Abrégé du Livre des Martyrs - John Foxe - E-Book

Abrégé du Livre des Martyrs E-Book

John Foxe

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Beschreibung

En 1896 paraissait à Montréal une traduction française du Livre des Martyrs, très célèbre ouvrage de la littérature religieuse anglaise du seizième siècle, qui relate entre autres les cruelles persécutions qui marquèrent le règne de Marie la sanglante, fille d'Henri VIII et de Catherine d'Aragon. En réalité cette traduction de 300 pages n'était qu'un abrégé de l'ouvrage original de John Foxe, qui en compte plus de 1000. Elle était l'oeuvre d'un pasteur américain de Philadelphie, Samuel Carlisle, qui malheureusement ne maîtrisait pas assez le français pour produire un résultat convenable : son travail ne fut jamais réédité. ThéoTeX le fait aujourd'hui, après avoir effectué les corrections les plus nécessaires, car malgré ses nombreuses défectuosités, non seulement ce livre donne un aperçu de ce que peut être le fameux Foxe's Book of Martyrs, mais encore il est parfois réellement touchant, dans le récit des souffrances patiemment endurées par ceux dont la conscience refusait de renier leur Rédempteur. Le lecteur qui voudra bien pardonner la pauvreté et l'incorrection du style, pourra ensuite se tourner vers des ouvrages bien mieux composés, et mieux documentés en ce qui concerne l'Angleterre, tel le tome V de l'Histoire de la Réformation, de Merle d'Aubigné.

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Seitenzahl: 457

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Ce fichier au format EPUB, ou livre numérique, est édité par BoD (Books on Demand) — ISBN : 9782322221103

Auteur John Foxe. Les textes du domaine public contenus ne peuvent faire l'objet d'aucune exclusivité.Les notes, préfaces, descriptions, traductions éventuellement rajoutées restent sous la responsabilité de ThéoTEX, et ne peuvent pas être reproduites sans autorisation.

ThéoTEX

site internet : theotex.orgcourriel : [email protected]
Abrégé
du
Livre des Martyrs
John Foxe
1896
♦ ♦ ♦Thé[email protected] – 2023 –
Table des matières
Un clic sur ◊ ramène à cette page.
Avertissement
Préface
Vie de John Foxe
1. Histoire des dix premières persécutions, de l'an 67 jusqu'à Constantin le Grand
1.1 — Première persécution sous Néron, A. D. 67.
1.2 — Seconde persécution sous Domitien, A. D. 81.
1.3 — Troisième persécution sous Trajan, A. D. 108.
1.4 — Quatrième persécution, sous Marcus Aurelius Antoninus, A. D. 162.
1.5 — Cinquième persécution, commençant sous Sévère, A. D. 192.
1.6 — Sixième persécution, sous Maximinus Thrax, A. D. 235.
1.7 — Septième persécution, sous Dèce, A. D. 249.
1.8 — Huitième persécution, sous Valérien, A. D. 257.
1.9 — Neuvième persécution, sous Aurélien, A. D. 274.
1.10 — Dixième persécution, sous Dioclétien, A. D. 303.
1.11 — Constantin le Grand.
2. Récit des persécutions sous Julien l'apostat
3. La persécution des Vaudois et des Albigeois
3.1 — Persécution des Vaudois.
3.2 — Persécution des Albigeois.
4. Les persécutions en Espagne, Portugal, Italie, etc.
4.1 — L'origine, les progrès et les cruautés de l'Inquisition.
4.2 — Première application de la torture.
4.3 — Seconde application de la torture.
4.4 — Troisième application de la torture.
5. Nouveaux détails des persécutions aux xvie et xviie siècles
5.1 — Horrible massacre de la Saint-Barthélemy, en 1572.
5.2 — Robert Oguier, sa femme et leurs fils brûlés à Ryssel.
5.3 — Massacre des Huguenots à Vassy, en Champagne.
6. Récits des persécutions dans d'autres contrées
6.1 — Persécutions dans la Bohême et l'Allemagne.
6.2 — Vie, souffrances et martyre de Jean Huss.
7. Jérôme de Prague. — Persécutions dans les Pays-Bas
7.1 — Vie, souffrances et martyre de Jérôme de Prague.
7.2 — Persécution dans les Pays-Bas.
7.3 — Assassinat du Prince d'Orange.
8. Persécution des protestants dans différents pays
8.1 — Persécutions en Calabre.
8.2 — Récit des Persécutions dans les vallées du Piémont.
8.3 — Persécution à Venise et à Rome.
8.4 — Autres détails des persécutions dans les vallées du Piémont au xviie siècle.
9. Histoire de la Réformation et les circonstances qui la précédèrent
9.1 — Les martyrs de la Réformation. — Wickliffe et ses doctrines.
9.2 — Progrès de la Réformation sous le règne du roi Henry VIII.
9.3 — Martyre de Thomas Bilney.
9.4 — Histoire et martyre de Frith.
9.5 — Martyre de Jean Lambert.
9.6 — Souffrances et martyre du Dr Robert Barnes.
9.7 — Martyr de Patrick Hamilton.
9.8 — Testwood et ses compagnons.
9.9 — Martyre de Adam Damlip.
9.10 — Martyre de George Wishart.
9.11 — Martyre de Kerby et de Roger Clarke.
9.12 — Martyre de Anne Askew.
9.13 — Vie et martyre de William Tyndal.
9.14 — Martyre de Thomas Benet.
9.15 — Martyre de six personnes en Écosse.
10. Accession de la reine Marie au trône et persécutions pendant son règne
10.1 — Mort du roi Édouard— Marie proclamée reine.
10.2 — Rébellion de Wyatt. — Conduite de Lady Jane Grey et son exécution.
10.3 — Martyre de John Rogers et de Laurence Saunders.
10.4 — Martyre de Jean Hooper, évêque de Worcester et Gloucester.
10.5 — Souffrances et martyre du Dr Rowland Taylor.
10.6 — Martyre de plusieurs personnes dans diverses parties de l'Angleterre.
10.7 — Martyre du Rév. George Marsh.
10.8 — Martyre de William Flower.
10.9 — Martyre du Rév. John Bradford et de John Leafe.
10.10 — Martyre de Margaret Polley.
10.11 — Martyre de John Launder et de Dirick Carver.
10.12 — Martyre de John Denley, John Newman, et Patrick Packingham.
11. Souffrances et martyre de Hugh Latimer, de Nicholas Ridley, et autres
11.1 — Martyre de Ridley et de Latimer.
11.2 — Martyre de Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury.
11.3 — Martyres de William Bongeor, Thomas Benhote, William Purchase, Agnes Silverside, Helen Ewring, Elisabeth Folk, William Muni, John Johnson, Alice Muni et Rose Allen, à Colchester.
11.4 — Mort de la reine Marie. — Heureuse accession de Lady Élisabeth au trône d'Angleterre.
Conclusion
◊  Avertissement

Pour ne pas grossir démesurément ce livre, on n'a pas indiqué les sources où l'auteur a puisé les faits qu'il raconte. Aux personnes désireuses de les connaître, nous recommandons les ouvrages suivante, écrits en français, accessibles à tous, choisis entre beaucoup d'autres, et qui suffisent à les renseigner pleinement:

B. Aubé: Histoire des persécutions de l'Église jusqu'à la fin des Antonins.Ed. de Pressensé: Histoire des trois premiers siècles de l'Église chrétienne, volume II.Em. de Bonnechose: Les Réformateurs avant la Réforme.Merle d'Aubigné: Histoire de la Réformation.Jean Crespin (xvie s.): Histoire des Martyrs (édition de Toulouse). Voir aussi les Histoires de France par Michelet, Henri Martin: etc.
◊  Préface

