La feuille qui ne voulait pas tomber de l'arbre - Kerstin Chavent - E-Book

La feuille qui ne voulait pas tomber de l'arbre E-Book

Kerstin Chavent

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Beschreibung

Un recueil de récits, de dialogues et de pensées nés suite à la confrontation avec une des grandes maladies de notre temps: le cancer. Avant de pouvoir se libérer d'un mal, quel qu'il soit, il doit être accueilli et regardé. C'est une invitation à s'accueillir dans son intégralité, avec son histoire, son ressenti, ses bons et ses mauvais choix, ses côtés sombres et ses côtés lumineux. Ainsi, nous découvrons le potentiel créatif qui sommeille en chacun de nous et qui nous aide à créer une réalité plus juste et plus harmonieuse.

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Du même auteur

La maladie guérit. De la pensée créatrice à la communication avec soi. Quintessence 2014

Krankheit heilt. Vom kreativen Denken und dem Dialog mit sich selbst. Omega 2014

Traverser le miroir. De la peur du cancer à la confiance en la vie. L’Harmattan 2016

Das Licht fliesst dahin, wo es dunkel ist. Zuversicht für eine neue Zeit. Europa-Verlag 2017

Was wachsen will muss Schalen abwerfen. Enthüllung eines Krustentieres. BoD 2018

Index

L’épée à la main

Exode

La création du monde

L’accident

L’arbre de Noël

La table est mise

Au choix

Le sourire

Traversée

La convocation

La feuille qui ne voulait pas tomber de l’arbre

L’eau dans tous ses états

Dans la glace

Méditation ancrage

Méditation royaume intérieur

Paroles

L’EPEE A LA MAIN

Chacun est créateur de sa réalité. C’est mon expérience suite à la confrontation avec une des grandes maladies de notre époque : le cancer. Un problème, quel qu’il soit, doit d’abord être reconnu et accueilli pour pouvoir se résoudre ensuite. Il contient alors un appel à prendre en main la responsabilité pour ce qui est. Chacun a la liberté de choisir sa position et son attitude face à ce qui lui arrive. C’est un des plus grand cadeaux que nous ayons reçus à notre naissance : la possibilité de dire oui ou non.

J’ai décidé de dire oui. Peut-être grâce au fait que je me suis mariée quelques jours seulement après le diagnostic. Ainsi, j’ai non seulement pu traverser l’épreuve de la maladie. Avec le temps, mon oui est devenu un oui à la vie et à ce qu’elle me propose. Ce oui inconditionnel m’aide à chaque instant à affronter mes peurs et à vivre sereinement. Il dissout les ombres de la nuit et donne un sens à ma vie.

Celui qui fait ce choix laisse derrière lui le modèle de civilisation devenu obsolète et le trio infernal qui l’a malmenée : la victime, le bourreau et le sauveur. Il a compris que lui seul est le capitaine de son vaisseau. Si nous n’avons aucune prise sur les tempêtes qui peuvent nous arriver, nous avons le pouvoir de décider comment tenir le gouvernail et comment mettre nos voiles dans le vent.

Sur cet océan de l’inconnu, nous ne sommes pas seuls. Nous y naviguons tous. Beaucoup ont déjà allumé leur flamme. Ce n’est pas uniquement notre destin individuel qui dépend de ce choix. Nous comprenons aujourd’hui que notre vie est indissociablement liée à la vie des autres. De tous les autres : animaux, plantes, forêts, lacs, rivières, océans. Le déséquilibre d’un seul élément risque de provoquer la chute de tout le reste. Actuellement, beaucoup sont en souffrance. Voici la triste réalité. La bonne nouvelle est que la solution n’est pas loin. La clé pour faire avancer le monde dans le sens de la vie se trouve à l’intérieur de nous.

Notre monde est saigné par nos vaines tentatives de chercher les solutions à nos problèmes à l’extérieur. Nous pensons pouvoir les acheter et nous déléguons la responsabilité pour ce qui nous concerne à d’autres. C’est cette illusion qui crée toutes les injustices et le déséquilibre qui bouleverse notre civilisation aujourd’hui jusqu’au point de risquer de la faire disparaître. En regardant ce qui se passe en nous, en découvrant l’être qui nous habite et en faisant la paix avec lui, nous n’apprenons pas seulement à aller mieux individuellement. Nous contribuons aussi à améliorer le monde dans lequel nous vivons.

