Aliell - Tome 4 - Danielle Simonin - E-Book

Aliell - Tome 4 E-Book

Danielle Simonin

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Beschreibung

Aventures... mystères... révélations fantastiques sur des mondes inconnus.
Aliell et Ethan découvrent d'anciennes civilisations égyptiennes, dans des mémoires profondément enfouies au coeur de Terre-Mère.
Ludol, leur maître-chat, les guide de son amour indéfectible et son humour décapent.
Ils sont ballotés entre passé et présent, par de multiples sauts quantiques dans l'histoire des mondes.
Au travers d'expériences initiatiques parfois éprouvantes, Aliell et Ethan sont guidés et soutenus par des Aides d'Amour venues de l'intra-Terre ainsi que de l'extra-Terre.
Ils nous entraînent au-delà de nos connaissances, nous invitant à franchir allègrement les limites d'un monde qui se laisse re-découvrir.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Danielle Simonin pratique la méditation; qui nous relie à tout ce qui nous semble invisible ou impossible.
La parution de ses romans : " Aliell ou le parcours d'une âme" et "Aliell entre les mondes"et "Aliell, le Portail du Passé", lui ont permis de concrétiser son expérience pour en faire profiter le plus grand nombre.


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Danielle Simonin

Aliell

Le Portail du Passé

Tome 4

Parus aux éditions Isca-Slatkine

Série « Aliell » :

Aliell ou le parcours d’une âme

Aliell entre les mondes

Aliell, le Portail du Passé

Aliell, l’irréalité du Temps

À paraître prochainement :

Aliell, au cœur de Terre-Mère

© 2022, Danielle Simonin.

Reproduction et traduction, même partielles, interdites.Tous droits réservés pour tous les pays.

ISBN 978-2-940723-23-2

Prologue

Aliell est une âme animée d’une joie pétillante, une voyageuse de l’espace, dont l’incarnation sur Terre alourdit quelque peu sa vitalité.

Le difficile parcours terrestre est un lourd tribut pour l’âme, mais si riche d’expériences multiples qu’elle y revient comme un fragile papillon attiré par la chaude lumière d’une lampe, pourtant si dangereuse.

Aliell est une âme courageuse et tenace. Elle a de grands objectifs pour la planète Terre et accepte les missions les plus difficiles, afin de la libérer de ses anciens jougs et lui permettre de vibrer dans sa lumière originelle d’Amour inconditionnel de la Source.

Aujourd’hui, Aliell se prépare à rencontrer Déesse-Mère, afin de participer à cet ample plan global pour Gaïa. Son âme vibre d’une excitation fébrile pour ce moment historique pour elle.

Elle n’est pas la seule, bien sûr, la mission est très importante. En ces jours porteurs d’espoir et de renouveau, un grand rassemblement intergalactique se réunit. Les familles d’âmes se regroupent, afin de mettre en commun des énergies diverses et complémentaires.

Le Cosmos est dans une agitation euphorique. Une nouvelle naissance se prépare. La promesse d’un monde d’Amour universel enfin proche de la Source.

Aliell et Ethan sont les messagers porteurs de cette Œuvre alchimique unique et si précieuse que ce secret est maintenu jusqu’à ce que Déesse-Mère puisse l’accueillir elle-même au cœur de Gaïa.

Partie 1

Sardaigne

Lever du jour

La nuit lentement sort de ses limbes. Une mer calme dans un silence plein prépare ses couleurs, choisit sa robe du jour, hésite dans un nuancier de pastels sur fond sombre… mais le ciel s’éveillant impose des tons plus chauds : jaune, orange, rouge et se met à peindre ses nuages. Le soleil s’étire, baille et enfin se lève sur l’horizon. Le ciel et la mer se sont unis pour l’accueillir dans une explosion de couleurs. Un nouveau jour est né. Merci. Aliell en contemplation remercie la Divine Présence de la Vie. Elle l’inspire profondément, l’âme s’en nourrit et le corps la déguste sans jamais s’en rassasier. Chacune de ses cellules devient soleil et pulse de vie.

Dans son dos, elle perçoit une autre force de vie, un amplificateur qui multiplie l’énergie d’amour faisant tressaillir chaque fibre de son être : Ethan… Elle se retourne et aperçoit au loin sa silhouette rayonnante, sur le sommet d’un rocher. Un regard de feu fixant le soleil, les bras levés pour en capter chaque rayon. Récepteur-émetteur de la puissance solaire. L’amour et l’admiration la submergent et des larmes de joie s’écoulent en douceur, apaisant le feu brûlant de la passion qu’il lui inspire. Ethan… son homme. Il reçoit cette vague d’amour comme un tsunami dans son corps de feu, et dans l’instant se retrouve face à elle. Les yeux rouges, un cercle de feu brûlant sur son front, il ne peut encore la toucher. Elle attend, laissant l’eau calme de son corps glisser doucement sur le lien qui les relie. Le dragon accueille cette source bienfaisante et se love, apaisé, dans le corps de l’homme. Aliell… sa femme.

Il lui sourit, ses yeux retrouvent leur couleur gris-bleu, le cercle de feu disparaît. Il ouvre les bras et la reçoit sur son torse puissant. L’eau monte en elle, se déversant en cascade sur Ethan. Il adore ses larmes d’amour. Ses lèvres brûlantes viennent cueillir chaque perle qu’elle libère en abondance. Il s’en abreuve. L’eau épouse le feu. La double initiation Feu et Eau qu’ils ont reçue en Arizona* est maintenant bien intégrée. Ils maîtrisent de mieux en mieux leurs pouvoirs et peuvent l’utiliser à bon escient.

Ils sont prêts pour cette nouvelle aventure.

* Voir le tome 1 : Aliell ou le parcours d’une âme.

