You… And me - Tome 4 - Emilia Adams - E-Book

You… And me - Tome 4 E-Book

Emilia Adams

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Beschreibung

Zoé arrivera-t-elle à temps pour sauver Adrian des griffes de ses ravisseurs ?

Confrontés aux fantômes de leur passé, Adrian, Léa et Roxanne se trouvent dans une situation plus que délicate : Grégoire Valens et Vanessa, tous deux armés de révolvers, les retiennent en otage et semblent déterminés à les abattre. Adrian n’a plus alors qu’une obsession : découvrir la vérité sur les enveloppes rouges avant de mourir. Tandis que les langues se délient et que la vérité éclate au grand jour, Zoé, folle d’inquiétude pour l’homme qu’elle aime, remue ciel et terre pour le retrouver…

Savant mélange de rebondissements, frissons et… révélations, ce quatrième tome clôt la saga en beauté !

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"Après un final explosif, j'ai vraiment hâte de connaître la suite" - Just the way you read
"Pour ma part, j’ai tout simplement adoré. La plume de l’auteure est super légère et fluide, on enchaîne les pages sans s’en rendre compte pour au final on passe un super moment !" - Un palais de livre

À PROPOS DE L'AUTEURE

Mère de trois enfants, Emilia Adams est une grande fan du groupe The Strokes. Jeune femme rêveuse avec un brin de folie, elle aime écrire et profiter de la vie autour d’un bon cappuccino ou d’une viennoiserie ! Après Hate me! That’s the game!, elle commence une nouvelle saga chez So Romance : You... and me.

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Sommaire

Chapitre 1 : Goodbye blue sky (Pink Floyd)

Chapitre 2 : Too late (Black Sabbath)

Chapitre 3 : Andy (BB Brunes)

Chapitre 4 : Le grand secret (Indochine ft. Melissa Auf Der Maur)

Chapitre 5 : I want to break free (Queen)

Chapitre 6 : Maman (Louane)

Chapitre 7 : Tous les cris les S.O.S (Daniel Balavoine)

Chapitre 8 : The future is now (The Offspring)

Chapitre 9 : You are so beautiful (Joe Cocker)

Chapitre 10 : Sur la route (De Palmas)

Chapitre 11 : Crache ton venin (Téléphone)

Chapitre 12 : Bleeding love (Léona Lewis)

Chapitre 13 : Un ange dans le ciel (Kool Shen)

Chapitre 14 : Fear (Sade)

Chapitre 15 : Celui qui vient chez toi (quand tu n’es pas là) (Doc Gyneco)

Chapitre 16 : L’enfer (IAM feat. East et Fabe)

Chapitre 17 : Bang Bang (Ariana Grande, Jessie J., Nicki Minaj)

Chapitre 18 : Body and Blood (Ghost)

Chapitre 19 : I love you always forever (Donna Lewis)

Chapitre 20 : Voilà c’est fini (Jean-Louis Aubert)

Chapitre 21 : Tout l’monde peut s’tromper (Patrick Bruel)

Chapitre 22 : The end (The Doors)

Chapitre 23 : Pump it (The Black Eyes Peas)

Chapitre 24 : Dark night (The Blasters)

Chapitre 25 : Changer d’air (Thierry Amiel)

Chapitre 26 : OMG (Camila Cabellio feat. Quavo)

Chapitre 27 : Laisse le vent emporter tout (Mylène Farmer)

Chapitre 28 : Il fait chaud (Passi)

Chapitre 29 : La cartouche (Sébastien Patoche)

Chapitre 30 : La vie est belle (Nassi)

Chapitre 31 : Confessions nocturnes (Diam’s feat. Vitaa)

Chapitre 32 : Un homme heureux (William Sheller)

Chapitre 33 : Tout le temps avec toi (Black Devils/Emilia Adams)

Épilogue

Chapitre 1Goodbye blue sky« Au revoir ciel bleu »Pink Floyd

Adrian

Je regarde désespérément autour de moi pour dénicher une sortie de secours, mais je sais très bien que je n’en trouverai pas. Pendant quelques secondes, j’ai l’impression que je fais un mauvais rêve, mais les frissons qui envahissent mon corps me font vite revenir à la réalité. Mon cœur pulse à un rythme saccadé. Je suis prisonnier avec deux malfaiteurs qui veulent me faire la peau. Je ne peux rien faire. Mon sort est entre leurs mains et ils ne vont pas se gêner pour me faire souffrir. Et sûrement me buter.

Je ne suis pas le seul à être en danger. Léa et Roxanne sont également prises au piège. Ces deux ordures pointent leurs armes sur elles. Elles sont terrorisées, mortifiées comme des souris attrapées dans les griffes d’un félin redoutable. Les larmes coulent à flots sur leurs visages.

Roxanne se met à crier, ce qui amène Valens à lui coller une gifle en plein visage.

— Ferme-là, salope !

Putain, je vais le massacrer. Je ne saurai pas garder mon sang-froid ! Non, c’est impossible. J’ai envie de lui cracher la bile acide qui se forme dans le fond de ma gorge dans sa sale gueule d’ordure. Qu’il brûle en enfer !

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant, papa ? demande Vanessa à Valens.

