Tales of Cherithy - Tome 1 - Alexane Guth - E-Book

Tales of Cherithy - Tome 1 E-Book

Alexane Guth

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Beschreibung

Si tu avais le pouvoir unique de te glisser dans les rêves des autres… qu’en ferais-tu ?  
C’est à travers cette capacité hors du commun que les chemins de Cherithy et Koru se croisent. 
Accompagne cette petite fille et son Étoile-guide sur les traces des Gardiens de Primarune. Explore des paysages enchanteurs pour rétablir l’harmonie du monde !  Ce premier tome t’ouvre les portes d’une aventure extraordinaire tissée de mystères, de magie et de découvertes. À chaque étape du voyage, reconstitue les illustrations à l’intérieur du livre pour révéler leurs secrets !


À PROPOS DE L'AUTRICE

Née en 1996 à Dijon, Alexane Guth passera son enfance en Asie, notamment au Cambodge, en Malaisie, et à Dubaï. Revenue en France, elle y termine sa scolarité. Titulaire d'un baccalauréat littéraire, elle s'est d'abord orientée vers l'infographie 3D, qu'elle a étudiée pendant 3 ans. Elle travaille en tant qu'étalonneuse en région parisienne et continue d'écrire en parallèle de son activité. Elle s'est plongée très tôt dans l'écriture, avec l'envie innée de créer des univers, des mondes et des intrigues. C'est à quatorze ans qu'elle commence l'écriture du premier tome d'une trilogie, saga intitulée "L'Odyssée des deux Mondes". À 23 ans, elle termine l'écriture d'une duologie intitulée"Ever Lightwes" et explore ainsi l'univers du thriller psychologique.  

Son inspiration peut aussi bien venir d'un livre, d'un film ou d'un jeu vidéo, que d'une musique ou d'un rêve. Alexane se passionne également pour la lecture, le montage vidéo, la photographie, les voyages, les animaux, la musique, la culture japonaise. Avec ce neuvième roman, Alexane puise son inspiration dans les univers de jeu vidéo contemplatifs tels qu’Ori et Journey. Cette première histoire jeunesse est ancrée dans un monde fantasy. Ce conte initiatique en trois tomes est une ode à la différence et une invitation à s’émerveiller de la beauté cachée dans les petites choses ordinaires. Le livre aborde des thématiques telles que l’écologie, la confiance en soi ou encore le cycle de la vie et la mort. Vous y trouverez aussi un concept original visant à récompenser le lecteur à chaque étape clé de sa progression à travers un système ludique de puzzles, à la façon des objets ou compétences obtenues lors d’une partie de jeu vidéo.

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Alexane Guth

 

 

 

 

I - Le voyage de Koru

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Nous sommes des grains de sable à l’échelle de l’univers. Cela ne veut pas dire pour autant que chaque grain n’a pas son importance. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Préambule :

Le récit se déroule dans un univers fictif. Tous les termes inventés de cette histoire sont répertoriés à la fin du livre, par ordre d’apparition.

Selon l’âge du lecteur/de la lectrice, ce livre peut contenir quelques mots/concepts difficiles d’accès, qui sont également listés en fin de texte, par ordre alphabétique.

 

Les illustrations à reconstituer sont votre terrain de jeu : laissez libre cours à votre imagination et personnalisez-les à souhait ! Le choix du noir et blanc permet à chacun de stimuler son imagination et colorier selon sa propre interprétation. Envoyez vos créations à : [email protected] afin que je puisse les repartager sur mes réseaux ! MERCI :)Pour écouter les musiques qui m’ont accompagnées pendant l’écriture : taper « Tales of Cherithy » sur YouTube.

 

 

« Tu as perdu quelque chose, Cherithy.

Quelque chose de très important.

Et maintenant, il te faut le retrouver.

Entre lumière et obscurité,

Sur le sentier de l’aube,

 Tu trouveras ta vérité.»

 

 

Tout commence par un rêve… et une sombre nuit d’orage.

 

 

 

 

 

 

 

Prologue — Présages

 

 

Je me vois, moi… mais ce n’est pas exactement ça.

La présence dans mes rêves est enveloppée d’une lumière chatoyante mais elle reste inaccessible. Chaque fois que j’essaie de tendre la main vers elle, de l’approcher, elle se dérobe.

Jusqu’au jour où j’ai compris.

Le domaine des songes est un passage : un portail entre le monde des vivants et celui des morts. Et ceux qui l’empruntent sont les engrenages qui perpétuent le cycle de la vie. Au fond, je l’ai toujours su.

