A la recherche de Sören - Camille Levy - E-Book

A la recherche de Sören E-Book

Camille Levy

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Beschreibung

Suite au décès de son épouse, Viktor reçoit une mystérieuse lettre de condoléances. Elle n’est pas signée, mais Viktor a une intuition : ce message lui a été envoyé par Sören, son meilleur ami parti soudainement sans laisser de traces trois ans plus tôt. Il en parle dès lors à Hilda, la fiancée de son copain disparu, qui va bientôt se lancer dans une quête insensée, aux confins d’un pays lointain. Elle y fera de nombreuses découvertes, sur Sören et sur elle-même.

Cette nouvelle est suive d'un essai intitulé "être Soi-Même", publié par Camille Levy en 2013.

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A LA RECHERCHE DE SÖREN

CAMILLE LEVY

FV ÉDITIONS

TABLE DES MATIÈRES

A la recherche de Sören

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Apprendre à être soi-même

Avant-propos

Des règles discutables

Une diversité nécessaire mise en danger

Se faire confiance en refusant le formalisme

Être en accord avec soi-même

Prendre le recul nécessaire

Nous ne connaissons de nous-mêmes que ce que les circonstances nous ont donné à connaître.

PAUL VALÉRY

A LA RECHERCHE DE SÖREN

CHAPITREUN

Åkarp, petite localité au nord de Malmö,

Suède, hiver 1973.

L’hiver suédois est très rigoureux, difficile à supporter même pour les natifs de cette région. En 1973, un froid intense balaye les plaines. Ces températures glaciales n’invitent pas à profiter des extérieurs pourtant si beaux que la nature peut offrir dans ces lointaines contrées. Ce soir-là, Viktor s’était réfugié dans sa cuisine avec pour seule compagnie une bouteille d’aquavit, l’équivalent scandinave du gin. Il avait besoin de se donner des forces pour affronter le tri des photos étalées sur la table. C’est à la lumière tamisée d’un vieux lampadaire à huile posé juste à côté de lui que Viktor, la mine froide et les yeux remplis de larmes, caresse du bout des doigts ce qui reste des jours heureux partagés avec Anna. Des photos de famille, des souvenirs de voyage, voilà tout ce qu’il possède, comme si tout le reste n’avait plus aucune importance. Il venait de perdre son épouse, emportée par la maladie à l’aube de ses trente-cinq ans.

— Mais que vais-je devenir sans elle ? se répétait-il en boucle à haute voix.

Regardant ces images une à une, il trouve un cliché pris sur la place de l’église de Malmö, à l’occasion du marché de Noël. Les festivités de fin d’année s’accompagnent toujours de soirées passées autour d’un vin chaud en famille ou entre amis. Sur celle-ci on peut voir Anna, Viktor et Sören, son copain d’enfance. Les deux garçons posent fièrement, chacun la main sur l’épaule de l’autre, un grand sourire sur leur visage.

— Toi, aussi, tu m’as quitté Sören. Aujourd’hui que j’aurais bien besoin de ton soutien, tu n’es pas là, parti sans laisser de traces…

Trois ans plus tôt, Sören s’était évaporé, sans que personne ne sache ce qu’il était devenu, ni même s’il était encore vivant. C’est pourtant dans ces moments-là que la présence d’un tel ami serait bien utile.

Le lendemain, en fin de matinée, c’est le passage du facteur, avec son vieux véhicule, qui réveille Viktor. C’est à moitié endormi, le teint fade et l’haleine chargée, qu’il se décide à sortir enfin de sa chambre et qu’il constate, comme chaque jour depuis le décès d’Anna, que des lettres lui ont été envoyées. Les condoléances réchauffent le cœur et sont en même temps une épreuve, le signe irréfutable que vous avez été frappés par la fatalité, que la mort s’est invitée chez vous.

Viktor descend l’escalier péniblement et ramasse au sol les plis qui ont été glissés au pas de sa porte. Six ; aujourd’hui, Viktor a reçu six lettres. Deux sont des factures, l’électricité et les pompes funèbres, une troisième est un courrier émanant du parti politique d’Olof Palme, et les trois autres semblent être des mots de condoléances. Deux d’entre eux sont dans une enveloppe blanche avec une présentation assez classique, et la dernière, détail assez surprenant dans ces circonstances, est rouge vif et d’une taille peu commune, un format réduit qui ressemble à celui d’un jeu de cartes.

Sans attendre, Viktor se dirige dans la cuisine, pose les lettres sur la table et conserve à la main ce pli rouge qui attise sa curiosité. Il se munit d’un couteau et éventre l’enveloppe. A l’intérieur se trouve un bristol blanc sur lequel est inscrit en grosses lettres noires une citation apposée comme il se doit entre guillemets. Il est écrit ceci : « Vivre sans espoir, c’est cesser de vivre. » — Fiodor Dostoïevski.

A la lecture de ces quelques mots, Viktor marque une pause. Ses yeux semblent rivés sur la carte. Interloqué mais pensif, il se met à froncer des sourcils. Il la tourne pour vérifier que rien ne soit inscrit au dos. Rien, absolument rien. Il pose la carte, reprend l’enveloppe dans ses mains et cherche un indice.

— « Mais qui m’a envoyé cette carte ? Elle n’est même pas signée ! », se demande-t-il.

Après une courte mais très intense réflexion, deux points suscitent désormais son attention. En premier lieu, il y a ce timbre sur l’enveloppe. Il est recouvert de plusieurs coups de tampon qui le rendent illisible, mais de toute évidence, le courrier n’a pas été posté depuis la Suède. Puis, il y a cette citation. La dernière fois que Viktor l’avait entendu, c’était au théâtre, dans une pièce qu’il était allé voir avec Sören. Mais ne s’agit-il pas là d’une simple coïncidence ? Les écrits de Dostoïevski sont réputés et rien ne peut indiquer à ce stade qu’il y ait une quelconque relation avec son ami d’enfance. C’est sans doute une personne qui a simplement oublié de signer la carte, et qui pense bien faire en envoyant ces quelques mots d’encouragement.