You… And me - Tome 3 - Emilia Adams - E-Book

You… And me - Tome 3 E-Book

Emilia Adams

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Beschreibung

Qui est l'expéditeur de ces terribles enveloppes rouges ?

Adrian et Zoé sont prêts à passer leur premier Noël en amoureux. Leur amour se consolide au fil des jours, ils envisageraient même de passer à l'étape suivante... Mais le mystérieux expéditeur des enveloppes rouges continue à les poursuivre. Qui peut-il être ? Pourquoi s'acharne-t-il autant sur Adrian ? Le silence inquiétant de Léa le trouble. Adrian est partagé entre son envie de découvrir la vérité et la nécessité d'assurer la sécurité et le bonheur de sa tigresse. Mais arriveront-ils à fuir ce danger pesant ?

Un troisième tome toujours aussi addictif, mais ce n'est pas une surprise avec la plume d'Emilia Adams ! Encore une fois, vous en verrez de toutes les couleurs grâce au caractère fougueux de Zoé et intrépide d'Adrian.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"Pour ma part, j’ai tout simplement adoré. La plume de l’auteure est super légère et fluide, on enchaîne les pages sans s’en rendre compte pour au final on passe un super moment !" - Un palais de livre

À PROPOS DE L'AUTEURE

Mère de trois enfants, Emilia Adams est une grande fan du groupe The Strokes. Jeune femme rêveuse avec un brin de folie, elle aime écrire et profiter de la vie autour d’un bon cappuccino ou d’une viennoiserie ! Après Hate me! That’s the game!, elle commence une nouvelle saga chez So Romance : You... and me.

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Sommaire

Chapitre 1 : J’pète les plombs (Disiz la Peste)

Chapitre 2 : T’en va pas (Elsa)

Chapitre 3 : Violent pornography (System of a Down)

Chapitre 4 : Shout at the devil (Mötley Crüe)

Chapitre 5 : Beautiful day (U2)

Chapitre 6 : Souviens-toi (Joe Dassin)

Chapitre 7 : Elle panique (Olivia Ruiz)

Chapitre 8 : Kiss (Prince)

Chapitre 9 : Bienvenue chez moi (Florent Pagny)

Chapitre 10 : Toxic (Britney Spears)

Chapitre 11 : Unchained melody (The Righteous Brothers) Partie 1

Chapitre 12 : Unchained melody (The Righteous Brothers) Partie 2

Chapitre 13 : Diego libre dans sa tête (France Gall) Partie 1

Chapitre 14 : Diego libre dans sa tête (France Gall) Partie 2

Chapitre 15 : Je te promets (Johnny Hallyday)

Chapitre 16 : Nobody’s perfect (Jessie J.)

Chapitre 17 : Pollution (Limp Bizkit)

Chapitre 18 : OK (Robin Schulz feat. James Blunt)

Chapitre 19 : Disparue (Jean-Pierre Mader)

Chapitre 20 : On oublie le reste (Jenifer)

Chapitre 21 : Vertige de l’amour (Alain Bashung)

Chapitre 22 : Nuit de folie (Début de soirée)

Chapitre 23 : Crève (Mademoiselle K)

Chapitre 24 : Someday (The Strokes)

Chapitre 25 : Je m’en vais (Vianney)

Chapitre 26 : The end of the dream (Evanescence)

Chapitre 1« J’pète les plombs »(Disiz La Peste)

Adrian

« Ne dis rien »

« Ma vie est en danger »

« Ne préviens pas la police »

La peur me comprime les poumons. Je sens la chair de poule qui envahit mon épiderme. Que va-t-il se passer là maintenant ? Est-ce que ce connard va me faire la peau ? Va-t-il faire de moi son souffre-douleur ? Est-ce que je vais m’en sortir ?

J’avale ma salive, déstabilisé. Mes pulsations cardiaques grimpent en flèche. Je ne suis pas de nature à être un grand froussard, mais en ce moment, je crains le pire. J’ai l’impression d’être en plein tournage d’un polar. Un héros prêt à sauver une victime en danger, mais qui est sur le point de se faire buter par un cinglé. Par un putain de bourgeois qui me dévisage d’un œil hostile, une main enfoncée dans la poche de sa parka de luxe. Qu’est-ce qu’il tient dans sa main, bordel ? Un flingue ? Un couteau ?

Dites-moi que c’est simplement un téléphone !

Je serre vivement le poignet de Léa, ce qui lui arrache une plainte douloureuse. Je m’en contrefiche. Elle ne partira pas avec cet abruti. Elle doit fuir, se planquer, s’abriter loin de cet homme malveillant qui veut lui faire vivre un enfer. « Ma vie est en danger » ! Putain ! Qu’il crève ! Quel est son problème ?

— Léa, reviens tout de suite où j’emploie les grands moyens, braille Valens d’une voix grave, le regard menaçant.

Je ressens les battements de mon cœur dans mon cou lorsqu’il s’apprête à sortir la main de sa poche. Combien de temps me reste-t-il à vivre à cet instant ? Quelques minutes ? Quelques secondes ? Est-ce vraiment la fin ? Dois-je mourir de cette façon-là ? Par un sale crétin qui m’a pourri la vie en baisant la femme avec qui je devais me marier dans mon propre pieu ? Putain ! Je n’aurais jamais pensé une chose pareille.

Je vocifère en jetant un regard obscur à Valens :

— Elle n’ira nulle part avec toi, connard ! Dégage de mon studio tout de suite où j’appelle la police !

