

Ensuite, ils avaient naturellement parlé de tout et de rien jusqu’à la fameuse question qu’Hélène lui avait posée.

Hélène :Qu’aimes-tu d’autre chez moi ?

Elle s’était tellement prise au jeu qu’elle voulait poser une flopée de questions, mais elle se rendit immédiatement compte de l’incongruité de sa dernière question. Alors, elle ne laissa pas le temps à Raphaël de répondre.

Hélène :Oublie ce que je viens de t’envoyer ! Ce n’est pas ce que je voulais dire.

Raphaël :En es-tu sûre ?

Hélène : Oui ! Dis-moi plutôt, comment tu me vois ?

Raphaël :Je peux tout voir à travers, où que tu sois,

Je peux te sentir, je devine ton sourire, ton toucher, ta voix, je pourrais tout étudier de toi

Tu me donnes une force que je ne connaissais pas,

Tu as touché mon âme

Au début, Raphaël avait hésité avant d’envoyer ce message mais quand il l’avait fait, Hélène avait changé de sujet en lui demandant des conseils pour Matys. Alors, il n’avait pas osé insister et lui avait dit d’être sincère et de lui expliquer pourquoi elle n’avait pas pu se connecter. Ils avaient ensuite réalisé que le jour était déjà levé et qu’ils seraient crevés pour les activités aquatiques, ils avaient donc décidé de dormir pendant le temps qui leur restait.

— Décidément ! Ça ne tourne pas rond chez moi. Je ne devrais pas accorder d’importance à ses messages, il ne s’agit que d’un entraînement ! se morigéna-t-elle.

Soudain, elle prit conscience qu’elle n’avait pas du tout répondu à Matys, elle l’avait complètement oublié. Elle se remit sur sa page et décida de lui laisser un message encourageant. Elle croisa les doigts en priant pour ne pas avoir saboté toutes ses chances avec lui à cause de Raphaël.

Hélène : Tu es adorable ! Et moi, je rêverai de toi !

Elle sentit son portable vibrer dans la paume de sa main au moment où elle reçut sa réponse, elle ferma les yeux un instant et ne put s’empêcher de serrer le téléphone contre elle lorsqu’elle lut l’adorable message :

Matys :J’ai tellement pensé à toi que je n’ai pas réussi à m’endormir, j’ai eu peur de t’avoir brusquée avec mon dernier message.

Hélène :J’avais juste peur de ne pas te donner la réponse que tu attendais

Matys :Il n’y avait pas de double sens à ma réponse, je t’ai répondu ce que je ressentais

Hélène :Tu dois me trouver bête ou un peu folle, j’espère que ce n’est pas comme ça que tu me vois

Matys :En réalité j’aimerais être une petite souris pour voir l’expression de ton visage quand tu reçois mes messages

Hélène :Si tu avais vu ma tête au moment où je me suis allongée dans mon lit, tu aurais plutôt eu envie de fuir

Matys :Impossible ! Tu es bien trop charmante, je le devine à ton sourire sur ta photo, j’imagine même le son de ta voix. Je ne pourrais me lasser de contempler ton visage.

Ces mots, Hélène avait le sentiment de les avoir déjà lus et ça la perturbait, elle écourta sa discussion avec Matys en lui disant qu’elle ne devait pas tarder à se coucher si elle ne voulait pas ressembler à un koala pour animer son meeting qui avait lieu dans à peine cinq heures. Ils se donnèrent rendez-vous mardi soir mais cette fois-ci en visio. Elle avait accepté car elle se sentait prête à passer à l’étape suivante.

Hélène sentit quelque chose se poser délicatement sur sa joue, comme une caresse. Un frisson remonta le long de son dos, cette sensation était bien trop réelle pour être un rêve. Puis elle entendit une voix murmurer.

— Réveille-toi, tu vas être en retard pour ton meeting.

Elle plissa légèrement ses lèvres que Raphaël ne put s’empêcher de caresser du bout de ses doigts. Hélène trouva agréable cette sensation et émit un petit gémissement.

— Humm !

— Faut-il que je fasse comme le prince charmant en te réveillant d’un baiser ?

Ces mots eurent pour effet de réveiller Hélène une bonne fois pour toute. Elle ouvrit grand ses yeux clairs et se couvrit instinctivement la tête avec sa couette en apercevant un Raphaël beau comme un diable avec sa chemise qui bandait les muscles de son torse et son jean qui moulait ses jambes. Une odeur d’after-shave s’échappait de son visage.

— Que fais-tu ici ? s’indigna-t-elle.