Mais ce « moi » qui me faisait face… qui était-ce réellement ?

 

Prologue : Complété

Tu commences ton voyage aux côtés de Cherithy

Nouvelle récompense obtenue!

Tu obtiens 1 x « Esprit curieux »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 —Cherithy, éveille-toi

 

 

« Quand les choses ont-elles commencé à changer ? À quel moment as-tu compris que ce rêve serait le dernier ? Peut-être ne l’as-tu jamais compris. Tout au fond de toi, peut-être le savais-tu déjà. »

 

Aussi discrète qu’un fantôme, Cherithy est plongée dans la contemplation d’un rêve qui ne lui appartient pas. Sans jamais interférer avec son déroulement, elle se contente comme à son habitude d’observer, petite présence invisible nichée dans un recoin inaccessible à ceux dont elle visite les rêves. Ses yeux attentifs capturent chaque détail, qu’elle grave ensuite précieusement dans sa mémoire. Explorer les mondes inconscients des autres est devenu chose commune pour la jeune fille, qui a trouvé refuge dans des songes étrangers pour échapper aux siens. Cette nuit pourtant, des échos s’immiscent dans celui qu’elle épie, comme si elle se tenait à la frontière entre deux rêves et qu’ils se mélangeaient.

 

Dehors… dehors. Dehors.Ils t’attendent.

Non. Ne pars pas. N’y va pas.

Là-bas.

Reste.

Suis la lumière.

Non ! C’est dangereux.

Tu dois t’y rendre.

Ne l’écoute pas.

Tu es à l’abri, ici.

Tu ne l’es pas.

C’est en t’attardant ici que tu te mets en danger.

Toi, et tant d’autres choses…

 

Les voix au discours contradictoire sont de plus en plus fortes et se disputent son attention. Ce sont des murmures qui ricochent sans fin dans sa tête... Tout à coup, le songe qu’elle est en train de visiter prend une tournure bien plus oppressante. Mais elle est cachée. Personne ne peut la trouver ici… n’est-ce pas ?

Les deux timbres se superposent pour ne faire qu’un.

 

Tu ne peux pas éternellement rester un pied dans chaque monde,Cherithy.

 

L’enfant tressaillit.

Repérée. Elle vient d’être repérée.

Ce qui aurait dû s’apparenter à un simple conseil prend des airs d’avertissement. La mention de son prénom creuse un vide dans son estomac. Personne ne prononce jamais son nom en rêve.

Son pouls accélère. Là où elle ne pouvait auparavant pas l’atteindre, la peur s’insinue, glisse sous sa peau, se propage partout. Elle a l’impression qu’une main invisible est à sa recherche. Ici, camouflée dans les ténèbres, elle est censée pouvoir se glisser sans être vue. Elle est une ombre anonyme, une présence sans identité qui se faufile dans le royaume du sommeil à la rencontre d’autres rêves. Enfin, elle l’était jusqu’à maintenant.

Le dernier message résonne si fort en elle que Cherithy en est secouée. Elle a l’impression qu’une multitude de faisceaux lumineux convergent vers sa petite silhouette, éteignant l’obscurité qui la camouflait jusqu’alors pour dénoncer ouvertement sa présence. Ce n’est pas son rêve, pourtant il s’adresse à elle. Elle ne comprend pas ce que ça signifie. Il lui arrive parfois de recevoir des appels dans ses songes, souvent des bribes, ou alors une mélodie lointaine et distante, mais c’est la première fois que les voix s’expriment si distinctement. Le domaine onirique est si mystérieux… Il semble pourtant s’ouvrir à Cherithy d’une manière peu commune, comme si elle y possédait un accès privilégié. À tel point qu’avec le temps, elle s’est mise à se glisser, un peu au hasard et avec plus ou moins de succès, dans les rêves des autres. Elle ne peut pas décider de sa destination ni de s’extirper avant la fin du songe, mais une voie s’ouvre, c’est certain, entre son inconscient et les leurs.

Depuis toujours, elle possède cette aisance presque déroutante à établir un lien avec ce qui l’entoure — pas seulement les êtres humains. L’enfant comprend d’une simple observation ce qu’éprouvent les êtres vivants autour d’elle. À leur contact, son univers se peint de ressentis, de couleurs étranges et chatoyantes. Chaque sentiment a sa propre empreinte énergétique et elle peut les identifier d’un regard. Lorsqu’elle les touche, les émotions prennent vie, mais quand elles sont trop puissantes, elles rampent à sa rencontre et contrôlent Cherithy, qui devient prisonnière de ses facultés.

