The world of fables - Gabriel Coste - E-Book

The world of fables E-Book

Gabriel Coste

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Beschreibung

 La première guerre de l'équilibre a laissé des traces, coupant le continent en deux par l'affrontement des deux êtres célestes et leurs destinées. Les vainqueurs vivent en paix ; en sursis ; dans l'attente du retour de Titania et de sa vengeance. Elle viendra pour les anéantir. Les forces qui lui font obstacles n’ont plus qu'un secret, connu des Élémentaires pour stopper son ascension au contrôle de ce monde. Il en va de l'ambition de chacun, de leurs volontés à imprégner leurs existences à leurs seules images.




À PROPOS DE L'AUTEUR




Je me nomme Gabriel COSTE. Je suis né à Pertuis dans le Vaucluse et, ai grandi à Mirabeau. J’ai eu une enfance riche, d’amis, de famille et de rebondissements heureux. J’ai suivi un cursus scolaire des plus classiques. J’ai été sportif pendant de longues années, voulant transmettre ma passion par l’enseignement, je suis devenu entraineur. J’ai appris des personnes ; ce qu’ils étaient, ce qu’ils sont et à quoi ils aspirent. Apprendre la différence entre un rêve et une envie. Entre concrétisation et absolue réalisation. J’ai souvent été ouvert aux autres. Souvent car dire « toujours » serait erroné. Il y a des moments de la vie où l’on a besoin d’être seul, de se retrouver pour savoir qui l’on est, ce que l’on veut par rapport à ce que l’on peut. J’ai grandit avec les films du : Le seigneur des anneaux, Star Wars, Indiana Jones, Alien, King Kong, et les autres nombreux films de l’univers « Spielberg ». Je ne suis pas écrivain. Je n’ai pas cette prétention. Cependant j’ai toujours eu un esprit artistique enclin à la fantaisie. Voulant rendre cela concret, j’ai commencé l’écriture de ce livre suite à un évènement malheureux. J’ai voulu lui rendre mémoire par la mise en forme d’une histoire qu’elle aurait aimée. Je me suis surpris à écrire. Après un temps, c’étaient les protagonistes qui écrivaient leurs histoires, plutôt que de suivre une narration prémâchée. J’espère que vous prendrez autant de plaisir que moi à parcourir ces lignes.

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Une histoire écrite par COSTE-LALY

 

 

 

 

 

 

The World of Fables

 

 

Ascension

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce livre est bref... Mais son pouvoir est long.

Souvent écrit avec rudesse et, souvent, grossièreté.

Il est tout nourri de pudeur et d'amour.

 

Il se veut sans prétentions.

Vous y trouverez ce que vous y apporterez.

Il ne se veut pas être sérieux. Il sera parfois drôle, parfois lunaire et à d'autres moments de cette histoire révoltant.

Il est une inspiration dans l'instant d'une vie.

Une cour de récréation. Ma récréation.

 

Ne prenez rien pour acquis…

 

Gardez l'esprit et les yeux bien ouverts.

 

 

Partie du Lore

 

1 Le premier Age

 

Les premiers habitants de ce monde Etaient les hydres, les dragons et les harpies. Les hydres étaient les rois des mers. Les dragons ceux de la terre et les harpies, seules maîtres des cieux. Il y eu une guerre de domination. Chacun des clans voulaient imprégner le monde à leurs seules images. Les harpies succombèrent aux dragons. Ils donnèrent un nouvel ordre aux cieux.

*

La descendance des harpies resta cachée, attendant la fin de leur âge pour renaître. Elles purent le faire par l’intermédiaire de l’arriver de nouveaux êtres.

Les Hommes se succédaient, Les générations avec.

Elles perdirent leurs traits caractéristiques. Devenant confondable avec la banalité humaine.

2 La première guerre de l’équilibre

 

Pour éviter la défaite sur les champs de Xerros, Célestia emprisonna son frère, fracturant le continent en deux. Par le sacrifice de son essence elle se scella à lui. Les emprisonnant au fond de la mer abyssale. Figeant le monde dans un équilibre instable. Mais perpétuel.

Titania frôlait le trépas. Après l’enfermement de son père par Célestia, elle n’eut d’autre choix que l’exil sur le nouveau continent Ouest.

Apres La première guerre de l’équilibre, provoquer par Célestium. Les essences originelles devaient avoir de nouveaux êtres qui seraient représentant de leurs volontés.

Titania et Nium furent choisit en ce but. Exécutant la volonté divine. Perpétuant le cycle connu d’un petit nombre. Au fil du temps leur but devenait inatteignable. Ils étaient submergés par la soif de domination pour l’une et de liberté pour l’autre. Leurs propres volontés étaient devenues plus grande que les dessins de leurs Divinités. Ils se défirent de leurs Dieux, mettant en œuvres leurs plans qui passeraient inexorablement par la guerre.

Les essences originelles ne pouvaient le laisser faire. Elles ne pouvaient permettre que la totalité de son équilibre soit perdu.

*

Les Origins du Chaos, du Vide et de l’Ombre trouvèrent la fille de Célestium. Les Origins la sauvèrent de la mort, lui trouvant une nouvelle possibilité de victoire face aux mages de Nium. Une domination totale où seule elle en serait le maître. L’Ascension.

*

Titania absorba l’Origin de l’Ombre.

Elle devait assimiler toutes les essences de ce monde. Elle commença par les mages de Célestium.

Les survivants de la première guerre s’étaient regroupés en communautés éparses sur le nouveau continent.

Titania les prélevait de leurs énergies. Devenant plus puissante à chaque être absorbé. Utilisant leurs ombres pour en créer des clones ; aux corps d’esclaves, à la conscience fantôme.

Leur nombre était trop important pour qu’elle puisse tous les diriger et donner à ses rangs de soldats un ensemble cohérent. Elle réutilisa l’essence de l’ombre pour s’extraire d’une partie de cette magie, combinée à celle des clones, et créa le mur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partie 1

 

Chapitre 1er / Jour 1 Titania Maîtresse de l'Ombre

 

La pluie redoublait avec une telle force...

