Robert Johnson Fils du diable - Patrizia Barrera - E-Book

Robert Johnson Fils du diable E-Book

Patrizia Barrera

0,0
5,49 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Histoire tragique de Robert Johnson, grand musicien de Blues des années 30 en Amérique, la résolution sur le mystère de sa fin tragique, les coulisses et la discographie complète.


Un roman policier passionnant et une recherche historique sur la courte vie de Robert Johnson, considéré par la plupart comme le grand-père du rock mais adoré par les fans de blues. Un récit fascinant et peut-être la réponse d’un arcane obscur, dense d’ésotérisme et de fanatisme religieux, qui conduisirent à la mort violente et prématurée de celui qui fut qualifié de Fils du Diable. Qu’en est-il du talent artistique de Robert Johnson ? A-t-il vraiment conclu un pacte avec Satan pour obtenir la célébrité et l’honneur dans le monde de la musique ? Et quelle fût la cause de sa mort ? Découvrons-le ensemble dans ce livre fluide et captivant qui vous ira droit au cœur.


Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB

Seitenzahl: 158

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Patrizia Barrera

Robert Johnson Fils du Diable

Traduit par Flore Blanchet

table des matières

COPYRIGHT

Remerciements

Au-delà de La légende

FILS DU DIABLE

UNE PHOTO MYSTÉRIEUSE

TUER SATAN

LE MYSTÈRE RÉSIDE DANS SA MORT

CE QUI RESTE DE LUI

BIBLIOGRAPHIE

COPYRIGHT

Robert Johnson Fils du diable

Copyright PATRIZIA BARRERA 2020

ALL RIGHT RESERVED

Traduction italienne deFLORE BLANCHET

RHA PRODUCTION

Remerciements

Texte original, fruit d’une recherche longue et passionnée.

Merci à tous ceux qui apprécieront ce livre et le garderont dans leur cœur.

Patrizia Barrera

Au-delà de La légende

Un garçon reclus

J’aime par moment démêler les mythes, les réduire à une dimension plus humaine. C’est le cas de Robert Leroy Johnson, que l’on a toujours dénommé comme démoniaque, obscur, lié en quelque sorte au malin et à cette sombre image de pionnier du Rock.

On en a dit tellement à son sujet, bien que, comme étant le cas pour beaucoup d’artistes de l’époque, les données biographiques à notre disposition soient très peu nombreuses. Mais c’est peut-être la Légende qui influe sur l’immortalité de sa figure et qui, à mon avis, accentue aussi l’importance artistique. Je ne vais pas vous mentir, son personnage ne m’est pas très sympathique et beaucoup d’entre vous risquent très certainement de me mépriser pour cela. Cependant, c’est dans mon habitude de m’exprimer sans détours, d’ailleurs j’adore révéler les vérités gênantes. Dans le cas de Robert Johnson, je me suis donnée beaucoup de mal pour remonter à la source AUTHENTIQUE et je peux vous assurer avoir trouvé des potins plutôt intéressants pour vous chers lecteurs ! Mais commençons par le commencement.

Une enfance difficile, certes, mais en aucun cas ténébreuse comme la plupart le prétende.

Sa mère s’appelait Julia Major et c’était clairement une jeune fille… très exubérante ! En 1889, elle avait épousée Charles Dodds, qui possédait des terres et un petit magasin de meubles en rotin. L’homme à l’aspect d’origine juive n’était pas très bien vu dans le petit Hazlehurst, de la région du Mississippi, où résidait la famille. Commerçant habile, il attirait souvent l’envie des autres petits propriétaires des environs, probablement dérangés par le fait qu’il ne soit pas un « Américain pure souche ».

Voici la première maison de Robert Johnson à Hazlehurst. C’était une ruine lorsque la ville décida, dans les années 90, de la restaurer et de la transformer en musée. La maison a été construite par Charles Dodds et possédait initialement un porche, que l’on aperçoit également sur certaines vieilles photos de Johnson. Confort de l’époque : la maison bénéficiait de l’eau courante !