L'assemblée du clergé anglais a agi sagement, quand, aux jours de Élizabeth, elle décida que chaque église de paroisse dans le pays devait avoir une copie du Livre des Martyrs par Foxe. Car — enchaîné, par crainte qu'il ne fut enlevé, mais aussi dégrafé pour que tous pussent le lire — cette chronique conservait bien dans le souvenir du peuple la mémoire du vrai caractère de l'apostasie tyrannique dont ils avaient été si miséricordieusement délivrés à la Réformation. Sur ces pages Rome a son portrait tracé par ses propres actes — ses facta et non ses verba. Et quand elle a été mise au creuset on ne put mettre en question l'assertion qu'elle était en effet cette Babylone dont il est écrit, «Sortez de son sein, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous ne receviez point de ses plaies.» (Apoc.18.4). Car notre auteur ne prouve-t-il pas que Rome est, et a toujours été «enivrée du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus?» Et n'est-ce pas une marque distinctive de la Babylone apocalyptique? (Apoc.17.6).

La «Book Society» agit sagement, quand aux jours de Victoria, elle s'efforce de surpasser les Réformateurs du seizième siècle, car elle désire placer une copie du livre des Martyrs non seulement dans chaque église, mais dans chaque maison même, dans toutes les mains. Et n'y a-t-il pas une raison? Rome travaille, avec des efforts redoublés, pour subjuguer la Grande Bretagne. Elle nous attaque ouvertement du dehors, tandis qu'il y a dans son sein des traîtres prêts à ouvrir nos portes. Et le peuple a oublié que c'est une sirène qui enchante pour détruire. Il est temps que le masque soit déchiré de devant son visage et qu'elle soit reconnue une fois de plus comme «Mystère, la grande Babylone, la mère des impudicités et des abominations de la terre.» (Apoc.17.5).

Heureux, trois fois heureux, le fils de toute mère qui refuse de boire de la coupe de l'enchanteresse. Heureux, trois fois heureux le fils de toute mère qui ne reçoit pas la marque de la Bête, soit visiblement sur le front, par une soumission déclarée à Rome, ou cachée dans sa main en adoptant les dogmes et en faisant l'œuvre de Rome, même en protestant nominalement contre ses usurpations. Car ceux-là sont sur le côté du conquérant; et quoique la lutte soit sévère et longue la bataille, ils porteront un jour la couronne du conquérant, quand les voûtes du Ciel répéteront le chant du conquérant «Alléluia! Le salut, la gloire, l'honneur et la puissance appartiennent au Seigneur notre Dieu; car ses jugements sont véritables et justes parce qu'il a fait justice de la grande prostituée, qui a corrompu la terre par son impudicité; et qu'il a vengé le sang de ses serviteurs versé par sa main.» (Apoc.19.1-2).

Samuel Carlisle             
◊  Vie de John Foxe

John Foxe naquit dans le Lincolnshire, en l'an 1517. A l'âge de seize ans il alla au Collège Brazenose, Oxford, où il prit le degré de M. A. Pendant qu'il était à l'université, et encore quelque temps après il fut un papiste zélé et très moral dans sa vie. Étant conduit à lire l'histoire de l'Église, et aussi à étudier la Bible, il put se convaincre des erreurs de l'Église Romaine. Les bigots catholiques découvrirent bientôt le changement dans ses opinions et le firent chasser de l'université. Opprimé et oublié, il était dans le besoin quand Sir Thomas Lucy, de Warwickshire, le protégea et l'engagea comme précepteur dans sa famille.

Après être resté quelque temps à Coventry, il se transporta à Londres; étant étranger et sans argent, il fut bientôt réduit à la misère. Il en fut délivré de la manière suivante bien extraordinaire. Assis un jour dans la cathédrale St. Paul et ayant l'apparence d'un spectre, mourant presque de faim, un étranger, qu'il ne se souvenait pas d'avoir jamais vu auparavant, s'assit près de lui et lui mettant une grosse somme d'argent entre les mains, l'exhorta à avoir bon courage, car Dieu lui donnerait, en quelques jours, des moyens de subsistance plus certains. La prophétie fut réalisée, car, dans l'espace de trois jours, il fut choisi par la duchesse de Richmond comme précepteur dans la famille de son neveu.

Mais Marie était maintenant sur le trône, et la persécution faite aux protestants fut portée si loin que Foxe fut obligé de quitter l'Angleterre. Il se rendit à Bâle en Suisse; et c'est dans cette ville, renommée pour ses imprimeries qu'il commença son travail bien connu sur les martyrs. Quand Élizabeth monta sur le trône il retourna en Angleterre. Le Duc de Norfolk, un de ses anciens élèves le reçut chez lui et lui laissa, à sa mort, une pension. Foxe s'établit à Salisbury, où il révisa et compléta son livre des martyrs.

Après une longue vie de piété et de dévouement, il mourut le 18 Avril 1587 ; il fut enterré dans le cancel de l'Église St. Giles, Cripplegate, paroisse dont il avait été le vicaire pendant quelque temps, pendant le règne d'Élizabeth. Une tablette, portant une inscription latine, fut érigée en sa mémoire par son fils.

◊  1. Les dix premières persécutions, de l'an 67 jusqu'à Constantin le Grand.

Les affreux martyres que nous allons décrire provinrent de la persécution des Chrétiens par la rage païenne, dans les premiers siècles de l'Église, et pendant trois cents ans, jusqu'au temps de Constantin le Grand.

Le premier martyr de notre sainte religion fut son saint fondateur lui-même, qui fut trahi par Judas Iscariot, condamné sous Ponce-Pilate et crucifié sur le calvaire. Étienne, un diacre de la première église chrétienne fut son second martyr. Il fut lapidé. Alors suivit Jacques, le frère de Jean, qui l'échappa belle et vécut à un âge très avancé, tous les autres apôtres semblent avoir été appelés à donner leur vie pour l'amour du Christ.

◊  1.1 — Première persécution sous Néron, A. D. 67.

La première persécution des premiers siècles de l'Église fut sous Néron Domitius, le sixième empereur de Rome, A. D. 67. Ce monarque régna cinq ans avec modération; mais ensuite il s'adonna aux plus grandes extravagances de caractère et aux plus atroces cruautés. Parmi ses autres persécutions diaboliques, il commanda de mettre la ville de Rome en feu, ce que firent ses officiers, ses gardes et ses serviteurs. Pendant que la ville était en flammes, il se rendit à la tour de Mæcenas, joua de la harpe, chanta le chant de l'incendie de Troie, et déclara, «Qu'il désirait la ruine de toutes choses avant sa mort.» Cette terrible conflagration dura neuf jours.

Néron accusa les Chrétiens de ce forfait, à la fois pour s'en servir comme d'excuse pour lui-même et ensuite pour avoir une occasion de les persécuter. Les cruautés infligées furent telles qu'elles excitèrent la sympathie des Romains eux-mêmes. Néron inventa des raffinements de cruautés et toutes sortes de châtiments pour ses victimes. Il en fit coudre dans des peaux de bêtes sauvages, qu'il faisait ensuite dévorer par les chiens jusqu'à ce qu'ils mourussent; d'autres couverts de chemises enduites de cire, attachés à des pieux, étaient mis en feu dans son jardin. Cette persécution fut générale dans tout l'empire romain; mais elle fortifia l'esprit du christianisme au lieu de l'abattre.