Papa ? Mais c’est quoi ce délire ? Valens est son père. Mais voilà le lien qui les unissait. Cette cinglée m’a piégé. Mais pourquoi ? Je n’y comprends toujours rien.

— On les emmène tous là où tu sais.

Où vont-ils m’emmener ?

Trouve une solution, Adrian ! Ta vie est en danger !

Mon téléphone ! Il faut que j’alerte Zoé. Je dois agir vite. C’est le moment. Vanessa s’approche de son père et lui murmure je ne sais quoi.

Je recule jusqu’à mon bureau et déverrouille mon téléphone avec mon pouce sans les lâcher des yeux. Ils se font toujours des messes basses, mais peu importe ce qu’ils peuvent se dire, il faut que Zoé comprenne que je suis en danger. Alors discrètement, je jette un coup d’œil à mon téléphone, et appuie sur l’appel manqué de Zoé. Elle a essayé de me joindre. Elle s’inquiète. C’est vrai que je devrais déjà être arrivé à son studio de danse.

Je le range rapidement dans la poche de mon cuir et fais comme si de rien n’était.

— Arrête de bouger, toi, braille Vanessa à Léa en l’assassinant du regard.

Vanessa plaque sa main sur sa bouche et brandit son arme devant moi. Je la fixe des yeux avec mépris sans ciller, lui montrant la fureur qui me possède. Elle ne gagnera pas la partie. Non, ça ne peut pas se finir comme ça. Je vais bien trouver le moyen de me sortir de cette merde. Il faut que je réfléchisse, mais je n’ai rien pour me défendre hormis un canif misérable dans la poche de mon cuir.

Je serre la mâchoire et les poings puis tourne la tête vers cette raclure de Valens. Il lâche un rire tonitruant puis il me regarde froidement, haletant de rage.

— Qu’on en finisse au plus vite avec eux, dit-il d’une voix grave et rocailleuse.

Qu’est-ce qu’ils vont faire de nous ? Je dois comprendre pourquoi ils agissent comme ça. Je ne veux pas mourir sans savoir pourquoi ils ont autant de haine contre nous. Eh merde ! Non ! Je ne vais pas crever. Je vais trouver une solution.

Zoé… ma puce. Ton beau visage vient soudainement envahir ma vision. J’aimerais tellement que ceci soit une mauvaise blague. Est-ce que je vais te revoir ? Je veux que tu sois là avec moi et que tu me réchauffes dans tes bras. Je veux sentir tes baisers au goût de cerises, mon gel douche imprégné sur ta peau douce et veloutée. Je veux que tu me chuchotes des « je t’aime » au creux de l’oreille et que tu me fasses frémir par tes caresses audacieuses. Je veux que tu m’enivres dans ta douceur, dans ta folie et dans ta joie de vivre. Je veux que tu me dises que je viens de faire un cauchemar, que tout ceci est le fruit de mon imagination. J’ai tellement de choses encore à partager avec toi. Je veux également que tu sois la femme de ma vie. Je ne suis plus fâché avec le mot mariage ce soir. Je dois être fou. Non, je suis fou de toi. Tu es la personne que j’aime le plus sur terre. Comment vas-tu surmonter tout ça si je meurs ? Non, non, non et non ! Mon destin n’est pas entre les ténèbres ce soir. La mort ne m’emportera pas aujourd’hui. Je n’ai jamais rien fait de mal. Je ne suis pas un serpent venimeux comme lui.

Allez, réfléchis un peu, Adrian !

— Quel est le problème ? Qu’est-ce que tu nous veux ? aboyé-je en le foudroyant du regard. Comment as-tu réussi à trafiquer ces photos ? Je n’ai jamais fait de telles choses. Je ne suis pas une ordure comme toi.

J’ai l’impression d’avoir de la lave qui coule dans ma gorge.

— Je n’ai jamais trafiqué ces photos. Et là, maintenant, tu vas payer pour le mal que tu as fait.

Mais qu’est-ce qu’il raconte ? Cet homme boit ou se drogue, ce n’est pas possible. Je n’ai jamais couché avec la sœur de Roxanne et c’est lui qui m’a fait du mal en baisant la femme que je devais épouser. Et c’est moi qui passe pour le méchant ! C’est le monde à l’envers. Je vais vraiment finir par croire que je suis victime d’un canular. Suis-je comme ce pauvre Thruman Burbank qu’incarne Jim Carrey dans le film « The Thruman Show », piégé dans une télé-réalité à mon insu ? Putain ! J’aimerais tellement qu’un mec dise de couper la scène ou alors qu’on me chuchote dans l’oreillette de buter le psychopathe et la traîtresse qui sont devant moi. Ah si seulement… Mais je sais que je ne suis pas en train de rêver. Tout est réel. Valens et sa fille vont m’abattre pour je ne sais quelle raison.

Je hurle :

— Tu oublies que c’est toi qui m’as pourri la vie. Je voudrais que tu me dises pourquoi tu te fais passer pour une victime.

Je ricane amèrement en plongeant une main dans mes cheveux. Je tire sur mes mèches, le visage qui fulmine.

— Tu as détruit la vie de ma femme et de mon fils. Tu vas le payer maintenant.

Je le regarde dubitatif en pointant mon index vers mon torse.

— Moi, j’ai détruit la vie de ta femme et ton fils ? Et en quel honneur ? Je ne les connais même pas.