Au départ de Genève

Elle se souvient… C’est à Genève que ce voyage a commencé, plus précisément dans leur salle de méditation et de communication. Il y a quelques jours de cela…

Aliell, Ethan et Ludol sont en profonde méditation dans le cercle sacré au centre de la salle, après avoir effectué le rituel d’entrée habituel. Une puissante énergie les élève instantanément dans une vibration de la douzièmedimension. Leur corps-matière n’ayant pas été préparé, comme à l’accoutumée, par une montée progressive, émet un sifflement de douleur aiguë forçant leur âme à une brusque sortie hors du corps. Les trois amis sont éprouvés et surpris par ce processus inhabituel.

« Excusez-nous, chers amis, une perturbation imprévue nous a obligés à accélérer la puissance vibratoire. Vos corps physiques sont maintenant prêts à recevoir vos âmes, si vous voulez bien réintégrer votre matière dense. »

Ils se regardent, échangeant la même incompréhension. Ce n’est pas bon ! pensent-ils. Ils s’approchent, observant leurs corps qui ne semblent plus manifester de souffrance visible, mais, par précaution, ensemble, ils leur transmettent une énergie d’amour et de guérison. Aliell tisse des filaments d’harmonie et de sécurité. Puis, d’un accord tacite, ils réintègrent leur enveloppe corporelle.

« Nous vous remercions, chers amis. Tout est maintenant sécurisé. Comme vous le savez, la destruction du Portail du Passé* a provoqué de graves perturbations, dont les réminiscences sont encore très actives. Nous devons nous montrer vigilants. La Confrérie intergalactique s’est mobilisée afin d’assurer la sécurité de votre mission jusqu’à son aboutissement. Vous serez guidés et protégés par leurs soins. »

Un grand silence enveloppe tout le lieu, mais la haute vibration se maintient. Ils restent en méditation et appellent leurs guides habituels. Une énergie joyeuse leur répond. Hélios…

« Bonjour, chers enfants, soyez en paix et soyez rassurés surtout », ajoute-t-il dans un rire lumineux.

« Notre confrère a la lourde responsabilité d’un général en temps de guerre, il va donc à l’essentiel pour garantir la sécurité de chacun. Nous lui en sommes infiniment reconnaissants. Le danger entourant votre mission étant toujours présent, nous allons devoir procéder différemment pour votre voyage imminent. Veuillez, je vous prie, rassembler vos objets personnels, régler vos affaires courantes et revenir dans ce lieu le plus rapidement possible. C’est d’ici que vous partirez. »

Un rire en cascade ponctue ce discours inhabituel, dont chacun en ressent l’importance.

« Allons, mes chers enfants, tout se passera bien, aucune mission n’a connu si magistrale escorte. Vous accomplirez un merveilleux voyage et je vous retrouverai très bientôt. Vous êtes infiniment bénis et protégés. Soyez en paix. »

Puis il disparaît.

Quelques heures plus tard, les trois amis se retrouvent dans la salle de méditation et de communication, prêts à accomplir ce mystérieux voyage. Une belle force de paix et d’amour les accueille. Ils prennent place au centre du cercle et entrent en méditation. Aussitôt, la vibration s’élève progressivement, par paliers comme d’habitude. L’Énergie christique emplit la salle d’une vibration d’amour si intense, que les larmes d’Aliell se mettent à couler librement. La main d’Ethan la retient contre lui et son feu empêche l’inondation. De cette puissante Énergie christique, une pyramide de cristal se crée et flotte au-dessus d’eux. Une vibration douce harmonise leurs corps en descendant jusqu’au sol.

Ils se retrouvent au centre de cette pyramide qui s’élève. Elle se déplace comme un véhicule et atteint rapidement une puissance qui la propulse à la vitesse de la lumière, ce qui plonge ses occupants dans un sommeil immédiat. Aliell et Ethan ont juste le temps de reconnaître le véhicule de cristal formé par les puissances de Jésus, Marie-Madeleine, Marie et Sah’r, qu’ils avaient expérimentées dans l’église Notre-Dame-de-la-Mer, aux Saintes-Maries**. Profondément endormis, ils n’auront pas aujourd’hui l’occasion d’admirer des contrées merveilleuses, à bord de cette pyramide de cristal.

Plus tard, ils s’éveillent étendus sur une plage de sable blanc, seuls. Avec étonnement, ils se redressent, posant un regard émerveillé sur ce lieu paradisiaque. Une mer calme aux eaux claires les invite à la baignade, le soleil darde ses rayons juste au-dessus de leur tête. Sans plus hésiter, Aliell quitte ses habits et se jette dans cette eau accueillante et translucide. Ethan la suit, contrarié par sa témérité. Ils ignorent où ils se trouvent, il aurait préféré s’assurer de la sécurité de ce lieu, avant de se précipiter dans l’eau. Mais, considérant que sa place est aux côtés de sa compagne, afin de la protéger selon le « code Dragon », il s’élance à sa suite dans un soupir résigné. Ludol les regarde s’ébrouer dans la mer comme des enfants en vacances. Il s’étire, puis s’en va reconnaître les lieux, dédaignant ce comportement puéril. Son instinct de prédateur en alerte, il capte des présences invisibles qui les surveillent. Le poil hérissé et la queue dressée comme une antenne, il tente de découvrir d’où pourrait venir le danger, mais il ne ressent rien d’autre que la certitude d’être observé. C’est une sensation très déstabilisante pour un félin. Il décide de revenir sur ses pas, afin de prévenir ses amis. Aliell le rassure en souriant.

– Bien sûr que nous sommes observés, Ludol, lève ton nez plutôt que de flairer le sol, ne vois-tu pas tous les gardiens de ce lieu ? dit-elle en montrant du doigt les géants de pierre qui les entourent.