◊  1.2 — Seconde persécution sous Domitien, A. D. 81.

L'empereur Domitien, d'une disposition naturellement cruelle, souleva une seconde persécution contre les Chrétiens. Parmi les nombreux martyrs qui souffrirent sous son règne, on trouve Siméon, évêque de Jérusalem, qui fut crucifié. Flavie, la fille d'un sénateur Romain, fut bannie du Pont; et on passa une cruelle loi, «Qu'aucun Chrétien, une fois cité devant un tribunal, ne pouvait échapper au châtiment sans renoncer à sa religion.»

◊  1.3 — Troisième persécution sous Trajan, A. D. 108.

Quand Nerva succéda à Domitien, il donna du repos aux Chrétiens; mais, n'ayant régné que treize mois, son successeur Trajan, en l'an 108, commença la troisième persécution. Pendant que cette persécution faisait des ravages, Pline Second, un philosophe païen, écrivit à l'empereur en faveur des Chrétiens. A son épître Trajan fit une réponse peu franche: «Que l'on ne devait pas rechercher les Chrétiens, mais que quand ils étaient cités devant le magistrat on devait les punir.» Choqué de cette réponse inique, Tertullien s'écria: «Ô arrêt confus! il ne voudrait pas qu'on les recherche comme personnes innocentes, et cependant on voudrait les punir comme coupables.»

Hadrien succéda à Trajan et continua la persécution avec la plus grande vigueur. Phocas, évêque du Pont, refusant de sacrifier à Neptune, fut, par son ordre immédiat, jeté d'abord dans un fourneau à chaux ardent, et ensuite, étant tiré de là, il fut jeté dans un bain bouillant où il expira.

Ignace, évêque d'Antioche, défendit hardiment la doctrine du Christ devant l'empereur, et à cause de cela, il fut jeté en prison et cruellement tourmenté; car, après avoir été fouetté, il fut forcé de tenir du feu dans ses mains, tandis que des papiers trempés dans l'huile brûlaient sur ses côtés; puis sa chair fut déchirée avec des tenailles chauffées, et il fut finalement jeté en pâture aux bêtes sauvages.

Pendant le martyre de Faustin et de Jovite, frères et citoyens de Bressia, leurs tourments furent si considérables et leur patience si ferme, que Calocerius, un païen, en les regardant fut rempli d'admiration, et s'écria avec ravissement, «Grand est le Dieu des Chrétiens!» pour cela il fut arrêté et mis à mort.

Antonin le Pieux succéda à Adrien, monarque si aimable, que son peuple lui donna le titre de «Père des Vertus». Immédiatement après son accession au pouvoir il publia un édit défendant de persécuter davantage les Chrétiens, et le termina par ces mots; «Si quelqu'un ci-après, moleste ou dérange les Chrétiens, n'ayant nulle autre cause que le fait qu'ils sont tels, que les accusés soient relâchés et que les accusateurs soient punis.»

◊  1.4 — Quatrième persécution, sous Marcus Aurelius Antoninus, A. D. 162.

Marcus Aurelius Antoninus Verus succéda à Antoninus Pius, et commença la quatrième persécution dans laquelle plusieurs Chrétiens furent martyrisés, surtout en Asie et en France. Les plus grandes cruautés furent pratiquées dans cette persécution. Quelques-uns des martyrs furent obligés de marcher, avec des pieds déjà blessés, sur des épines, des clous et des coquillages aigus…; après avoir enduré les plus cruelles tortures, ils durent subir une mort des plus cruelles.

Germanicus, un jeune Chrétien, étant livré aux bêtes féroces, se conduisit avec un courage si merveilleux, que plusieurs païens se convertirent à cette foi, qui inspirait un tel courage.

Polycarpe apprenant que des personnes le cherchaient pour l'arrêter, s'échappa, mais fut découvert par un enfant. Il fut mené devant le proconsul, condamné, et mis à mort sur la place du marché. Douze Chrétiens, qui avaient été ses compagnons intimes, furent bientôt après martyrisés.

Justin, célèbre philosophe, et auteur d'une apologie du Christianisme, mourut comme martyr dans cette persécution. Ayant été pris, avec six de ses compagnons, on leur ordonna de renier leur foi, en sacrifiant aux idoles païennes. Ils refusèrent, et furent en conséquence condamnés à être fouettés, puis décapités.

Certaines circonstances firent cesser la persécution pour un temps, au moins dans les provinces sous l'inspection immédiate de l'empereur; mais elle se ralluma bientôt en France, particulièrement à Lyon, où les tortures auxquelles plusieurs Chrétiens furent soumis dépassent l'imagination (voir l'Épître des Églises de Lyon et de Vienne aux Églises d'Asie). Les martyrs de Lyon étaient au nombre de quarante-huit. Ils moururent tous avec beaucoup de courage, glorifiant Dieu et leur Rédempteur. C'est dans ce règne d'Antonius Verus qu'Apollonius, sénateur romain, devint martyr. Eusebius Vincentius, Potentianus, pour avoir refusé d'adorer Commode comme Hercules, furent également mis à mort. Julius, sénateur romain, reçut ordre de l'empereur de lui sacrifier comme à Hercules. Julius refusa, et déclara publiquement qu'il était Chrétien. Après un long emprisonnement il fut tué à coups de bâton.

◊  1.5 — Cinquième persécution, commençant sous Sévère, A. D. 192.

Irénée, évêque de Lyon, naquit en Grèce et y reçut une éducation chrétienne. Il s'opposa avec zèle aux hérésies en général, et écrivit un traité contre l'hérésie, qui eut une grande influence à cette époque. Ceci lui valut le ressentiment de l'empereur; il fut en conséquence décapité en A. D. 202.

Les persécutions se répandirent à cette époque en Afrique, et plusieurs y furent martyrisés; la principale de ceux-là fut Perpétue, femme mariée de vingt-six ans, ayant un enfant à la mamelle. Elle fut arrêtée parce qu'elle était chrétienne. Son père, qui l'aimait tendrement, essaya de la porter à renoncer au Christianisme, Perpétue, toutefois, résista à toutes ses prières. Étant menée devant le proconsul Minutius, on lui ordonna de sacrifier aux idoles; sur son refus, elle fut mise dans un cachot obscur et privée de son enfant. Perpétue donna la plus forte preuve de courage et de force de caractère à son procès. Le juge la pria de considérer les larmes de son père, l'abandon de son enfant, et sa propre vie; mais triomphant de tous les sentiments de la nature, elle écarta la crainte de la souffrance en considération de cette immortalité offerte par le Christ. Elle fut livrée aux bêtes sauvages, et achevée par l'épée.

Calixte, évêque de Rome, souffrit le martyre en 224; et en 232, Urbain, un de ses successeurs subit le même sort. Agapet, un garçon de Préneste, en Italie, qui n'avait que quinze ans, refusa de sacrifier aux idoles; il fut sévèrement fouetté et pendu par les pieds, on versa sur lui de l'eau bouillante. Il fut ensuite déchiré par les bêtes sauvages, et enfin décapité.

◊  1.6 — Sixième persécution, sous Maximinus Thrax, A. D. 235.