Les bruits d'impacts avaient attiré la foule. Certaines parties des tuiles s'étaient cassées ou fracturées. Le phénomène était contemplé, entre admiration et crainte. Une tempête s’abattait comme des lames sur une seule maison de la cité de Fièr. Cela ne pouvait être que magie. La foule de villageois s'était agglutinée autour de la modeste demeure. Posant des questions à voie hautes pour les plus courageux. Mais ils n’obtinrent aucunes réponses. Les autres comme absorbés par ce qu'ils voyaient, tentaient de comprendre.

A son arrivée le Prince Nium ne prononça pas un mot. Il avançait simplement à la limite du sol sec et du tourbillon de pluie dantesque qui semblait être emprisonné dans cet espace bien précis. Sous la pluie diluvienne et continue, la terre s'était imbibée d'eau. Le vent s’entremêlait et avait arraché une partie du toit et des murs. Le mage s'entoura d'une sphère lumineuse, éblouissant l'ensemble de l’assistance. Les spectateurs ne purent voir qu'une fois le Prince entrée dans l'habitation désolée. Un long moment passa. La pluie stoppa. Le futur monarque sortit avec sa nouvelle protégée dans les bras.

*

Une ombre se levait, émergente de l’horizon Ouest d'Aqua.

Anadoïsse se réveilla d'un coup sec. Le regard trouble et l'esprit en proie à la confusion. Assise sur le lit les mains sur son visage. Elle tendit l'une de ses paumes vers le broc d'eau posé dans un coin de la chambre. Il lévita et s'arrêta net au contact de la peau de la mageïcienne, ne renversant la moindre goutte. Elle but goulûment le liquide salvateur de son corps et de son essence. Après avoir recouvré une partie de ses sens. Elle Levait les yeux sur la seule fenêtre dont elle disposait. Une vision d'incompréhension. Sciant le ciel en deux, entre un bleu à faire pâlir la lumière du soleil et d’un noir opaque annonçant l'orage.Son esprit ne fit qu'un tour.

La Chef-Mage s'habilla ; en vitesse ; de son armure tout en or massif recouverte de liserés de saphirs bleus. Les petits joyaux définissaient à la fois les différentes parties de sa protection, et son appartenance à la faction des Mage-Guardian d'eaux d'Aqua. La guerrière coiffait ses cheveux de façon à libérer sa nuque. Une lame aux dimensions non-conventionnelles, apparaissait dans le même temps. Percée d'un cercle en son centre, elle était plus large que longue, le tout ayant une forme rhomboïdale. Le manche situé au milieu du cercle, possédait juste la bonne taille pour pouvoir placer deux mains. Elle ajustait l’artefact dans son dos qui était comme collé.

Voulant comprendre le phénomène, elle descendait les marches du troisième étage de la faction quatre par quatre. Arrivée dans le vaste hall qui ouvrait d'un coté sur la cour du bâtiment et de l'autre dans les artères de la cité. Les immenses colonnes de marbres qui donnaient à l’entrée une forme circulaire, procuraient au plafond un pouvoir vertigineux.

Au centre de l’édifice prônait une statue constituée entièrement d'eau. La première mageïcienne, créatrice de la lumière, de l'ordre, des éléments de la matière et de la vie, Célestia. Elle avait permis par son sacrifice de sceller Célestium ; le premier mage, créateur de l'ombre du chaos, du vide, de l'antimatière et de la mort.

Anadoïsse avait franchi le seuil du bâtiment, elle découvrit une cité fantôme. Elle regarda le ciel. A l'Ouest de gros nuages étaient précédés par les sifflements du vent qui accéléraient dans les courtes ruelles de la cité. Le vacarme des soldats au loin, était le seul témoin d'une activité. Elle s'élança. Remontant les petites rues dans ce dédale interminable ; entourées de demeures à pans de bois ; en direction des remparts Ouest. D'où venait, ce qui ressemblait à une chape opaque dans le ciel.Elle fut sur la plus grande place de la cité fortifiée. Située à une cinquantaine de pas des remparts. Au milieu de la place, l’effigie toute en eau constituée, représentait la Mage-Guardian ; Aqua.

La foudre, suivie d'un choc sourd se propagea dans les profondeurs de la terre. De la poussière se soulevait formant une brume épaisse. Anadoïsse se figea prit par la stupeur. A mesure que les particules de terre et d'électricité tombaient et qu’une lumière rouge se condensait, une silhouette apparaissait.

La carrure athlétique surmontée d'un regard noir tellement profond qu’on ne pouvait en distinguer l'iris de la pupille. Ses cheveux aux racines ébène et aux mèches rouges éclatantes suivaient les traits d'un visage fin et féminin. Titania fille de Célestium ; Maîtresse de l’Ombre.

En voyant la foudre et le choc qui en suivait, beaucoup de Mages-Gardians ; soldats du continent ; et de mages accoururent vers la place. Tous imitèrent leur chef et se figèrent au regard de la silhouette de Titania, qui pour eux était démoniaque. Elle fixait Anadoïsse d'un regard intensément lourd emplit de vengeance. La Mage-Gardian d'eau lui renvoyait le sien, plein de courage :

– Tout est fini, disait le plus simplement possible Titania, sans perdre l'intensité de son regard.

Une boule bleue d'énergie sortit de la paume d'Anadoïsse pour fondre sur son adversaire à une vitesse lumineuse. A mi-chemin l'astre, se divisa en dix parties plus grosses et s’écrasèrent sur leur cible.

Pendant ce court laps de temps, tout était allé très vite. Les villageois fuyaient, certains mages les aidaient. Tandis que la plus grande partie des Mage-Guardian se resserraient, tel un étau, autour de la place. L'écran de fumé laissé par le nouveau choc était en train de se dissiper, redessinant l’ombre de Titania dans ce manteau épais. Anadoïsse sentit un souffle dans son dos. D'un geste, fit volte-face tout en mettant la main sur la poignée de sa lame.

La paume de Titania braquait le doux visage de la Chef-Mage. Titania s’était déplacée dans son ombre. La seule chose qu'Anadoïsse pouvait voir, c'était l’œil gauche de Titania dans son champ droit. Dans cette vision d'abomination à faire perdre sa raison à plus d'un mage, elle ne put que dire : « Comment ? ».