— Non, c’est vrai. Tu ne leur as jamais adressé la parole et tu ne les connaîtras jamais puisqu’ils se sont donné la mort à cause de toi.

Il regarde sévèrement Roxanne.

— Et c’est à cause de toi aussi, petite traînée.

Il est fou ! Oui, cet homme est fou.

— Tu te fous de ma gueule. Dis-moi que c’est une blague, crié-je en levant une main en l’air.

Vanessa s’approche de moi et me colle son flingue sur la tempe, une lueur belliqueuse dans ses yeux. Je déglutis avec difficulté et prie mentalement afin qu’elle n’appuie pas sur la gâchette.

— Une blague ? répète-t-elle. Tu ne te souviens pas de ce qui s’est passé il y a dix ans, jour pour jour ?

Je la dévisage en fonçant les sourcils.

— De quoi dois-je me souvenir ? J’étais au lycée à cette époque-là. On ne se connaissait pas.

— Non, mais tes conneries ont amené mon frère et ma mère à se suicider.

Mes conneries ? Oui, j’ai fait des conneries, du genre, dégrader des monuments dans les lieux publics, brûler des mobylettes ou faire des parties de sonnette, mais de là à provoquer la mort de deux personnes… C’est insensé ! J’apprenais seulement à conduire à ce moment-là et à ce que je sache, je n’ai jamais percuté quelqu’un. Faudrait-il que j’appelle Seb pour qu’il me rafraîchisse la mémoire ? Si je pouvais lui dire que je suis en danger…

— La plus grosse des conneries que j’ai faites est de t’avoir sautée il y a quelques mois.

Elle grince des dents puis me crache à la gueule. Mes paupières se ferment instinctivement. Je les rouvre lorsque j’essuie sa sale bave de mon visage.

— Tu me donnes la gerbe, espèce d’ordure.

Mon cœur s’affole lorsqu’elle appuie le flingue fortement sur ma tempe.

— Calme-toi, Vanessa, s’écrit Valens. Ce n’est pas encore son heure. Il mérite qu’on le fasse souffrir avant qu’on le réduise en cendres.

Il recule jusqu’à la porte en passant un bras autour de la taille de Roxanne. Celle-ci sanglote, les larmes aveuglant sa vision.

— C’est bon… tu peux venir, dit-il en tournant la tête vers l’accueil.

Le silence qui s’installe ne fait qu’amplifier la panique qui me submerge. Un homme apparaît devant moi. Il me dit quelque chose. J’ai l’impression de l’avoir déjà vu, mais c’est peut-être mon imagination qui me joue des tours. Grand, costaud, les cheveux bruns attachés en queue-de-cheval, une moustache en trait de crayon, le teint fort pâle qui fait ressortir ses yeux sombres comme la nuit. Il a une cicatrice sur la joue et il est vêtu d’un costume bleu foncé à rayures verticales blanches et de chaussures noires cirées. On dirait un putain de mafieux.

— Attache-lui les mains, lui ordonne Valens.

Vanessa se recule pour laisser passer cet homme, qui me dévisage de ses yeux qui brûlent d’une lueur sauvage. Je suis foutu. Valens et Léa braquent leur flingue vers moi. Je n’ai plus le choix de me soumettre à leurs ordres. Là je dois avouer que ça craint. Je vais me faire buter. Et je ne reverrais plus ma tigresse.

Au revoir ciel bleu et bonjour les ténèbres.

Chapitre 2Too late« Trop tard »Black Sabbath

Zoé

15 minutes plus tôt.

Je regarde sans cesse ma montre. Adrian devrait être là. J’ai eu le temps de prendre ma douche, de m’habiller et de consulter les messages que ma mère m’avait envoyés pendant que je donnais des cours de danse à mes élèves. Nous avons prévu de passer quelques jours à Saint-Raphaël d’ici un mois et elle voulait connaître la date exacte de notre venue. J’en ai discuté hier soir avec Adrian et nous nous sommes mis d’accord pour y aller la dernière semaine d’avril. J’ai tellement hâte de les voir. Je ne les ai pas revus depuis Noël. Et j’aimerais aussi revoir Jamie. On s’envoie parfois des messages, mais il reste bref. Aux dernières nouvelles, j’ai su que son ex-femme avait été incarcérée dans un hôpital psychiatrique.

Je farfouille dans mon sac et prends mon téléphone. Tout en appelant Adrian, je passe devant Alicia et Seb qui se bécotent en plein milieu de la piste de danse. Je jette un coup d’œil à la grande baie vitrée tout en soulevant le rideau noir, mais je ne vois pas sa voiture. Et bien sûr, il ne répond pas non plus à mon appel. Ce n’est pas dans ses habitudes d’arriver en retard.

Je souffle, agacée en trottinant vers les deux amoureux.

— Je n’arrive pas à le joindre, dis-je complètement désespérée.

Seb lâche Alicia de ses grands bras et s’approche de moi. Il pose ses mains sur mes épaules et m’offre un sourire rassurant.

— Ne t’inquiète pas. Il ne devrait pas tarder. Il n’y avait plus aucun client quand je suis parti du studio et il allait fermer.