Ludol se sent un peu confus d’avoir manqué une information aussi gigantesque. À force de chercher à détecter la moindre des anomalies, il a raté une évidence trop visible pour ses sens en alerte.

– Je ne pense pas que nous soyons en danger, Ludol, ajoute Ethan, nous l’aurions perçu tous les trois.

– Oui, mais où sommes-nous ? s’interroge Aliell, en avez-vous une idée ?

– …

– Oui, tu as raison, Ludol, sur une île sans doute, mais pas si déserte que cela. Que feraient ici ces gardiens nombreux et forts s’il n’y avait rien à protéger ?

– Je ressens une puissante énergie sur ce lieu, une intense vibration et un mouvement permanent semble l’animer, complète Ethan.

Ensemble, ils décident de partir à la découverte de cette île. Elle n’est pas très grande, ils en font rapidement le tour. Personne. Ils sont seuls… avec les gardiens de pierre. Étrange…

Le soleil descendant sur l’horizon, ils prennent la décision de se mettre en quête d’un abri pour la nuit. De l’autre côté de l’île, ils découvrent une bâtisse en pierre abandonnée qui pourrait les abriter partiellement des intempéries, mais les restes de son toit leur offrent un couvert sans grande sécurité. Ethan retrousse ses manches et, sans trop d’efforts, arrache les poutres pourries, récupère les planches restantes et, avec habileté, improvise un nouveau toit, qui ne risque pas de s’effondrer sur leur tête. Pendant ce temps, Ludol part chasser et revient un peu plus tard avec un gros poisson dans la gueule. Sans se concerter, chacun s’est activé pour le bien-être du trio. Aliell a cueilli épinards et herbes sauvages. « Feu ! », dit-elle, avançant les mains devant elle, et le feu jaillit de nulle part et sans combustible. Elle sourit à Ethan, fière de sa performance. Il lui renvoie son sourire, si séduisant qu’elle en frémit. Leurs yeux deviennent braises ardentes et leurs regards hypnotiques. Ludol feule… Un double rire joyeux lui répond, puis Ethan se baisse brandissant un objet pour le moins « biscornu » et cabossé.

– Regardez, j’ai trouvé un récipient au fond de la maison !

Aliell observe soigneusement cette antique marmite, la tête enfoncée à l’intérieur, mais elle ne décèle aucun trou suspect.

– Parfait, elle n’est pas percée, je vais y cuire le poisson avec les plantes. Un festin nous attend, les amis, s’exclame-t-elle en riant.

La nuit les emporte dans un sommeil serein, blottis les uns contre les autres afin de se tenir chaud, au fond de cette bâtisse.

– Debout paresseux ! Vous n’êtes pas en vacances !

Une voix caverneuse les réveille en sursaut. En une seconde, ils sont debout, très réactifs. Tournant sur eux-mêmes, ils cherchent la source de la voix, mais personne ne se manifeste.

– Ne soyez pas aussi « simpliste », exprime la voix caverneuse, faisant trembler le sol sous leurs pieds.

Sortant de la bâtisse en clignant des yeux face à la lumière naissante, ils s’arrêtent, surpris de découvrir juste devant eux, un géant de pierre qui les scrute d’un air sévère.

– Oui, c’est moi, faites-moi le plaisir de quitter ce regard stupide, je ne vais pas vous écraser.

Ils respirent profondément et calmement, afin de rassembler leur conscience dans cet instant, sans l’intervention de leur mental inférieur. Aliell, plus prompte dans les échanges avec d’autres êtres, avance tranquillement vers le géant, évinçant de justesse la main protectrice d’Ethan.

– Bonjour, êtes-vous le maître de ces lieux ?

– Non, juste un des gardiens.

– Je m’appelle…

– Je sais qui vous êtes, nous avons été prévenus de votre arrivée… mais vous n’avez pas jugé bon de nous contacter.

– Oh, nous ignorons totalement où nous sommes et ce que nous faisons là ! Je suis désolée… si vous voulez bien nous éclairer…

Le géant la dévisage, étonné de sa remarque.

– Pas possible ! Vous avez dû manquer une étape !

– Sans doute, mais nous sommes là maintenant, qu’attendez-vous de nous ?

– Rien. Nous sommes censés assurer votre protection et éloigner tous les intrus qui seraient tentés d’approcher de notre île.

– Quelle est cette île ? Où se situe-t-elle ? demande Ethan de plus en plus intrigué.

Le géant porte son attention sur Ethan, avant de s’exprimer un peu hésitant.

– Je préfère m’en référer aux autres avant de vous répondre.

Puis il se retire en lui-même, laissant le rocher devenir anonyme. Les trois amis échangent des regards d’incompréhension totale. Ethan se redresse et décide de reprendre les choses en mains.

– Venez ! Allons à la plage, je vous suggère de nous rafraîchir avant une introspection personnelle.

Aliell sourit, attendrie.

– Baignade ensemble, puis méditation séparée, c’est cela que tu suggères ?

– …

– Tu t’inquiètes, Ludol ? susurre Aliell d’un ton coquin.

– …

– O.K., Ludol ! J’ai compris, chacun pour soi et on se retrouve plus tard pour faire le point, réplique Ethan agacé. Sais-tu que tu es le roi des emm… quand tu t’y mets ?

Aliell rit.

– Il a un petit peu raison, tout de même. Il vaut mieux savoir ce qu’il en est… avant de se mettre à l’aise.

Puis, sur ces derniers mots, elle s’élance vers la plage.

* Voir le tome 3 : Aliell, le Portail du Passé.

** Voir le tome 3 : Aliell, le Portail du Passé.

L’île aux Esprits

Cette plage, où elle se retrouve maintenant dans les bras d’Ethan, prête à vivre cette nouvelle aventure.

– Tu rêvais, ma douce ?