Il se met à ricaner. À rire comme Arthur Fleck dans le « Joker ». Est-il fou ? Alcoolisé ? Drogué ? Où serait-ce un psychopathe ? Ai-je devant moi le sosie de Joe Goldberg ?

Il avance vers nous, le dos bien droit et le regard toujours aussi agressif. Putain ! Qu’est-ce qu’il me dégoute avec sa tignasse plaquée à l’arrière par du gel. Il me fait penser à un mafieux. Il lui manque juste une moustache pour ressembler à John Dillinger.

Léa se met à sangloter. Je tourne la tête vers elle. Elle est pâle. On dirait qu’elle veut dire quelque chose, car elle entrouvre la bouche. Mais aucun mot n’en sort. Ses lèvres grelotent comme si elle avait froid, me donnant l’impression que la température de la pièce est négative. L’atmosphère est glaciale et je n’ai qu’une hâte : me sauver d’ici et rejoindre Zoé pour qu’elle puisse me réchauffer dans ses bras.

— Je ne t’ai pas parlé, morveux ! Léa va venir avec moi et tu n’as rien à dire.

À mon tour de ricaner amèrement. Il croit que je vais lui obéir ? Ce serait mal me connaître.

— Qu’est-ce que tu comptes faire d’elle ? La battre comme toutes les nanas que tu as sautées ?

Ses iris hagards affrontent les miens. J’ai envie de le dégommer, mais je ne peux pas lâcher Léa. Et elle commence à m’énerver à se débattre, mais je suis bien plus fort qu’elle.

J’enserre son poignet très fort. Pourquoi retournerait-elle avec ce crétin alors qu’elle était venue pour me demander de l’aide ? Non, maintenant qu’elle est là, je vais lui faire éclater la vérité. Et il ne mettra plus ses sales pattes sur elle.

— Qu’est-ce que ça peut te foutre ? Tu ne vis plus avec elle. Léa ne t’appartient pas. Elle est avec moi à présent.

Je bouillonne. L’envie de me battre me guette, mais je me ravise lorsqu’il replace la main dans sa poche. Non, non, non ! Bordel ! Qu’est-ce qu’il cache dans la poche de sa parka ?

— Tu la fermes ou je te bute, me menace-t-il en sortant un flingue.

De la bile me remonte dans la gorge. Je me doutais qu’il détenait une arme. Putain ! Que dois-je faire ? Lâcher Léa dans les griffes de ce salaud ou renoncer à ma vie ?

— Fais ce qu’il te dit, Adrian, couine Léa. Laisse-moi partir. Ça va aller, ne t’inquiète pas.

Je la regarde, incrédule. Comme si j’allais croire une chose pareille ! Ça ne va pas aller du tout, Léa ! Mais bon sang… qu’est-ce qui te prend de te laisser malmener de cette façon par ce connard ?

Je fais non de la tête en serrant davantage son poignet. Elle grimace, les larmes qui ruissellent comme une pluie sauvage sur ses joues.

— Tu me fais mal !

Valens se racle la gorge fortement, ce qui me fait sursauter.

— Elle vient de te dire de la laisser ! Fais ce qu’elle te dit !

— Qu’est-ce que tu comptes faire avec cette arme ? Tu vas t’en servir sur Léa si je la relâche ?

Il m’adresse un sourire sarcastique que je ne me gêne pas de lui rendre. Quel abruti !

— Je suis cruel qu’avec les personnes qui ont pourri ma vie. Léa m’apporte tout ce que je veux. Pourquoi voudrais-je donc m’en débarrasser ?

Il se fout de ma gueule ! Si Léa est venue me voir, ce n’est pas pour que je lui offre des chocolats ou des fleurs. C’est pour que je la protège de lui. Elle est en danger et je la crois maintenant. Je me souviens de la fois où elle avait essayé de dissimuler sa marque violacée sur sa nuque. J’avais déjà des soupçons sur ce crétin.

Léa me jette un regard implorant. Je vais m’en vouloir si je la laisse partir avec lui. Mais, est-ce que je dois renoncer à ma vie alors que je n’ai plus rien à faire de cette nana ? Cette nana qui m’a trompé et qui n’arrête pas de me faire tourner en bourrique avec cette histoire de paternité ? Putain ! Je suis perdu. Je ne sais pas quoi faire. Toutefois, dès que j’observe vers la fenêtre, je sens que la chance vient me trouver. Alicia et Seb s’orientent vers le studio, dans la pénombre éclairée simplement par les lumières de la ville.

— Qu’est-ce que tu regardes comme ça ? aboie Valens en se retournant brusquement.

Il range son flingue dans la poche de sa parka dès qu’il voit mes amis venir dans notre direction. Sans le vouloir, j’ai desserré le poignet de Léa. Il est trop tard pour que je la ramène à moi. Valens lui attrape le bras vigoureusement et lui marmonne quelque chose au creux de son oreille.

— On se barre d’ici, clame-t-il en marchant vers la sortie.

Léa obtempère. Ses jambes fléchissent. Elle manque de tomber quand il l’embarque dans son élan. Mon cœur martèle dans ma poitrine comme de violents coups de marteau. Je suis en train de la laisser filer avec ce cinglé. Mais qu’est-ce que je peux faire ? Elle a l’air d’avoir fait son choix et je n’ai pas envie de me sacrifier alors qu’elle décide elle-même de son destin.