OK, je devrais essayer de me détendre. Après tout, il n’a que dix minutes de retard. Je vais l’attendre sagement en essayant de déstresser. Il sera sûrement là dans deux minutes. Peut-être qu’il est allé quelque part avant de venir ici. Mais pour quoi faire ? Il va me rendre folle.

Je m’assieds derrière le bureau. Afin de passer le temps, je jette un coup d’œil sur les papiers d’inscriptions concernant le gala qui aura lieu début juin. Le studio de danse comprend une centaine d’élèves et je suis heureuse de voir qu’elles seront toutes présentes ce jour-là. Depuis janvier, nous travaillons d’arrache-pied sur nos chorégraphies. Ce spectacle va être grandiose. Il aura pour thème « Le rock des années 50 à nos jours ».

Les minutes défilent lentement et je suis toujours aussi inquiète. Alicia s’inspecte de haut en bas. Elle a opté pour une jolie robe rouge qui lui arrive aux chevilles, ornée de perles et de dentelles. Elle est sublime. Elle porte des escarpins assortis. Ses cheveux sont relevés en chignon haut, décorés de strass. Un collier en argent qui lui serre le cou et des boucles d’oreilles pendantes de la même couleur apportent la touche finale à sa tenue.

— Tu n’as toujours pas de nouvelles d’Adrian ? me demande-t-elle en prenant son sac à main posé sur le bureau.

— Non. Il ne m’a pas appelée.

Il est 19 heures passées et je sais qu’Alicia n’a plus beaucoup de temps devant elle. Je vais devoir rester seule ici si ça continue.

— Je vais aller faire un petit tour dehors, dit Seb avant d’embrasser la joue de ma sœur. Il est peut-être sur le parking en train de fumer une clope.

Je hoche la tête et me lève. Mes mains se mettent à trembler comme une feuille lorsque je prends mon téléphone. Rien. Mais bon sang, que fait-il ?

— Je suis sûre qu’il va revenir avec une belle surprise pour toi, me lâche Alicia en ouvrant un rouge à lèvres rose pâle.

Si seulement elle avait raison…

Elle se tartine la bouche puis se contemple à travers le miroir qui est accroché sur le mur derrière elle.

— Tu peux y aller, dis-je en mettant ma veste en cuir noire. Je ne voudrais pas que tu sois en retard à cause de nous. On vous rejoindra.

— J’ai encore un peu de temps devant moi. Et puis… je ne vais pas laisser ma petite sœur toute seule. Adrian ne va pas être content.

Elle a raison. Il nous a fréquemment répété de fermer la porte à clef et de l’appeler si quelqu’un venait à s’introduire dans le studio. Alicia l’a souvent charrié en lui disant qu’il me surprotégeait de trop, mais elle n’est pas au courant de ce qui nous est arrivé il y a quelques mois. Adrian a préféré que l’on garde cette histoire secrète. Il veut protéger ses proches. Il est vrai qu’on ne sait pas de quoi Valens peut être capable. Il a une arme et il pourrait très bien s’en servir.

Alicia vient vers moi, le sourire aux lèvres, et me serre dans ses bras. Elle sent divinement bon, une odeur florale.

— Allez… viens, on sort. Il est peut-être déjà là.

Je me dégage de son étreinte. Je soupire, mais elle ne le remarque pas puisqu’elle se met à courir comme une gazelle vers l’entrée.

Un petit vent agréable me caresse le visage lorsque je mets un pied dehors. Comme je m’en doutais, il n’y a aucune voiture sur le parking hormis l’Audi de Seb. J’ai la boule au ventre. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un drôle de pressentiment. Il me dit toujours tout. Je l’aurais su s’il devait se rendre quelque part avant de venir me chercher.

Seb se dirige rapidement vers nous à grandes enjambées.

— J’ai appelé au studio, mais il ne doit plus y être puisqu’il ne répond pas. À mon avis, il va arriver d’ici quelques minutes.

Je fais quelque pas sur le parking. J’ai besoin de bouger. Je ne saurais pas attendre sans rien faire.

Tout en marchant, je laisse vagabonder mon regard sur l’écran de mon téléphone. J’espère qu’il n’a pas eu un accident de voiture ou que Léa n’est pas revenue lui demander de l’aide. Même si j’essaie de la mettre dans un coin de ma tête, je ne peux m’empêcher de songer qu’elle reviendra un jour ou l’autre. Toute cette histoire est en train de me ronger. Je n’arrive pas à tirer un trait dessus. Pourtant, je m’étais promis de tout oublier. Mais c’est plus fort que moi, j’y pense régulièrement et je sais qu’on n’est pas à l’abri d’une nouvelle menace. Bien évidemment, je n’en parle jamais à Adrian. Je sais qu’il pourrait essayer de les retrouver et je n’ai absolument pas envie qu’il se mette en danger.

Je souffle lentement afin de calmer les pulsations de mon cœur. Je trépigne d’impatience. L’heure passe et si ça continue, on ne pourra pas assister au spectacle de ma sœur. Je sais qu’il n’était pas ravi d’y aller, mais il m’a promis qu’il viendrait. Il n’est pas du genre à se désister à la dernière minute. Et il sait qu’il ne faut pas jouer avec ça avec moi, car je pourrais sortir mes griffes.