Chaque soir en s’endormant, l’enfant vit des histoires extraordinaires : lorsque règne la nuit, les couleurs qu’elle perçoit prennent alors vie. Les lumières qu’elle distingue autour des plantes, des animaux, des minéraux et même au sein de la matière s’animent dans ce monde onirique. Parfois, les nuances d’un être vivant lui révèlent son passé ou ses pensées. D’autres fois, c’est un tableau incompréhensible qu’elle observe simplement. Dans cet univers habité de teintes saisissantes qui la fascinent, certaines d’entre elles n’existent pas pour les humains ou, du moins, n’ont pas de nom pour eux.

Aujourd’hui pourtant, le monde des songes semble troublé et le sens du rêve qu’elle visite lui échappe. Les signes s’entremêlent, les couleurs sont agitées et les échos se confondent. Privée de l’obscurité qui la protégeait, ses repères s’effritent. Dans son esprit, tout se mélange en un labyrinthe de chemins qui ne mènent nulle part et ce domaine, qu’elle croyait connaître, lui paraît tout à coup étranger. Une sensation étouffante l’empêche de respirer, comme une peur… très, très profonde. Un poids dans sa poitrine comprime sa gorge et l’angoisse lui noue l’estomac. Les papillons dans son ventre refusent de se taire.

Prisonnière de son propre sommeil, incapable d’échapper à la menace qui semble vouloir la cueillir, l’enfant s’agite nerveusement. Et puis… en même temps que l’éclair qui déchire le ciel, deux yeux aux pupilles dilatées s’ouvrent brutalement dans la nuit. À son réveil, la tempête qui s’est déchaînée ce jour-là a transformé à tout jamais l’existence de Cherithy.

Il pleut à verse, dehors. Ses sens engourdis par le sommeil s’éveillent doucement — son état nauséeux aussi. Un terrible mal de tête frappe à la façon d’une enclume sur son front. Les sensations lui reviennent peu à peu. D’abord celle de ses draps tout froissés ainsi que de l’oreiller. Puis l’air autour d’elle, saturé d’électricité. Ensuite, l’atmosphère lourde, chargée d’étranges présages, comme autant de petites voix qui lui murmurent à l’oreille. Elle les ignore et pose une main sur son cœur. Sa respiration pénible fait écho à l’ambiance au-dehors. La lumière flashe dans son champ de vision. L’espace d’un instant, un éclair déchire le firmament et illumine l’ensemble de la pièce. À la faveur d’un nouvel éclair, suivi d’un coup de tonnerre foudroyant, le monde extérieur se révèle à travers la vitre de l’unique fenêtre de sa chambre. Une vision de chaos… La tempête se déchaîne. Agenouillée sur son lit, elle presse ses petites mains sur ses oreilles. Elle ressent la colère lointaine de la nature, la sensation devient plus limpide à mesure que l’orage grandit. Un grondement sourd secoue la maison, comme l’appel d’une créature gigantesque qui planerait au-dessus du monde. Troublée, Cherithy hasarde un coup d’œil par la fenêtre… et se trouve épinglée sur place par ce qu’elle y voit.

Une ombre immense, mystique, recouvre brusquement le paysage et obstrue toute lumière. L’impact d’un envol soulève un vent surnaturel qui fait trembler les murs de l’habitation. Des sons répétés de craquèlement se font entendre. Ça ressemble à des branches malmenées ou une structure qui s’effondre. L’enfant reste figée et à l’écoute, le cœur battant à tout rompre. L’épaisse pénombre se dissipe tout aussi vite et les rais de clarté émis par la lune se déversent de nouveau dans la chambre.