La maîtresse de l'Ombre se contenta d'un regard glacial, puis elle disait en regardant les autres :

– Commence aujourd’hui la deuxième guerre de l'équilibre ! Disparais, Anadoïsse de Nium.

Une essence pure colorée de rouge, de noir et aux dimensions disproportionnées par rapport à la taille de sa main, jaillit en un faisceau intense qu’éblouissait la scène et ses alentours.

La lueur de l'essence perdit en intensité. Les mages virent le corps de leur chef étendu, jonchant le sol. Placé d’une manière grotesque. Son visage évanoui dans l’oubli n’avait laissé qu’une mare de sang qui ne cessait de grossir. Plus personnes ne savaient quoi faire ou que dire. La continuité de l'impact avec la Chef-Mage avait laissé une traînée épaisse de petits bouts de chair granuleuse et d’éclats d’os sur les pavés. Celle-ci continuait jusqu'à la muraille Ouest, qui était ouverte en deux de bas en haut.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 2 / Nium

 

Avant l'aube de ce monde et de ses codes qui le régissaient, il n'y avait rien.

Puis vint le première âge, suivit de celui de l’Homme. Les êtres de cette ère basculaient de l'ombre à la lumière, combattants les dragons et les hydres premiers maître de ce monde. Les harpies jouèrent un rôle important auprès des nouveaux arrivants. Planifiant à leurs côtés une vengeance contre leurs ennemis reptiliens. Ils entrainèrent le monde dans l’incohérence de leurs fautes. Cette guerre incessante, ne permettaient ni à l'échange ni au savoir de s'épanouir pleinement. Dans un élan d'amour et de haine envers leurs occupants, la Magie et la Nature s'unirent pour créer deux êtres. La première Célestia et son jumeau Célestium.

Apprenant auprès de leurs « parents », les deux enfants adoptifs grandirent en paix et en communion avec ce qu'ils étaient et ce qu'ils devaient devenir. Dans leur tâche d’équilibre ils créèrent des êtres provenant de leurs propres essences et des forces qui régissaient ce monde.

Les Élémentaires tiraient leurs énergies de la nature, pour Célestia. Les Origins leurs opposés en tout point pour Célestium. Enveloppés dans une prison charnelle.

Ces êtres engendrèrent des descendances. Se mélangeant aux Hommes. Créant les premières lignées de mages sur des centaines de générations. Les plus forts devinrent des guerriers, des soldats. Il y eut la guerre.... Entre les Hommes, et les mages.

*

C'est un de ces jours où le soleil faisait pâlir le ciel.

Le temple des mages de feu. Aux grandes architectures fut érigé par les premiers Mage-Gardian de ce même élément. Un véritable panthéon tout en pierre volcanique. Comme un cristal précieux sur sa matrice, le temple était accolé au volcan le plus puissant du continent Est. Le Socale, baptisé ainsi en l'honneur du seul Mage-Gardian mort dans sa construction.

Il était facile de se perdre dans ce dédale de couloirs sinueux et par endroits escarpés. En un point précis, la lave froide et durcie ; par les nombreux âges passés ; libérait ses « prisonniers » laissant entrevoir ce que les mages appelaient ici la clairière. Ce nom ne fut pas difficile à trouver. On avait la sensation de humer un nouvel air. De chaque extrémité Est et Ouest de ce sanctuaire, se situaient de larges ouvertures faisant office d'appel d‘air.

Au milieu de ce champs de pierres sombres, une statue dessinait avec des flammes les traits du premier Mage-Gardian de feu, Kléos. Celles-ci ondulaient d'une telle façon, qu'elles donnèrent l'impression que la représentation était bien vivante. Plusieurs cercles non-parfaits de feu entaillaient le sol. Ils entouraient la statue et libéraient des petites flammes aux aléas des fissures. Plus celles-ci se rapprochaient de Kléos plus elles diminuaient de diamètre.

Tout près un mage de petite taille, sec, à la calvitie avancée et aux cheveux grisâtre, fixait d'un air anxieux son aïeul. Habillé de la reconnaissable armure de la faction de la Rife ; tout en rubis fusionné d’argent.Maître Ivanov prit l'une des nombreuses ouvertures dans la roche. Le mage prit à gauche entre deux blocs. Avant d'arriver à la prochaine intersection, le chef de Rife prit sur sa droite dans un renfoncement dissimulé de la lumière des torches. Il s’arrêta devant la porte. Le numéro « 6 » était gravé dans le bois. Il l'ouvrit tout en parlant d'un ton sec :

– N°6, il s’est produit une chose grave à Aqua. Je ne dois pas être le seul à l'avoir senti... La disparition d'une grande quantité d'essence...

Il reprit d'un ton plus combatif : « Il nous faut agir vite pour éviter que cette situation ne nous dépasse. »

–  Qu'elle est ma mission ? Maître... lui répondit la voie sifflante de l’Élémentaire.

*

Le Roi regardait au travers de la verrière en forme de demi-sphère que formait la salle du trône. Ce mage à la forte musculature portait une armure complète et fine, d'un blanc immaculé dû à l'ivoire de dragon. Sa longue chevelure blanche courait dans son dos jusqu'aux lombaires. Son visage était marqué par l'âge et les combats, dégageant de lui courage et certitude. Ses yeux ne possédaient ni iris ni pupilles, mais fait d’un blanc profond reflétant la lumière.

Sans préventions, il chuta de sa hauteur. Il resta un moment allongé sur le sol de marbre blanc et d'onyx. A hurler... Quelqu'un venait à lui. Malgré la douleur et ses cris, il entendit le bruit des pas qui résonnèrent dans le corridor donnant accès à la verrière.

– Messire ! haletait l'homme en s'effondrant sur les genoux près de son Roi. « Dites-moi quoi faire ! » disait le servant paniqué.
– Aguire...tu..., arrivait à peine à prononcer le Roi.

Hésitant, il partit à la recherche de Maître Aguire.