On sait qu’à l’époque les évènements se bousculaient : après en être venu aux mains avec les Frères Marchetti (et après avoir frôlé la mort !), Charles fut obligé de fuir cette même nuit, en 1909, se faisant porter disparu. Seule avec 10 enfants sur son dos, la pauvre Julia ne savait plus quoi faire : isolée, pointée du doigt, objet de controverses, elle ne parvenait plus à faire avancer la petite ferme, qui était en ruine. Pendant ce temps, son mari avait déménagé à Memphis et avait changé son nom en Spencer. Amassant de l’argent de part et d’autre Julia parvint à envoyer, par paire, les petits enfants au père jusqu’à ce qu’elle demeurât seule dans Huzlehurst avec ses filles aînées. Et là, survint la tragédie : ne pouvant pas payer ses impôts, elle fut forcée de fermer le magasin de meubles et se trouva un logement dans une petite maison abandonnée dans la banlieue. La pauvre femme fut contrainte de faire ce que nous appellerions aujourd’hui des « travaux saisonniers » pour survivre, récoltant du coton 12 heures par jour pour les plantations voisines.

Voici la même maison, restaurée, telle qu’elle existe aujourd’hui.

Elle eut ici une brève liaison avec un fermier local, un certain Noah Johnson et tomba enceinte du petit Robert, qui dans les premières années de sa vie fut élevé par ses sœurs. Pendant un certain temps ce fut caché à son mari Charles… mais pas pour longtemps ! Incapable de comprendre la solitude de sa femme, ce dernier déchaîna la foudre et refusa durant les années suivantes de reconnaître l’enfant, malgré toutes les tentatives désespérées pour réunir la famille. Elle réussira 10 ans plus tard, mais le petit Robert (Leroy) restera pour toujours « le bâtard » difficilement toléré et mal aimé. Pour une consolation « préventive » de la trahison de sa femme, il semble cependant que celui-ci avait établi une relation stable et avait déjà deux enfants d’une autre. Quand tout le monde fut enfin réuni, la grande famille élargie comprenait les dix enfants de Charles et Julia, les deux nés de Charles avec sa maîtresse et le petit Robert. Il n’y avait pas de quoi se réjouir d’une telle situation !

Voici le certificat original du recensement de 1920... À cette époque, le petit Robert vivait déjà avec sa mère et son beau-père, Dusty Willis, en Arkansas. Il est intéressant de noter que son enfant porte comme nom de famille Spencer....

Il va sans dire que le mariage entre Charles et Julia se brisa ; en 1919, nous retrouvons cette dernière mariée à un certain Dusty Willis et le nouveau couple partit vivre à Robinsonville, sur le delta du Mississippi. Robert était avec eux, mais la relation avec le beau-père était très difficile. Le garçon venait de découvrir qui était son vrai père, et dû à sa rancune envers les deux beaux-pères, il criait le nom de Johnson à tous les coins de rue. Il était grognon, colérique et souffrait de maux de tête. Bien qu’ayant auparavant appris à lire et à écrire (certains disent même qu’il avait une belle écriture !), il ne voulut plus aller à l’école et n’obtint même pas le baccalauréat. Sa seule consolation était de se rendre au bord de la rivière pour jouer de l’harmonica et de la guimbarde.

À la maison c’était un inutile et pour ce qui était du travail dans les champs…il ne voulait pas en entendre parler ! En 1920, comme le montre un recensement de 1920, la famille déménagea en Arkansas à Lucas Township, dans le Comté de Crittenden, mais les choses ne s’améliorèrent pas. Robert était connu pour avoir un œil « danseur », c’est-à-dire un œil plus petit que l’autre, et qu’il éprouvait de grandes difficultés d’attention. On murmure qu’il aurait pu être épileptique… mais je ne peux pas le confirmer, d’autant plus que de nombreuses crises d’agressivité typiques de l’adolescence peuvent être confondues avec cette maladie. Et il semble que des crises, le bon Robert en ait eu beaucoup, étant donné que finalement, la famille se résigna à sa vie de vagabond !

Cowboys et routes du far West, tels qu’on les voyait dans le comté de Crittenden en 1920.

À 14 ans, il commença à fréquenter lesbars musicaux des bas-fonds sur les rives du Mississippi, à fumer, boire et courir derrière les femmes. Détendu par la musique de Son House et Willie Brown, il se réfugia dans le Blues, mais sa musique « maudite » fut signalée à sa famille, qui tenta d’étouffer cette passion de toutes les manières possibles. Peut-être qu’ainsi naquit durant cette période la manie du jeune Johnson de jouer dans les cimetières et les bois obscurs. Très loin de la pensée du « démon », le pauvre Robert cherchait tout simplement un endroit caché pour pratiquer sa passion en paix et pleurer en silence. Sans être encore touché par le Malin, à 15 ans, cet adolescent agité était en réalité un marginal.