Mon téléphone se met à sonner au moment où je retourne sur mes pas. Adrian ! Ouf ! Enfin !

Plus fort que moi, je me mets à crier :

— Tu abuses, Adrian ! Pourquoi ne répondais-tu pas ?

Silence. Il se fout de moi ou quoi ?

— Adrian ? Tout va bien ?

Toujours rien. Mais qu’est-ce qu’il fout ? La panique me submerge de nouveau.

— Tu me fais peur. Dis-moi où tu es.

Des bruits sourds viennent jusqu’à mon oreille. Ça me fait penser à des talons qui claquent sur le sol.

— Adrian ? Tu m’entends ? Tu es sur la route ?

Je viens d’arriver devant ma sœur et Seb, qui me regardent étrangement. Je n’entends rien. J’éloigne le téléphone de mon oreille afin de leur expliquer la situation :

— C’est Adrian, mais je ne l’entends pas.

— Ne stresse pas, dit Seb. Le réseau passe peut-être mal.

Il a sûrement raison, mais je ne saurais pas me calmer tant que je n’aurais pas entendu le son de sa voix.

J’insiste :

— Adrian ? Tu es toujours là ?

Encore des bruits de talons. Mais avec qui est-il ?

— Tu es avec quelqu’un ? Rappelle-moi. Il doit y avoir un souci de réseau.

Un nouveau silence. Bon sang, que ça m’énerve.

— Bon… écoute, je te rappelle tout de suite.

Prête à raccrocher, je me ravise lorsqu’un énorme vacarme retentit. Ça grésille comme si la ligne allait se couper puis tout d’un coup, j’entends :

— Tu vas crever. Grouille-toi de monter dans la caisse !

Le timbre lugubre de cette voix me fait sursauter. Je laisse échapper un cri de stupeur puis je plaque une main sur ma bouche, totalement ahurie. Valens ! Ça doit être lui.

— L’heure de ta mort a sonné. Tu vas payer pour tout ce que tu as fait !

Ma respiration se coupe un instant. Qu’est-ce qu’il est en train de faire à mon voyou ?

Je reste de marbre, le téléphone toujours collé à mon oreille en regardant Seb et Alicia d’un air angoissé.

— Que se passe-t-il ? demande Alicia, inquiète.

Mes mains tremblotent et mon estomac se noue. Mais finalement, j’arrive à articuler au bout de quelques secondes :

— Adrian est en danger. Valens veut le tuer.

Des larmes se mettent à couler à torrents sur mes joues. Il est revenu et j’ai bien peur qu’il soit trop tard. Je dois le sauver. Mais comment vais-je faire pour le retrouver ?

Chapitre 3AndyBB Brunes

Vanessa

10 ans plus tôt.

Quand je serais grande, je serais pâtissière. J’adore faire des gâteaux. C’est maman qui m’a donné le goût à sa passion. Nous en confectionnons chaque week-end. Des grands, des petits, au chocolat, aux fruits, recouverts de chantilly ou de pâte à sucre. Je pourrais passer des heures et des heures en cuisine et j’avoue aussi que j’ai un faible pour lécher les fonds de plats. Hum… que c’est bon la crème pâtissière à la vanille ou au chocolat… Mais ce que je préfère le plus, c’est la recette de la chantilly de maman. C’est la meilleure de toutes et il n’y a que moi qui connais son petit secret pour qu’elle soit bien ferme et succulente.

Maman est super gentille. Elle passe tout son temps libre avec moi lorsqu’elle n’est pas au boulot. Elle s’occupe d’enfants dans une crèche. Elle vient me chercher tous les jours à la sortie de l’école, mais je sais qu’elle ne pourra plus le faire d’ici quelques mois. Je vais devoir prendre le bus pour me rendre au collège. Je déteste les cours, mais j’essaie de ramener de bonnes notes, car je n’aime pas quand maman se fâche. Elle m’a dit que je dois bien travailler si je veux être pâtissière, alors je fais du mieux que je peux.

Aujourd’hui, nous nous sommes levés de bonne heure afin de réaliser un gâteau pour mon frère Andy. Il a 19 ans et il est chiant. Il n’arrête pas de m’embêter. Il dit que je ne suis pas belle. Pourtant moi je me trouve jolie. J’ai de longs cheveux blonds, de superbes yeux bleus et Grégoire dit toujours que j’ai un magnifique visage d’ange. Grégoire c’est mon beau-père. Je l’aime bien. Il est directeur d’une agence immobilière.

Mon papa est mort lorsque j’avais un an. Il avait une maladie incurable. Un cancer, je crois. Mais je ne pose jamais de questions à maman, car elle est triste quand on parle de lui. Maintenant, elle est heureuse avec Grégoire. Elle l’aime beaucoup. Ils se font tout le temps des bisous et quand c’est ça, je suis obligée de fermer les yeux. C’est répugnant. Surtout quand il met sa langue dans sa bouche. Pourquoi font-ils ça ? Moi je n’ai jamais embrassé un garçon et je ne veux pas de Grégoire dans ma vie. J’aime bien jouer avec mes copines. C’est beaucoup plus drôle. On chante, on danse et on s’amuse à faire des sketchs ensemble. C’est bien mieux que de récurer la bouche d’un garçon et de découvrir ce qu’il a mangé dans la journée.