– Oui, je me remémorais notre départ de Genève jusqu’à notre arrivée ici, essayant de comprendre ce qui se passe.

– Mmm ! grogne-t-il, parcourant son cou et son épaule de tendres baisers.

Elle frissonne de plaisir, mais un son strident stoppe net leur élan gourmand. Ethan se crispe, jetant un regard furieux sur Ludol.

– Était-il nécessaire que tu nous accompagnes dans ce voyage, Chat ?

– Ne vous disputez pas, nous devons nous accorder pour cette méditation, intervient Aliell avec tendresse.

En un instant, ils se recentrent et respirent à l’unisson, formant une bulle de lumière et de protection autour d’eux. Dans cette unité, ils se connectent à la vibration de l’île et s’imprègnent de son énergie très particulière. Les esprits sont très nombreux à animer les géants de pierre… depuis plusieurs millénaires. Certains géants viennent du centre de la Terre, quand cette île était encore immergée. D’autres proviennent d’autres sphères que la Terre et, également, de différents plans vibratoires. Une grande puissance se dégage de ce lieu. Une magie ancienne également qui camoufle… un Portail secret… et mobile, qui semble flotter entre… entre quoi ? C’est mystérieux et inaccessible. Quelqu’un ou quelque chose barre l’accès à ce Portail.

– Ne vous approchez pas, s’il vous plaît.

Cette recommandation leur parvient d’au-delà des mondes sensitifs connus, une modulation d’ondes sonores se mélangeant à une pulsation de pensée, inconnue pour chacun d’eux et, pourtant, le message arrive et se décode. Leur curiosité naturelle s’apprête à approfondir… mais aussitôt la vision du Portail disparaît. Ils n’en gardent que la certitude que ce message leur est parvenu du Portail lui-même : c’est une Entité vivante.

Ils restent en méditation silencieuse, attendant un message éventuel de leurs guides, mais le silence persiste. Des brumes ondoyantes s’enveloppent autour d’eux, leur laissant une sensation d’être étudiés, mis à nu. Ethan n’apprécie pas et informe ses amis de son retrait du cercle de méditation. Aliell et Ludol acquiescent et reviennent à la conscience de leur corps-matière. Très étrange, se disent-ils d’un regard en revenant dans l’instant présent.

– Je suggère que nous allions à la rencontre des géants de pierre. S’ils sont effectivement nos gardiens, nous devrions pouvoir entrer en contact avec eux, ne le pensez-vous pas ? demande Aliell.

– …

– Je vous suis, mais sachez que je suis réticent à cette attente dans un flou total. J’ai l’impression que nous perdons un temps précieux.

Aliell l’enlace, attendrie, comprenant son agacement. Il enfouit son visage crispé dans le soyeux de sa chevelure, inspirant profondément son parfum de femme et lui sourit.

– Pardonne-moi, ma douce, je suis impossible, soupire-t-il. Allons-y !

C’est d’un bon pas et d’une humeur plus légère qu’ils grimpent au sommet d’un rocher, d’où un géant de pierre semble dominer toute l’île. L’énergie vibrante de force que dégage ce géant les invite à s’arrêter au pied de son rocher. Couché au sommet, la tête fièrement relevée, il scrute l’horizon au-delà des mers… et au-delà des cieux.

– Je reconnais ce visage fier, entre lion et sphinx, ses larges oreilles captant le moindre message amené par le souffle du vent et sa belle chevelure descendant jusqu’au milieu du dos. Où ai-je rencontré cet Être magnifique ? T’en souviens-tu, Ludol ?

– …

– En Atlantide ? Es-tu sûr ? Et tu n’étais pas avec moi ?

Flop ! Une fenêtre du passé s’ouvre…

Atlantide

« Poséidon,

C’est un grand jour, la ville baigne d’un éclat doré et je me dirige vers la source de cette lumière qui rayonne sur la ville : la pyramide du Sacrement. Mes pieds sont chaussés de fines sandales mettant en valeur mes chevilles et mes orteils délicatement peints. Je n’ose lever les yeux, j’avance doucement, le regard fixé sur mes pieds qui me portent confiants vers le plus haut lieu de Poséidon. Tout mon corps est en émoi, je ne le contrôle plus : il transpire, il frissonne, mon cœur s’affole et m’oppresse la poitrine, mes mains sont moites et agitées, ma gorge si serrée que mon souffle peine à passer. Pourtant, c’est un grand jour pour moi, celui pour lequel j’ai travaillé, étudié pendant de longues années et cela depuis ma plus tendre enfance. Je devrais bondir de joie. Tant d’efforts, de sacrifices enfin récompensés.

Je monte les escaliers menant à l’entrée de la Grande Pyramide, les vibrations du Cristal libèrent des sons célestes qui nous élèvent à chaque marche. Je glisse un regard discret à mes compagnes et compagnons, qui eux aussi ont été choisis pour cet important rituel. Cela me rassure de constater qu’ils sont tous aussi émus que moi, je vois aussi des larmes sur certains visages. Plus tard, dans la grande salle des rituels, nous serons rejoints et rejointes par nos aîtres respectifs, cela devrait nous rassurer. Je ne sais pas, le mien est si sévère… ne vais-je pas encore le décevoir ? Et cette boule dans la gorge qui m’empêche de respirer, va-t-elle me faire suffoquer ou vais-je m’évanouir ? Comme j’ai peur ! Peur de ne pas être à la hauteur, peur de décevoir mon Maître, de lui faire regretter de m’avoir consacré tout son temps, son enseignement.

