À l’école de la biologie - Claude Lafon - E-Book

À l’école de la biologie E-Book

Claude Lafon

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Beschreibung

Dans un monde où la biologie révolutionne la médecine et les biotechnologies, des innovations comme la thérapie génique, la fécondation in vitro, les OGM ou encore le clonage soulèvent des questions éthiques cruciales. Pourtant, ces débats sont trop souvent obscurcis par un manque de culture scientifique et l’héritage de tabous idéologiques persistants. Cet ouvrage, à la fois accessible et éclairant, invite le lecteur à plonger au cœur des avancées biologiques les plus fascinantes pour en comprendre les enjeux réels. Entre science et société, découvrez une réflexion audacieuse qui démystifie la biologie et éclaire les choix éthiques de demain.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Claude Lafon, agrégé en sciences biologiques et professeur en classes préparatoires à Marseille, se distingue par son dynamisme et sa créativité. Passionné par la transmission des savoirs, il a su conjuguer enseignement, recherche pédagogique, expositions et conférences pour proposer au public des contenus à la fois objectifs et pertinents. Le présent ouvrage en est une brillante illustration.

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Seitenzahl: 131

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Claude Lafon

À l’école de la biologie

Essai

© Lys Bleu Éditions – Claude Lafon

ISBN : 979-10-422-6057-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Avant-propos

Aujourd’hui, le monde va très mal. Avec « la loi du plus fort » qui peu à peu s’impose dans les relations entre États reviennent la violence, le fanatisme et l’intolérance, en un mot l’obscurantisme, ce « fantôme hideux » que combattait Voltaire au siècle des Lumières. Agressées de toutes parts, de l’intérieur par l’extrême droite et les populismes, de l’extérieur par les régimes autoritaires et dictatoriaux, nos sociétés démocratiques souffrent et se dégradent. La pensée stagne, l’humanisme universaliste se dissout. Est terminé le temps où la France servait de modèle démocratique pour les jeunes du monde entier. Est venu celui des fracturations sociales, de la violence et de l’individualisme narcissique. Chacun s’exprime, persuadé d’avoir raison, et, dans les réseaux sociaux, fleurissent les fake news souvent confondues avec la vérité.

Comment le citoyen, inondé d’informations et de propagande, perdu dans la multitude des points de vue exprimés sur les réseaux sociaux à l’échelle mondiale, peut-il se faire une opinion sereine et raisonnable ? Sur quelque question que ce soit, il y a toujours plusieurs réponses contradictoires. C’est le règne du « Moi je » : « je pense donc je suis », philosophaitDescartes, « je pense donc j’ai raison », pense-t-on aujourd’hui. Joint à cela, une école en perdition et des structures sociales et politiques qui, loin de fournir un modèle pour la jeunesse, grouillent de compromissions et de retournements de points de vue. Comment se faire une opinion sans recopier le voisin et les « on-dit » ? Comment maîtriser les émotions qui envahissent et obscurcissent les esprits ? Quelles sont les sources ou, peut-être, la seule source de vérité objective authentique ?

Ce petit ouvrage se veut sans prétention, il s’appuie sur une science originale, la biologie, omniprésente dans notre existence par ses prouesses en médecine ou ses explications sur le réchauffement climatique et les écosystèmes ; une science largement appréciée par nos concitoyens, et qui en même temps, par ses avancées en médecine et dans les biotechnologies, n’est pas sans poser d’importantes questions éthiques et politiques. Ici, il s’agit de rechercher si la biologie peut apporter des éléments de réflexion fiables dans la vie courante. Peut-elle nous inspirer dans notre conscience et notre expérience quotidiennes ? Peut-elle nous aider à nous forger un avis de citoyen éclairé sur les enjeux majeurs de l’époque ? Nous le pensons, car, entre sciences exactes, mathématiques, physiques, chimie, dites « dures » et jugées peu contestables, et sciences sociales et humaines dites « molles », où s’expriment différentes écoles, la biologie fourmille de modules de pensée originaux et efficaces.

Mais attention à ne pas sombrer dans le piège vicieux du déterminisme réductionniste : les différents domaines de la réalité ne sont pas réductibles entre eux. La matière vivante et la science qui l’étudie sont une chose, l’art, la politique ou la morale en sont une autre.

Chapitre 1

Que nous apprend l’histoire de la biologie ?