Maximin le Thrace, qui devint empereur dans l'année 235, commença à persécuter les Chrétiens; et dans le Cappadoce, le président Sémiramus fit de grands efforts pour les exterminer de son royaume. Un soldat romain, qui refusa de porter une couronne de laurier offert par l'empereur et qui se confessa chrétien, fut fouetté et mis à mort. Pontien, évêque de Rome, pour avoir prêché contre l'idolâtrie, fut banni de Sardaigne, et y fut mis à mort. Anteros, un grec, qui succéda à cet évêque au siège de Rome, déplut tellement au gouvernement en faisant un recueil des actes des martyrs, qu'il souffrit lui-même le martyre, après avoir joui de sa dignité seulement quarante jours. Pammachius, sénateur romain, avec sa famille et d'autres Chrétiens, au nombre de quarante-deux, furent tous décapités en un jour, et leurs têtes clouées aux portes de la ville. Hippolyte, prélat chrétien, fut attaché à un cheval sauvage, et traîné à travers les pierres et les épines jusqu'à ce qu'il soit mort.

Pendant que cette persécution sévissait beaucoup de Chrétiens furent tués sans procès et enterrés dans des fosses communes; quelquefois cinquante ou soixante étant jetés ensemble dans le même trou.

Maxime mourut en 238; et Gordien lui succéda, durant son règne et celui de son successeur Philippe, l'Église fut tranquille pendant plus de dix ans; mais en l'année 249 une violente persécution s'éleva à Alexandrie. La fureur des foules étant grandement excitée contre les Chrétiens, elles firent irruption dans leurs maisons, volèrent leurs meilleurs effets, détruisirent le reste et massacrèrent les propriétaires; le cri général était, «Brûlez-les, brûlez-les! tuez-les!» Les noms des martyrs, et les détails de l'émeute nous demeurent inconnus.

◊  1.7 — Septième persécution, sous Dèce, A. D. 249.

En l'an 249, Dèce étant empereur de Rome, une terrible persécution débuta contre les Chrétiens; Fabien, évêque de Rome, fut la première personne de distinction qui en souffrit la brutalité. L'empereur Philippe étant mort après avoir confié son trésor au soin de cet excellent homme; mais Dèce, n'y trouvant pas autant d'argent qu'il espérait, résolut de se venger sur lui. On le saisit donc et on le décapita. Abdon et Semen, deux Perses, furent pris comme étrangers; étant reconnus comme Chrétiens ils furent mis à mort. Moïse, un prêtre, fut décapité pour la même raison. Julien, natif de la Cilicie, fut arrêté parce qu'il était chrétien. On le tortura abondamment, mais il demeura inflexible; et, quoique souvent mené hors de la prison pour être exécuté, il y était ramené pour souffrir de plus grandes cruautés. Il fut, enfin, mis dans un sac de cuir, avec un certain nombre de serpents et de scorpions, puis jeté dans la mer. Pierre, un jeune homme à Lampsaque, ayant reçu ordre de Optimus, le proconsul de sacrifier à Vénus, dit: «Je suis étonné que vous désiriez que je sacrifie à une femme infâme, dont vos historiens même racontent les débauches, et dont la vie consiste en actions telles que vos lois les punissent. Non! J'offrirai au vrai Dieu le sacrifice de louanges et d'adoration.» Optimus, en entendant ceci, ordonna qu'il fût roué vif; mais ces tourments ne firent que lui inspirer un courage nouveau, au point qu'il riait à la face de ses persécuteurs. Il fut enfin décapité.

Dans l'île de Crète la persécution devint extrêmement sévère, le gouverneur mettant beaucoup de zèle à exécuter les décrets impériaux.

L'empereur Dèce, après avoir érigé un temple païen à Éphèse, en l'an 251, commanda à tous ceux qui étaient dans cette ville de sacrifier aux idoles. Cet ordre fut courageusement refusé par sept de ses propres soldats. L'empereur, qui voulait les épargner, leur accorda un sursis jusqu'à son retour d'un voyage. En son absence ils se sauvèrent et se cachèrent dans une caverne; mais il en fut informé à son retour, l'ouverture de la caverne fut murée, et ils périrent de faim ou d'asphyxie.

Les persécutions en Cappadoce, en Phrygie et dans d'autres districts avaient cessé, Gallus en avait fini avec ses guerres, lorsqu'une peste éclata dans l'Empire. L'empereur ordonna de faire des sacrifices aux déités païennes pour apaiser leur colère. Les Chrétiens refusant de se conformer à leurs rites, furent accusés d'être les auteurs de la calamité; ainsi la persécution s'étendit de l'intérieur aux extrémités de l'empire et plusieurs subirent le martyre, ayant encourus la fureur de la populace aussi bien que le mauvais vouloir des magistrats. Enfin l'empereur, ayant été mis à mort par son général Amélien, une paix profonde régna dans tout l'Empire et la persécution cessa graduellement.

◊  1.8 — Huitième persécution, sous Valérien, A. D. 257.

Après la mort de Gallus, Valérien fut choisi empereur. Quatre ans durant il gouverna avec modération, et traita les Chrétiens avec une douceur remarquable; mais en l'an 287, un Égyptien, nommé Macriamus prit sur lui un grand ascendant et le persuada de persécuter les Chrétiens. On publia à cet effet des édits, et la persécution, qui commença au mois d'avril continua durant trois ans et six mois.

Parmi les martyrs qui périrent lors de cette persécution se trouvèrent Rufina et Secunda, deux dames belles et distinguées, filles d'un homme éminent à Rome. Elles furent décapitées en l'an 257. Dans la même année, Étienne, évêque de Rome, fut décapité, et vers ce temps-là Saturnin, évêque de Toulouse, fut attaqué et saisi par la populace de la ville, pour avoir empêché, prétendaient-on, leur oracle de parler. Sur son refus de sacrifier aux idoles, il fut traité avec une indignité révoltante, puis attaché à la queue d'un taureau. A un signal donné l'animal en furie fut lâché sur les gradins du temple, bientôt souillés de la cervelle du martyr. Sextus succéda à Étienne, dans l'épiscopat de Rome. Marcianus, qui avait la direction du gouvernement romain dans l'année 258, obtint l'accord de l'empereur Valérien pour mettre à mort tout le clergé chrétien à Rome; Sextus fut l'un des premiers qui fut atteint par cet édit. Il fut décapité le 6 août 258, et six de ses diacres moururent avec lui.

Laurent, communément appelé St. Laurent, le principal des diacres qui enseignèrent et prêchèrent sous Sextus, le suivit au lieu de l'exécution; là Sextus lui prédit qu'il le retrouverait au ciel, trois jours après. Laurent, considérant cette prédiction comme une indication certaine de son propre martyre prochain, rassembla à son retour tous les Chrétiens pauvres et leur distribua la totalité des trésors de son église. Ayant reçu ordre de rendre compte de ses possessions à l'empereur, il assembla un grand nombre de pauvres vieillards, de manchots, d'impotents, et se rendit chez le magistrat lui disant, «Voici les vrais trésors de l'Église.» Irrité par la disparition de ses espérances de gain, le gouverneur commanda qu'il fût fouetté, et que ses jambes fussent disloquées. Il endura ces tortures avec un tel courage et une telle patience, que par dépit on commanda qu'il fût attaché sur un gril pour y être rôti à petit feu. Mais la constance surprenante du martyr, la dignité de son attitude au milieu de si atroces tourments, donnèrent aux spectateurs une idée si haute de la beauté et de la vérité de la religion chrétienne, que plusieurs d'entre eux se convertirent sur le champ.

