Mentions Légales
Ce fichier au format EPUB, ou livre numérique, est édité par BoD (Books on Demand) — ISBN : 9782322470136
Auteur Laurent Drelincourt. Les textes du domaine public contenus ne peuvent faire l'objet d'aucune exclusivité.Les notes, préfaces, descriptions, traductions éventuellement rajoutées restent sous la responsabilité de ThéoTEX, et ne peuvent pas être reproduites sans autorisation.
ThéoTEX
site internet : theotex.orgcourriel :
[email protected]Table des matières
Un clic sur ◊ ramène à cette page.
Portrait
Notice sur Laurent Drelincourt
Préface de l'auteur
Livre Premier : sur la Nature et sur son Auteur
I. Sur la Vanité du Monde et sur le Souverain Bien
II. Sur la Divinité
III. Sur le Fils Éternel de Dieu
IV. Sur le Saint Esprit
V. Sur la Création du Monde
VI. Sur la Création du Monde (bis)
VII. Sur la Découverte du Nouveau Monde
VIII. Sur les Anges
IX. Sur l'Esprit Malin
X. Sur l'Homme, Image de Dieu
XI. Sur l'Homme (bis)
XII. Sur la Jeunesse
XIII. Sur la Vieillesse
XIV. Sur les Animaux
XV. Sur les Arbres et les Plantes
XVI. Sur les Cieux
XVII. Sur le Soleil
XVIII. Sur la Lune
XIX. Sur les Éléments
XX. Sur le Feu
XXI. Sur l'Air
XXII. Sur le Tonnerre et la Foudre
XXIII. Sur l'Arc-en-ciel
XXIV. Sur les Vents
XXV. Sur la Mer
XXVI. Sur les Fontaines et les Rivières
XXVII. Sur la Navigation
XXVIII. Sur la Terre
XXIX. Sur l'Or
XXX. Sur les Pierres Précieuses
XXXI. Sur la Pierre d'Aimant
XXXII. Sur le Renouvellement de l'Année
XXXIII. Sur le Printemps
XXXIV. Sur l'Été
XXXV. Sur l'Automne
XXXVI. Sur l'Hiver
XXXVII. Sur la Providence
XXXVIII. Sur la Providence (bis)
XXXIX. Sur la Providence (ter)
Livre Second : Sur Diverses Histoires de l'Ancien Testament
I. Sur l'état d'Adam et d'Ève dans le Paradis Terrestre
II. Sur le Péché d'Adam
III. Sur le Meurtre d'Abel
IV. Sur le Déluge
V. Sur l'Arche de Noé
VI. Sur la Tour de Babel et la Division des Langues
VII. Sur l'Embrasement de Sodome
VIII. Sur le Sacrifice d'Abraham
IX. Sur les Larmes d'Esaü
X. Sur la Lutte de Jacob
XI. Sur Joseph
XII. Sur la Servitude d'Egypte
XIII. Sur Job
XIV. Sur Moïse
XV. Sur la Sortie d'Égypte
XVI. Sur le Passage de la Mer Rouge
XVII. Sur les Miracles du Désert
XVIII. Sur la Loi
XIX. Sur l'Arche de l'Alliance
XX. Sur les Sacrifices
XXI. Sur Josué
XXII. Sur Gédéon
XXIII. Sur la Fille de Jephté
XXIV. Sur Samson
XXV. Sur Samuel
XXVI. Sur David
XXVII. Sur Absalom
XXVIII. Sur le Temple de Salomon
XXIX. Sur la Reine de Séba
XXX. Sur Élie
XXXI. Sur Jonas
XXXII. Sur la Maladie d'Ézéchias
XXXIII. Sur la Prison de Manassé
XXXIV. Sur la Mort de Josias
XXXV. Sur la Captivité de Babylone
XXXVI. Sur Daniel
XXXVII. Sur les trois Princes Hébreux dans la Fournaise
XXXVIII. Sur le Retour de la Captivité de Babylone
XXXIX. Sur la Reine Esther
Livre Troisième : Sur Diverses Histoires Du Nouveau Testament
I. Sur l'Évangile
II. Sur la Sainte Vierge
III. Sur la Naissance de Notre Seigneur\\Admiration
IV. Sur la Naissance de Notre Seigneur (bis)
V. Sur le Portrait de Notre Seigneur
VI. Sur l'Apparition de l'Ange aux bergers
VII. Sur l'Adoration des Mages
VIII. Sur Saint Siméon
IX. Sur le Massacre des Enfants de Bethléhem
X. Sur la Circoncision et le Baptême de Notre Seigneur