Avant d’aller plus loin, je voudrais attirer votre attention sur cette célèbre guimbarde dont beaucoup parlent. Si vous parcourez le web, vous trouverez de nombreux articles sur Robert Johnson affirmant qu’il la jouait... sans donner plus de détails sur le sujet. POURTANT, ce petit instrument en dit long sur sa psychologie et, surtout, sur les capacités artistiques et musicales du jeune Johnson !

Voici une guimbarde de 1900. Le petit Robert a probablement appris à jouer une de ces guimbardes sur les bateaux du Mississippi.

La guimbarde est pratiquement...un CARILLON, un instrument d’origine gitane qui était joué par les nomades du Rajasthan dès les années 1500 et qui, comme beaucoup d’autres, était arrivée sur les rives du Mississippi avec les immigrés italiens et juifs, qui l’avaient adopté. Aujourd’hui, comme hier, appeler quelqu’un Gitan était péjoratif, cela signifie « Tsigane ». Le petit instrument était donc presque le symbole d’un style de vie hors normes, pour ne pas dire errant. Il était également très facile à obtenir, à fabriquer et même à jouer ; aucune compétence particulière n’était requise, sauf la constance. Johnson l’utilisait probablement aussi pour atteindre des états de transe et de bien-être (aujourd’hui nous dirions de « défonce ») parce que les vibrations de l’instrument ainsi que la consommation d’alcool induit une forme d’éloignement de la réalité et de dissociation, technique probablement acquise dans les locaux malfamés du Delta.

La guimbarde, d’origine manifestement africaine, est encore répandue en Nouvelle-Guinée, en Papouasie, comportant certaines modifications.

En plus de jouer de la guimbarde et de l’harmonica, notre Robert semblait avoir commencé à travailler un peu pour subvenir à ses besoins, surtout quand les relations avec sa mère et son beau-père s’effondrèrent pour de bon. Nous sommes en 1928 et Johnson travaille comme ouvrier agricole dans la plantation Abbay-leatherman près de Robinsonville. Il y rencontra très probablement le premier grand amour de sa vie, Virginia Travis, qu’il épousa ensuite à l’âge de 18 ans à Penton, le 17 février 1929. Tous deux n’avaient pas d’argent et vivaient dans la maison de sa sœur Bessie, et du beau-frère Granville Hines. Il semble que la modeste maison n’existe plus aujourd’hui, elle était située dans les environs d’une communauté, la Nouvelle Afrique. Mais pour avoir une idée de sa position sociale et culturelle, vous pouvez vous rendre à New Road Africa vers Clarcksdale. Encore aujourd’hui il s’agit d’une communauté assez rigide, un peu fermée et fortement animée par une grande ferveur religieuse. Tout y semble assez propre et ordonné et la vie s’y déroule tranquillement selon un ordre social assez inébranlable. Vivre là-bas en 1929 n’aura pas dû être facile… pour un type comme Robert Johnson !

Une très rare image de Robert Johnson sur le porche de sa maison en Nouvelle Afrique, où il vivait avec sa femme Virginia, sa sœur et son beau-frère. Elle est datée de 1928.

Bien qu’il travaillait et aimait sa femme, une jeune fille de 15 ans timide et consacrée au travail domestique, il est de notoriété publique que Johnson ne supportait pas la vie rurale et s’enfuyait très souvent. Il se retirait dans les clubs mal famés et à bord des bateaux de rivière à la poursuite d’un rêve. Désormais corrompu par le Blues et par l’obsession irréductible de Charlie Patton et de Son House, il restait très peu auprès de sa femme, qui était alors enceinte de son premier enfant. Dans la nuit du 9 au 10 avril 1930 Virginie meurt en couche avec le petit Claude Lee : Robert n’est pas avec elle mais joue pour des clients ivres sur les bateaux du Mississippi.

Quand il rentra chez lui deux jours plus tard, il trouva sa femme morte et enterrée, et l’ostracisme de toute la communauté qui le qualifia de débauché, libertin et esclave du démon. Assailli par la belle-sœur Bessie qui l’accusa publiquement d’ « avoir vendu son âme au diable et avoir ainsi tué sa femme », le garçon fut littéralement expulsé de la maison, humilié, blessé et complètement dévasté dans son âme. Il disparut le même jour et commença à errer dans les trains de marchandises de ville en ville en prenant à chaque fois des noms différents : Robert Spencer, Robert James, Robert Barstow et Robert Sacks. Nous le retrouvons pour un court moment à Hazelhurst, probablement à la recherche de réconfort. Peut-être qu’il le trouva chez un des demi-frères du beau-père Charles qui lui apprit les rudiments de la guitare, et d’ailleurs lui en offrit une, une Gibson Kalamazoo qu’il gardera avec lui jusqu’à sa mort. Il rencontra ici une femme beaucoup plus âgée que lui, Calletta Craft, qu’il épousa en grand secret en mai 1931 et qui non seulement lui donnera un fils mais qui lui permettra (et d’ailleurs favorisera) la fréquentation avec « le Diable en personne ».