Et puis, d’un coup, son ouïe semble se libérer de son étau, comme si elle émergeait des abysses. Le son de la pluie battante et des rugissements de la tempête lui vrille les oreilles. Le vacarme autour d’elle est assourdissant. Est-ce la colère d’une créature gardienne qu’elle traverse ? Ou bien une peur profonde ? Un appel à l’aide ? Elle ne réussit pas à se concentrer sur les émotions qu’elle ressent : tout est trop agité, trop instable pour qu’elle puisse prêter un sens à tout cela. L’enfant se frictionne les bras. La sueur sur sa peau colle sa robe de nuit. Elle se sent à la fois fiévreuse et glacée de l’intérieur. Quelque chose de déterminant est sur le point de se produire, elle en a l’intime conviction. Et puis, il y a cette impression depuis son réveil : comme deux yeux obscurs braqués sur elle, qui l’épient et la jugent. Les sons, les odeurs, les couleurs et les sensations se mélangent tant qu’elle arrive à peine à les dissocier. Le parfum de l’herbe mouillée, l’atmosphère électrique d’une nuit d’orage, les vives lumières déchirant le ciel, le roulement du tonnerre qu’elle peut ressentir jusqu’au plus profond de son être… tout au-dehors l’appelle. C’est dangereux, imprudent et absurde… mais elle a l’intuition que les mots entendus en rêve reflètent le choix qui s’offre à elle. Ces murs l’ont trop longtemps préservée du monde. Ce n’est pas ici qu’elle trouvera les réponses qu’elle cherche : c’est par-delà cette protection qu’elle ne s’est jamais résolue à quitter. Pourquoi est-ce précisément au cœur d’une telle tempête qu’elle se risque désormais à prendre le large ? Est-ce bien son choix, ou y a-t-il une raison plus profonde, une volonté extérieure qu’elle ne maîtrise pas ? Elle se sent magnétisée par une force distante qui l’appelle. Une part d’elle est figée de peur. L’autre… l’autre n’aspire qu’à répondre à cette étrange sollicitation qui provoque une sorte de picotement dans tout son corps.

Uniquement habillée d’une tunique blanche et accoutrée de l’éternelle écharpe rouge dont elle ne se sépare jamais, Cherithy attrape sa cape accrochée au porte-manteau et la passe sur ses épaules. D’un tissu à la fois léger et robuste, le vêtement bleu-gris orné de motifs singuliers protège ses bras et descend jusqu’à ses mollets. Elle enfile à la hâte une paire de bottines et ouvre la porte. Sa paume s’immobilise sur la poignée : quelque chose l’observe. Le vent s’engouffre d’un coup dans la pièce et secoue ses cheveux clairs. L’enfant se couvre la tête d’un revers de main et de l’autre, rabat sa capuche. Le haut de son visage est avalé dans l’obscurité bienveillante de son habit. À la faveur d’un nouvel éclat de tonnerre, quelque chose s’anime sur la petite vitre de sa fenêtre, nimbée de buée. La surface se remplit progressivement d’une inscription, composée par une main invisible.

 

Suis-moi

N’aie pas peur

Les orbes te guideront

 

Nouvel événement débloqué !

Tu obtiens : 1 x « Message du guide »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cherithy ne s’est jamais interrogée sur les phénomènes étranges qui surviennent autour d’elle : elle accueille à bras ouverts la magie qui l’entoure et dont elle seule semble être témoin. Plutôt que de l’effrayer, ce message l’encourage à s’aventurer au-dehors. Son intuition ne l’a jamais trahie.

Aussitôt, un curieux instinct lui fait tourner la tête vers un recoin isolé sur la gauche de l’entrée. L’énergie est discrète, comme si elle cherchait à se fondre dans l’environnement pour ne pas être découverte. À première vue, il n’y a rien et pourtant… elle est intimement convaincue que, juste en face d’elle, se tient une silhouette dessinée d’espace négatif, découpée et rendue visible par… par la pluie elle-même. Oui, c’est bien l’écoulement de l’eau et la façon dont les gouttes ricochent sur ce « vide » qui laisse deviner ses contours… Complètement absorbée par sa contemplation, Cherithy est prise au dépourvu par une grosse perle tombée depuis l’auvent de l’entrée. Elle se retient de ciller, de peur que l’apparition envoûtante ne s’efface. Si elle devait mettre des mots sur ce que lui évoque cette émanation, elle la décrirait comme « la présence d’une absence ». Dans cet instant suspendu, le son du déluge et celui du vent s’estompent. Ses yeux se baissent par terre : là ! À cet endroit précis, sur quelques centimètres, le sol reste sec malgré la pluie diluvienne qui s’abat partout ailleurs. Pas une trace d’humidité ne recouvre cette zone. Lorsqu’elle reporte son attention sur la silhouette, celle-ci demeure complètement immobile. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’elle assiste à des événements étranges ou inexplicables et cependant, cette rencontre tissée d’invisible et de silence la laisse sans voix.