Il tourne la tête dans ma direction et déclare d’un ton acerbe :

— Tu dis un seul mot et c’est ta vie qui en dépendra ainsi que celle de tes amis !

Je n’ai jamais ressenti autant de haine pour quelqu’un. Si seulement je pouvais le réduire en bouillie.

J’ouvre la bouche pour protester, mais c’est à ce moment-là que Seb pousse la porte. Il semble surpris de voir Valens et Léa. Il fronce les sourcils en rivant son regard vers moi puis les laisse passer pour sortir. C’est fini. Léa est partie avec ce crétin et personnellement, je n’ai plus envie de la secourir. J’ai cru que j’allais crever et résultat, elle s’agrippe à lui comme une sangsue. Après tout, qu’elle aille se faire foutre !

— Qu’est-ce qu’ils foutaient ici ? me demande Seb, intrigué.

Dois-je lui dire la vérité ? Putain ! Non ! Je n’ai pas envie qu’il fasse quoi que ce soit à mes potes. Je dois être prudent. Valens est un mec redoutable et je suis persuadé qu’il ne se gênera pas pour accomplir son vœu. C’est-à-dire : nous faire disparaître. Putain, mais merde ! Je n’arrive toujours pas à comprendre ce qu’il mijote.

— Euh… je n’en sais trop rien, dis-je légèrement embarrassé.

Je passe mes mains dans mes cheveux, complètement nerveux, et me dirige vers le bureau. Je suis mal à l’aise et je n’ai pas envie que Seb le voie, mais il me connaît trop bien. Il se rapproche de moi et soupire avec emphase.

— Tu ne sais pas trop ? Tu te fous de moi ou quoi ? Léa était en train de pleurnicher comme une madeleine. Ne me fais pas croire qu’il ne s’est rien passé, hausse-t-il la voix. Elle ne pleurait pas parce qu’elle a épluché un oignon. Raconte-moi.

Putain ! Non ! N’insiste pas, Seb ! Je ne peux vraiment rien te dire !

Mentir, ou du moins ne pas lui révéler toute la vérité est ma seule solution pour le protéger.

— Oui… tu as raison, Seb ! Elle est venue pour se plaindre, mais qu’est-ce que je peux y faire ? Tu vois bien qu’elle est retournée avec ce con !

Je me suis exprimé bien plus fort que je le voulais. Mes joues sont en feu. Je ferme les paupières quelques secondes pour essayer de libérer cette colère noire qui me ronge. Quand je rouvre les yeux, je me sens toujours irrité et Seb me contemple la mine apeurée. Alicia quant à elle, semble préoccupée par ses fesses. Mais qu’est-ce qu’elle fout à s’inspecter comme ça ?

— Eh bien… tu es vraiment dans un de ces états !

Calme-toi, bon sang !

— Désolé… tu sais comment je suis quand on parle d’eux. Puis le fait d’avoir vu la tronche de cette raclure…

Je laisse ma phrase en suspens, les poings serrés, la mâchoire contractée.

J’ai besoin de prendre l’air et de m’asphyxier les poumons pour me détendre, même si je sais que je devrais ralentir sur ma façon de fumer. Si je continue dans cette lancée, je vais crever à cause de cette saloperie.

— Il est temps que je parte, dis-je d’un timbre plus flegmatique. Zoé va se poser des questions. Je devrais déjà être sur la route. Et d’ailleurs… Que faites-vous ici ? Je pensais que vous deviez aller au restaurant et au casino.

— Euh… ouais. Un petit souci est venu perturber Alicia.

— Un petit souci ? répété-je, interloqué.

Je contemple Alicia qui devient rouge pivoine. Et en un éclair, elle file vers l’étage en s’acharnant sur le bas de sa doudoune noire afin de cacher ses fesses.

J’arque un sourcil en rivant mon regard vers Seb :

— Elle a ses règles au moins ?

Il se met à rire et part à son tour vers les escaliers.

— Comment t’as deviné ?

Ah, mais en plus c’est vrai !

Je hausse les épaules puis extirpe les clefs de ma caisse de la poche intérieure de mon cuir.

— Je n’en sais rien. J’ai peut-être des dons de voyance cachés.

Il ricane tout en escaladant les escaliers.

— Essaie de te détendre un peu, mon pote. Passe une bonne soirée.

Malgré mon humeur morose, j’arrive à lui offrir un minuscule sourire. Je lui fais un signe de main avant d’agripper la poignée de la porte d’entrée.

— Bonne soirée à toi aussi. Amusez-vous bien.

Je lui décoche un coup d’œil avant de sortir.

« Passe une bonne soirée ». Putain ! C’est la soirée la plus catastrophique que j’ai pu passer jusqu’à maintenant. J’ai failli me faire tuer par un cinglé quand même. Je ne sais pas comment je vais réussir à garder mon sang-froid et surtout comment je vais arriver à surmonter tout ça dans les jours à venir. Je ne peux rien dire à mon entourage, mais je ne pourrais pas rester comme ça sans rien faire. Je vais devoir monter ma propre enquête et découvrir tous les secrets que cache Valens. Je trouverai le moyen de les connaître. Je ne peux pas faire comme si rien ne s’était passé. Cet homme est malsain et dangereux. Je ferai en sorte qu’il crève derrière les barreaux.

Ordure !