La biologie (du grec bio qui désigne le vivant et logos la science) étudie les êtres vivants, quels qu’ils soient (microbes, champignons, végétaux, animaux, humains), où qu’ils soient, sous tous leurs aspects et dans leurs interactions entre eux et avec l’environnement. Elle regroupe de nombreuses branches spécialisées, comme la morphologie, l’anatomie, la physiologie, la microbiologie, l’écologie. Et bien sûr la génétique, la science de l’hérédité, ou encore les neurosciences qui étudient le fonctionnement cérébral. Sur le plan général, elle construit une vision originale de l’homme et de la nature et s’ouvre ainsi à la philosophie.

Le mot biologie a été créé en 1802 par trois auteurs dont le français Lamarck pour traduire l’unité enfin admise de tous les êtres vivants, y compris l’Homme jusque-là considéré comme d’essence divine. En fait, les connaissances sur le vivant, pragmatiques, ponctuelles ou superficielles, mais toujours pertinentes, sont bien plus anciennes. Que de savoirs et de lucidité, que de prouesses, de patience, d’inventions, d’apprentissages et de transmissions étaient nécessaires à l’homme préhistorique Homo sapiens ne serait-ce que pour entretenir le feu et le chauffage, tailler ou polir les outils, apprivoiser un cheval et apprendre à le monter, chasser le mammouth ou encore traiter les peaux et coudre le cuir pour confectionner des vêtements, ainsi que peindre les admirables fresques des grottes ornées… Tout cela n’était possible que parce que l’évolution biologique, jointe à l’évolution culturelle, avait produit, au sein d’un groupe d’une grande diversité (les Primates), une nouvelle espèce, Homo sapiens, dotée de qualités potentielles capables de s’exprimer dans la confrontation avec l’environnement et les circonstances. Sur Terre depuis plus de 250 000 mille ans, parti d’Afrique, Homo sapiens gagne l’Europe il y a 50 000 ans ; il y rencontre d’autres hommes, dont Homo neanderthalensis en Europe et Denissova en Asie. Ces hommes ont eu des relations sexuelles et des descendants avec lui, nous ont donc transmis des gènes, mais ils ont aujourd’hui disparu (il y a environ 25 000 ans). Il n’est pas exclu qu’Homo sapiens (Cro-Magnon) ait commis là son premier génocide. Bien d’autres ont suivi.

On ne conçoit plus l’évolution biologique comme une marche linéaire et progressive conduisant à l’Homme, mais plutôt comme un buisson touffu, un réseau en mosaïque, avec de nombreux croisements, des culs-de-sac et des allers-retours, et toujours des métissages, des échanges et des mélanges de gènes. Une stature bipède libérant la main et le pouce opposable ; un ralentissement de la gestation et du développement embryonnaire conduisant à un cerveau gros et complexe, mais immature à la naissance ; la descente du larynx libérant un espace permettant la vibration des cordes vocales et le langage articulé… Et toutes ces facultés qui font ce que nous sommes (car nous sommes bien le même Homo sapiens !). Les sensations, l’intelligence, les émotions, les sentiments : la curiosité qui maintient l’esprit ouvert et nous pousse à rechercher et comprendre, la peur qui, en cas de danger, prépare l’animal à l’attaque ou à la fuite, l’empathie qui permet la solidarité, la tendresse et l’amour qui stabilisent les relations sociales, l’imagination, l’anticipation et la projection dans l’avenir qui obligent à s’organiser, la conscience de soi enfin, ce retour sur nous-mêmes et sur l’autre qui nous permet de juger. Sans oublier ces qualités que l’on qualifie à tort et avec mépris d’« animales » : la colère, la haine, la domination, la violence…

Raisonnement, certitudes ou croyances, toutes ces facultés ne sont que des aptitudes, des possibilités qui ne s’expriment et n’existent que dans des conditions bien précises en relation avec l’environnement et le contexte. Et qui doivent donc être apprises. La marche elle-même s’apprend, de même que le langage articulé ou le fait même de penser ! Elles ont un fondement génétique qui les rend possibleset ont été sélectionnées au cours de l’évolution, héritées ou parfois acquises de novo, car elles représentaient un avantage dans la survie et augmentaient la capacité de reproduction des individus qui les possédaient et pouvaient ainsi les transmettre à la génération suivante. Les systèmes vivants sont en effet des systèmes biochimiques qui ont deux qualités : ils s’autoentretiennent et renouvellent leurs structures en consommant plus d’énergie qu’ils n’en retiennent, et ils sont capables d’évolution darwinienne. Ils se reproduisent non pas à l’identique, mais avec de brusques variations de leur information génétique, lesquelles surviennent au hasard et sont soumises à la sélection naturelle lorsqu’elles ont une influence sur le taux de reproduction. « Le hasard et la nécessité » comme le résume le titre du livre déjà ancien de Jacques Monod, un de nos prix Nobel 1965.

