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Il y avait bien longtemps que je ne m’étais arrêtée dans mes œuvres, pour enfin prendre le temps. Le temps de flâner, le temps de glaner la saison qui s’éteint, le temps de vivre à pleins poumons la sève encore vivace, avec ces vents de pluies, de brumes et de mystères... Le bocage est tellement sonore pour qui sait l’écouter... Et son appel tant répété avait écho trouvé dans un coin de ma tête. Je franchis donc le seuil d’une orée d’à côté, me grisant à l’avance de mes félicités, factices d’ignorance... Je ne pouvais pourtant me résoudre à moi-même, conquise par l’idée qu’il y aurait là matière à partager plus tard quelqu’une mélopée... Cependant, et alors qu’un bruissement d’Éole s’affinait en auto-perception, un rire intérieur s’ébroua, pouffant par vagues continues, jusqu’à presque m’étourdir. Quelle idée que de vouloir « sortir de chez soi pour rentrer en soi même tout en vibrant d’extérieurs... ». Que de paradoxes dans l’Être individuel, se voulant et voulant à la fois, comme si la sincérité d’un moment pouvait tenir lieu d’argument à la véracité d’une idée ou d’un fait... Sincérité n’est pas vertu, et encore moins vérité...
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Seitenzahl: 95
Veröffentlichungsjahr: 2024
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TyfanieMahé
Textes poétiques et autres
Le présent recueil retrace un parcourt littéraire vieux de quelques trente ans. Il s’inscrit aujourd’hui dans un souhait de dire l’être aliénée par le christianisme que j’ai été, les nombreuses erreurs, fautes et confusions qui me mirent pour un temps au banc de la société, dans un gâchis de vie (alcools, drogues, etc.…). C’est maintenant une personne régénérée par l’interaction de ses camaradEs de la zad de NDDL, regardant avec lucidité son passé, forte des déconstructions collectives toujours en devenir auxquelles nous nous essayons, qui, dans ce pré en bulle, parle.
Née biologiquement homme (je m’en explique dans mes souvenirs), j’ai suivi un parcourt de ré-assignation de genre jalonné d’obstacles : administratifs, juridiques, médicaux. Je remercie cependant le corps médical qui dans son ensemble m’a soutenue et conseillée, les punks de la rue de saint-brieuc qui les premiers me tendirent la main en m’acceptant pour ce que j’étais, ainsi que toutEs les camaradEs qui ont pour moi témoignées.
Écrire en alexandrins, octosyllabes et autres rythmes d’antan peut, certes, paraître avec le recul, audacieux, pour ne pas dire prétentieux. Mais, ayant commencé sur le tard mon éducation poétique, conditionnée pour être ce que je n’étais pas dans un enchevêtrement de coercitions, refoulée de toujours, on peut essayer d’y comprendre que je me réfugiais alors dans un ordre apparent, me voilant là, par la forme, mes désordres de fond, où dit autrement, ordonnant par l’écrit mes désordres non-dits, faisant fi des faiblesses de style, imperfections humaines, trop humaines parfois. La rime m’emportait sur le vers suivant, qui lui-même m’entraînait encore et toujours un peu plus loin, telle une Don Quichotte assaillie de moulins aux vents mauvais.
Aux rythmes poétiques d’hier, se sont ajoutés, depuis bientôt neuf ans, les travaux et les jours d’Hésiode, mais aux couleurs politiques du rouge et du noir, quand le maraîchage rime avec le partage ; et, c’est, heureuse, que je me réalise maintenant aux milieux de mes camaradEs.
Puissiez-vous, lecteurices, camaradEs et amiEs de tous les genres, m’accorder l’indulgence pour ces quelques vers et autres rêveries, qu’ielles ne soient qu’un présent de fait, ou plus encore, un gage présent pour nos ententes futures...
L’artiste jamais ne se leurre
Dans la disette son labeur
Vibre se meut et puis semeurt
D’amour d’amour d’amour
Offrant son corps à tout regard
Il fanfaronne sous lefard
Il fanfaronne c’est sirare
D’amour d’amour d’amour
Sur un trapèze de bémols
Il jongle vire et caracole
Car son spectacle faitécole
D’amour d’amour d’amour
Ses doigts son souffle et tout soncœur
Brûlent les feux des projecteurs
En irradiant les auditeurs
D’amour d’amour d’amour
La perfection n’existantpas
Il se travaille pas àpas
Serein d’étrange commeloi
D’amour d’amour d’amour
A l’heure du dernier soupir
Il œuvrera dans son empire
Pour lui l’instant n’est qu’un sourire
D’amour d’amour d’amour
Le vent souffle en rafales,
Et les branches des grands arbres claquent de résistances.
Le Soviet Suprême tient le coup mais sa lunette chancelle.
La sciure est désormais mouillée.