Ses contours sculptés par l’averse commencent à s’estomper et l’endroit où elle se tient se remplit peu à peu de gouttes. Sans doute ne peut-elle pas apparaître indéfiniment… Des questions plein l’esprit, Cherithy la salue d’un signe de tête et abandonne l’abri de l’auvent.

La silhouette encapuchonnée s’aventure au cœur de l’orage, telle la dernière fleur fuyante survivante d’une vaste catastrophe.

 

Une porte se ferme, une autre s’ouvre…

Tu quittes l’enceinte rassurante de ton foyer pour t’aventurer dehors, dans la tempête. Tu n’as pas peur, parce que tu n’es pas seul.e. Prends ma main et allons ensemble à la rencontre de ton destin.

Nouvelle récompense obtenue!

Tu obtiens : 1 x « Appel de l’aventure »

 

Elle se fond peu à peu dans l’épais rideau de pluie qui répand une brume stagnante sur les terres. Les contours de l’enfant s’estompent dans l’obscurité, avalés par la puissante tempête qui s’abat sur Primarune. Bientôt, le rouge vif de son écharpe n’est plus qu’un point terne au loin.

Satisfaite, la présence nébuleuse tapie dans l’ombre de sa maison se dissipe. L’envoyée invisible disparaît et les gouttes tombent de nouveau à l’endroit où elle s’est évaporée.

Les éléments se déchaînent mais Cherithy avance, confiante. Apparue depuis les profondeurs de la forêt qui s’étend devant elle, une petite sphère de lumière lui montre la voie et elle la laisse l’entraîner toujours plus loin. Sa peau d’un bleu gris brille à la lueur de la bulle magique. Guidée par l’orbe, l’enfant s’enfonce dans la forêt de Nycariel. Son cœur bat à tout rompre dans sa poitrine : est-ce la bonne décision ? Maintenant que sa maison est si loin derrière elle, le doute la saisit. Elle pourrait revenir à son ancienne vie, ignorer l’appel qui agit comme un aimant et l’attire à elle.

Elle pourrait.

L’Orbe s’agite, impatient. Comme pour symboliser son propre choix, un embranchement se présente à l’orée de la forêt. Elle cherche dans la pluie qui l’entoure une trace de la silhouette invisible, mais rien… rien d’autre que des gouttes qui elles, frappent librement le sol sans que leur course ne soit déviée.

« Qui étais-tu, silhouette de pluie ? »

La curiosité prend le pas sur la tristesse et Cherithy offre un dernier regard derrière elle avant de se détourner, abandonnant ainsi la possibilité de faire demi-tour.

Sa soif de comprendre et d’apprendre domine ses incertitudes. Elle trouvera l’origine de l’appel, même si elle doit traverser l’ensemble du continent pour ça ! Sa résolution provoque un étrange mélange d’euphorie et de crainte. C’est le genre de décision qu’on prend sur un coup de tête, avec la spontanéité de l’enfance et l’ivresse du moment. Quand la perspective de découvrir quelque chose de nouveau surpasse toutes les voix dans notre esprit — celles qui nous dissuadent de continuer, celles qui nous mettent en garde, celles qui interrogent notre bon sens.

Oui, elle pourrait renoncer, pour tout un tas de raisons.

Mais elle décide de franchir cette porte, de saisir l’opportunité… et voir où la conduira ce voyage. Ça pourrait être à deux pas de chez elle, comme au bout du monde. Elle ne le saura qu’en allant de l’avant.

La clarté diffuse de la sphère enchantée illumine son chemin, ouvrant un passage à travers la pénombre. Avant même qu’elle ne s’en aperçoive, la sylve millénaire l’enveloppe, tel un cocon. La pluie battante ne perce pas l’épaisse végétation qui fait office d’obstacle naturel contre les éléments qui se déchaînent. Les arbres immenses ressemblent à des statues géantes qui se referment sur elle pour la préserver du déluge. Il règne dans les bois obscurs une sensation de bienveillance, de refuge. Elle ne peut s’empêcher de songer à sa visiteuse nocturne, à la façon dont, pour elle, cet abri représente sa disparition. Ce doit être bien triste de n’être visible que lorsque tombent les gouttes…

Toute la forêt semble s’incliner pour accueillir sa présence. Elle, qui a toujours connu ce lieu de jour, le redécouvre désormais. Enveloppée dans son écrin de ténèbres, Nycariel est splendide. Quelques timides rayons de lune se fraient un chemin à travers les denses bois, créant un tableau mouvant chaque fois que le vent agite les branches. On dirait que la forêt est réellement vivante… Fascinée par la beauté de l’endroit, qui s’habille de joyaux inédits lorsqu’on le visite de nuit, Cherithy se perd dans la contemplation du domaine s’étirant à l’infini vers le ciel.