Il ne faut ni guerre ni révolution pour accéder au potentiel créateur en nous. Si le chemin vers soi comprend bien des embuscades, des confrontations et des conflits, c’est un chemin de paix. J’ai décidé de prendre ce chemin alors que j’étais en rémission, comme on dit aujourd’hui. J’ai pris en main l’épée de Damoclès qui flotte au-dessus de ma tête. Non pas pour lutter contre ce Dragon en moi qui peut toujours cracher son feu quand je ne m’y attends pas. Il m’inspire beaucoup de respect et je ne peux me rapprocher de lui qu’en m’inclinant devant sa force.

Amatrice des contes de fées, je sais que chaque monstre cache un trésor et que chaque épreuve réveille des talents insoupçonnés. Dans ces contes, ce ne sont pas les plus intrépides et les plus forts qui réussissent, mais les petits derniers, les maladroits, les plus humbles au cœur pur. Ce sont eux qui épousent la princesse et qui ont accès au trésor caché. Mon épée me sert alors à m’éplucher. Couche par couche, j’enlève mes aspérités, mes peaux dures, mes jugements, mes idées fixes, mes vieilles croyances et toutes les résistances qui peuvent empêcher la lumière de traverser.

Ainsi se révèle le sens originel du mot Apocalypse. Ce n’est pas la fin du monde mais la fin d’un monde. C’est l’acte d’enlever le voile devant nos yeux et de regarder ce qui se trouve au-delà de nos illusions. Ce qui semblait être une catastrophe peut alors s’avérer être une grande occasion. Elle nous permet de nous rapprocher de ce feu qui brûle à l’intérieur de chacun de nous et qui nous rappelle que nous venons tous du soleil.

Entretenir et partager ce feu de la créativité n’est pas toujours confortable. Cela peut faire mal. Mais j’ai appris que ce n’est pas la chose qui me fait souffrir. C’est mon attachement à ce qui doit partir, mon opposition à ce qui est. La souffrance n’est pas nécessaire. Elle nous indique juste que nous avons quelque chose à lâcher. Les frottements du quotidien sont alors devenus mes guides : ils me montrent ce que j’ai à laisser et ils m’indiquent le chemin vers la lumière et la joie.

Dans ce sens, j’ai choisi ces écrits qui se sont formulés lors des dernières années : récits, dialogues, pensées, méditations. Si le choix est hétéroclite, le message est toujours le même : ayons confiance en la Vie. Il se nourrit de mon envie d’inspirer d’autres à oser le regard, à se libérer des vieilles peaux et à découvrir le potentiel extraordinaire qui sommeille en nous tous.

Puilacher, février 2018

EXODE

- Les enfants, réveillez-vous !

Elle entend la voix de la mère. Elle vient de loin. Elle est encore dans son rêve, bien dans son lit, sous l’édredon chaud et doux. Il fait nuit. Pourquoi la mère appelle ? Elle ne veut pas se lever.

- Allez, debout, vite ! Habillez-vous. Il fait très froid.

Elle pose devant ses deux filles tous leurs vêtements d’hiver : pantalons, jupes, pulls, écharpes, gants, manteaux. La grande sœur est déjà debout et commence à s’habiller. La petite ne comprend pas. Pourquoi faut-il qu’elle mette toutes ces choses sur elle ? Le petit frère est encore au lit. La mère s’impatiente.

- Il est temps de partir. Dépêchons-nous !

Les yeux pleins de sommeil, les filles s’habillent comme les poupées russes, une couche sur l’autre. La mère ramasse couettes, édredons, couvertures et dit à ses filles de choisir chacune une poupée. Une seule.

Elles sortent. Dans la cour de la maison, à la lueur d’une lune froide, la mère charge sur une charrette casseroles, vivres et tout ce qui peut tenir chaud. Le bébé dort dans son panier sous d’épaisses couvertures. Il ne se rend compte de rien. Quelle chance ! La petite est inquiète. Elle essaye d’habituer ses yeux au noir. Pourquoi on n’allume pas la lumière dans la cour ? Derrière elle, elle aperçoit l’ombre noir de la maison. Elle est encore neuve, le père vient de la construire. Il est grand et fort, le père. Il a des muscles dans ses bras et quand il se met quelque chose dans la tête, rien ne le retient. C’est ainsi qu’il a épousé la mère. Elle vient d’une famille modeste et la grand-mère ne voulait pas que son fils se marie en-dessous de son niveau. Le père est l’héritier de la ferme. Il sait travailler et les espoirs de la famille reposent sur lui. Il fera grandir l’affaire familiale.