Nous voilà arrivés. La salle est immense et le Cristal pulse si fort au-dessus de nous, que mes tempes deviennent douloureuses et lancinent dans ma tête. Je n’entends plus rien, j’ai mal, je vacille, je tombe… Une main se pose délicatement sur ma tête et la douleur disparaît. J’ouvre les yeux, reconnaissante à cette main guérisseuse de m’avoir épargné la honte de m’effondrer devant tout ce monde. Mes jambes flageolent en découvrant que ce n’est rien moins que la Main divine de la Déesse Meri, notre bien-aimée, qui m’a ainsi soulagée. Sa beauté et la puissance de son Amour inondent la salle de ses rayons d’or et de lumière. Je me sens maintenant rayonner, moi aussi, de sa Force d’Amour incommensurable. Elle se déplace, flottant comme un ange entre chacun et chacune d’entre nous, afin de prodiguer la force de son Amour bienfaisant.

Nous formons maintenant un cercle et entrons en méditation silencieuse, afin de coordonner nos énergies et accueillir la puissance vibratoire du lieu. Cela prendra plusieurs heures, mais je suis bien, le temps n’existe plus. Ce sont nos maîtres respectifs qui nous ramèneront dans l’instant présent, plus tard. Dans cet état de méditation, nous entrons dans une transe profonde qui nous guide à tour de rôle sur la table de cristal placée au centre de la pièce. Les maîtres de cérémonie forment un cercle autour de la table et le rituel commence.

Les images de mon inconscient se forment, se lient et se délient. Je réponds aux questions que l’on me pose. Mon passé antérieur à cette vie-ci, mon futur en devenir, mon présent se dévoilent sans crainte du jugement, dans l’éternité de l’Amour et de la Vie. C’est mon âme qui a choisi sa destinée en fonction de ses capacités et du plan de Service qu’elle désire accomplir. Mes facultés et dons personnels me sont révélés et sont activés par la puissance du Cristal. La cérémonie des rituels se termine par l’activation de notre Grande Conscience et le serment de fidélité à l’Ordre et au respect des règles de justice de Maât. Après quelques profondes respirations d’ancrage en Terre-Mère, j’ouvre les yeux avec le regard neuf de ma nouvelle conscience d’Eveil.

J’attends comme les autres l’arrivée de mon maître qui va valider mon entrée dans l’Ordre, en fonction des compétences qu’il a… ou non, constatées chez moi, après les années d’études qu’il m’a enseignées. Je tremble d’entendre ses critiques, il a été si exigeant… et si peu encourageant… Mais cela n’a pas d’importance, je me sens heureuse d’avoir pu atteindre ce niveau de connaissance et suis prête à continuer ma formation. Je sais qu’un jour je serai digne de ses enseignements et pourrai, à mon tour transmettre, mon savoir.

Mon tour arrive et je le sens se placer derrière moi.

– Maître Kat-Er, veuillez je vous prie nous présenter votre élève.

Il pose une main sur mon épaule et me guide vers les maîtres du Rituel.

– Nous vous écoutons, Maître Kat-Er.

– Maîtres, permettez-moi de vous présenter Netza, mon élève attentive depuis douze ans et qui vient de terminer son premier cycle d’enseignements.

– Douze ans ? Maître Kat-Er, n’est-il pas un peu tôt ? Le cycle s’étend sur seize ans. A-t-elle commencé avec un autre maître ?

– Non, maître, elle a commencé avec moi à l’âge de 8 ans. C’est une élève particulièrement douée, nous avons donc pu effectuer tout le cycle en douze ans. Et j’ajouterai que j’ai pris sur moi quelques libertés, afin d’inclure des enseignements du deuxième cycle.

– Je vois, intervient un autre maître, peut-on savoir de quels arts il s’agit ?

– Les arts divinatoires, l’astronomie, les soins à distance, la téléportation pour les principaux.

– N’avez-vous pas sacrifié aux heures de méditation ?

– Nullement, maître. Les heures consacrées à la méditation sont plus importantes pour elle que pour les autres élèves.

– Mais ne seriez-vous pas un peu tyrannique, cher maître ? s’exclame un autre maître dans un rire agréable.

À ce moment-là, il me regarde pour la première fois depuis son arrivée, avec un petit sourire désolé. Il répond sans me quitter des yeux.

– Oui, maître, je le reconnais, j’ai été très exigeant… Je pense même l’avoir fait pleurer quelques fois. J’en suis profondément navré et cela me laisse encore malheureux.

Je suis très émue par cet aveu, mais je ne lui en veux pas du tout. Je voulais tellement qu’il soit fier de moi, c’est cela qui m’attristait, pas le travail qu’il me demandait. Il faut qu’il le sache, et les autres maîtres aussi, je ne veux pas qu’ils le jugent.

– Maîtres, s’il vous plaît, puis-je ajouter quelque chose ?

– Nous t’écoutons, Netza.

– Je suis infiniment reconnaissante à mon maître de m’avoir enseigné tout ce qu’il sait, de tout son cœur. Je suis consciente d’avoir reçu un immense cadeau. J’ai soif d’apprendre, je suis insatiable et un autre maître n’aurait peut-être pas eu cette patience. Si j’ai pleuré quelques fois, ce n’est pas parce qu’il était tyrannique, ce qu’il n’est absolument pas, mais parce que j’étais une enfant et que j’avais besoin de recevoir de temps en temps un encouragement ou un « bravo, c’est bien », ponctué d’un sourire. De ce côté-là, c’est vrai qu’il n’a pas été très généreux, dis-je en lui souriant.

Il me regarde ému, les yeux brillants de larmes contenues, en m’offrant son premier vrai sourire… »

– Aliell, Aliell ! Reviens, s’il te plaît !

À regret, elle ferme sa fenêtre du passé, sentant l’inquiétude d’Ethan. Elle lui sourit, puis ouvre les yeux.

– Je t’en prie, Ethan, quand je voyage dans le passé, évite de me rappeler ainsi, c’est très désagréable, je t’assure.

– Excuse-moi, je ne te sentais pas sur le point de revenir… et cette île ne m’aide pas, je le reconnais.