Le palais était la plus grande infrastructure de tout le continent. Une splendeur faite de quartz rose et d'or. Les détails les plus fins étaient façonnés de bronze. En cette période de la journée l'astre du jour percutait et traversait le cristal rose des bâtiments, créant des ombres pâles aux couleurs enchanteresses, sur une très grande partie de la cité en contre-bas.

Le serviteur se dirigea à la hâte vers les appartements du Commandeur de la cité Célestia ; capitale du continent Est ; et de toutes les factions du royaume de Nium. Aguire avait la réputation d'être dur mais juste. Une main de velours dans un gant de fer. Le servant était aux pas de courses, laissant à chaque intersection la marque de ses bottes sur les améthystes violettes polies qui couvraient le sol.

Il arrivait enfin dans les quartiers Ouest du palais. La lueur rosée de l'astre solaire qui frappait les grands vitraux, donnait un effet de loupe réfléchissante à la lumière spectrale.

L'homme frêle s’arrêta devant une porte à double battants. Il frappa trois fois. L'une d'elle s'ouvrit sur un mage à la barbe fournit, des yeux marron clair et une longue balafre qui marquait son visage de son arcade à sa mâchoire. Une cicatrice parfaitement linéaire. Celle d'une arme. Le Chef-Mage était habillé en armure typique de la garde de la cité. Tout en ivoire de dragon, d’un blanc nacré. Cependant ses bras étaient nus, ne portant qu'un seul de ses gants. Avant que l’esclave ne puisse dire mots, Aguire prit les devants, sortit de ses appartements et se dirigea vers la verrière.

Le Roi était assis sur son trône. Son regard blanc fixait sur le mage en face de lui. Aguire s'agenouillait quand le Roi parla :

– Fried tu peux t'en aller.
– Oui mon Dieu, répondit l'homme qui une fois de plus partit à la hâte.
– Aguire. reprit le monarque : « Envoie un message aux cités du ciel. Dis leur que tous les Mage-Gardian présents là-bas doivent se retrancher sur Quau et la ville de Noma. A effectif égal. »
– Cela ne ferait qu’une centaine de défenseurs. Et étant donné la situation de Noma elle sera encore plus dure à défendre, répondit-il plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu : « Il faudrait demander aux Mage-Gardian d’Harte de se replacer sur Noma. »
– …Je ressens ta peur. Aguire fils de Tehar. Tu crains que le monde que tu connais disparaisse, tu as peur de te retrouver de nouveau face à elle, répondait le Roi dans le plus grand calme.
– Cette fois ci je vaincrai Titania ! s’exclamait Aguire plein de détermination.
– Bien. Replace notre défense et ensuite libère les sceaux. Alors nous aurons peut-être une chance.
– Bien mon Roi, répondait Aguire sur un ton religieux.

Il se relevait, tourna les talons. Arrivant devant l'immense double porte donnant sur le couloir.

– Aguire !le ton du Roi était dur.
– Oui Roi Nium ? disait-il en tournant la tête.
– Surtout ne me déçois pas.

Il y avait de la rengaine dans le regard et le ton de cette phrase accusatrice.

*

Nium se trouvait seul. Il s'appuyait contre son trône qui était le pilier porteur de la vaste demi-sphère de verre forgé en bronze. Sur la circonférence de la pièce succédaient des colonnes qui montaient jusqu'au premier tiers vers le sommet. Gravées dans le même métal, les neufs premiers Mage-Gardian de Célestia. Rife, Kléos et Fièr pour le feu. Aqua et Quau pour l'eau. Syk et Ksy pour l'air et enfin Harte et Tehar pour la terre. Une dixième colonne était vide. Nium se levait, faisant le tour de son piédestal. Se trouvant derrière il se dirigeait vers les colonnes de quartz roses. Le Roi posa sa main sur la colonne non gravée. Rien ne se produisit. Nium fit demi-tour, se nichait sur son perchoir. Fermant les yeux il entrait en transe, un halo lumineux blanc l'entourait.

*

Aguire descendait les trois-cent-soixante-treize marches du palais. Arrivé en bas il se dirigeait vers les écuries. Les rues étaient pavées et polies par le passage des marchands, des bêtes, des chimères ou tout simplement des habitants de la capitale. L'éclat rosé remontait peu à peu des habitations en toit de chaume verdoyant. La flore fine et luxuriante sortait autant des demeures que du sol. Ses diversités de couleurs avaient viré au mauve ou au pourpre. La luminosité baissante, avait vu les fruits des végétaux devenir fluorescents donnant à l’ensemble des rêveries de conte de fées.

Il arpentait l'une des artères principales. Il arrivait à l'écurie, accoudé à la caserne de la faction de Célestia. Tout près de la guilde des marchands. C’était le carrefour le plus emprunté à toute heure du jour comme de la nuit. Il se présenta à un mage petit, rond et chauve. Il possédait une barbichette impressionnante. Le tout vêtu de vieux habits de travail.

– Bien le bonjour mon brave, lança Aguire avec grand respect dans la voix.
– Artémuse, Cotave occupez-vous de ce Bégort ! Iretta, Jilus n’oubliez pas que ce Primass doit être propre et préparé pour demain première heure… criait-il avec force.
– Excusez-moi ! reprit le Commandeur.

Le petit mage eut du mal à se tourner. Quand il finit par être en face du Chef-Mage de la capitale, de la rougeur était apparue sur ses joues.

– Oh ! Maître Aguire. clama-t-il en tenant sa barbichette dans une main : « Quel honneur de vous revoir dans mon humble écurie. » tenta-t-il avec finesse.
– Je viens chercher ma monture, Iki, lâcha simplement Aguire
– Oui, elle est prête, il tendait son bras en arrière sans se retourner, pour éviter un effort trop important, il hurla encore : « Maëta amène moi l'Ourack allée trois place quarante-deux. »

Personne ne lui répondit. Aguire lui jeta un regard qui en disait long sur ses pensées. Iki réitéra son appel : « Maëta !!! » s’époumona-t-il. Les passants autour s'arrêtèrent pour comprendre quel était l'objet de la colère du jour. Quand Maëta arrivait, Iki lui infligea une sévère remontrance publique. Les passants curieux, voyant que le spectacle était le même qu'hier, avant hier et qu'il y a trois jours, reprirent leurs chemins. Après un long aller-retour dans les écuries, la jeune mageïcienne vint avec une bête d'une splendeur incroyable. Un mélange de canidé, d’ursidé et de félidé. Son pelage sauvage lui sied à la perfection. Le chef-Mage inspecta sa bête, paya Iki. Il partit en direction de temple de Célestia.