À la faveur du halo de l’orbe qui danse devant ses yeux, l’enfant distingue les moindres détails de son environnement et les couleurs qui l’habitent. Chaque élément vibre de sa propre aura et la symbiose de toutes ces énergies donne naissance à un tableau saisissant. Les larges feuilles des fougères ploient élégamment pour la saluer, tandis que de longues lianes montant jusqu’à la cime des arbres créent un rideau derrière lequel se cachent les animaux nocturnes pour se protéger de l’averse. Elle peut repérer leurs yeux brillants qui l’observent avec curiosité. À ses pieds, quelques fleurs bleues émettent des particules luminescentes qui se détachent de leurs pétales pour être emportées dans l’air. Cherithy s’extasie des bulles colorées et suit du regard leur envol. Le reflet de leur clarté dans les prunelles de l’enfant est aussi enchanteur que la scène elle-même. La beauté du lieu achève d’enterrer son appréhension et bientôt, le regret qu’elle a éprouvé en quittant son foyer se dissipe lui aussi.

Plus haut, les lucioles virevoltent autour des branches. Elles produisent une douce lueur oscillant entre le jaune et le vert, petits points flamboyants au milieu de toute cette ombre. Tout près d’elle, les racines luisantes des grands arbres tracent un chemin à travers l’obscurité. Les veines incandescentes, parcourues d’un fluide scintillant, ouvrent un passage dans la pénombre. La forêt semble attendre son arrivée, cherchant à la guider vers un endroit précis. Ce n’était peut-être pas si fou d’être venue ici en pleine nuit, au cœur de l’orage. Peut-être existe-t-il réellement une raison. Peut-être y a-t-il quelque chose pour elle, en ces bois.

L’orbe s’agite devant elle en petits soubresauts, signalant son impatience. Intriguée, elle abandonne son observation pour la suivre. À son passage, des cristaux aux mille couleurs chatoyantes s’allument. Les gemmes, immenses, poussent à même l’écorce des arbres, comme si elles y prenaient racine et qu’elles en devenaient le prolongement. Une lueur en constant mouvement remue à l’intérieur, faisant varier leur intensité. Elle ne les a jamais remarquées avant… Comment a-t-elle pu ne pas voir leur présence alors qu’elle y était si souvent venue ? 

 

« Les pierres sacrées sont le secret de la forêt.

Elles ne se révèlent pas à n’importe qui. »

 

Cherithy se fige de surprise. Elle pivote sur elle-même, désorientée, avant de se rendre à l’évidence : la voix qui a résonné, venue d’un autre temps, semble provenir de l’orbe lui-même. La sphère, dont la luminosité et la forme varient au gré de ses humeurs, est dotée d’une volonté propre. L’enfant décide de ne pas la contrarier et prend la direction qu’elle lui indique. Elle s’engouffre plus profondément dans l’énigmatique forêt, qui recèle un nombre inimaginable de secrets. Il faut ouvrir l’œil, tendre l’oreille et rester à l’affût pour les révéler. D’étape en étape, l’invitée s’émerveille. Le paysage change progressivement tandis qu’elle s’enfonce au cœur de Nycariel. L’atmosphère sélène laisse place à une ambiance chatoyante, oscillant entre le vert, l’orange et le violet. L’odeur de la pluie fraîche, mêlée à l’humus et à l’écorce, vient chatouiller ses narines alors qu’elle suit l’appel de son guide surnaturel.

Elle n’a pas peur. Ce lieu, bien qu’étrange et empli de curiosités, lui inspire confiance. Elle pressent aussi qu’il est gardé par une grande force — imperceptible, mais bien là. Il existe des choses que l’œil humain ne peut voir : des réalités, des auras, des chemins secrets, des portails gravitant continuellement autour d’eux. La magie est partout : Cherithy la ressent au quotidien. Ces choses qui sont cachées des humains… elle les a toujours distinguées.

Alors, elle suit sans crainte sa messagère éthérée, bien décidée à comprendre où elle souhaite l’emmener. La sphère luminescente la conduit vers la source d’énergie que perçoit l’enfant. Tout au fond de la forêt, était tapie une présence… 

 

Chapitre 1 : complété

Guidé.e par ta lumière, tu t’engouffres petit à petit dans la forêt pour suivre l’appel qui t’attire.

