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"Rien n’est plus sérieux qu’un été d’enfance" vous invite à une immersion dans un univers où se croisent portraits en clair-obscur, poèmes imprégnés de paysages, vibrantes déclarations d’amour et éclats de philosophie poétique. Chaque texte s’offre comme une célébration de la vie et de l’art, mêlant harmonieusement les murmures des mots aux éclats de lumière. À travers ces pages se déploie un ballet d’émotions et de réflexions, un voyage intérieur où chaque ligne éclaire un nouveau prisme de beauté.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ancien enseignant-chercheur, philosophe de l’éducation, poète et compositeur,
Christian Lévêque met ses multiples talents au service d’une plume riche et inspirante, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs.
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Seitenzahl: 79
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Christian Lévêque
Rien n’est plus sérieux
qu’un été d’enfance
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Christian Lévêque
ISBN : 979-10-422-5967-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Au lecteur,
Voici des poèmes nouveaux dont j’ai longtemps cru qu’ils n’adviendraient jamais, d’autres, beaucoup plus anciens, que j’ai longtemps cru illisibles et comme glacés de l’intérieur. Encore aujourd’hui, je ne les livre qu’avec peine. Trop de zones d’ombre, trop d’implications et d’enjeux, trop d’obstacles à la lecture lente : c’est moi, bien sûr, qui ne savais plus lire.
De temps à autre, j’y travaillais pourtant, parfois trop, pour les abandonner ensuite à l’oubli superficiel, et les sauvant plusieurs fois de feux de toutes sortes ou de déménagements. La patience qu’ils ont acquise à cette fréquentation sporadique, et aux décantations successives qu’ils connurent, leur assure de nouvelles forces dont je profite pour en proposer la découverte.
Pour ce que j’attends d’eux, ces poèmes sont « exacts », comme on l’est à un rendez-vous ; ni symboliques ni réalistes, mais emblématiques, donc à la fois l’un et l’autre. Emblématiques de la petite part que je prends d’un monde menacé et changeant.
On aurait pu donner comme explication à ces années d’attente le désir de vivre toujours plus vite et d’accumuler quelque expérience pour ne pas écrire n’importe quoi, c’est vrai du romancier, ça ne l’est pas du poète dont la vocation est moins assujettie à la vraisemblance et à l’historicité. Mais de nos jours, où rien ne peut plus aboutir que dans l’abondance, la répétition et l’anesthésie généralisée, ne serait-ce qu’avoir un projet poétique n’a presque plus de sens commun, donc c’est essentiel.
N’y voyez pas plus la mise en question des capacités du lecteur d’aujourd’hui, mal aidé qu’il fut par des enseignants inquiets, par une critique réductrice, par des éditeurs frileux. S’il passe outre ces obstacles, le lecteur d’aujourd’hui est plus éveillé que celui d’autrefois à la diversité des formes d’expression et parvient à désintéresser sa lecture, il s’est désaccoutumé de la recherche maladive d’un seul sens ; il sait maintenant que les poèmes qu’il apprend forgent durablement sa vision du monde.
Vous lirez, s’il vous plaît, ces quelques portraits, ces poèmes-paysages et ces poèmes d’amour, ces plongées dans l’histoire et ces survols culturels, ces moments de philosophie poétique, en les considérant assez comme des temps de célébration. Et plus encore, comme des tableaux, ou comme de ces sculptures mobiles jouant aussi bien avec les sons qu’avec la lumière. J’ai voulu que tous deviennent un seul, selon une forme systématique avec des vers servant souvent à la fois de titre pour ce qui suit et de conclusion de ce qui précède.
Ces pages ont longtemps porté le titre de Poème sans tain, pour voir le monde sans être vu, et puis j’ai su ce 5 janvier 2024 que Matthieu Messager l’avait utilisé en 2010. Et puis, pourquoi se cacher quand on a soixante-huit ans et des regrets ? J’avais promis une suite à Lettre aux enfants et Écoutez-voir ! Ces poèmes répondent exactement au projet de réfléchir du point de vue de la fin d’une belle vie. Lettre aux enfants est un essai sur la morale et l’éducation, Écoutez-voir ! sur l’action et la citoyenneté, voici donc un essai poétique sur la culture et la raison sensible. Mais le contraste tant sur la forme que sur le mode d’argumentation est tel qu’il faudra sans doute aussi un essai plus classique pour compléter cette suite.
Cette fois encore, relisant ces textes pour les présenter, je sens comment les plus anciens ont résisté aux expériences faites depuis, aux écrits produits, aux événements qui m’ont marqué, pour rester les plus à même de dire la permanence du désir de communiquer d’homme à homme, comme l’aurait dit Fernand Oury, le fondateur de la Pédagogie Institutionnelle.
Ce siècle sera poétique plus encore que religieux ou technologique, en Europe. Ce poème dont j’ai arrêté délibérément l’essentiel de la rédaction trois jours avant les législatives anticipées de 2024 en France est le récit de la lente dévalorisation du rationalisme industriel et financier qui a mené aux guerres et au dérèglement climatique, l’humanisme défait entre en résistance discrète, mais impatiente.