Parmi ceux-là se trouvait un soldat nommé Romanus. Il se déclara chrétien immédiatement après la mort de Laurent, et le suivit bientôt dans un martyre moins long et moins atroce, mais qui devait le conduire aussi sûrement au séjour des esprits bienheureux. Suite à sa confession de foi, il fut fouetté, puis décapité.

Quatorze ans avant ces faits, la persécution sévissait en Afrique avec une grande violence et plusieurs milliers de personnes reçurent la couronne du martyre. Parmi elles se trouvait Cyprien, évêque de Carthage, éminent prélat et gloire distinguée de l'Église. Avant son baptême, il étudia les Écritures avec assiduité, et, frappé de l'excellence de leur contenu, il voulut pratiquer les vertus qu'elles recommandent. Il vendit son bien, en distribua l'argent aux pauvres, s'habilla en vêtements simples et commença une vis d'austérité et de solitude. En l'an 257 il fut amené devant le proconsul Aspasius Paternus. Quand on lui commanda de se conformer à la religion de l'Empire, il confessa hardiment sa foi. Il fut en conséquence exilé dans une petite ville sur la mer Libyenne. A la mort du proconsul, il retourna à Carthage, mais il fut bientôt après arrêté et amené devant le nouveau gouverneur, qui le condamna à être décapité; et le 14 septembre 258, cette sentence fut exécutée.

Peut-être que l'un des plus terribles événements dans l'histoire des martyrs fut ce qui arriva à Utica, où 300 Chrétiens furent, par l'ordre du proconsul, placés autour d'un fourneau à chaux allumé. Un ostensoir de charbon et d'encens ayant été préparé, on leur ordonna de sacrifier à Jupiter, ou bien ils seraient jetés dans le fourneau à chaux. Refusant unanimement ils sautèrent bravement dans l'ouverture, et furent instantanément suffoqués.

◊  1.9 — Neuvième persécution, sous Aurélien, A. D. 274.

En l'an 274, l'empereur Aurélien commença à persécuter les Chrétiens; la principale victime fut Félix, évêque de Rome, qui fut promu au siège de Rome en 274, et fut décapité la même année. Dioclétien, monta sur le trône impérial en 284; d'abord il favorisa beaucoup les Chrétiens. En l'an 286, il s'associa Maxime pour gouverner l'Empire; alors Félicien et Primes, deux frères chrétiens, furent mis à mort avant qu'aucune persécution générale ne survint. Ils furent arrêtés par ordre de la cour impériale et, confessant êtres chrétiens, ils furent fouettés, torturés et finalement décapités. Marcus et Marcellianus, jumeaux, natifs de Rome et de famille noble, furent également arrêtés, torturés et condamnés à mort. Un répit d'un mois fut obtenu par eux pour que leur famille essaie de les ramener au paganisme, mais ce fut en vain. Enfin leur constance gagna ceux qui voulaient les ramener, et toute la famille se convertit.

Tranquillinus, le père, fut requis par le préfet: il confessa que loin d'avoir été capable de convaincre ses fils à abandonner le Christianisme il était lui-même devenu chrétien. Pour rendre compte de son changement, il se servit d'arguments si puissants qu'il convertit le préfet, qui bientôt après vendit son patrimoine, démissionna de son poste, et passa le reste de ses jours dans une pieuse retraite.

Tibertius, natif de Rome, était d'une famille de rang et de distinction. Étant accusé d'être chrétien, on lui commanda de sacrifier aux idoles, ou de marcher sur des charbons brûlants. Il choisit l'alternative, et l'on rapporte qu'il marcha sur les charbons ardents sans souffrir. Mais Fabian le condamna à être décapité.

Une affaire remarquable arriva en l'an 286. Une légion de soldats, comptant 6 666 hommes était composée entièrement de Chrétiens. Elle était appelée la légion thébéenne, parce que les soldats avaient été recrutés dans la Thébaïde, ils rejoignirent l'empereur en Gaule. Vers ce temps-là, Maximien donna ordre d'offrir un sacrifice général, auquel toute l'armée devait assister; en même temps les soldats devaient jurer de l'aider à extirper le Christianisme de la Gaule. Tous les soldats de cette légion chrétienne refusèrent de prendre part à ce cruel engagement: ils furent en conséquence tous mis à mort.

Alban — d'où St. Alban reçoit son nom — fut le premier martyr anglais. Il était né païen, mais étant d'un caractère plein d'humanité, il donna asile à Amphibalus un ecclésiastique que quelques officiers poursuivaient à cause de sa religion. Le pieux exemple et les discours édifiants du réfugié firent une profonde impression sur l'esprit de Alban, et il devint chrétien. Les ennemis d'Amphibalus apprenant où il était caché, vinrent à la maison de Alban pour le prendre. Son noble hôte, désirant sauver son protégé, échangea ses habits avec lui. Alban fut mené devant un empereur bien décidé à satisfaire sa vengeance; dans ce but, il lui commanda de s'avancer à l'autel et de sacrifier aux déités païennes. Le brave Alban confessa hardiment qu'il était chrétien. Sur ce le gouverneur commanda, qu'il fut d'abord fouetté et ensuite décapité. Le vénérable Bède raconte qu'en cette occasion le bourreau se convertit subitement au christianisme, et demanda de mourir pour Alban ou avec lui. Obtenant la dernière requête, ils furent décapités par un soldat le 22 juin 287, à Verulam, près de St. Alban, où une magnifique église fut érigée à la mémoire d'Alban, durant le règne de Constantin le Grand.

◊  1.10 — Dixième persécution, sous Dioclétien, A. D. 303.

Malgré les efforts des païens pour exterminer les Chrétiens, ils se multiplièrent tant qu'ils devinrent formidables par leur nombre: Galère, le fils adoptif de Dioclétien, poussé par sa mère, persuada l'empereur de commencer une autre persécution. Elle commença le 23 février 303, et s'ouvrit d'abord à Nicomédie. Le prélat de la ville alla un matin à l'église des Chrétiens, que ses officiers eurent ordre d'ouvrir de force, et alors il livra aux flammes les livres sacrés. Dioclétien et Galère, qui étaient présents, commandèrent à leurs gens de raser l'église jusqu'en terre. Ceci fut suivi d'un cruel édit, ordonnant la destruction de toutes les autres églises et de leurs livres; et un ordre lui succéda bientôt après, ayant pour but de proscrire les Chrétiens, et de les rendre en conséquence incapables d'occuper aucune place de confiance, de profit ou de dignité, ou de recevoir aucune protection des institutions légales du royaume. Un martyre immédiat fut le résultat de cet édit; car un hardi Chrétien, non seulement le déchira mais blâma l'empereur pour son injustice et sa cruauté; il fut en conséquence arrêté, torturé et brûlé vif. Les prélats chrétiens furent également pris et emprisonnés; et Galère donna privément ordre de mettre le feu au palais impérial pour que l'on put accuser les Chrétiens d'en être les incendiaires et avoir un prétexte plausible pour continuer la persécution avec sévérité. On commanda aussi un sacrifice général ce qui suscita plusieurs martyrs. Entre autres, un Chrétien nommé Pierre, fut mis à la torture et brûlé ensuite; plusieurs diacres et anciens furent saisis et exécutés, et l'évêque de Nicomédie fut lui-même décapité. Si grande était la persécution qu'il ne fut fait aucune distinction d'âge ou de sexe. Plusieurs maisons furent mises à feu, et des familles chrétiennes entières périrent dans les flammes; d'autres eurent des pierres attachées au cou et furent jetés dans la mer. La persécution devint générale dans toutes les provinces romaines, mais particulièrement dans l'Est et elle dura dix ans.

