Tartuffe ou l’Imposteur - Molière - E-Book

Tartuffe ou l’Imposteur E-Book

Moliere

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Beschreibung

Le Tartuffe ou l'Imposteur est une comédie de Molière en cinq actes et en vers créée le 5 février 1669 sur la scène du Théâtre du Palais-Royal.
La Fable
| Orgon est l'archétype du personnage de cour tombé sous la coupe de Tartuffe, un hypocrite et un faux dévot. Il est, ainsi que sa mère, Madame Pernelle, dupe de Tartuffe. Ce dernier réussit à le manipuler en singeant la dévotion et il est même parvenu à devenir son directeur de conscience. Il se voit proposer d'épouser la fille de son bienfaiteur, alors même qu'il tente de séduire Elmire, la femme d'Orgon, plus jeune que son mari. Démasqué grâce à un piège tendu par cette dernière afin de convaincre son mari de l'hypocrisie de Tartuffe, Tartuffe veut ensuite chasser Orgon de chez lui grâce à une donation inconsidérée que celui-ci lui a faite de ses biens. En se servant de papiers compromettants qu'Orgon lui a remis, il va le dénoncer au Roi. Erreur fatale : le Roi a conservé son affection à celui qui l'avait jadis bien servi lors de la Fronde. Il lui pardonne et c'est Tartuffe qui est arrêté... |
|Source Wikipédia|

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SOMMMAIRE

PERSONNAGES

ACTE I

ACTE II

ACTE III

ACTE IV

ACTE V

Notes

MOLIÈRE

TARTUFFE OU L'IMPOSTEUR

COMÉDIE EN CINQ ACTES.

1669

Texte établi par Charles Louandre Charpentier |  1910

Raanan ÉditeurLivre numérique 464 | édition 2

PERSONNAGES

 

Mme Pernelle, mère d’Orgon. 1 ,Orgon, mari d’Elmire 2 .Elmire, femme d’Orgon 3 .Damis, fils d’Orgon 4 .Mariane, fille d’Orgon et amante de Valère 5 .Valère, amant de Mariane 6 .Cléante, beau-frère d’Orgon 7 .Tartuffe, faux dévot 8 .Dorine, suivante de Mariane 9 .M. Loyal, sergent 10 .Un Exempt.Flipote, servante de madame Pernelle.

 

 

La scène est à Paris dans la maison d’Orgon.

 

 

ACTE I

Scène 1

MADAME PERNELLE, ELMIRE, CLÉANTE, DAMIS, DORINE, FLIPOTE. 

 

 

MADAME PERNELLE 

Allons, Flipote, allons ; que d’eux je me délivre.

 

ELMIRE

Vous marchez d’un tel pas, qu’on a peine à vous suivre.

 

MADAME PERNELLE 

Laissez, ma bru, laissez ; ne venez pas plus loin ;

Ce sont toutes façons dont je n’ai pas besoin.

 

ELMIRE

De ce que l’on vous doit envers vous on s’acquitte.

Mais, ma mère, d’où vient que vous sortez si vite ?

 

MADAME PERNELLE 

C’est que je ne puis voir tout ce ménage-ci,

Et que de me complaire on ne prend nul souci. Oui, je sors de chez vous fort mal édifiée :Dans toutes mes leçons j’y suis contrariée ; On n’y respecte rien, chacun y parle haut, Et c’est tout justement la cour du roi Pétaud 11 .

 

DORINE

Si…

 

MADAME PERNELLE 

Vous êtes, ma mie, une fille suivante,

Un peu trop forte en gueule, et fort impertinente ;Vous vous mêlez sur tout de dire votre avis.

 

DAMIS

Mais…

 

MADAME PERNELLE 

Vous êtes un sot en trois lettres, mon fils ;

C’est moi qui vous le dis, qui suis votre grand’mère ; Et j’ai prédit cent fois à mon fils, votre père, Que vous preniez tout l’air d’un méchant garnement,Et ne lui donneriez jamais que du tourment.

 

MARIANE 

Je crois…

 

MADAME PERNELLE 

Mon Dieu ! sa sœur, vous faites la discrète,

Et vous n’y touchez pas, tant vous semblez doucette ; Mais il n’est, comme on dit, pire eau que l’eau qui dort, Et vous menez sous chape 12  un train que je hais fort.