La première chose que je fais en quittant le studio est d’allumer une clope. Il fait un froid glacial, mais ce n’est pas désagréable comme il fait sec. Je marche lentement sur le macadam qui scintille comme des paillettes argentées en essayant de faire le vide dans ma tête. Cependant, l’image de Valens avec son flingue ressurgit immédiatement devant mes yeux. La panique me reprend de plus belle, me provoquant une énorme boule dans le ventre.

Putain ! Ressaisis-toi, mec ! Il n’est plus là.

Je jette un coup d’œil à droite puis à gauche. La rue est déserte hormis deux matous qui miaulent d’un ton rauque et fort, agitant leur queue comme s’ils allaient s’entretuer. Je passe devant eux puis sors mon téléphone de la poche de mon cuir. Sur l’écran, l’heure m’indique qu’il est déjà 19 h 15. Zoé doit être en stress. Je devrais déjà être chez elle à cette heure-ci.

Je décide de l’appeler. Je tombe directement sur sa messagerie. Bon sang ! J’espère qu’elle va mieux, qu’elle n’est plus malade. Satanée gastro ! Elle s’était réfugiée dans les toilettes en début d’après-midi, se vidant complètement l’estomac. Elle me faisait de la peine.

Je balance ma clope sur le sol et l’écrase avec ma basket avant d’entrer dans ma caisse. Je pousse le chauffage à fond, me frotte les mains pour les radoucir puis mets en route le moteur. Valens et Léa viennent de nouveau hanter ma pensée dès que je m’engage dans la rue. Ils vont me rendre fou.

Je repense à la première fois où j’ai vu ce type. Je savais qu’on ne serait pas amis. Vêtu d’un costume de luxe de couleur beige, cravate rouge pétante, les cheveux plaqués en arrière, un visage lifté, bijoux en or. Un haut-le-cœur m’avait envahi simplement à reluquer ce connard. Ce connard qui ne se gênait pas de mettre la main aux fesses de tout son personnel féminin afin d’essayer d’en faire des distractions dans son lit.

Léa m’avait demandé de passer à l’agence pour signer les papiers concernant l’acte de location de notre futur logement peu de temps après qu’elle avait été embauchée. Valens m’avait dévisagé d’une façon inconvenante en me faisant entrer dans son bureau. En un simple regard, une tension était déjà palpable entre nous. Je détestais la manière dont il parlait avec Léa, très près de son visage, comme s’il allait lui rouler une pelle devant ma gueule. Il avait les pupilles qui brillaient aux éclats dès qu’elle lui parlait. Connard ! Je voulais le massacrer. Quand j’en ai parlé à Léa, elle est tout de suite montée sur ses grands chevaux en prenant sa défense. Selon elle, c’était un mec bienveillant, à l’écoute de son personnel et très sympathique. J’ai laissé tomber, car j’avais une énorme confiance en elle. Mais, j’aurais dû me méfier. Ce mec avait réussi à l’attraper dans ses filets et maintenant, je suis persuadé qu’elle me trompait avant même qu’on emménage ensemble. Pourquoi n’ai-je jamais rien remarqué ? J’ai sûrement vécu deux ans dans le mensonge avec cette nana.

Je gare ma caisse quelques minutes plus tard devant l’appartement de Zoé. Je suis impatient de la voir, de la prendre dans mes bras pour que je m’enivre de sa tendresse, d’entendre sa voix angélique, qu’elle m’enveloppe de sa fragrance. J’ai besoin d’elle.

J’ouvre la porte du hall et grimpe les escaliers à toute vitesse. Légèrement essoufflé, je me dirige dans le salon, mais il n’y a personne.

— Zoé ? Où es-tu ?

Le silence règne. La télévision est éteinte, alors qu’elle est toujours allumée en temps normal. Ça me semble bizarre.

Nœud à la gorge, je cavale d’un pas déterminé jusqu’à sa chambre. Elle est allongée, le ventre à plat sur le matelas, tenant dans une main un papier blanc. Sa nuisette est légèrement remontée, ce qui me donne le droit d’admirer sa petite culotte noire en dentelle, mais je ne m’y attarde pas. Ce qui m’effraie, c’est qu’elle sanglote, la tête inclinée sur un côté. Elle ne semble même pas avoir capté que je viens d’entrer dans sa chambre puisqu’elle ne relève pas le visage.

— Zoé ? Pourquoi pleures-tu ?

Je m’en approche et chope le mot de sa main. Mon cœur rate un battement et mes entrailles se tordent douloureusement dès que j’aperçois les premiers mots.

« Je t’avais prévenue. Ton mec est un GROS CONNARD ! Songe à le quitter avant qu’il te fasse du mal ! »

— Putain ! C’est quoi ça ? hurlé-je en le jetant à terre.

Je retourne Zoé comme une crêpe. Elle a les paupières closes. Ses cils sont imprégnés de larmes, ses joues sont d’un rose poudré et ses lèvres vibrent à une vitesse folle.

— Qui t’a donné ça ? aboyé-je comme un malade.

Je la secoue par les épaules pour qu’elle réagisse. Ses paupières oscillent.

— Ouvre les yeux !

— Arrête, Adrian ! Tu vas me faire vomir ! Je ne suis pas bien. Je viens de faire un malaise.

Un malaise ? Bon sang, je n’étais même pas là quand c’est arrivé !

Un mélange de tristesse et de colère colore ses iris vert émeraude en une teinte noire.

— Laisse-moi seule.