Seul, un rouleau de papier trône
Au milieu de ce nulle part existentiel.
« L’avenir du monde passe par la selle »
S’affirme en un slogan à peine publicitaire…
Qui l’entendrait,
Sans y être venu pour méditer,
Et repenser le sens de lavie,
Le sens de cette vie qui s’écoule
Comme la sève des plantes monoïques,
Hermaphrodites en substance,
Nous reprécisant de par leur Être même
Qu’un univers dé-genré,
Sur-genré,
A-rangé,
Préexistait déjà,
Bien avant que les patriarches testiculés
Ne cherchent à nous évincier.
Le vent d’ici s’infiltre,
Et susurre à jamais ses mélopées polyphoniques
En clefs de chants et d’enclosures déracinées.
Les lois de l’apesanteur semblent comme suspendues,
Comme toutes les lois du reste.
Seul, un étron tombe de satisfaction,
Rompant, d’une glissure molle,
L’harmonie du désordre ambiant.
Enfin libérée d’un poids mort,
La conscience s’envole,
En un rêve éveillé,
Vers un dehors spongieux…
La pluie toujours ruisselle -
Serpentins de feuilles affolées,
Frappées de gouttes éclatées,
Et des bottes surpeuplées de boue
Alors se dressent
Dans leur dignité imperméable :
A l’Est, rien de nouveau,
Si ce n’est que tout estsens…
L’arbre a toutdit
De troisamis
Et d’un’ copi-i-i-i-ne
L’arbre a toutdit
Deux sont partis
Vers d’au-tres-lits
Couplet1
La Freuze est clea-ne
Pour les frangi-nes
Pour le parta-a-a-a-ge
On s’y mélange
Comme desanges
Entre tous â-â-ges
Couplet2
A la Châtaigne
Bonjour les beignes
D’un cœur qui sai-ai-ai-ai-gne
Faut réagir
Dans le sourire
Au vent qui vi-i-re
Couplet3
Le cœurserré
L’autre estresté
On vous l’agré-é-é-é-e
Vers la Bellic’h
L’ombre s’enfiche
Monte u-ne-fri-i-che
Il y avait bien longtemps que je ne m’étais arrêtée dans mes œuvres, pour enfin prendre le temps. Le temps de flâner, le temps de glaner la saison qui s’éteint, le temps de vivre à pleins poumons la sève encore vivace, avec ces vents de pluies, de brumes et de mystères... Le bocage est tellement sonore pour qui sait l’écouter... Et son appel tant répété avait écho trouvé dans un coin de ma tête. Je franchis donc le seuil d’une orée d’à côté, me grisant à l’avance de mes félicités, factices d’ignorance... Je ne pouvais pourtant me résoudre à moi-même, conquise par l’idée qu’il y aurait là matière à partager plus tard quelqu’une mélopée... Cependant, et alors qu’un bruissement d’Éole s’affinait en auto-perception, un rire intérieur s’ébroua, pouffant par vagues continues, jusqu’à presque m’étourdir. Quelle idée que de vouloir « sortir de chez soi pour rentrer en soi même tout en vibrant d’extérieurs... ». Que de paradoxes dans l’Être individuel, se voulant et voulant à la fois, comme si la sincérité d’un moment pouvait tenir lieu d’argument à la véracité d’une idée ou d’un fait... Sincérité n’est pas vertu, et encore moins vérité...
En avançant sous la futaie, les branchages tombés craquaient en résonnant, et mon cœur s’emballait de vigueurs, en rythmes improbables. Quoi qu’il m’advînt, quoi que je visse ou ressentisse, je voulais, nécessairement à travers un prisme que mon choix d’un instant prétendument libre m’imposait de facto. J’avais choisi dans une multitude de possibles, et un seul de ces possibles s’était alors manifesté comme LE choix du moment, qu’il me fallait – comble d’une pseudo liberté – accomplir, c’est à dire sortir, et me retrouver là, seule avec mes entendements. N’était-ce pas cela même que je m’étais proposé : sortir de chez moi pour rentrer en moi même tout en vibrant d’extérieur ?...D’intersections en talus, de flaques en ornières, sûre de ma respiration, j’avançais, et plus j’avançais, plus le Collectif, pourtant présent par la pensée, s’éloignait dans une courbe asymptotique. Alors à quoi bon se le représenter en solo... J’en étais là (et lasse, hélas) de ma réflexion, et souhaitais déjà rentrer, mais l’ivresse des forêts me maintenait en suspension, à chaque pas, comme si des ressorts me propulsaient jusqu’à ambraser la cime des grands arbres... Ma liberté alors s’abandonnait aux branches étoilées, dans une violente rêverie... Je voulais, certes oui, je voulais nécessairement quelque chose, et le voulant, sans pour autant être libre de vouloir, puisque mes vouloirs ne l’étaient pas, je fabriquais là de la contradiction, éperdue, dans un enchevêtrement inextricable de concepts où vouloir et pouvoir sur soi ne rimaient pas, loin de là... La solitude ne m’avait pas libérée, je m’étais moi-même