 

ELMIRE

Mais, ma mère…

 

MADAME PERNELLE 

Ma bru, qu’il ne vous en déplaise,

Votre conduite, en tout, est tout à fait mauvaise ; Vous devriez leur mettre un bon exemple aux yeux ; Et leur défunte mère en usait beaucoup mieux. Vous êtes dépensière ; et cet état me blesse,Que vous alliez vêtue ainsi qu’une princesse. Quiconque à son mari veut plaire seulement, Ma bru, n’a pas besoin de tant d’ajustement.

 

CLÉANTE 

Mais, madame, après tout…

 

MADAME PERNELLE 

Pour vous, monsieur son frère,

Je vous estime fort, vous aime, et vous révère ;Mais enfin si j’étais de mon fils son époux, Je vous prierais bien fort de n’entrer point chez nous. Sans cesse vous prêchez des maximes de vivre Qui par d’honnêtes gens ne se doivent point suivre. Je vous parle un peu franc ; mais c’est là mon humeur,Et je ne mâche point ce que j’ai sur le cœur 13 .

 

DAMIS

Votre Monsieur Tartuffe est bien heureux, sans doute…

 

MADAME PERNELLE 

C’est un homme de bien qu’il faut que l’on écoute ;

Et je ne puis souffrir sans me mettre en courroux, De le voir querellé par un fou comme vous 14 .

 

DAMIS

Quoi ! je souffrirai, moi, qu’un cagot de critique

Vienne usurper céans un pouvoir tyrannique ; Et que nous ne puissions à rien nous divertir, Si ce beau monsieur-là n’y daigne consentir ?

 

DORINE

S’il le faut écouter, et croire à ses maximes,

On ne peut faire rien, qu’on ne fasse des crimes ; Car il contrôle tout, ce critique zélé.

 

MADAME PERNELLE 

Et tout ce qu’il contrôle est fort bien contrôlé.

C’est au chemin du ciel qu’il prétend vous conduire : Et mon fils à l’aimer vous devrait tous induire.

 

DAMIS

Non, voyez-vous, ma mère, il n’est père ni rien,

Qui me puisse obliger à lui vouloir du bien : Je trahirais mon cœur de parler d’autre sorte. Sur ses façons de faire à tous coups je m’emporte : J’en prévois une suite, et qu’avec ce pied-platIl faudra que j’en vienne à quelque grand éclat.

 

DORINE

Certes, c’est une chose aussi qui scandalise

De voir qu’un inconnu céans s’impatronise ; Qu’un gueux, qui, quand il vint, n’avait pas de souliers, Et dont l’habit entier valait bien six deniers,En vienne jusque-là que de se méconnaître, De contrarier tout, et de faire le maître.

 

MADAME PERNELLE 

Eh ! merci de ma vie, il en irait bien mieux

Si tout se gouvernait par ses ordres pieux.

 

DORINE

Il passe pour un saint dans votre fantaisie :

Tout son fait, croyez-moi, n’est rien qu’hypocrisie.

 

MADAME PERNELLE 

Voyez la langue !

 

DORINE

À lui, non plus qu’à son Laurent,

Je ne me fierais, moi, que sur un bon garant.

 

MADAME PERNELLE 

J’ignore ce qu’au fond le serviteur peut être ;

Mais pour homme de bien je garantis le maître.Vous ne lui voulez mal et ne le rebutez Qu’à cause qu’il vous dit à tous vos vérités. C’est contre le péché que son cœur se courrouce Et l’intérêt du ciel est tout ce qui le pousse.

 

DORINE

Oui ; mais pourquoi, surtout depuis un certain temps,

Ne saurait-il souffrir qu’aucun hante céans ? En quoi blesse le ciel une visite honnête, Pour en faire un vacarme à nous rompre la tête ? Veut-on que là-dessus je m’explique entre nous ?…

(Montrant Elmire.)

Je crois que de madame il est, ma foi, jaloux 15 .

 

MADAME PERNELLE 

Taisez-vous, et songez aux choses que vous dites.

Ce n’est pas lui tout seul qui blâme ces visites : Tout ce tracas qui suit les gens que vous hantez, Ces carrosses sans cesse à la porte plantés, Et de tant de laquais le bruyant assemblage,Font un éclat fâcheux dans tout le voisinage. Je veux croire qu’au fond il ne se passe rien ; Mais enfin on en parle, et cela n’est pas bien.