— Je te rappelle que nous partageons le même palier et comme il est 8 heures, je me suis dit que tu n’aimerais pas arriver en retard à ton propre meeting.

— Zut ! Je n’ai pas entendu mon réveil sonner ! Il ne me reste que 30 minutes pour me préparer, constata-t-elle en consultant sa montre.

— À quelle heure t’es-tu couchée pour être aussi fatiguée ?

— Ça ne te regarde pas ! Est-ce que je te demande jusqu’à quelle heure tu es resté avec Linda ?

Hélène s’en voulut d’être aussi sèche avec Raphaël. Mais elle n’y pouvait rien, il l’agaçait.

— Pourquoi aurais-je été voir Linda ?

— Je n’en sais rien ! Hier soir tu es parti sans revenir.

La remarque d’Hélène sonnait comme un reproche.

— Si tu n’avais pas été fâchée contre moi, je n’aurais pas eu envie de prendre l’air dehors pour réfléchir et je n’aurais pas préféré dormir une bonne partie de la nuit sur l’un des canapés du bar. Lorsque je suis rentré, tu dormais déjà.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, maintenant peux-tu sortir de ma chambre afin que je puisse me préparer ?

— Écoute, je ne sais pas pourquoi tu es en colère après moi mais si tu me laissais t’expliquer…

— Je t’ai déjà dit que ce que tu fais ne m’intéresse pas, alors arrête avec ça ! D’ailleurs, je n’ai plus besoin de tes conseils pour Matys, nous nous voyons mardi soir.

Soudain, le visage de Raphaël arbora une expression étrange.

— Comme tu voudras, je n’ai donc plus besoin de me connecter à ce site !

Il se dirigea vers la porte, l’ouvrit et crut bon de lui rappeler leur deal avant de sortir :

— N’oublie pas que tu dois faire de moi le meilleur des commerciaux ! Rendez-vous mercredi matin à l’agence. Au revoir, Hélène !

— Hélène ! Enfin te voilà ! Oh là là, tu as vu ta tête ?

Pressée par le temps, Hélène n’avait pas réussi à camoufler correctement ses cernes. Voir que Linda était radieuse avec son maquillage impeccable n’arrangea pas son humeur.

— Bonjour Linda, tout le monde est déjà en salle de réunion ?

— Oui, il ne manque plus que Raphaël qui est parti à la réception commander les cafés pour ce matin et les plateaux repas de ce midi.

— Ok, allons-y !

Lorsqu’elles entrèrent dans la salle, tout était déjà installé. Hélène tendit les livrets à Linda et lui demanda de les distribuer à l’équipe, elle inséra sa clé USB dans l’ordinateur et rechercha la présentation qu’elle avait préparée. Raphaël choisit ce moment pour arriver avec les cafés, il en donna un à chacun, puis s’installa à côté de Linda. Hélène projeta la première slide et commença à exposer l’organisation de la matinée.

— Tout d’abord, je vous présenterai nos nouvelles méthodes de ventes, ensuite nous ferons des ateliers pour les mettre en pratique.

Après 1 h 30, Hélène leur accorda quinze minutes de pause avant de constituer les groupes pour les ateliers. Elle en profita pour s’éclipser dehors pour appeler sa sœur.

— Allô Becky, tout se passe bien en mon absence ? Est-ce que May a pu organiser sa pyjama party ?

— Oui, et elle t’en remercie. Quand rentres-tu ?

— Demain soir ! Mais je resterai dans ma chambre.

— J’ai l’impression que tu me caches quelque chose. Hélène ? Crache le morceau !

— Disons que j’ai un rencard virtuel et je n’ai pas envie d’être dérangée.

— Depuis quand ? Raconte !

Alors Hélène raconta à sa sœur tout ce qu’il s’était passé avec Matys et l’aide que lui avait proposée Raphaël.

— Ah, je vois ! Et qui vas-tu choisir ?

— Comment ça ? Tu n’as pas écouté ce que j’ai dit ?

— Oh que si ! Et si tu veux mon avis, ce Raphaël ne t’est pas indifférent.

— Mais je ne t’ai rien demandé ! Raphaël est juste un collègue qui a proposé d’être mon coach de rencontres virtuelles, il n’est rien pour moi et il ne m’intéresse absolument pas !

— Eh bien ! Au moins les choses sont claires. Je ne sais pas si je dois me sentir vexé ou énervé.

— Raphaël ?

Hélène s’était retournée en entendant sa voix.

— J’étais juste venu te parler un instant, mais ce n’est plus la peine.

Il tourna les talons et repartit à l’intérieur.

— Ah, je crois que tu es dans la panade sœurette !