Pour en revenir à nos moutons, c’est l’anniversaire de mon frère aujourd’hui. J’espère qu’il va être content de voir le beau gâteau qu’on lui a confectionné. Mais il est chagriné en ce moment. Il ne ramène plus de bonnes notes à la maison depuis que sa copine Roxanne l’a quitté. Pourtant, il travaillait très bien à l’école. Mais non, ça ne va plus depuis que Roxanne a fait une bêtise. Une grosse bêtise ! Elle a embrassé un autre garçon et Andy a pleuré, pleuré, pleuré pendant plusieurs jours. J’ai essayé de le consoler, mais il m’a envoyé balader. Il voulait rester seul. Bon, je ne lui en veux pas. Je sais qu’il reviendra me charrier dans quelques jours et je suis sûre qu’il se trouvera une autre Roxanne. Une plus gentille et qui l’aimera de tout son cœur. Après tout, il n’a que 19 ans. Il a le temps pour se marier.

Maman pose le gâteau sur la table de la salle à manger puis le photographie. Il est magnifique. C’est une pièce montée recouverte de pâte à sucre blanche et noire. Il est décoré de notes de musique. Andy est musicien. Il joue de la guitare depuis qu’il a huit ans.

— Il devrait bientôt arriver, dit-elle en consultant sa montre. J’espère qu’il sera content.

Elle esquisse un sourire puis me prend en photo.

— Tu es très jolie. Cette robe te va à ravir.

Je rougis. C’est Grégoire qui l’a choisie. Il me fait souvent des cadeaux. Elle est noire, décorée de dentelles et elle m’arrive en dessous des genoux. Il a de bons goûts. Elle est trop belle. Je la garderais tout le temps, même quand elle sera trop petite.

— Merci, maman.

Elle m’étreint et m’embrasse la joue. J’aime bien être dans ses bras. Et en plus, elle sent divinement bon la vanille et le gâteau.

—Je vais aller me changer, dit-elle en me lâchant.

Elle s’inspecte de haut en bas en grimaçant. Son tee-shirt noir est tout blanc, car il a été saupoudré de farine et son pantalon rose est taché de chocolat.

Son téléphone se met à sonner quand elle se dirige vers l’étage. Elle tourne les talons puis répond à l’appel.

—Allô, dit-elle tout en grimpant les escaliers.

Sa voix devient un murmure lorsqu’elle claque la porte derrière elle.

J’entre dans ma chambre. Maman m’a dit ce matin de la ranger. Elle n’aime pas le désordre. Elle dispute souvent Andy parce qu’il laisse tout en plan. J’avoue qu’elle a raison. Il y a peu de temps, je me suis rendue en cachette dans la sienne. J’ai dû me boucher le nez, car ça sentait trop mauvais. Son lit n’était pas fait et il y avait plein de vêtements à terre. Et ne parlons pas non plus de l’état du sol tout crasseux ! Mon frère a beaucoup changé depuis que Roxanne l’a quitté. Tout était propre dans sa chambre et il passait beaucoup de temps à étudier. Depuis un mois, il sèche les cours et maman le dispute tous les jours.

Prête à ranger mon bureau, je sursaute lorsque j’entends maman crier. Je sors précipitamment de ma chambre, le cœur battant. Elle frappe son poing dans la porte de la salle de bains, des larmes coulent sur ses joues. Elle me fait peur. Que se passe-t-il ? Pourquoi pleure-t-elle ?

—Maman ? dis-je d’une voix presque éteinte.

Elle ne m’a pas entendue. Elle hurle le prénom de mon frère et retape dans la porte. Un cri sort de ma bouche. Je suis terrifiée, clouée sur place. Andy doit avoir des soucis, sinon maman ne réagirait pas comme ça.

—Maman ? insisté-je en m’approchant lentement vers elle. Qu’est-ce qui ne va pas ?

Elle lève les yeux vers moi, les lèvres tremblantes.

—Oh, ma chérie… Il faut qu’on parte d’ici. On doit retrouver Andy.

Je la regarde en fronçant les sourcils. Je veux qu’elle m’en dise davantage. Pourquoi se met-elle dans des états pareils ?

—Qu’est-ce qu’il a, Andy ?

Elle renifle et essuie son nez sur son bras. Beurk.

—Il est…

Elle ne finit pas sa phrase lorsqu’un bruit retentit en bas.

—Chérie, tu es là ?

C’est Grégoire.

Il monte à toute vitesse les escaliers puis se rue sur elle. Il a les yeux tout rouges. Lui aussi a pleuré.

—Je ne veux pas y croire, sanglote ma mère dans ses bras.

Grégoire lui caresse le dos puis embrasse ses cheveux. Un silence s’installe. Seuls les pleurs résonnent dans le couloir. Je me mets à pleurnicher également alors que je ne sais pas ce qu’il se passe. Tous mes membres se mettent à trembler puis tout d’un coup ma respiration se coupe lorsque Grégoire chuchote :

—C’est un vilain rêve, ma chérie. On va se réveiller et la police nous dira qu’ils se sont trompés. Andy n’est pas mort. Il n’a pas sauté d’un pont.