Elle soupire…

– Je comprends, mais ne le fais plus, c’est tout.

Aliell ressent un étirement sur leur lien, provoquant un frémissement des âmes et une douleur chez Ethan.

« Non, pas ça ! »

– Venez tous les deux, je vais vous faire partager ma vision.

La connexion d’amour des trois âmes se crée instantanément et Aliell revit pour eux cette merveilleuse vision. C’est le ressenti d’une présence d’amour qui les invite à réintégrer la conscience du lieu présent. Levant les yeux sur le géant de pierre nimbé de Lumière divine, ils s’agenouillent posant le front sur la Terre, afin d’y recevoir cette puissante Lumière surmontée d’une couronne d’or.

– Kat-Er ! murmure Aliell.

Il lui sourit.

– Netza, la Victoire… tu m’as même appris à sourire.

Puis, plongeant son regard en Ethan, il le salue.

– Bienvenue, Fils de Tiamat du Monde premier.

Et, saluant Ludol d’un signe de tête respectueux,

– Paix sur toi, puissant disciple de Sekmet.

Un Ludol effaré lui répond en bafouillant,

– … tu… tu es le « Grand Vent » ? Je n’hallucine pas ?

– Je Suis. Celui que vous nommez aussi l’« Ancien des Jours ».

– Kether ? demande Aliell, submergée par cette révélation.

Il lui sourit encore.

– Ai-je changé de nom ? Ou juste d’orthographe peut-être ? Je vous en prie, ne soyez pas « dévot », vous êtes en moi comme je suis en vous et ceci pour l’éternité des âmes. Nous sommes UN. La séparation n’est qu’une illusion de la personnalité dans sa dualité, n’est-ce pas ? Votre présence en ce lieu est une confirmation que tout suit le Grand Plan orchestré pour Terre-Mère. Soyez-en bénis et remerciés.

– Ne partez pas, Maître, je vous en prie ! Expliquez-nous, qu’attendez-vous de nous ?

Il sourit encore avec bienveillance.

– Netza, je ne suis plus ton Maître, relève-toi ! Ton enseignement est terminé. Les graines ont germé, à toi maintenant d’ensemencer la Terre. Ton nom signifie « Victoire ». Je suis fier de toi… comme je l’ai toujours été. Je n’ai pas cessé de suivre ton parcours. Ton âme n’a pas changé, tu es encore assoiffée de connaissances et, pourtant, tu portes en toi la Connaissance ; tu es la Connaissance.

– Va, mon enfant, sème l’Amour et la Terre renaîtra.

– Allez en Paix, unis à la Source.

Aliell éclate en sanglots, tendant désespérément les bras vers la lumière de son Maître vénéré qui se dissout dans le ciel en souriant.

– Pourquoi dois-je le perdre encore ? pleure-t-elle, le corps secoué de tristesse, comme Jésus, comme tous mes maîtres.

Ethan l’enveloppe de ses bras, la serrant contre lui de tout son amour.

– Parce que tu es devenue le Maître, mon cœur. Ne sois pas triste car ils ne le sont pas.

Levant les yeux sur Ethan, elle rencontre l’espace sans fin de son amour qui luit comme un phare dans la nuit, dans sa nuit. Elle s’apaise dans le Feu de la Vie, en Ethan, et se fond dans leur unité d’âme. Elle lui sourit.

– Pourquoi suis-je si émotive ?

– Tu as réveillé Netza : Maîtresse de la sphère des émotions et de l’intelligence occulte et, comme elle, tu es toujours en recherche de sensation et de magie.

– Comment sais-tu cela, Ethan ?

– Je triche, c’est Ludol qui me l’a soufflé pendant que tu pleurais, lui répond-il en riant.

Elle regarde Ludol, étonnée.

– Toi, tu en sais plus que tu n’en révèles… comme d’habitude.

– …

– Oui, je comprends quand tu dis n’être pas encombré d’un corps de « petit humain » et d’une personnalité ignorante de tout ce qui n’est pas elle-même, mais tu exagères en prétendant que je suis « handicapée », lui répond-elle en le grondant gentiment.

Une vague d’amour les relie encore une fois dans une merveilleuse vibration, pendant qu’une bourrasque de vent les déséquilibre un instant…

« Au revoir Kether, merci… »

Ils restent encore solidement unis dans une silencieuse méditation, afin d’intégrer en eux cette puissance d’Amour au pied de ce géant de pierre, présence immuable gardant la mémoire des origines de la Terre. Le règne minéral est le gardien des mémoires de Terre-Mère, nous devrions le consulter plus souvent, se dit Aliell, observant les autres géants de pierre. Elle glisse par la pensée ses constatations à ses amis.

– …

– Oui, Ludol, c’est une évidence pour toi, merci pour le partage de ton savoir, dit-elle dans un rire joyeux. Si nous allions visiter les autres géants maintenant ?

– ….

– Eh bien non, mon Ludol, je n’en ai jamais assez.

– …

– Je t’en prie, mon vieux, ne sois pas grossier, je finirais par penser que tu es jaloux, répond Ethan en ajoutant malicieusement… et tu me donnes des idées subitement.

Il feule…

– Si tu lui tends des perches, Ludol, ne t’étonne pas qu’il les saisisse, s’amuse Aliell. Il commence à faire chaud, je propose un bain de mer avant de poursuivre nos investigations minérales, ajoute-t-elle pour changer de sujet.

Dans un rire bienfaisant et libérateur, ils descendent la colline en sautant de rocher en rocher, avant de plonger dans les eaux turquoise qui s’offrent généreusement. Ils nagent, sautent et s’éclaboussent comme des enfants, laissant leurs intenses émotions se décharger dans l’eau accueillante.

Bès

– Regardez ce géant-clown qui nous observe tout au bord de la plage, s’exclame Aliell.