XI. Sur Saint Jean-Baptiste Décapité
XII. Sur la Tentation de Notre Seigneur au Désert
XIII. Sur les Sermons de Notre Seigneur
XIV. Sur l'Enfant Prodigue
XV. Sur le Mauvais Riche et Lazarre
XVI. Sur le Pharisien et le Publicain
XVII. Sur la Parabole des Vierges
XVIII. Sur les Miracles de Notre Seigneur
XIX. Sur la Transfiguration de Notre Seigneur
XX. Sur la Pénitence de la Pécheresse
XXI. Sur l'Entrée Royale de Notre Seigneur dans Jérusalem
XXII. Sur l'Agonie de Notre Seigneur au Jardin des Oliviers
XXIII. Sur la Trahison de Judas
XXIV. Sur la Chute et la Repentance de Saint Pierre
XXV. Sur la Croix
XXVI. Sur la Croix (bis)
XXVII. Sur la Conversion du Bon Larron
XXVIII. Sur les Miracles arrivés à la Mort de Notre Seigneur
XXIX. Sur la Sépulture de Notre Seigneur
XXX. Sur le Voyage de Marie-Magdeleine au Sépulcre de Notre Seigneur
XXXI. Sur la Résurrection de Notre Seigneur
XXXII. Sur la Résurrection de Notre Seigneur (bis)
XXXIII. Sur l'Ascension de Notre Seigneur
XXXIV. Sur l'Ascension de Notre Seigneur (bis)
XXXV. Sur la Pentecôte Chrétienne
XXXVI. Sur la Pentecôte Chrétienne (bis)
XXXVII. Sur le Martyre d'Etienne
XXXVIII. Sur la Conversion de Saint Paul
XXXIX. Sur la Prison et la Délivrance de Saint Pierre
XL. Sur la Mort d'Hérode Agrippa
XLI. Sur le Voyage de Saint Paul à Rome
Livre Quatrième : Sur Diverses Grâces et Divers États
I. Sur l'Église
II. Sur la Parole de Dieu
III. Sur les Sacrements
IV. Sur la Vérité
V. Sur l'Erreur
VI. Sur la Vertu
VII. Sur les trois principales Vertus Chrétiennes
VIII. Sur le Vice
IX. Sur la Guerre
X. Sur la Paix
XI. Sur la Paix de Dieu
XII. Sur la Prière
XIII. Prière pour le Matin
XIV. Prière pour le Soir
XV. Prière du Voyageur
XVI. Consolation du Prisonnier
XVII. Prière pour la Communion
XVIII. Action de grâces après la Communion
XIX. Prière du Malade
XX. Prière pour les Afflictions et les Douleurs
XXI. Prière du Mourant
XXII. Premier Adieu du Mourant
XXIII. Second Adieu du Mourant
XXIV. Sur la Mort
XXV. Sur la Mort (bis)
XXVI. Sur la Mort (ter)
XXVII. Sur la Mort d'une Fille Unique
XXVIII. Sur la Mort d'une Fille Unique (bis)
XXIX. Sur la Mort d'une Fille Unique (ter)
XXX. Sur le Tombeau du Fidèle
XXXI. Sur les Saints Martyrs
XXXII. Sur les Saints Martyrs (bis)
XXXIII. Sur la Résurrection
XXXIV. Sur la Résurrection (bis)
XXXV. Sur la Résurrection (ter)
XXXVI. Sur la Résurrection (quater)
XXXVII. Sur le Jugement Dernier
XXXVIII. Sur le Jugement Dernier (bis)
XXXIX. Sur le Jugement Dernier (ter)
XL. Sur l'Enfer
XLI. Sur la Gloire du Paradis
Laurent Drelincourt(1625-1680)
◊ Notice sur Laurent Drelincourt ◊
Charles Drelincourt (1595-1669) a été une gloire du protestantisme français. Pasteur pendant près d'un demi-siècle de l'église réformée de Paris-Charenton, à la suite de Pierre Du Moulin, il y acquit une réputation de bon prédicateur et d'auteur prolifique en ouvrages de piété traduits dans plusieurs langues. Sa fécondité s'exerça également dans le domaine naturel, puisque s'étant marié avec la fille unique de Monsieur Bolduc, riche négociant de Paris, il en eut seize enfants. Plusieurs d'entre eux firent de brillantes carrières de médecins ou de pasteurs, dont son fils aîné, Laurent, né en 1625, auteur des Sonnets Chrétiens.