« Andy n’est pas mort ». Oh non ! Ce n’est pas un rêve, mais la réalité. Voilà pourquoi maman pleure. Mon frère est mort ! Non ! Moi non plus je ne veux pas y croire. Mon frère est vivant. Pourquoi se serait-il jeté d’un pont ?

Chapitre 4Le grand secretIndochine feat. Melissa Auf De Maur

Zoé

— Valens ? demande Alicia en fronçant les sourcils.

Un frisson me parcourt. Je hoche la tête. Je suis incapable de prononcer un mot. J’ai envie de vomir.

— Mais pourquoi ? Qu’est-ce que tu as entendu ?

Elle pose ses mains sur mes épaules et me regarde droit dans les yeux. Je n’arrive pas à me calmer. Les larmes glissent sur mes joues et dégoulinent jusqu’à mon cou. J’ai la frousse.

— Tu dois nous parler, Zoé. Il faut qu’on sache ce qui se passe.

Inspire ! Expire ! Allez, courage, Zoé ! Tu dois dévoiler ce grand secret maintenant, sinon, tu ne pourras jamais secourir Adrian !

— On a eu quelques soucis, commencé-je à dire en m’essuyant le visage avec la paume de ma main. Mais je vous expliquerai dans la voiture. Il faut qu’on le retrouve au plus vite.

— OK, OK, dit Seb. Allons-y. On va au studio.

Nous cavalons jusqu’à la voiture. Je prends place à l’arrière tandis qu’Alicia s’installe du côté passager. Seb quitte le parking à toute vitesse. Il est temps de leur dire la vérité. Je ne sais même pas par où commencer et j’ai tellement la boule au ventre que je ne sais pas si je vais réussir à parler correctement. Et… que vont-ils penser de tout ça ? Adrian n’a jamais voulu qu’on leur raconte cette histoire parce qu’il a toujours voulu les protéger, mais je ne vais pas avoir le choix de le faire, maintenant. Tout doit cesser, mais ma mission primordiale est de retrouver mon voyou. J’espère qu’il est encore au studio photo. Et s’il n’y est pas, alors j’appellerai la police.

Alicia tourne la tête vers moi et me scrute en l’attente d’une explication.

— Attends deux secondes, lui chuchoté-je en posant mon index sur mes lèvres afin de lui faire comprendre de se taire.

Je jette un coup d’œil à mon téléphone et me rends compte qu’Adrian n’a pas raccroché. Je mets le haut-parleur pour comprendre ce qui se passe à l’autre bout du fil. Malheureusement, je n’entends rien hormis des petits bruits sourds.

J’ouvre le sac et fourre mon téléphone à l’intérieur. J’inspire et je souffle lentement pour essayer de calmer mes pulsations cardiaques, même si je sais que ça ne sert à rien.

Je me lance dans un monologue froid et glauque :

— Cette histoire a commencé le jour de la fête d’Halloween à la crêperie de Guillaume. À un certain moment, je me suis rendue aux toilettes et j’ai aperçu une femme déguisée en mariée ensanglantée. Elle m’a dit de me méfier d’Adrian et elle l’a insulté de connard. Je voulais lui faire ravaler ses mots, mais j’ai laissé tomber en pensant que c’était une vengeance d’une de ses ex. Du coup, je n’en ai pas parlé à Adrian. J’ai essayé d’oublier, jusqu’au jour où j’ai découvert une enveloppe rouge avec un mot étrange et une photo vraiment horrible.

Cette photo ressurgit devant mes yeux. J’ai envie de vomir.

— Et donc ? Qu’est-ce qui était écrit sur ce mot ? Et que représentait cette photo ? s’impatiente ma sœur.

Je déglutis avant de continuer de parler :

— Ce mot disait que je devais être prudente et qu’Adrian était un gros connard, que je devais songer à le quitter avant qu’il me fasse du mal.

— Quoi ? s’exclame Seb en me regardant à travers le rétroviseur. C’est une blague ? Te méfier d’Adrian ?

Il ricane amèrement en secouant la tête puis s’arrête au feu rouge.

— C’est du n’importe quoi. Qui était cette fille ?

Je hausse les épaules.

— Je ne sais pas, mais j’ai un doute sur Vanessa.

Il s’engage de nouveau sur la route tout en répondant :

— Vanessa ? Cette salope qu’il a rencontrée dans un pub et qui l’a laissé plusieurs fois dans la rue ?

Je fronce les sourcils. Je ne suis pas au courant de ce qui s’est passé entre elle et mon chéri. Adrian est assez mystérieux concernant ses relations antérieures.

— Oui, je pense qu’elle a un lien avec tout ça.

J’ouvre mon sac à main, la main tremblante. Adrian est toujours en ligne, mais c’est le silence complet. J’ai envie d’hurler pour qu’on me le ramène sain et sauf.

Non, Zoé, il faut que tu te maîtrises. Il ne faut pas que Valens t’entende.

Je ferme de nouveau mon sac et reprends la conversation :

— Ce n’est pas tout. J’ai aussi découvert une photo dans cette enveloppe où on voyait deux personnes nues. La fille avait une marque de strangulation sur la nuque.

Alicia lâche un cri d’effroi tout en plaquant sa main sur sa bouche.

— Pourquoi as-tu reçu ça ?

— Je n’en sais rien, mais l’homme sur cette photo est Adrian. Pourtant, je sais que ce n’est pas lui qui a fait ça et lui-même ne sait pas comment il a pu se retrouver dans ce genre de situation.