Quoi ? Mais pourquoi ?

Elle repousse violemment mes mains et se lève d’un bond. La voilà partie. Putain ! Mais merde ! Qui a envoyé un tel mot ? Qui l’avait prévenue ? Elle ne m’a jamais dit que quelqu’un l’avait menacée.

J’enfouis une main dans ma chevelure tout en donnant un coup de pied imaginaire devant moi. Je peste quelques grossièretés puis quitte la chambre à mon tour. Je la trouve dans le salon, contemplant la vue depuis la fenêtre, les bras croisés. J’avance vers elle, mais je fais un pas en arrière en découvrant une photo sur le canapé. Putain ! C’est quoi ça ? Je fronce les sourcils en la prenant. Je vais faire un malaise ou plutôt une crise cardiaque. Je crois qu’il va me falloir un défibrillateur pour m’en remettre.

Je m’assieds, complètement offusqué. Je regarde attentivement cette photo. Putain de merde ! Ça ne peut pas être moi. Et cette femme ? Qui est-elle ? On ne voit pas son visage. Juste son corps nu recouvert d’une énorme marque rouge dans la nuque.

Je ricane amèrement tout en me levant et je cherche autour de moi après la caméra cachée. Bien évidemment, je ne suis pas dans une émission télévisée. Mais d’où provient cette photo ? Qui a fait ça ?

Je la fais voltiger en l’air. J’inspire et expire lentement pour essayer de m’apaiser. Ça ne fonctionne pas. Je crois que je vais péter une durite. J’ai failli me faire buter et là je découvre une horreur devant mes yeux. Je n’ai jamais fait une chose pareille. C’est une photo trafiquée, un montage d’un petit malin qui veut me pourrir la vie. Valens ? Léa ? Mais pourquoi feraient-ils ça ? Qu’est-ce que je leur ai fait, nom de Dieu ? Ce que je trouve étonnant sur cette photo, c’est que j’ai l’air paisible, les yeux fermés avec un sourire aux lèvres. Qui a pu nous photographier ? Mais bordel ! Non ! Même ivre, je ne ferais pas un truc aussi abominable. Je serais incapable de faire du mal à une femme.

— Zoé… parle-moi. Je n’aime pas ce silence.

Au lieu de me répondre, elle baisse la tête vers le sol et court jusqu’à sa chambre. Oh, non, non, non, Zoé ! Ne me fais pas ça.

Je la suis. Elle vient de s’enfermer à clef.

— Ouvre, Zoé ! Dis-moi où tu as eu cette satanée photo ! Qui t’a menacée ?

Je tambourine comme un malade sur la porte en hurlant encore et encore son prénom. Ma gorge me brûle. Quelle petite tigresse butée ! Je sais que ça ne sert à rien d’insister. Elle ne m’ouvrira pas. Elle ne va quand même pas croire à cette supercherie ?

Mon poing s’écrase dans le mur bruyamment. Je grimace par la douleur que je viens de m’infliger.

— Si c’est comme ça… je me casse !

Furieux, je cavale jusqu’à la porte d’entrée et la ferme brusquement derrière moi. Je ne sais pas où je vais aller ni même ce que je vais faire. Le seul refuge que je vois est de noyer ma colère dans l’alcool pour oublier. Je n’ai pas d’autre solution. Elle ne veut pas me parler. Très bien, Zoé ! Ton silence me fait mal et va faire renaître mes vieux démons. Tout sera ta faute et non la mienne.

Chapitre 2« T’en va pas »(Elsa)

Zoé

Mon cœur fait un saut acrobatique dans ma poitrine lorsque la porte d’entrée claque.

Je me lève d’un bond, sprinte comme une athlète de haut niveau jusqu’au couloir, mais il est trop tard. Adrian n’est plus ici.

La main tremblante, j’ouvre la porte, dévale cinq marches d’escalier et fouille du regard le hall. Personne.

— Adrian ! Non, reviens... Je t’en prie, excuse-moi, dis-je la voix presque éteinte.

La panique me broie le ventre. Je m’en veux.

— Adrian…

Mon visage ruisselle. Je ne peux plus rien faire. Je viens de tout foutre en l’air.

Je claque la porte derrière moi et trottine jusqu’à la fenêtre du salon. Son Audi n’est pas garée comme à son habitude devant l’immeuble. Mais… où va-t-il aller ? J’ai peur. Peur qu’il fasse une connerie. Peur qu’il noie sa colère dans l’alcool. Peur qu’il ait un accident. Le sol a l’air glissant. Les voitures circulent au ralenti dans la rue.

Je peste quelques grossièretés en prenant mon téléphone sur le canapé. Je l’appelle en retournant vers la fenêtre. Il ne décroche pas. Bon sang ! Il ne va pas me quitter ? Non ! Je ne veux pas qu’il me quitte. Je ne veux plus ressentir ce que j’ai vécu il y a quelques mois. Adrian n’est pas violent. Je m’en veux de ne pas lui avoir répondu, mais j’étais perdue et je ne voulais pas m’emporter contre lui. Parfois je suis impulsive et je sais que j’aurais pu mal m’exprimer, lui dire des choses que j’aurais regrettées. C’est pour ça que j’ai gardé le silence.

Il va revenir. Oui, je suis certaine que dans cinq minutes, il sera là et on pourra en parler calmement.