 

CLÉANTE 

Hé ! voulez-vous, madame, empêcher qu’on ne cause ?

Ce serait dans la vie une fâcheuse chose,Si, pour les sots discours où l’on peut être mis, Il fallait renoncer à ses meilleurs amis. Et quand même on pourrait se résoudre à le faire, Croiriez-vous obliger tout le monde à se taire ? Contre la médisance il n’est point de rempart.À tous les sots caquets n’ayons donc nul égard ;

Efforçons-nous de vivre avec toute innocence, Et laissons aux causeurs une pleine licence.

 

DORINE

Daphné, notre voisine, et son petit époux,

Ne seraient-ils point ceux qui parlent mal de nous ?Ceux de qui la conduite offre le plus à rire Sont toujours sur autrui les premiers à médire : Ils ne manquent jamais de saisir promptement L’apparente lueur du moindre attachement, D’en semer la nouvelle avec beaucoup de joie,Et d’y donner le tour qu’ils veulent qu’on y croie ; Des actions d’autrui, teintes de leurs couleurs, Ils pensent dans le monde autoriser les leurs, Et, sous le faux espoir de quelque ressemblance, Aux intrigues qu’ils ont donner de l’innocence,Ou faire ailleurs tomber quelques traits partagés De ce blâme public dont ils sont trop chargés 16 .

 

MADAME PERNELLE 

Tous ces raisonnements ne font rien à l’affaire.

On sait qu’Orante mène une vie exemplaire ; Tous ses soins vont au ciel ; et j’ai su, par des gens,Qu’elle condamne fort le train qui vient céans.

 

DORINE

L’exemple est admirable, et cette dame est bonne !

Il est vrai qu’elle vit en austère personne ; Mais l’âge, dans son âme, a mis ce zèle ardent, Et l’on sait qu’elle est prude, à son corps défendant.Tant qu’elle a pu des cœurs attirer les hommages, Elle a fort bien joui de tous ses avantages ; Mais, voyant de ses yeux tous les brillants baisser, Au monde qui la quitte elle veut renoncer, Et du voile pompeux d’une haute sagesseDe ses attraits usés déguiser la faiblesse. Ce sont là les retours des coquettes du temps : Il leur est dur de voir déserter les galants. Dans un tel abandon, leur sombre inquiétude

Ne voit d’autre recours que le métier de prude ;Et la sévérité de ces femmes de bien Censure toute chose, et ne pardonne à rien 17 . Hautement d’un chacun elles blâment la vie, Non point par charité, mais par un trait d’envie, Qui ne saurait souffrir qu’une autre ait les plaisirsDont le penchant de l’âge a sevré leurs désirs 18 .

 

MADAME PERNELLE, à Elmire. 

Voilà les contes bleus qu’il vous faut pour vous plaire,

Ma bru. L’on est chez vous contrainte de se taire : Car madame, à jaser, tient le dé tout le jour. Mais enfin je prétends discourir à mon tour :Je vous dis que mon fils n’a rien fait de plus sage Qu’en recueillant chez soi ce dévot personnage ; Que le ciel au besoin l’a céans envoyé Pour redresser à tous votre esprit fourvoyé ; Que, pour votre salut, vous le devez entendre,Et qu’il ne reprend rien qui ne soit à reprendre. Ces visites, ces bals, ces conversations, Sont du malin esprit toutes inventions. Là, jamais on n’entend de pieuses paroles ; Ce sont propos oisifs, chansons, et fariboles :Bien souvent le prochain en a sa bonne part, Et l’on y sait médire et du tiers et du quart. Enfin les gens sensés ont leurs têtes troublées De la confusion de telles assemblées : Mille caquets divers s’y font en moins de rien ;Et, comme l’autre jour un docteur dit fort bien, C’est véritablement la tour de Babylone 19 , Car chacun y babille, et tout du long de l’aune 20  ;

Et, pour conter l’histoire où ce point l’engagea…

(Montrant Cléante.)

Voilà-t-il pas monsieur qui ricane déjà !Allez chercher vos fous qui vous donnent à rire,

(À Elmire.)

Et sans… Adieu, ma bru ; je ne veux plus rien dire. Sachez que pour céans j’en rabats de moitié, Et qu’il fera beau temps quand j’y mettrai le pied.

(Donnant un soufflet à Flipote.)