Après des études de théologie à Saumur Laurent Drelincourt devient pasteur de La Rochelle en 1651. Il a hérité des talents oratoires de son père et de sa vigueur intellectuelle ; familier avec la noblesse protestante et les cercles culturels parisiens, il participe à une révision des traductions de la Bible. En 1663 il s'installe à Niort ; sa santé fragile limite son ministère, et dans ses nuits d'insomnie il compose ses fameux poèmes de quatorze vers sur divers sujets. Edités pour la première fois en 1677, ils connaîtront un succès immédiat et renouvelé.
A cinquante ans, six ans avant sa mort, Laurent perd la vue. Il continue cependant à cadencer des alexandrins et des décasyllabes dans sa tête, qu'il dicte ensuite. Ainsi paraîtra l'ouvrage posthume : Psaumes Pénitentiaux en Vers Héroïques. Le pasteur-poète a également publié de remarquables sermons, notamment celui intitulé : Les Étoiles de l'Église et les Chandeliers Mystiques.
L'orthographe de cette édition numérique des Sonnets Chrétiens a été évidemment modernisée. Les notes, fort instructives dans leur ensemble, ont été conservées, hormises quelques unes qui ne faisaient plus de sens à la lumière de la science moderne. Elles témoignent de la vaste érudition des pasteurs d'antan, et de leur lecture assidue des pères de l'Église.
Lorient, le 24 mai 2013
◊ Préface de l'auteur ◊
Je mets en lumière des Sonnets Chrétiens, que j'ai composés dans les heures de quelques mauvaises nuits. Je ne cherchais en cela qu'à charmer mon inquiétude, et je trouvais quelque douceur à fixer ma triste imagination sur ces innocentes pensées.
Je prenais les sujets selon qu'ils s'offraient d'eux-mêmes, sans songer ni à la liaison, ni au choix. Mais comme ces petits ouvrages se sont insensiblement multipliés, j'ai été obligé de les mettre dans quelque ordre, et de les diviser même en quatre livres, pour en ôter la confusion.
Ce corps de sonnets ainsi disposés, n'est pas semblable au corps humain, dont toutes les parties dépendent tellement l'une de l'autre, qu'elles ne peuvent subsister détachées de leur tout. C'est ici comme un bouquet de diverses fleurs, dont l'arrangement n'empêche pas que chaque fleur, séparée des autres, ne puisse avoir son odeur et sa beauté particulière. Ainsi, quelque ordre que j'aie mis dans ce recueil, on peut considérer chaque sonnet comme une pièce détachée et indépendante, qui, sans rapport aux autres, a en elle-même tout ce qu'elle est capable d'avoir ou d'agrément, ou d'utilité.
Je n'ai pas dessein de rabaisser le prix des plus magnifiques ouvrages de poésie, pour faire valoir mes faibles productions. Je dirai seulement ici, qu'il en est à peu près de la poésie, comme de la musique. L'une et l'autre deviennent ennuyeuses, si elles durent trop longtemps. Et quand même on regarderait la lecture des vers comme une promenade libre et sans contrainte, qui ne sait que la plus délicieuse promenade, quand elle est trop longue, ne laisse pas de fatiguer ?
J'applique cela aux Poèmes Héroïques. C'est-là sans doute que la poésie fait éclater ce qu elle a de plus harmonieux, et qu'elle paraît avec tous ses charmes. Mais comme toutes les parties de ces grandes pièces sont tellement liées ensemble, que pour en bien juger, et en faire son profit, il faut écouter tout le concert depuis le commencement jusqu'à la fin, et faire toute la promenade d'un bout à l'autre sans prendre haleine, il est comme impossible que l'on ne soit fatigué par cette longue application.