En franchissant les énormes portes de la cité, Aguire vit l'éclat de l'acropole renvoyer ses rayons roses perceptibles sur des lieues. Plus il « fauve-vauchait », plus le ciel virait au crépuscule et les premières étoiles apparaissaient.

 

 

 

 

 

 

Chapitre 3 / Jour 1 Trynitee

Le calme était plat sur les hauteurs des montagnes « lévitantes. »

Coupées en deux. Leurs socles étaient reliés à la terre, leurs monts se suspendant aux nuages. Les volatiles de la région adoraient planer entre les trous béants de ses montagnes coupées qui faisaient accélérer les courants d'airs, autant descendants qu'ascendants. Sur l'un d'eux se déroulait un combat acharné.

Trynitee tendait le bras devant elle. L'air se comprima au cœur de sa paume. À l'intérieur de l’énergie sphérique, soufflait une tempête à la puissance inouïe. Nourrit par la colère de son porteur. L'attaque partit à une vitesse effarante vers Dyliane. Il eut juste le réflexe de s'envoler au-dessus de l'essence mortelle. L'énergie finit sa course dans un mont situé plus loin derrière. La puissance dégagée fût telle que la roche céda sous l'effet de la masse comprimée. Le pic explosa en un millier de blocs. Trynitee avait du mal à rester debout. La main toujours tendue et les jambes flageolantes. La jeune femme aux cheveux en dégradés de vert, au regard émeraude, argent et à la carrure svelte s'adressa à son comparse :

‒ Tu n'en as pas marre de fuir ?

Dyliane levait un sourcil tout en rétorquant :

‒ Tu n'en as pas marre de te plaindre ? Si tu me veux, viens me chercher.

A la suite de ces mots, il s'envola encore plus haut. Le sang de Trynitee ne fit qu'un tour. Elle pourchassait son adversaire. Elle le rattrapa, une multitude de coups s’échangèrent à une vitesse effrénée. Chacun des mages utilisaient l'air pour accélérer et rendre plus lourdes leurs attaques. Chaque choc entre eux faisant exploser le mur du son. Trynitee envoya un direct du droit surpuissant, bloqué non sans difficultés par Dyliane. Tout en gardant la main de son adversaire en sa possession, le Mage-Gardian de petite taille aux cheveux bleus et à la forte carrure, exécuta une rotation suivie d'un balayage. Trynitee alors déséquilibré commença à chuter. Sur cet instant précis, Dyliane avait ouvert les mains, reliant ses doigts à l’exception de ses auriculaires. Une onde compacte d'air qui grossissait tout en se propageant, vint percuter la métisse. Trynitee s’écrasait deux lieues en contre bas, là où le combat avait débuté.Dyliane malgré ses vêtements en lambeaux et la rudesse de l'adversité, revint au sol avec délicatesse. L'impact de Trynitee avait créé un cratère. Elle gisait là, les poings serrés. Elle avait réussi à rendre l'air à la fois dur et malléable, tel un liquide non newtonien, la protégeant de la mort. Dyliane s'adressa à elle du bord de la cicatrice faite à la terre :

‒ C'est tout ce que tu peux faire ?

Elle ne pouvait accepter ce nouvel affront. Se relevant d'un coup, utilisant l'air sous ses pieds, elle prit une grande impulsion. Son poing prêt à frapper. Son coup stoppa net. Elle pouvait sentir la chaleur du visage de Dyliane du bout de ses phalanges serrées. La main de Maître Carno, l'avait saisi dans sa course :

‒ On se calme... C’est fini.

Le regard noir de Trynitee fixait pleinement Dyliane qui lui renvoyait un sourire plein de supériorité. Maître Carno ; d'une taille supérieure à la moyenne et à la morphologie sèche mais athlétique ; semblait moins détendu qu'à son habitude : « Il faut rentrer. » Disait-il sans laisser transparaître la moindre des émotions. Les trois mages comprimèrent l’élément sous leurs pieds et prirent leur envol vers la cité de Syk. On ne peut pas vraiment dire qu'ils volaient. Ils exerçaient une pression sur l'air sous leur corps afin de supporter leur poids. C’était comme glisser sur un matelas infini.

 

*

La nuit était là.

La cité de Syk, par rapport à sa voisine Ksy, était bâtie dans la roche même de la montagne. A cette période de la journée quand l'astre venait de faire disparaître ses rayons. Un grand nombre de lumières transperçaient les fenêtres et meurtrières. Il faisait bon vivre dans ce lieu peu propice à l'émergence d'une communauté. Son architecture précise et riche, donnait l’étrange sensation que la cité avait été construite avant qu'une masse de roche ne vienne l’ensevelir.

Maître Carno avait passé les portes suivit de ses élèves. Il se tourna vers eux :

‒ On se retrouve demain pour la même séance.
‒ Vous ne venez pas avec nous ? demanda Dyliane, le timbre de sa voix moins surpris que son intention.

Comme seule réponse Maître Carno leur tourna le dos et se dirigea vers la caserne de la faction. Estomaqués par son comportement les deux disciples se regardèrent décontenancés :

‒ On va au lac ? continua Dyliane incertain.