Christian Lévêque, 2024
Petits-enfants et fleurs, fragilités délicieuses,
Bonheur insoucieux d’amoureuse, saveurs,
Sont l’éphémère
Nuits angoissées de mère et d’enfant harcelés
Fleurs flétries, sécheresse, Terre gâchée
Sont la norme
Légèreté, innocence rêveuse, ardeur et rires tonitruants
Foisonnement, constance, fraîcheur, délires gourmands
Clichés d’autres temps et d’outremer, clichés d’autres mœurs
Obésité urbaine des gosses de nantis,
Violences nocturnes, soif insensée, sauvagerie banale
Regards assassins ou pervers sont la norme
Dérèglement, pluies noires, incendie, hébétude,
Peurs insolubles et solitude, nuit, qu’il faudra dépasser
Silence de Dieu
Retour à l’épopée, aux prophéties, aux lenteurs
Aux frustrations, au sublime pourtant :
Avancer encore, chanter longtemps
Hurler dans des déserts surpeuplés d’humains
Quelqu’un de ces slogans que les jeunes ne comprennent plus
En venir au slam (comme on en vient aux mains ?)
Résister à la nostalgie, jouir du temps qui passe là-haut
Jouir
Et planter des arbres, faire chanter les élèves même faux
Faire de nos souvenirs la preuve par cent
Que nous sommes tous et chacun l’intime de tous
Même si nos valeurs ne valent qu’un temps
Et de nos lectures minutieuses, de nos paroles d’amis
Du récit de nos voyages, de nos paysages choisis
De notre histoire chanceuse, enrichir ceux qu’on aime
Non plus à la recherche d’un temps perdu d’avance
Ni au recueil d’un patrimoine et de remèdes anciens
Non plus à cœur nu
Créer de pacifiques chansons de geste,
Une ode à l’héroïsme de demain, une odyssée,
Créer des mythes, des échappées
Sans injonction supplémentaire
Sans vertu cardinale insensée
Les temps n’y sont plus
Les temps ne sont plus à la Raison, au chantage ou à l’argent
Ni même aux sentiments ni aux morales, ni aux civilisations,
Ce sera parfois troublant, (que nous restera-t-il ?)
Mais il faut aux poèmes du sens et une visée
Aux questions, des réponses sans détours
Aux mélancolies, de l’humour
Sérieux, parler d’humour ici ? De dérision ?
En jouant sur les maux, M, A, U, X
Peindre la vie en fauve, en rose bonbon ? Est-ce tout ce que l’on fera pour éteindre la haine ?
Et peindre les roses de la vie en choses ?
Feindre le génie, en cabots moroses
Oindre les statues ! Les ficeler… Survivre
Ceindre des dignités nouvelles, frêles
Mais ne pas pardonner tout
Rester sereins, mais ne rien occulter, lucides
Cachés malheureusement, vivant en îlots de fortune
Autour d’un oued, mais oppressés
À chaque famille résiliente son ruisseau hésitant
À chaque famille sa langue fleurie
Sa drôlerie
Sa terre, son réseau social, ses inventions
Sans doute des empires s’imposeront-ils
Sans plus de mérite ou de sens qu’autrefois
Encore moins légitimes, et sans loi ni foi
On n’en entendra plus que d’écho en écho
Les décrets insatiables
L’humeur guerrière et roide, le discours péremptoire
Le grondement des hordes de pauvres gens
Au pied d’empereurs arrogants
Massées comme abeilles au chevet de leur reine
Droguées, infestées et soumises, atones
L’âme vague, le corps douloureux
Des foules révoltées contre elles-mêmes faisant l’aumône
Et des gardes de marbre taiseux et hagards
Serrés en rangs de tricot autour de capitales frileuses
Où s’enivrent quelques fêtards
Au cœur des masses abruties
Auprès d’illettrés de troisième génération
De suicidaires en camisole vernie
Pour y semer les graines d’images inimaginables
Y faire entendre des chants inouïs et tendres
Des chansons d’amour à cœur fendre
Pour projeter sur l’armure des soldats
Le temps d’un éclair avant l’orage d’argent
La vision de leurs mères suppliciées suppliant
Le despote et ses mafieux idolâtres
Le despote et sa compagne vêtue de bijoux lourds et d’albâtre
De les leur rendre vivants et payés
C’est là que des poètes iront
Semer l’instable et l’encombrant, et choisiront
De ramener à la vie nos désirs épuisés
Le temps suivant sera celui des métissages, des retrouvailles
Du civisme fécond
Quand nous en aurons fini, là où nous en aurons fini avec les énergies fossiles
Passées ces dizaines d’années d’ici là
Ces centaines de réfugiés climatiques secourus ou pas
Ces drames,
Comme l’Homme en a tellement déjà vécus
Surmontés, parfois avec bravoure, vaillance,
Le plus souvent par hasard, ou par erreur, ou par indifférence
C’était hier, la ségrégation,
Avant-hier le génocide et l’esclavage
Aujourd’hui encore le viol de femmes et d’enfants sages
Par des proches, par des pasteurs
Des protecteurs,
Des amateurs de Bach ou Wagner
Combien de pervers avez-vous connus, combien ?
Les avez-vous dénoncés, en êtes-vous un ?
Combien ont-ils été vraiment punis ?