On peut dire, au contraire, que les sonnets, par leur brièveté, sont commodes aux lecteurs, parce qu'ils ne leur donnent pas le temps de se lasser. Ce sont comme autant de petits airs séparés, dont la musique n'est pas ennuyeuse, parce qu'elle est courte ; et ce sont comme autant de petites promenades, au bout desquelles on peut prendre le frais, et se reposer.
Au reste, je sais qu'il y a des gens qui regardent les termes et les fictions des poètes grecs et latins de l'antiquité païenne, comme l'âme et la forme essentielle de la poésie. Ainsi ils ne font nulle estime des vers qui, bien que formés par des chrétiens, ne sont pas animés de cet air du paganisme ; et qui, bien que français, ne sont pas vêtus à la Grecque ou à la Romaine. Chose étrange qu'il faille être païen pour être poète, et que sous le christianisme on encense encore aux idoles !
Mais, aille qui voudra dresser ses autels sur le Parnasse, et boire a la Fontaine Castaline : c'est un lieu où je n'eus jamais envie d'aller ; jamais, grâce au vrai Dieu, je n'invoquai ni le faux dieu Apollon, ni les Muses profanes, que l'on dit qui lui tiennent compagnie. J'ai toujours porté mes vœux en la Montagne de Sion, et au Ruisseau de Siloé. Aussi qu'est-ce, je vous prie, du violon de cette idole de la Phocide, et de la lyre de ces neuf filles fabuleuses, au prix de la harpe de David, et de la musette du Sanctuaire ? Et que sont tous les lauriers de l'Achaïe, en comparaison des palmes de la Terre-Sainte ?
Quoi qu'il en soit, je ne prétends pas que l'on trouve dans mes vers la délicatesse, ni la pompe que l'on trouve aujourd'hui dans des ouvrages même de dévotion et de piété, où les grâces, pour être chrétiennes, n'en sont que plus belles et plus aimables, puisqu'elles en sont plus pures et plus chastes.
Il sera pourtant aisé de reconnaître, que mes sonnets sont plus ou moins poétiques, plus ou moins heureux, selon la diversité des sujets ; ou, si vous voulez, selon la diverse disposition de mon esprit lorsque je m'y suis appliqué. Il faut même avouer qu'il y a ici quelques sonnets tendres et affectueux, qui n'y sont demeurés que parce qu'ils ont été l'occasion de tous les autres, et qu'ayant été faits sur des rencontres particulières où j'étais fort intéressé, je n'ai pu me défaire de ma tendresse pour eux, et j'ai accoutumé mes amis à les voir et à les souffrir. Les génies sont merveilleusement différents. Il y en a qui n'aiment dans les vers que les descriptions historiques, et les peintures naturelles. On en voit qui ne se plaisent qu'aux sujets de morale et de piété. Quelques-uns veulent des idées délicates, et qui flattent l'imagination. Mais d'autres souhaitent des pensées solides, et des expressions qui touchent le cœur. Enfin, les uns recherchent les fleurs et la magnificence du style, et les autres ne demandent que des fruits sans ornement et sans façon ; c'est-à-dire, qu'ils se déclarent pour le style simple et naturel, où sans art et sans figures les vers coulent doucement, comme si c'était de la prose.
Ainsi je ne doute pas, que comme il y a ici des sonnets de divers genres, la diversité du génie et de l'inclination ne fasse recevoir plus agréablement aux uns, ce qui plaira moins aux autres. Si le public reçoit quelque satisfaction de ce que je lui présente, il en aura plus d'obligation à mes amis qu'à moi-même. Ce sont eux, qui ayant vu quelques-uns de ces petits tableaux de la nature et de la Grâce, que j'avais tracés seulement pour ma consolation particulière, m'ont poussé, de temps en temps, à en entreprendre de nouveaux. Souvent même, par leurs instances, ils m'ont remis à la main le pinceau que j'en avais laisser tomber, sans intention de le reprendre.
C'est pour répondre à leur désir, et sur le jugement qu'ils ont fait de mon ouvrage, que j'en hasarde aujourd'hui la publication. Aussi je prétends qu'en quelque sorte ils en doivent être les garants ; et que ce n'est pas proprement à moi, mais à eux qu'il s'en faut prendre, si l'on n'en est pas satisfait.