Trynitee qui n'avait toujours pas encaissé la dernière réflexion de ce dernier, passait devant lui sans le regarder. Les deux mages durent prendre l'allée principale et ses nombreux commerces. Beaucoup d'autres étaient regroupés devant un vendeur d'élixir qui promettait le bonheur perpétuel à chacun selon ses propres envies et caractéristiques. Après avoir passé cet entassement, Trynitee prit sur sa gauche suivie de près par la chevelure bleue de Dyliane. Elle reprit à droite et pénétra dans l'avenue des marchands d’artefacts et des apothicaires. Ils la traversèrent sur toute sa longueur. Devant la dernière boutique Trynitee se demandait qui était encore capable de déchiffrer les symboles perdus que proposait ce vendeur de grimoire. La devanture de la boutique était piteuse et les vitres pleines de poussière semi-opaque. Pourtant de la lumière était visible de l'extérieur. Ils laissèrent l'avenue derrière eux, prirent un chemin sinueux qui s’enfonçait dans la montagne.

La roche autour d'eux devenait humide et la lumière diminuait, pour ne laisser apparaître que de près, une ouverture. Ils s’y enfoncèrent.

Seul le reflet des nombreuses constellations au-dessus du mont sans tête, trahissait la présence d'un lac d'une grande superficie. Ses rives étaient dépourvues de végétation et composées principalement de sable. Des fragments de météorites aux formes incongrues, s’éparpillaient aux alentours. Dyliane marcha aux abords de l'eau. S'assit en « tailleur », les mains sur les genoux et les yeux clos. Un halo l'entoura et il décolla légèrement du sol en lévitation. Trynitee le regarda à peine faire. Elle s'envola vers l'autre extrémité. Même s’il était moins puissant pour sa rétine, le halo de Dyliane était encore bien perceptible. Elle entama le même rituel.

*

Cela faisait longtemps que le maître de l'air marchait. La faction était située au centre de la cité. Sans être immense elle ressemblait à une fourmilière. Maître Carno prit à gauche, puis tout de suite à droite, descendit un escalier interminable, longea un couloir tout aussi long, monta un autre escalier pour enfin arriver à une place. La première chose qui marquait l'esprit c'étaient les vents qui formaient l'imposante représentation du Mage-Gardian, Syk. L'Effigie tenait un grimoire contre son corps tandis que l'autre main était tendue vers le plafond rocheux.

Il traversa la grande place carrée. Bordée de pylônes dans la pierre, gravés de détailles minutieux. Les quartiers du Chef-Mage étaient aussi hauts que le Mage-Gardian Syk, sûrement pour montrer à ses membres le but ultime à atteindre. Carno monta les quelques marches du parvis. A l'aide de son essence il poussa la porte sans tendre la main.

L'entrée était sombre. Un escalier lui faisait face. Arrivé en haut trois chemins se perdaient au loin devant lui. Il s'engagea et après un court moment s’arrêta devant une impasse. Il leva les yeux et vit le tunnel montant. Il usa une nouvelle fois de son essence qui composait son être, pour léviter et s'élever. Il se posa sur un plancher de bois usé. Deux Mage-Gardian semblaient être des piliers porteurs autour d'une modeste porte ronde. Les armures étaient totalement transparentes avec des lisserais blanc crème, laissant apparaître la plus fine et dentelée des cottes de maille du continent. Carno parla sans aucune émotion distincte.

– Ouvrez cette porte, commanda-t-il.

Le Mage-Gardian situé sur sa droite le dévisagea d'un regard presque morbide ; un silence lourd passa ; avant qu'il n'ouvre finalement la porte. Ne le perdant pas du regard Maître Carno pivotait sa nuque tout en pénétrant dans le bureau. Donnant à la scène une allure de duel grotesque. La porte se ferma, Carno se tourna. Le Chef-Mage avait l'air abattu :

– Eh bien parle !
– Vous l'avez senti ? voulut savoir Maître Carno.

Un silence passa et repassa. Une lumière blanche et circulaire scintilla d'un des bureaux.

La surprise fut totale quand un petit artefact cylindrique sortit du bureau pour s'ériger en colonne. Un glyphe apparut dans un petit tourbillon de poussière. Le commandant semblait convaincu :

– C'est le glyphe d'Aguire... confirma Maître Carno.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 4 / Jour 1 N°6

 

Le crépuscule s’allongeait sur la région.

N°6 leva son corps élancé et son visage angélique aux cheveux nuit. Lui donnait l'allure d'un arc-ange, ses grands yeux aux iris tachetés de rouge, d'orange et de jaune n'arrangeaient guère à cette image. Ne lui manquait qu’une paire d’ailes. Il portait une espèce d'aube rouge, à l'avant simpliste et au dos richement orné de dorures formant un labyrinthe circulaire. En son centre un gros « 6 » était incrusté dans le tissu. Une paire de sabots surélevés rendait son élan, déjà important, encore plus aérien. Il sortit de la petite pièce qui renfermait son habitat pour se diriger vers la clairière.Il longea par la droite la grande place du temple où se trouvait Kléos, il avançait jusqu'à l'une des ouvertures. Il fût tout près du « hublot géant » sans vitre, on entendit le bruit de la mer.

Un chemin aux petites pierres qui semblaient glissantes, continuait sur le flanc du temple et se perdait dans les hauteurs du volcan. L'être s'arrêta un instant face aux flots en contre-bas. Des oiseaux de très grandes envergures volaient. « Aquarellés » de teintes de bleu de violet et de noir. Le tout parsemé de petits points blancs fluorescents, pouvaient donner l'impression ; quand on les regardait d'assez loin ; de voir la voûte céleste se refléter sur l’océan. Ces rapaces étaient entourés de magies, de légendes et d'aventures. Étant des oiseaux de pleine mer, ils n’allaient à terre que pour rencontrer un partenaire et nicher. Sa capture restait délicate pour ne pas dire éreintante. Les bateaux passaient parfois des vies entières en mer. A attendre le jour de la ponte. Pour revendre par la suite sous le manteau et au meilleur prix. Entourés de fantasmes, ces gibiers avaient de la valeur.

N°6 prit le chemin. Plus il l'arpentait plus la côte gagnait en rudesse. Là où, s’arrêtait l'architecture du temple et où commençait celle du volcan. Un escalier grimpant en flèche et suivant les courbures naturelles du Socale. Les marches étaient inégales et peu entretenues. Entre gros trous et parties arrachées, l'ascension semblait périlleuse. L'être au regard tricolore reprit son souffle et entama la deuxième partie de la montée. En haut du cône volcanique la chaleur était largement soutenable. La lave en fusion se situant plusieurs lieues en contre bas, donnait la vision d'une flaque.