Au Néolithique il y a quelque dix mille ans, ces facultés s’expriment pleinement avec la sédentarisation, l’invention de l’élevage et de l’agriculture, la possession de terres et l’accumulation de biens (ainsi que leur dispute et leur vol !).

1- L’ébauche des sciences

Dans l’Antiquité, les premières « civilisations », mésopotamiennes (le premier empire à vocation universelle est l’empire assyrien) puis égyptiennes, créent bien des nouveautés : les premières cités et leur mode autoritaire de gestion, les briques « crues » (séchées au soleil) et de somptueux palais, la roue et les chars, l’écriture cunéiforme sur tablettes d’argile… Et l’on considère que les premières sciences organisées, avec des méthodes et un objet précis, sont nées dans ces sociétés esclavagistes antiques, particulièrement dans la Grèce antique, une minorité de maîtres, libérés des tâches matérielles, pouvant se consacrer à la réflexion théorique.

Hippocrate, le père de la médecine et de la bioéthique, est l’auteur du fameux serment que prêtent aujourd’hui encore tous nos médecins.

Aristote, élève de Platon, reprend les grands principes philosophiques, retient l’idéalisme pour qui le monde des idées constitue la seule réalité, et le finalisme qui voit une intention dans la nature : « la Nature est ordonnée par une Intelligence suprême en vue d’un but. L’Homme est le but de la Nature ». Ce à quoi répondent les premiers philosophes matérialistes : Démocrite, « tous les phénomènes de la nature sont dus aux mouvements et aux combinaisons des “atomes” se déplaçant dans le vide », et Héraclite,« rien n’est immobile, tout coule ; on ne se baigne jamais deux fois dans la même eau ». Et plus tard Lucrèce, un épicurien romain: « les phénomènes obéissent à des lois naturelles, et non pas aux Dieux ». Le débat contradictoire est ainsi posé pour longtemps.

2- La construction de l’esprit scientifique

Le Moyen-Age n’est pas obscurantiste comme on le dit parfois,mais se consacre plutôt aux controverses sur les religions ainsi qu’à leur confrontation (les croisades, les cathares, les templiers), et c’est à la Renaissance que naît l’esprit nouveau lié à de multiples causes en interaction : la découverte de mondes jusqu’ici inconnus et les grands voyages qui rapportent chez nous quantité de plantes et d’animaux qu’il faut classer et étudier ; le passage de la société féodale à la société bourgeoise et le début de la domination des pays occidentaux ; les premières grandes concentrations dans les villes et les premières grandes épidémies ; la libération commençante de la dictature spirituelle de l’Église et le retour critique à l’Antiquité grecque ; les échanges culturels et économiques et, déjà, les prémisses de la globalisation et du capitalisme mondial ; l’imprimerie enfin. Galilée (1564-1642) défie l’Église (« et pourtant elle tourne»), est condamné par le Saint Siège, mais, soutenu par les Médicis, il peut poursuivre ses travaux. Léonard de Vinci, ce génie perdu dans son siècle, réalise les premières dissections sur cadavres humains et les premières planches anatomiques d’une finesse absolue. Michel Servet, poursuivi par l’inquisition, est brûlé vif sur ordre de Calvin en 1553. François 1er crée en 1530 le Collège royal qui deviendra le Collège de France, et en 1556, est créé le premier amphithéâtre d’anatomie à Montpellier… Dès lors, la vie intellectuelle bouillonne dans les universités.

Le17e siècle, celui de la poursuite de la déportation massive des noirs africains, et de la colonisation européenne, est marqué par la naissance de la science moderne qui s’impose en se libérant de l’autorité des Anciens et, mais en partie seulement, de la bible. Galilée améliore la lunette astronomique et Newton invente le télescope à miroirs. Connues des Arabes dès le Moyen Âge, les lentilles permettent aussi la construction des premiers microscopes. Hooke en 1665 observe dans le liège (un tissu protecteur mort) de petites cases qu’il nomme cellules. Leeuwenhoek en 1674 voit des « infusoires » dans une eau croupie ainsi que les spermatozoïdes dans le sperme ; il les nomme animalcules.Descartes (« Je pense donc je suis », « se rendre maître et possesseur de la nature ») fonde le rationalisme et sa méthode le doute systématique, mais il persiste à opposer l’âme et le corps. Le savant reste un homme seul, un « touche-à-tout » de grande culture, obligé de s’autofinancer. Mais « l’honnête homme », le citoyen averti, s’intéresse à la science et la raison humaine lui apparaît peu à peu seule capable de connaître et d’établir la vérité.