Nouvelle récompense obtenue!

Tu obtiens 1 x « Graine d’aventurier.e »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2 —Koru

 

 

Loin, loin entre les grands arbres de Nycariel, s’engouffrent une petite fille et sa lumière. Niché dans l’antre des géants de bois, l’orbe semble interagir avec quelque chose. Il s’agite avec frénésie, l’incitant à s’en approcher. L’empreinte énergétique qu’elle a captée à son arrivée dans la forêt se précise : elle diffuse un mélange de gentillesse, de bienveillance et de puissance. Il en émane une force étrange, mystique, qu’elle n’a jamais rencontrée auparavant. Magnétisée par la présence qui l’attend et qu’elle ne distingue pas encore, l’enfant s’avance tout doucement. Elle craint de briser la magie de l’instant, de la faire fuir si elle se précipite. La lumière disparaît derrière elle, plongeant le chemin qui s’étendait à ses pieds dans l’obscurité. Dans cette pénombre, chaque sonorité, chaque odeur, chaque impression est amplifiée. La forêt se pare soudainement de ses couleurs subtiles : elle est pleine de bruits, d’effluves et d’énergies. Sans aucun repère visuel, tous ses autres sens s’éveillent. C’est alors qu’elle les discerne enfin.

Deux yeux luminescents, d’un turquoise enivrant, l’observent en retour. Le cœur de l’enfant trébuche dans sa poitrine. Captivée par ce regard qui transcende la nuit et brille bien plus fort que n’importe quelle lueur, Cherithy ose à peine un geste. Les prunelles mystiques de l’animal se sont fixées sur elle et guettent sa réponse. L’ensemble de la forêt se dissipe comme un écran de brume pour ne laisser que la présence en face d’elle. Une intense énergie émane du fauve dont elle devine petit à petit les contours. Face à l’absence de réaction de l’orbe, l’enfant décide d’amorcer un premier pas vers la créature, qui n’émet aucun mouvement de recul. De plus en plus confiante, elle progresse à pas feutrés jusqu’à combler la distance qui les sépare. Toute son attention est absorbée par l’être magique, comme si, en sa présence, le reste du monde s’effaçait. S’apercevant que sa lumière-guide ne la suit plus et lévite sur place à l’endroit où elle s’est tenue, elle pivote sur ses pieds, incertaine. Sa clarté vacille.

 

— Orbe ? Tu ne viens pas ?

 

Pour toute réponse, la sphère magique reste en retrait. Sa curiosité piquée, elle poursuit son chemin. Se pourrait-il que l’animal, dont elle parvint désormais à cerner la silhouette, ait attendu son arrivée ? Le mouvement de ses yeux dépose une traînée chatoyante qui s’efface aussitôt. La créature ne ressemble en rien à ce qu’elle connaît. Aussi grande et élancée qu’un loup, elle en possède les attributs mais semble également tenir du renard et… d’autre chose qu’elle n’aurait su identifier. Son pelage, sombre et soyeux, oscille entre le noir, le gris et le bleu. Nimbée du rayon de la lune, la créature est auréolée d’argent, dessinant ses contours avec élégance. Son épaisse queue s’agite derrière elle. Ses pattes avant sont plus larges que celles arrière. Deux petites oreilles inclinées vers l’arrière et un museau court, légèrement retroussé, complètent sa frimousse.

Plus que sa curieuse apparence, c’est l’aura qu’elle répand qui la laisse sans voix. Toute cette longue et secrète traversée au cœur de Nycariel prend désormais son sens. L’orbe l’a guidée ici. Cette rencontre insoupçonnée, au plus profond de la forêt, la secoue jusqu’à l’âme. Dans cet instant suspendu, l’enfant et l’animal s’observent en silence.

Une émotion étrange la saisit, tandis qu’elle approche une main tremblante de son museau. Une part d’elle a peur de l’effrayer. L’autre sait qu’il ne fuira pas. Parce qu’il est venu pour elle. C’est ce que lui souffle son instinct.

Elle veut engager un contact avec l’être qui se tient, bien droit, devant elle, mais ne s’y résout pas. Pourtant, quelque chose dans ses grands yeux azuréens l’y incite. Elle s’étonne de lire si facilement son état d’esprit à travers son regard. Avec délicatesse, elle presse son index sur sa truffe humide et, en confiance, la caresse du bout des doigts. L’animal lui lèche la peau en retour, signalant son approbation d’être ainsi approché.