Les cheveux ondulants au vent l’Élémentaire s’approchait de l'ouverture plutôt petite par rapport à la base. Il se penchait au-dessus d'elle se laissant tomber. Pendant sa chute un halo l'entourait progressivement. La lumière de l'être qui semblait déchu virait au rouge. Il était à mi-chemin de la mer bouillonnante. Ses symboles et écritures dans son dos s’illuminèrent d'une lumière divine. La chaleur augmentait aussi vite que la vitesse de N°6. Quand il fut tout proche du contact mortel, tout le corps de ce dernier se transformait en torche aux flammes draconiennes. Il fut absorbé par le liquide épais.

 

*

La nuit.

La mer abyssale. Ses profondeurs jamais atteintes renfermaient la prison de Célestia et de son Jumeau.

A quelques encablures d'Aqua, de grosses bulles concentrées en cercle étaient apparues. Quelque unes au départ puis plus nombreuses. La petite surface d'où elles se propageaient était entrain de bouillir. L'eau implosa en surface. L'être enflammé fut propulsé tel un boulet de canon dans les airs. Arrivé au plus haut de sa courbe de propulsion, N°6 déploya son aube. Le vêtement se rendant rigide par endroit pour donner à l'individu de la portance.

Il vit la cité. Le feu la ravageait. Il se posa furtivement non loin du mur d'enceinte. A cet endroit les flammes avaient stoppées. Seules les cendres rougeoyaient, dégageant une forte chaleur. Une partie de ses cheveux devant les yeux, il partait en direction des portes Nord. Le bruit du bois qui se brisait, le fit freiner son allure. Il se colla contre la muraille et entendit des bruits de pas. Des torches aux flammes vives étaient accrochées aux colonnes extérieures qui formaient le cadre des portes. Il tendit la main. Attirant les flammes vers ses doigts telle la matière d'une galaxie se faisant absorber par son trou noir.

Tout le poing en flamme N°6 attendait le bon moment. Les pas se rapprochaient. Au moment où une silhouette coupait sa vue, il se projeta le poing brandi prêt à frapper. Il fut repoussé assez loin par un champ de force autour de l'individu ; révélé par les flammes au contact de la protection. N°6 dut prendre un cours instant pour se relever et reprendre ses esprits.

– Bonsoir N°6, commençait une voix cristalline.

Reconnaissant le visage de l'Elémentariste qui elle, le toisait :

– Que fais-tu ici N°3 ? C'est Nium qui t’envoie ? ne demanda pas plus surpris que cela l’Élémentaire du feu.

N°3 prit un temps, un peu gênant, pour examiner et dévisager le visage de cette vieille connaissance :

– La même chose que toi je présume, lui disait-elle en ramenant sont regard sur la cité.

L'aube de N°3 était identique dans ses coupes à celle de l’Élémentaire, mais elle était d’un blanc nacré. Les symboles et écritures dans son dos étaient en bronze et agencés en carrés :

– Ils sont partis avant que la lumière ne tombe si c'est ce que tu veux savoir, lâcha finalement l'Elémentariste au physique d'amazone ; ses longs cheveux ondulés, avaient la pâleur translucide en s’éloignant des racines ; se mit en larme :
– Je n’ai rien pu faire...Rien. Ils sont tous...morts et absorbés ! Si seulement... Chaque mot desserrant sa mâchoire.
– Au lieu de geindre concentre-toi ! Le temps est grave et apparemment ne joue pas en notre faveur. Alors je t’en prie reprend toi et raconte-moi !

*

Aqua brûlait. Les plus grandes parties des maisons nourrissaient un feu vif. Il y avait des morts, beaucoup, en nombre.

La Maîtresse de l'Ombre montait un reptile à la morphologie d’un vertébré volant aux multiples écailles. Un Bragnard. Le bec de l'animal était trop long par rapport à sa tête ovale portée par un cou fin. Ses longues serres, trempées de sang, avaient pris bien trop de vies quelques temps plus tôt. Après avoir exécuté une dernière ronde aérienne, Titania se posait là où, ce qu'elle appelait la deuxième guerre de l'équilibre, avait commencé. Elle remit sa chimère à deux mages en armures lourdes. Elle se dirigeait vers le corps d'Anadoïsse, décapité. La Maîtresse de l'Ombre à l'iris et la pupille obscurs arborait une armure de platine noir qui suivait ses courbes fines. Elle ne portait ni côte de maille ni coudières. Ses gantelets étaient armés et surmontés d'une courte lame.

Titania regardait le corps décapité. Elle tomba de sa hauteur sur les genoux. Elle pleurait des larmes silencieuses :

– Je suis désolée... à Anadoïsse qui était bien incapable de lui répondre : « J'y étais obligée. Tu comprends ? J'espère... » finit-elle avec difficulté : « Nous créerons notre équilibre. Tu verras. Tout ce qu’on s’était promis verra le jour. Le sourire aux lèvres elle disait en finalité : « Aguire n'en a plus pour longtemps... La lumière émane de l'obscurité. »

Les deux soldats revinrent vers elle avec une bête panthériné au corps tacheté. Titania accueillit sa chimère par une grande caresse. L'animal d'abord heureux, baya, dévoilant sa dentition canine et circulaire. La bête entamait des ronronnements heureux.

*

La nuit venait de tomber sur les plaines qui reliaient la cité d'Aqua au temple des eaux.

Titania « fauve-vauchait » aux côtés des Origins du Vide et du Chaos, suivie par des troupes impressionnantes par l'espace qu'elles occupaient sur l'horizon. Le silence qui régnait au sein des soldats était perturbant. Les milliers de pas auraient dû être audibles. Mais rien que le bruit du vent balayant les herbes courtes. Le feu dantesque de la cité d'Aqua était difficilement perceptible derrière eux. Ils avancèrent telle une chenille sur sa branche que l'on ne remarquerait qu’en s’y attardant.