FILS DU DIABLE

Le maître obscur

Mais qui était donc cette « sombre figure » depuis toujours comparée au diable ? Était-elle la raison pour laquelle Robert Johnson fit ce fameux pacte en vendant son âme afin d’obtenir succès et maîtrise de la guitare ? Était-ce vraiment cet homme, le célèbre mentor qui l’accompagna à la « croisée des chemins » où le malin fut invoqué ? Voyons le déroulement des faits.

La légende de Ike Zimmerman est née d’un célèbre témoignage de Son House, que rencontra Robert en 1930 dans un des clubs du Mississippi.

À l’époque, l’euphorie du blues était palpable et il arrivait que les clients ou des jeunes prometteurs se joignaient aux musiciens pour jouer tous ensemble, semblable à une Jam session d’aujourd’hui. De fait, Son House rapporte que Robert Johnson jouait de la guitare « comme un pied et que beaucoup de clients lui demandèrent de faire taire ce garçon qui donnait la migraine au public ! »

Seulement un an après cet épisode, les deux se rencontrèrent à nouveau et cette fois, Johnson laissa tout le monde bouche bée « pour ses facultés incroyables et la vitesse dans le pincement des cordes qu’il avait développé en une seule année ! » Et ce fut encore Son House et son alter ego Willie Brownqui insinuèrent que « ce n’est qu’en vendant son âme au diable que l’on peut devenir aussi doué en si peu de temps ! »

Lors de cette courte année, tout le monde se souvenait avoir aperçu le jeune Robert en compagnie d’Ike Zimmerman « jouant du blues », et pour couronner le tout « sur les pierres tombales du cimetière en dehors du pays », l’association Talent-Zimmerman-Démon fut alors évidente.

Voici le « grand causeur » Son House à l’époque des faits

Les rumeurs circulèrent et la légende du pacte avec le diable prit immédiatement forme : enfin, ce fut Robert Johnson lui-même qui la fixa définitivement en lui donnant voix dans son CROSSROAD BLUES. Puis, comme il arrive souvent, la légende le rattrapa et l’engloutit, le transformant en un artiste « beau et damné » destiné à une vie intense, brève et pleine de succès ainsi qu’à une mort dramatique et soudaine.

Et Zimmerman dans tout cela ?

J’ai trouvé plusieurs nouvelles le concernant sur une radio d’Alabama, qui fit une interview à sa fille il y a quelques années, à l’occasion de la revendication de certains morceaux de son père publiés par Robert Johnson. L’image qui en ressort est bien différente de ce que vous pourrez trouver !

Isaia « Ike » Zimmerman (mais le nom d’origine semble être Zinnerman) est né à Grady, dans l’Alabama, en 1907. Bien que l’amour de la musique se développa très vite, il fut obligé de travailler depuis son enfance comme agriculteur dans la petite entreprise familiale. Pendant son temps libre, il aimait jouer dans les bars, et Montgomery était très connu. Dans cette charmante petite ville, il prendra pour épouse une certaine Ruth, qui était cuisinière dans un des meilleurs hôtels de la ville. Avec elle, il déménage dans un endroit appelé The Quarters, sur Beauregard Road.

Il est intéressant de noter que la petite agglomération de 6 maisons se trouvait juste à côté d’un cimetière et que la maison d’Ike se trouvait au croisement, comme le raconte sa fille. Ici la famille s’élargit, il changea de travail mais ne perdit jamais la passion du blues qui, comme à l’accoutumée, n’était pas bien perçu par les gens du coin. Il était très habile non seulement avec la guitare, mais aussi avec d’autres instruments. Doué comme professeur, il semble qu’à un certain moment il commença à prendre du plaisir dans l’enseignement de la guitare...aux femmes ! Encore un nouvel élément de discorde avec la petite communauté, sachant qu’au début des années 20, la société, aussi bien noire que blanche, ne voyait pas d’un bon œil que les femmes « s’instruisent ». Sans parler de jouer du blues !