Hélène réalisa que sa sœur, qui était encore au téléphone, n’avait rien perdu de la conversation.

— Salut sœurette ! s’agaça Hélène avant de raccrocher précipitamment.

En s’installant à son bureau, Hélène pensa que le reste de la journée risquait d’être long en apercevant Linda lancer des œillades énamourées à Raphaël. Elle prit une grande inspiration et expliqua la suite du programme :

— Passons à la partie pratique ! Nous allons constituer trois groupes de deux. L’équipe A sera celle des vendeurs, l’équipe B celle des acheteurs et la C celle des observateurs. Les membres de la A devront préparer pendant dix minutes un argumentaire de vente à exposer à ceux de la B. Pour ce faire, ils devront choisir l’une des fiches produit et poser des questions à l’équipe B. La C devra analyser la situation et noter ses remarques sur la fiche d’observation. Ensuite nous ferons un débriefing et nous échangerons nos places jusqu’à ce que tout le monde ait joué tous les rôles. Si tout est clair pour vous, constituons les groupes !

— Peut-on choisir avec qui former le binôme ? proposa Linda.

— Ne serait-ce pas mieux de laisser le sort décider ? rétorqua Grégory.

— J’opte pour le choix de Grégory ! Je vais préparer les papiers et tu pourras tirer au sort si tu veux, Linda.

La petite blonde accepta à contre cœur. Hélène plia les six petits papiers sur lesquels elle avait inscrit leurs prénoms puis les déposa devant elle. Linda en choisit deux et annonça les prénoms.

— Grégory et Victor !

Puis, elle attrapa deux autres et fit de même.

— Sébastien et..., elle marqua une pause. Raphaël. Zut ! Du coup on dirait bien que nous sommes ensemble, Hélène.

— À présent que les groupes sont formés, je répartis vos rôles. L’équipe A sera celle de Greg, vous serez les vendeurs, l’équipe B sera celle de Seb, vous serez les acheteurs, et nous serons donc l’équipe C, les observatrices. Vous trouverez sur cette table la fiche pour les argumentaires, ici les fiches produit et là-bas les formulaires pour noter les observations. Nous avons jusqu’à 13 heures pour jouer le jeu, alors c’est parti, GO !

Au final, tout s’était passé mieux qu’elle ne l’avait imaginé. Ils avaient tous pris leurs rôles au sérieux et Linda s’était révélée être une partenaire efficace et fiable. Hélène n’aurait jamais pensé qu’elle puisse être aussi féroce, elle comprenait mieux pourquoi Mylène l’avait engagée pour faire partie de l’équipe terrain.

— Vous avez bien mérité votre panier repas, j’espère que cet exercice vous a plu ! Le meeting est fini, vous avez quartier libre. C’est notre dernière soirée à Hendaye, alors profitez-en bien mais n’oubliez pas que nous repartons demain matin à 8 h 30 ! Donc, ne rentrez pas trop tard et rendez-vous demain à 8 heures devant la réception.

Raphaël, qui avait été bien silencieux pendant toute la matinée, prit la parole :

— Puisque tout est fini, je suppose que je peux repartir dès ce soir par mes propres moyens, les informa-t-il.

Cette annonce déstabilisa Hélène, elle n’était pas préparée à une telle réaction de sa part.

— Non, tu ne peux pas faire ça ! Et notre soirée entre mecs ? Aurais-tu oublié que tu nous avais promis une tournée au bar pour le dernier soir ici ? se plaignit Sébastien.

— C’est quoi cette discrimination, et nous alors ? geignit Linda, en montrant du doigt Hélène et elle.

— Comment ça « nous » ? Je n’ai pas du tout prévu ça pour mon dernier soir ! s’affola Hélène.

— Ok ! Je veux bien rester ce soir, si elle vient avec nous.

Raphaël pointait Hélène du doigt. Hélène avait envie de l’étriper, il la mettait au défi. Il était hors de question qu’elle les suive. La seule chose qu’elle avait envie de faire était de nager quelques longueurs dans la piscine avant de s’installer dans son lit avec un bon roman d’action.

— Allez, Hélène ! Tu ne peux pas nous lâcher ! Après tout, nous sommes ici pour renforcer notre cohésion de groupe. À quoi cela aura-il servi de suivre ce séminaire si c’est pour qu’on le finisse chacun dans son coin ? En plus, ça sera sympa, tu pourras même venir dans ma chambre pour qu’on se prépare entre filles.

Hélène n’en croyait pas ses oreilles, Linda osait utiliser ses talents de commerciale féroce sur elle, comment refuser ? Ses arguments tenaient la route et, en tant que directrice de l’agence, elle se devait de donner l’exemple.