Livre Premiersur la Nature et sur son Auteur
Livre Premier Sonnet I
Sur la Vanité du Mondeet sur le Souverain Bien
Va courir, si tu veux, l'un et l'autre hémisphère,
Tu n'y trouveras rien qui ne soit vanité,
Rien qui ne soit sujet à l'instabilité,
Rien dont ton âme, enfin, se doive satisfaire.
Vois-tu pas du mondain la sensible misère ?
L'avare, avec son or, est en captivité ;
L'ambitieux gémit, sous sa prospérité ;
Et des plus doux plaisirs la fin devient amère.
Tu cherches donc, d'un œil vainement curieux,
Le suprême bonheur sous la voûte des cieux !
En vain ton cœur aveugle ici bas s'enracine.
Mortel, écoute-moi ; viens apprendre en ce lieu
Que pour remplir une âme immortelle et divine
Aucun bien ne suffit qui soit moindre que Dieu.
3 : Le grand Salomon assure qu'il en avait fait l'expérience. 6 : L'Avare ne possède pas ses biens, mais il en est possédé. 7 : « O Couronne, que tu es pesante ! » disait le Roi Séleucus. 8 : Comme l'eau des rivières, lorsqu'elle se rend dans la mer. 14 : C'est pourquoi Dieu promet de se donner lui-même aux saints dans la gloire ; et l'Ecriture dit qu'alors il sera tout en tous.
Livre Premier Sonnet II
Sur la Divinité
Élève-toi, mon âme, et, d'un vol glorieux,
Va, dans le plus haut ciel, contempler l'invisible,
Le Monarque infini, plus grand que tous les cieux ;
La première Beauté, l'Être incompréhensible.
C'est lui qui toujours est, sans jamais être vieux ;
C'est lui par qui tout est, à qui tout est possible ;
Qui, sans changer de place, est présent en tous lieux ;
Et dont tout l'univers est l'image sensible.
Éternel, trois fois bon, trois fois grand, trois fois saint,
Que le ciel même adore, et que la terre craint,
Fais que je t'aime autant que je te vois aimable.
Que t'ayant ici-bas contemplé par la foi,
Quelque jour, au sortir de ce corps périssable,
J'entre dans ton palais, pour être tout en toi.
4 : Simonide ayant demandé terme sur terme, pour dire ce que c'était que Dieu, répondit enfin, que plus il y pensait, plus il y trouvait de difficulté.5 : Dieu se qualifie, celui qui est, qui était, et qui sera, c'est-à-dire, l'Éternel. Or l'éternité n'a point de temps, et celui qui ne peut naître, n'a point d'âge. (Tertullien) 11 : La raison d'aimer Dieu, c'est Dieu même ; et la mesure de l'aimer, c'est de l'aimer sans mesure. (Bernard)
Livre Premier Sonnet III
Sur le Fils Éternel de Dieu
Sur l'aile de ma foi, jusqu'aux cieux transporté,
Grand Dieu, je vois ton Fils dans sa grandeur immense,
Engendré dans ton sein, sans avoir pris naissance ;
Et vivant avec toi de toute éternité.
Je le vois ton égal, en force, en majesté ;
Joint à toi par nature, et le même en essence ;
Distingué, toutefois, quant à la subsistance ;
Mais sans éloignement, et sans diversité.
Etroite liaison ! ineffable mystère !
Le Père dans le Fils, et le Fils dans le Père,
Sont unis, sans mélange, inséparablement.
De leur sainte union la merveille est extrême :
Toute image à l'objet ressemble seulement ;
Mais l'image de Dieu, dans son Fils, c'est Dieu même.
8 : « Dieu de Dieu ; Lumière de Lumière ; vrai Dieu du vrai Dieu ; Fils unique de Dieu ; non fait, mais engendré, et par qui toutes choses ont été faites ; Consubstantiel, Coéternel, et Coégal au Père », disent dans le IVe siècle les Conciles de Nicée et de Constantinople. 9 : Les théologiens grecs ont nommé Périchorèse cette union ineffable, que Jésus-Christ avait exprimée en disant : « Je suis dans mon Père, et mon Père est dans moi ».
Livre Premier Sonnet IV
Sur le Saint Esprit
Esprit saint et divin, porte moi sur ton aile,
Au séjour bienheureux de ton éternité,
Pour y voir des rayons de ta divinité,
Sinon la vive flamme, au moins quelque étincelle.