Le 18e siècle, « le siècle des Lumières et de l’Encyclopédie », celui du machinisme et des applications techniques, impose la démarche expérimentale et le raisonnement par la preuve. « Écrasons l’infâme ! » : Voltaire (1694-1778), l’homme universel champion de la tolérance, s’en prend au dogmatisme de la religion chrétienne ainsi qu’à toutes les formes de superstitions. Diderot et D’Alembert avec la constitution de la grande Encyclopédie, une tâche énorme, rendent les connaissances accessibles au plus grand nombre.

La physiologie prend naissance et, avec elle, l’expérimentation, un acquis qualitatif radical. Réaumur (1683-1757) travaille sur la digestion et, pour séparer l’action de différents facteurs pouvant intervenir (action mécanique, ou action chimique ?), fait avaler à ses volailles des tubes métalliques incompressibles et perforés. Les grains qu’ils contiennent seront-ils digérés ? Spallanzani (1 729-1799) étudie la reproduction des grenouilles, met des « culottes en taffetas ciré » aux mâles, mais ses tabous idéologiques (la supériorité du sexe mâle) l’empêchent de conclure avec justesse.

C’est que les vieilles conceptions métaphysiques et religieuses ne s’avouent pas vaincues. Le vitalisme persiste : « J’appelle principe vital la cause qui produit tous les phénomènes de la Vie », écrit Barthez en 1778. Et, sur la reproduction et le développement embryonnaire, deux longues querelles s’étalent sur les deux siècles, témoignant d’une pensée binaire quelque peu élémentaire. D’une part, les Animalculistes, largement majoritaires, dont Spallanzani est un des représentants, sont partisans de la seule intervention du sexe mâle et s’opposent aux Ovistes qui pensent que tout vient de l’œuf pondu par la mère, convaincus de la prépondérance du sexe femelle depuis la découverte de l’ovule (pourtant confondu avec le follicule !) par De Graaf en 1697. D’autre part, les Préformationnistes, par ailleurs souvent Ovistes, considèrent que le nouvel être ne se forme pas, mais préexiste déjà en miniature et entièrement préformé dans ses moindres détails, le développement consistant en un agrandissement de structures et de facultés qui ont été « déposées » dans l’œuf ; ils s’opposent aux Epigénistes pour qui, de l’œuf au nouveau-né, se forment des structures et apparaissent des qualités radicalement nouvelles. La théorie dite de l’emboîtement des germes de Schammerdam affirme même que la première femme (Eve pour ne pas la nommer !) portait un œuf contenant une série de germes de plus en plus petits emboîtés à la manière des poupées russes. Et l’on allait jusqu’à calculer la date de la fin du monde avec la production du dernier germe ! Notons qu’aujourd’hui encore bien des croyants considèrent que l’âme et la personne humaine sont déposées dans l’œuf par Dieu lui-même dès la fécondation.

La systématique et la paléontologie aussi se développent. Cuvier étudie les ossements fossiles du gypse parisien, établit le principe de corrélation des organes (« la forme de la dent entraîne la forme du condyle, celle des ongles, tout comme l’équation d’une courbe entraîne toutes ses propriétés »), fait des reconstitutions remarquables d’animaux disparus, mais reste fidèle au fixisme (il est partisan de la théorie des catastrophes, qui anticipe, en quelque sorte, les extinctions massives d’espèces), et s’oppose à Lamarck, le premier à défendre l’idée d’évolution, la transformation des êtres vivants au cours du temps. Linné (1707-1778) établit la nomenclature binominale (chaque espèce est désignée par deux noms latins), ainsi que la première grande classification du monde vivant. Celle-ci est pyramidale, avec « l’homme au sommet et au-dessus les anges ». Il écrit : « Il y a autant d’espèces que l’Être infini en a créées à l’origine ». Ou encore : « Dieu a créé les espèces, moi je les ai classées » !

3- L’épanouissement de la biologie moderne

Le 18e