***

22 h 15

Je n’en peux plus. Je veux ses bras, qu’il m’enlace, qu’il m’embrasse, qu’il me réconforte et surtout qu’il me dise que ce n’est pas lui sur cette photo.

Les minutes défilent lentement dans le silence. Je m’assieds sur le canapé, plongeant mon visage derrière mes genoux repliés. Et je pleure. Je suis fatiguée, mes yeux me brûlent, ma tête devient lourde, mon ventre me fait souffrir.

***

23 h 45

Je piétine dans le salon, le téléphone en main. Je veux qu’il s’allume, voir son prénom s’afficher sur l’écran. Rien. Je vais m’arracher les cheveux.

Une fois de plus, mes pupilles se brouillent de larmes. Je peine à reprendre mon souffle tellement que je sanglote. Il ne reviendra pas. Dois-je penser que tout est réellement bien fini ?

***

0 h 35

Un rire bizarre retentit dans l’appartement. J’ouvre les paupières, le cœur qui rebondit comme une balle de tennis dans la poitrine.

Je chancelle lorsque je me relève du canapé. Adrian est dans le couloir, un sourire béat sur le visage, les yeux injectés de sang. Il a bu.

Il titube en venant vers moi.

— Bébé… je suis revenu ! braille-t-il en sortant un paquet de cigarettes de la poche de son cuir.

La colère m’immerge petit à petit. Je m’en approche en lui lançant un regard meurtrier et lui arrache la clope de sa bouche.

— On ne fume pas dans mon appart ! Pourquoi es-tu parti ? Pourquoi as-tu bu ?

J’écrase sa clope entre mes doigts et la réduis en cendre, lâchant tout sur le revêtement de sol.

— Tu m’énerves, Adrian !

Je lui assène plusieurs claques sur le bras, totalement furieuse.

— Bébé… arrête… t’es folle !

— Folle ? Tu abuses ! Tu as vu dans quel état tu es ?

— Je n’ai rien fait.

Je lève les yeux au plafond avant de protester :

— Tu m’exaspères ! Tu n’arranges rien à la situation. Je suis malade comme une bête et il faut se farcir ton attitude de mec bourré en plus !

— C’est ton Minou que je vais farcir, poupée.

— Ça ne me fait pas rire, Adrian !

Qu’est-ce que je vais faire de lui ? Tout ce que je voulais, c’est qu’il me prenne dans ses bras, me rassurer, me donner un peu de tendresse. Mais il a tout gâché.

— Où étais-tu ? demandé-je en fronçant les sourcils, les poings sur les hanches.

Il sourit en coin. Je souffle, lasse, découragée. Soirée de merde !

— Bah j’ai bu un coup. J’avais soif.

— Oui… bah j’ai bien vu que tu avais bu un coup. Tu aurais pu répondre à mes appels. J’étais inquiète.

— Bah… peux pas boire et répondre en même temps. C’est trop compliqué.

Il roule des yeux en essayant de retirer son cuir. Je ne sais pas combien de verres il a bus, mais ça ne me plaît pas. Je soupire lorsqu’il berloque de droite à gauche.

— Laisse-moi faire. On ne va pas y passer des heures.

Je le débarrasse de son cuir.

— Pardon, bébé. Je ne referai plus ça. Pardon… je t’aime. Ne me quitte pas, me souffle-t-il d’une voix suave.

Il approche son visage vers le mien, mais je recule.

— Tu ne vas pas partir ? Dis-moi que tu restes. Je n’ai rien fait, moi.

— C’est bon, Adrian. J’ai compris. Allez… viens.

Je lui prends la main, l’amène vers le salon et dépose son cuir sur l’accoudoir du canapé.

— Assieds-toi… à moins que tu aies envie de vomir ? Si c’est le cas, dis-le-moi maintenant, car il est hors de question que je ramasse tes dégâts.

Il sourit bizarrement tout en s’affalant sur le canapé.

— Je n’ai pas envie de vomir, bébé. Je n’ai pas bu comme un trou. Je suis bien… c’est tout.

Je souffle, ce qui l’amène à prendre une moue contrite.

— Tu vas me punir ? Tu ne veux pas que je dorme avec toi ? me demande-t-il en plongeant ses doigts dans ses cheveux.

— Je pense qu’il est préférable que tu te couches ici. On parlera de tout ça demain.

Il frappe sur ses cuisses pour me faire comprendre de venir. Je fais non de la tête.

— Bonne nuit, Adrian.

— Putain… non !

Il se lève d’un bond et encercle mon poignet d’une telle force que je me mets à crier :

— Tu me fais mal ! Lâche-moi si tu ne veux pas recevoir un coup mal placé !

— Tu ne ferais pas ça, bébé. Tu aimes jouer avec ma…

Je le coupe en plaquant ma main libre sur ses lèvres.

— Tais-toi ! Tu sais que je pourrais le faire.

Il dégage ma main et rapproche sa bouche de la mienne. Son haleine alcoolisée mélangée au tabac me fait grimacer.

— Dors avec moi.

— Je t’ai dit non.

— Bah moi j’ai dit si.

Je l’assassine du regard lorsqu’il serre plus fort mon poignet. Je crie, me débats, mais ma faiblesse le laisse gagner. Il trébuche dans le canapé, m’emportant avec lui. Avachie sur son corps de rêve, je suis piégée. Je n’ai plus aucune force pour lutter. Sa tête se retrouve en plein milieu de mes seins.