De petites vibrations lui picotent la main. Le front de la créature au pelage sombre s’illumine d’un signe en arabesque, du même bleu intense que ses yeux. Depuis l’endroit où sont posées ses pattes avant, un réseau de veines surnaturelles s’étend et trace une toile lumineuse sur toute la forêt, sous son regard abasourdi. Est-ce elle qui provoque cela ? Que vient-elle d’éveiller ? Elle sent d’anciennes forces émerger des profondeurs des bois, comme autant de bulles endormies qui refont surface et propagent désormais leur aura.

Aussitôt, un changement intérieur s’opère chez elle. Secouée d’une pulsation, elle a le souffle coupé. L’onde de choc qui s’ensuit ricoche dans toute la forêt. Ses yeux ne se détachent plus de ceux de l’animal, happés par un appel secret. Leurs énergies s’entremêlent comme deux liens invisibles et indissociables. Une aveuglante lumière les enveloppe, tel un cocon, avalant tout autour d’elle pour ne laisser que la silhouette confuse de la chimère. Quelque chose se disloque brutalement au plus profond d’elle. Un cri sans timbre résonne. L’étoffe rouge autour de son cou s’anime toute seule et se soulève doucement pour flotter jusqu’à l’animal.

 

— Tu as apporté la Tisseuse de mémoire. Tu ne l’as jamais quittée…

 

Transportée par la manifestation surnaturelle, l’enfant ne réagit pas immédiatement à la voix venue d’ailleurs. Son écharpe s’unit magiquement à l’extrémité de la queue du fauve, qui s’entrelacent pour ne faire qu’un. Les couleurs sont si puissantes qu’elles l’aveuglent. Elles sont trop nombreuses et se mélangent trop vite pour qu’elle puisse les identifier. Les yeux de l’animal brillent encore plus fort. Une suite indéchiffrable d’images défile dans l’esprit de Cherithy. Elle entrevoit des bribes qui ressemblent à des souvenirs. Un tunnel de visions, d’effluves, de sons et de sensations l’aspire : elle a l’impression de remonter le temps à une vitesse vertigineuse. Une douleur lancinante s’ouvre dans sa poitrine. Emportée par le courant, elle se sent déchirée en deux, chaque morceau cherchant désespérément à se rejoindre. Optimisme, doute, tristesse, incertitude, allégresse : chaque émotion succède à la précédente dans un tourbillon infini. L’intensité avec laquelle elle éprouve cette palette de sentiments lui coupe le souffle et lui donne le tournis. Une sensation étrange chatouille la zone entre ses omoplates, comme une fibre de lumière gravée à même sa peau, une marque interne dont la signification lui échappe. Toutes ses cellules semblent se retourner au contact de cette impulsion. Le tracé se tisse telles les pattes d’un insecte invisible à l’œuvre — elle ressent distinctement chaque nœud qui s’y crée, chaque connexion qui s’instaure avec ses tissus musculaires, chaque infime brin qui remonte le long de ses vertèbres. La vitesse à laquelle se forme le filament lumineux se calque sur celle du défilement des visions. Elle supporte bravement l’épreuve, qui s’achève au bout de quelques secondes. Le ruban lumineux se défait, mettant fin au phénomène. Les arabesques sur le front de l’animal cessent de luire et le symbole se fond dans sa fourrure épaisse, comme s’il n’avait jamais existé. Sous le choc, l’enfant observe de nouveau la créature. Un unique nom lui traverse l’esprit.

 

— Ko… ru ?

 

Nouvel événement débloqué !

Koru t’accompagne désormais.

Tu obtiens : 1 x « Connexion mystique »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lorsque l’animal réagit à l’appel, elle lit dans ses grands yeux intelligents toute la vérité.

Un lien vient de se créer.

 

— C’est mon nom.

— Je m’appelle…

 

La voix intérieure de Koru l’interrompt.

 

— Je sais déjà qui tu es, jeune fille. Je l’ai lu grâce à ce que tu portes autour du cou. Je t’attendais.

 

Elle devrait être surprise qu’il puisse dialoguer avec elle, plus encore par son esprit, mais cette façon de communiquer lui semble aussi naturelle que la parole. Pour une raison qui lui échappe, elle a l’impression de le connaître depuis toujours…

 

« Entends-tu mes pensées ? »