La maîtresse de l'Ombre aux mèches rouges éclatantes parla d’un ton calme et détaché :

- Nium connait nos agissements. Il va chercher à replacer sa défense. Nous nous devons d'être plus rapides. Le moment est venu. Elle tourna son regard noir vers l'Origin du Vide : « Beaucoup dépend de toi. »

L’être féminin à la chevelure courte et carrée, au petit nez et aux pommettes hautes disparut instantanément dans le vide de la matière et des atomes. Titania se retourna vers l'Origin du chaos :

– Trouve-moi ces cristaux.
– J'essaye maîtresse... commença une voix à la fois masculine et féminine : « Mais le Roi est un grand catalyseur d'énergie. »

Le « visage » de l'Origin était vierge de sourcils. Le menton servait de front et inversement le nez inversé, la bouche à l'arrière du crâne et ne possédait pas d'yeux visibles. Seuls les cheveux étaient à leur place, comme pour donner un sentiment de réalité :

– Tant qu'il sera de ce monde, il me sera difficile d'accomplir ma tâche, finit l'Origin du Chaos.
ˉ Je m’occupe du Roi, cracha pleine de colère Titania.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 5 / Jour 1 Origin

 

La nuit avait étendu son drap sur l’horizon.

Le Commandeur était non loin du temple de Célestia avec sa chimère reconnaissable entre toutes. Aguire, fils de Tehar, poussait sa bête dans ses retranchements. Elle commençait à faiblir l'allure extrême imposée par son maître. La faisant diminuer ses foulées à vue d’œil.

Au loin dans le noir et aidé par les lumières lunaires, on pouvait apercevoir une forme géométrique. Sur ce monticule de la masse d'une petite colline, se trouvait un temple dont la grandeur et la splendeur n'avaient d'égal dans ce monde. Des colonnes formaient un appui solide à l'architecture construite déçue. Le lieu de culte à la forme rectangulaire comptait sept étages aux nombreuses meurtrières. Les sages qui priaient ici, avaient pour habitude de trouver la lumière au travers des profondeurs insondables de l'obscurité. Le bloc était comme convenu, richement habillé de nombreuses dorures. Toutes différentes sur chacune des faces, des scènes de guerres et d'histoires y étaient représentées.

Le Chef-Mage de Célestia arrivait sous le préau formé par les colonnes qui s’enfonçaient dans le carrelage précieux et dans le temple. Le Mage-Gardian retirait son gant révélant une main mécanique. Il grimpait les marches d'accès au hall en se plaçant en son centre. Un cercle tout en or marquait le sol. Trois lignes le découpaient pour s'aligner sur les formes d'un petit triangle. Dedans des glyphes dessinaient les éléments. Aguire se plaça dans le cercle et ferma les yeux. Son armure de dragon scintillait puis s’illumina d'une lueur vive. En moins de temps qu'il ne faut pour le lire, le mage disparut avec sa lumière. Comme s'il n'avait jamais été là.

Il réapparut dans une pièce sombre possédant une torche à la faible flamme. Il descella les sceaux qui cachaient l'emplacement des pierres de vie sur le continent.

*

Aguire ouvrit la porte qui lui faisait face pour s'enfoncer dans un tunnel à la lumière aussi peu vive. Plusieurs intersections venaient couper le long couloir. Il continua sa route le regard sûr et sérieux. Il accéda à une pièce circulaire où un motif identique à celui du préau était gravé au sol. Le Commandeur se contenta de lever sa main.

Le cercle se rétractait. Le triangle central s'élevait en une colonne alors que le sol s'ouvrait devant lui. La colonne triangulaire avait continué son ascension jusqu'au plafond, bien plus en hauteur. Satisfait, le mage à la balafre passa sa main mécanique dans sa barbe fournie. Il avançait sur le petit pont de pierre, posant le métal de ses doigts en contact avec la pierre froide. Un écran vert translucide se créa. Illuminant la pierre de petits points et nimbant Aguire dans sa lumière :

– Par...fait ! siffla une voix glaciale dans le dos du Chef-Mage.

Se retournant il vit l'Origin du Vide :

– Tu sais ; ce n'est pas la première fois que je viens, riait presque-t-elle tout en regardant la colonne de communication comme si elle cherchait quelque chose : « J’y venais même souvent avant. » Elle continuait en le fixant : « J'ai essayé, pendant des années... Et voilà qu'aujourd'hui Aguire descendant de Tehar tu m'offres le royaume de Nium... Merci. » Finit-elle apaisée.
– Je suppose qu'il est inutile d’en discuter paisiblement sous les étoiles.
– En effet !
– Bien...

En un éclair Aguire tendit sa main devant lui. Des colonnes de pierre et de terres jaillirent transperçant le sol. L'Origin ne bougeait plus emprisonnée dans la roche qui l'avait entravé. D'abord un ongle puis une main et le bras sortirent de la pierre tel un spectre. Aguire sachant ce qui l'attendait enchaînait avec son essence. Une épée de pierre à double tranchant se créa dans sa main. Elle aurait été bien trop lourde à manier pour un autre que lui. L'Origin du Vide sortit de sa prison.

– A quoi joues-tu ? Tu sais pertinemment que ce genre de magie ne peut m’atteindre. Mais on m'avait prévenu que tu étais un peu long à la détente, cracha t-elle pour le provoquer : « Je constate que le magnifique sillon que ma maîtresse t’a laissé est en train de se résorber. »

L'Origin fit fouetter sa main. Une lame en forme de quartier de lune s'y forma :

– Je te promets que les douleurs que je vais t'infliger ne cicatriseront pas !

Elle disparut dans le vide pour réapparaître en un éclair devant Aguire. Celui-ci eut juste le temps de parer l'imparable. Elle enchaînait des disparitions-réapparitions entre chaque attaque. Mettant Aguire un peu plus près de la mort. L'Origin voulait être précise. Cherchant le coup de grâce plutôt qu'un affrontement qui dure.

« Assez ! » hurla le Commandeur. De son index s'expulsait une petite étoile dans les hauteurs qui éclairait et révélait l'Origin. Elle se trouvait devant lui et avait stoppé ses tentatives meurtrières.

–