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Titus est un chat. Il est le héros de ce conte philosophique drôle et tendre, puissant et poétique. Retrouvez les thématiques chères à l’univers de Jean Rasther : l’amour, la femme, la mutabilité dont souffrent les choses et les êtres, la mort, la transcendance. Découvrir l’épopée de Titus c’est, par un jeu subtil de réflexions, se questionner nécessairement sur le sens donné à sa propre vie, dans la pleine lumière des soleils noirs de la mélancolie.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean Rasther a fait publier trois romans aux éditions Le Lys Bleu :
L’Amant d’Éternité,
Les Métamorphoses d’un Vampire,
Palazzo Amadio ; une pièce de théâtre,
Casus Belli et un recueil de nouvelles intitulé
Femme(S). Avec ce nouveau récit, il nous entraîne à Tahiti – l’île où il réside désormais –, à la rencontre du petit chat
Titus.
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Seitenzahl: 43
Veröffentlichungsjahr: 2023
Jean Rasther
Titus
© Lys Bleu Éditions – Jean Rasther
ISBN : 979-10-377-9299-0
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Du même auteur
Lorsque Dieu a dit :
« Faisons l’Homme à notre image,
Selon notre ressemblance.
Qu’il soit le maître des poissons de la mer,
Des oiseaux du ciel,
Des bestiaux,
De toutes les bêtes sauvages,
Et de toutes les bestioles
Qui vont et viennent sur la terre »,
Il n’avait pas cru nécessaire de préciser qu’un esprit de domination que n’animent
ni la Compassion
ni l’Amour
est par essence criminel.
Parce que maltraiter un animal, c’est offenser Dieu.
Parce que celui qui n’a jamais connu l’amour d’un animal ignore tout de l’Amour.
À vous,
Pèlerins anonymes de Dieu,
Qui consacrez tant de passion aux animaux en détresse,
Ici, en Polynésie,
Et partout dans le monde,
À Corinne Tempia, ma partenaire de vie, d’esprit et de cœur,
Je dédie l’histoire de Titus, le petit Chat tahitien.
I
Je n’ai pu la rejoindre hier.
Mon avion a été annulé au dernier moment.
Pour la première fois depuis très longtemps, nous sommes condamnés à passer le week-end séparés, et donc seuls.
Elle à Tahiti, et moi à Huahine.
Elle est ma vahine, comme l’on dit ici, ma compagne, ma fiancée.
Qu’importe le mot qu’il vous plaira d’utiliser.
Mon Unique.
Bientôt ma femme, si elle m’accepte comme époux.
Elle sera mon dernier grand Amour.
***
Le coup de foudre fut inopiné.
C’était il y a quatre ans, dans la charmante pension Les Tipaniers de Moorea, sur l’île sœur de Tahiti.
En sortant du lagon, j’avais trébuché sur un perfide bloc de corail, et pour ne pas trop prêter le flanc aux moqueries des touristes paresseusement vautrés dans leur transat sur la plage, je m’étais relevé aussi rapidement que mon embonpoint me l’avait permis.
C’est à ce moment précis que la situation s’était pimentée.
L’attache du maillot venait de me trahir, et je m’étais soudain retrouvé exposé au regard de tous, dans le plus simple appareil.
J’avais deviné qu’elle n’avait rien perdu de la scène.
Dans les films, dans de pareilles situations, on ménage pour le spectateur un effet de ralenti, histoire de savourer, non sans malice, l’inconvenant suspense.
Je la revois se redresser légèrement.
Un livre repose, grand ouvert, sur sa poitrine.
De la main gauche, elle réajuste ses lunettes de soleil sur la pointe du nez.
Et elle me fixe.
Elle rit.
Je vois bien qu’elle rit, mais en silence.
Elle connaît malgré tout les usages du monde et fait pour moi l’économie d’une humiliation supplémentaire.
J’aurais pu décider de faire demi-tour, de retourner barboter dans l’eau.
Moyennant quelques efforts, j’aurais contourné le ponton, rejoint la plage de l’hôtel voisin, et trouvé finalement refuge dans mon bungalow.
Une option piteuse et lâche avait décrété ma bonne conscience.
Le second scénario qui avait traversé mon esprit m’obligerait à bomber le torse, à rentrer le ventre, à gonfler les biceps – trois défis insurmontables, convenons-en –, à longer ensuite le transat de la cruelle puis, du haut de ma superbe, à laisser retomber sur elle un regard lesté de mépris.
La raison l’avait finalement emporté.
Fondre sur elle en arborant un sourire hollywoodien pour aussitôt l’hameçonner.
« Mais je t’en prie », m’avait-elle derechef répondu – car en Polynésie, le tutoiement est de rigueur –, et d’un geste gracieux,
souriante,
enchanteresse,
elle m’avait invité à m’asseoir au pied de sa chaise longue, suzeraine recevant l’hommage d’un vassal.
Elle est grande.
Je l’ai tout de suite remarqué, puisque son corps occupe l’intégralité du siège.
Des jambes longues, aux muscles fermes et fuselés.
Elle est mince mais charnue, juste là où cela s’impose.
Elle est blonde, de ce blond que l’on qualifie improprement de vénitien, en longues vagues déroulées sur les épaules.
Elle est belle.
J’envisage furtivement ses mains.
Les ongles sont ras.
Peut-être les ronge-t-elle ?
L’annulaire de la main gauche est orphelin de son anneau.
C’est parfait.
Diamètre 56.
Ce doigt aura l’honneur de recevoir bientôt la bague qui scellera notre union.
Cinq minutes d’échanges auront suffi.
Erratum.
Je me dois d’être honnête et précis : cinq minutes de son délicieux monologue logorrhéique auront suffi pour que j’en aie la certitude.
Elle n’est pas simplement belle, mais cultivée, brillante, et surtout gentille.
Oui, très gentille.
La gentillesse, cette noblesse du cœur qui distingue selon moi les êtres d’exception.
Enchanteresse, ai-je écrit un peu plus haut ?