Zimmerman finit ainsi par donner des leçons… dans les cimetières, certes dans celui de Beauregard, mais aussi dans tous ceux de la région, puisqu’il se promenait souvent. La raison de ce choix lugubre est très simple : il s’agissait de lieux sacrés, tranquilles et isolés, endroits où même la tête chaude la plus déchaînée du cercle avait la possibilité de partir en vrille. Avec le temps, la présence d’Ike fut « absorbée et tolérée » et commença à faire partie du paysage. Ses allées et venues l’amenèrent à Martinsville, là où habitait son frère Herman et où était situé un il s’arrêtait souvent dans un local appelé à l’époque ONE STOP, car il était situé près de l’unique arrêt de bus de toute la zone. C’est ici que se déroula la rencontre fatidique entre Zimmerman et Johnson.

D’après les témoignages, Robert, fauché, s’arrêta au bar pour manger et jouer. Les deux s’apprécièrent tout de suite et Ike invita chez lui le pauvre garçon, qui montrait un grand amour pour la guitare et une forte volonté d’apprendre à en jouer. Johnson y séjournera toute une année.

Une photo rare de Ike Zimmermann quand il faisait de mentor au jeune Johnson.

Toute la famille Zimmerman s’attacha à ce garçon et les enfants jouaient avec lui. Le soir, ils se réunissaient autour du feu pour jouer des ballades traditionnelles ou même des chansons typiques de la famille Zimmerman. D’après les témoignages des fils, les célèbres Ramblin' on my mind et Come on into my kitchen, publiées par Johnson, étaient en fait des chansons composées par Ike dont Johnson s’est emparé.

Quoi qu’il en soit, les deux hommes étaient très occupés : le samedi et le dimanche, ils montaient à pied sur une route de terre à travers les bois, traversaient un certain croisement. Et puis ils allaient à droite pour entrer dans un cimetière où ils s’entraînaient à jouer, de jour comme de nuit. En fait, surtout la nuit, puisque Ike travaillait comme ouvrier pour nourrir sa famille ! Robert retournait parfois chez sa femme Callie... En plus de la guitare il semble que Zimmerman l’ait aidé à affiner l’art de l’harmonica et qu’il fut co-auteur de plusieurs chansons parmi celles qui ont ensuite été gravées pour Okeh, quelques années plus tard .

Enfin ils commencèrent à se produire en « duels musicaux » dans toute la zone entre Juke et Martinsville : ils se défièrent à coups de guitare au milieu des rues pour partir finalement vers le Texas, où leur route se divisa. Robert revint dans le nord pour impressionner ses collègues musiciens avec les compétences acquises, et Ike quitta Beauregard pour déménager avec sa famille d’abord à Los Angeles et enfin à Compton, en Californie, où il entreprit une activité d’élevage. Il n’a jamais cessé de jouer du blues et mourut paisiblement dans son lit en 1974.

Ike Zimmermann âgé en 1974, deux mois avant sa mort.

Pour ne pas citer le pauvre DOCTEUR FAUST, l’idée de vendre son âme au Malin…n’a rien de nouveau ! Toute la tradition Afro-Américaine ainsi que la tradition Européenne est pleine de références à cette pratique. Il suffit de rappeler le célèbre conte Le diable et Tom Walker d’ Irving Washington de 1824, ouLe Diable et Daniel Webster de Stephen Vincent Bennet de 1936. Et qu’en est-il de l’un des illustres prédécesseurs de Robert Johnson, tel le musicien noir TOMMY JOHNSON qui, dans le sillage de CHARLIE PATTON, se promenait triste et alcoolisé dans le Mississippi hurlant son BIG ROAD BLUES ?

Et pour dire vrai, Son House souligna la « familiarité » entre l’histoire de Robert Johnson et celle du bluesman de St. Louis PEETIE WHEATSTRAW, qui s’était autoproclamé « Fils légitime de Satan ». Enfin, si nous puisons dans les histoires de par chez nous, que diriez-vous de Nicolò Paganini et de plusieurs de ses morceaux qui lui auraient été soi-disant dictés par le démon.

En bref, ce fut chose facile de faire qu’un talent acquis né d’une détermination et d’une prédisposition devienne une Légende. Il suffit de la vanité de la part de Robert Johnson pour nous embrouiller et d’agrandir cette image à des fins purement commerciales. Dommage que le musicien DAMNÉ se soit étouffé lui-même en alimentant ses propres contes de fées !