Dans ce temps-là les Chrétiens pensaient qu'il n'était pas permis de porter les armes sous un empereur païen. Maximilien, le fils de Tabius Victor, reçut ordre de Dion, le proconsul, de se faire mesurer pour être enrôlé. Lui, toutefois, se déclara Chrétien, et refusa de remplir les devoirs militaires. Étant trouvé de bonne taille, Dion ordonna de le prendre comme soldat. Maximilien dit à Dion qu'il ne lui était pas possible de s'engager dans le service. Le proconsul lui répondit qu'il devait soit servir comme soldat, soit mourir pour motif de désobéissance. «Faites comme il vous plaira avec moi,» répondit Maximilien: «décapitez-moi si vous le trouvez bon. Je suis déjà un soldat de Christ, et ne puis servir sous aucun autre pouvoir.» Le proconsul prononça alors sa sentence, à savoir «que pour avoir refusé de porter les armes, et professer la foi chrétienne, il serait décapité.» Maximilien reçut ce verdict avec une parfaite intrépidité, et s'écria, «Dieu soit loué!» Au lieu de l'exécution il exhorta ceux qui étaient chrétiens de le demeurer: et ceux qui ne l'étaient pas d'embrasser une foi qui les menait au salut éternel. Il reçut alors le coup fatal.

Enfin les empereurs Dioclétien et Maximien se démirent du diadème impérial, et furent remplacés par Constantin et Galère; le premier un prince d'une disposition des plus douces et des plus humaines, et le dernier remarquable par sa tyrannie et sa cruauté. Ceux-ci divisèrent l'Empire en deux gouvernements égaux: Galère gouverneur dans l'Est et Constantin dans l'Ouest. Le peuple sentit les effets des différentes dispositions des empereurs; car ceux de l'Ouest furent gouvernés de la manière la plus douce, mais ceux qui demeurèrent dans l'Est sentirent toutes les misères de la cruauté et de l'oppression.

Comme Galère entretenait une haine implacable envers les Chrétiens, nous apprenons «qu'il ne les condamnait pas seulement à la torture, mais à être brûlés à petit feu. On les enchaînait d'abord à un poteau, et l'on entretenait un petit feu à la plante de leurs pieds. Ensuite des flambeaux à peine éteints étaient appliquée à toutes les parties du corps, pour les torturer par tout le corps; et l'on prenait soin de les tenir en vie, en leur jetant de l'eau froide à la figure, en leur en donnant un peu à boire, de peur que leurs gorges ne se desséchassent par la soif et qu'ils n'étouffassent. Ainsi leurs souffrances se prolongeaient jusqu'à ce qu'enfin leur peau étant consumée, et tout près d'expirer on les jette dans un grand feu qui achevait de brûler leur corps. Après quoi les cendres étaient jetées à la rivière.»

◊  1.11 — Constantin le Grand.

Constantin le Grand, adorateur du dieu Mithra, se décida enfin à rendre justice aux Chrétiens. Dans ce but il leva une armée de 30 000 fantassins et de 8000 cavaliers avec lesquels il marcha vers Rome contre l'empereur Maxentius. Il considéra que tandis que son père n'adorait qu'un seul Dieu il prospérait continuellement; il rejeta donc les idoles et implora l'assistance du Tout-Puissant, qui écoutait ses prières, et lui répondait d'une manière si surprenante, que Eusèbe dit qu'il n'aurait pu le croire s'il ne l'avait entendu de la propre bouche de l'empereur, qui en confirma publiquement et solennellement la vérité. Ce récit extraordinaire est comme suit: «L'armée arrivant près de Rome, l'empereur était occupé dans des exercices de dévotion le 27 octobre, environ vers les trois heures de l'après-midi, quand, sur le déclin du soleil, il lui apparut soudainement une colonne de lumière dans le ciel, sous forme d'une croix, avec cette inscription distincte — In hoc signo vinces: Par ce signe tu vaincras. Constantin fut grandement surpris de cette étonnante apparition, qui fut aussi visible de toute l'armée, qui en fut aussi étonnée que lui. Les officiers et les commandants, poussés par les augures et les devins la considérèrent comme un augure défavorable présageant une malheureuse expédition. L'empereur lui-même ne la comprenait pas, jusqu'à ce qu'enfin le Christ lui apparut dans une vision, avec une croix à la main, lui commandant d'en faire un étendard royal, et de le faire porter continuellement devant non armée comme une enseigne de victoire et de protection. De bonne heure le matin suivant, Constantin informa ses amis et ses officiers de ce qu'il avait vu durant la nuit, et envoyant quérir des ouvriers habiles, leur décrivit la forme de cet étendard, qu'il leur commanda de faire avec le plus grand art et la plus belle magnificence. Ils firent ainsi: une longue lance, plaquée d'or, avec une traverse au haut en forme de croix, à laquelle ils attachèrent une bannière de pourpre taillée en carré, brodée d'or, et montée en pierres précieuses qui brillaient d'un éclat merveilleux; vers la pointe était dépeint l'empereur entre ses deux fils; au-dessus de la croix était placé une couronne couverte d'or et de bijoux, dans laquelle le symbole sacré — à savoir les deux premières lettres du Christ en grec, Χ et Ρ, l'une mise sur l'autre en croix. Il porta cette devise ci-après, non seulement sur son bouclier, mais aussi sur ses pièces de monnaie dont il existe encore plusieurs (cette devise était aussi celle du dieu Apollo adoré par les soldats romains et qu'ils reconnurent).

Dans la bataille qui suivit Constantin défit Maxentius, et il rentra à Rome en triomphe. Un décret fut alors publié en faveur des Chrétiens et une copie en fut envoyée à Maxime dans l'Est.

Nous ne pouvons clore le récit de ces persécutions sous les empereurs romains, sans attirer l'attention sur la colère manifeste que le Tout-Puissant manifesta envers les persécuteurs. L'histoire montre que nulle nation ni individu ne peut prospérer quand le Christ, le fils de Dieu est méprisé. Pendant ces événements, les Romains ne souffrirent pas seulement des pestes et ne furent pas seulement détruits par leurs propres empereurs, mais aussi par les guerres civiles dont trois arrivèrent en deux ans à Rome après la mort de Néron. Dans les jours de Tibérius 5000 Romains furent blessés ou tués en une fois par la chute d'un théâtre. Quant aux Juifs, Titus et Vespasien en firent périr 11000, outre ceux que Vespasien tua en soumettant la Galilée, et ceux qui furent envoyés en Égypte et autres provinces en esclavage au nombre de 17 000. Deux mille furent amenés avec Titus en triomphe; il en livra un certain nombre aux bêtes féroces, tandis que le reste fut mis à mort cruellement. Par ceci, toutes les nations peuvent comprendre ce qu'il en coûte de rejeter la révélation de Dieu, et encore plus de persécuter ceux que Dieu envoient pour leur salut.

◊  2. Récit des persécutions sous Julien l'apostat.

Julien l'apostat était le neveu de Constantin le Grand. Constantin mourut dans l'année 361 et Julien lui succéda; mais il n'eut pas plus tôt obtenu la dignité impériale qu'il renonça au christianisme pour le paganisme. Il rétablit le culte idolâtre, rouvrit les temples qui avaient été fermés, rebâtit ceux qui avaient été détruits et ordonna aux magistrats et au peuple de suivre son exemple; mais il ne promulgua aucun édit contre le Christianisme. Il rappela tous les païens bannis, permit à toutes les sectes le libre exercice de leur religion, mais il priva tous les Chrétiens d'emploi à la cour, dans la magistrature ou dans l'armée. Il était chaste, tempérant, vigilant, laborieux et pieux en apparence; de sorte que par ses prétendues vertus il fit, pour un temps, plus de mal au Christianisme que le plus dissolu de ses prédécesseurs.