– …

– Ce n’est pas un clown ?

– …

–  Bès, le protecteur des enfants ? Ah oui ! Je me souviens de ce vilain visage de gargouille, un bon génie qui devait, par son aspect, effrayer les mauvais esprits en protégeant les maisons et les enfants surtout. J’ai trouvé plein d’amulettes en Égypte, ils en offrent aux femmes enceintes et placent ce génie dans la chambre des enfants pour protéger leur sommeil.

– …

– Tu as raison, Ludol, allons le saluer puisqu’il est le protecteur des femmes, je serai plus à l’aise de lui confier Aliell, réplique Ethan, souriant amoureusement à sa femme.

Sous ce sourire Aliell fond et se jette à son cou. Un baiser soude cette étreinte langoureusement. Ludol éternue, une façon bien à lui de soupirer en chassant sa contrariété.

– Bonjour, je me suis amusé de vos ébats que j’ai encouragés, ne m’en veuillez pas.

– Êtes-vous vraiment Bès, le dieu protecteur du foyer ? demande Ethan, charmé par son aspect bienfaisant et ludique.

– Oui, un tout petit dieu, mais je préfère mon côté « divinité de la danse, de la musique et de la joie ». J’aime transformer la peur en rire et c’est si facile avec les enfants… un peu comme avec vous, quand vous vous « lâchez », dit-il d’un rire espiègle.

– Vous ne vous ennuyez pas sur cette île ? poursuit Ethan.

– Oh, je ne suis pas ici en permanence, rassurez-vous. L’île aux Esprits est magnifique, mais ce n’est qu’un carrefour de Haute Communication, on ne s’y rassemble que lorsque notre présence y est requise… comme maintenant.

– Que faisons-nous ici, pouvez-vous nous éclairez ? demande Aliell.

Il rit de plus belle et son rire secoue les pierres de l’île, qui semblent à l’écoute.

– …

– Ce qu’il y a de drôle, Maître-Chat ? Vous apparaissez comme la Lumière et vous me demandez de vous « éclairer », n’est-ce pas amusant ?

Le rire résonne dans tous les espaces de l’île, du son le plus grave au son le plus aigu.

Ils écoutent émerveillés la musique de l’île aux Esprits. Oui, pensent-ils à l’unisson, Bès est bien le dieu de la musique, de la joie et de la danse. Il est à sa place partout où cela est nécessaire… Et c’est partout nécessaire sur la Terre qui a oublié de fêter la Vie, se dit tristement Aliell.

– Allez, mes amis, ne soyez pas triste, la vie est pleine de bonnes surprises et je vous en ai réservé une sur la plage, près du trône de pierres là-bas. Au revoir, amusez-vous et festoyez !

Puis il se retire dans sa tête de pierre. Aliell est déjà partie en courant vers le lieu désigné et s’arrête brusquement devant les trois pierres en forme de siège. Ethan et Ludol la rejoignent, s’émerveillant de cette table d’hôte qui s’offre à eux, débordante d’une nourriture aussi appétissante qu’abondante.

« Il suffit de demander et vous serez exaucés… mais vous ne faites qu’attendre. Ce n’est pas ce qui vous a été enseigné. »

Une voix venue de nulle part, pénétrant directement dans leur conscience, leur rappelle cette vérité fondamentale. Ils n’ont rien demandé depuis leur arrivée sur cette île. Ils ont simplement attendu…

Après s’être restaurés, Aliell et Ethan ressentent le besoin d’être seuls et se retirent dans la bâtisse de pierre, laissant Ludol livré à lui-même.

Ludol

Bien, se dit-il, il est temps que je contacte mes frères. Ludol s’élance à l’assaut de la montagne, où deux molosses, couchés sur un rocher surplombant l’île, surveillent l’horizon dans deux directions différentes. Ils sont apparemment tranquilles, voire amorphes, mais Ludol a appris à ne pas se fier aux apparences. Il tourne autour du rocher, cherchant à attirer leur attention sans les énerver. Ils grognent… Bon, étape suivante, se dit Ludol, assis sur son postérieur en les observant l’air de rien, en faisant un brin de toilette.

– Tu crois peut-être que l’on ne t’a pas reconnu, aboie le premier chien mécontent.

– Que viens-tu encore apporter comme ennuis ? ajoute le second, tout aussi contrarié.

– Toujours aussi aimables, réplique Ludol indifférent, je suis en mission.

– Ouais ! La dernière fois aussi, ce qui ne t’a pas empêché de nous envoyer ta maîtresse sur le dos.

– Déesse Sekmet, ne vous en déplaise ! Soyez respectueux, chiens galeux ! N’avez-vous vraiment rien appris aux cours des siècles ? Moi qui pensais que chacun évoluait… à son rythme, il est vrai, mais là il s’agit plutôt d’involution.

– C’est ça, fais le malin, chat prétentieux. Nous ne t’aiderons pas pour un poil !

– Je m’en doutais un peu, réplique-t-il Ludol, légèrement méprisant. Où se trouve le Maître-Chien ?

Ils ne répondent pas, grognons et vexés. Ludol attend qu’ils changent d’avis.

– Dois-je passer par Sirius ? questionne-t-il d’un ton mielleux.

Ils se redressent, un peu inquiets des représailles éventuelles s’ils venaient à faire obstruction à la mission du chat.

– Derrière cette montagne, indiquent-ils de la tête, débrouille-toi !

– Je n’en attendais pas moins de votre part, sacs à puces, lance-t-il en s’éloignant rapidement.

Après avoir contourné la colline, le géant apparaît seul sur un rocher isolé. Il dégage une force tranquille et une grande intelligence. Il pose sur Ludol un regard de léger reproche.

– Bonjour, Maître-Chat, vous n’avez pas pu vous empêcher d’agacer mes gardiens, n’est-ce pas ?