— Oh, mon cœur… je suis bien là. J’ai envie de toi. Fais-moi oublier ma soirée de merde.

Il lève sa tête, apporte ses mains sur mes joues, mais je les repousse et me lève.

— Ça suffit, Adrian. On doit élucider le mystère de la photo et… je n’ai pas la force d’assouvir tes désirs. Je suis fatiguée et j’ai l’estomac en vrac.

Son regard devient bleu nuit. Il est fâché, mais hors de question que l’on s’emporte après tout ce qui vient de se passer.

Il s’assied correctement et tapote ses doigts nerveusement sur ses cuisses.

— Élucider le mystère de la photo ? répète-t-il sèchement.

— Oui. Je veux savoir…

— Tu ne devrais même pas te poser de questions, me coupe-t-il d’un ton méprisant. Tu devrais avoir confiance en moi. Tu sais que je suis incapable de faire une chose pareille !

Ses narines fument. Il me regarde fixement, totalement furieux.

— Tu crois vraiment que je suis ignoble à ce point ?

Les larmes me menacent. Je tremble.

— Zoé… Dis-moi ?

Je fais non de la tête.

— Non, Adrian… Je sais que tu n’es pas comme ça, mais imagine ma tête lorsque j’ai découvert cette photo.

Il lâche un soupir.

— Je me doute que tu as été choquée. C’est sûrement ce putain de connard de Valens qui est derrière tout ça ! Il veut me pourrir la vie.

Mais qu’est-ce qu’il raconte ? Je ne suis pas certaine que ce soit lui. Et pourquoi s’en prendrait-il à Adrian ? Non, je suis persuadée que c’est Vanessa. Elle m’avait dit mot pour mot à la fête d’Halloween ce qui est écrit sur le papier que je viens de recevoir. Mais ça risquerait de partir en vrille si je lui en parle maintenant. Il va m’en vouloir de ne rien lui avoir dit ce jour-là.

— Je ne vois pas pourquoi il te pourrirait la vie. Écoute… tu devrais dormir un peu. Tu auras les idées plus claires demain. Il se fait tard et je ne tiens plus debout.

Il plisse les yeux et se pince l’arête du nez. Son torse se soulève frénétiquement à la façon dont il respire.

— Je n’arriverai pas à dormir sans ta présence. Reste avec moi. Viens. Je n’ai vraiment pas envie qu’on se fâche.

Il me tend les bras.

— S’il te plait, me supplie-t-il, le regard abattu. J’ai passé une soirée de merde et il n’y a que toi qui peux m’apaiser. J’en ai besoin.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

— J’ai failli crever, Zoé. Putain… tu ne peux pas savoir comment j’ai flippé.

Je prends un air incrédule, hébétée par ce qu’il vient de me dire.

— On parlera de tout ça demain. Tu as besoin de sommeil également.

— Je te jure que c’est vrai, dit-il en retirant ses baskets. Allez… viens. Je veux que tu sois près de moi. Tu m’as manqué.

Il déboutonne sa chemise noire et la jette à terre. J’hésite un instant, mais lorsqu’il s’allonge, le regard insistant, je fonds. Adrian a un charme qui désarme. Mon vilain voyou me fait vibrer de la tête aux pieds. Je dois avouer que j’ai également besoin de me blottir contre lui et trouver la sérénité dans mon corps.

— Tu as gagné. T’es chiant !

Mes paroles le font rire.

Je cède, vaincue, et le rejoins en calant mon dos contre son torse. Il m’enveloppe immédiatement de sa chaleur enivrante tout en embrassant mes cheveux. Cette histoire de photo a été inventée de toute pièce. Je connais Adrian mieux que n’importe qui. Vanessa est jalouse, mais tout lui tombera dessus un jour ou l’autre. On dit toujours que l’on récolte ce que l’on a semé. Tout finit par se payer. Oui… Vanessa va le payer ! Adrian n’a rien fait, je sais qu’il est sincère.

Je ferme les yeux. Mon cœur s’apaise lorsqu’il me murmure :

— Je t’aime, tigresse. Je ne te ferai jamais de mal. C’était ma promesse et j’y tiens toujours.

Oui, je le crois. Pourquoi me ferait-il du mal après tout ?

Je lui chuchote un « je t’aime » également et me laisse emporter dans le pays des songes… ou des cauchemars.

Chapitre 3« Violent pornography »« Pornographie violente »(System of a Down)

Adrian

— Tu dis un seul mot et c’est ta vie qui en dépendra.

— Va te faire foutre, espèce de sale raclure ! C’est toi qui vas crever !

D’un regard noir comme les ténèbres, je me rue sur Valens et fais valdinguer mon poing dans sa mâchoire. Sa tête valse à l’arrière avant qu’il ne trébuche sur le sol. Il va crever, crever, crever. Tout droit aux enfers, sale ordure !

Il m’insulte de ses pires noms d’oiseaux en essayant de se relever. Je ricane amèrement tout en m’abaissant. Qu’il ne croit pas qu’il s’en sortira aussi facilement.

Sans attendre une seule seconde, je lui chope la gorge et la serre très fort. Si fort que sa veine frontale se met à ressortir.

— Tu m’as pourri la vie, à mon tour de pourrir la tienne, lui lâché-je froidement avant de lui cracher à la gueule.

La mâchoire contractée, je lui assène des coups de poing dans les pectoraux sans lâcher sa gorge. Je m’acharne sur lui comme il le mérite. Il ne fera plus souffrir personne. Son voyage est en enfer. Je l’ai souvent rêvé. Et c’est aujourd’hui son jour. Il va disparaître à tout jamais.