Allons, vous, vous rêvez et bayez aux corneilles.Jour de Dieu ! je saurai vous frotter les oreilles. Marchons, gaupe, marchons 21 .

Scène 2

CLÉANTE, DORINE.

 

 

CLÉANTE 

Je n’y veux point aller,

De peur qu’elle ne vînt encor me quereller, Que cette bonne femme…

 

DORINE

Ah ! certes, c’est dommage

Qu’elle ne vous ouît tenir un tel langage :Elle vous dirait bien qu’elle vous trouve bon, Et qu’elle n’est point d’âge à lui donner ce nom !

 

CLÉANTE 

Comme elle s’est pour rien contre nous échauffée !

Et que de son Tartuffe elle paraît coiffée !

 

DORINE

Oh ! vraiment, tout cela n’est rien au prix du fils :

Et, si vous l’aviez vu, vous diriez : C’est bien pis ! Nos troubles l’avaient mis sur le pied d’homme sage,

Et, pour servir son prince, il montra du courage 22 . Mais il est devenu comme un homme hébété Depuis que de Tartuffe on le voit entêté ;Il l’appelle son frère et l’aime dans son âme Cent fois plus qu’il ne fait mère, fils, fille et femme. C’est de tous ses secrets l’unique confident, Et de ses actions le directeur prudent ; Il le choie, il l’embrasse ; et pour une maîtresseOn ne saurait, je pense, avoir plus de tendresse : À table, au plus haut bout il veut qu’il soit assis ; Avec joie il l’y voit manger autant que six ; Les bons morceaux de tout, il faut qu’on les lui cède ; Et, s’il vient à roter, il lui dit : Dieu vous aide 23 .Enfin il en est fou ; c’est son tout, son héros ; Il l’admire à tous coups, le cite à tout propos ; Ses moindres actions lui semblent des miracles, Et tous les mots qu’il dit sont pour lui des oracles. Lui, qui connaît sa dupe et qui veut en jouir,

Par cent dehors fardés a l’art de l’éblouir ; Son cagotisme en tire à toute heure des sommes, Et prend droit de gloser sur tous tant que nous sommes. Il n’est pas jusqu’au fat qui lui sert de garçon, Qui ne se mêle aussi de nous faire leçon ;Il vient nous sermonner avec des yeux farouches, Et jeter nos rubans, notre rouge, et nos mouches. Le traître, l’autre jour, nous rompit de ses mains Un mouchoir qu’il trouva dans une Fleur des Saints, Disant que nous mêlions, par un crime effroyable,Avec la sainteté les parures du diable.

 

Scène 3

ELMIRE, MARIANE, DAMIS, CLÉANTE, DORINE.

ELMIRE, à Cléante.

Vous êtes bien heureux de n’être point venu

Au discours qu’à la porte elle nous a tenu. Mais j’ai vu mon mari ; comme il ne m’a point vue, Je veux aller là-haut attendre sa venue.

CLÉANTE

Moi, je l’attends ici pour moins d’amusement ;

Et je vais lui donner le bonjour seulement.

Scène 4

CLÉANTE, DAMIS, DORINE.

DAMIS

De l’hymen de ma sœur touchez-lui quelque chose :

J’ai soupçon que Tartuffe à son effet s’oppose, Qu’il oblige mon père à des détours si grands ;220Et vous n’ignorez pas quel intérêt j’y prends… Si même ardeur enflamme et ma sœur et Valère, La sœur de cet ami, vous le savez, m’est chère ; Et s’il fallait…

DORINE

Il entre.

Scène 5

ORGON, CLÉANTE, DORINE.

 

 

ORGON 

Ah ! mon frère, bonjour.

 

CLÉANTE 

Je sortais, et j’ai joie à vous voir de retour.

La campagne à présent n’est pas beaucoup fleurie.

 

ORGON 

Dorine…

(À Cléante.)

Mon beau-frère, attendez, je vous prie.

Vous voulez bien souffrir, pour m’ôter de souci, Que je m’informe un peu des nouvelles d’ici.

(À Dorine.)

Tout s’est-il, ces deux jours, passé de bonne sorte ?Qu’est-ce qu’on fait céans ? comme est-ce qu’on s’y porte ?

 

DORINE

Madame eut avant-hier la fièvre jusqu’au soir,

Avec un mal de tête étrange à concevoir.

 

ORGON 

Et Tartuffe ?