– Excusez-moi, Maître-Chien, c’est un peu par jeu, je l’avoue.

– Nous attendions votre venue et le temps n’est pas aux enfantillages, lui répond-il afin de le rappeler à l’ordre.

– Oui, Maître, je vous présente mes excuses, répond-il légèrement confus.

– Nous avons rassemblé les forces de plusieurs sphères stellaires pour la protection de cette mission, ne l’oubliez pas. Soyez concentrés sur l’objectif. Toute la constellation du Grand Chien s’est rendue disponible et vous recevrez l’aide de Sirius.

– Merci, Maître. Nous n’avons pas été tenu au courant de la procédure et sommes étonnés de notre absence d’informations.

– Oui je sais, c’est regrettable, mais indépendant de notre volonté. Il vous sera demandé de quitter vos amis et d’aller à la rencontre du « Chien Céleste » afin d’organiser la suite de leur voyage. Préparez-vous.

– C’est un grand honneur pour moi de me mettre au service d’Anubis, maître.

– Qu’il en soit ainsi. Que la Force d’Amour et de Paix soient avec vous, Maître-Chat.

Ludol sait maintenant que leur trio va devoir se séparer très rapidement, pour le bon déroulement de cette mission. Il ne pourra pas satisfaire aux questions et inquiétudes d’Aliell. Il prendra donc sur lui de provoquer cette séparation… vu l’état de nervosité d’Ethan, cela ne devrait pas être difficile.

Ethan fume

– Éloigne Ludol, s’il te plaît, ou je ne réponds plus de mes actes, fume Ethan de tout son corps, s’adressant à sa compagne.

Aliell observe son homme-Dragon incandescent et hors contrôle. Elle croise le regard de Ludol et, dans ce bref instant, la compréhension de plus d’un millénaire qui les relie les dispense de paroles. Un regard plein d’amour et il disparaît.

– Aliell, je ne supporte pas d’être éloigné de toi, mais je brûle, j’ai peur de te faire du mal… et il m’est impossible de me transformer, exprime Ethan dans une souffrance manifeste.

Son corps rouge est un feu menaçant de le consumer. Aliell ferme les yeux, déchirée par la douleur qu’il exprime. Elle se retire en elle-même et appelle l’Eau afin de libérer Ethan, mais l’Eau n’obéit pas. Elle transforme la jeune femme en source aquatique qui se meut en elle et autour d’elle, créant ainsi des mouvements liquides différents : tantôt calmes et apaisants comme un lac paisible, tantôt agités comme une mer vomissant ses vagues en continu, tantôt comme une cascade dévalant une montagne vertigineuse, tantôt comme un ruisseau clapotant sa fraîcheur reposante. Tous les éléments de l’Eau la traversent de part en part et des larmes ruissellent autour d’elle, formant une mare la baignant jusqu’à la taille. Elle devient translucide et tend la main à Ethan.

– Viens, mon amour ! Viens me rejoindre dans ma matrice aquatique. Rien ne nous séparera jamais, car nous sommes l’Eau et le Feu indissociables.

L’homme de Feu s’approche, il ne la quitte pas de ses yeux rouges comme des braises laissant des flammes s’échapper, avant de les éteindre de ses larmes brûlantes. Il entre délicatement dans la mare formée par les larmes de l’ondine, affolé à l’idée de faire bouillir cette eau saline… de lui faire du mal.

– Ethan, lui murmure-t-elle dans sa fluidité aquatique, ne crains rien. Je suis tienne, cette eau est à toi. Tu es mien, ton feu vit en moi. Viens !

L’eau chauffe produisant une vapeur opaque. Les mains de la Tisserande dansent autour d’eux, en rassemblant la vapeur en un petit nuage qu’elle place au-dessus de leurs têtes, le maintenant ainsi le temps qu’Ethan soit assis dans l’eau tout près d’elle. Dans un mouvement délicat, Aliell déchire le nuage qui déverse son eau bienfaisante sur Ethan. Il absorbe tout le liquide offert à l’intérieur de son corps brûlant et le feu s’apaise. Dans un mouvement d’ondine, elle s’assoit sur les genoux de son homme en continuant de l’abreuver de son eau aimante. Étroitement enlacés, ils se laissent bercer dans une méditation équilibrante, par le rythme de la mer. Un silence, plein et vivant, harmonise leurs corps épuisés qui se libèrent dans un sommeil réparateur.

Un peu plus tard…

– Cette île contient des mystères si grands que je ne puis que les effleurer. Elle ne se livre pas facilement… mais pourquoi nous retient-elle ?

– Je la supporte de moins en moins. Ludol a fait les frais de mon agacement et j’en suis désolé. Une impatience grandissante m’habite, que je ne suis pas sûr de contrôler très longtemps.

– Ethan, laisse ton Dragon agir, il y a presque une semaine que tu ne t’es pas transformé.

Il pose sur elle un regard rouge très contrarié.

– Tu ne penses pas que je vais te laisser seule sur cette île ?

– Je ne suis pas en danger ici, Ethan, va en paix.

– Non !

Elle soupire… Il s’assied à son côté, lourdement désolé.

– Va, mon amour, je te le demande. C’est mieux pour nous deux et pour la suite de notre mission.

Il la regarde malheureux, déchiré. Il en devient gauche, stupide, borné, constate-t-il, coincé dans son besoin viscéral de la protéger. Il sait qu’elle a raison bien sûr, c’est en restant à ses côtés, dans cet état, qu’il lui fait courir un danger.

Ne pouvant l’aider davantage, elle se retire dans sa méditation silencieuse. Respiration… calme… profonde… Connexion à la Terre… à la mer… Connexion à l’île… aux esprits de l’île… Connexion au Ciel… à l’Univers… Paix… Sérénité…