Le plus célèbre martyr pendant son règne fut Basile, qui par son opposition à l'arianisme s'était fait connaître au loin. Ceci lui attira la vengeance de l'évêque Arien de Constantinople, qui publia une ordonnance pour l'empêcher de prêcher. Il continua, cependant, à remplir son office à Ancyre, la capitale de Galatie, jusqu'à ce que ses ennemis l'accusassent d'être un incendiaire et un perturbateur de la paix publique.

Un jour, rencontrant un nombre de païens allant en procession à un sacrifice, il exprima hardiment son horreur de leurs procédés idolâtres. Ce qui détermina les gens à le saisir et à le mener devant le gouverneur, qui, le trouvant chrétien zélé, commanda d'abord de le mettre à la torture puis de l'emprisonner. Basile, non seulement resta ferme, mais animé d'un esprit prophétique prédit la mort de l'empereur et ses tourments dans l'autre monde. Julien, en grande colère, dit alors à Basile, que quoiqu'il fut d'abord enclin à lui pardonner, sa conduite l'en avait rendu incapable. Il commanda alors que le corps de Basile fut déchiré chaque jour à sept différentes places jusqu'à ce que la peau et les chairs fussent entièrement écorchées. Cette sentence barbare fut exécutée avec rigueur, et le martyr expira le 28 Juin, 362.

Urbanus, Menidemus, Theodorus et quatre-vingts autres membres du clergé à Constantinople, pétitionnèrent l'empereur de les garantir de l'oppression et des cruautés des Ariens. Mais le tyran, au lieu de cela, commanda de les embarquer sur un vaisseau que l'on devait mettre en feu. Cet ordre ayant été exécuté, ils périrent tous dans les flammes.

◊  3. La persécution des Vaudois et des Albigeois.
◊  3.1 — Persécution des Vaudois.

Bérenger, aux environs de l'an 1000, prêcha hardiment la vérité évangélique suivant sa simplicité primitive. Plusieurs embrassèrent par conviction sa doctrine et furent, pour cette raison, appelés Berengariens. Il fut suivi de Pierre Bruis qui prêcha à Toulouse, sous la protection du comte Hildephonsus; les doctrines de ces précurseurs de la Réforme, ainsi que les raisons de leur séparation de l'Église de Rome, furent publiées dans un livre écrit par Bruis, sous le titre de l'Anti-Christ. Dans l'année 1140, le nombre des dissidents était si grand que le pape s'en alarma et écrivit à plusieurs princes de les bannir de leur royaume, et il commanda à des érudits de composer des ouvrages contre eux. Pierre Valdo, natif de Lyon, devint à cette époque un adversaire actif de la papauté; c'est de lui que les opposants à Rome reçurent le nom de Valdoyson Vaudois. Quand le pape Alexandre III fut informé de ces faits, il excommunia Valdo et ses adhérents, et commanda à l'évêque de Lyon de les exterminer. Ainsi commencèrent les persécutions papales contre les Vaudois.

Valdo demeura trois ans caché à Lyon, quoique l'on fisse des recherches poussées pour l'arrêter, mais il se réfugia dans les montagnes du Dauphiné. Là il trouva bientôt le moyen de propager ses doctrines jusqu'en Picardie, ce qui exaspéra tellement Philippe, roi de France, qu'il mit cette dernière province sous le régime militaire; détruisant les châteaux de 300 gentilshommes, rasant des villes fortifiées, brûlant plusieurs des contestataires et en chassant d'autres dans la Normandie et l'Allemagne.

Malgré ces persécutions la religion évangélique continua à fleurir, et les Vaudois devinrent plus nombreux que jamais. Enfin le pape les accusa d'hérésie, et se servit de tous les moyens possibles pour les extirper: excommunications, anathèmes, canons, constitutions, décrets, etc., par lesquels on les rendait impropres à tenir des places de confiance, d'honneur ou de profit; leurs terres furent confisquées, leurs marchandises saisies et on ne permettait pas de les enterrer en terre bénite.

Les ministres évangéliques continuèrent de prêcher hardiment contre la religion romaine; et Pierre Valdo en particulier, partout où il allait, affirmait que le pape était l'antéchrist; que la messe était une abomination, que l'hostie était une idole et que le purgatoire était une fable. Ces procédés firent naître l'inquisition, et le pape Innocent III nomma certains moines inquisiteurs, chargés de découvrir et livrer les dissidents au pouvoir séculier. Ces moines, sur le moindre soupçon ou information livraient les suspects au magistrat et le magistrat les remettait au bourreau. Les procès étaient courts, puisqu'une accusation était considérée suffisante pour établir le crime, aucune défense impartiale n'était jamais accordée à l'accusé.

En l'an 1380, un moine inquisiteur, nommé Francis Boralli reçut du pape Clément VII. une commission pour rechercher et punir les Vaudois en différents endroits. Il alla à Ambrone, et somma les habitants de paraître devant lui: ceux de la religion évangélique furent livrés au bras séculier et brûlés; et ceux qui ne se présentèrent pas furent excommuniés, ils eurent leurs biens confisqués. Dans le pillage de ces biens, le clergé eut la part du lion, plus des deux tiers lui échurent.

En l'an 1400, les Vaudois demeurant dans la Vallée de Pragela furent soudainement attaqués par un corps de troupes, qui pillèrent leurs maisons, assassinèrent les habitants ou les chassèrent dans les Alpes, où un grand nombre moururent gelés, car c'était au fort de l'hiver. En 1460, une persécution fut commencée dans le Dauphiné par l'archevêque d'Ambrone, qui employait un moine, nommé Jean Vayleti, lequel procéda avec une telle violence, que non seulement les Vaudois mais même plusieurs papistes en furent les victimes; car si quelqu'un d'entre eux manifestait de la compassion ou de la pitié pour ce peuple inoffensif, il était sûr d'être accusé de complicité avec les hérétiques et de partager leur sort. Enfin les actes de Vayleti devinrent si intolérables, qu'un grand nombre de papistes signèrent une représentation contre lui à Louis XI. Le roi de France envoya l'ordre au gouverneur du Dauphiné de stopper la persécution. Vayleti, toutefois, obéissant à l'archevêque la continua; car prenant avantage de la dernière clause de l'édit, il prétendit qu'il ne faisait rien de contraire à l'ordre du roi, puisqu'il avait ordonné de punir ceux qui affirmaient quelque chose contre la foi catholique. Cette persécution s'éteignit avec la mort de l'archevêque, en 1487.

En 1487, le pape Innocent VIII décida de persécuter les Vaudois. Il demanda l'aide du roi de France, lequel envoya son lieutenant dans la vallée de Loyse dans le but de les exterminer. Les Vaudois se sauvèrent dans des antres et des cavernes et autres retraites; mais leurs cruels ennemis placèrent des fagots aux ouvertures et y mirent le feu; on estime à 3000 le nombre qui périrent de cette manière barbare.