Mais j'aperçois déjà ta splendeur immortelle :
Je t'adore, ô grand Dieu ! qui dans la Trinité,
Termines seul l'amour et la fécondité,
Qui du Père et du Fils sont la gloire éternelle.
Achève aussi pour moi, mon doux Consolateur,
L'œuvre dont, par son Fils, le Père fut l'auteur ;
Fais-moi sentir ta force et ta bonté suprême.
Le Père a bien donné son Fils pour me sauver ;
Le Fils, pour mon salut, s'est bien donné soi-même ;
Mais sans toi, ce salut ne se peut achever.
1 : Allusion à l'apparition du St. Esprit en forme de colombe, au baptême de Jésus-Christ. 7 : St. Augustin le qualifie « l'Amour, la Concorde, le Lien, et la Production du Père et du Fils, pour achever avec eux l'adorable Trinité, comme leur coégal en majesté et en gloire » 9 : Un ancien le nomme le Consommateur, et l'Ecriture le Paraclet ; c'est-à-dire, selon St. Augustin, le doux consolateur de nos larmes, et un vigilant avocat de nos misères.
Livre Premier Sonnet V
Sur la Création du MondePuissance du Créateur
J'adore l'invisible et l'immortelle essence,
Qui, de ses propres mains, a bâti l'univers.
Je bénis l'Éternel, dont mille effets divers
Font éclater la gloire et la magnificence.
A tout ce qui respire il donna la naissance ;
Il suspendit la Terre, il étendit les airs ;
Il fit les jours, les nuits, les étés, les hivers ;
Et du lambris des Cieux forma le tour immense.
Mais, de quelle matière, et par quels instruments,
Composa-t-il alors ces riches bâtiments,
Qui nous font admirer sa puissance suprême ?
De rien tu fis ce Tout, par ta divine voix.
Tout-puissant Créateur, tu trouvas en toi-même,
La substance, la forme, et l'ordre que j'y vois.
4 : Saint Paul représente les ouvrages de Dieu, comme des tableaux visibles de sa divinité ; et le roi-prophète attribue également une langue et une voix aux cieux, au jour et à la nuit, pour publier la gloire du Créateur. Plutarque même, quoique païen, dit que la perfection et le bel ordre de l'univers condamnent ouvertement l'impiété des athées. 11 : « Dieu a parlé, chante le psalmiste, et la chose a eu son existence ».
Livre Premier Sonnet VI
Sur la Création du MondeBonté du Créateur
Seigneur, n'avais-tu pas, de toute éternité,
Sur ton auguste front un pompeux diadème ?
Et ne vivais tu pas, dans ta grandeur suprême,
Revêtu de lumière et d'immortalité ?
Quel bien te manquait-il, dans ta divinité ?
Ton pouvoir, ton bonheur, n'était-il pas extrême ?
Et ne trouvais-tu pas, sans sortir de toi-même,
Tes délices, ta gloire, et ta félicité ?
Mais qui te porta donc, ô Puissance très sage,
A tirer du néant ce merveilleux ouvrage,
Cette basse machine, et ce haut firmament ?
C'est ta seule bonté qui fit la créature :
Tu voulus, Dieu très bon, marquer en la formant,
Sur l'œuvre de tes mains les traits de ta nature.
5 : C'est pourquoi Dieu se donne en sa Parole le nom admirable de Schaddaï, qui ne signifie pas seulement tout-puissant et invincible, mais celui qui se suffit à soi-même, et dont l'abondance se répand sur toutes les créatures. 9 : Avant le monde, Dieu était lui-même son occupation et sa gloire. (Minutius Félix) Avant toutes choses, Dieu était à soi-même, et monde, et lieu, et toutes choses. (Tertullien).
Livre Premier Sonnet VII
Sur la Découverte du Nouveau Monde
Que ta faible raison cède à l'expérience ;
École détrompée, ouvre aujourd'hui les yeux ;
Vois le double hémisphère, environné des cieux ;
Et d'un si vaste tour admire l'excellence.
Tu me blesses le cœur, nouvelle connaissance.
Dans un monde nouveau, je trouve un monde vieux ;
Vieille race d'Adam, esclave des faux dieux ;