Je le frappe encore et encore, mais tout d’un coup, un bruit résonne.

Panpan…

Je me raidis.

Pan pan…

Je n’ai plus de force. Je tremble. Je souffre. Valens plonge son regard victorieux dans le mien. Du sang. Je vais m’évanouir. Il y en a partout sur mes mains, ma chemise, sur le sol. Je me vide. Il m’a tiré dessus, ce crétin.

Pan pan…

Je m’engouffre dans les ténèbres. Je suis mort.

— Adrian ! Réveille-toi !

J’ouvre les yeux en grand, le cœur qui bat la chamade. Tous mes membres se mettent à trembler. J’ai chaud et la sueur perle sur mon front.

— Adrian…

Cette voix. C’est Zoé. Ma Zoé, ma tigresse. Qu’est-ce qu’elle fout à califourchon sur moi ? Pourquoi me regarde-t-elle, affolée ? Que s’est-il passé ? Je ne suis pas mort ?

— Je… Je… Où suis-je ? demandé-je, perdu.

Je cligne des paupières. Il me faut quelques secondes pour revenir à la réalité. Il fait encore nuit, mais j’arrive à voir ce qui se passe autour de moi, car la lumière de la cuisine est allumée.

Je tapote mon torse puis regarde les paumes de mes mains. Il n’y a pas sang. Je suis en vie. J’ai fait un putain de cauchemar. Bordel ! J’ai cru que c’était réel.

— Tu es avec moi, dans le salon, chuchote-t-elle, la voix qui tremblote.

Putain ! Quelle panique ! Je me voyais déjà mort, être loin de ma tigresse et ne plus pouvoir la serrer dans mes bras. Ce n’est bien sûr pas mon premier cauchemar, mais celui-ci me marquera un moment.

— Approche.

Je lui tends les bras. Elle s’allonge à côté de moi en calant sa tête dans le creux de mon cou puis me caresse lentement la joue du bout des doigts.

— Je veux que tu restes comme ça toute la nuit à côté de moi, Zoé.

Je frotte son bras de haut en bas tout en embrassant fortement son cuir chevelu. Je hume l’effluve qu’elle dégage pour m’apaiser davantage. Ça me fait du bien. J’ai vraiment cru que je ne la reverrai plus jamais. Putain de connard de Valens. Même la nuit, il vient me hanter.

— Tu m’as fait peur, murmure-t-elle. De quoi as-tu rêvé ?

— De Valens. Il m’avait buté.

— Oh ! Mon Dieu !

Son cœur bat aussi follement que le mien.

— Je n’ai rien. Je suis là. Rendors-toi. J’ai juste fait un cauchemar.

Un cauchemar. Nom de Dieu ! Hier soir tout était réel et ça aurait pu m’arriver.

Je lui embrasse le front et j’attends. J’attends de pouvoir me rendormir, mais la nuit sera de courte durée. Un nouveau cauchemar reviendra sûrement me perturber. Pourquoi m’arrive-t-il tout ça tout d’un coup ?

***

J’ai la tête comme une pastèque, lourde et affreusement douloureuse. Pourtant, je n’ai pas bu tant que ça hier. Quand je suis parti de l’appartement, je me suis rendu au « Hard Rock Café » et je me suis enfilé quatre vodkas. Je me souviens de tout : Valens, le mot, la photographie et Zoé qui semblait être perdue. D’ailleurs où est-elle ? Le salon est plongé dans le silence.

Je me redresse lentement. Waouh ! Il va falloir que je prenne un médoc pour me soulager. Je me sens vaseux, j’ai l’estomac en vrac. La journée va être difficile. Je n’ai littéralement pas fermé les yeux de la nuit parce que j’avais toujours cette image de merde devant mes yeux. Valens avec son flingue. Je crois bien qu’il va occuper mes pensées un long moment.

Je me penche pour ramasser ma chemise puis me hisse sur mes jambes pour sortir du canapé. Je l’enfile tout en me dirigeant vers sa chambre. Stitch est en boule sur son lit, mais Zoé n’est pas ici. Elle est sûrement dans la salle de bains.

— Zoé ? Tu es là ? demandé-je en m’y aventurant.

Elle ouvre la porte de la cabine de douche dès que j’entre. Il fait fort chaud. La manie de Zoé est de prendre des douches bouillantes.

— Tu peux me donner une serviette, s’il te plait ?

J’en attrape une qui est posée sur la machine à laver et la lui tends. Elle a le visage fatigué.

— Tu es déjà debout ? me demande-t-elle en enroulant ses cheveux dans la serviette. Je ne voulais pas te réveiller.

— Tu ne m’as pas réveillé. Quelle heure est-il ?

Je lui donne une seconde serviette.

— Tôt. Il doit être à peine huit heures.

Eh merde ! Je devrais être prêt pour aller au taf.

— Il faut que j’appelle Seb.

— C’est déjà fait.

Je relève un sourcil.

— Je lui ai dit que tu n’étais pas très bien, mais que tu seras au studio cet après-midi.

— T’es un ange. Et toi ? Comment te sens-tu ? Tu n’as plus envie de vomir ?

— Non… ça va… Mais je crois que je vais aller me recoucher avant d’aller au café.

Elle s’essuie et drape la serviette autour son corps.