enchaînée par une alchimie auto-fusionnelle dont je devais me défaire, et me défendre à l’avenir. Dans une suffisance narcissique, je me contemplais alors, fière de mon Intelligence, fière d’avoir décortiqué là une critique acceptable...Mais un semblant d’absence me fit alors prendre conscience que cette Intelligence semblait surtout dire de ce qu’elle n’était pas, car, justement, s’opposant à sa propre absence, comme si l’Être, (dans le sens de ce qui est) pouvait se définir par le « non-être », comme si cette Intelligence ne pouvait être que dans un rapport originel à ce qu’elle ne serait pas, comme si la négation d’une chose, d’un être, d’une idée, pouvait préexister à la chose, à l’être, à l’idée, ou, dit plus simplement, comme si le NON (la négation) pouvait précéder le OUI (l’affirmation). N’y aurait-il pas là, de plus et au-delà même d’une évidente contradiction, un principe d’autorité disant ou induisant la personne qui l’emploierait (moi en l’occurrence) comme seule détentrice et juge du fait ? Et l’autre dans tout ça ? Obligé-e de s’agenouiller ? comme si cette Intelligence lui échappait complètement ? telle une inconnue inaccessible qui lui nierait de fait le droit de la recevoir en partage ? Point d’horizontalité collective dans l’affirmation de cette Intelligence toute individuelle qui ne saurait, de fait, instruire, car illogique et (surtout) source de dominations...
Sans que je décidasse vraiment de mes déplacements, mes pas me ramenaient vers des paysages familiers, encore un peu sur un nuage, mais sure qu’une chaise me reposerait bientôt de cette torpeur bien trop oxygénée. En cet instant de vagabondage, cette chaise prenait un sens double : en tant qu’objet désiré, et en tant qu’objet porteur de sens. Je me représentais l’objet et le désir de cet objet, la chaise sur laquelle je projetais de m’asseoir, le sens du mot « chaise » et le sens qu’elle prenait alors pour moi en termes de désir.
L’objet et le sens de cet objet différaient puisque je pourrais toujours m’asseoir sur l’un mais pas sur l’autre. Différaient également le désir de cet objet et la satisfaction résultant de son assouvissement – désir attestant d’un manque en impuissance et de sa cessation en tant que tel, puisque tout désir, étant manque, meurt à l’instant même où il est accompli... Je marchais depuis déjà quelques temps, j’étais fourbue, et mes pensées s’emballaient dans un maelström de feuilles mortes... Esseulée, j’étais condamnée à supputer sans cesse, sans jamais « penser à rien » puisque, pouvant à la fois le retrancher ou l’ajouter, rien ne saurait être rien, puisque, rien qu’à le définir, il est déjà, mentalement, quelque chose... Je n’avais, pour lors, plus rien à opposer, à mes sempiternels soliloques, hormis le silence, ce silence, qui, absolument, n’étant qu’absence, ne serait pas., ou encore, ne serait (défini, existant) que par ce qu’il ne serait pas, comme tant d’autres mots induisant dans l’ombre…
Petit à petit, un bouillonnement de sève globulée me faisait ressentir, et la sensation d’écorcée vive me revenait, avec ces maux de mots ; à rebours, j’avais franchi le seuil d’une orée d’à côté, bredouillante de lucidité. Il me fallait rentrer, et continuer de vivre, avec encore pour choix l’incertitude de la vraisemblance quand l’Être se pense UN au détriment des autres (alors même que ce UN ne devrait valoir que tant qu’il s’ajoute), et toutes ces tentatives collectives, ces tentatives, décriées, galvaudées, fascisées quelques fois, mais qui, sans nier pour autant l’originalité des expressions, permettraient à chacun-es et dans la moindre contrainte, un épanouissement personnel optimal, loin des principes et préceptes et concepts clef en main, dans l’affirmation commune d’une Société égalitaire, se définissant par ses pluralités, se construisant, souvent de bric et de broc, mais avec le souhait, l’idée, le vouloir d’ensemble faire des choses qui nous rassemblent, qui nous ressemblent, pour un toujours nouveau Chemin de Faire...
Chemin deFaire
Idée dansl’air
Qui se promène
Qui nousamène
Comment s’entendre
D’une voix tendre
Loin des principes
Ça émancipe
Trouver lemot
Exempt demaux
Sans dictionnaire
La lente affaire
Faire duOUI
Qui soitouï
De mille façons
De mille raisons
De plus enplus
Bravent lesus
L’entraidefière
La fourmilière
Construire ensemble
C’est-il nous semble-
Tisser desliens
Qui soient humains