— Ok ! capitula-t-elle. Mais je te préviens, je n’ai rien dans ma garde-robe qui ressemble à une tenue pour aller s’amuser.

— Ne t’en fais pas ! J’ai tout ce qu’il te faut et je sais déjà ce qui t’irait à ravir, tu vas attirer tous les hommes de la boîte avec ça !

— Quelle boîte ? Je croyais qu’on allait dans un bar ?

Au sourire de Linda, elle appréhenda sa réponse et commença à regretter d’avoir accepté.

— Oui, le bar de la boîte de nuit !

— Mon Dieu ! Mais dans quoi me suis-je embarquée ?

Chapitre VI Matys : 1 – Raphaël : 0

Le bruit assourdissant de la musique n’était pas du goût d’Hélène. Elle se demandait encore pourquoi elle s’était laissée entraîner dans tout ça, elle pesta au moment où elle manqua de se tordre la cheville pour la énième fois.

— Oups, attention ! Un peu plus et tu me transperçais le pied, s’exclama Raphaël en retenant Hélène par la hanche.

— C’est bon, tu peux retirer ta main ? Je m’en sortirai toute seule !

Le simple contact de sa main dans le creux de sa hanche dénudée l’avait électrisée, et ça ne lui plaisait pas du tout.

— En es-tu certaine ? Pourquoi as-tu mis ces chaussures qui ne te ressemblent pas ?

Elle leva les yeux vers lui pour lui jeter à la figure une réponse cinglante, mais elle fut hypnotisée par son regard enjôleur. En plus, il souriait, le goujat ! Elle se détacha de lui d’un geste brusque et partit sans un mot retrouver Linda attablée avec un groupe de garçons qu’elle ne connaissait pas.

Raphaël n’avait pas bougé, il observait Hélène et guettait le moindre mouvement de ses jambes, les talons vertigineux qu’elle portait menaçaient de s’échapper de son pied.

Il la revoyait encore sortir de l’ascenseur de l’hôtel avec cette robe bleue parsemée de paillettes, qui ne couvrait pas grand-chose de ses courbes. Dès l’instant où il l’avait aperçue avec ses longs cheveux qui cascadaient d’un côté pour laisser entrevoir de l’autre son cou délicat, il avait eu envie d’y déposer un baiser, et cette réaction l’avait énervé. Il avait décidé de l’ignorer pendant toute la soirée mais n’avait pas pu résister à poser sa main sur sa hanche. Ce contact lui avait confirmé que sa peau était aussi douce qu’il l’avait imaginée. À présent, il ne pensait qu’à une seule chose : continuer cette exploration !

Grégory le stoppa dans ses fantasmes en lui proposant d’aller chercher des cocktails pour leur table. Il le suivit mais lança un dernier regard en direction d’Hélène. Grégory commanda une tournée de whisky coca avant de retourner s’asseoir à leur table.

— Elle te plaît, n’est-ce pas ?

La question de Grégory surprit Raphaël qui pensait avoir été discret.

— Je ne sais pas trop quoi penser d’elle et, de toute façon, elle a été très claire, je ne l’intéresse pas ! affirma Raphaël.

— Eh bien, tu sais ce qu’on dit ? C’est bien connu que les femmes aiment se faire désirer et, crois-moi, vu la façon dont Linda te regarde il faudrait être un moine pour ne pas se rendre compte que tu lui plais !

Au même instant, il fit un signe à Linda qui les regardait. Elle quitta la table du groupe de garçons et les rejoignit. Raphaël n’eut pas le temps de démentir ses propos — il se dit qu’il rétablirait les choses plus tard — que la petite blonde s’assit près de lui.

— Alors, de quoi discutiez-vous ? Et où sont les autres ? interrogea Linda en sirotant le verre de Grégory.

— Oh, rien de spécial, des trucs de mecs ! répliqua Grégory en lui jetant un clin d’œil. Les autres sont sur la piste de danse au deuxième étage. Pourquoi Hélène ne t’a pas suivie ?

— Elle consulte ses messages. Apparemment un certain Matys lui en a laissé plein. Je lui ai conseillé de les lire puis de se connecter en visio pour lui répondre en direct. Pourquoi me regardes-tu comme ça, Raphaël ? Ne penses-tu pas que son Matys va être plus que ravi de la contempler ? Une fois qu’il aura vu à quel point elle est sexy et irrésistible dans cette tenue, il ne s’en remettra pas ! Et ses cheveux ? Il va en tomber à la renverse ! Je peux vous garantir qu’il va avoir du mal à trouver le sommeil ce soir ! dit-elle avec un air de conspiratrice.