Les larmes me menacent de nouveau. Je ferme les yeux pour contenir ma tristesse.

— Je dois vous dire autre chose.

Je dois faire vite. Seb contourne sur sa gauche. On est presque arrivés au studio.

— Quoi donc ? s’inquiète Alicia.

Elle devient livide.

— Eh bien… vous savez, le jour où vous avez vu Valens et Léa au studio…

— Oui, je me souviens. Adrian avait l’air déboussolé et un peu furieux contre Léa.

— Quelle garce, celle-là, s’exclame Seb. Je ne sais pas ce qu’elle mijote avec ce crétin, mais ils commencent à m’agacer.

Il a raison. Et à mon avis, il va encore plus les détester lorsque je vais lui raconter la fin de cette histoire. Mais là, maintenant, je n’en ai plus le temps. Il faut que je sorte de sa caisse. Il vient de se garer devant le studio. Ce qui me perturbe, c’est que la porte d’entrée est grande ouverte. Dites-moi qu’il est encore là !

Je m’apprête à sortir de l’habitacle, mais Seb m’en empêche en verrouillant les portières.

— Vous restez ici ! Je ne veux pas qu’il vous arrive quelque chose. OK ?

Je fais non de la tête. Je ne resterais pas dans cette voiture sans rien faire.

— Non… je viens.

— Tu restes là, vocifère-t-il.

Il me fait sursauter. C’est la première fois que je vois Seb aussi furieux. Il est rouge de colère. Ses yeux sont devenus sombres comme les ténèbres. Mais même s’il me fait peur, je ne l’écouterais pas. S’il le faut, je briserais la vitre.

— J’y vais en premier, dit-il.

Alicia se détache et pose sa main sur son épaule.

— Mais…

— Tout va bien se passer, mon cœur. Je serai prudent.

Il l’embrasse sur le front avant de déverrouiller les portes puis il sort.

— J’y vais aussi, dis-je, prête à ouvrir la portière.

Alicia se penche à l’arrière et attrape mon poignet.

— Non, reste avec moi. Je n’ai pas envie d’être seule dans cette caisse. S’il te plaît…

Elle me fait les yeux du Chat Potté dans Shrek, mais pour une fois, ça ne me fait pas rire.

— Seb ne reviendra pas seul. Adrian sera avec lui.

Je dégage sa main de mon poignet. Je n’ai pas ce pressentiment.

— Je dois y aller, Alicia. J’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose.

— Tu peux me dire ce qu’il s’est passé le jour où Valens et Léa sont venus au studio photo ?

Je soupire en fermant les paupières puis lui avoue :

— Léa était venue pour demander de l’aide à Adrian, mais Valens l’a retrouvée et il les a menacés avec un flingue.

Alicia se met à crier à m’exploser les tympans.

— Et pourquoi ne m’as-tu rien dit ?

— Parce qu’il voulait vous protéger.

— La police aurait pu l’arrêter. Il ne faut pas laisser ce genre d’ordure dans la nature.

Paniquée, elle regarde autour d’elle comme si elle cherchait après quelque chose.

— Je sais, Alicia. Mais il ne voulait pas en parler à cause de la photo. Il avait peur que tout se retourne contre lui. Ne m’en veux pas, mais je dois y aller.

Elle ouvre la boîte à gants et extirpe une clef pour démonter une roue.

— OK, mais on prend ça !

Je la scrute, perplexe.

— Pour quoi faire ?

— Pour assommer Valens.

Je ne suis pas certaine que ce soit cet objet qui va l’assommer. Mais elle a raison, mieux vaut être prudentes.

— Allons-y, dis-je.

Je sors de l’habitacle puis cours jusqu’à l’entrée du studio. J’y pénètre à pas de loup, une douleur erratique qui me comprime la poitrine, et contemple les alentours avec méfiance. C’est le silence complet.

Je vais jusqu’à la pièce personnelle d’Adrian puis observe discrètement au coin de la porte. J’aperçois Seb, seul, qui tient une photo dans ses mains. Je rive mon regard au sol, où je découvre une enveloppe rouge et un papier blanc. Je sens que tout ceci ne va pas me plaire. La peur se propage rapidement dans tout mon corps.

Une lueur d’angoisse traverse les yeux de Seb. Je lui chope la photo. Oh ! Mon Dieu ! L’horreur ! De la bile me remonte dans la gorge. C’est Adrian avec une fille qui porte une marque de strangulation sur la nuque. Encore ! J’en ai marre !

Je suis prise d’un vertige. Alors tout doucement, je me laisse glisser sur le sol, les larmes se déversant sur mon visage. Je me mords le poing afin d’éviter de crier. Pourquoi tout ceci nous tombe sur le dos ?

D’une main tremblante, j’attrape le mot qui est à terre et le lis :

Rendez-vous ce soir au studio « Rebel’photo » pour 18 h 30.

La partie ne fait que commencer.

P. S : Ta vie est en jeu. Soit tu te tais soit tu crèves.

Je trouve ce mot horrible, mais aussi étrange. Pourquoi donner un rendez-vous à Adrian alors qu’il travaille ici même ? Peut-être que Léa était également invitée.