Vers la fin du quinzième siècle les chefs des familles de Merindol furent sommés de se présenter devant une cour ecclésiastique. Quand ils se reconnurent comme Vaudois, on ordonna qu'ils fussent brûlés, leurs familles proscrites, leurs habitations dévastées et les bois qui entouraient la ville abattus, de sorte que l'ensemble parût désolé. Le roi, toutefois, étant informé de ce décret barbare, en contremanda l'exécution; mais son ordre fut annulé par le cardinal Tournon, et les plus grandes cruautés furent commises sans impunité.

Le seigneur d'Opède envoya des soldats pour brûler quelques villages occupés par les dissidents. Ils n'exécutèrent cette commission que trop fidèlement, la dépassèrent même en traitant brutalement ses habitants, n'épargnant ni l'enfance, ni l'âge ni le sexe. On défendit à tous de donner assistance ou nourriture aux persécutés. Sa troupe marcha ensuite contre Cabrières, et commença à la démolir à coups de canon. Il n'y avait pas au-delà de soixante pauvres paysans avec leurs familles dans la ville; il était inutile de dépenser tant de poudre et de plomb puisque les habitants étaient disposés à ouvrir les portes à de se rendre, pourvu qu'on leur permit de se retirer sans être inquiétés à Genève ou en Allemagne. On le leur promit; mais les portes n'étaient pas plutôt ouvertes que le président ordonna de tailler les hommes en pièces, ce qui fut immédiatement exécuté. Plusieurs femmes et enfants furent conduits dans une grande grange qui fut mise en feu et ils périrent tous dans les flammes.

Enfin, le jugement de Dieu atteignit ce monstre de cruauté; le seigneur d'Opède fut frappé d'une affreuse et douloureuse maladie. Étant à l'extrémité il envoya chercher un chirurgien à Arles, qui lui dit, après avoir examiné sa maladie, qu'elle était d'une nature particulière, et pire que celle qu'il avait jamais rencontré chez mille autre personnes. Il le réprimanda pour ses cruautés, et lui dit qu'à moins qu'il ne se repentit, il pouvait s'attendre à ce que la main du ciel s'appesantît davantage sur lui. En entendant cela, le malade s'emporta, et commanda à ses gens de saisir le chirurgien, qui trouva néanmoins le moyen d'échapper. Bientôt après la maladie du tyran s'accrut terriblement. Comme il avait obtenu quelque soulagement par la main du chirurgien, il l'envoya chercher; son message était accompagné d'une demande d'excuse pour sa conduite précédente, et d'une promesse de sauf-conduit. Le chirurgien, oubliant le passé, se rendit à son chevet, mais trop tard pour lui être d'aucun secours. Il trouva le tyran se conduisant comme un aliéné et s'écriant qu'il sentait un feu au dedans de lui. Après avoir blasphémé quelque temps, il expira dans une affreuse agonie; et son corps au bout de quelques heures devint si repoussant que personne ne pouvait rester dans la même pièce.

◊  3.2 — Persécution des Albigeois.

Les Albigeois appartenaient à la religion évangélique, ils habitaient les environs d'Albi. Ils furent condamnés au concile de Latran, par ordre du pape Alexandre III.; mais ils se multiplièrent si rapidement, que plusieurs villes furent habitées exclusivement par des personnes de leur foi, et plusieurs nobles éminents embrassèrent leurs doctrines. Parmi ceux-ci furent le comte de Toulouse et de Foix. Le pape prétendit qu'il désirait les attirer à foi romaine par le raisonnement et la persuasion, et, dans ce but il ordonna une conférence générale dans laquelle les docteurs papistes furent vaincus par les arguments de Arnold un ministre évangélique.

Un moine, nommé Pierre, ayant été assassiné dans le domaine du comte de Toulouse, le pape fit de ce meurtre un prétexte pour persécuter ce noble et ses sujets. Le comte, en apprenant cela, écrivit au pape, l'assurant qu'il n'avait pas prêté la main en aucune manière à la mort de Pierre, mais que ce moine avait été tué par un noble qui s'était immédiatement après enfui de son territoire. Cependant le pape ayant déjà décidé de perdre le comte, une armée formidable, avec plusieurs nobles et prélats en tête, commencèrent leur marche contre les Albigeois. Le légat du pape étant à Valence, le comte s'y rendit, et lui dit, qu'il était surpris que des hommes armés fussent envoyés contre lui avant d'avoir produit aucune preuve de sa culpabilité. Il se rendit donc volontairement lui-même, fort du témoignage d'une bonne conscience, espérant que les troupes seraient ainsi empêchées de piller ses sujets innocents. Le légat répondit qu'il ne pourrait contremander les ordres donnés aux troupes, à moins qu'il ne lui livra en gage sept de ses châteaux fortifiés. Le comte s'aperçut de son erreur qu'il avait commise en se soumettant, mais il était trop tard. Il dut envoyer l'ordre de livrer ses châteaux. Le légat du pape n'eut pas plus tôt mis garnison dans ces places, qu'il ordonna aux gouverneurs de se présenter devant lui. Quand ils vinrent, il dit, «Que le comte de Toulouse, ayant livré ses châteaux au pape, ils devaient se considérer maintenant comme sujets du pape, et non du comte; et qu'ils devaient en conséquence agir suivant leur nouvelle allégeance.» Les gouverneurs furent étonnés de voir leur seigneur en captivité, et eux-mêmes forcés à cette nouvelle allégeance. Ce qui les affligea encore plus furent les affronts que l'on accumula contre le comte: il fut dépouillé de ses vêtements, conduit neuf fois autour du tombeau du moine Pierre, et sévèrement fouetté devant le peuple. L'armée commença à assiéger Béziers; et le comte de Béziers, pensant qu'il était impossible de défendre la place, sortit, et implora miséricorde pour les habitants; faisant entendre qu'il y avait autant de catholiques romains que de Vaudois dans la ville. Le légat répondit que les excuses étaient inutiles; que la place devait se rendre à discrétion, ou que les plus affreuses conséquences s'en suivraient.

Le comte de Béziers, retournant à la ville, dit aux habitants qu'ils ne pourraient obtenir aucune faveur, à moins que les Albigeois n'abjurassent leur religion et ne se conformassent à l'Église de Rome. Les catholiques romains pressèrent les Albigeois de céder; mais les Albigeois répondirent noblement, qu'ils n'abandonneraient pas leur religion en échange du prix méprisable d'une vie fragile; que Dieu pouvait, s'il lui plaisait, les défendre; mais s'il voulait être glorifié par la confession de leur foi jusqu'à la mort, ce serait un honneur pour eux de mourir pour lui.

Leurs ennemis, trouvant inutile de les presser, envoyèrent leur évêque au légat, le suppliant de ne pas les inclure dans le châtiment des Albigeois; et le pressant d'essayer de gagner ces derniers par la douceur et non par la rigueur. En entendant ceci le légat se mit en colère, et déclara que «si toute la ville ne reconnaissait pas leur faute ils tomberaient tous sous la même malédiction, sans distinction de religion, de sexe on d'âge.» Les habitants refusant de céder à de telles conditions, la place fut prise par assaut, et toutes espèces de cruautés exercées; on n'entendait que les gémissements d'hommes baignant dans leur sang; les lamentations des mères violentées, pleurant leurs enfants arrachés de leurs bras et mis en pièces devant elles. La ville fut mise à feu dans différentes parties, ceux qui se cachaient dans leurs demeures étaient forcés d'y rester et de périr dans les flammes, ou d'en sortir et de tomber sous l'épée des soldats. Le légat sanguinaire, pendant ces actes infernaux, jouissait du carnage et criait même aux troupes, «Tuez-les, tuez-les tous; tuez hommes, femmes et enfants